• Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons interprétées par Serge Lama. Elles ont pour titre : "Une Île" "Je t'aime à la folie", "L'enfant d'un Autre" et les "Ballons Rouges". Il y a également une version instrumentale de 'Les Ballons Rouges" par Emmanuel Milemont.

    LA-TOUR-DE-LA-MADELOC

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    La Tour de la Madeloc à partir de Banyuls-sur-Mer est une balade incontournable de notre département des Pyrénées-Orientales bien connue de tous les clubs de randonnées pédestres. Faut-il pour autant que je la néglige et que je ne l’inscrive pas dans mon blog ? A cette question, je réponds non. J’en veux pour preuve le nombre de plus en plus accrus de blogueurs qui s’étonnent de ne pas voir dans mon blog d’explications pour gravir le Pic du Canigou sur une seule journée. Il est vrai que depuis que le massif est devenu Grand Site de France, sauf à partir de très loin ou à prendre un taxi parfois à un tarif un peu prohibitif, notre « Olympe » est devenu de plus en plus inabordable. Autre cas que celui de cette autre blogueuse, touriste estivale et fidèle de notre région mais que le moindre dénivelé rebutait, qui m’avait adressé un mail  pour se plaindre de ne pas avoir trouvé le tour du lac de Villeneuve-de-la-Raho dans mes « Belles Randonnées Expliquées ». Elle rouspétait, à juste titre, de ne trouver que des randonnées ascensionnelles. Elle m’avait fait remarquer qu’après avoir arpenté pendant dix ans, en long et en large (enfin en large sans doute pas !), toutes les plages de notre département, une amie lui avait fait découvrir notre « populaire » lac de la Raho qu’elle avait trouvé tout simplement merveilleux sur fond de Canigou se reflétant dans ses eaux immobiles.  Alors, c’est promis, je ne négligerais jamais les « Incontournables » randonnées de notre département et voici le récit de cette jolie boucle qui m’a permis à partir de Banyuls-sur-Mer de gravir la Madeloc par le mythique G.R.10. En laissant ma voiture sur un parking du front de mer, je ne sais pas pourquoi mais je me suis mis à penser à une histoire que j’avais lu quelques semaines auparavant dans un vieux Géo Magazine. Cet article relatait le départ de la traversée des Pyrénées par le G.R.10 du fameux guide pyrénéen et écrivain Louis Audoubert. Il paraît que sur la plage de Banyuls, Audoubert s’était d’abord baigné puis, sortant de l’eau, il avait aussitôt troqué son maillot de bain contre sa tenue de parfait montagnard et c’est ainsi qu’il avait démarré sans attendre son périple de 850 kilomètres. Dieu sait si j’adore me baigner mais cette pensée me fit sourire car nous étions le 6 décembre et je me suis dit que l’eau devait être quand même très fraîche pour faire comme lui, d’autant que ce matin-là, une « bonne » tramontane balayait la plage. J’ai donc harnaché mon sac à dos, longé la promenade en direction de la mairie car je savais que le départ du G.R.10 se trouvait là sous la forme d’une superbe fresque en faïence. Une fois arrivé devant la mairie, si ce n’était une croix blanche et rouge peinte dans l’autre angle de la rue adjacente, c’est à dire sur l’avenue du Général de Gaulle, cette jolie fresque aurait presque tendance à nous induire en erreur en nous incitant à emprunter cette longue avenue. En réalité, il faut simplement traverser cette avenue et les légendaires marques blanches et rouges sont de l’autre côté. On emprunte la rue du Puig del Mas et il suffit désormais de prêter un peu d’attention pour suivre ce balisage au gré de diverses ruelles. Le G.R.10 nous entraîne très rapidement et sans problème hors de la ville. On sort de Banyuls en empruntant un tunnel passant sous la voie ferrée. Quelques minutes plus tard, on en a déjà à grimper l’illustre vignoble pour se retrouver très vite sur un large et bon chemin terreux qui file entre vignes et maquis. Bien qu’encore très loin, la Tour de la Madeloc est déjà là, droit devant, au sommet d’une croupe aride, rocailleuse et déchiquetée. Dans la ligne de mire que forme le chemin, notre rougeâtre et minérale cible du jour contraste avec un magnifique ciel bleu qu’une violente tramontane a purgé de tout nuage depuis quelques jours. Toujours parfaitement balisé, le G.R.10 trace sa route vers le Col de la Llagastèra dans des paysages sans cesse renouvelés et une végétation très changeante : pins, oliviers, agaves, chênes lièges, chênes verts ou blancs, mimosas et même quelques eucalyptus. Derrière, la Côte Vermeille sculpte une façade maritime très irrégulière mais ô combien éclatante. Ici la mer et le ciel aux bleus bien distincts esquissent une ligne d’horizon quasi parfaite bien qu’un peu blanchâtre. C’est là, que réside toute la beauté de cette contrée, d’un côté, la minéralité rougeâtre d’un terroir parsemé de quelques touches verdoyantes d’une végétation nébuleuse mais néanmoins bien présente et de l’autre, la légèreté et la douceur azuréenne de la Méditerranée. Ajoutez à cet incroyable tableau, une luminosité exceptionnelle et on comprend mieux que de nombreux artistes aient fait de cette côte leurs sources d’inspiration et leurs lieux de villégiature. En cette saison, la faune visible est essentiellement représentée par quelques oiseaux, des passereaux pour la plupart, qui, dérangés de mon passage, fusent des vignes et des ronciers pour s’envoler à tire d’ailes. Un épervier plane, s’arrête en continuant de battre des ailes et tel un automate se met à faire du surplace au dessus du Vall Pompo. Deux jolies bergeronnettes grises ont décidés de m’accompagner. Les photographier n’est pas une mince affaire. Sautillant devant moi avec une incroyable légèreté tout en surveillant du coin de l’œil l’espace qui me sépare d’elles, elles n’en n’oublient pas pour autant de picorer les quelques insectes qui parsèment le sol du chemin. Leur survie hivernale en dépend. En arrivant au col de la Llagastèra, on hésite un temps à poursuivre l’itinéraire vers la Madeloc car là-haut sur la colline, notre objectif semble s’être volatilisé. L’illustre tour a disparu. Aurait-elle choisie juste ce jour-là pour s’écrouler ? Non, ce n’est qu’un effet d’optique et n’ayez aucune crainte car bien qu’ayant été construite en 1285, la tour chère à Jacques II de Majorque est solide, encore bien là et le restera sans doute encore très longtemps. A ce col, un ludique table d’orientation nous retient quelques temps. Outre la description classique des paysages environnants, elle raconte brièvement la viticulture au temps des Templiers.  Après cette jolie découverte, on poursuit le bitume avant de descendre vers la droite en direction d’une ravine par un étroit sentier ombragé. Bordé d’un mur de schistes planté de nombreuses fougères Cétérach et de Nombrils de Vénus, le sentier n’a pas encore atteint le fond de la ravine qu’il se met soudain à remonter abruptement en direction de la route que nous venons de quitter. Tout à coup, en passant sous de grands châtaigniers, la pente s’accentue et le sentier devient plus caillouteux. Il coupe trois fois la route asphaltée et prenant de la hauteur, les panoramas s’entrouvrent merveilleusement. Ces ouvertures sont d’autant plus agréables que la « bonne » dénivellation oblige à reprendre son souffle. Le chemin est mauvais, alors plutôt que de regarder ses pieds, on s’arrête et on écarquille les yeux devant tant de beauté. Le col des Gascons est finalement atteint et on est désagréablement surpris et déçu de son altitude. 386 mètres seulement nous annonce le panonceau alors qu’on a le sentiment d’être à une altitude très nettement supérieure. Il est vrai que le départ à l’altitude zéro, le chemin déjà parcouru depuis ce départ et les vues impressionnantes sur Banyuls et les Albères engendrent mais faussent cette impression. Au col, je profite d’une herbe épaisse et grasse pour faire une pause et me restaurer un peu puis je repars toujours en montant sur un sentier commun au G.R.10 et à un petit P.R balisé en jaune. Très rapidement, je vais abandonner le G.R.10 au profit de cet unique balisage de couleur jaune. Malgré un rude dénivelé, la batterie des 500 est vite atteinte. Appelée ainsi car construite à la côte 500, elle fut édifiée comme bon nombre d’autres forts, fortins, batteries, redoutes, épaulements et autres casernements du secteur après la défaite traumatisante contre les Prussiens de la guerre de 1870.  Pour lever cet affront de la défaite de 1871 et avec un évident goût de revanche, à partir de 1874, c’est au Général Séré de Rivières, que revient la lourde tâche d’édifier un système de fortifications sur l’ensemble du territoire connu sous le nom de « rideaux défensifs ». La Côte Vermeille n’y fera pas exception d’autant que l’Etat prend conscience de l’importance de Port-Vendres dans le commerce avec l’Afrique du Nord.  Ici en Roussillon, le général Séré de Rivières ne terminera pas sa tâche, mais le génie militaire sur les bases de ses plans construira la route des crêtes, édifiera les Batterie des 500, de Taillefer et de la Galline ainsi que le fort du Cap Béar. Ici, de Collioure à Banyuls et sur les hauteurs, on trouve désormais un nombre incalculable de fortifications soit plus anciennes car médiévales ou bien érigées par Vauban ou Mailly soit construites de toutes pièces après 1870 ou soit reconstruites sur des emplacements de fortins déjà existants : château Royal, fort Carré, fort Rodon, fort Dugommier, batterie de la Galline, batterie de la Mauresque, batteries des Gascons près du col du même nom, fort Béar, redoutes, casernements et épaulements de la Madeloc, batteries de Taillefer, redoute Mailly, fort Saint-Elme, et j’en oublie sans aucun doute. La caractéristique de tous ces bâtiments du 19eme siècle, c’est qu’ils n’ont pratiquement jamais servi à des fins guerrières. Malgré ça et si certains ont été très bien conservés et entretenus, d’autres parfaitement restaurés, il y en a d’autres comme la batterie des 500 qui ont été complètement oubliés et sont en piteux états car victimes d’actes de vandalisme. J’ai bénéficié des grilles arrachées pour entrer et visiter dans le détail cet héritage historique bafoué. Avant de reprendre la petite route asphaltée qui monte vers l’ancienne tour à signaux, j’en ai profité pour prendre un maximum de photos me disant que passé un autre siècle supplémentaire, il ne restera peut-être plus grand-chose de visible. Puis quand je me suis décidé à quitter ces vestiges, là encore je me suis arrêté sans cesse car tout en montant, les vues sur la côte étaient tout bonnement extraordinaires. Là, je me suis véritablement régalé à « mitrailler » de près ou de loin tout ce qui me paraissait admirable. Mais il y avait tant de belles choses à mettre dans mon numérique : Collioure, Port-Vendres, le cap Béar, Paulilles, Cosprons, les fortifications, la mer, les vignobles en terrasses puis en arrivant à la tour, cette incroyable vision de la côte sableuse, avec une courbe quasi parfaite d’Argelès-sur-Mer jusqu’à l’infini. Ici, grâce à une visibilité exceptionnelle, cet infini avait pour nom Port-la-Nouvelle distant de 60 kilomètres à vol d’oiseau. Derrière la Madeloc, j’ai aperçu sa sœur jumelle, la Tour de la Massane, et dans une incroyable succession de sombres dos d’ânes, l’Albère qui déroulait ses belles forêts jusqu’à ses points culminants que sont les pics des Quatre Termes et le Néoulous. Encore un peu plus loin, j’ai remarqué les sommets enneigés du Canigou et du Madres puis en redescendant vers l’ample plaine du Roussillon, j’ai fini par deviner sous une chape brumeuse, la longue chaîne des Corbières d’où émergeait la monumentale table de la Montagne de Tauch. Après ce manège de paysages, mon seul regret a été l’impossibilité de visiter la tour aujourd’hui occupée par le Groupe TDF et donc fermée au public. Elle reste néanmoins un magnifique monument à regarder même si surmontée de pylônes, truffée d’antennes et bardée de paraboles, elle perd un peu de son authenticité. Mais après tout faut-il regretter qu’elle ait conservé sa fonction première qui était d’émettre et de recevoir des signaux ? En quelques siècles, quels progrès ! La tour est passée de signaux de feux et de fumées visibles de très loin à des signaux hertziens invisibles. Ah si les Rois d’Aragon et de Majorque pouvaient voir ça, à coup sûr, ils se diraient « quel merveilleux outil pour gagner des batailles et des guerres ! ». Après avoir flâné autour du sommet plus que de raison, et notamment sur les différents épaulements militaires, j’ai finalement repris la route en sens inverse, direction la Batterie des 500 puis le col des Gascons. Là, dans la descente, la vue porte jusqu’au cap Creus mais, au fil de l’inclinaison, cet horizon lointain disparaît très vite au profit de la barre rocheuse que constitue la fin des Albères plongeant dans la mer. On y distingue le sommet du Querroig dont je garde le bon souvenir d’une balade pédestre malgré un retour vers Banyuls sous une pluie froide et diluvienne. Au col des Gascons, je n’ai pas repris le G.R 10 mais j’ai poursuivi la petite D.86 jusqu’au premier virage où un large chemin balisé en jaune descend tout droit dans un bois de chênes-lièges. Au fil de la descente, le large chemin se dégrade jusqu’à devenir un étroit sentier exécrable et « tord-chevilles » car très caillouteux. Heureusement, ça ne dure pas longtemps car le sentier s’élargit de nouveau, s’aplanit et devient même agréable car on chemine désormais sur une crête de coteaux de vignes dominant sur la droite le vallon de la Baillaury et sur la gauche celui du Vall Pompo. Il va en être ainsi jusqu’à la blanche petite chapelle de Notre-Dame de la Salette. Ici tout est sérénité et même si la chapelle est fermée, j’ai pris plaisir à m’y reposer quelques instants, le temps d’y finir mon casse-croûte et de parcourir une table d’orientation dominant Banyuls. La chapelle fut construite en 1853 par Bonaventure Reig de la Serra, un très important propriétaire terrien banyulenc qui après s’être rendu à un pèlerinage en Isère à Notre-Dame de la Salette l’avait voulu ainsi. On ignore ses motivations exactes mais descendant d’une famille de viticulteurs depuis les Templiers, Bonaventure Reig était un fervent catholique et un militant très engagé dans sa religion. En quittant la chapelle, le sentier traverse quelques belles villas au style « méditerranéen » et aboutit au Mas Reig, haut-lieu de la viticulture et de l’Ordre du Temple. L’itinéraire passe devant la Gendarmerie et aboutit finalement à l’affluence du Rec du Val Pompo et de la rivière de Baillaury. Là, il suffit de suivre la rivière en empruntant l’avenue du Général de Gaulle et quelques minutes plus tard, on retrouve la mairie, la promenade et la plage. Moi, j’ai encore flâné car dans le lit de la rivière de nombreuses bergeronnettes grises et des ruisseaux ont encore retenu mon attention et celle de mon numérique. Puis j’ai finalement terminé cette longue mais ô combien merveilleuse randonnée que je vous conseille de faire de préférence un jour de grand soleil comme ce fut le cas pour moi. J’estime la distance du parcours effectué à 17 kilomètres pour des montées cumulées de 1.100 mètres environ. Quand au calcul du dénivelé, il ne peut être plus simple : 656 mètres, altitude où se trouve la Tour de la Madeloc. Carte IGN 2549 OT Banyuls-Col du Perthus-Côte Vermeille Top 25.

