• Ce diaporama est agrémenté de musiques interprétées par le duo "Secret Garden". Elles ont pour titre : "Ode To Simplicity", "Heartstrings", "Windancer" et "Passacaglia".

    Si vous aimez les petites randonnées pédestres pas trop difficiles et que vous n’avez jamais fait le tour du lac de Puyvalador à pied, je vous conseille vivement cette courte et agréable balade dont le départ s’effectue depuis le joli village de Réal. Contrairement à nous, choisissez de préférence un jour ensoleillé où le lac est plutôt plein car c’est bien plus joli et filez vers cette magnifique région qu’est le Capcir. Dès le départ, une grenouille rousse nous raconte l’histoire de cette prairie humide sur quelques panonceaux très ludiques qui ont été judicieusement placés sur le sentier qui file parallèle à l’Aude, qui n’est ici qu’un étroit cours d’eau. Ces panneaux, très intelligemment présentés en « braille » pour les malvoyants, mais également en catalan et en français, permettent d’en savoir un peu plus sur la faune et la flore que l’on est à même de découvrir ici au bord du lac. Guère plus loin, un observatoire est là pour nous faire découvrir les éventuels oiseaux limicoles et échassiers qui sont amenés à passer et à séjourner dans ce biotope remarquable. Plus loin, le saisissant barrage est là pour nous donner une autre idée de cette retenue d’eau où s’ébrouent les colverts, où planent les hirondelles, où plongent les cincles, le tout sous le regard placide de nombreux bovins mais sous celui plus inquisiteur de nombreux rapaces. A l’entrée du barrage, c’est un autre regard qui accueille les visiteurs, celui figé pour l’éternité de Joachim Estrade, dont l’effigie trône au milieu d’une monumentale stèle élevée ici en souvenir de cet immense ingénieur des Ponts et Chaussées. Il faut avouer que son nom n’est pas resté dans les annales de l’Histoire et ses prouesses hydroélectriques sont bien trop souvent méconnues, Et pourtant, c’est grâce à ce grand précurseur dans le domaine de l’électricité et de l’hydroélectricité que l’on doit, entre autres nombreuses créations, l’arrivée du premier éclairage public dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales. On quitte le visage impassiblement métallique et verdâtre du grand entrepreneur pour franchir le barrage sous les voltiges incessantes des innombrables hirondelles qui ont élues domicile dans les murs de l’édifice. Le sentier, désormais commun avec le G.R.P du Tour du Capcir, grimpe vers le tranquille village de Puyvalador que l’on traverse en quelques minutes seulement. On laisse l’église du village sur la droite et l’on poursuit l’itinéraire sur l’asphalte en empruntant la petite route départementale D32g qui file vers le hameau de Rieutort. Au bout de 600 mètres environ, un panonceau indique de partir en gauche et dans les prés en direction de deux nouvelles découvertes que sont les ponts dits « romains » de la Polideta et de celui de les Molines. En réalité, si ces deux ponts n’ont de romains que le nom et ils n’en demeurent pas moins qu’ils enjambent depuis des lustres deux torrents de montagne que sont respectivement le Rec de Cirerol et le Galbe. Bien plus réputé que le premier, le Galbe est surtout connu pour sa merveilleuse vallée qu’empruntent les randonneurs du Tour du Capcir, vallée au bout de laquelle se trouve les « fameuses pierres écrites », insolites prétextes à une excursion pédestre printanière ou estivale. Peu après le pont de les Molines, on quitte le G.R.P du Tour du Capcir en direction d’un autre pont, celui où passe la D.118 qui relie Puyvalador à Formiguères. On traverse la route pour reprendre la direction du lac en longeant le delta du Galbe qui s’élargit amplement en atteignant le réservoir. Il faut dire que le lac a été presque asséché ces jours derniers et ce vide laisse apparaître de grandes plages de sables, de graviers et de galets emportés là par le fougueux torrent. Ici, on regrettera que le sentier s’écarte puis s’éloigne du bord du lac mais en contrepartie, on va successivement traverser un petit bois de résineux puis de feuillus où virevoltent de nombreux passereaux, des prés où paissent des vaches bigarrées, des petites zones marécageuses que l’on traverse à l’aide de pontons opportunément placés. Pour refermer cette jolie boucle donnée pour 2 heures, nous en avons mis exactement le double, arrêts inclus. Et quand Réal est en vue, on regrette déjà que la balade tire à sa fin. On ne quittera pas le village sans visiter ses maisons, ses ruelles et surtout sa belle église romane dont la première mention écrite date de 893. Elle est dédiée à Saint Romain d’Antioche. Un petit saut en voiture est nous voilà déjà à Odeillo de Réal, hameau dont l’histoire est d’une incroyable richesse tout comme les Angles où nous terminerons notre voyage en Capcir par une visite de sa partie la plus ancienne et la plus pittoresque.   Carte IGN 2249 ET Font-Romeu - Capcir Top 25.

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  • Ce diaporama est enjolivé avec le "Boléro" de Maurice Ravel somptueusement interprété ici par l'Orchestre Symphonique des Jeunes de la Galice avec à la baguette le grand chef d'orchestre Vicente Alberola.
     Le Balcon de la Coumelade (1.811 m) depuis St Guillem de Combret (1.335 m)
    BALCONCOUMELADEIGN

    Je vous l'ai déjà dit, le Vallespir m'attire comme un aimant et passer tout un été sans aller y faire une jolie randonnée pédestre, c'est pour moi presque impensable. Il restait donc à trouver un lieu propice à de nouvelles et merveilleuses découvertes et là, pas de souci, ce problème trouva très vite une solution. Par contre, pour l'organiser, ce fut une toute autre histoire. Autant le dire, si vous ne possédez pas un véhicule tout terrain voire un petit peu haut sur ses roues, cette prochaine balade que je vous présente ici et que j’ai intitulée « le Balcon de la Coumelade » ne sera pas facile à organiser, à moins bien sûr d’être disposé à faire plus de 30 à 35 kilomètres sur une seule journée voire à la réaliser sur 2 jours, ce qui bien entendu reste toujours possible.  En effet, le départ de cette excursion n’est ni plus ni moins que le Chapelle Saint Guillem de Combret qui habituellement est déjà en soit un très joli objectif de randonnée pédestre. Alors atteindre la chapelle, comme je l’ai fait avec une Fiat Punto et par la longue piste parfois très défoncée qui y mène depuis le hameau de la Llau et le col de la Roue est déjà un périple en soit. Un périple , il est vrai risqué pour ce type de véhicule. Une fois cette première difficulté franchie, le reste de la balade est de toute beauté et une fois encore, il faut reconnaître que le Vallespir recèle d’incroyables petits trésors naturels qu’il faut parfois aller chercher jusqu’au plus profond de ses ravins. Ici, le principal ravin, c’est celui où s’écoule le torrent de la Coumelade, petite rivière de 15 kilomètres de long, affluent du Tech et prenant sa source sur les flancs sud des Puigs Roja (2.724 m) et des Tres Vents (2.731m). Mais n’ayez aucune crainte, au cours de cette balade, vous n’aurez pas à monter si haut en altitude et les points culminants que sont le col de Serre-Vernet avec ses 1.808 mètres d’altitude et la Cabane Vieille avec ses 1.811 mètres constitueront déjà de prodigieux balcons suffisamment élevés pour que l’on se régale à observer les merveilleux panoramas du Vallespir en général et de ce bassin versant qu’est la Coumelade en particulier. Bien évidemment, ce secteur du Vallespir ne m’est pas inconnu et je commence à bien le connaître. Je suis venu à de multiples reprises à la Chapelle Saint Guillem de Combret soit au départ du hameau de la Llau soit en passant par la Fontaine du Brigadier à partir du col de la Roue. J’y suis passé aussi lors de mon Tour du Vallespir de 2009 couchant même dans le refuge qui se trouve en contrebas de la chapelle. Je garde d’ailleurs de ce passage et du lendemain au dessus de Prats-de-Mollo, des souvenirs indélébiles tant j’avais galéré dans certaines parties de la forêt décimées par la tempête Klaus. Depuis l’année de cette terrible tempête et de mon passage, le Tour du Vallespir jusqu’alors très confidentiel, a été largement réhabilité. Les balisages sont beaucoup plus visibles. Tous les panonceaux indicatifs ont été changés et alors que je m’étais égaré pour monter vers le col de Serre-Vernet à cause d’un panneau qui avait été bougé et mal remis en place, aujourd’hui tout est parfaitement « clean » et le départ est on ne peut plus clair. Depuis, la chapelle (1.335 m), il suffit d’emprunter la piste qui file et monte vers le Col Baxo distant de 2 kilomètres. A ce col, deux possibilités se présentent, soit on continue par la route forestière qui monte directe vers le lieu-dit les Troncasses soit on accepte le challenge de ma balade et on poursuit vers la gauche en entrant dans le forêt et en suivant ainsi le panonceau qui vous indique le col de Serre-Vernet à 2,5 kilomètres. En montant directement vers les Troncasses, on va marcher parallèlement au lit du torrent de la Coumelade économisant ainsi plus de 4 à 5 kilomètres par rapport à la boucle décrite ici. Mais comme le but de ma balade est quand même de marcher en balcon au dessus du bassin versant de cette rivière, mon parcours est nettement préférable même si la distance est nettement plus longue. Dans les deux cas, on marchera le plus souvent en sous-bois car ici la forêt est reine et bien que les forêts du Vallespir soient constituées à plus des 4/5eme de feuillus avec notamment les châtaigniers, les chênes et les hêtres, de loin les plus nombreux, ici on n’aura pas vraiment cette impression et au contraire, on aura le sentiment qu’aussi bien les feuillus que les conifères se partagent l’espace. Hêtres, chênes pubescents, chênes rouvres, chênes verts, châtaigniers, frênes, peupliers, érables, bouleaux, saules, aulnes, noisetiers, tilleuls, robiniers, sorbiers, trembles, sureaux, pins sylvestres, pins à crochets, pins Laricio, pins noirs, épicéas, mélèzes, Douglas, cèdres, etc… tout ce grand monde végétal semble vivre ici en parfaite harmonie ce qui bien sûr n’est pas vraiment le cas malgré cette apparence. En effet, certains arbres comme le sapin pectiné par exemple sont en voie de disparition, ici comme dans tout le Vallespir. A cause de ces sous-bois, la montée vers le Col de Serre-Vernet sera très limitée en panoramas visibles aussi profitez bien de chaque fenêtre qui s’entrouvre et n’hésitez pas quand c’est possible à quitter le sentier de quelques mètres pour partir à la découverte de ces rares mais merveilleux points de vues. Vous serez très surpris de constater qu’à l’horizon, on y aperçoit la côte méditerranéenne du côté de Roses, Empuriabrava et le Cap de Creus en sus des vues bien plus proches sur Saint Guillem, le Bassin de la Coumelade et le Vallespir. En arrivant au col de Serre-Vernet (1.808 m), il faut savoir que l’essentiel du dénivelé est déjà accompli. Ce col est un « pasquier » très prisé par les bovins même si ce jour-là, je n’ai aperçu aucun troupeau ni aucun animal d’élevage mais seulement qu’un intrépide et sauvage petit renardeau qui traversa la prairie au moment où je m’étais arrêté pour déjeuner. Tout comme j’avais aperçu moi-même ce renardeau, deux vautours fauves l’avaient sans doute repéré sur la pelouse rase et ils firent semblant d’effectuer un piquet avant de m’apercevoir et de se raviser. J’ai profité de cette pelouse verdoyante pour faire une longue pause et pique-niquer avec les vues sublimes que l’on aperçoit de l’autre côté du col sur la forêt domaniale du Haut-Vallespir et les hauts sommets l’environnant : Pic Roja, Crête des Sept Hommes, Pla Guillem, Roques Blanches, Esquerdes de Rotja, Pic de Costabonne et la Tour de Mir défilent ici dans une magnifique ronde. Les deux vautours qui avaient tournoyé quelques temps au dessus de ma tête ont disparu et j’ai quitté le col de Serre-Vernet avec la satisfaction d’avoir peut-être sauvé la vie à ce jeune mais téméraire renardeau. Pour retrouver le sentier qui fait le lien entre le col de Serre-Vernet et la Roque Coucoulère, le « fameux balcon » en question, il faut quitter la pelouse et redescendre de quelques mètres au travers des pins à crochets. Le petit sentier se trouve sur le versant est, celui-là même par lequel on est arrivé au col. Là, sous le versant sud du Puig de Gallinas (2.029 m), ce petit sentier file vers le nord en direction des Troncasses et au préalable vers le lieu-dit la cabane d’en Ribes. Presque immédiatement, le regard embrasse des vues époustouflantes sur le Bassin de la Coumelade et sur une immense partie du Bas-Vallespir. Droit devant, on aperçoit parfois quelques bouts du balcon restant à parcourir pour atteindre la Roque Coucoulère où il faudra amorcer la descente et le retour vers Saint Guillem. Ici aussi, la balade alterne les futaies de pins ou de feuillus puis les sombres hêtraies. De temps à autre, cette haute végétation disparaît et laisse la place à une autre bien moins haute mais tout aussi envahissante et difficile à cheminer : genêts à balais, genévriers, fougères et ronciers sont autant d’obstacles à éviter pour retrouver le petit sentier parfois un peu trop délaissé des « débroussailleurs ». A l’approche du vallon de la Coumelade, les éboulis se font plus nombreux et les yeux sont hésitants entre regarder le sol et les pieds ou bien le paysage austère mais grandiose du Puig dels Tres Vents. Alors on trouve préférable de s’arrêter pour regarder le spectacle de cette incroyable nature sauvage. En surplomb du vallon, on atteint une bifurcation qui permet sur la gauche de monter jusqu’à la Cabane des Troncasses. Personnellement, j’en ai fait l’impasse et j’ai préféré emprunter le sentier assez difficile qui sur la droite descend vers le torrent en traversant parfois de gros pierriers. Au bout de cette descente, on débouche sur une piste et devant les barrières d’un enclos. On remonte la piste par la gauche qui, elle-même s’élève en suivant le cours du torrent de la Coumelade. En bordure du torrent, les papillons sont légion et sont bien trop occupés à butiner les jolies fleurs roses d’une Eupatoire chanvrine pour redouter mon numérique. Tout en montant, je remarque, au sein de la rivière, de nombreux petits barrages et je suppose que ces aménagements en béton ou à enrochements qu’on appelle « gabions » sont sans doute là pour éviter une érosion trop importante des berges du torrent mais aussi pour casser les éventuelles crues très violentes dont la Coumelade est coutumière à l’instar des autres rivières du Vallespir. La piste se termine et pour éviter un troupeau de bovins qui occupe amplement les rives du torrent, je fais le choix de traverser sur le dernier de ses gabions mais une fois de l’autre côté, je suis contraint de sortir mon GPS car le sentier filant vers la Cabane Vieille est nettement plus haut en altitude. Après une courte galère dans ce maquis constitué de genêts purgatifs et de petites bruyères roses, je retrouve avec bonheur le petit sentier. Ici sur cette « solana » aride du Puig dels Tres Vents, le mot « balcon » prend tout son sens. Ici, rien ne vient altérer la vision et le vallon de la Coumelade s’entrouvre magnifiquement, alors j’en ai profité pour procéder à un nouvel arrêt goûter et fruits secs. Entre orri en pierres sèches et module Algeco, l’étonnante Cabane Vieille est rapidement atteinte et avec elle, le point culminant à 1.811 m de ma jolie boucle. Dans cet important lieu d’estives, on prend soin de respecter cette cabane et ceux qui y vivent et notamment les nombreux animaux en refermant les barrières et les clôtures derrière soi. Ici et jusqu’aux surprenantes roches escarpées et dentelées de la Roque Coucoulère commence la derrière partie du « balcon » avec toujours de superbes vues aériennes et plongeantes sur Saint Guillem dont on aperçoit la chapelle pas plus grande qu’une petite brique de Lego. Le sentier retrouve une forêt de pins à crochets, paradis des pinsons, pipits et autres gobe-mouches puis inévitablement on finit par tomber sur un cairn et un panonceau indiquant Saint Guillem à 3,4 kilomètres. Ici, tout le monde descend et surtout il ne faut pas se fier à ces quelques kilomètres qu’ils restent à parcourir car au bout du compte, on aura l’impression d’en avoir cheminé deux ou trois fois plus, tant cette descente est sinueuse et parfois délicate. Mais une fois encore, on oublie bien vite les difficultés et on profite pleinement de ce nombreuses et superbes vues qui se dévoilent de tous côtés au cours cette longue descente. Après une heure vingt de descente depuis la Coucoulère et sept heures et quart de d’errance au total, je retrouve la belle chapelle romane du XIeme siècle sous un ciel aussi prodigieusement bleu que celui qui m’avait accueilli ce matin. Après être venu ici quelques dizaines de fois sans succès, j’ai enfin, grâce à l’autorisation d’une gentille dame, pu pénétrer quelques minutes dans la chapelle. Je tiens à la remercier même si elle ne m’a pas autorisé à y prendre des photos comme je l’aurais souhaité. J’ai pu néanmoins y voir un très joli retable ainsi qu’une fresque représentant les saints martyrs d’Arles-sur-Tech, Abdon et Sennen. Par contre, je n’ai acquis aucune certitude quand à la cloche dont la légende prétend qu’elle aurait été forgée à la main et que de ce fait, il y aurait encore des empreintes de doigts incrustées dans son métal. Cette balade, telle que présentée ici, est longue de 17 à 18 kilomètres environ. Le dénivelé est de 500 mètres environ mais les montées cumulées sont de 1.790 mètres. Enfin, si j’ai un dernier petit conseil à formuler c’est de vous dire qu’il ne faut pas trop tarder à faire cette balade car je pense que si rien n’est fait au niveau du débroussaillage, la partie « balcon » entre le col de Serre-Vernet et la Roque Coucoulère sera devenue dans peu de temps quasiment impraticable. Est-ce voulu par certains lobbies ? Je n’ai pas la réponse et cette question reste donc en suspens ! Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

