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La Vallée de l'Alemany (1.979 m) depuis Mantet (1.475 m)
Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons de Francis Cabrel qui ont pour titre : "Il Faudra Leur Dire" (avec les Petits chanteurs d'Asnières) , "Elle Ecoute Pousser Les Fleurs", "C'est Ecrit" et "Octobre"
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Mantet. Le 26 juillet 2019. Il est 10 h. La météo n’est pas top mais tant pis, Dany et moi sommes prêts pour accomplir une balade qui s’intitule « la Vallée de l’Alemany ». Enfin, c’est avec cet intitulé-là qu’on la trouve sur la plupart des topo-guides. Si pendant très longtemps, et avec quelques années de moins, Mantet et ses alentours ont été pour nous, un magnifique et immense « champ d’investigation », voilà déjà 9 ans que nous ne sommes pas revenus ici. La dernière fois, c’était en décembre 2010 lors d’une superbe journée où le Pla Segala, immaculé d’une belle poudreuse, nous avait accueillis pour une mémorable sortie en raquettes. Mémorable à cause d’une incroyable météo « estivale » mais surtout à cause de chaussures qui ne me convenaient pas et qui avaient fini par me « pourrir » la plante des pieds. Avec des raquettes, il faut le faire ! Antérieurement, il y avait eu de très belles boucles, celle par exemple, menant au Porteille, toujours par le Pla Segala et le Roc Colom, où, à cause d’un bel égarement du côté de Pomerola, nous avions « flâné » 13 heures, avant d‘en terminer et de récupérer notre voiture au col de Mantet à 20 h tapantes. Il y avait eu aussi, celle un peu moins longue, au Col del Pal sur le GR.10 avec retour par la rivière de Caret et ses jasses. Ou bien encore, ce mémorable aller-retour pour vaincre le Pic de la Dona et ses 2.702 m. Toutes ses randonnées et quelques autres encore avaient à chaque fois marqué nos esprits tant cette vallée de Mantet est merveilleuse, ample et donc grandiose mais jamais aisée à cheminer. Ses crêtes alentours ne le sont jamais moins non plus. Au fil du temps et des balades, Mantet était presque devenu un fréquent pied à terre. Nous y réservions souvent une demi-pension au Bouf’tic afin d’être dispos pour une balade dès le lendemain matin. La gentille Odile Guinel, remarquable aubergiste et maire du village, commençait à bien nous connaître. Parfois, c’était juste l’histoire de venir y passer un bon week-end alors que la météo nous annonçait un grand soleil dans un immense ciel bleu. Ces jours-là, nous vagabondions au gré des sentiers. Oui, les bons souvenirs ont été légions à Mantet mais comme dans la vie rien n’est jamais simple, nous y avons connu aussi des jours de grande galère. En 2001 par exemple, lors notre GR.10 depuis Mérens-les Vals, quand Dany, des ampoules pleins les pieds depuis Bolquère ; avait été dans l’impossibilité d’aller plus loin que Mantet lors de cette 8eme et, par la force des choses, dernière étape. Ou bien encore, lors de ces deux jours d’un 1er et 2 mai 2004, où nous avions fini par nous perdre dans ce Massif des Tres Estelles si beau mais incroyablement si fallacieux quand des hauts murs de glace et d’immenses névés n’avaient rien trouvés de mieux que d’être encore bien présents sur le versant nord du pic où nous voulions à tout prix redescendre pour nous diriger vers Escaro et notre voiture se trouvant au Pas del Grau. Pour toujours gravée dans nos têtes, cette terrible aventure, qui par bonheur s’était bien terminée grâce aux secouristes, était devenue à jamais « Un cauchemar pour trois étoiles ». Oui, en cette matinée du 26 juillet 2019, alors que nous enfilons nos chaussures de marche, les souvenirs sont là, tenaces mais pas vraiment angoissants car les bons et les mauvais finissent par se mélanger et se confondre. Il est vrai que nous avons toujours fait en sorte de ne pas rester sur un échec, refaisant le même itinéraire, histoire de vaincre le « signe indien ». Si nous avons connu le meilleur et le pire, on se dit que rien de bien plus méchant ne peut nous arriver aujourd’hui. En randonnée, vaincre le « signe indien », on commence à connaître, même si la prudence reste constamment de mise car sinon à quoi serviraient les expériences ? Après un bref instant d’hésitation entre un chemin « Sentier d’interprétation » qui part à droite et celui qui traverse le village, nous choisissons ce dernier. Le Bouf’tic est fermé mais un homme qui jardine nous indique qu’il fait toujours chambres d’hôtes mais plus du tout resto. Odile Guinel n’est plus maire du village nous annonce-t-il. C’est