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    ( N.B : J'ai commis une erreur sur la photo où j'ai mentionné un Euprocte des Pyrénées (Calotriton asper). Selon un spécialiste du Muséum d'Histoire Naturelle qui m'a contacté, il s'agit d'un Crapaud épineux (Bufo spinosus).
    Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques interprétées au piano par Ludovico Einaudi. Elles ont pour titre "Primavera", "Other Nature" (Trio Whitefree avec Robert Lippok et Ronald Lippok ) et "Divenire".
    LE-CIRCUIT-DE-FOSSE"
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    Même si j’en fais une description plutôt précise, je suis enclin à dire que ce circuit de Fosse par la Couillade de Ventefarine, vous pourrez sans problème l’aménager à votre guise. En effet, les pistes forestières, chemins et autres sentiers y sont si nombreux que vous aurez l’embarras du choix quand à la boucle et à la distance que vous aurez décidé de parcourir. Moi, c’est une version plutôt longue (17 km) que je vous propose car une fois encore, nous avions ce jour-là, Dany et moi,  des « fourmis dans les jambes » et j’avais donc décrété que nous remplirions cette journée de novembre, qui selon la météo, s’annonçait si belle. Elle le fut, avec un ciel plutôt bleu, même si quelques rares cirrus et cirrostratus avaient décidé d’être de la partie, histoire d’enrober cette agréable balade d’un halo blanchâtre et de ternir un peu mes photos avec un moins de luminosité qu’à l’habitude. Mais les « fourmis » de nos jambes ne furent pas la seule raison à allonger inconsidérément cette boucle et surtout, à emprunter longuement le bitume dès le départ de Fosse. En effet, dans ma mémoire d’autres animaux étaient encore bien présents car il y a quelques années, alors que je randonnais dans ce secteur entre Saint-Martin-de-Fenouillet et Fosse, j’avais constaté un nombre incalculable de salamandres et de tritons dans les quelques fossés et poches d’eau qui jouxtent la petite route entre les deux hameaux. Je ne sais pas si les fortes pluies des jours précédents y étaient pour quelque chose mais dans une même poche d’eau, j’avais aperçu des dizaines de ces amphibiens urodèles. Ce jour-là, n’ayant pas d’appareil photo, je n’avais pas pu immortalisé cette vision assez insolite de nombreuses salamandres et tritons dans un même trou d’eau. En réalité, s’il s’agissait bien de Salamandres communes (salamandra salamandra), les tritons aperçus étaient sans doute des Euproctes des Pyrénées (Calotriton asper) reconnaissables à leur peau marron verdâtre très rugueuse. Comme il venait également de pleuvoir quelques jours avant cette randonnée, c’est avec la ferme intention de photographier cette scène assez rarissime et étrange que j’avais décidé d’emprunter sensiblement le même parcours et donc longuement le bitume en direction de Saint-Martin-de-Fenouillet. Il faut l’avouer, le résultat ne fut pas à la hauteur de mes espérances mais je suppose que les conditions climatiques, ensoleillement, hygrométrie, hydrométrie, températures de l’air et des eaux, etc… ne furent sans doute pas exactement les mêmes que la première fois. Ceci expliquant cela. Toutefois, la déception ne fut pas totale non plus car j’ai néanmoins pu photographier une Salamandre commune dans un fossé non loin du bord de la route. Malheureusement cette salamandre fut bien plus preste que moi et je n’eus pas le temps de prendre un second cliché en rapproché qu’elle avait déjà rejoint les profondeurs de la poche d’eau. Si cette salamandre fut le seul amphibien vivant que j’eus l’occasion de photographier ce jour-là, le bitume, lui, était suffisamment jonché de nombreux cadavres de salamandres et d’euproctes pour me confirmer la réalité d’une certaine abondance de ces animaux dans ce secteur des Fenouillèdes. Il faut simplement espérer que la circulation routière ne soit pas trop meurtrière et qu’au cours de leurs activités le plus souvent nocturnes de nombreux animaux soient épargnés afin que leur existence et surtout leur espèce se perpétuent. Pourtant, il faut reconnaître que cette petite route vicinale que nous avons cheminée est vraiment peu fréquentée car tout au long des 2.500 parcourus sur l’asphalte, nous n’avons pas vu un seul véhicule. Quand au village, nous n’y avons croisé personne non plus. Je suppose que ces amphibiens arrivent sur cette route, depuis la toute proche Matassa, rivière dont le débit est régulier tout au long de l’année. Si bien évidemment, les salamandres et autres tritons ne vous intéressent pas vraiment, vous aurez intérêt à rester sur les chemins de randonnées pour rejoindre au plus vite la Couillade de Ventefarine. Pour cela, vous aurez quitté Fosse en partant vers l’est et vous aurez eu le choix entre deux itinéraires bien plus courts et rapides que le mien. Soit un petit sentier matérialisé par une pancarte « Cauciel », P.R. balisé en jaune, qui, à la sortie de Fosse, part immédiatement à gauche en direction de Ventefarine, soit vous emprunterez le G.R.36 (balisage blanc et rouge) c'est-à-dire la route bitumée sur 1.200 mètres environ jusqu’à un premier panonceau indiquant Le Vivier et Saint-Martin. Quelques mètres plus loin, vous aurez à nouveau le choix entre deux autres itinéraires, soit le G.R.36 qui continue vers l’est ou mieux, un autre petit chemin qui rejoint le Sentier d’interprétation géologique des Hauts de Taïchac que nous avons pris nous-mêmes un peu plus tard. Peu après l’ancien four à chaux, il faut simplement prêter attention à un croisement qui part nord-ouest en direction de la Couillade de Ventefarine pour ne pas poursuivre inutilement le sentier d’interprétation. Comme toutes les diverses curiosités remarquables présentes sur les cartes, ce lieu-dit de la Couillade de Ventefarine est symbolisé sur la carte IGN par une étoile rouge à  cinq branches. Aussi quand vous l’aurez atteint sans doute vous poserez vous la question de savoir qu’elle est vraiment cette curiosité ? Y êtes-vous passé à côté sans la voir ? A-t-elle disparue à jamais ? Il y a bien sûr depuis ce sommet de cette longue crête de la Roque des vues admirables sur l’interminable synclinal de Saint-Paul, la Vallée de la Boulzane, les Corbières et le mythique Pech de Bugarach mais rien qui ne justifie vraiment que les géographes y aient campé une étoile à cet endroit-là sur leurs cartes. Si tous les topographes se mettaient à dessiner des étoiles rouges pour chaque beau panorama rencontré, les cartes en seraient complètement remplies et on ne verrait plus que ça ! Alors, la Couillade de Ventefarine, c’est quoi exactement ? Le mot « couillade » n’est pas un mot ou un nom très utilisé dans le langage courant. Pourtant amusez-vous à le taper dans Google et vous verrez qu’il y a plus de 3.500 sites comportant ce mot mais assez peu si on y adjoint le mot « Ventefarine ». Si vous analysez les résultats, vous constaterez qu’une immense majorité de ces 3.500 sites concernent les Pyrénées ou les Corbières mais par contre, je n’ai trouvé aucune explication historique ni aucun commentaire concernant notre objectif du jour. Quand à la toponymie du mot « couillade », elle est relativement facile à trouver et tout le monde semble à peu près d’accord pour la transcrire comme étant « un large col herbeux ». Elle serait donc la version occitane de notre « collade » ou « collada » catalane. Quand au nom propre « Ventefarine », j’ai déjà eu l’occasion de vous en donner une interprétation lors d’une récente randonnée au « Moulin de Ribaute » et je l’avais traduit comme étant le nom d’un lieu où l’on séparait la farine du son, opération que l’on appelle « blutage ». Il semble que je n’en étais pas très loin car selon l’historien Jean Tosti, il s’agirait plutôt de l’opération de « vannage » qui consistait à séparer les grains des restes de pailles et des poussières diverses. Cette opération nécessitant un vent favorable, on avait pris l’habitude de l’effectuer sur une colline où une aire bien ventée était présente (Le temps de la moisson site Internet de Jean Tosti). C’est ainsi que l’on trouve encore de nombreux « Ventefarine » ou « Bentefarine »  dans notre beau département (Vinca, Duilhac, Estagel, Néfiach, Maury, etc…) mais également en Ariège et bien plus loin aussi puisqu’on en trouve dans la France entière. Enfin, on peut imaginer que ce mot ait été une transformation du mot «ventarinada» qui en occitan signifie une bouffée de vent. Alors, bien sûr, un fois le circuit accompli, vous me direz que sur cette crête, vous n’y avez rencontré ni « col herbeux » ni « aire de vannage ou de battage du blé » ?  En êtes-vous bien sûr ? Il faut bien sûr se projeter de nombreuses années voire siècles en arrière mais en cherchant un peu au bord du sentier, on trouve assez facilement une vaste zone plane et les pierres taillées et écroulées d’une vieille ruine près d’un petit monticule rocheux. C’est la Couillade de Ventefarine. Bien sûr, cet emplacement où s’effectuait le « vannage » est aujourd’hui largement envahi par les chênes verts mais ces quelques ruines ensevelies sous la végétation sont les restes certains d’un vrai patrimoine historique. De plus, cet endroit est le seul de toute la colline à avoir un accès avec l’autre versant donnant sur le vallon de la Boulzane que l’on atteint grâce à un sentier aujourd’hui seulement connu des commandos qui viennent s’entraîner ici lors de marches nocturnes. A l’époque, il est presque certain que les paysans des deux versants de la Roque venaient y battre leur blé. La Couillade, c’était un vrai col ! Après cette découverte, il faut poursuivre le sentier en restant sur celui situé au plus haut et au plus près de la crête. Dans le cas contraire, vous redescendrez directement à Fosse mais quand on veut faire un circuit, ce n’est pas vraiment l’idéal ! Il s’agit d’un étroit sentier pas toujours merveilleusement débroussaillé mais praticable car le plus souvent emprunté par les chasseurs et les ramasseurs de champignons du coin. Vous y rencontrerez quelques vieilles bornes du temps où l’on confiait les levés topographiques aux Officiers d’Etat-major. A l’occasion de quelques trouées, de belles vues se dévoilent des deux côtés de la ligne de crêtes. Le Canigou et les Pyrénées d’un côté et de l’autre, le Bugarach et les Corbières. Ce petit sentier finit par atteindre une pinède où une large piste file à droite toujours au milieu des pins. Ici, pendant que Dany ramassait sur les talus quelques excellents lactaires délicieux, moi, je me suis mis à courir derrière un petit écureuil roux qui a finalement accepté mon appareil photo trop occupé qu’il était à finir de grignoter une pomme de pins. Ici, au bord de cette piste, on y remarque aussi une sinistre pancarte mentionnant l’étrange disparition du dénommé Sébastien Pous le 29  mai 2008. Agé de 84 ans, l’ancien maire de Fosse s’est littéralement volatilisé et le mystère reste entier car on ne l’a jamais plus revu. Ah ! Si les écureuils pouvaient parler ! Quelques mètres plus loin, on retrouve une variante du G.R.36 et une autre pancarte indiquant la direction du Col del Mas qu’il faut suivre sur 400 mètres environ jusqu’à une autre intersection de chemins : sur la droite, le Col del Mas et sur la gauche, pour un retour plus rapide vers Fosse par le G.R.36 si vous le souhaitez. Au Col del Mas, on traverse la D.9 et l’on poursuit tout droit en empruntant une large piste qui monte et laisse entrevoir de jolies vues sur la commune de Fenouillet, ses châteaux médiévaux, sur le verdoyant Vallon d’Aigues-Bonnes, le Pech de Fraissinet et la Serre de la Quière. Entre maquis et bois de résineux, on poursuit cette piste DFCI F39 jusqu’à rencontrer un nouveau panneau de randonnée indiquant la Source des Verriers, Ici, on ignore la direction de cette jolie balade déjà expliquée dans ce blog pour emprunter à gauche le large chemin herbeux qui file au milieu de prés très souvent plantés d’une multitude de champignons et notamment d’énormes Agarics des jachères (Agaricus arvensis). Ces Rosés des prés qui exhalent un fort parfum d’anis et que l’on rencontre surtout à l’automne ne sont pas les meilleurs champignons du monde car souvent un peu spongieux quand ils sont trop gros, mais ils s’adaptent merveilleusement et très facilement à de multiples sauces ou recettes de cuisine. Le sentier rectiligne descend, laisse entrevoir des vues panoramiques lointaines et finit par atteindre une nouvelle jonction de chemins. Une fois encore, on ignore l’itinéraire de la Source des Verriers qui file vers Vira et on lui préfère la piste DFCI F43 qui part à gauche en direction des Cabanes. Le chemin zigzague un peu, laisse sur la gauche un grand hangar en bois et on atteint très vite le hameau. Partie basse du village de Fosse puisqu’on y trouve la mairie, la traversée des Cabanes est très rapide car à vrai dire, il n’y a pas grand-chose à visiter. Il suffit de rejoindre le haut du village que l’on aperçoit au pied de l’oblongue « serre » et notre magnifique balade automnale autour de Fosse se termine quelques minutes plus tard. Le parcours effectué est long de 17 kilomètres environ pour un dénivelé très modeste dépassant à peine les 200 mètres mais comme indiqué en avant-propos, vous pourrez raccourcir ce circuit et l’adapter à votre guise. Certaines parties étant un peu embroussaillées et d’autres caillouteuses, bonnes chaussures de marche et pantalons longs sont vivement recommandés. Enfin si l'Histoire de Fosse vous intéresse, je vous conseille la lecture des quelques bulletins municipaux que la commune a édités. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté avec 6 chansons des Beatles parmi celles qui ont été élues comme étant les plus belles. Pour des raisons d'interdiction de droits d'auteurs, elles sont interprétées ici par l'excellent groupe The Analogues. Les titres sont "Eleanor Rigby", "Something", "Golden Slumbers", "Carry That Weight"'You Never Give Me Your Money" et "A Day In The Life" 