    Attention, il est important de ne pas confondre cette Coumelade avec une autre rivière du département qui porte le même nom mais que l'on écrit plus souvent "Comelade" qui prend sa source dans les Aspres, se jette dans la Têt et serait paraît-il aurifère si j'en crois un site Internet.

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  • Ce diaporama est enjolivé avec 4 chansons de Christophe Willem extraites de son album "Inventaire". Elles ont pour titre : "Chambre avec vue", 'Intemporel", "Double Je" et "Pourquoi tu t'en vas ?"

    Après plusieurs randonnées dans le Haut-Conflent du côté de Nohèdes et d’Urbanya, nous avions décidé d’aller passer le 15 août en Cerdagne et plus particulièrement du côté de Dorres, village bien connu pour ses bains d’eaux chaudes sulfureuses dits « romains » mais qui en réalité seraient plutôt moyenâgeux si j’en crois les historiens. Si en ce jour de l’Assomption de Marie, notre objectif était d’aller découvrir la belle chapelle Sainte Marie de Bell-Lloc lors d’une balade pédestre, il ne faut y voir de notre part, ni aucun dessein religieux ni aucune volonté de notre part d’aller rendre hommage à la Vierge. Non, nous ne sommes pas spécialement croyants et encore moins pratiquants. Non, cette idée d’aller voit cette chapelle n’était que pure coïncidence et ce choix était guidé par d’autres motivations : profiter d’une belle journée ensoleillée prévue par Météo France, changer d’air et partir à la découverte d’un coin de Cerdagne que nous ne connaissions pas. Autant le dire, cette randonnée pédestre que j’avais prévue sous la forme d’une boucle passant par le beau petit hameau de Brangoly fut très largement à la hauteur de nos espérances même si un petit égarement vint « divertir » de manière inattendue cette sortie. Mais revenons d’abord à Dorres, charmant petit village cerdan et plus exactement à l’ouest de celui-ci où s’effectue le départ. Il faut d’abord emprunter la rue du Cheval de Mérens encore intitulée carrer Saint Marc sur certaines cartes puis un peu plus loin la carrer de Magetta. La Magetta est une première et jolie petite chapelle dédié à Saint-Marc que l’on découvre quelques centaines de mètres plus loin. De toute manière, n’ayez aucune inquiétude, vous n’aurez sans doute pas à chercher le nom de ces rues car de nombreux panonceaux jaunes indicatifs de randonnées ont été disposés dès le démarrage. En effet, ici nous sommes  sur le G.R de Pays du Tour du Carlit (jaune et rouge), sur une variante du G.R de Pays du Tour de Cerdagne (jaune et rouge) et surtout sur le chemin de Bell-Lloc et de Brangoly (jaune), nos deux objectifs du jour. En outre, l’itinéraire est quasiment rectiligne jusqu’au col de Juell même si deux variantes sont possibles pour atteindre la chapelle Sainte Marie de Bell-Lloc avant d’atteindre ce col. Peu après la petite chapelle de Magetta, en réalité il semble qu’il s’agisse plutôt d’un monumental oratoire, la voie jusqu’à présent bitumée se transforme en un large chemin pavé de grosses dalles impressionnantes puis encore un peu plus loin, démarre enfin un vrai sentier plutôt étroit qui monte dans la montagne. Ici, commence pour moi, cet émerveillement sans cesse renouvelé que j’ai pour les fleurs et les plantes sauvages de notre belle région. Une fois encore, mon herbier photographique va s’enrichir de quelques belles fleurs nouvelles. Tout comme moi, de nombreux papillons se passionnent pour ces fleurs et sont captivés par leur fragrance au point d’en oublier sans doute que je suis entrain de les photographier. Il va en être ainsi une grande partie de la journée. Peu avant le col de Juell, de nouveaux panonceaux se présentent mais aujourd’hui, j’ai décidé quoi qu’il advienne de suivre la boucle que j’ai tracée et enregistrée dans mon GPS et comme ce dernier m’indique de prendre le sentier dit de « la conduite », nous prenons à gauche cet itinéraire. Bien nous en a pris car il s’agit incontestablement de la plus belle partie du parcours. Fleuri de millions de fleurs où virevoltent d’innombrables papillons, agréable car herbeux et ombragé à souhait, ce chemin file en balcon au milieu des feuillus et des résineux avec des vues splendides sur Dorres et ses proches ou plus lointains alentours. Un petit écureuil traverse le sentier, joue pendant quelques temps à cache-cache dans les pins d’un bois de conifères puis soudain, il décide de disparaître et repart vers les feuillus qui sont en contrebas. Nous profitons de ce magnifique spectacle car nous avons démarré tard et comme il est déjà midi, l’heure du pique-nique vient de sonner à l’église Saint-Jean de Dorres. Nous apprendrons un peu plus tard que c’est là que réside une vierge noire du XIeme siècle découverte à Bell-Lloc. La pause terminée, le sentier change du tout au tout à l’approche de notre premier objectif. Ici, nous quittons les Bacs, ici terminé les bois de feuillus et de conifères, fini le chemin herbeux, ici, tout n’est qu’aridité et de ce fait, la chapelle Santa Maria de Bell-Lloc apparaît magnifiquement sur son dôme presque dénudé. Un dôme aux herbes rases et jaunies planté néanmoins de quelques petits arbustes et parsemées de jolies fleurs résistant à cette terrible exposition ensoleillée qu’ici on appelle la « solana ». La chapelle est rapidement atteinte et autant le dire, nos anciens avaient le don pour construire des édifices au sommet de lieux mirifiques et cette chapelle de Bell-Lloc en est un parfait exemple. On comprend mieux ce nom de Bell-Lloc signifiant « beau lieu » car cette chapelle sans doute du 13eme siècle embrasse des panoramas merveilleux sur une immense partie de la Cerdagne. Après la visite de la vieille église parfaitement restaurée et la lecture d’une ludique mais trop brève inscription sur une pancarte qui nous en apprend son histoire, nous poursuivons le chemin qui passe derrière l’édifice religieux. Ce chemin laisse sur la droite la Fontaine de Sant Peligri, construction assez bizarre entre « orri cimenté » et « blockhaus pastoral » au fond duquel on devine un puits sous une grosse dalle de granite blanc posée à même le sol. Après cette courte découverte, l’itinéraire file vers le col de Juell et bien évidemment vers notre dernière destination, le minuscule hameau de Brangoly. Assez paradoxalement, et malgré la sécheresse qui semble sévir sur cette colline herbeuse, une fois encore les prés côtoyant le chemin sont parsemés de superbes fleurs aux couleurs variées. Ici, Œillets de Montpellier, Jasiones des montagnes, Crapaudines et bien d’autres fleurs encore tapissent le sol le plus souvent coiffées des jolies ombelles blanches que sont les Achillées millefeuilles et les Berces. Le sentier amorce une descente vers le col de Juell mais en réalité cette déclivité du terrain se poursuit quasiment jusqu’à Brangoly. Grâce à de nombreux panonceaux indicatifs, le balisage continue d’être parfait. Après 2h30 de marche, quelques arrêts et une belle descente dans un sous-bois très ombragé, nous atteignons le hameau par un agréable chemin herbeux encadré de colossaux rochers, de saules centenaires aux branches tortueuses, le tout planté dans un étrange décor naturel où une verdoyante végétation et d’étranges blocs de granite aux formes arrondies se partagent l’espace. Malgré sa taille plus que réduite, Brangoly reste une très belle curiosité à découvrir. D’abord, par son verdoyant et paisible cimetière, première découverte que l’on aperçoit en arrivant et où l’on se dit en le voyant, qu’on aimerait bien s’y reposer au terme du long chemin que représente une vie. Ensuite, par sa jolie petite église romane dédiée à Saint-Fructueux, évêque martyr tarragonais du 3eme siècle dont l’histoire dit qu’elle daterait du 12eme siècle alors que paradoxalement un épigraphe sur le fronton de son porche en indique la date de 1850. Mais celle église étant fermée, nous n’en verrons et n’en saurons pas plus à son sujet. Autre épigraphe mais en partie effacé et daté de 1863, celui de château de Brangoly dont le site Internet nous apprend qu’il aurait été construit sur une ancienne route templière et qu’il cache encore une multitude d’histoires sans fin, de grands nobles, de territoires féodaux….bref tout un monde merveilleux…. Nous osons nous risquer dans sa cours malgré un épouvantail qui semble faire office de gardien et bien qu’une pancarte à l’entrée nous laisse immédiatement penser qu’il s’agit désormais plutôt d’une hostellerie de charme que d’un vieux château féodal. Enfin et avant de quitter Brangoly, nous partons voir la curiosité numéro un du hameau qui n’est ni plus ni moins qu’un vieux dolmen datant des environs de 2000 avant J.C et dont une stèle non loin de là, nous apprend qu’il aurait pour nom « Dolmen d’En Caballer » et serait la propriété d’un certain Ramon de Pastors. Sur « The Megalithic Portail », portail Internet des sites mégalithiques, il est intitulé « Dolmen de la Cova del Camp de la Marunya mais on lui donne plus couramment le nom de Dolmen de Brangoly voire d’Enveitg. Après cette dernière et belle trouvaille monumentale mais dont quelques dalles sont en partie effondrées, il est temps de rebrousser chemin et de retourner vers Dorres. A Brangoly, nous allons pour cela continuer à suivre notre GPS qui nous indique un chemin qui descend sous le château et suis parallèle et pendant quelques centaines de mètres le ruisseau éponyme. Seul souci, ce tracé que j’avais trouvé sur un site Internet et enregistré dans mon GPS, nous entraîne sur un sentier ayant sans doute existé mais aujourd’hui peut évident à suivre car filant dans des prés aux herbes suffisamment hautes pour nous en faire perdre le file. Notre GPS n’a que faire de ces difficultés et il nous emmène vers une colline boisée assez pentue qu’il nous faut gravir de manière assez abrupte. Très incertain, nous allons un peu galérer sur ce tracé mais finalement notre GPS tiendra son rôle et nous ramènera entre maquis et garrigues sur la piste qui un peu plus haut n’est ni plus ni moins que le GRP du Tour de Cerdagne. La suite pour rejoindre Dorres ne sera qu’une simple formalité même si le ciel bleu azur a complètement disparu et si les gros nuages qui, depuis ce matin, s’accrochaient aux hauts sommets environnants ont décidés de partir vers d’autres horizons couvrant ainsi les lieux du lourde chape grisâtre, nous obligeant ainsi à presser le pas plus que nous l’aurions souhaité. Toutefois, la fin sur cette large piste reste agréable car la belle chapelle de Bell-Lloc reste en permanence visible au sommet de son dôme et une fois encore ce chemin est très fleuri et embrasse de superbes panoramas nous faisant découvrir au passage quelques jolis villages cerdans comme Angoustrine, Villeneuve, Ur, Enveitg, Llivia, etc… La fin sera d’autant plus agréable que, juste au dessus de nos têtes, un Circaète Jean-le-Blanc peu farouche va jouer les voltigeurs pendant plusieurs minutes en quête sans doute d’un petit serpent, de très loin son mets préféré. Après environ 13 kilomètres parcourus, la balade se termine à Dorres, à l’endroit même où nous avons laissé notre voiture. A l’arrivée, mon GPS m’indique un modeste 263 mètres de dénivelé accompli sachant que le point culminant de cette balade se situe peu après Bell-Lloc à 1.702 m au lieu-dit l’Argila. Attendu que nous sommes, nous n’aurons malheureusement ni le temps de visiter Dorres ni d’aller prendre un bain « romain ». Voilà deux bonnes raisons de retourner un de ces jours dans ce joli petit coin de Cerdagne !  Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