lui le maire nous dit-il. On le remercie pour les renseignements, lui souhaitons une bonne journée et démarrons enfin notre balade même si des souvenirs continuels, quelques fleurs, des oiseaux et un gentil ânon ne cessent déjà d’interpeller mon appareil-photo. Nous traversons le village, ici tout en descente, en notant tout de même quelques menus changements. Comme par exemple cette brasserie Senglar où l’on s’arrêtera au retour pour déguster l’excellente bière du pays dont la publicité sur le Net indique qu’elle est brassée avec une eau de source et confectionnée avec des herbes sauvages, le tout provenant de cette sublime vallée de Mantet qui nous attend. Malgré un temps plutôt médiocre mais pas du tout désagréable sur le plan température, et même si la luminosité n’est pas toujours idéale, mon appareil-photo essaie de ne rien louper de toutes les originalités que je découvre en chemin. Un beau chien cherchant des câlins, un jardin potager, une mésange peu farouche, un étrange message à propos des compteurs Linky, des lézards le plus souvent trop remuants pour l’instant, un rapace qui nous surprend et s’envole, finalement la petite passerelle de bois enjambant le Ressec est vite là. La présence de la rivière a démultiplié la présence des fleurs dont les plus beaux spécimens sont incontestablement les œillets de Montpellier. Blancs, parfois un peu rosée ou verts, accouplés aux mauves scabieuses et aux jaunes boutons d'or, les gros bouquets sauvages ainsi constitués sont toujours extraordinaires. Ici, je connais bien ces torrents, celui de Ressec dont la confluence avec l’Alemany engendre un peu plus bas, la rivière de Mantet, elle-même affluent de la Têt. Combien de fois me suis-je rafraîchi à ces torrents soit pour de simples bains de pieds soit pour des immersions un peu plus conséquentes ? Un chemin encadré de grosses pierres et pavé grossièrement de plus petites file désormais en direction de la rivière Alemany que l’on enjambe un peu plus loin, juste après avoir poussé un petit portail métallique. Cette « carrerada » se rétrécie quelque peu mais garde encore ses fonctions primitives qui étaient d’amener les troupeaux aux estives tout en protégeant au maximum les cultures alentours. Si les fleurs et les papillons sont désormais les éléments les plus convoités par mon objectif photo, un rougequeue noir et une fauvette se laissent gentiment photographier. Mais que dire de tous ces lézards qui habitent dans les murets. Certains détalent, d’autres tergiversent à le faire, mais la plupart ne bougent guère ou pas du tout hésitant à quitter leur pierre que quelques éphémères rayons de soleil ont tout de même un peu tiédis. Jamais de ma vie, je n’ai aperçu autant de lézards et pour moi, c’est l’occasion ou jamais d’essayer de voir s’il s’agit du commun Lézard des murailles ou du plus rare Lézard catalan. Murailles, murailles, murailles et bien non ici à Mantet, je ne vois pas de catalan ! Puis finalement si, j’en vois aussi, grâce à leur plaque massétérique quasiment absente que j’observe en m’aidant du zoom de mon appareil-photo. A l’approche d’un bois de pins, Dany qui le plus souvent marche loin devant moi, cette fois-ci m’a attendu. Elle souhaite s’arrêter pour déjeuner. Il est vrai que ne regardant jamais l’heure, je constate soudain qu’il est presque 12h30. A l’orée du bois et à quelques mètres du sentier, on s’installe sur l’herbe. De nombreux randonneurs passent devant nous et descendent vers Mantet. En réalité, et à notre étonnement, il y a plus de randonneuses que de randonneurs. Certains passent silencieux mais la plupart y vont d’un bonjour ou d’un bon appétit. Quelques-uns s’arrêtent et trouvent nécessaires d’engager une conversation aussi courte fût-elle. Bien évidemment, ils parcourent soit le GR.10 soit ils arrivent d’Espagne. Pendant un long laps de temps, tout redevient tranquille et c’est à ce moment-là que Dany me fait remarquer que d’innombrables oiseaux volent dans tous les sens au sommet d’un pic. Un petit coup d’œil sur mon bout de carte IGN et je constate qu’il s’agit probablement du pic de l’Orry culminant à 2.040m. Les oiseaux, en réalité des vautours fauves, sont encore bien plus haut et sans doute 300 à 600 m encore au dessus de la crête. Ils paraissent descendre et certains se détachent peu à peu de ce groupe énorme. C’est la première que j’en vois autant réunis sur un périmètre aussi réduit. Dans l’immédiat et le pique-nique terminé, je suis surtout attiré par les fleurs, les papillons et quelques hirondelles