    LA-TRANCADE-D'AMBOUILLA


    Comment l’appeler ? Voilà la question que je me suis d’abord posée avant de commencer l’article consacré à cette randonnée. « Ambulla » « Ambullas » « Amboulla » « Embulla » « Embouilla » « Ambouillat » « Ambouillats » « En Bullas » comme écrit sur les panneaux indicatifs rencontrés au cours de la balade, « Ambouya » comme aperçu dans un dépliant publicitaire du Club Alpin Français. Sur Internet, tous ces noms-là  désignent ce petit massif montagneux qui s’étire entre Villefranche-de-Conflent et Sirach sur la rive droite de la Têt. Alors à force de retourner le problème dans tous les sens, j’ai constaté que la carte IGN ainsi que la dénomination la plus courante était « Ambouilla » précédée d’un mot qui m’était également inconnu mais lui aussi mis à diverses sauces : « trancade » « trencade » « trancada » « trencada » et parfois même « troncade » ou « traucade ».  De quoi, il faut l’avouer, être bien « embrouillé » ! Alors, une fois encore, je me suis lié à la majorité pour finalement intituler mon article, la « Trancade d’Ambouilla ». Cette majorité est essentiellement constituée de botanistes du 18 et 19eme siècle qui venaient chercher ou découvrir dans ce joli coin de notre département quelques plantes rarissimes voire parfois endémiques. Il y eut aussi quelques naturalistes de renom qui ont arpenté cette montagne parmi lesquels Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse déjà rencontré lors de ma dernière balade à la Montagne des Cornes. Mais il faut le reconnaître aussi, de nos jours, cette montagne est peu connue des randonneurs pédestres et bien plus renommée pour son sous-sol depuis, qu’en 1981, un certain ‘Dédé’ Lachambre a découvert un réseau souterrain extraordinaire avec plus de 25 kilomètres de grottes et de galeries constituées de nombreuses concrétions minérales faites de cristallisations exceptionnelles à bien des égards... Mais vous l’avez bien compris, ce ne sera pas l’objet de cet article et croyez bien que je suis le premier à le regretter tant cette randonnée dans les entrailles de la terre semble être de toute beauté comme le laisse entrevoir de très nombreux sites Internet qui lui ont été dédiés. Ne soyez pas déçus pour autant, il y a tellement d’autres découvertes à faire sur cette Montagne d’Ambouilla qu’une seule journée de marche peut parfaitement être remplie. Mais avant de faire la description de celle-ci, tentons tout d’abord de définir l’étymologie du mot « trancade » et la toponymie du nom « Ambouilla ». Je l’avoue, ce fut une recherche longue et fastidieuse pour un résultat très incertain. En ce qui concerne une « trancade », le Littré de 1872 en donne la définition suivante : « Gros bloc de pierre, plein de larges cavités, qui se trouve à la surface de la terre » quant à l’Institut Géographique National dans son dictionnaire des Noms de lieux en France – Glossaire des termes dialectaux, il définit le mot « trencade » comme étant un abattis de bois ou une tranchée, cette dernière définition étant également reprise  dans le livre de l’étymologiste Robert Aymard « Toponymie pyrénéenne » et dans "le Dictionnaire Gascon-Français" de l’Abbé Vincent Foix qui lui, la définit en plus comme étant une « trouée ». Enfin l’abbé Jean Espagnolle dans le volume 3 de son « Origine du Français » (1890), ne semble pas vouloir faire de différence entre «  trencade » ou « trancade » leur donnant à tous deux la même origine à savoir les mots de vieux français « trencer »,  « trencher » que l’on retrouve dans de nombreuses autres langues comme « trenca » « trencha » « trancha » en Béarnais, « trenchar » ou « tranchar » en Provençal, « trencar » en Catalan , « trinchar » en Espagnol, « trincar » en Portugais et enfin « trinciare » en Italien et bien sûr « trancher » ou « tranchée » en français actuel. Notons enfin qu’en terme militaire, on désigne par abattis, un retranchement fait d’arbres abattus. Alors une « trancade » c’est sans doute une tranchée au sens géologique du terme c'est-à-dire une « cassure » ou  plus simplement une « ravine » plus profonde que large ce qui semble parfaitement correspondre à notre montagne d’Ambouilla dont deux des principales croupes culminant à plus de 800 mètres d’altitude sont séparées par un minuscule et très étroit fossé ressemblant à une tranchée.  Enfin la toponymie du nom « Ambouilla » est beaucoup plus délicate en raison même de la diversité dans la manière même de l’écrire. Si l’on se réfère au mot latin « bulla » signifiant « bulle » ou «  boule », le professeur belge Armand Boileau précise qu’on retrouve cette origine dans le dialecte germano-roman des mots « bouye » , « bouille » ou « bouya »  signifiant « enflure », « bosselure » « saillis » « protubérance » ou encore « bosse »(Toponymie dialectale germano-romane du nord-est de la province de Liége-1971). D’autres rapprochent le mot « bulla » du verbe « bulleter » qui au fil du temps a fini par se transformer en « bluter », opération consistant à tamiser la farine. Il n’est donc pas impossible qu’il y ait eu une ou plusieurs aires de battage du blé dans cette montagne. Enfin, dans sa « Toponymie pyrénéenne », Robert Aymard, donne pour origine au mot « Ambouilla » le mot « ampulla » signifiant « ampoule » au sens de « verrue » ou plus simplement de « butte » quant à la traduction du « bulla », pour lui, elle désigne carrément une « boule » mais rajoute qu’il peut s’agir d’un « mamelon » ou bien d’un « sein » et que l’on retrouve cette origine dans de nombreux autres vieux toponymes roussillonnais comme « le Boulou » « les Bouillouses », « Bolquère » « Bouleternère » « le Boulès » « Boule d’Amont », etc…  Recélant quantités de grottes, nos anciens savaient-ils que cette montagne était creuse ? On peut le penser aussi ! Enfin, pour le mot « Embula », un dictionnaire Provençal/Français de 1839 de Joseph-Toussaint Avril donne les significations de  « tromper, attraper, surprendre, enjôler, ensorceler, séduire » quand au mot « embuya », il signifie « embrouiller, méler, entreméler » alors  rien n’interdit de penser que le nom « Embouilla » ou « Ambouilla » en soit de vieilles déformations que l’on pourrait allégrement rapprocher des mots « éboulis » ou « éboulements » en parlant de pentes caillouteuses ou rocheuses ou bien « d’embroussaillement » en évoquant des bois en friches. En tous cas, ces mots-là sont conformes à cette montagne et à un autre lieu-dit près de Mosset qui s’appelle les Ambouillades. Enfin notons qu’il y a non loin d’ici près de la commune de Los Masos, un lieu-dit du nom de l’Amboulade mais aussi et surtout que parmi les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF),  une zone de type 1 de 33 ha intitulée « Trouée d’Ambouillet » a été délimitée et crée dans cette montagne. Tout comme la grotte de Sirach et le Massif de l’Ambouilla et des Canalettes, elle fait partie de la surface du Site Classé du Réseau Lachambre.   Je vous l’avais dit ce n’est pas facile de s’y retrouver mais on peut néanmoins faire une supposition assez simple et traduire la « Trancade d’Ambouilla » en « Tranchée des bulles ou des buttes » voire en «  Trouée des monts » ce qui parait assez logique au regard de la configuration de ce long et étroit fossé qui part du plateau d’Ambouilla au niveau du Camp del Gascou et descend jusqu’au Bac de la Trencade séparant ainsi les deux principales élévations de cette montagne. Mais laissons-là nos interrogations étymologiques et toponymiques et démarrons enfin cette randonnée. J’ai laissé ma voiture à Ria devant la vieille église Saint-Vincent mais ayant lu quelques temps auparavant que l’ancienne cité « Arria » était le berceau de la Catalogne (Ria-Sirach-Urbanya de Jean Viallet aux Editions Notes d’Histoire), il était hors de question que je quitte le village sans avoir vu son plus vieux quartier celui de la Llisse (lice) et les ruines de son illustre château où un certain Guifred le Velu, réunificateur de la Catalogne avait vu le jour au 8eme siècle. Ce fut d’autant bien que depuis cette ruine située sur le sommet de la colline, à 440 mètres d’altitude, les vues y sont superbes sur la plaine de la Têt, sur le Massif du Canigou et sur la Montagne d’Ambouilla, mon objectif du jour. Une stèle rappelant les origines de ce « bressol » catalan et une jolie table d’orientation aide le visiteur à mieux connaître le secteur. Après cette agréable visite de l’ancestral village, l’itinéraire me fit traverser la Nationale 116 et m’emmena vers Sirach par la traverse éponyme. Ria et Sirach, c’est un peu comme Sodome et Gomorrhe, les deux bourgs sont quasiment inséparables depuis des temps immémoriaux ayant été tous deux la possession de l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa et la paroisse de Sirach ayant été une dépendance de celle de Ria depuis le Haut Moyen-Âge. Ils sont encore plus proches depuis 1822, date à laquelle les deux communes ont été définitivement réunies sous une même bannière par décision du roi Louis XVIII. La comparaison avec Sodome et Gomorrhe s’arrête là car alors que j’avais perdu le balisage jaune, une vieille dame comprit immédiatement mon désarroi et s’empressa aussitôt de me remettre dans le droit chemin alors que j’étais parti m’égarer vers la vieille église Saint Clément de Sirach. Ce droit chemin avait pour nom « rue d’Aragon » puis « rue de Bellevue ». Toute droite jusqu’au chemin des Ambullas, cette dernière rue m’entraîna rapidement hors de Sirach sur un sentier qui enjamba le canal de Bohère puis entra de plein pied dans une belle garrigue aux chaudes couleurs automnales. Longeant un petit ravin où s’écoule un maigre ruisselet du nom de « Correc de la Polit », « polit » signifiant « jolie » en occitan, le sentier grimpa sans cesse en direction de ce que je pensais être un collet. Mais il n’y eut point de collet et le sentier déboucha simplement sur une large piste qui continua de monter puis se stabilisa en arrivant au plateau d’Ambouilla. Au regard de quelques bovins et de vastes zones défrichées par un bulldozer, ce plateau semble de toute évidence essentiellement destiné aux pâturages. Par contre, un nombre incalculable de bornes plantées très anarchiquement laisse imaginer que bien d’autres activités aient fonctionné sur le plateau et les versants de la montagne. Quelle était la fonction exacte de ces bornes or mis celle de délimiter quelque chose et certainement des parcelles en raison de leur grand nombre ? Ont-elles été déplacées au fil du temps par les défrichages et les épierrements successifs ? Marquent-elles au contraire des emplacements où il est déconseillé d’épierrer en raison d’un sous-sol contenant des canalisations ? J’avoue ne pas avoir trouvé d’explications rationnelles au regard de leurs dispositions plus que bizarres.  En automne, les près adjacents au plateau recèlent une quantité incroyable de champignons parmi lesquels de nombreux et savoureux Rosés des prés. Il suffit de longer la totalité du plateau en ignorant tous les  panonceaux jusqu’à rencontrer celui indiquant la « Carrière de talc » pour avoir un aperçu de cette dernière. De tous temps, l’exploitation de divers minerais a été florissante dans ce secteur des Ambouillas et tous ses alentours : fer, marbre, feldspath, manganèse, talc et quelques autres minerais ont contribué à créer de nombreux emplois industriels.  Après la carrière, on poursuit le petit sentier direction Corneilla-de-Conflent pour atteindre le premier point de vue embrassant des vues remarquables de tous côtés : du Massif Coronat à celui du Canigou en passant par le Fort Libéria, Villefranche et ses remparts, la Vallée de la Têt, le massif des Canalettes, les vallons du Cady et de la Rotja, le Pla Ségala et les Esquerdes de Rotja, j’en passe et des meilleurs c’est quasiment une revue de détails d’objectifs pédestres et de découvertes qui défilent sous nos yeux émerveillés. Heureusement d’autres trouvailles nous attendent et il faut pour cela rebrousser chemin jusqu’à un panonceau indiquant une « chapelle romane ». Il s’agit en réalité d’une très vieille cabane de berger, véritable bijou d’architecture à encorbellements comme l’indique une opportune pancarte explicative intitulée « Cabane d’En Bullas ». De toutes les capitelles ou orris que j’ai pu rencontrer jusqu’à présent, c’est de toute évidence la construction la plus belle, la plus monumentale et surtout la plus aboutie architecturalement. Dix minutes plus loin sur le même sentier, un autre mirador panoramique laisse entrevoir de magnifiques vues aériennes sur Villefranche-de-Conflent mais également sur le Fort Libéria et la forêt de Campilles où l’on distingue la petite chapelle de Saint-Etienne, aperçue récemment lors d’une autre balade que j'avais intitulé les Chapelles du Coronat. Une nouvelle fois, il faut rebrousser chemin et cette fois, on choisit de retourner jusqu’à un panonceau indiquant la Redoute. Un sentier quitte le plateau et s’enfonce profondément dans la forêt. Sur la gauche, des terrasses évoquent des cultures passées, sur la droite, un étroit et profond fossé largement envahi par les arbres et une dense végétation. C’est la « fameuse » Trancade.  Le sentier descend de toute évidence entre les deux monts que j’apercevais clairement ce matin depuis les ruines du château de Ria. Sur la gauche, côté ombragé, on y voit essentiellement de hauts conifères tels les pins de Salzmann et les pins sylvestres. Sur la droite, côté plus longtemps ensoleillé, un maquis méditerranéen dans lequel on trouve néanmoins quelques feuillus comme les érables champêtres ou de Montpellier mais aussi de nombreux chênes verts et quelques pins d’Alep. En cette saison, les fleurs y sont plutôt rares : quelques bugranes naines, de nombreuses et minuscules Aspérules à l’esquinancie, des Asters à feuilles d’orpin en fin de floraison, les sempiternels Séneçons du Cap et au sommet des pins, de nombreuses boules vert jaunâtre qui sont celles de l’envahissant Gui blanc. Devant, dans l’angle ainsi formé par le fossé et les versants de deux monts, la colline de Belloc barre un horizon tout proche. On peut y distinguer sa vieille chapelle Saint-André. Un panonceau se présente dès la première intersection : « Corneilla-de-Conflent par fortifications » indiquant un sentier qui file à main droite. C’est la direction de la Redoute que l’on va suivre sur un sentier qui monte sans cesse tout en sinuosités. Tout droit, c’est « Villefranche-de-Conflent » que je prendrai au retour. A partir de ce panonceau, il faut compter environ 30 à 40 minutes pour atteindre la Redoute dont l’origine de la construction semble mal définie selon les historiens. En effet, le panneau explicatif à l’entrée du fortin la situe comme ayant été élevée au cours du 19eme siècle et certains en attribuent même la paternité à Napoléon III. Selon d’autres historiens, cette redoute serait l’œuvre de Vauban ou des Espagnols et notamment d’un certain Général Joseph Simon de Crespo qui aurait élevé deux redoutes sur les crêtes d’En Bulla (Campagnes de la Révolution Française dans les Pyrénées-Orientales de Joseph Napoléon Fervel-1851). En tous cas, tout ou partie de ce petit bastion dont l’originalité est d’être quasiment enterré est déjà existant lors de la Guerre de la Convention qui oppose la France à l’Espagne de 1793 à 1795.  Equipée d’une ou plusieurs batteries et pièces d’artillerie, cette redoute permet aux boulets d’atteindre la vallée de la Têt, le Fort Libéria ou la colline de Belloc sans être touchée elle-même, car inaccessible et protégée qu’elle est par les rochers de la falaise. En 1793, les Espagnols s’emparent des redoutes établies sur les versants de l’Ambouilla et prennent le dessus sur les Français. Au mois d’août 1793, le chef de l’Armée des Pyrénées-Orientales Louis-Charles de la Motte-Ango qui occupe le Fort Libéria, rend les armes et le Général Crespo occupe désormais Villefranche-de-Conflent et l’ensemble de ses fortifications que les rois d’Aragon et de nombreux militaires sauf Vauban avaient défini comme un « verrou stratégique infranchissable ». En effet en 1679, Vauban l’avait prédit «….la place forte peut-être prise par une armée qui s'établit sur les hauteurs qui entourent la citadelle…."  Un mois plus tard, début septembre 1793, le capitaine Sagné récupère ces redoutes permettant ainsi au lieutenant Gilly de reprendre Villefranche-de-Conflent et son fort. (Extraits du superbe site Internet 1793-1795 la Convention contre L’Espagne). Bien des années plus tard….début 1943, Sébastien Riu alias « Constantin », militant communiste et responsable F.T.P.F pour le secteur de Prades tente de recruter des résistants parmi les mineurs de Fillols, de Corneilla-de-Conflent et de Taurinya. Il mettra plusieurs mois avant de constituer un embryon de réseau.  En décembre 1943, Constantin et une douzaine de maquisards décident de faire de la Redoute d’Ambouilla leur lieu de résistance contre les Allemands mais les rigueurs de l’hiver, les risques encourus, les conditions de vie pénibles alliées aux difficultés de ravitaillements et d’accès au vieux fortin auront rapidement raison de leur unité. Le groupe est dissous et certains résistants rejoignent les membres du Maquis Henri Barbusse. Voilà très brièvement, quelques « Histoires » de cette Redoute qui en a certainement connues beaucoup d’autres. On ne quittera pas ce mamelon sans avoir jeté un dernier coup à la citerne de la Font de la Perdiu qui servait à ravitailler en eau douce les hommes et les bêtes des différentes garnisons qui séjournèrent ici. On n’oubliera pas non plus de se rendre au Roc de l’Aigle qui surplombe magnifiquement la vallée de la Têt. Pour cela, il faut rebrousser chemin, emprunter vers la droite la direction  du panonceau « Corneilla-de-Conflent-3h10 » et quand au bout de quelques mètres, on atteint un vaste plateau herbeux et rocheux, il faut suivre un balisage fait de ronds de peinture bleue qui part sur la gauche en direction du bord de la falaise. Ici se termine magnifiquement cette découverte de la Montagne d’Ambouilla à moins que comme moi vous décidiez encore d’aller faire un petit tour à Villefranche-de-Conflent, histoire de rester dans l’ambiance de l’Histoire avec un grand « H ». Dans le cas contraire, il suffira de poursuivre le sentier qui en pente douce vous ramènera sur le plateau puis à Sirach et Ria, par le même chemin qu’à l’aller. Si vous choisissez d’aller à Villefranche, sachez que le retour tout au long de la Nationale 116 est relativement périlleux jusqu’à la scierie et au pont d’En Gorner, surtout si vous êtes en groupe. Il n’y a pas de trottoirs, pas de sentier et la route est tout de même très fréquentée. Il sera donc préférable de laisser des véhicules à Villefranche. Le circuit tel que je l’ai réalisé est long d’environ 21 kilomètres. Le point culminant est la Redoute située à 813 mètres d’altitude. Le dénivelé est d’environ 450 mètres mais les montées cumulées dépassent les 1.500 mètres pour le parcours effectué. L’équipement du parfait randonneur avec de bonnes chaussures de marche est vivement conseillé. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