    Pour la distinguer d’autres chapelles régionales également intitulées du nom de « Belloc » comme celle de Saint-André de Belloc au dessus de Ria par exemple que j’ai conté dans ce blog et de quelques autres aussi, j’ai, dans cet article, volontairement écrit le nom en catalan tel qu’on le rencontre ici sur de nombreux panonceaux de randonnées c'est-à-dire Bell-LLoc. Mais toutes les versions restent possibles de « Belloc » bien sûr à Belloch avec un « h » à la fin. 

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  • Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques jouées par le compositeur et pianiste Ernesto Cortazar. Elles ont pour titre " "As The Sun Rises", "Between Thorns and Roses""Chariots of Fire de Vangelis" et " Counting The Stars".
    LE-MONT-CORONAT
    MONTCORONATIGN

    Pourquoi en ce mois d’août 2013, me suis-je fixé comme objectif, l’ascension du Mont Coronat depuis Nohèdes ? D’abord, à titre d’entraînement, toujours en prévision du Tour du Capcir programmé début septembre. Mais pas seulement et l’autre raison est plus longue à conter. En voici l’histoire que j’ai voulu la plus brève possible mais dont le détail me paraît inévitable. A l’été 2007, avant de me lancer dans mon « Tour du Coronat » en 6 jours (2+4) et en solitaire, je me posais tout un tas de questions. Il suffit de reprendre la lecture du premier chapitre de mon récit de l’époque intitulé  « Des merveilles au pays d’Alysse » pour le constater. En y repensant, je me dis que ces réflexions étaient normales car si marcher sur plusieurs jours  ne me posait aucune difficulté l’ayant déjà fait à maintes reprises (GR.10, Jura, Auvergne, G.R30, Stevenson, etc….), partir seul sur des sentiers inconnus et peut-être même inexistants me laissait relativement interrogatif. En effet, si j’avais découvert ce parcours pédestre sur un vieux topo-guide de 1988 et si l’itinéraire était encore présent sur de vieilles cartes IGN, selon le Comité départemental de la Fédération Française des Randonnées Pédestres que je venais de rencontrer, les sentiers n’existaient plus et j’allais prendre le risque de partir dans l’inconnu. Mais l’inconnu m’attirait et j’avais déjà fait mienne cette citation d’Henry de Monfreid : « N'ayez jamais peur de la vie, n'ayez jamais peur de l'aventure,faites confiance au hasard, à la chance, à la destinée.  Partez, allez conquérir d'autres espaces,d'autres espérances.Le reste vous sera donné de surcroît » .Si l’absence « éventuelle » de sentiers me laissait perplexe, le côté mystérieux de cette longue balade n’était pas pour me déplaire et mon désir de découvertes était loin d’être entamé. En tous cas, selon Antoine Glory, auteur et concepteur de ce tour vieux de 20 ans, le Mont Coronat semblait plein de mystères et d’ailleurs s’il en déconseillait l’ascension en écrivant « on négligera pourtant son ascension, délicate et hors sentier » n’écrivait-il pas par ailleurs « on caressera souvent du regard le dôme du Mont Coronat, montagne fascinante s'il en est, drapée dans la chape sombre et mystérieuse de ses pins noirs à crochets ». Et c’est vrai que cette montagne me fascina à la fois lors de ces six jours mais pendant bien plus longtemps encore. Elle me fascine encore aujourd’hui. Pourtant, peu de temps après mon « Tour du Coronat », le 14 octobre 2007 exactement et alors que je pars écouter le brame du cerf du côté du Puig d’Escoutou, la chasse est ouverte et ça « canarde » de tous les côtés. J’’entends même ce que je crois être une balle siffler à mes oreilles. Par naïveté, je n’avais jamais imaginé que la chasse puisse être ouverte au moment même où les cerfs sont en rut et courent sans se méfier derrière les biches. Enfin c’est ainsi et je rebrousse chemin. Mais que faire de cette belle journée ensoleillée pour qu’elle ne soit pas complètement perdue ? Voilà peut-être l’occasion rêvée de monter au sommet du Mont Coronat non ? Aussitôt dit, aussitôt fait et me voilà parti du côté du Col du Portus où démarre l’ascension. Ce jour-là, autant le dire, or mis une jolie boussole que j’avais trouvé au sommet, j’étais resté sur ma faim et beaucoup de choses s’étaient liguées contre moi pour rendre cette balade pas vraiment enthousiasmante. D’abord, les piles de mon appareil-photo tombent en rade dès le début de l’ascension. Je ne vais donc en garder aucun souvenir. Dix minutes plus tard, je commence à entendre les aboiements ininterrompus de plusieurs chiens de chasse qui semblent me devancer au fur et à mesure que je monte. J’envisage de rebrousser chemin pensant qu’il y a des chasseurs là aussi. Mais n’entendant que les chiens et aucun coup de fusil, je décide de poursuivre malgré ces vociférations dont je comprends bien vite qu’elles sont la fin de mes espoirs d’aller à la rencontre de cette nature sauvage que j’aime et que je recherche. Alors que j’avais imaginé une ascension beaucoup plus délicate comme le suggérait Antoine Glory, j’atteins le sommet sans tracé GPS et sans réelle difficulté malgré un sentier incertain et non balisé mais néanmoins présent qui suit plus ou moins une ligne peu élevée de crêtes rocheuses sur laquelle on bascule parfois d’un versant à l’autre. De temps à autre, quelques petites prairies herbeuses ponctuent et bousculent ce décor essentiellement boisé de pins à crochets. Je suis par contre assez étonné des paysages que l’on peut néanmoins voir au dessus et au travers des pins alors que je m’attendais à être englouti sous cette « chape sombre et mystérieuse » qu’évoquait Antoine Glory dans le topo-guide. Quand j’atteins le sommet, trois chiens de chasse complètement paumés viennent me faire des fêtes quelques instants plus tard puis ils repartent aussitôt, toujours en vociférant et disparaissent dans les bois courant derrière je ne sais quel gibier invisible. Invisible est le mot juste car ce jour-là, or mis les quelques magnifiques panoramas perceptibles au cours de l’ascension, je ne verrai rien d’autres et voilà pour tout dire l’autre raison d’y retourner en ce mois d’août 2013. 9h15, je laisse ma voiture près de la Centrale Electrique de Nohèdes et je me mets aussitôt en route par la piste qui s’élève vers El Manau et Montailla. Ce jour-là, la météo est superbe, la chasse fermée et or mis deux autres randonneurs que je rencontrerais beaucoup plus haut mais qui s’arrêteront à tout bout de champ pour chercher quelques champignons et que je distancerais rapidement, il n’y a personne d’autre aujourd’hui et c’est donc la journée idéale que j’ai tant espérée pour partir à la rencontre de la faune sauvage que j’escompte découvrir. Et je ne vais pas être déçu car avant même d’entamer l’ascension dans la hêtraie, deux chevreuils déboulent en contrebas du sentier et traversent la piste montant à Montailla. Voilà, je suis venu pour ça et même si tout est allé très vite m’empêchant de photographier ces deux chevreuils, avant même l’ascension du Mont Coronat, je suis déjà comblé au-delà de mes espérances car j’ai déjà vu un écureuil roux du côté de Nohèdes et de nombreux et superbes papillons. Après cette merveilleuse vision, je suis le P.R balisé en jaune et pénètre dans la hêtraie. Ce sentier est plutôt facile et pour l’avoir emprunté à de multiples reprises, je le connais parfaitement et je sais qu’il me faudra environ 2 heures en flânant pour atteindre le col du Portus. Vers 11h, je rejoins la piste peu avant le Pla d’Avall. Je n’ai plus vu aucun animal depuis les deux chevreuils. Une demi-heure plus tard, je passe la barrière du col du Portus et m’engage dans le petit sentier qui démarre au fond du parking. L’ascension du Mont Coronat est lancée et si avec ses 3 kilomètres environ, elle n’est pas très longue, la déclivité étant quasi constante depuis le col du Portus, les 440 mètres de dénivelé qui me séparent du sommet restent néanmoins à gravir. Bien que le Mont Coronat soit peu fréquenté par les randonneurs, on voit bien que cette montagne n’est pas totalement abandonnée de tous. Layons et couloirs dans la forêt, martelages, encochages ou saignées sur les arbres et parfois même traces de peinture laissent imaginer la présence régulière des hommes : agents de l’ONF, bûcherons, chasseurs ou ramasseurs de champignons.  Malgré ça, le seul problème, c’est de rester sur le sentier principal au milieu des petites caminoles creusées par les nombreux et divers ongulés qui sévissent dans les parages. C’est ainsi qu’au bout de dix minutes d’ascension, un groupe très important de cervidés détalent dans les bois et malgré ma volonté de les photographier, une fois encore tout s’est passé bien trop vite et je n’ai que des images d’arbres flous et sans intérêt. Dix minutes plus tard encore et dès la première petite prairie, je surprends un chevreuil qui dormait derrière un bosquet de genévriers. Surpris, il détale et s’immobilise quelques mètres plus loin me laissant cette fois le temps de le cadrer. Par dessus ou au travers des résineux, je distingue parfois de superbes paysages où j’arrive à reconnaître quelques destinations pédestres : Pic de la Pelade, Puig d’Escoutou, Madres, Pla des Gorgs, Dourmidou, Pic de Portepas, Col de les Bigues, etc… A l’approche du sommet, je remarque un sanglier entrain de creuser le sol de son groin que je photographie presque au jugé et sans certitude. Il sera bien enregistré même si la photo n’est pas d’une grande qualité. Il est 13h30 tapantes quand je pose le pied sur la borne géodésique se trouvant sous le trépied matérialisant les 2.172 mètres d’altitude du Mont Coronat. Après quelques photos et n’ayant que deux barres de céréales dans le ventre, je décide d’aller pique-niquer sur un éperon rocheux qui domine les lieux-dits Malpas, Roc Rouge mais également la totalité du chemin parcouru. Cet endroit proche de sommet qui domine magnifiquement et sans aucune entrave, le versant sud-ouest du massif, je l’avais découvert en 2007 et j’avais gardé en mémoire les panoramas grandioses que l’on pouvait avoir sur une immense partie du Haut-Conflent, et des Garrotxes, sur les hauts sommets de Cerdagne et du Capcir et enfin sur la belle forêt domaniale des Réserves Naturelles de Jujols et de Nohèdes. Après de nombreuses photos panoramiques sur tous ces lieux merveilleux et une plus aérienne dont un renard fit les frais, j’ai pris le chemin du retour avec l’idée que mon précèdent passage avait été observé de près par tous les animaux de la forêt et que je ne reverrais sans doute plus rien. Eh bien, une fois encore, je me trompais car dès la première petite prairie, je surpris quelques cerfs et biches couchés sur l’herbe entrain de se prélasser. Je n’en croyais pas mes yeux mais malheureusement après une première photo en rapproché, mon pied écrasa une pomme de pin, ce qui déclencha aussitôt une débandade dans la troupe des cervidés. Malgré ce petit regret de n’avoir pas pu les observer et les photographier plus longtemps, j’étais aux anges car comment aurais-je pu me plaindre de cette « incroyable randonnée » au Mont Coronat où tour à tour, j’avais pu observé un écureuil roux, deux chevreuils, un harde de cervidés, de nouveau un autre chevreuil, un sanglier, un renard puis à nouveau des cerfs et des biches, le tout agrémenté de quelques superbes photos d’oiseaux et de papillons. Oui, comme je l’avais si justement intitulé dans mon récit de 2007, le Mont Coronat était bien la montagne « des Merveilles au pays d’Alysse (*) » et or mis quelques belles glissades sur l’herbe et sur les petites pommes de pins à crochets très scélérates quand les semelles sont lisses, le retour vers Nohèdes par le même chemin qu’à l’aller s’effectua sans trop de soucis. Je pris même une très  belle photo de ce « fameux » Roc des Salimans dont la légende prétend que Noé y aurait attaché son arche à un anneau lors du déluge. Après mon merveilleux Tour du Coronat de 2007, j’avais suivi les conseils d’Henri de Monfreid en n’ayant pas peur de l’aventure, en faisant confiance au hasard, à la chance, à la destinée. Avec cette ascension du Mont Coronat, montagne fascinante mais plutôt déconseillée par Antoine Glory, j’étais parti conquérir d’autres espaces, d’autres espérances et tout le reste m’avait été offert de surcroît. Cette randonnée telle que présentée ici est longue d’environ 20 kilomètres. L’altitude à la centrale électrique étant de 985 mètres, le dénivelé total jusqu’au Mont Coronat situé à 2.172 mètres est de 1.187 mètres pour des montées cumulées de 1.547 mètres. Eau en quantité suffisante et chaussures bien crantées et à tiges hautes sont fortement conseillées sur ce terrain.  Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