rustiques volant en rase-mottes. Je tente tant bien que mal de les prendre en photo mais malheureusement et vu leur vitesse, c’est plus souvent mal que bien. Heureusement que nous n’en sommes plus au temps de l’argentique car sinon quel gaspillage en papier ! Alors que j’en suis là à tenter en vain ces difficiles photographies des hirondelles en plein vol, une ombre immense passe au dessus des pins qui se trouvent à quelques mètres de nous. Il s’agit d’un vautour fauve. Un deuxième arrive et passe-lui aussi et en planant à 15 ou 20 m au dessus des pins les plus hauts. Puis, il en passe un deuxième, un troisième, un quatrième et je vais en conter six en l’espace de quelques secondes. Une fois encore, ce spectacle a toujours un petit angoissant car on s’interroge sur cette soudaine proximité. Photographier des vautours en plein vol et bien plus facile qu’une hirondelle. J’en profite. Finalement, les vautours disparaissent aussi soudainement qu’ils étaient arrivés. Nous repartons. Tout en marchant, je me dis que la toponymie (*) "aile grande" ; "ale" pour "aile" et "many" pour "grand" ; que certains linguistes donnent au nom "Alemany" n'est peut être pas si absurde que ça ! Le sentier s’élève et avec la Jasse Grosse un palier semble atteint. D’ailleurs la végétation change aussi avec un peu moins d’arbres, une longue steppe d’herbes sèches parsemés de gros rochers sur la droite et sur la gauche des genévriers et des genêts nains. Avant même d’atteindre l’orri bien connu de ce lieu-dit, quelle n’est pas ma surprise d’apercevoir deux marmottes perchées sur de gros blocs. Elles ne bougent pas, mais une fois encore elles sont bien trop loin pour la puissance de mon téléobjectif. Je les photographie tant bien que mal. J’essaie de m’approcher mais très craintives, elles disparaissent aussitôt. C’est donc à regret que je retourne retrouver l’itinéraire. A regret, car il faut bien reconnaître que les occasions de voir des marmottes dans les Pyrénées-Orientales ; et d ‘ailleurs dans les Pyrénées tout court : ne sont pas si abondantes que ça ! En ce qui me concerne, c’est la quatrième fois que j’en vois et j’en ajoute une éventuelle cinquième, si je veux tenir compte des sifflets perçants que j’avais entendu du côté des Sources du Riuferrer, non loin du lieu-dit la Baraque del Faig lors de Mon Tour du Vallespir. Deux autres fois, c’était lors d’une randonnée au Pic de Costabonne, sur le versant ouest et nord du Bac du Costabonne plus exactement, puis ensuite un peu plus bas avant d’arriver à la Baraque de la Coma del Tech. Enfin, les plus visibles et les plus proches que j’avais pu photographier avaient été vu au bassin d’Aixeques dans la Vallée de la Riberole, non loin du Refuge de l’Orri. Voir des marmottes est d’autant plus réjouissant que sa réimplantation à la fin des années 40 n’a jamais été vraiment considérée comme une réelle réussite et qu’il a fallu plusieurs campagnes de réintroduction pour la voir s’installer dans de très nombreuses vallées pyrénéennes ensoleillées. Aujourd’hui encore, il n’y a pas vraiment photo, entre celles que l’on voit dans les Alpes et qui se laissent gentiment approcher et nourrir et celles des Pyrénées toujours plutôt farouches et moins nombreuses. Après l’orri, le sentier serpente au sein d’un végétation plutôt rabougrie. Finalement, des panonceaux directionnels se présentent : Ras de la Carança d’un côté et Portella de Mentet de l’autre. Nous poursuivons cette dernière direction et très vite le Refuge de l’Alemany est là. Construit en 1988, il est bien occupé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur par plusieurs randonneurs. Nous n’y stoppons que le temps d’un courte visite et d’un peu de lecture évoquant le refuge, la baraque des Allemands et la toponymie du nom Alemany (*). Le texte en question confirme bien la "grande aile" citée ci-avant. Malgré la vision exceptionnelle que nous venons d'avoir des vautours, j'avoue que je ne la partage guère. Nous continuons et dès lors que le chalet du berger est atteint, je sais que les vestiges de la Baraque des Allemands ne sont plus très loin. Nous y stoppons et après un brève incertitude quant au bon sentier à poursuivre, mon GPS et le tracé enregistré nous indiquent la marche à suivre. L’itinéraire est là, peu visible sur l’herbe verte qui a sans doute repoussée, mais juste derrière les ruines de la vieille baraque. Alimenté par le ruisseau de Bassibès, il suffit de faire quelques mètres pour trouver une première passerelle enjambant l’Alemany. Etroit ruisseau