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  • CHAPELLECORONATIGN

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    Avant de vous parler de cette balade que j'ai intitulée « Les Chapelles du Coronat », laissez-moi évoquer d'autres souvenirs pas si anciens que cela. A partir du joli village de Conat, j’avais eu l’occasion de vous entraîner à la découverte de deux vieilles chapelles perchées sur le Pla de Balençou (Vallenso). Il s’agissait de celle ruinée de Sainte-Marguerite de Nabilles puis celle magnifiquement restaurée de Saint-Christophe qui jouxte le hameau de Llugols. Ce minuscule hameau de Llugols, je l’avais découvert deux ans auparavant, en 2007, lors de mon Tour pédestre du Coronat et je garde encore aujourd’hui le souvenir de cette étape profondément ancré dans mon cœur tant j’avais apprécié l’accueil à la fois amical, bienveillant et empreint d’une grande simplicité qui m’avait été réservé par le couple du gîte Naulin. Lors de ce court séjour qui n’avait duré que le temps d’un après-midi et d’une nuitée, j’avais vraiment été « soigné aux petits oignons ». Le lendemain matin, partant pour la dernière étape pour relier Jujols, j’avais quitté le gîte à regrets tant j’y avais apprécié sa sérénité et tant je m’étais senti bien dans ce hameau un peu oublié du monde. Ne trouvant pas suffisant de quitter le gîte avec nostalgie, j’étais parti de surplus avec Bonnie, le chien des Naulin. Un chien très attachant et espiègle qui m’avait suivi pendant plus de deux heures et si loin que je m’étais inquiété de son sort dès lors qu’il m’avait brusquement quitté pour partir à la poursuite de probables sangliers. Je venais de traverser Conat et j’étais à ce moment-là dans l’ascension qui allait m’amener à la très belle chapelle de Saint-André de Belloc. La tête emplie de ces charmants souvenirs et de bien d’autres, j’ai donc décidé de repartir sur ce même chemin et c’est donc une portion de cette dernière étape du Tour du Coronat en direction de Belloc et de Campilles que j’ai mise à l’affiche de mon blog. Pour la nécéssité d’en faire une balade sur une seule journée, je l’ai transformé en une jolie boucle qui nous ramène au point de départ. Ce point de départ, c’est la Place du 8 mai 1945 qui jouxte la mairie de Conat. En réalité, il s’agit d’un parking où l’on peut garer de nombreuses voitures. Une rampe monte derrière le petit cimetière en direction du magnifique clocher de l’église. Un panneau de bois se présente : « Beilloc ». Cette dénomination qui peut s’écrire également Belloc ou Belloch est un toponyme assez répandu dans le département et dans tout le sud-ouest signifiant « Beau lieu ».  Quand on sait cela mais qu’on ignore où l’on va randonner, c’est plutôt encourageant car on peut imaginer que de belles « découvertes » vont sans doute se présenter. Un étroit sentier monte à découvert pendant quelques instants laissant entrevoir de jolies vues sur les jardins maraîchers. Très rapidement une deuxième pancarte métallique de couleur verte se présente : « Conat, Réserve Naturelle – Ministère de l’Environnement – La faune, la flore, les milieux naturels sont protégés ». Une prévention qu’il n’est pas inutile de rappeler tant il arrive de trouver des déchets de toutes sortes sur certains sentiers. Le nôtre s’enfonce dans un sous-bois de petits chênes verts mais peu à peu bien d'autres végétaux viennent les remplacer. Si vous avez accompli la balade vers le Pla de Balençou sur le versant ensoleillé qu’ici on appelle à juste titre la « Solana », vous constatez immédiatement la différence qu’il peut y avoir entre cet adret et l’ubac ou « Bac » en catalan, c'est-à-dire le versant ombragé du vallon où nous nous trouvons aujourd’hui. Ce vallon, c’est celui du Callau (parfois écrit Caillau ou même Caillan). Au milieu coule la rivière…du même nom. Aujourd’hui, finit les caillasses aux arêtes acérées, finit les lauzes de schistes qui glissent sous les pas, finit les gravillons sableux qui roulent sous les godillots, finit les grimpettes en plein cagnard,  non, ici c’est un sentier souple fait d’un terreau de feuilles décomposées ou de ramilles desséchées que l’on chemine le plus souvent. Malgré un bon dénivelé, il est très agréable à cheminer et serpente essentiellement dans un sous-bois de petits feuillus : les chênes verts, les buis, les chèvrefeuilles, les cornouillers, les pistachiers lentisques, les genêts, les églantiers, les baguenaudiers, les genévriers et bien d’autres arbustes de ce maquis bordent le parcours qui s’élèvent en zigzagant en sein de la « Boixera ». Brusquement, à l’approche des falaises, les senteurs se modifient et un parfum de résine emplit l’espace dès lors que la majorité de ces feuillus va laisser la place aux pins à crochets qui vont devenir à leur tour majoritaires. En cette fin du mois d’août, les plantes fleuries se font plutôt rares : quelques euphorbes, de jolis chardons, des céphalaires à fleurs blanches, de rares catananches, quelques ombellifères. Vers le bas, les belles vues sur Conat apparaissent à l’occasion de quelques trouées. En face, se dégagent les panoramas sur le Pla de Balençou où tels de petits « Lego », on peut distinguer les chapelles précitées et les rares maisons du hameau de Llugols. Sur la droite le vallon du Caillau s’entrouvre largement sur des décors plus vastes et des horizons plus lointains où prédominent les habitations. La plaine de la Têt est perceptible. L’ouest reste invisible et ce n’est qu’en arrivant au pied de la falaise qu’on finit par embrasser cet horizon fait de petites collines verdâtres, de profonds ravins insondables et sur les hauteurs, d’une longue chaîne de montagnes bleutées qui s’étire de la forêt domaniale de Nohèdes-Urbanya jusqu’au Massif du Madres. Ici, en atteignant le Serrat des Estelles, haute falaise blanchâtre veinée de rouille, on en termine avec l’essentiel du dénivelé. Ici, atteindre les « Etoiles », c’est tout simplement franchir ce seul passage accessible que l’on appelle le Pas de l’Echelle et parvenir au dernier barreau de cet escabeau rocheux. Ce dernier échelon, c’est un éperon broussailleux qui s’avance sur des panoramas époustouflants. Mais aujourd’hui, qu’ils soient proches ou lointains, ces panoramas sont plutôt opalescents. On devine au loin la petite perle scintillante du lac de Vinça. Encore plus loin, on ne fait qu’imaginer la Plaine du Roussillon encadrée de longues collines grisâtres dont les extrémités disparaissent dans une ouate blanchâtre infinie : la Méditerranée !  Déjà, le regard se tourne vers d’autres pôles d’intérêts : la belle forêt de Belloc prend pour la saison quelques couleurs automnales d’un rouge déjà bien vermillon, le Massif du Canigou, dont on n’aperçoit pas encore le pic, ressemble d’ici à une colline bleutée presque plane. Sur la gauche et au loin, de l’autre côté d’une petite ravine, on croit voir un bâtiment blotti dans un petit bosquet de chênes et ce n’est qu’en avançant encore qu’on arrive enfin à distinguer le joli clocher-mur d’une chapelle. Il s’agit de Saint-André de Belloc qui se détache enfin dans un ciel pur mais très laiteux. Notre premier objectif n’est plus très loin et il ne faut désormais que quelques minutes pour l’atteindre. Au préalable, on aura serpenté dans une sombre pinède puis longé un grand mur de pierres se terminant par un petit souterrain. Est-ce les vestiges d’une petite enceinte et d’une ancienne soute à munitions ? Vauban serait-il venu jusqu’à Belloc, lui qui avait la farouche volonté de vouloir sécuriser tout ce secteur du Conflent ? Il faut dire que dans cette colline de Belloc qui domine le fort Libéria, Villefranche-de-Conflent et ses remparts mais également la confluence des trois vallées de Cady, de Rotja et de la Têt, ces quelques reliefs seraient de bien pâles vestiges militaires au regard de tout ce que Vauban a édifié pour que Villefranche ne tombe pas entre les mains des Espagnols. Par une large piste, on atteint un carrefour et l’ancien hameau de Belloc ou du moins ce qu’il en reste, c'est-à-dire deux ou trois ruines envahies par des lierres et des ronces, une minuscule bâtisse servant désormais de refuge aux randonneurs et enfin la belle chapelle Saint-André parfaitement restaurée mais malheureusement fermée certainement par crainte des vandales. Aucune des fortifications de Vauban n’arrêtera jamais ceux qui ont souillé et barbouillé les murs et les cloisons du refuge d’innombrables tags et surtout de messages indélicats et grossiers. Le vandalisme n’est pas un vain mot et malheureusement, la bêtise humaine, ses abjections et leurs ignominies arrivent sournoisement dans les plus belles de nos montagnes munies trop souvent de bombes de peinture ! Je n’en suis pas certain mais je suppose que pour les randonneurs qui voudraient avoir un aperçu de l’intérieur de la chapelle, la clé du cadenas est sans doute disponible dans une mairie ou auprès d’une association de sauvegarde du patrimoine du secteur. Il doit en être de même pour la chapelle Saint-Etienne de Campilles, deuxième objectif de notre balade. Depuis Belloc et pour se diriger vers Saint-Etienne de Campilles, il faut, après la découverte de la chapelle Saint-André, retourner au carrefour des pistes et face au refuge, il faut emprunter celle qui file vers le sud. Immédiatement, un petit panonceau « Saint-Etienne » et un balisage jaune et rouge sont visibles sur le tronc d’un arbre. Le balisage, c’est celui de l’ancien Tour du Coronat jamais réhabilité. On quitte la piste au profit d’un étroit sentier qui s’enfonce dans un sous-bois. Au fur et à mesure que l’on s’élève, le sentier s’élargit jusqu’à devenir une piste forestière. Ici, on déambule dans ce qui est déjà la forêt domaniale du Coronat et même si le « mont » du même nom est à plusieurs lieux d’ici, on est bien au sein du massif éponyme. Tout en montant, Dany et moi sommes affligés car peut-on donner le nom de « forêt » à ce spectacle de désolation qui s’ouvre désormais devant nous. Nous ne reconnaissons plus rien de cette belle et sombre forêt de hauts pins noirs d’Autriche et de grands pins sylvestres que nous avions découverts bien des années auparavant et dernièrement encore lors de mon Tour du Coronat. Que sait-il passé ? Quelques bûcherons seraient-ils devenus fous ou bien, est-ce les effets d’une terrible tempête ? Non, par expérience et pour avoir déjà vu de tels dégâts un peu partout dans le département, je comprends qu’une violente tornade est à l’origine de ce désastre. D’ailleurs, il suffit de regarder certains de ces pins fracassés, étêtés et dépouillés de leurs branches pour comprendre que c’est sans doute Klaus qui en janvier 2009 est passé par là. J’ai lu sur le Net (http://guyviguier.free.fr/) que l’Administration forestière avait racheté tous les terrains de cette Combe de Belloc et de Campilles dès 1875 alors que le hameau de Belloc s’était déjà vidé de tous ses habitants. Le but était d’en faire une forêt purement anthropique car à l’époque, ce secteur de montagne escarpé était désertique et seuls quelques champs abandonnés subsistaient sur ses flancs. Ce fut chose faite avec une plantation de pins noirs d’Autriche dès la fin du 19eme siècle. Voilà cette forêt décimée avait au moins 110 ans et ses arbres une hauteur d’au moins 25 mètres pour un diamètre d’environ 40 centimètres. Tôt ou tard la nature reprendra sans doute ses droits mais pour reconstituer une forêt à l’identique qu’elle soit naturelle ou pas, il faudra encore le même laps de temps. Quelques rares arbres ont résisté mais de  nombreux gisent encore à terre, d’autres ont eu leurs troncs fracassés et sectionnés mais pour la plupart, ils ont définitivement disparu et ont sans doute fini leur voyage, broyés dans des scieries, transformés en granulés en en bois de chauffage. Les beaux papillons, attirés par cette clairière aussi soudaine qu’inattendue ont pris possession des lieux et prennent plaisir à butiner les innombrables buplèvres, les jaunes séneçons, les lavandes parfumées et les dernières fleurs roses ou pourpres des nombreux plants de thym et d’origan. Dans la montée, le Canigou se dévoile intégralement et sa vue nous fait un peu oublier les calamités subies par cette forêt. Tout en montant vers Campilles, la forêt semble avoir moins souffert dans ce secteur et je peux me replonger dans mes vieux souvenirs de mon Tour du Coronat. D’ailleurs, je n’ai rien oublié ni de la belle petite chapelle Saint-Etienne qui apparait soudain avec sa toiture mi-ciment et mi-lauzes grises, ni de mes vieux souvenirs et notamment de cette rencontre impromptue avec un couple de touristes bien sympathique et leurs trois filles. Une de ces rencontres imprévue mais si cordiale qui fait que l’on aime encore un peu plus la randonnée pédestre. Pendant que cette jeune femme veillait fidèlement sur ses trois enfants, ce jeune homme voulait tout savoir du fonctionnement de mon GPS et de la cartographie du lieu. Fan de VTT, il voulait tout savoir des randonnées du coin. Pendant que son épouse ne pensait qu’à m’offrir un bout de son gâteau, lui voulait tout savoir du Pic du Canigou, étant persuadé que son ascension était réservée aux seuls alpinistes chevronnés. Je ne pus faire autrement que de répondre à toutes les interrogations de ce jeune homme. Je ne pus faire autrement que de goûter à un morceau de ce délicieux gâteau si gentiment offert. Ce jour-là, ce fut pour moi, une halte si agréable que je ne vis pas le temps passer et mon arrivée à 20 heures à Jujols, terme de mon Tour du Coronat, fut bien plus tardive que je ne l’avais initialement programmée. Voilà dans quel état d’esprit j’ai retrouvé Campilles, son agréable replat où j’avais longuement papoté et où il fait si bon se reposer à l’ombre des chênes verts. Un peu plus loin, j’ai retrouvé le faîte de son « Roca Roja » dont le folklore prétend qu’avec un filon de son marbre rouge on aurait construit une partie du tombeau de Napoléon. Je ne peux bien évidemment pas vous certifier si cette histoire est vraie ou fausse mais elle m’a été racontée par un ami des plus fiables. Depuis le sommet de ce roc, les vues sur Villefranche, le fort Libéria et la confluence des trois vallées y sont exceptionnelles et imprenables. On peut au choix retourner vers Belloc par le même chemin ou bien en empruntant la piste, un peu plus longue, qui passe au pied du pylône émetteur TV. A Belloc, on descend la piste qui file vers l’est mais après la dernière grande bâtisse en ruines, on emprunte aussitôt un sentier qui file à main gauche et entre dans un sous-bois. Ce sentier est un raccourci qui évite quelques sinuosités de la piste et permet de découvrir des amoncellements de pierres rouges et un original « orri » de la même couleur. Ces petits terrils sont les résidus et les dernières traces des nombreuses mines de marbres qui ont été exploitées dans le secteur jusque dans les années 70. Très difficile d’accès, celle de Belloc où l’on extrayait un marbre griotte fut abandonnée bien auparavant. Dans le Massif du Coronat, on a trouvé des marbres de toutes les couleurs et on trouve encore très facilement de nombreux fragments mais ici sur les flancs de la colline de Belloc, les marbres exploités par une marbrerie de Ria étaient plutôt violet, incarnat ou bien griotte. Après les mines, on retrouve la piste qui va nous ramener sans problème vers la Vallée du Callau, d’abord sur le D.26 et finalement vers Conat. Il y aura bien au préalable une dernière chapelle, mais c’est celle de Sainte-Croix et comme il s’agit seulement d’une vieille ruine amplement délabrée, on n’y prête guère attention d’autant que de magnifiques vues apparaissent en surplomb des Fontanells. Ici, la piste paraît récente mais il s’agit en réalité de chemins ancestraux qui faisaient le lien entre Ria et Conat ou Llugols et Belloc et que les bergers utilisaient pour la transhumance. C’était les fameux « Cami ramader ». Sur la D.26 et en direction de Conat, il y a aussi un petit oratoire dédié à Saint-Joseph. Puis enfin, à l’entrée de Conat, on trouve un autre oratoire quasiment semblable dédié à la Vierge. Après avoir parcouru une quinzaine de kilomètres pour un dénivelé de 540 mètres environ, l’incroyant que je suis a finalement terminé cette « religieuse » boucle après être resté un peu plus de 5 heures arrêts inclus sur les sentiers du Coronat. Ce fut pour moi un pur bonheur que de remonter à Belloc et Campilles car j'y avais laissé quelques bons vieux souvenirs que j'ai finalement retrouvés ! Bien entendu, toutes ces chapelles romanes qu'elles soient du Coronat ou du Pla de Balençou peuvent faite l'objet de balades bien distinctes et bien évidemment les distances à parcourir en sont le plus souvent raccourcies. Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25.

    (PS : Ayant reçu plusieurs messages et commentaires, je confirme que ces deux chapelles et même une troisième (Notre-Dame de Vie) peuvent être découvertes à partir d'une randonnée en boucle qui démarre de Villefranche-de-Conflent. Cette randonnée porte le nom de Circuit des Trois Chapelles ou Balcon de Villefranche-de-Conflent.

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    Ce diaporama est agrémenté de 5 chansons extraites de la comédie musicale "Notre-Dame de Paris" (Luc PlamondonRichard Cocciante). Elles ont pour titre et interprètes : "Belle" (Daniel LavoiePatrick Fiori et Garou), "Le Temps des Cathédrales" (Bruno Pelletier), "Ces Diamants-là" (Patrick Fiori et Julie Zenatti), "Beau comme le Soleil" (Hélène Segara et Julie Zenatti) et "Ave Maria Païen" (Noa).
    LES-LACS-DES-CAMPORELLS