    (*) Alysse: en 2007 et pour parodier la célèbre œuvre littéraire de Lewis Carroll « Les aventures d’Alice au pays des merveilles », j’avais donné ce nom d’ « Alysse » à cette plante endémique du Mont Coronat que les scientifiques appellent parfois « Hormatophylla pyrenaica » ou bien encore « Alyssum pyrenaicum » et plus rarement « Ptilotrichum pyrenaicum ». Plus communément, on l’appelle « Alysson des Pyrénées », « Corbeille d’argent des Pyrénées » et parfois même « Alysse des Pyrénées » (voir fiche 1508 du Réseau Natura 2000)

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  • Ce diaporama est agrémenté avec des chansons de Paolo Nutini extraites de son album "These Sreets". Elles ont pour titre : "These Streets", "New Shoes", "Autumn" et Alloway Grove".
    LE-PIC-DEL-TORN
     
     
    PICDETOURIGN
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    Très souvent, je suis exagérément éloquent dans la description de mes balades. En effet, autant que faire se peut, je n’aime pas « marché idiot » et j’ai tendance à me dire que la plupart des randonneurs sont certainement comme moi. De ce fait,  « qui peut le plus peut le moins » et ainsi, j’estime que chacun trouvera dans mes articles ce qu’il a bien eu envie d’y lire ou d’y chercher. D’un autre côté et au regard des nombreuses balades que j’ai pu faire en groupe, j’avoue que ce constat n’est pas flagrant non plus et chacun marche avec ses propres motivations. Certains randonneurs sont d’incorrigibles flâneurs et adorent les découvertes quand d’autres ne voient que l’aspect sportif et pressent sans cesse le pas comme s’ils avaient un train à prendre à l’arrivée. Alors, comme je suis un peu tout ça à la fois selon les circonstances, cet article consacré au « Pic de Tour – 1.632 m » ou « Pic del Torn » depuis Urbanya sera peut-être un peu moins disert et ludique qu’à l’habitude. Pourquoi me direz-vous ? La première des raisons est qu’il y a peu de chances que vous ayez envie de faire cette randonnée telle que présentée ici car l’essentiel de l’itinéraire hors sentier balisé consiste à suivre des clôtures, à en enjamber parfois, comme je l’avais déjà fait dans une autre balade vers le tout proche Serra Gran (1.430 m). Ensuite, parce qu’en réalisant cette grimpette vers le Pic de Tour depuis Urbanya, j’avais privilégié les difficultés (longue distance, absence de sentiers de randonnées, absence de balisage, itinéraire incertain, tracé enregistré dans mon GPS sans conviction, méconnaissance du terrain, aspect sportif, etc….), tout ça dans le but de m’entraîner dans l’optique d’un Tour du Capcir en 4 à 5 jours prévu début septembre. Enfin, dernière finalité, je m’étais aperçu qu’en période de chasse, de nombreux 4 x4 étaient garés sur le parking situé au pied du pic en question et j’en avais déduit que cette zone devait être très giboyeuse. De ce côté-là, je ne fus pas déçu.  Voilà quelles étaient mes motivations quand en ce matin du 29 juillet, j’ai quitté Urbanya par le chemin de Saint-Jacques que tous mes lecteurs assidus connaissent bien désormais. Là, après les dernières maisons, j’ai pris le sentier le plus à gauche qui monte dans le maquis. Un peu plus haut, à hauteur du collet séparant le Serrat de Calvaire de celui de l’Homme (Home), j’ai quitté le sentier principal au profit d’une autre sente qui monte à gauche en épingles à cheveux. Je n’ai plus quitté cette sente étroite qui traverse le Serrat de Calvaire, monte entre les lieux-dits du Clot del Baro et Coubère (Cubera), atteint des prés plantés de hautes fougères et quelques vestiges en pierres sèches puis débouche finalement et encore un peu plus haut sur le versant sud du Serrat de Miralles sur la piste menant au col des Vigues (de les Bigues) à 1.359 mètres d’altitude. A partir de ce col et près d’un enclos à bétail, j’ai commencé à longer une clôture qui sépare le domaine de Cobazet du reste de la montagne. Ici, démarra mon hypothétique balade qui, grosso modo, consista à suivre les clôtures constituant les limites des communes de Mosset et d’Urbanya matérialisées par des pointillés sur la carte IGN. Dans le secteur en question, ces pointillés sont sur la carte surlignés de vert et cette ligne de couleur verte matérialise la limite de la forêt domaniale de Nohèdes-Urbanya de celle de Cobazet (*). Néanmoins si vous analysez attentivement cette même carte IGN, vous remarquerez qu’il y a une longue ligne de tirets pratiquement parallèles à ces pointillés représentant d’anciens chemins ou sentiers d‘exploitation forestiers. Ces quelques chemins ou sentiers existent encore. Ils longent le plus souvent les clôtures et montent respectivement vers le Serrat de la Font de la Barbera (1.549 m) puis vers le Puig del Rocater (1.601 m), le col de Mener (1.563 m) et enfin le Pic de Tour (1.632 m). Vous remarquerez que les déclivités depuis le col des Vigues sont plutôt modestes. Parfois, pour faciliter la marche, vous serez contraint d’enjamber une clôture et sans le vouloir, vous serez peut-être entré dans le domaine privé de Cobazet appartenant à Groupama. Il est donc essentiel de ne pas casser les clôtures et plus globalement de respecter les lieux, la nature et les quelques interdictions mentionnées et aperçues à l’entrée du domaine au col des Vigues. En effet, randonnée aventureuse ou audacieuse ne doit pas signifier randonnée irrespectueuse et je vous rappelle le conflit ayant vu le jour en 2012 quand Groupama envisagea de supprimer l’accès du Massif du Madres en particulier et à son domaine en général à tous les randonneurs non titulaires d’une autorisation en bonne et due forme. Il est donc inutile d’en rajouter d’autant qu’il suffit de repasser très vite la clôture pour quitter le domaine privé, ce que j’ai d’ailleurs fait moi-même à la première occasion. Voilà, pour la description succincte de cette longue balade dont la fin est beaucoup plus simple puisqu’elle consiste à partir du Col de Tour, à reprendre la piste qui retourne au col des Vigues puis de redescendre vers Urbanya par le sentier habituel des Escocells.  Longue d’environ 18 à 19 kilomètres, pour un dénivelé de 776 mètres, cette balade m’a permis de répondre bien au-delà de mes espérances à l’ensemble de mes motivations : l’entraînement sportif fut conforme à mon attente quant aux animaux sauvages, ils furent au rendez-vous tant espéré avec notamment trois jeunes biches magnifiquement tachetées de blanc surprises pendant leur déjeuner sur l’herbe dont deux détalèrent pensant sans doute que la chasse avait rouverte plus tôt que prévue mais la troisième, moins craintive acceptât mon numérique en traversant très tranquillement une large laie herbeuse non loin de là où je m’étais installé pour déjeuner. Il en fut de même pour un beau chevreuil qui semblât plus étonné que moi de se retrouver dans une version inédite et photographique du « bonheur est dans le pré » avant « de prendre ses jambes à son cou » réalisant peut-être que je ne m’intéressais qu’à son cuissot. Enfin, les paysages et les panoramas furent une fois encore magnifiques avec notamment de bien belles vues lointaines sur le Roussillon et d’autres très inédites car plongeantes sur le vallon d’Urbanya depuis quelques rochers en falaise proches du sommet du Pic de Tour. Bien évidemment, si vous envisagez d’effectuer cette balade en suivant mon itinéraire, je vous déconseille de le faire lors des périodes où la chasse est ouverte car ce serait bien trop imprudent et périlleux. Enfin et pour terminer quelques explications toponymiques concernant quelques noms de lieux cités dans cet article : « Torn » ou parfois « Tor » c’est sans doute une « tour » voire une « bosse de terrain ». « Rocater » est un sommet rocailleux. Le col del « Mener » est le col de la « mine » quant à celui de les « Bigues » écrit parfois « Vigues », il désigne des « poutres » et ici, on peut penser qu’il s’agissait des fameuses traverses en bois servant au chemin de fer de la carrière de talc de Caillau que l’on avait entreposées là. Quant au mot « Escocells », on peut le traduire en « planteurs », c'est-à-dire en « ouvriers chargés du reboisement ». Bien évidemment, l’itinéraire que j’ai choisi pour atteindre le Pic de Tour est loin d’être le plus simple et une solution plus aisée existe, toujours à partir d’Urbanya, en accédant à ce sommet d’abord en empruntant l’ancien GRP Tour du Coronat jusqu’au col de Tour puis de ce col, en longeant la clôture jusqu’au sommet. Pour les vues, il sera néanmoins nécessaire que vous redescendiez un peu sur le versant sud-est pour en profiter. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