très tranquille, il serpente au sein d’une incroyable végétation florale où les papillons et quelques autres insectes trouvent un biotope à leur gré et à leur dimension. La suite reste simple puisqu’il suffit d’emprunter ce sentier toujours parallèle au modeste ruisseau qui peu à peu devient petit torrent. Une deuxième passerelle se présente et permet de passer sur l’autre rive. Le sentier s’élève, file désormais en balcon au dessus de l’Alemany puis entre dans un bois de pins à crochets. Nous profitons de la quiétude du lieu pour finir les restes de notre casse-croûte puis repartons. Finalement, c’est à l’instant de sortir de ce bois que nous retrouvons les couleurs blanches et rouges du GR.10. La suite et la fin seront encore plus faciles et sans doute trop faciles pour moi car je décide tout à coup de quitter le sentier pour partir à la découverte des vestiges du passé. Cortals ruinés, orris et surtout des murs souvent plus impressionnants les uns que les autres, je me lance dans une quête que je sais perdue d'avance. Au sein de ce monde minéral, souvent envahi par le végétal, tout n’est que silence. On entend les abeilles voler et quand j’observe la Nature, l’évidence saute aux yeux : les lézards et les insectes ont pris la place des ovins, des caprins, des bovins et des chevaux qui devaient paître dans ces lieux, il y a moins d’un siècle sans doute. Ce n’est pas avec ça, qu’on se régalera d’un steak bien tendre aux auberges de Mantet me dis-je ! Je pars retrouver l’itinéraire que Dany a continué à suivre. Un brouillard très dense descend du col de Mantet et des Tres Estelles en direction du village. Je ne dis rien à Dany car elle vient de m’annoncer qu’elle aimerait bien se tremper les pieds dans la rivière mais au fond de moi, je me dis que nous devrions peut être presser le pas. Alors j’observe plus précisément cette brume mais finalement je m’aperçois qu’elle descend, remonte un peu et fait ce yoyo presque constamment, même si un mouvement de descente paraît certain. Je me dis que le chemin est simple et que l’arrivée n’est plus très loin. Dany trempe ses pieds dans l’Alemany et pour une fois, moi qui aime tant l’eau, je me contente de la regarder. Finalement, et malgré cet épais brouillard qui semble vouloir tomber sur Mantet comme un rapace tombe sur sa proie, nous flânons plus que jamais. On part voir la forge et son imposant marteau, je photographie des oiseaux, on caresse un chat puis le chien de la brasserie Senglar. Alors bien sûr, comment ne pas s’arrêter pour déguster cette merveilleuse bière artisanale que cette brasserie a concoctée presque essentiellement pour les visiteurs de Mantet ? Visiteurs d’un jour nous le sommes, visiteurs de toujours nous le resterons pour la vie. Nous quittons la brasserie et le sympathique Béranger. Le village est encore là, mais comme vide de tout occupant. Quelques ruelles restent à gravir pour en terminer. Le mauvais temps ferait-il peur aux Mantetaires ? Oui, sans doute, car ils connaissent la montagne et le mauvais temps qui peut survenir encore plus vite qu’il ne faut ici pour l’écrire. La suite va leur donner raison. Nous terminons cette balade dans la brume mais sans avoir vu la moindre goutte de pluie. Nous reprenons la voiture et filons vers Urbanya. Et là, à partir de Ria, c’est un véritable déluge. Par bonheur, nous sommes dans la voiture. Un tel déluge, Dany et moi l’avons connu une seule fois sur nos têtes. C’était en 2002, dans la descente du Pic de la Vache, près des étangs Bleu et Noir et alors que nous redescendions vers les étangs de la Carança. C’est trempés jusqu’au os que nous avions trouvé refuge dans le très bel orri à deux chambres qui se trouve au lieu-dit Planell de l’Estany. Oui, depuis notre égarement au pic des Tres Estelles et ce « Cauchemar pour Trois Etoiles », Mantet aura toujours cette faculté de faire renaître en moi d’incroyables souvenirs, les bons et les mauvais et ceux inoubliables du GR.10. Cet orage au dessus des Etangs de la Carança, qui par bonheur avait été très violent mais très court, je n’ai jamais su où le ranger ! Telle qu’expliquée ici, et errements photographiques inclus, cette balade dans la « Vallée de l’Alemany » a été longue de 8,8 km pour des montées cumulées de 708 m. Le dénivelé est de 504 m entre le point le plus bas à 1.475 m sur la passerelle enjambant le Ressec et le plus haut à la Baraque des Allemands à 1.979 m. Le parking du village est à une altitude de 1.580 m. Carte IGN 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.