    En ce jour de juillet, c’est vraiment un concours de circonstances qui nous a conduit à aller faire une randonnée jusqu’au site classé des Camporells par la Serre de Mauri. Brièvement, ce hasard, puisqu’il faut bien l’appeler ainsi, c’est d’avoir les jours précédents un peu trop bossé à notre maison d’Urbanya et surtout d’avoir lu la veille de cette randonnée, un petit complément à la revue Pyrénées Magazine de juillet/août 2012 intitulé les « Carnets » dans lequel y étaient mentionnés quelques randos vers les plus beaux lacs pyrénéens dont bien sûr ceux des Camporells. Comme la journée du lendemain s’annonçait sous les meilleurs auspices, les dés étaient jetés et nous préparâmes nos sacs à dos avec la diligence et l'enthousiasme d’être déjà sur les sentiers du Capcir. Or, il faut se rendre à l’évidence, la clémence de la météo et l’azur du ciel ne changent rien à l’affaire et l’écart entre ce que l’on peut appeler chance ou hasard et malchance et fatalité est extrêmement mince. En ce jour d’été qui s’annonçait si merveilleux et qui l’était sur le plan météorologique, nous en avons fait le triste et sinistre constat car alors que nous arrivions dans ce site si majestueux que sont les Camporells, au même instant, de l’autre côté des magnifiques lacs bleutés, un drame se tramait. Une malheureuse randonneuse allait perdre la vie en chutant sur les pentes du Petit Péric. Ce matin-là, sans doute était-elle partie elle aussi en se disant quel jour extraordinaire pour aller randonner ! Sans doute était-elle partie marcher en se disant quel bonheur d’aller à la rencontre de la beauté, de cette nature si admirable et tellement grandiose ! En tous cas, j’espère qu’elle a quitté ce monde avec ces images-là, ces images d’un Capcir tellement fascinant et merveilleux que seules les randonnées en montagne sont à même de nous procurer de temps à autre. Pour Dany et moi, c’est le « ras-le-bol » autour des travaux de restauration de notre maison d’Urbanya qui nous incita à faire un « break » et à partir marcher. C’est donc sans carte, sans GPS (c’est si rare !) et presque au « pif », avec seulement le petit « Carnets » de Pyrénées Magazine que nous sommes partis vers la station de ski de Formiguères. Nous comptions bien sûr sur la qualité du balisage pour parvenir à nos fins et à part un bref égarement qui n’en fut pas vraiment un, l’itinéraire vers les Camporells (Camporeys ou les champs des rois de Majorque) fut d’une grande simplicité. Ce parcours est parfaitement indiqué avec de nombreux panonceaux et traces de peinture jaune propres aux P.R. On laisse la voiture au parking le plus haut de la station de ski de Formiguères et d’emblée quelques rudimentaires panneaux de bois annoncent la couleur : « Refuge des Camporells 2.240 m » puis suivent en dessous, les différents services offerts et les périodes d’ouvertures. Ces panneaux sont bien évidemment un encouragement à progresser sur la large piste terreuse qui s’avance vers la montagne et les sapinières en dominant les vastes bâtiments de la station. Cinq cent mètres plus loin, les premiers vrais panonceaux indicatifs de randonnées sont là non loin d’un joli oratoire. On quitte la piste en se dirigeant vers ce dernier et en suivant bien sûr l’itinéraire suggéré dans les « Carnets » : « Les Camporells par la Serra de Mauri ». Au passage, on remarque néanmoins un autre panonceau indiquant « Les Camporells par la Basseta » et cette attention s’avérera utile au moment de prendre la décision de revenir à la station en effectuant une boucle. Le balisage jaune est bien présent, il grimpe dans les prés en suivant le télésiège de la Calmasella. De petits poteaux jaunes nous font traverser les prés et nous entrainent vers un bois de pins à crochets où l’on reprend l’ascension. On finit par atteindre une très large piste carrossable pour constater que de nombreux randonneurs l’empruntent jusqu’ici et bien plus loin encore avec leur véhicule. Là, dans l’ascension de cette piste, les panonceaux sont nombreux mais les traces jaunes finissent par nous amener dans un sous-bois de pins et vers des pentes plantées de genêts en surplomb de la Vallée de la Lladura. De beaux panoramas s’entrouvrent vers de très hauts sommets lointains et d’autres bien plus voisins dont le Puig del Pam reste néanmoins le plus proche et le plus remarquable, en tous cas vu d’ici. Ce beau Puig del Pam que j’avais pris plaisir à gravir l’an dernier et que j’ai déjà relaté dans ce blog. On perd les traces jaunes quelques temps pour finalement retrouver la piste terreuse au terme de l’arrivée d’un télésiège. Je suppose que ce sentier que nous avons pris par erreur est un raccourci qui évite les sinuosités de la piste et qu’il est connu de quelques randonneurs seulement. Sans doute fallait-il suivre la piste carrossable et surtout être plus attentif au balisage jaune ? Ce balisage jaune, on le retrouve après la terminaison d’un télésiège et on ne va plus le quitter jusqu’aux Camporells. La piste, elle, reste le fil d’Ariane de l’itinéraire qui suit la longue Serra de Mauri même si de temps à autres, quelques brefs raccourcis permettent d’en éviter ses contorsions. Tout au long de cette portion du chemin, je me suis régalé à découvrir ces fleurs très particulières propres aux pelouses et aux rocailles d’altitude car ici ce sont bien les deux types de flores que l’on y rencontre. En atteignant le point culminant de cette balade à plus de 2.400 mètres d’altitude, on quitte définitivement la piste à l’approche de la petite mais très rocailleuse Serra de Dellà. Ici, le regard embrasse de tous côtés des panoramas à couper le souffle et de toute la balade, c’est sans contexte, le point de vue le plus captivant. Derrière, c'est-à-dire vers l’est, sur un lavis de montagnes bleutées, on a un meilleur aperçu de la longue Serra de Mauri que l’on vient de chevaucher. Au nord, c’est le début de la Vallée du Galbe et de ses quelques hauts puigs qui la dominent sous la forme d’une longue crête olivâtre. Au sud, l’imposant Puig del Pam apparait tel un saisissant mastodonte minéral et végétal. Droit devant c'est-à-dire vers l’ouest, on a une ample vision d’un enchaînement de hauts sommets triangulaires servant de frontière avec l’Ariège. Cette chaîne, paradis des isards, où subsistent quelques rares et blancs névés s’avance et se termine brutalement par les deux pyramides essentiellement minérales des deux Péric. Au pied de leur longue inclinaison, on arrive à distinguer l’immense lac des Bouillouses. Mais la vision la plus belle c’est celle aérienne sur le cirque de la Coquilla avec ses innombrables et verdoyants ourlets boisés et surtout celle sur le vallon des Camporells et ses merveilleux écrins bleutés que sont les Estanys Gros, del Mig et de la Basseta. La descente vers le refuge s’effectue sur un étroit sentier caillouteux et abrupt qui nécessite une attention de tous les instants. Nous, nous l’avons accompli en compagnie de l’amie du gardien du refuge qui était enceinte et qui, en plus, trimbalait son gamin de deux ans sur son dos. Autant vous dire que j’ai longtemps tremblé à la voir descendre sur ce sentier avec une célérité incroyable mais avec, il est vrai, un sens inné de l’équilibre et une dextérité déconcertante. Elle arriva bien avant nous au refuge. C’est d’ailleurs elle qui nous voyant arrivés à notre tour est venue nous prévenir qu’un accident venait de se produire sur les pentes du Petit Péric, son compagnon étant parti précipitamment sur les lieux de ce drame. A ce moment-là, attablés à la terrasse du refuge, nous ignorions tout du dénouement mais nous étions inquiets et avons prié pour cette dame qui venait de tomber. Comme nous ignorions les conséquences de cette chute, nous avons un peu mangé puis j’ai proposé à Dany d’aller faire le tour des lacs. Visiblement cette nouvelle l’avait ébranlée et elle n’était pas dans son assiette, alors je suis parti tout seul car perturbé moi aussi je préférais aller me changer les idées que rester au refuge dans l’attente insoutenable d’une éventuelle mauvaise nouvelle. Au moment où je démarrais, l’hélicoptère de la Sécurité Civile traversa le ciel et vint déposer des secouristes à proximité du refuge puis il disparut de ma vue en partant sur le lieu de l’accident. Il revint près du refuge alors que j’étais déjà de l’autre côté de l’Estany del Mig. Le ballet se poursuivit quelques temps puis l’hélicoptère aux couleurs sang et or disparut définitivement. Après la découverte de l’Estany del Mig et de sa splendide flore, j’ai remonté le torrent jusqu’aux berges de l’Estany Gros. Alors que j’en étais à prendre photos sur photos à la fois du relief du site, de sa beauté et de celle de ses fleurs, je me suis rendu compte qu’il y avait bientôt une heure que j’avais quitté le refuge et laissé Dany sur la terrasse. Il était donc temps de rebrousser chemin. A mon retour et à voir les mines déconfites de tous les randonneurs présents sur la terrasse du refuge, je compris aussitôt que le pire était survenu. Dany me confirma la nouvelle et je lui dis aussitôt que je n’avais pas trop envie de m’éterniser car ici tout le monde ne parlait plus que de ça, chacun y allant de son commentaire. En regardant vers le Péric, là même où cette malheureuse avait chuté et alors que le ciel avait été incroyablement bleu et purgé de tout nuage toute la journée, qu’elle ne fut pas ma surprise de voir qu’un petit cumulus blanc couronnait le sommet. Je ne sais pas pourquoi, je me mis soudain à penser qu’il pouvait s’agir de l’âme de la défunte qui était montée au ciel. Autant vous l’avouer, n’étant pas croyant, je ne crois pas à ce genre de choses, ni à la résurrection, ni à la réincarnation, ni aux apparitions, ni aux fantômes, ni aux anges ni à aucune de ces fadaises mais là, je l’avoue, ce petit nuage qui venait si brusquement d’apparaitre m’avait quelque peu troublé. Le temps excessivement sec n’étant pas propice à la formation d’un quelconque nuage, que faisait-il là tout seul ce petit nuage d’un blanc d’une incroyable pureté dans un ciel bleu aussi pur lui aussi ? Nous discutâmes quelques instants sur l’itinéraire à prendre pour le retour et plutôt qu’un aller-retour que nous trouvions un peu trop banal, nous choisîmes rapidement l’option du Lac de la Basseta, non pas celui des Camporells tout proche mais celui du vallon de la Lladura. Notre esprit de découverte et d’aventure prenait encore une fois le dessus car à vrai dire nous ne savions pas trop où nous allions. J’avais seulement visionné une carte à l’intérieur du refuge et je savais que la déclivité était conséquente et le parcours plus long que celui pris ce matin. Les deux durées étaient d’ailleurs sans aucune équivoque car écrites sur un panonceau au bord du lac. Alors même que nous quittions le site, un hélicoptère de la Gendarmerie survola le site et selon les dires d’autres randonneurs, il venait, paraît-il, chercher le corps sans vie de la pauvre malheureuse. Regardant voler cet appareil, je m’aperçus que le petit nuage blanc était entrain de se volatiliser comme si l’âme de cette dame partait en même temps que l’hélicoptère. Décidemment pourquoi avais-je ces pieuses pensées ? Une fois encore, je fus vraiment bouleversé par ce phénomène météorologique sortit d’où je ne sais où et aussi instantané que surprenant. Le retour vers la station de ski de Formiguères fut très difficile tant nos pensées allaient vers cette pauvre randonneuse. Il fut d’autant plus difficile que la descente vers le lac de la Basseta est relativement raide et caillouteuse pour ne pas dire accidentée et périlleuse et que nous redoutions nous-mêmes d’avoir un accident. Non loin du sentier, j’ai entendu chanter le déversoir des lacs c’est à dire la cascade des Porcs mais sans jamais la voir et sans pouvoir l’approcher malheureusement. Alors que dans le ciel d’azur, le lugubre hélicoptère de la Gendarmerie rompait sans cesse le silence en tournoyant encore, je me suis dit que le chant mélodieux de la cascade qui parvenait jusqu’à nous était le seul bruit agréable que j’avais entendu depuis ce matin. Par bonheur, nous fîmes cette longue et abrupte descente avec un sympathique couple de randonneurs qui nous tinrent compagnie pratiquement jusqu’à la station de ski. A tour de rôle, nous nous dépassions et nous finîmes par terminer ensemble cette belle mais triste balade. Comme nous, ils s’arrêtèrent à la fraicheur du petit lac de la Basseta et nous en profitâmes pour faire plus ample connaissance. Nous mîmes à profit cette halte rafraichissante pour finir un casse-croute que nous avions eu du mal à avaler en apprenant la terrible nouvelle. Le retour à la station de ski par la longue piste de la Lladura, le Creu de la Jaceta, le Pla del Bouc et le Bac de les Planes fut éprouvant autant à cause de la distance à accomplir, de la chaleur qui régnait en cette après-midi ensoleillée qu’en raison de nos jambes lourdes et tétanisées par l’horrible fatalité qui était survenue. Dans son « Voyage aux Pyrénées », Hippolyte Taine écrivait « la gaîté est comme un ressort qui rend l’âme élastique » et il ne croyait pas si bien dire car étant tristes, nous étions sans ressort et raide comme des passe-lacets. J’ai très longtemps pensé à cette dame mais également à ses compagnons de randonnée qui l’avaient accompagnée sur son dernier chemin. J’avais inscrit l’ascension des Péric à mon programme de 2012 mais je vais sans doute les remettre à un peu plus tard ou peut-être à jamais. Enfin je ne sais pas et encore une fois, je laisserais peut-être le hasard en décider. Il fait si bien ou si mal les choses ! Carte IGN 2249 ET Font-Romeu Top 25.

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  • Cette chanson est agrémentée de 5 chansons du regretté Michel Berger. Elles ont pour titre : "Le Paradis Blanc", "Quelques Mots d'Amour", "Message Personnel""Chanter Pour Ceux Qui Sont Loin de Chez Eux" et "Pour Me Comprendre".

    Le Trau del Cavall (Falaises et Contrebandiers) (540 m)  depuis Vingrau

    TRAUCAVALLIGN
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    Une fois encore, c’est vers les Corbières et plus exactement vers Vingrau et sa Serre que j’avais jeté mon dévolu en cette belle journée de printemps. Outre le plaisir de faire un peu d’exercice et d’aller m’oxygéner, mon but était comme souvent guidé par mon désir de découvrir la flore et éventuellement la faune de cette belle contrée. Ma curiosité fut amplement satisfaite puisque c’est presque une centaine de végétaux (fleurs, plantes, arbres et arbustes) et de nombreux animaux que j’ai pu photographier ce jour-là. En flânant bien plus encore, j’aurais pu très facilement doubler ces chiffres qui sans doute peuvent paraître ridicules quand on sait que c’est plus de 1.000 espèces végétales et plus de 300 espèces d’oiseaux que l’on a recensées uniquement dans cette chaîne montagneuse. D’un autre côté et en y réfléchissant, ces chiffres sont très substantiels si l’on tient compte que ces photos sont prises au cours d’une seule saison et d’une longue marche d’une seule journée, sur un sentier unique, connu et ouvert à chacun, qu’il n’y a pas de volonté de ma part de me cacher pour surprendre un quelconque animal, qu’il n’y a pas de volonté d’aller à la recherche ou à la rencontre d’espèces particulières comme le feraient de vrais professionnels de la photo ou de la nature et qu’enfin mon petit appareil numérique aussi performant soit-il n’est pas vraiment adapté à la prise de vues d’animaux surtout quand ces derniers sont en mouvement. Seul le hasard enfante mes photos faunistiques ou floristiques qu’on se le dise. A Vingrau, sur les panonceaux indicatifs, cette randonnée que je vous décris ci-dessous, est intitulée « Falaises et Contrebandiers ». Si le mot « falaises » s’expliquent très facilement puisque cette balade emprunte pour une grande partie la longue colline de la Serre de Vingrau, bien connue des fans de la grimpe, j’avoue que j’ai éprouvé un peu plus de difficultés à comprendre pourquoi on y avait adjoint le terme de « contrebandiers ». Il y a bien dans ces falaises, une grotte des Contrebandiers mais comme la dernière carte IGN l’ignore totalement en ne précisant pas sa position, elle n’apporte rien de concret quant aux raisons historiques à cette dénomination. Sans doute fallait-il remonter au temps où Vingrau était situé sur la frontière entre les royaumes de France et d’Aragon que le Traité de Corbeil de 1258 avait officialisé ? J’avoue que sur Internet, je n’ai pas trouvé grand-chose sur le sujet si ce n’est qu’au temps du Royaume d’Aragon des droits de passage à la frontière étaient prélevés sur de nombreuses denrées. Comme toujours, ce sont ces droits qui ont engendrés la contrebande mais il n’est pas certain qu’avec le Traité des Pyrénées de 1659 et la disparition de la frontière, le commerce illicite et les contrebandiers aient disparus avec elle. Alors ces contrebandiers qui étaient-ils ? Quels trafics y faisaient-ils ? Grâce à leur esprit de conquête et à l’expansion toujours plus grande de leur royaume, les Rois d’Aragon ont développé un important négoce maritime en Méditerranée et bien plus  loin encore sur la bordure atlantique et jusqu’en Afrique. On ne doit pas oublier que ces monarques ont été aussi les Rois de Majorque et qu’ils régnaient sur une bonne partie de la « grande bleue ». On peut donc imaginer que pour les fraudeurs, tous les produits de ce commerce étaient bons à passer sans avoir à payer les taxes exigibles : matières premières, tissus, denrées alimentaires, vins, armes, semences, etc.…. On peut supposer aussi qu’avec la proximité des salins méditerranéens, le trafic du sel y ait joué un rôle fondamental surtout quand la gabelle fut instaurée. Or si mes recherches Internet ne m’ont pas permis d’en apprendre bien plus de cette contrebande et m’ont laissé quelque peu sur ma faim, elles m’ont presque systématiquement ramené vers un lieu qui semblait emblématique de ce territoire des Corbières : le Trau del Cavall. Il semble qu’au sein de cette frontière matérialisée ici par la Serre, très éloignée des axes de communication habituels, ce « Trou du Cheval » ait été un passage idéal à la fois pour y pratiquer la contrebande mais également pour surprendre l’adversaire lors des nombreux conflits entre les deux royaumes. Or, ces rivalités n’ont jamais cessé à partir du moment où le Roussillon fut annexé et devint aragonais. A titre d’exemple, ce collet sépare quelques forteresses très proches des deux camps : AguilarQuéribus et Peyrepertuse côté français et Salveterra (Opoul), Tautavel et Salses côté aragonais. Autant d'endroits où les rivalités furent constantes mais où désormais il fait bon de randonner. Le village de Vingrau lui-même bascula à différentes reprises dans un camp puis dans l’autre.  Enfin on peut noter que sur les cartes cadastrales, certains ont transformé ce « Trou du Cheval » en « Pas du Cheval »  peut-être selon l’idée, que le « Trau » ne serait pas un « trou » mais un « trot ». Une fois tous ces éléments en mains, il m’a paru évident que ce « Trau del Cavall » était bien l’objectif incontestable de cette randonnée et il m’a donc semblé logique d’y attribuer le nom de mon article. C’était d’autant plus cohérent que cette trouée naturelle représente presque exactement le point géographique médian de cette longue balade. Bien sûr, reste à expliquer pourquoi ce lieu s’appelle ainsi et le folklore régional laisse circuler l’histoire de ce commerçant ambulant qui, de village en village, venait projeter des films cinématographiques aux populations.  Un soir, entre Vingrau et Périllos, surpris par un terrible orage, il ne trouve rien de mieux que de s’abriter dans une grotte pour protéger sa monture et tout son matériel et c’est, dit-on, ce conte populaire qui aurait donné le nom à ce lieu. Au delà du fait que l’on peut se demander pourquoi cette trouée s’est soudainement transformée en caverne, on peut aussi se poser la question de savoir pourquoi ce projectionniste itinérant empruntait ce passage très difficile plutôt qu’une voie plus praticable qui existait déjà au temps du cinéma, fusse-t-il muet. Mais toutes ces questions sont inutiles et on peut d’emblée éliminer ce récit traditionnel pour expliquer la dénomination de ce lieu. En effet, le « Trau del Cavall »  figure sur les cartes Cassini dont tous les levés sur le terrain ont été réalisés au 18eme siècle. Cette appellation est donc automatiquement et au moins antérieure à l’arrivée du cinéma de plus d’un siècle. Non, la réalité est sans doute beaucoup simple et cette trouée a été appelée ainsi car elle était, dans cette longue colline, le seul passage accessible aux cavaliers de tous bords.  Alors, oublions un peu l’Histoire de cette belle contrée et profitons d’une merveilleuse journée ensoleillée pour partir à sa découverte. Nous quittons Vingrau par la D.12 en suivant le balisage jaune propre au P.R, direction le Bac del Trau (tiens encore un trou !), c'est-à-dire Tuchan. Très rapidement, un panonceau nous demande de quitter le bitume au profit d’un étroit sentier qui entre et grimpe dans la garrigue. Cette petite ascension laisse d’ores et déjà entrevoir de très belles vues sur Vingrau et sur le relief particulièrement découpé de la blanche et oblongue Serre qui se détache dans un ciel incroyablement pur mais que la chaleur matinale rend déjà laiteux. Ici, dans ce maquis plutôt bas et rabougri, or mis quelques pins clairsemés, rien ne laisse présager que l’on évolue dans la forêt domaniale du Bas-Agly. D’ailleurs cette végétation typiquement méditerranéenne, ce qui ne signifie pas inintéressante loin s’en faut, on ne va plus la quitter de la journée. Si la déclivité s’élève dès le départ, la suite du parcours jusqu’au pied de la Serre va s’aplanir et même être constante dans des altitudes très modestes oscillant entre 270 et 310 mètres. Cette longue partie est donc sans aucune difficulté si ce n’est sa longueur d’une dizaine de kilomètres jusqu’au « Trau del Cavall ». Elle risque donc de vous paraître assommante mais si vous prêtez attention à la flore et à la nature en général, vous observerez qu’elle est assez remarquable et colorée mais également constamment changeante selon que l’on alterne les passages en maquis, au fond d’une ravine (Ravin du Correc des Conques), dans des sous-bois parfois très différents ou bien que se succèdent vignes, murs de pierres sèches, anciens champs en jachère ou ruines de vieux cortals oubliés. Ici, sans exception, toutes les plantes et les fleurs de notre garrigue méditerranéenne sont présentes mais il en ait une très étonnante et qui étrangement foisonne par endroit, c’est la Férule commune. Il s’agit d’une ombellifère ressemblant quelque peu au fenouil mais avec les particularités d’avoir une tige énorme et creuse, de mesurer parfois plus de deux mètres de haut et surtout ne n’avoir aucune senteur d’anis. Attention toutefois à ne pas la confondre car sa consommation est, contrairement à celle de son cousin le fenouil, éminemment toxique à cause de son « latex ». Quand à la faune, elle est, en cette magnifique journée printanière, omniprésente pour peu qu’on daigne y prêter attention et l’observer silencieusement : lézards, passereaux, rapaces, papillons et insectes butineurs ou sauteurs sont les principaux locataires diurnes de cet habitat extrêmement sauvage. Plus on approche du « Trau del Cavall » et plus on rencontre de vestiges dont les cartes nous octroient des patronymes aux origines parfois disparates : Borde de Rotllan (Rolland), Jasse de Didot, Cortal d’en Domenge, Cortal Miquel et Mas Llenço (Llansou). Si on élargit le champ de nos investigations cartographiques, ces disparités s’accentuent : Cassanova, Fontanell, Parès, Parros, Résungles, Molto, Sarda, Duran, etc.… Au fil des siècles, on voit bien que les différents conquérants de ce territoire ont inévitablement laissé bien plus que des empreintes de leurs passages.  C’est en arrivant au mas Llenço, envahi par la végétation et aux murs copieusement couverts de lierres, que débute la véritable ascension de la Serre. Bien balisé en jaune mais superbement bordé de bleus par les innombrables aphyllanthes de Montpellier, l’étroit sentier caillouteux s’élève progressivement mais plutôt gentiment en direction d’une brèche rocheuse bien visible. Notre cible du jour, le « Trau del Cavall » est là, au bout de ce chemin. Sur la droite, de vieux murets de pierres sèches et des orris laissent imaginer une vie pastorale passée assez intense. Est-ce une peu de lassitude ou est-ce la forte canicule mais parfois on croit voir brouter quelques moutons au milieu des broussailles ? Non, les troupeaux d’ovins ont vraiment disparu depuis longtemps et il s’agit de quelques roches blanches qui ont dévalé les flancs de la falaise pour s’immobiliser dans les cistes, les chênes kermès et les romarins.  Une fois atteint le « Trau del Cavall », on s’attend à ce que le regard bascule sur un monde bien différent. Non, la réalité est nettement plus fade et aussi bien devant que derrière, les paysages sont quasiment semblables. Ils sont essentiellement constitués d’immensités de garrigues et de calcaires se terminant par de élévations plus ou moins hautes. Seuls quelques vignobles bien alignés, quelques champs verdoyants et quelques blancs et lointains hameaux donnent une touche d’humanité à ce patchwork sauvage, imprécis et confus. Au loin, vers l’est, c'est-à-dire vers Opoul se dresse le plateau reconnaissable de Salvaterra, vaste nid d’aigles où les ruines crénelées de l’ancienne forteresse sont encore parfaitement visibles. Vers le nord, la longue échine cabossée de la Serre se poursuit puis, tout en zigzaguant, elle semble se perdre dans un océan de collines plus ou moins lointaines et plus ou moins hautes. Quelques sommets reconnaissables se détachent : le Puig del Ginebre, la Serra de la Gran Cremada et le Montolier de Perellos. Vers l’ouest, c’est la Montagne de Tauch qui emplit l’horizon. Le sud, lui, tout proche attend qu’on grimpe sur ses bosses, semblables à de blanches « montagnes russes » mais le soleil désormais à son zénith ne l’entend pas de la même oreille et accable les plus vaillants. On bascule dans la trouée puis sur quelques mètres, on descend sur l’autre versant de la Serre. Le sentier se perd dans la rocaille et si le balisage jaune ou les cairns n’étaient pas bien présents, à coup sûr on s’y égarerait. L’itinéraire remonte rudement.  Ici, pendant quelques temps et pour progresser, les mains deviennent aussi précieuses que les pieds et quand le sentier se stabilise enfin, on en ait déjà à chevaucher la crête sommitale avec de beaux panoramas des deux côtés. La tiédeur laiteuse du matin a laissé la place à une brume blanchâtre plus opaque qui empêche toute vision très lointaine. La Méditerranée et la plaine du Roussillon restent invisibles. Moi, dans cette ascension déjà compliquée, le photographe botaniste amateur que je suis, est encore plus embarrassé que le commun des randonneurs car comment avancer convenablement, appareil photo en mains, dans ce dédale minéral où d’incroyables fleurs sont venues se loger dans la moindre fente et le moindre interstice de la roche. Comment avancer quant on ne sait plus où donner de la tête tant la flore y ait insolite, merveilleuse et à la fois prolifique et parfois rarissime ? Œillets des rochers, œillets piquants de toutes sortes, géraniums, centranthe, ornithogale, iris et campanules des Corbières et bien d’autres fleurs embellissent le parcours.  Quelques passereaux et rapaces jouent aux voltigeurs en bordure des falaises. Leurs piaillements nous interpellent. Les papillons et les sauterelles semblent nous accompagner dans cette aventure printanière. Quelque soit l’univers que l’on chemine : crêtes calcaires, éboulis caillouteux, plates-formes herbeuses, pinèdes, affleurements de lapiaz, vallon (Correc des Collets) encadrant de hautes falaises, on y découvre une flore et une faune exceptionnelle et ce, jusqu’à l’arrivée à Vingrau. En chemin, on découvre le refuge non gardé Yves Bernard offrant la possibilité d’un abri solide aux randonneurs au long cours ou en cas d’intempéries. Nous profiterons de son ombrage rafraîchissant pour y faire une simple halte goûter avant d’en terminer par le Planal de l’Eixartell laissant entrevoir de superbes vues aériennes sur le vallon de Cassanova, ses vignobles et ses jasses et enfin sur le superbe village de Vingrau. Nous sommes restés environ huit heures sur ce parcours, arrêts compris, mais il ne faut pas trop se fier à cette durée-là tant nous aimons flâner et perdre notre temps à tout observer dans ce type d’univers à la fois sauvage, hostile mais superbe. Alors il est sans doute plus simple que je vous dise que cette balade est longue de 18 à 19 kilomètres environ, que l’altitude la plus basse est à 140 mètres peu après le départ de Vingrau, que le point culminant est à 540 mètresau sein même de la Serre et que les montées cumulées se chiffrent approximativement à plus de 650 mètres. Au fait, savez-vous que Vingrau a pour origine l’expression latine « viginti gradi » signifiant les « vingt grades » mais qu’il faut traduire plus simplement en « vingt marches » ? En effet, le chemin principal menant au village passe par un col que l'on appelle "le Pas de l’Escala". Or, à l’époque romaine,  ce « Pas de l’Echelle » était constitué d'un voie pavée dans laquelle vingt marches avaient été sculptées dans un passage difficile de la falaise. Peu à peu, le nom s'est transformé en "Pas de Vingrad", "Pas de vingt graus", puis enfin "Vingrau". (Source : https://www.les-pyrenees-orientales.com/Villages/Vingrau.php) Bon, il n’était pas si fous que ça ces romains et en tous cas bien moins que moi car ma balade, je peux vous le certifier, elle comporte bien plus que vingt marches !!! Allez-y et vous verrez par vous-mêmes. Carte IGN 2547 OT Durban – Corbières – Leucate- Plages du Roussillon Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de de la chanson d'Eddy Mitchell "Rio Grande". Elle est interprétée ou jouée par Yvon (chant), Olivier Moulin (harmonica),  Paul Contamine (clavier électrique) 
    LE SERRAT-GRAN
    SERRATGRANDIGN
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