    (*) Si l'histoire du Domaine de Cobazet voin intéresse, cliquez ici  

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  • Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons de Florent Pagny extraites de son album "Le Présent d'Abord". Elles ont pour titre : "Le Présent d'abord", "La Beauté du Doute" et "Je Veux En Voir Encore".
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

    Comme vous l’avez certainement remarqué, j’inscris dans mon blog, les randonnées dans l’ordre chronologique où je les ai effectuées. Pour moi, c’est bien plus simple et plus logique et en principe, ça me permet de ne pas en oublier. Mais cette année, étant beaucoup à Urbanya à partir du mois de juin, j’ai tellement fait de balades pédestres ; environ deux par semaine ; que je viens de me rendre compte que j’en avais oublié une. Bon, ce n’est pas bien grave car ce « Pic de la Moscatosa » qui est l’objectif principal de ce reportage, j’ai déjà eu l’occasion de vous le présenter dans un article qui s’intitulait «  le Pic Lloset et le pic de la Moscatosa » à partir d’Urbanya. Cette fois-ci,  j’ai quelque peu modifié le parcours, j’ai privilégié le Pic de la Moscatosa et surtout la saison n’est plus vraiment la même. J’avais découvert ces deux pics au mois d’avril 2011 avec l’extraordinaire floraison blanche des cerisiers et autres arbres fruitiers sauvages en fleurs et cette fois-ci, c’est le jaune éclatant des genêts qui prédomine en ce mois de juin.  Pour toutes ces raisons, c’est une tout autre balade bien différente de celle déjà décrite mais sans doute tout aussi belle. Il faut dire que ce jour-là, la météo était très propice à une belle balade printanière et nous avons quitté Urbanya (856 m) direction le Pic Lloset (1.371 m). En effet, avant d’atteindre le Pic de la Moscatosa (1.457 m) qui n’est desservi par aucune piste, il faut d’abord se diriger vers ce sommet. Pour cela, deux pistes à partir d’Urbanya sont possibles et d’ailleurs, elles se rejoignent plus haut en coupant le Correc de Saint-Estève. Un peu plus haut encore et juste avant la cabane de la Travessa, cette piste rencontre l’ancien tracé du GRP Tour du Coronat (en rouge sur la carte IGN), tracé que l’on délaisse très vite peu après la cabane au profit d’une piste DFCI C059 filant à gauche. Voilà, on est désormais sur le chemin menant au pic Lloset ou du moins vers un collet herbeux où se trouve une citerne DFCI entourée de clôtures. Le Pic de la Moscatosa se trouve à droite de cette clôture qui d’ailleurs se prolonge vers lui. Le Coronat est droit devant et d’ici, cette montagne oblongue très boisée justifie pleinement son terme de « Massif ». On enjambe la clôture et l’on suit le petit sentier qui la longe en direction du sommet de la Moscatosa. L’ascension est d’autant plus aisée, que depuis ma première venue un écobuage a éradiqué les landes de genêts et a ainsi nettement éclairci le paysage, brûlant au passage de nombreux feuillus et résineux. Il faut dire qu’ici dans ce secteur du Madres-Coronat mettre le feu à la montagne est une opération pastorale ancestrale et qui d’ailleurs se pratique encore régulièrement si j’en crois un document Natura 2000 de 2010 intitulé « Documents d’objectifs –Site ZPS Madres-Coronat FR9112026 » dans lequel on peut lire « la gestion de landes par brûlage ou écobuage dirigé en altitude ou pour des parcelles ou parties de parcelles peu accessibles répond à un objectif de maintien de la biodiversité en particulier pour maintenir une mosaïque d’habitats naturels et de lutte contre les incendies….. ». Quand je randonne, j’ai le sentiment de regarder la nature presque autant avec mes yeux qu’avec mon cœur et ce texte me paraît de prima abord très surprenant mais je le reconnais aussi, je suis un vrai novice pour tout ce qui touche au développement durable. Pourtant, au regard de ce décor un peu noirci et roussi, je ne peux que regretter cette absence des différents genêts donnant aux contreforts du Pic de la Moscatosa tous ces merveilleux jaunes flamboyants aperçus lors d’autres venues.  Il y a encore peu de temps des landes de genêts purgatifs (Cytisus purgans), de loin les plus nombreux, embrasés les versants de cette « solana » mais je me souviens aussi avoir observé bien d’autres genres de genêts : ailés, d’Espagne, scorpions, à balais, épineux, etc…  Matérialisé par une petite borne, le sommet du pic de la Moscatosa est atteint en quelques minutes. On y aperçoit légèrement en contrebas, les ruines d’un vieux cortal en pierres sèches, vestiges de ce pastoralisme ancestral que j’évoquais précédemment. Vers l’ouest, on y distingue aussi une longue ligne de crêtes où quelques rares névés s’accrochent encore aux flancs de quelques lieux de balades plus ou moins reconnaissables : Puig d’Escoutou, Pic Pelade, Pla des Gourgs, Roc Nègre et MadresVers l’est, c’est surtout le Pic du Canigou qui marque les esprits. Après une pause indispensable sur ce superbe mirador où l’on prendra le temps nécessaire pour admirer tous ces extraordinaires panoramas , on poursuit la balade en continuant de longer la clôture prise au col Lloset en ayant pris soin de la réenjamber de nouveau. Cette clôture file dans un sous-bois de pins à crochets puis très rapidement débouche dans une large laie herbeuse qui descend et rejoint une piste que l’on emprunte vers la droite. Là, on retrouve un tronçon de l’itinéraire récemment emprunté dans la balade intitulée « le Roc de Peirafita ». Cette piste nous ramène dans des décors variés et somptueusement verdoyants jusqu’au col Lloset. On va de nouveau enjamber la clôture, se diriger vers la gauche vers le pic Lloset tout proche puis redescendre son versant est sur un sentier bien évident parallèle à une autre clôture. Peu avant le col et le pic de la Serra (1.208 m), on remarque une barrière au sein de cette clôture. Derrière cette barrière, démarre une nouvelle piste. C’est cette piste qui va nous ramener vers Urbanya d’abord en rejoignant le GRP Tour du Coronat au lieu-dit la Mata (la Matte) puis en empruntant un étroit sentier peu après avoir traversé le petit ruisseau du Correc de Saint-Estève. Ce raccourci permet de rejoindre l’intersection des pistes menant à Urbanya citée plus haut. La suite sera une simple formalité à condition de respecter quelques précautions élémentaires qui sont, le respect de la propriété d’autrui en bien refermant les barrières, de  s’écarter des éventuels bovins toujours nombreux dans ce secteur et de tenir en laisse votre chien si vous vous baladez avec et de se prémunir des « châtaignes » toujours possibles à cause des nombreuses clôtures souvent électrifiées. Voilà, toutes les conditions sont désormais remplies pour effectuer cette superbe balade réalisable quelque soit la saison et si après ça, vous n’êtes toujours pas content, je ne sais pas quelle mouche vous aura piqué. Ah oui, j’oubliais, je vous avais promis de vous dire ce que signifie « Moscatosa » ! Eh bien « Moscatosa » que l’on rencontre écrit parfois « Mosquetosa » ou « Mousquatouse » c’est un lieu « où les mouches abondent », à cause des troupeaux bien sûr. Telle qu’effectuée et expliquée ici, cette randonnée est longue de 13 à 14 kilomètres environ. Le dénivelé jusqu’au point culminant constitué par le Pic de la Moscatosa à 1.457 mètres d’altitude est de 600 mètres environ quant aux montées et descentes cumulées, je les estime à un peu plus de 1.200 mètres. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté avec de la musique relaxante jouée au piano et produite par le studio japonais Ghibli.