(*) Le nom Alemany et sa toponymie : La rivière de l’Alemany qui coule dans le vallée éponyme a une longueur de 5 km et son bassin versant une superficie de 11,2 km2. Les crues torrentielles les plus marquantes ont eu lieu en 1763, 1772, 1940 et 1992. Des avalanches ont parfois lieu dans la partie la plus haute de l’Alemany. (Les avalanches en haute Alemany de Jean-Marie Aguera (1985).
Tous les linguistes semblent d’accord pour dire que le mot catalan « Alemany » signifie « Allemagne » ou « Allemand ». A propos du nom de famille, voici ce qu’écrit le professeur Jean Tosti sur la page de son site dédié : « Nom d'origine (allemande). Désigne une personne venue d'Allemagne. Le patronyme est fréquent en Roussillon ». Le site de généalogie Généanet écrit sensiblement la même chose : « Désigne une personne venue d’Allemagne. Le nom de famille est fréquent en Roussillon et plus généralement en Catalogne ». Ainsi, une recherche sur ce site donne plus de 27.000 résultats dans le fichier « ancêtres » et plus de 15.000 résultats dans la bibliothèque généalogique, c'est-à-dire au niveau des documents consultables en ligne si un compte est ouvert chez eux. Très étonnamment aucun nom ne figure dans le village de Mantet mais si on s’en éloigne de seulement 30 km autour, on obtient 139 résultats. Le site « La langue catalane et son histoire » confirme cette traduction et parle de l'orthographe et de la phonétique des mots finissant tout spécialement par "ny" (palatal et graphème).
Concernant le nom de la rivière et des autres lieux-dits de la vallée (roc, bac, jasse, cortal, soula, refuge), là, les toponymistes sont beaucoup plus partagés. Pour Robert Aymard, aucun doute, le nom continue de définir un « allemand » (source « Les toponymes pyrénéens »). Pour les rédacteurs catalans de la « Nomenclàtor toponimic de la Catalunya del Nord », c’est la même chose, et pour eux la « Barraca de l’Alemany » devient carrément la « Barraque des Allemands ». Il faut donc se fier aux éventuelles explications données par Jean Rigoli, l’historien de Mantet le plus prolifique sur ce village (Diaporama photos, Histoire, toponymie de tous les noms de lieux) pour envisager d’autres toponymes possibles. Voici textuellement (en bleu ciel) ce qu’il écrit à ce propos :
Lalemany - Cad. 1824 - B2/57 à 121
L' Alemany - IGN 1991 - 2250 ET
Rivière et vallée au sud-ouest du village, en amont de Mentet : L'Alemany ou l'Alamany.
La rivière porte aussi le nom de rivière de la Portella.
- D'après Lluís BASSEDA, sans doute patronyme d'un possesseur, provenant du germanique Alls : tout + Man : homme pour donner le nom latin d'Alamanius.
Mais il est possible aussi que cet anthroponyme provienne d'un ancien soldat d'un poste de garde, tenu par des colons ou mercenaires Alamans, pour contrôler le passage stratégique entre Coll et Portella de Mentet.