    Le Serrat Gran est, contrairement à son nom, un modeste sommet du Haut-Conflent à 1.430 mètres d’altitude dont sa crête sert de délimitation entre les territoires d’UrbanyaConat et Mosset. Au delà de son altitude elle même, je suppose qu’il doit surtout son nom à sa position géographique car dans des temps plus anciens, il était sans doute le passage à franchir le plus court mais aussi le plus élevé pour les villageois qui voulaient se rendre d’un village à un autre. Je vous parle bien sûr d’une époque où les routes carrossables et les pistes forestières n’existaient pas et à laquelle les seuls moyens de communications étaient certainement des sentiers muletiers. Présent à Urbanya en ce début du mois d’avril, c’est vers ce sommet, dont j’aperçois un bout du versant sud depuis ma maison, que je m’étais tourné ce matin-là pour réaliser ce qui aurait du être une courte randonnée mais qui c’est transformé au fil du parcours en une longue virée.  Ce long périple, vous ne serez pas obligés de l’accomplir, hors mis peut-être si le plaisir de marcher et le désir de découvrir sont aussi ardents que les miens. Je mentionne d’ailleurs sur la carte jointe à cet article, la boucle initialement envisagée vers le Serrat Gran ainsi que le parcours réellement accompli. Vous aurez donc le choix entre les deux options. Cette randonnée au Serrat Gran, j’aurais pu l’intituler « Au dessus des ravins » mais comme peu de gens connaissent ce sommet et qu’il était le point culminant de la balade préalablement prévue, j’ai préféré lui conserver la faveur du titre de mon article. En effet,  sur cet itinéraire, on chevauche le véritable relief du Conflent, c'est-à-dire cette zone intermédiaire très vallonnée que l’on appelle « piémont pyrénéen » se situant entre la bordure méditerranéenne et ses plaines et les premiers hauts sommets des Pyrénées. Ici, les ravins sont si nombreux que le regard est presque systématiquement porté vers eux, c'est-à-dire vers le bas plutôt que vers l’horizon ou les montagnes.  J’en ai dénombré une bonne quinzaine, courts ou longs, profonds ou pas mais heureusement plus souvent aperçus que franchis. Pourtant sur ce parcours où les panoramas sont le plus souvent à 360°, l’horizon et les montagnes environnantes se dévoilent magnifiquement et notamment vers un Canigou enneigé tout simplement extraordinaire à cette époque de l’année. Mais rassurez-vous, il n’y a pas que le Canigou à observer et d’autres montagnes comme les massifs du Coronat ou du Madres sont également bien visibles. Sans compter qu’à cette saison, la flore et la faune se réveillent magnifiquement, offrant des intérêts supplémentaires insoupçonnés aux randonneurs de ce circuit original. Tout démarre une fois encore d’Urbanya, village qui se pare de blanc en cette saison grâce à ces nombreux cerisiers, pommiers et autres arbres fruitiers en fleurs. Le départ est similaire à la randonnée du « Serrat de Calvaire » déjà décrite dans ce blog. Ensuite, il y a bien sûr un itinéraire quelque peu différent que je vous décris ci-après. On laisse son véhicule sur le parking, on franchit le pont puis on emprunte le Chemin de Saint-Jacques qui part à droite de la mairie et monte entre quelques maisons. Après la dernière habitation, devant un garage fait de tôles et de planches, on prend le sentier qui monte à gauche. Là, on va suivre la sente la plus évidente qui va s’élever et redescendre au fil des petites ravines que l’on franchit allégrement. La principale ravine est occupée par un bois où coule l’étroit « Correc » de Vallurs.  Après avoir enjambé ce petit ruisseau, le dénivelé s’accentue et il ne va pratiquement plus cesser jusqu’au sommet du Serrat Gran sauf peut-être en passant près d’une immense ruine qui arrive très vite où il s’aplanit quelque peu. Lors du tour du Serrat de Calvaire, je m’étais déjà posé la question de savoir si cette grande ruine n’était pas le hameau de Saint-Jacques figurant sur les cartes Cassini ? A ce jour et malgré quelques recherches complémentaires, je n’ai toujours pas la réponse à cette question.  Devant ces vestiges, on est donc toujours sur l’itinéraire que j’avais décrit pour faire le tour du Serrat de Calvaire et il va en être ainsi jusqu’à la côte 1098 de la carte IGN, non loin du Roc de Jornac. C’est à ce point précisément qui offre des vues sublimes sur le Massif du Canigou que les deux itinéraires différent. Au lieu de suivre, le large chemin qui part en épingle à cheveux, on va lui préférer le petit « cami » débroussaillé qui longe la clôture à main gauche. Cette clôture, on ne va plus la quitter jusqu’au sommet du Serrat Gran et même un peu plus loin jusqu’au Col de les Bigues, rendant ainsi cette ascension d’une simplicité déconcertante. Je tiens tout de même à préciser que j’ai utilisé sciemment le mot « simplicité » plutôt que « facilité » car la déclivité s’accentuant nettement, la « grimpette » se mérite ! Mais grâce aux multiples panoramas, on oublie facilement les affres de l’effort à accomplir. En effet, en marchant le plus souvent dans une végétation rase composée essentiellement de cistes à feuilles de lauriers et de maigres et rares genêts, on aura en permanence le regard absorbé par le spectacle se dessinant de tous côtés : forêts domaniales des Réserves Naturelles, Canigou, Coronat, Escoutou, Pelade, Madres, Portepas,TornPla de Vallenso (Balençou) et toujours d’immenses ravins vertigineux qui descendent pour rejoindre les vallons où coulent les principales rivières de la contrée, à savoir Urbanya et Callau. Cette dernière rivière finissant par rejoindre le Têt, son affluent majeur à Ria. Si le sentier monte très raide, il  monte en tous cas toujours très droit jusqu’au sommet du Serrat de Miralles (1.377 m). Par temps clair, ce qui n’était pas vraiment le cas, le ciel étant plutôt voilé ce jour-là, vous aurez des vues sur le lac bleuté du barrage de Vinca et bien plus loin encore vers le Roussillon et la Méditerranée. Vers le nord, quelques sommets dominant la Vallée de la Castellane apparaissent et notamment le Pic del Rosselló gravi dernièrement et récemment expliqué dans ce blog. Ici, au sommet du Serrat de Miralles, on est quasiment au centre du Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes alors malgré un ciel laiteux, le spectacle est tout de même saisissant et splendide. Avec un tel tableau devant les yeux, ajouté à une terrible fringale,  j’en ai profité pour entamer très sérieusement mon casse-croûte gardant mon dessert pour le Serrat Gran bien visible car à seulement quelques foulées. J’ai mangé sous un véritable concert de chants mêlés orchestré par des oiseaux de toutes sortes et en sortant mes jumelles de leur fourreau, j’ai pu reconnaître : mésanges, serins, chardonnerets, pipits, fauvettes, pinsons, rouges-queues, bruants, etc…  Tout ce petit monde virevoltait d’arbres en arbres dans le joli Bois d’Estarder, rendant encore plus agréable cette halte anticipée. Beaucoup plus haut dans le ciel, quelques grands rapaces sont entrés dans la partie et se sont mis à tournoyer sinistrement au dessus de ma tête. Je ne pense pas qu’il s’agissait d’aigles royaux car il y en a paraît-il très peu dans le massif du Madres-Coronat alors en raison de leur grand nombre, plus d’une dizaine et de leurs caractéristiques, j’ai pensé à des Vautours fauves. Une fois rentré à la maison, l’agrandissement d’une photo sembla me confirmer cette idée : ailes larges et plutôt sombres où les plumes extrêmes étaient amplement écartées, poitrails plus clairs chez certains sujets et queues carrées courtes et noires. Alors, devant cet incroyable spectacle ornithologique et toujours à l’affût de quelques belles photos animalières, il a fallu que je me pousse un peu pour quitter ce joli mirador. Tout en continuant à longer la forêt, j’ai pris la direction de l’objectif du jour. A l’orée de grands pins mais planté de jeunes sapinettes, le Serrat Gran est un belvédère moins intéressant car moins ouvert sur de larges panoramas que le Miralles. Aussi après m’être délecté d’un « Flamby » et d’une compote de pommes, j’ai rapidement amorcé la descente vers le col de les Bigues en m’enfonçant pleinement dans la forêt pendant quelques minutes. En arrivant au col, il était seulement midi passé de quelques minutes et malgré un ciel se couvrant de gros cumulus blancs du côté du Madres et du Coronat, je n’avais pas franchement envie de redescendre vers Urbanya pour terminer si tôt cette belle balade. Alors j’ai poussé jusqu’au col del Torn (col de Tour) et j’ai refait à l’envers cette magnifique randonnée que j’avais intitulé le « Balcon d’Urbanya ». Il emprunte un tronçon du Tour du Coronat avant de redescendre sur le village. Comme je l’ai dit en préambule, rien ne vous obligera à faire de même et à ce moment-là, il vous suffira de redescendre du Col de les Bigues vers Urbanya en empruntant un des différents sentiers qui y mène : soit ceux des Escocells selon leur état d’embroussaillement soit celui du Clot del Baro, souvent le plus praticable mais le plus long. Je précise que cette randonnée au Serrat Gran qui longe en grande partie les clôtures qui délimitent les territoires d’Urbanya, Conat et Mosset (tracé fait de petits points sur les cartes IGN) n’est réalisable que si les sentiers qui les côtoient ont été défrichés, ce qui était le cas le jour où je les ai empruntés. Je pense qu’ils sont débroussaillés régulièrement car j’y ai rencontré un agent ONF qui lui-même longeait la clôture entre le Serrat Gran et le Serrat de Miralles pour effectuer des relevés.  En conséquence, je présume que cet agent ONF est habitué à cheminer ces sentiers. Si au Col de les Bigues, on fait le choix de redescendre sur Urbanya, on aura effectué une courte boucle d’une dizaine de kilomètres environ, pour un dénivelé de 580 mètres mais des montées cumulées de 830 mètres. En ce qui concerne la suite de ma balade que j’ai accomplie ce jour-là, j’avoue que j’ai été comblé au delà des mes espérances car quelques animaux très intéressants se sont montrés très indulgents envers moi, acceptant sans trop rechigner d’être photographiés : un superbe et trop rare lézard ocellé et un magnifique renard avec encore son pelage d’hiver notamment. Pour cette seconde partie, je vous précise que la boucle réalisée ce jour-là est longue d’environ 17 kilomètres et pour le reste, je vous renvoie à la carte IGN et à mon diaporama. Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25. 