    LE-BALCON-DE-NOHEDES

    BALCONNOHEDESIGN

    Toujours en vacances à Urbanya, il ne m’a pas fallu aller bien loin pour vous proposer cette nouvelle et magnifique randonnée. En effet, je suis simplement parti dans la vallée adjacente car ce circuit que je vous présente dans ce nouvel article a pour point de départ le joli village de Nohèdes. Toutefois, je ne suis pas resté au fond du vallon car c’est bien connu, en randonnée dès que l’on s’élève tout est plus beau et en l’occurrence ici c’est parfaitement le cas. Avec une certaine logique et je dirais presque naturellement, j’ai intitulé ce circuit « le Balcon de Nohèdes » tant les vues aériennes sur le village et surtout sur la vallée où coule la rivière éponyme sont la principale attraction de cette superbe balade. Ce vallon, ici on l’appelle la vallée de l’Arche perdue car selon la légende, Noé aurait amarré son arche à un anneau qui se trouverait au sommet d’un roc du nom de Salimanes ou Salimans (1.694 m). J’aurais tendance à dire après moi le déluge, car si le roc existe bien, je vous laisserais le soin de retrouver l’anneau car l’arche, elle,  il semble qu’elle ait continué son périple vers d’autres sommets où elle a fini par s’échouer ! Ici, outre les magnifiques panoramas, il y a bien d’autres intérêts et notamment faunistiques et floristiques surtout au printemps. Pourtant, cette balade,  j’aurais pu l’appeler aussi « le canal de Nohèdes » car l’essentiel du parcours emprunte sur plusieurs kilomètres, l’ancienne canalisation d’irrigation et sans doute d’alimentation en eau du village qu’ici on appelle « rec » et dont la petite histoire nous dit qu’elle aurait été construite en 1873 et qu’elle aurait cessé son activité en 1966 pour cause de désertification du village. Alors bien entendu, cette vieille rigole faite de lauzes n’est plus en activité aujourd’hui car au fil du temps, elle s’est comblée de terre et s’est transformée peu à peu en un véritable petit sentier. Encore emprunté par les bergers et les chevriers de nos jours et sans doute depuis toujours car il s’agissait aussi d’un « Cami Ramader », l’ancien canal est devenu plus tard un sentier de randonnée pédestre balisé en jaune comme tout bon P.R. Pourtant, si vous cherchez ce tracé sur une carte IGN récente ou sur Géoportail par exemple, vous ne le verrez nulle part et vous ne le trouverez essentiellement que sur des vieilles cartes IGN. En tous cas, moi, je ne l’ai trouvé que sur une vieille carte IGN Top 25 de l’année 2000. Sur cette carte IGN, il y a donc un tracé rouge qui suit le canal. Depuis toujours, ce « rec » est représenté en bleu et comme une véritable rivière où de l’eau s’écoulerait encore. C’est dire si nos géographes n’ont plus parcouru les lieux depuis très longtemps ! A moins de faire cette randonnée en sens inverse de celui préconisé ici, le véritable départ s’effectue du hameau de Montailla (au dessus de Nohèdes) mais comme de toute manière, cette balade en boucle se termine à Nohèdes, il est largement préférable de démarrer de ce village, à moins bien sûr, d’avoir deux véhicules et d’en laisser un au départ à Montailla et l’autre à l’arrivée à Nohèdes. Cette dernière solution règle le problème d’avoir à effectuer les 5 kilomètres séparant les deux lieux en empruntant la piste et les quelques raccourcis que certains pourraient trouver fastidieux. En tous cas, nous, nous sommes partis de Nohèdes et ces 5 kilomètres ont été plutôt une excellente mise en jambes d’autant que le décor en bordure de la rivière est loin d’être désagréable. Nous avons emprunté la piste qu’à Nohèdes on appelle le « Cami del Gorg ». Ces « gorgs » ou lacs, vous les retrouvez sur des panonceaux jaunes indiquant l’Estany del Clot et le Gorg Estelat, objectifs de randonnées déjà expliquées dans ce blog. Par contre, vous ne trouverez aucune indication (*) quant à notre balade du jour. La piste passe devant la centrale électrique, devant le camping El Manau puis se poursuit avec quelques sinuosités jusqu’à rencontrer une croix jaune indiquant qu’il est préférable d’emprunter un sentier qui monte à droite dans le bois. On emprunte ce raccourci souvent dallé et bordé d’anciennes « feixes », ces terrasses en pierres sèches qui supportaient jadis des vergers, des champs de pommes de terres et de céréales mais aussi des  noiseraies qu’ici on appelle « noguers » lieux plantés de noyers et de noisetiers qui ont sans doute donné son nom au village de Nohèdes. Aux temps anciens, Montailla était en quelque sorte le « grenier » de Nohèdes. Ce sentier retrouve la piste un peu plus haut et malgré une nouvelle croix jaune et un autre sentier montant dans la hêtraie toujours à droite à hauteur d’un virage, on reste cette fois-ci sur la piste jusqu’au hameau de Montailla. Là, on passe à gauche d’un grand hangar métallique qui est en réalité une bergerie moderne, puis on continue de monter jusqu’à rencontrer quelques maisonnettes en pierres sèches dont certaines ruinées. C’est le hameau de Montailla. Immédiatement après ces maisons, on emprunte un large chemin herbeux qui part à droite, passe sous de grands arbres, atteint un ru bourbeux. Jusque là et sauf inattention de ma part, vous n’aurez toujours vu aucun coup de peinture jaune d’un quelconque balisage mais si vous enjambez le ru bourbeux et filez droit devant vous dans le pré, vous remarquerez une première marque jaune peinte sur une pierre située au milieu de ce pré. Plus loin, il y a une deuxième pierre et une autre trace jaune et ainsi de suite. Vous êtes sur le tracé de cette jolie balade et bientôt sur le « Balcon de Nohèdes ». Ne lâchez plus ce balisage jaune, continuez sur quelques mètres dans le pré puis montez en sous-bois au milieu des hautes fougères ou des asphodèles blanches selon la saison. Ce balisage va vous amener vers la petite rivière des Camps Réals (champs royaux) qu’il faut traverser près du lieu-dit Falgarouse. Selon la pluviométrie des jours précédents et la saison, hors mis peut-être à la fin du printemps et en été, vous serez sans doute obligés de vous déchausser pour enjamber ce ruisseau parfois assez fougueux mais sans danger car seulement profond de quelques centimètres. Quelques mètres plus haut, et sans vraiment vous en être aperçu, vous commencerez à marcher dans l’empreinte de l’ancien canal d’irrigation de Nohèdes. Mais peu après un grand et beau « cortal » du nom de la Soulane non loin du lieu-dit « Canals » sur les cartes, cet état de fait deviendra vite une évidence tant le canal est toujours parfaitement visible car encore creusé malgré la terre qui l’a à moitié enseveli. A partir de là, vous n’aurez plus aucune incertitude quand à l’itinéraire à suivre car le sentier est unique et donc évident. Une fois encore, je précise que simplicité du parcours ne signifie pas facilité même si c’est vrai qu’ici, on en a d’ores et déjà fini avec le gros de la déclivité. Non, ce parcours mérite une grande attention car s’il est parfaitement praticable,  la hauteur où a parfois été construit le canal est assez impressionnante et le risque d’accident doit être constamment gardé à l’esprit. D’ailleurs, si les précautions sont de mises et si la vigilance doit en permanence guider les pas du randonneur, on ne cessera tout au long du parcours d’être en extase quant à l’ingéniosité technique et surtout aux prouesses colossales qu’ont accompli nos aïeux pour imaginer puis construire cet extraordinaire canal de lauzes et de schistes aux étonnants murs de soutènement dont la finalité était de récupérer les eaux d’un nombre incalculable de rus, ruisseaux, rivières et torrents descendant du versant de ces montagnes ayant pour noms : Roc de l’Aigle (1.931 m), de Torrelles (1.745 m) ou de Peirafita (1.535 m) ou bien encore les Pics de la Moscatosa (1.457 m) et Lloset (1.371 m). Le canal amenait ensuite l’eau vers les terrasses cultivées, vers des réservoirs ou des fontaines. Avec ce canal de huit kilomètres selon les historiens, on trouve aussi quelques très beaux cortals et orris. Il est donc incontestable que la main de l’homme est partout présente dans cette randonnée, toutefois, et c’est la réflexion que je me suis faite en marchant, on oublie très vite cette ancienne occupation humaine car le sentier chemine en permanence à flancs de montagne dans un cadre magnifiquement varié et surtout extrêmement sauvage où la chance d’être confronté à la faune locale et parfois relictuelle ou endémique est certaine. Ici, dans cet écosystème de type « solana », on y trouve la petite faune habituelle comme les insectes, papillons, reptiles ou passereaux mais c’est aussi le territoire des sangliers, de nombreux rapaces (buses, éperviers, aigles, vautours, gypaètes) mais parfois des grands et des petits cervidés (cerfs, daims, chevreuils, isards, mouflons) et de bien d’autres petits mammifères tel le renard et l’écureuil pour ne citer que les plus visibles. Quant à la flore, elle est extrêmement variée mais toujours présente en toutes saisons. Le tracé emprunte en alternant des versants arides où au printemps flamboient les landes des genêts fleuris très vite remplacées en été par les bruyères roses mais aussi des petits bois de feuillus aux endroits les plus ombragés ou les plus humides où coulent parfois d’agréables petits torrents au bord desquels poussent d’innombrables fleurs et enfin aux pieds des pics de la Moscatosa et Lloset, c’est le domaine des belles forêts de résineux où les champignons poussent parfois à profusion. Mais s’il y a néanmoins une constante dans ce parcours, c’est bien la vue aérienne permanente sur le vallon de Nohèdes vers lequel descendent et se jettent les multiples ravins que l’on est amené à enjamber. De l’autre côté de la vallée, le Massif du Coronat étire sa longue croupe boisée où seules quelques hautes falaises calcaires finissant en d’impressionnants éboulis blancs contrastent avec la sombre forêt olivâtre. Ces falaises sont le repère d’une fleur unique au monde l’Alysson des Pyrénées. Après la fin du canal, le sentier se poursuit toujours en balcon sous le pic Lloset avec de jolies vues sur Nohèdes et un très beau panorama sur le Pic du Canigou et de l’autre côté vers le Pla des Gorgs et le Massif du Madres. Ici, on regrettera seulement qu’un incendie, sans doute un écobuage mal maîtrisé, est sacrément noirci le décor et brûlé de nombreux résineux dont certains ont encore leurs ramilles roussies leur donnant un aspect très insolite mais plutôt joli il faut bien le dire, quant on les fige en photos. Mais comme le disait je ne sais plus qui, la beauté n’est pas automatiquement désirable. Le sentier finit par atteindre la pente sud-est du Pic Lloset puis peu après le Col de la Serra (1.200 m) non loin du pic du même nom (1.242m). Là, deux options sont possibles : soit on laisse à main gauche un bel orri et on prend immédiatement à droite un sentier toujours balisé en jaune et parfois de quelques cairns nous entraînant directement vers Nohèdes toujours en descente soit on poursuit tout droit l’itinéraire descendant vers le Col de Marsac (1.056 m). C’est ce dernier itinéraire que j’ai choisi cette fois-ci car au Col de Marsac passe l’ancien tracé du GRP Tour du Coronat et comme je connaissais très bien ce col je savais que d’incroyables panoramas seraient au rendez-vous : sur la vallon d’Urbanya et sur la partie sud-est du vallon de Nohèdes mais aussi sur la Plaine du Roussillon et bien au-delà encore. Au Col de Marsac, un panonceau de bois indique Nohèdes et la suite n’est plus qu’une formalité qui nous ramène d’abord sur la D.26 puis au village où l’on retrouve notre voiture. Cette boucle est longue de 17 kilomètres environ pour un dénivelé de 380 mètres environ sachant que l’essentiel de la déclivité s’effectue entre Nohèdes (935 m à l’entrée du village) et le cortal de Falgarouse (1.300 m), le point culminant de cette balade se situant aux Esquerdes de la Grive à 1.310 m. Le reste du balcon est quasiment plat et oscille entre des altitudes allant de 1.300 à 1.200 mètres au col de la Serra.  Comme indiqué en préambule, je conseille d’effectuer cette balade de préférence au printemps ou au début de l’été plutôt qu’un peu plus tard. Tout d’abord parce que le sentier est bien plus praticable avec la chance qu’il ait été déjà débroussaillé et surtout il faut y aller avant que les nombreuses fougères et autres ronces ou prunelliers n’aient atteint une hauteur respectable rendant certains passages plutôt pénibles. La deuxième raison est essentiellement visuelle et olfactive car par grand beau temps et quand les différents genêts sont en fleurs et embaument le parcours, une balade sur ce sentier est une pure merveille ! Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

    (*) Depuis ma balade printanière et la rédaction de cet article, j’ai acquis, auprès de la charmante et très accueillante préposée de la Maison de la Réserve Naturelle de Nohèdes, pas mal d’informations concernant ce parcours. Il semble que les différents éleveurs de Nohèdes (vachers, bergers et chevriers) soient excédés par l’attitude irrespectueuse de certains randonneurs malveillants laissant régulièrement les barrières ouvertes après leur passage. En raison des problèmes que ces passages engendrent y compris parfois avec les troupeaux et les patous, ces éleveurs ne souhaitent plus que ce parcours soit emprunté par les randonneurs et c’est pour cette raison que l’on ne trouve plus aucune information ni aucun panonceau concernant cette boucle ni sur le terrain ni dans aucun topo-guide. D’ailleurs, il n’apparaît pas dans le petit livret consacré à 9 itinéraires de découverte de la Vallée de Nohèdes (2 euros à la Maison de la Réserve Naturelle).  Enfin il semble que ces éleveurs aient demandé à la commune que le sentier ne soit plus débroussaillé et que le balisage soit définitivement supprimé. A suivre donc…mais d'ores et déjà, je dis dommage car cette randonnée est tout simplement somptueuse et pour moi, la plus belle de ce secteur de la montagne. Après, et toujours au départ de Nohèdes, il faut monter vers les lacs dits de Nohèdes.