Clin d'oeil ironique de l'histoire, ce poste de garde aurait alors préfiguré la "Baraque des Allemands" édifiée pour la même raison par les troupes d'occupation lors de la dernière guerre, en 1943. (voir B2.03.5)
On trouve ce toponyme avec un "s" final, sous la forme Alamanys, à Tatzó d' Argelers et à La Roca de l'Albera.
Cependant, il nous faut observer que la formation anthroponymique est pratiquement inexistante dans la toponymie ancienne de Mentet, surtout dominée par l'oronymie.
D'autre part, le caractère sauvage et particulièrement isolé de cette contrée semble peu favorable à l'implantation domaniale gallo-romaine.
Aussi peut-on avancer une autre hypothèse à partir de l'agglutination possible "Ala -Many", Ala, issu du latin Ala : épaule, aile, ayant aussi, en catalan, le sens de contrefort montagneux, accompagné ici du déterminatif du vieux catalan Many, issu du latin Magnus : grand.
Semblable à Caramany du Fenouillèdes, à Galamany de Vià, à Rocamany de Mosset ou encore aux Capmany et Portmany d'outre-Pyrénées quant à sa formation, l'Alamany de Mentet désignerait le puissant épaulement de la Serra de Caret dominant la vallée de l'Alamany, avec le sens de grand contrefort montagneux.
Une autre explication pourrait faire intervenir la survivance du vieux mot basque Ala : pâturage, associé au vieux catalan Many pour donner le sens de grand pâturage à cette vaste vallée si accueillante aux bestiaux.
La voyelle atone de la deuxième syllabe a pu être indifféremment transcrite "a" ou "e", ce qui permet de trouver les deux graphies Alamany et Alemany, avec une fixation de cette dernière forme par la cartographie la plus récente.
- Mentions du cadastre de 1824 :
- cortal de Lalemany
- cortal del Tramesou
- ravin del soula de Lalemany
- ravin del camp de l'orme
- Mentions de la carte IGN 1991 - 2250 ET :
- refuge de l'Alemany
- roc de l'Alemany
Parmi toutes ces explications, il faut noter que l'origine la plus ancienne du nom a été retrouvée à propos d'un cortal et d'un ravin sur un cadastre de 1824 et qu'il était écrit "Lalemany". On peut donc logiquement imaginé qu'il s'agissait du nom d'un habitant de Mantet possédant ce cortal. Il faut également noter que sur ce vieux cadastre, on trouve une autre "Jasse de Lalemany" non loin du pic du Canigou et plus précisément sur le versant ouest au pied du pic Joffre. Sur les nouvelles cartes IGN, il est désormais mentionné "Jasse Lallemand".
Tags : vallee alemany, alemany, mantet, randonnee, pyrenees orientales, ressec, riviere, porteille, refuge, barraque allemands, jasse grosse, bassibes
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Commentaires
3YvetteLundi 16 Décembre 2019 à 21:01Bonsoir. Je decouvre un joli blog. MANTET ..un petit bijou..un peu le bout du monde.amitiéBonjour Gilbert
Une randonnée que nous avons prévue de faire depuis un certain temps et ton reportage me donne envie de retourner dans ce beau village du bout de nos vallées sauvages . J'aime beaucoup Mantet et ses maisons de pierres bien typiques . Une sortie nature où avec toi on découvre quantités de fleurs , oiseaux , insectes ...
Bientôt les fêtes de fin d'année et je te souhaite de bien profiter de bons moments en famille
Amitiés ... Patricia
Bonsoir Gilbert,
Même si cette rando ne date pas d'aujourd'hui, elle ne manque pas de verdure et la vidéo est accompagnée d'une superbe musique ou plutôt chanson qui a toujours ses heures de gloire, bravo pour cette belle mise en scène, tu n'auras probablement pas de compte rendu venant de moi demain, j'ai décidé de ne pas randonner mais au contraire de m'adonner à mon passe temps devenu favori, la marche nordique !
Passe de bonnes fêtes de fin d'année et à nous revoir l'année "que ven" comme ils disent ici...
Amitiés
JC
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Bonjour, j'ai découvert votre site par hasard , et c'est une mine d'or .
Le diapo de la balade de l'Alemany est une petite merveille qui nous invite au voyage . Un grand merci
Je viens cet été(2020) avec quelques amis randonner dans le Conflent et pour le programme ,je m'inspire de vos compte rendus très bien documentés
Bonne fêtes et longue vie à votre blog
Dominique M