     

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  • Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons de Patricia Kaas extraites de son album "Piano Bar". Elles ont pour titre : "Les Moulins de Mon Coeur", "The Summer Knows (Un Eté 42)", "Syracuse" et "I Wish Love You (Que Reste-t-il de nos Amours)".
    LE-PIC-DEL-ROSSELLO
    PICROSSELLOIGN

    Le Pic del Rosselló que certains écrivent Pic del Roussillou en se référant à la phonétique catalane, c’est bien évidemment en français le Pic du Roussillon. Je ne vais pas développer ici, l’histoire de l’origine du mot « Rosselló », c'est-à-dire son étymologie, ce n’est pas le but de ce blog et d’autres l’on fait depuis bien longtemps et bien mieux que je ne pourrais le faire moi-même. Toutefois il est intéressant de noter qu’avant de devenir Rosselló, puis Roussillon, ce mot est apparu pour la première fois sous la forme « Ruskino » puis « Ruscino » en latin, patronyme désormais très connu depuis les fouilles et la découverte d’un site archéologique qui a révélé une cité antique au village de Château-Roussillon, tout près de Perpignan. Tout le monde est à peu près d’accord pour dire que l’origine du préfixe « rus » signifie « tête » « front » voire même « capitale » quand au mot « kino » , les avis sont plus partagés entre « golfe » ou parfois même « colline ».  Alors, une chose est quasiment certaine c’est que ce nom-là a été alloué pour la première fois pour désigner la tête ou le front d’une colline c'est-à-dire une butte ou un promontoire, ce qui correspond parfaitement au lieu même où se trouve les vestiges romains de Ruscino. Ce promontoire domine la plaine, plaine qui elle-même a fini par prendre le même nom de Roussillon. La colline Roussillon domine la Plaine du Roussillon et il en est de même pour le Pic del Rosselló, promontoire qui domine lui aussi la Plaine du Roussillon. Alors, ce nom de Rosselló a-t-il-été donné au pic parce qu’il s’agissait d’un promontoire ou bien parce qu’il embrassait la Plaine du Roussillon ? La question mérite d’être posée, mais il me paraissait important d’apporter ces quelques précisions. En tous cas, notre objectif du jour est bien lui aussi une élévation mais il faut avouer qu’en randonnée, c’est très souvent le cas. En général, allez savoir pourquoi, les randonneurs n’aiment pas trop les terrains plats ? Au regard du nom donné à ce sommet, ceux qui ne le connaissent pas pourraient en déduire qu'il s'agit d'un pic parmi les plus importants du département. Non, ce n'est pas vraiment le cas car avec ses 1.314 mètres d’altitude, il est un sommet du Haut-Conflent plutôt modeste. Il n'en demeure pas moins intéressant à gravir car il s'agit d'un superbe belvédère à 360° sur une immense partie du Conflent, de la Plaine du Roussillon et parfois bien plus loin encore jusqu'à la Méditerranée si par bonheur, le temps est très clair. Pour couronner le tout, cette jolie balade démarre de Mosset, qui a été classé parmi les plus beaux villages de France mais qui ne l'est plus à ce jour. Pourquoi a-t-il perdu ce label ? Je l'ignore mais pour moi ça ne change rien à sa beauté ! Outre ces aspects-là, il y a tout de même quelques découvertes très intéressantes et insolites à faire au cours de cette randonnée comme par exemple ces ancestraux « cortals » en ruines  qui jalonnent le parcours à un point tel que le versant sud du Pic del Rosselló a été dénommée « Els Cortalets ». Toutefois, dans cette montagne, il y en a tellement un peu partout de ces cortals oubliés, qu’il faudrait presque organiser une balade spéciale de plusieurs jours pour partir à leur découverte et espérer les voir à peu près tous. Il y a aussi ces étonnants chaos granitiques aux formes parfois bizarres que j’avais déjà évoqué lors d’une autre balade qui depuis Mosset nous avait amené au Roc des Quarante Croix et enfin, il y a quelques vestiges d’un passé plus ou moins ancien : dolmens, « clauses », « feixes », orris et roche gravée. Le départ s’effectue de la même manière que pour le Roc des Quarante Croix, on laisse sa voiture sur un des parkings proche de la Tour des Parfums et on démarre devant celle-ci. De l’autre côté de la rue, on aperçoit à une vingtaine de mètres sur la gauche, un panonceau jaune donnant la direction de notre objectif du jour : « N°9-Pic del Rosselló-5h ». On démarre par quelques escaliers qui nous entraînent vers le haut du village en direction d’un grand pylône que l’on aperçoit aisément en levant la tête. On passe devant un vieux lavoir, on poursuit tout droit par une rampe que longe un caniveau où s’écoule un fougueux ruisseau qui, plus haut et sur la droite, surgit violemment d’un ouvrage ressemblant à une source captée. Le bitume abandonne la place à une large piste terreuse que l’on délaisse très rapidement au profit d’un petit sentier qui part à droite et monte en zigzaguant vers le pylône. Les premières vues sur le Canigou, Mosset, la splendide Vallée de la Castellane, les forêts et les montagnes environnantes se dévoilent magnifiquement. Peu après le pylône, on retrouve la large piste de terre. On peut soit l’emprunter vers la droite soit raccourcir l’itinéraire grâce à un sentier plus étroit qui s’enfonce tout droit dans une chênaie. On découvre ici, notre premier cortal ou plutôt une vraie demeure sur deux étages dont les murs sont encore bien debout. Plus haut, on retrouve une nouvelle fois la piste. On la continue et on arrive devant une grande étable moderne où quelques vaches nous regardent passer anxieusement. En bordure de la piste, de nouveaux vestiges se révèlent : vieilles ruines abandonnées à jamais et un petit dolmen notamment. La déclivité continue à s’élever mais comme c’est en douceur, elle ne nécessite pas d’efforts particuliers. Avec une imagination fertile, les premiers gros chaos granitiques attisent nos regards car on est toujours en quête d’y trouver des formes singulières voire extraordinaires. D’autres blocs rocheux ont des formes plus évidentes comme ce gros « zizi » déjà découvert précédemment ou bien cette « tête de loup » qui regarde le ciel. Tout en montant vers le Cortal Gravàs, on se retourne et on prend le temps d’observer tous ces blocs et ces amas rocheux et on tente encore d’y deviner un bestiaire insoupçonné : ours, dinosaure, éléphant, tortue ou escargot géant, enfin tout ce qui a une grosse échine arrondie peut être concevable. Le Massif du Madres encore enneigé sert de toile de fond à ces somptueux décors minéraux plantés là, comme immuables, dans le maquis et les pelouses rases. On est sur le point de passer devant le Cortal Gravàs mais comme plusieurs chiens viennent vers nous en aboyant de manière très dissuasive, on préfère emprunter le sentier qui passe derrière les habitations. Ici, loin de tout, et sans doute grâce à quelques passionnés de la nature sauvage, la vie pastorale semble avoir résisté. Un chalet de bois côtoie quelques caravanes, plus loin un grand hangar jouxte un vieux cortal en ruines et tout autour quelques puissants chevaux gambadent en liberté sur les pelouses et dans les buissons d’épineux. Le Pic du Rosselló essentiellement écrasé jusqu’à présent fait tout à coup le dos rond dans un paysage de terres brûlées. Le sentier se faufile au milieu de petits genêts et dans des landes de fougères roussies et fanées par l’hiver. Sur la droite, on entend se rapprocher le murmure d’un petit torrent, il s’agit du Correc d’en Fabra et quand on passe sous l’ombrage de quelques pins, un ruisseau aux reflets bleus et aux eaux limpides est là, juste devant nos pieds. Nos pieds échauffés qui ne demandent qu’une chose : un peu de fraîcheur. Nous allons être servis et nos orteils vont dire instantanément « stop » à cette eau polaire car au lieu de la fraîcheur espérée c’est une eau glaçante qui s’écoule directement de quelques grosses plaques de neige qui fondent sur le Pla de Closa que nous venons d’atteindre. Ici, en enjambant le ruisseau, on a le sentiment d’être passés dans un autre monde. Le contraste est étonnant car après l’aridité de la « solana », La Closa ou Clause, signifiant « enclos », est un véritable petit paradis avec ses mouillères et ses pinèdes, ses collines boisées de résineux et de quelques bouleaux blancs et surtout avec ses prairies verdoyantes où au milieu coule ce rafraîchissant ruisseau. Même si notre itinéraire s’en éloigne, on a automatiquement envie d’y aller et d’y faire un halte et ça tombe bien car l’heure du pique-nique est arrivée et ça tombe d’autant mieux que l’on peut y découvrir, au beau milieu du pré, une étrange pierre granitique à semi-enfouie dans la terre. Elle est gravée d’une croix et de signes malheureusement incompréhensibles pour les novices en archéologie que nous sommes. Comme souvent, et à l’aide d’Internet, j’avais, avant le départ, pris la peine de m’interroger sur les éventuelles trouvailles de ce parcours et c’est ainsi que j’avais découvert cette mégalithe dont on disait qu’il s’agissait peut-être d’une pierre tombale en raison de sa forme tabulaire triangulaire et de la grosse croix profondément gravée en son centre. Ils restaient à déchiffrer les autres signes gravés sur un côté dont certains ressemblent à des lettres. Personnellement, j’ai cru y lire, après grossissement et filtrage Photoshop d’une de mes photos, ce qui ressemble au mot « ASTOR » et qui en catalan est un épervier, oiseau très commun dans les parages et dont en français, on a tiré le mot « autour ». Néanmoins, j’ai un doute à ce propos et je pencherais plutôt pour le nom « PASTOR » très répandu depuis des lustres dans la généalogie de Mosset et qui est aussi «le  pâtre ou le berger catalan ». Il est vrai aussi que je n’ai pu deviner qu’un court fragment des écritures. Dans le prolongement de cette « table mystérieuse », d’autres roches en partie enfouies sont alignées sur quelques dizaines de mètres et coupent le pré en deux. Je n’y ai pas remarqué de gravures. Alors est-ce aussi des pierres tombales et donc d’un véritable cimetière qu’il s’agit ou bien plus simplement de vieilles clôtures que le ruisseau et la terre meuble du terrain ont fini par ensevelir au fond de cette cuvette ?  En tous cas, le mystère reste entier et comme il fallait bien se remettre en route vers notre vrai objectif du jour, je me dis que je n’ai peut-être pas pris toutes les photos indispensables à une recherche approfondie plus sérieuse de ce site mystérieux. Voilà en tout cas, une bonne raison de revenir dans ce petit Eden ! On quitte la fraîcheur des herbages de la Closa pour les pentes ensoleillées du Pic del Rosselló où on retrouve très rapidement la chaleur accablante du chemin. Nous ne sommes que fin mars et pourtant cette chaleur, on la sent monter inexorablement le long de nos jambes et le dénivelé même modeste se fait sentir. On finit par quitter la piste pour se diriger directement vers le sommet vers ce que je crois être une croix de bois. A son approche, je m’aperçois qu’il s’agit en réalité d’un petit pin rabougri dont les branches ont été écartelées et « déplumées » par les vents violents qui sévissent ici. Mais le sommet est tout de même là, avec sa borne et son antenne solaire et en raison des panoramas à 360° que l’on peut y observer, on y fait une nouvelle halte agréablement délassante. D’ici, c’est une véritable ronde de paysages qui défilent et comme souvent, on essaie de retrouver les lieux de nos dernières randonnées effectuées, alors je sors les jumelles : Pays de Sault, CorbièresFenouillèdes ( ah oui voilà le Sarrat Naout !), Roussillon, Canigou (oui, c’est là-bas, Saint-Martin-du-Canigou !), Conflent, Madres (elle est par là-bas la carrière de Caillau !), Capcir, etc… Je reconnais avec ravissement certains chemins empruntés et une immense partie des paysages traversés lors du Tour des Fenouillèdes réalisé avec mon fils en septembre dernier. L’objectif a été vaincu et cette fois-ci, il est temps de redescendre vers Mosset car une nouvelle fois, nous avons flâné plus qu’il ne faut. En raison, de la profusion de pistes, je sors mon GPS dans lequel j’ai enregistré le tracé du jour. Il nous entraîne tout bonnement plein est vers une piste principale puis à un croisement où se trouvent un bel orri et une source captée près d’un cortal en ruines. Je regarde ma carte IGN, tous ces édifices sont bien là, il s’agit du Cortal Queraut non loin du Roc des Iules, petits mille-pattes noirs appréciant les lieux humides, ce qui est le cas ici ! Là, devant l’ancienne bergerie en ruines, on retrouve le balisage jaune qui file puis descend vers Mosset dans des décors sans cesse renouvelés. Ici, les vues sur le Canigou enneigé sont extraordinaires. Là, entre landes, chaos granitiques, cortals oubliés, bois et parfois pelouses, il faut suivre avec attention les marques peintes en jaune pas toujours évidentes à discerner. Après un nouveau cortal et la descente d’un sentier très raviné, on aboutit sur un « pla » herbeux où paissent quelques vaches. De toute évidence, on est ici à la croisée de plusieurs chemins car quelques cairns partent aussi bien à droite qu’à gauche. Par erreur, nous prenons à gauche le chemin qui descend vers Molitg-les-Bains avant de nous raviser et de partir à droite, grâce, il faut bien le dire, à notre GPS. Dans la descente, le sentier désormais évident entre dans un bois de petits chênes pubescents aux feuilles encore roussies. Ce sentier nous amène sans problème jusqu’à Mosset dont on a de magnifiques vues aériennes bien avant d’y arriver. Quelques derniers lacets lassants, lassitude que je comble aisément en cherchant quelques fleurs pour mon herbier photographique. Le village est enfin là, perché qu’il est sur sa petite éminence, alors un dernier dénivelé s’impose pour retrouver notre voiture près de la Tour des Parfums. Ouf ! La boucle se referme après un peu plus de 17 kilomètres parcourus pour un dénivelé total de 645 mètres environ. Un conseil : cette randonnée est à faire avant ou après les canicules de l’été. Cartes IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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    Ce diaporama est enjolivé avec 4 musiques de Gheorghe Zamfir (Flûte de pan). Elles ont pour titre : "Le Berger Solitaire" (avec James Last), "Cavatina""Adagio" et "Ave Maria".
    STMARTINCANIGOUIGN