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  • Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons interprétées par Tori Amos. Elles ont pour titre : "Sleeps With Butterflies", "Winter" et "Somewhere Over The Rainbow".
    LE-ROC-DE-PEIRAFITA
    ROCPEIRAFITAIGN
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    Même si cette randonnée n’a pas été réalisée avec une « super » météo, le mois de juin démarre plutôt bien. En effet, les beaux jours semblent se décider à arriver et surtout à vouloir se perpétuer, et comme souvent en pareil cas, Dany et moi, avons pu aller passer quelques jours à notre petite maison d’Urbanya. Alors, pour tous ceux qui désormais connaissent mon blog, ils savent que séjours à Urbanya signifient souvent nouvelles balades au départ de ce village. Bien sûr, il y aura une limite à ce raisonnement car les sentiers et les objectifs de randonnées autour d’Urbanya ne sont pas sans fin mais pour l’instant ça va, j’arrive encore à « inventer » quelques jolis  parcours comme ce Roc de Peirafita par le Bac de la Pinosa que je vous propose dans cet article. Un parcours en grande partie hors sentier balisé où la nature dans toute sa splendeur prend le dessus sur l’objectif lui-même car le Roc de Peirafita n’est qu’une petite barre rocheuses à 1.535 m d’altitude à cheval sur la limite des communes séparant celle d’Urbanya de celle de Nohèdes. Ici, le principal attrait de cette crête rocheuse est le panorama grandiose et aérien se dévoilant sur le Massif et le Mont Coronat, sur la Réserve Naturelle de Nohèdes mais également vers le Puig d’Escoutou, le Pic Pelade et le Massif du Madres. Quand au Bac de la Pinosa, il s’agit comme son nom l’indique d’un bois planté presque essentiellement de pins à crochets même s’il y a aussi sur ce versant ombragé du Pic de Portepas (1.798m) bien d’autres essences. Ici, non loin de l’ancien et bouillonnant canal d’Urbanya qui est commun avec le Correc de la Pinosa,  on atteint le point culminant de cette balade à 1.674 mètres d’altitude. Cette randonnée a donc une déclivité plutôt conséquente puisque en partant d’Urbanya à 856 mètres de hauteur, ce n’est pas moins de 818 mètres de dénivelé qu’il faut accomplir. Pourtant, n’ayez aucune crainte car l’essentiel de la balade s’effectuant sur des pistes forestières, cette randonnée reste plutôt facile même si la distance d’environ 19 à 20 kilomètres peut en rebuter certains. Le départ reste identique à d’autres balades déjà expliquées dans ce blog (Pic LLoset, Pic de Portepas, Métairie de Cobazet, etc.…) et on emprunte le chemin qui monte sur le versant est du vallon d’Urbanya, le but étant de rejoindre une piste forestière où passe l’ancien GRP Tour du Coronat filant vers le Col del Torn (ou col de Tour).  Je dis « ancien » car depuis les années 80, le GRP Tour du Coronat n’a malheureusement jamais été réhabilité contrairement à d’autres tours pédestres comme celui du Canigou ou bien du Vallespir. Même si le tracé est encore présent sur la plupart des cartes IGN, elles aussi étant souvent anciennes, sur le terrain, vous trouverez parfois mais pas souvent un vieux balisage jaune et rouge. Tout en montant pour rejoindre cette piste, j’ai pris un plaisir intense à photographier la nature dans ses récréations les plus spontanées mais les plus insolites aussi car les innombrables cerisiers chargés de fruits s’étaient transformées en de véritables volières où une multitude d’espèces d’oiseaux s’étaient donnés rendez-vous. Merles, geais, pics, mésanges, fauvettes, j’en passe et des meilleurs se régalaient des drupes rouges qui étaient mûres à point et malgré notre présence toute proche, leur gourmandise prenait le pas sur leur appréhension et c’était tant mieux pour moi car je pouvais enfin les photographier avec plus de facilité qu’à l’habitude. Même un écureuil roux entra dans cette partie de gloutonnerie et sema un court instant la zizanie auprès des oiseaux. Mais quand il s’agit de se régaler de fruits rouges, toute cette belle ménagerie semble d’accord pour faire une paix tacite.  Plus haut, au moment d’atteindre l’itinéraire du GRP Tour du Coronat, les cerisiers sauvages et les feuillus en général laissent la place aux résineux. Peu avant le Col del Torn, nous avons emprunté la piste DFCI C056 qui file sur le versant ensoleillé du Pic de Portepas d’où son nom de Sola de la Pinosa de Portapas sur les cartes. Ici, on entre dans une zone d’estive et il faut donc respecter les lieux en refermant les barrières, en s’écartant suffisamment des troupeaux de bovins et en marchant en silence pour ne pas les effrayer surtout au début du printemps quand les jeunes veaux en sont encore à téter leur mère, ce qui peut représenter un certain danger. D’ailleurs, si j’ai un conseil à donner à tous les randonneurs, ici dans ce secteur de la montagne, le silence est fortement recommandé et la discrétion de mise car outre d’éventuels bovins parfois présents, j’ y ai toujours aperçu de nombreux animaux sauvages (chevreuils, cerfs, renards, blaireaux, aigles, vautours, gypaètes) et notre balade du jour n’a pas dérogé à la règle puisque rapaces et surtout hordes de sangliers et de cervidés ont été de la partie. Si photographiquement, j’ai pu surprendre un sanglier entrain de manger, les cervidés planqués dans les pins ne m’ont laissé aucune chance et ont détalé bien trop vite pour que je les immortalise dans mon numérique. Mais le seul fait de les voir est un immense bonheur car comme je le dis en préambule de cet article, ici le principal objectif de la randonnée, c’est bien d’aller à la rencontre de la nature dans ce qu’elle a de plus beau. Une nature belle et sauvage que l’on peut observer dans toute sa splendeur et d’autant mieux que la chasse est fermée depuis quelques temps déjà. Peu après, les conifères laissent la place aux landes de genêts purgatifs en grandes parties défrichées depuis mon précédent passage. La piste devient sentier au moment même où les vues s’entrouvrent au loin sur le Massif du Canigou et à nos pieds, sur le Vallon d’Urbanya dont on mesure mieux d’ici toute la profondeur et l’ampleur. Les sangliers aperçus et photographiés dans la pinède traversent le sentier 100 mètres devant nous puis ils dévalent le talus pour rejoindre la forêt du Bac de la Pinosa. Quelques minutes plus tard, nous entrons à notre tour dans cette sombre forêt sur un sentier bien évident au début puis se perdant un peu dans une clairière à l’approche du Roc de Peirafita. On reste sur le sentier le plus évident et le plus emprunter, par les seuls chasseurs sans doute car les randonneurs sont rares à s’aventurer par ici. Le sentier longe sur sa droite la crête sommitale séparant le Bac de Torrelles de celui de la Pinosa. Côté vallée de Nohèdes, de nombreux et profonds petits ravins très abrupts descendent vers d’autres vallons bien plus amples et créent un réseau de petits ruisselets se transformant plus bas en quelques torrents plus larges.  Peu après le Roc de Peirafita que vous ne verrez peut-être pas automatiquement car très à gauche du sentier, une nouvelle et large piste se présente et il suffit désormais de la suivre pour rejoindre d’abord le GRP Tour du Coronat pris à l’aller et bien évidemment Urbanya. En descente dès son début, cette piste fait face au versant nord et boisé du Pic de la Moscatosa (1.457 m) et atterrit dans une clairière herbeuse où elle amorce vers la gauche un virage en épingles à cheveux. Sur la gauche de cette piste, on remarque les ruines d’une cabane en pierres sèches au lieu-dit « Font de la Roja » avec sur le fronton de l’entrée une date gravée : 1910. La déclivité faiblit et le chemin se stabilise à l’approche du col LLoset puis après ce col, la piste amorce en direction du lieu-dit la Travessa une nouvelle descente. On retrouve l’itinéraire prit à l’aller cette fois-ci tout en descente jusqu’à Urbanya. Cette randonnée qui emprunte à 90% des pistes forestières est longue d’une vingtaine de kilomètres, pour des montées et des descentes cumulées de 1.530 mètres environ. Pour ceux qui comme moi, s’intéresse à la toponymie, je précise que le nom « Peirafita » vient du latin « petraficta » que l’on sépare en deux mots distincts « petra » signifiant « pierre » et « ficta » signifiant « fichée ». Il s’agit donc la plupart du temps d’une « pierre fichée » ou «  pierre dressée ». Toutefois selon les lieux et ils sont nombreux, il peut s’agir d’une menhir, d’un monument funéraire voire d’une simple colonne ou d’une pierre droite naturelle. On retrouve ce nom dans bien d’autres langues et écrit de diverses manières pour définir des noms de lieux ou de personnes avec un ou deux t comme « Perafita », « Petrafica » « Pierrefite », « Pierrefitte », « Pierrefiques » « Peyrefite » ou bien encore « Pierfite ». Dans certaines régions, le mot « pierre » a carrément disparu et une « fita » n’est ni plus ni moins qu’une « pierre droite ».  Quand au nom « Pinosa » que l’on rencontre le plus souvent écrit « Pinouse », il signifie un lieu planté de pins ou plus simplement une pinède. Ce nom, on le retrouve à de multiples endroits dans notre département et dans toutes les Pyrénées en général dont le plus connu reste les « Mines de la Pinouse » au dessus de Valmanya, haut-lieu historique de l’exploitation du fer du Canigou et de la résistance contre les nazis. Aujourd’hui par bonheur, cet endroit est surtout prisé des randonneurs.  Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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    Ce diaporama est agrémenté de la musique "Once In A Red Moon" du duo "Secret Garden", extraite de l'album éponyme.DU-MOULIN-AUX-GOULEYROUS
     
    MOULINGOULIGN
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    C’est en effectuant le « Chemin des Bacs » depuis Tautavel, randonnée décrite dans ce blog il y a peu de temps, que j’ai découvert la balade, objet de cet article,  intitulée « Du Moulin aux Gouleyrous ». Autant l’avouer, si je connaissais bien les grandioses Gorges de Gouleyrous pour être venu m’y baigner à quelques reprises, le titre de cette randonnée aperçue sur un panonceau indicatif, son itinéraire et le « moulin » restaient pour moi de véritables mystères. Au départ, j’ai pensé qu’il s’agissait du moulin à eau de Gouleyrous lui-même mais dans ce cas précis, le titre aurait été complètement illogique d’autant que le panonceau aperçu évoquait le village de Vingrau distant de quelques kilomètres. Les seules choses que j’en connaissais c’était donc la description du panonceau qui indiquait la distance, le temps pour la parcourir et le dénivelé : « 6,3 km -2h35 –déniv.70 m ». Autant le dire, la question fut vite éclaircie tant cette balade est courte et correspondait très bien à cette agréable petite après-midi que nous voulions lui consacrer. Une charmante après-midi printanière magnifiquement ensoleillée comme il y en a eu bien trop peu au cours de ce printemps 2013 plutôt changeant et surtout incertain pour prendre le risque de partir vers de longues randonnées montagnardes. Mais comme le dit le proverbe « à quelque chose, malheur est bon » et peut-être n’aurions jamais effectué cette courte balade si la météo n’avait pas été si capricieuse.  Si la question de cette balade trouva réponse en marchant, on peut une fois encore regretter l’absence de toutes explications historiques concernant la présence des moulins, celui des Gouleyrous et celui de Vingrau. Cette balade aurait été bien plus intéressante et plus ludique si l’histoire de ces moulins nous avait été contée. Nous l’avons donc réalisée à l’envers en partant des Gouleyrous où se trouvent les hautes gorges du Verdouble appréciées des escaladeurs et l’ancien moulin appelé depuis peu « Moulin Arago » et destiné aux fouilles du Centre Européen de recherches préhistoriques. C’est d’ailleurs dans la direction du parking de la célèbre grotte du Caune de l’Arago que nous avons véritablement démarré. La grotte est sur la gauche à flanc de falaise là où on aperçoit un baraquement amplement grillagé. Ayant eu l’occasion d’y monter lors du Chemin des Bacs, je n’ai pas trouvé utile d’y retourner d’autant que Dany avait plutôt envie d’une randonnée courte et plane. Le balisage est jaune comme tout sentier de petite randonnée (P.R). Au printemps, une petite route bitumée se faufile au milieu des hauts genêts aux grappes de fleurs dorées et flamboyantes dont les senteurs embaument les lieux. Les marques de peinture jaunes sont bien présentes et indiquent quelques raccourcis coupant des vignes. Ici le vignoble est omniprésent mais pour qui sait observer la nature, il n’y a pas que ça. Au printemps, la végétation et une  « petite » faune  y sont exceptionnelles : arbustes fleuris ou déjà en fruits, fleurs des champs, des  sentiers ou de la garrigue, lézards, papillons et insectes en tous genres, oiseaux des vignes, des ruisseaux, du maquis et des falaises. Ces falaises blanches qu’ici on appelle « serres » et qui ceinturent les paysages et la combe verdoyante. Quelques vestiges du passé sont à voir aussi comme des terrasses en pierres sèches, des puits ou bien des recs, ces petites rigoles qui irriguaient les champs de céréales et les vergers au temps jadis. Plus loin, l’itinéraire retrouve l’asphalte et ainsi de suite jusqu’au joli village de Vingrau. Ici, la promeneur hésite entre visiter le village en errant dans les ruelles aux maisons colorées et aux balcons fleuris ou bien s’asseoir à l’ombre des grands platanes ou bien encore profiter de la fraîcheur du préau recouvrant sa fontaine et son vieux lavoir. Comme pour nous, cette valse-hésitation vous fera sans doute perdre le balisage et donc le fil conducteur de cette charmante balade et il suffira de partir vers le centre du village où se trouve la mairie. Là, on retrouve un panonceau concernant notre randonnée. Un panonceau que le regard oublie très vite tant il reste conquis et parfois songeur par de magnifiques fresques décorant les façades de la placette. Le balisage nous entraîne vers la sortie est de Vingrau, la D.9 et la ruine de son vieux moulin à vent perché sur un promontoire désormais entourée d’une sombre et belle pinède. Bien sûr, de nos jours, dans ces lieux essentiellement viticoles ou occupés par la garrigue,  il est difficile d’imaginer que la roue d’un moulin à vent ait pu broyer les grains de céréales du coin pour subvenir aux besoins alimentaires des habitants. Et pourtant, il en était encore ainsi, il y a moins d’un siècle. Après la découverte de ce vieux moulin dont on peut regretter l’absence de précisions historiques concernant ses origines, nous avons définitivement perdu le fils du parcours. En l’absence de tout autre balisage hors mis celui retournant vers Vingrau, nous avons pensé sur l’instant qu’il s’agissait d’un simple aller-retour et nous avions vu juste car il fallait revenir jusqu’au panonceau aperçu devant le stade puis emprunter la rue de la Millere. Mais ça, nous ne l’avons su qu’une fois rentrés à la maison en consultant un guide que nous possédions pourtant et qui s’intitule « 34 randonnées en Agly-Verdouble ». C’est bête mais c’est ainsi, je ne pense pas toujours à compulser les nombreux topo-guides de randonnées dormant dans ma bibliothèque.  Alors, nous sommes revenus vers les Gorges de Gouleyrous et vers notre voiture en empruntant tout simplement la D.9 qui va vers Tautavel. Un peu plus de 2 kilomètres pas vraiment d’asphalte car les bas-côtés sont herbeux et longent de rafraîchissants « correcs » où je me suis régalé à photographier quelques oiseaux. Dany, elle, ne m’avait pas attendu et était déjà partie devant, histoire d’aller tremper dans les eaux fraîches du Verdouble ses pieds échauffés par les 2h30 de marche de cette très chaude après-midi. Bien que nous ayons effectué cette balade à l’envers et que n’ayons pas exactement suivi l’itinéraire décrit sur les panonceaux et dans les topo-guides, j’ai préféré conserver le même titre afin de ne pas troubler les lecteurs.  Je précise que vous pourrez trouver des renseignements historiques sur les moulins dans le livre de Francis Noëll intitulé "Les moulins à vent des Pyrénées-Orientales" paru chez TDO Editions. Carte IGN 2547 OT Durban – Corbières – Leucate – Plages du Roussillon Top 25


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  • Ce diaporama est enjolivé par des musiques jouées par le guitariste de jazz Biréli Lagrène extraites de son album "Gipsy Project". Elles ont pour titre : "Blues Clair", "Coquette", "Daphné", "Embraceable You" et "Swing 42".

    Il y a quelques années, je vous avais présenté dans ce blog, une balade assez insolite au départ du joli hameau de Glorianes intitulée « la Chapelle Sainte Anne ». Cette balade vers la chapelle ruinée de Sainte Anne située au sommet du Serrat des Genièvres, à 1.347 mètres d’altitude présente la particularité d’être une des toutes premières qu’il m’ait été donnée de faire quand je me suis lancé dans la randonnée pédestre, il y a maintenant plus de vingt ans. C’est un copain qui me l’avait fait découvrir pour la première fois, non pas au départ du hameau de Glorianes mais du village de Baillestavy et selon la même boucle assez singulière et difficile que je vous présente aujourd’hui. Depuis j’y suis retourné à de multiples reprises en y incluant fréquemment des variantes plus ou moins longues. J’’y ai même très souvent amené famille et amis car il faut bien l’avouer, par grand beau temps, cette Chapelle Sainte Anne constitue sans aucun doute un des plus merveilleux mirador sur le versant nord du Massif du Canigou. Au regard de la chapelle qui n’est plus qu’un tas de pierres difforme, on pourrait penser que les vues époustouflantes sur le Canigou en sont ses seuls attraits mais non, cette chapelle et la randonnée que je vous présente aujourd’hui ont beaucoup d’autres atouts.  Elles en avaient déjà dans le circuit confectionné à partir de Glorianes et bien que les vues soient aujourd’hui bien différentes, elles en ont tout autant dans cette boucle au départ de Baillestavy. Ce matin-là, c’est sous un ciel pur et céruléen que j’ai pris la direction de ce beau village du Conflent. Le temps était vraiment idéal pour monter vers la Chapelle Sainte Anne et bénéficier de ces incroyables vues sur le Massif du Canigou. Mais malgré une météo qui m’avait annoncé un grand beau temps pour toute la journée, la chance ne fut pas avec moi car au moment d’atteindre la chapelle, de gros nuages gris et blancs avaient décidé d’entrer dans la partie et recouvraient notre mythique sommet.  Pourtant, tout avait bien commencé et comme les fois précédentes, j’avais laissé ma voiture un kilomètre après Baillestavy ou du moins de son quartier de La Fargue, sur la D.13, direction Valmanya. Là, au lieu-dit le Pont de Fer, j’ai enjambé la Lentilla, torrent très apprécié des pêcheurs de truites fario mais fort impétueux en ce début de mai car descendant directement des contreforts abrupts et encore bien enneigés du Barbet.  D’ailleurs, depuis la D.13, il suffit de suivre un panonceau « parcours de pêche » et d’emprunter le petit sentier qui descend très raide vers la rivière. Là, on traverse le torrent grâce à un pont en béton mais aux garde-fous encore en fer d’où le pont tire sûrement son nom. Peu après, on ignore les autres panonceaux « parcours de pêche » descendant vers le lit du torrent et l’on emprunte l’unique sentier qui s’élève dans des sous-bois bordé parfois de « feixes » sur sa gauche. Au temps de l’exploitation du fer, ce sentier servait à rejoindre les mines de Rabollèdes. Il longe longuement la Lentilla puis s’en écarte peu à peu jusqu’ au moment où coupant un autre ruisseau celui du Ravin de Rabollèdes, il s’en éloigne vraiment. D’ailleurs après les grosses pluies des derniers jours, de l’eau, il en coule un peu partout sur cette « solana » et c’est bien la première fois que j’en vois dégouliner autant. Toutes les sources semblent régurgiter un trop plein et après les frimas de l’hiver, la végétation renaissante en profite à outrance et explose de verdeur. Le chemin embaume l’humus, le terreau humide et les mousses gorgées de rosée. L’itinéraire côtoie quelques vestiges du temps du pastoralisme et de l’extraction du minerai de fer.  La randonnée est presque un jeu d’enfant car si sur les vieilles cartes IGN, l’itinéraire est décrit comme étant non balisé voire hors sentier, le sentier balisé en jaune, lui, existe bel et bien et comme il est unique sur presque 4 kilomètres jusqu’au pylône de la Creu d’en Touron, il en devient d’une grande simplicité. Une fois encore, je précise que simplicité ne signifie pas facilité car le dénivelé est déjà de 460 mètres entre le départ que constitue le Pont de fer (620 m) et cette Creu d’en Touron (1.084 m) où le regard bascule magnifiquement vers les Aspres. Certes, il y a entre ces deux points, une évidente déclivité mais cette dénivellation va nous permettre d’avoir de merveilleuses vues aériennes sur la Vallée de la Lentilla mais surtout d’incroyables panoramas sur la Massif du Canigou sans avoir à attendre d’être au sommet du Serrat des Genièvres. De temps à autre, il ne faut pas craindre de quitter le chemin pour profiter pleinement de ces vues somptueuses : vers le Canigou bien sûr, mais aussi vers d’autres lieux bien reconnaissables comme Valmanya, Baillestavy, les Mines de la Pinouse, les Puigs d’Estelle et de Saint Pierre et bien d’autres merveilles encore. Voilà pourquoi, nonobstant un temps devenant maussade au fil du parcours, je n’ai pas vraiment été déçu de ma balade, d’autant que malgré de gros nuages, la pluie est restée absente et c’était déjà un point très positif. Avec la Creu d’en Touron, on atteint un premier étage mais les autres paliers à rejoindre sont d’autres « nougats » bien plus difficiles à croquer. Il suffit pourtant de suivre des clôtures, le plus souvent faites de fils barbelés, très indigestes, il est vrai. Il y a d’abord en hors d’oeuvre, le Col de Montportell (1.184 m), 1.400 mètres plus loin mais déjà 100 mètres plus haut, puis, vient le plat de résistance avec un très court mais terrible raidillon qui, avec ses 164 mètres de dénivelé pour ses 825 mètres de longueur, nous emmène à au pic Sainte Anne à 1.347 mètres d’altitude où se trouve l’ancienne chapelle. Une chapelle Sainte Anne certes ruinée mais qui est un extraordinaire belvédère à 360 degrés ou presque.  L’excellent site Internet consacré à l’histoire du Roussillon nous en conte très bien la chronologie détaillée que je résume ici : Située sur le territoire de la commune de La Bastide, la petite chapelle (6,20 m de long sur 3,50 m de large) a été construite sur les fondements d’un ancien oratoire du nom de La Solada de Sancta Anna. La première mention écrite date de 1568. La nouvelle chapelle Sainte Anne fut élevée en 1699 grâce à la volonté de quatre personnages des villages alentours dont un certain Jean Ange Toron de la Bastide (a-t-il un rapport avec la Croix d’en Touron ? Je l’ignore ! ) En 1722, un document présente la chapelle comme un ermitage sous le nom de Sancta Anna dels Quatra Termas.  A l’époque, l’ermite, en général un moine, tenait un rôle social important auprès des populations des villages alentours alors beaucoup plus isolées qu’ils ne le sont de nos jours. Après la Révolution, les biens de l’église deviennent des biens d’Etat et la chapelle Sainte Anne ne fait pas abstraction à cette règle.  Comme bon nombre d’autres biens de l’église jugé inutile par les révolutionnaires, l’ermitage fut vendu. Il perdit son rôle social, tomba en désuétude puis fut abandonné et oublié des hommes et il ne résista pas à l’usure du temps. Il faut dire que le Pic Sainte Anne est exposé et battu par tous les vents. Chaque fois que j’y monte, j’y élève sur les murs restants trois ou quatre pierres que je retrouve le plus souvent à terre sans doute balayées par les vents puissants qui soufflent ici voire bousculées par les moutons qui broutent à longueur d’années sur cette montagne plutôt aride. Elever les murs de la chapelle, c’est ma manière à moi, d’ajouter quelques pierres à cet édifice oublié de tous. Après cette découverte assez désagréable quand il ne fait pas beau ou bien quand souffle bien trop fort notre « chère » tramontane, le dessert arrive à point nommé. Ce dessert, c’est la suite du parcours qui n’est constituée que de descentes voire de chemins plats et herbeux plutôt agréables à arpenter. Là encore, il suffit de suivre comme un fil d’Ariane des clôtures. Cette longue crête en surplomb de la Vallée de la Lentilla et face au Canigou c’est le Serrat des Genièvres ou Serrat del Ginèbre en catalan. Ne vous amusez pas à chercher les plants de genièvres, il y a très longtemps qu’ils ont disparus des paysages environnants, emportés par des défrichages à répétition et des écobuages pas toujours bien maîtrisés. Ici, les genêts sont désormais les rois mais des rois sans doute éphémères eux aussi et qui, finalement subiront le même sort que les genièvres d’antan. Des landes de genêts que les éleveurs de bovins, d’ovins et de caprins s’évertuent de défricher ou d’écobuer sans relâche pour agrandir sans cesse leurs pacages. Comme le dit si bien le proverbe «  à toutes choses malheur est bon » et si les paysages sont parfois un peu noircis,  ici, le randonneur marche le plus souvent à découvert et sur un tapis herbeux plutôt agréable à cheminer, enfin au moins jusqu’à la redescente finale vers Baillestavy. Car là, il faut bien que je l’avoue, le retour que j’ai choisi en souvenir du bon vieux temps et de ma première venue ici, est loin d’être le chemin le plus facile même s’il est le plus court en terme de distance à parcourir pour rejoindre le point de départ. Peu après les ruines du Cortal del Pou, il faut suivre la clôture qui file perpendiculaire au chemin principal. Cette clôture assez rectiligne atterrit sur une large piste près du Mas Miquelet mais le parcours est semé d’embûches car assez abrupt, parfois caillouteux à l’extrême, pas toujours bien débroussaillée et en sus avec quelques clôtures et barrières pas toujours évidentes à enjamber. Un véritable parcours du combattant que vous pourrez éviter en empruntant la piste beaucoup plus facile mais plus longue qui descend par le Mas de Dalt (voir variante sur ma carte IGN). Les suites des deux itinéraires sont simples mais peuvent paraître fastidieuses car les pistes ne sont qu’une succession sans fin de sinuosités et de virages avant d’atteindre la D.13. Elles sont d’autant plus laborieuses que Baillestavy et la Fargue sont encore à quelques encablures et que si vous êtes venus avec un seul véhicule, le Pont de Fer, lui, est encore un peu plus loin, à 1.200 mètres environ de la Fargue. Au total, vous aurez parcouru dans le premier cas une quinzaine de kilomètres et dans le deuxième environ deux kilomètres de mieux. Depuis le Pont de Fer et jusqu’à la chapelle, le dénivelé est de 727 mètres et les montées cumulées sont de l’ordre de 1.190 mètres environ. La Chapelle Sainte Anne est donc une randonnée qui est loin d’être facile mais elle présente l’avantage d’être une des plus plaisantes que je connaisse par grand beau temps. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

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