    Ayant fêté très succinctement l’anniversaire de ma 100eme randonnée dans les Pyrénées-Orientales par un petit hommage au grand pyrénéiste Georges Véron dont les nombreux ouvrages ont réussi à me transmettre le virus de la randonnée pédestre, je voulais vraiment marquer le coup pour ma 101eme. Je voulais fêter ce cap des 100 randonnées inscrites dans mon blog pour notre beau département et en trouver une, à la fois un peu exceptionnelle sur le plan de la découverte mais à la fois sportive de telle manière qu’elle remplisse une belle journée de marche. Alors, il m’a fallu un peu de réflexion pour arriver à la trouver car si c’est vrai qu’il en reste quand même quelques-unes à découvrir, elles ne sont pas vraiment légions surtout à la fin de l’hiver quand la neige est encore bien présente sur les plus hauts sommets. A une autre saison, j’aurai pu gravir le Canigou et réparer ainsi ce vide de ne pas encore avoir rédigé d’article sur notre Olympe catalan mais l’hiver est encore bien là et « faire » ainsi, dans la poudreuse, notre mythique sommet n’aurait pas vraiment été raisonnable surtout à mon âge. Alors comme le dit si bien le proverbe « faute de grive on mange du merle » et en l’occurrence mon merle à moi, il s’est prénommé Martin et heureux présage il s’agissait d’un Saint…Saint-Martin du Canigou bien sûr. J’avais donc décidé pour cette 101eme randonnée dans les Pyrénées-Orientales de me rendre à la célèbre abbaye. Rien de plus facile me direz-vous ! C’est vrai et pour ceux qui connaissent déjà le lieu, j’aurais pu emprunter la piste qui y monte à partir de Casteil et le tour était joué et l’affaire pliée en une paire d’heures. Non, comme je l’ai dit plus haut, ce n’était pas le but que je recherchais alors j’ai choisi sans doute la manière la plus difficile et la boucle la plus sportive pour me rendre à la belle abbaye et en revenir. Alors jugez-en, ce fut presque un pèlerinage ou plutôt un chemin de croix : départ à partir de Vernet-les-Bains, altitude 670 mètres, puis direction le col de Llavent (958 m) par l’itinéraire des cascades (Saint-Vincent et des Anglais mais on n’y va pas !) puis celui du Bac. Là après le col de Llavent, on grimpe dans la forêt du Bois de la Ville en enchaînant plusieurs ravins qui descendent à flanc nord du Canigou et que l’on enjambe presque toujours dans leur partie la plus haute. Chaque ravin franchi nous amène toujours plus haut. C’est d’abord celui de la Guille puis celui des Cirers et enfin celui de l’Asmoursadous. Là, à la Font del Bac dels Monjos à 1.347 mètres d’altitude, on atteint le point culminant de la balade et on amorce enfin la descente en lacets vers l’abbaye (1.055 m). Je n’ai quitté l’abbaye qu’après une remarquable et intéressante visite qui dure une heure environ. Là, pour le retour, j’ai à nouveau choisi la difficulté  en effectuant la descente au sud de l’abbaye par le ravin du Ridoulté qui tout en bas rejoint celui du Cady. Là, direction Casteil (800 m) puis l’entrée du camping du Domaine Saint-Martin. Là, j’ai repris la direction du col de Llavent pour finir et rejoindre Vernet-les-Bains par le Pic de l’Alzina (1.017 m) et le Belvédère « Comte Henri de Burnay ». Voilà, la boucle en forme de « grand huit » biscornu que j’ai réalisé en huit heures. Départ le matin à 10h15 et arrivée le soir vers 18h30 en y incluant bien sûr, la flânerie habituelle, les nombreux arrêts photos et autres, la découverte du site, l’attente de l’horaire puis la visite de l’abbaye et deux ou trois petites pauses pique-niques. En raison même de la configuration dans laquelle l’itinéraire se faufile et des nombreux lacets, il est difficile de mesurer cette boucle sur une carte IGN. Personnellement, je l’estime à une quinzaine de kilomètres voire seize ou dix-sept pour un dénivelé de 680 mètres environ mais ça reste néanmoins une randonnée relativement difficile avec quelques passages laborieux notamment du côté de la Font del Bac dels Monjos où quelques câbles bien pratiques ont été scellés en guise de mains courantes. Sinon que dire de plus pour vous faciliter cette balade . Personnellement, j’ai laissé ma voiture au parking Boulevard Lambert Violet puis en sortant du parking, j’ai remonté ce boulevard à gauche sur quelques mètres pour prendre à droite des escaliers rejoignant un terre-plein herbeux où une curieuse grotte apparaît sur la gauche. En prêtant attention, on remarque déjà un balisage jaune qui monte vers le petit lotissement du « Village Catalan ». Les beaux panoramas sur Vernet se dévoilent déjà. On poursuit en passant devant le lotissement et tout au bout, on retrouve le balisage jaune qui monte encore quelques escaliers et là, on entre immédiatement de pleins pieds dans la forêt où quelques panonceaux directionnels sont présents un peu plus haut. On ignore les autres directions y compris celle du « Belvédère » car on reviendra par là et on prend le sentier qui indique « Vernet-St Vincent 0H10 ». A cette époque de l’année,  c’est aux sifflets mélodieux des merles et aux sons du tambourinage infernal des piverts que ce sentier m’amène très naturellement vers le chemin dit de Saint-Vincent. Il suffit de poursuive cette large piste qui file vers les cascades de Saint-Vincent et des Anglais et il ne faudra la quitter qu’à une croisée de chemins où un panonceau indique « Col de Llavent et Pic de l’Alzina. Ce pic, c’est cette « serrat » très boisée qui se situe sur la droite du chemin. Le Canigou, lui, très enneigé mais visible qu’en de rares occasions et selon les lacets du sentier, est soit devant soit sur la gauche A partir de cette intersection, la suite de mon itinéraire est quasiment unique ou bien parfaitement balisée et elle ne présente donc aucune difficulté quand au tracé que je décris.  Au col de Llavent, on emprunte bien sûr la direction de « l’abbaye de Saint-Martin-2h ». A partir de là, la randonnée devient le pendant de celle que j’avais décrite dans ce blog à la Tour de Goa. D’ailleurs, la tour, on la voit déjà et elle apparaît très souvent dans le décor tout au long de la journée. Mais, aujourd’hui, au regard de tous les merveilleux panoramas qui se dévoilent de l’est jusqu’au nord mais surtout vers l’ouest, la belle Tour de Goa n’est qu’un détail presque insignifiant perdu au sein de ces merveilleux paysages . Non, aujourd’hui, on regarde bien plus loin et c’est une immense partie du Conflent qui se distingue jusqu’aux confins du Capcir et de la Cerdagne d’un côté et du Roussillon de l’autre. Par contre, comme nous avions eu l’occasion de le voir depuis les crêtes qui mènent à la Tour de Goa, de la même manière, Casteil et Vernet-les-Bains apparaissent superbement tout au fond du Vallon du Cady mais aujourd’hui nous en avons une vision quasi symétrique depuis l’autre versant. Plus on s’élève et plus le sentier au dessus d’impressionnants ravins très abrupts devient compliqué avec quelques passages de gros pierriers et quelques franchissements rocheux où les mains seront aussi utiles que les pieds. Ici, c’est le terrain de jeux favoris des isards et peut-être aurez-vous la chance d’en apercevoir, ils sont souvent présents dans les éboulis et donc visibles pour peu qu’on soit suffisamment attentifs et silencieux. Même s’il est préférable d’avoir le pied presque aussi sûr qu’eux et d’être aguerris à ce type de sentier, ne vous laissez pas impressionnés par tous ces ravins et ces à-pics vertigineux, le sentier reste somme toute praticable pour peu que l’on fasse un minimum attention. D’ailleurs, nos ancêtres l’ont amplement arpenté ce sentier et vous y découvrirez sans doute avec étonnement de nombreux vestiges d’un pastoralisme aujourd’hui disparu : cabanes de pierres sèches, orris et cortals souvent en ruines sont bien présents. Vous y découvrirez aussi de très nombreux noisetiers et parfois quelques cerisiers et même si insérés dans la végétation exubérante actuelle, ces plantations peuvent vous paraître aujourd’hui anarchiques, il s’agit bien d’anciennes cultures fruitières. Comme dit plus avant, à la Font del Bac dels Monjos, quelques mains courantes aident à franchir les passages les plus ardus. Peu après, quelques filets ont été tendus entre les sapins aux endroits les plus périlleux. La descente vers l’abbaye commence quelques mètres plus loin à condition de négliger le sentier qui file vers l’abri de Moura et d’emprunter celui qui part à droite. Ce carrefour nécessite d’être vigilants. En moins de 15 minutes, on est à Saint-Martin-du-Canigou mais inévitablement, on s’arrête de nombreuses minutes au belvédère qui le surplombe. Perchée sur un éperon rocheux, c’est sans doute de cette plate-forme que l’abbaye construite en 1009 par Guifred II, Comte de Cerdagne se révèle le mieux dans son intégralité. Blottie dans un petit écrin de verdure, l’ancien monastère roman apparaît vraiment dans toute sa splendeur avec son église (ou plutôt ses deux églises superposées une sur l’autre mais peu discernable de là, il est vrai !), son clocher lombard, son jardin et son cloître aux magnifiques arcades composées de superbes chapiteaux et de colonnes de marbre. L’édifice était complètement en ruines au début du 20eme siècle quand Jules Carsalade du Pont, évêque de Perpignan le racheta en 1902 et entreprit de le restaurer. Des milliers de volontaires participèrent à cette  magnifique entreprise de rénovation mais il faut le reconnaître, c’est sans doute grâce à cette initiative de Monseigneur Carsalade du Pont que le Massif du Canigou devint cette montagne sacrée. A cette entreprise hors norme de 1902, il faut aussi se souvenir que quelques années auparavant, le grand poète Jacint Verdaguer était venu chercher à Saint-Martin-du-Canigou son inspiration pour son poème « Canigo » et on comprend mieux pourquoi le fabuleux sommet est devenu un symbole adoré de tous les catalans.  Grâce au père Bernard de Chabannes qui termina les travaux et permit ainsi une renaissance à la spiritualité, l’abbaye retrouva définitivement son lustre d’antan. Depuis 1988, l’abbaye est occupée par une Communauté des Béatitudes qui présente l’originalité d’être composé de fidèles de tous horizons (frères et sœurs consacrées mais aussi laïcs mariés ou non). Je ne vais pas ici vous raconter toute l’histoire de Saint-Martin-du-Canigou car ce serait bien trop long mais sachez qu’il existe de nombreux sites Internet qui lui sont consacrés dont celui de l’abbaye. J’espère que grâce à ma randonnée, vous aurez envie d’aller la découvrir en profitant d’une visite guidée. L’abbaye millénaire mérite vraiment qu’on y prête intérêt et qu’on y consacre quelques euros et éventuellement quelques agréables efforts sportifs. Je vais donc terminer cet article en vous racontant comment on peut refermer cette longue mais très jolie boucle. Personnellement, j’ai quitté l’abbaye et rejoint Casteil par le Ravin du Ridoulté car je ne connaissais pas ce sentier. Mais, vous pourrez opter pour l’autre itinéraire plus praticable qui suit la piste carrossable jusqu’à Casteil et au passage vous en profiterez pour découvrir la chapelle de Saint-Martin-le-Vieux. A Casteil, pour rejoindre Vernet, vous aurez le choix entre mon tracé ou bien plus simplement, suivre l’itinéraire qui longe puis emprunte la D.116. Si vous faites le choix d’effectuer le même parcours que moi, prenez la direction du cimetière (ne la prenez pas si vous êtes mort….. de fatigue bien sûr !) puis du Domaine Saint-Martin. Le tracé a été quelque peu modifié par rapport à la dernière carte IGN. Des panonceaux directionnels sont présents à droite de l’entrée du camping et désormais, il faut emprunter la direction de la Cascade de Dietrich puis contourner le camping par la droite pour rejoindre le col de Llavent. Le balisage jaune est toujours présent. Au col de Llavent, il suffira de suivre la direction de Pic de l’Alzina pour rejoindre Vernet en terminant par la découverte du Belvédère de Burnay qui domine et laisse entrevoir des vues magnifiques sur la cité. Ce retour par le Serrat de l’Alzina présente l’avantage de vues assez époustouflantes sur le sommet du Canigou encore très enneigé en cette saison mais également sur son flanc nord alternant splendides forêts et hautes falaises déchiquetées. Vraiment beaucoup de belles choses à découvrir sur ce parcours sportif qui s'adresse aux bons marcheurs ! Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de deux musiques interprétées par le guitariste britannique Peter White. Elles ont pour titre : "Walk On By" et "Promenade".
      LE-SARRAT-NAOUT
    SARRATNAOUTIGN
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    Le 9 mars dernier, nous avons réalisé une très jolie randonnée au Sarrat Naout et à la Maison forestière de Gatespa à partir de Rabouillet ou plutôt du Col Bas (1.035 m) qui se trouve au dessus du village et que l’on atteint par une voie carrossable à travers la magnifique forêt communale. Mais malgré la beauté de cette agréable balade, j’ai quelque peu hésité avant de la  mettre sur mon blog. En effet, quand nous y sommes allés, les vents extrêmement violents qui avaient sévi en début d’année avaient fracassé et mis à terre une quantité très importante d’arbres sur les hauteurs les plus élevées du pays Fenouillèdes. Or, c’est justement dans ce secteur de la forêt de Boucheville où passe le GRP Tour des Fenouillèdes que nous avons emprunté au départ que les dégâts semblent avoir été les plus considérables. Bon, en jouant à saute-mouton par-dessus les grands conifères couchés, nous avons réussi à boucler le circuit initialement prévu, mais il faut l’avouer, ce n’était pas très plaisant. Alors j’espère que si un de ces prochains jours, vous envisagez de refaire cette randonnée, les organismes chargés de l’entretien de la forêt auront amplement déblayé ces chemins. C’est tellement plus agréable de cheminer tranquillement sans avoir à déjouer de multiples obstacles ! C’est d’autant plus agréable que ce coin regorge de merveilles faunistiques trop souvent apeurées par les actes de chasse alors quand on a la chance dans une même journée de voir trois chevreuils (2+1), un renard, un écureuil et de multiples oiseaux, on est « chanceux » et on devient automatiquement des randonneurs heureux. De plus, si vous y allez aux beaux jours, vous y découvrirez une flore vraiment exceptionnelle. Je précise toutefois que la plupart des arbres couchés en travers du chemin l’étaient peu après le départ sur une fraction très réduite du parcours et essentiellement sur le tracé du Tour des Fenouillèdes. Les autres chemins ont été très praticables. Malgré son altitude de 1.310 mètres, le « Sarrat Naout » n’est pas en lui-même un objectif à conquérir impérieusement. Recouvert d’une épaisse hêtraie, ici, il n’y a pas vraiment de merveilleux panoramas à observer depuis son sommet hors mis peut-être dans son approche où les vues se dévoilent sur la grandiose forêt de Boucheville et plus loin vers les Corbières et son Pech de Bugarach puis dans sa redescente où quelques fenêtres s’entrouvrent sur les massifs du Madres et du Dourmidou et plus loin vers les Pyrénées Audoises et Ariégeoises. Non, on y va surtout pour le plaisir de marcher en forêt et  la seule gloire que l’on peut en tirer mais tout de même très modeste et pas vraiment sportive, c’est de se dire que l’on a gravi le plus haut sommet des Fenouillèdes. Si j’ai déjà expliqué à plusieurs reprises que « sarrat », « serrat », « serra », « serre »  tout comme  « sierra » signifiait « ligne de crêtes, de montagnes, de collines, de sommets, etc… », peut être vous demanderez-vous ce que signifie « naout » ? Eh bien, en occitan, « naout », mot assez bizarre il est vrai, veut dire  « haut » et le « Sarrat Naout » c’est tout simplement la « Montagne  Haute ». J’ai fait quelques recherches sur l’origine de ce mot et voilà ce que Jacques Azais, Président de Société Archéologique de Béziers écrivait en 1845 dans son « Essai sur la formation et sur le développement du langage des hommes » :

    MOT-NAOUT
    Edifiant non ! Mais reprenons notre marche en avant. Au départ du Col Bas,  on emprunte le tracé du GRP Tour des Fenouillèdes balisé en jaune et rouge. Après avoir parcouru un peu plus de 3 kilomètres et après un virage en épingle à cheveux, on arrive à la jonction de trois chemins. On délaisse le Tour des Fenouillèdes qui continue à droite vers Gatespa, on ignore l’itinéraire central et on fait le choix du chemin le plus pentu qui part complètement à gauche. On va grimper sans pour autant atteindre la crête car peu avant celle-ci on fait le choix de continuer à droite sur un large sentier qui s’aplanit et file en balcon au dessus de l’aire de pique-nique de Gatespa. De là, on aperçoit tout en bas, la maison forestière que l’on découvrira au retour. Le dôme du Sarrat Naout, désormais droit devant, à moitié hêtraie et à moitié sapinière apparaît presque comme une évidence. Le sentier remonte un peu, laisse entrevoir des vues superbes sur l’immensité de la belle forêt et au loin sur les blanches Corbières et retrouve à nouveau un large chemin balisé en jaune qui arrive directement de la Vallée de la Désix. Ce large sentier file tout droit vers le Sarrat Naout, arrive à un nouveau carrefour ou il devient piste en bifurquant vers la droite. Il suffit de poursuivre cette piste si l’on veut éviter de monter au sommet de notre objectif du jour. Sinon, il faut poursuivre tout droit l’itinéraire qui entre dans le bois dont un panneau est là pour nous rappeler que nous sommes dans la forêt domaniale d’Ayguesbonnes-Boucheville. Le modeste dénivelé s’élève d’abord sous de grands sapins puis ces derniers laissent tout à coup la place à d’immenses hêtres droits comme des « I ».Comme je l’ai déjà dit, le sommet ne présente pas un intérêt particulier et seule une borne « IGN » et la pente qui redescend subitement nous font prendre conscience que celui-ci a été atteint. Bien enneigée le jour de notre balade mais heureusement pas réellement verglacée, la descente est très pentue par endroit mais comme quelques vues apparaissent sur la gauche et parfois droit devant, on peut prendre son temps pour l’accomplir et atteindre le Col de Mateplane où l’on retrouve la piste ignorée précédemment. On délaisse bien évidemment cette première piste à droite qui nous ramènerait au pied du Sarrat Naout sur l’itinéraire déjà emprunté et on préfère la poursuivre pour rejoindre le tracé du Tour des Fenouillèdes. Attention peu après la côte 1152, le Tour des Fenouillèdes abandonne la piste forestière au profit d’un minuscule sentier mal balisé en jaune qui descend dans la sombre  forêt pour rejoindre la Maison forestière de Gatespa. Je dis « attention » car depuis mon Tour des Fenouillèdes de septembre 2011, cette courte portion en forêt qui était déjà difficile à appréhender sans GPS, a été en partie pulvérisée par les bulldozers. Quelques arbres où était peint le balisage ont été abattus et sans un GPS vous aurez toutes les peines du monde à vous y retrouver pour rejoindre la maison forestière. Je vous conseille donc d’y préférer l’itinéraire bis que j’ai indiqué en bleu sur la carte IGN. Gatespa est vraiment une clairière très agréable avec une aire de pique-nique composée de grandes tables, de longs bancs de bois et de plusieurs barbecues où à la belle saison des grillades peuvent être organisées. Captée et agrémentée en fontaine, quelques mètres plus loin, coule une agréable source d’eau fraîche qui s’appelle la Font de Coulom. Pour rejoindre la voiture, on passe devant la Maison forestière de l’ONF puis on a le choix entre deux itinéraires. Soit on choisit d’emprunter le Tour des Fenouillèdes soit, comme nous l’avons fait, on opte pour la piste qui descend à gauche vers une autre aire de pique-nique intitulée Rond-Point sur la carte IGN. On rejoint rapidement une route bitumée qui permet d’accéder en voiture à Gatespa depuis la commune de Vira. On ignore le bitume et on poursuit tout droit la piste forestière en terre qui file parallèle à celle du Tour des Fenouillèdes. Ce chemin évite de reprendre  le même itinéraire qu’à l’aller mais surtout il présente l’avantage d’être moins en sous-bois et donc d’être plus ouvert sur un horizon et des panoramas à découvrir. D’ici, on aperçoit essentiellement la magnificence de la forêt, le synclinal de Saint-Paul et plus loin les Corbières du côté du Roc Paradet, des Gorges de Galamus et des Serres de la Quille. Cette piste finit par rejoindre celle du Tour des Fenouillèdes peu avant le Col Bas où la boucle se referme après 5 heures, arrêts et siestes incluses, d’une flânerie très excessive. Histoire de clore agréablement cette belle journée et cette jolie balade en forêt, nous avons terminé par un agréable goûter organisé au petit lac de Rabouillet, point d’eau très rafraîchissant en pleine forêt alimenté par une source captée qui descend directement du flanc sud-est du Sarrat Naout. La distance a été d’environ 13 kilomètres pour la boucle accomplie, un peu plus si vous optez pour la variante conseillée pour rejoindre Gatespa. Le dénivelé est de 275 mètres ce qui  pour une randonnée qui part d’un Col Bas pour gravir une « Montagne Haute » est, vous en conviendrez, presque ridicule ! Carte IGN 2348 ET Prades- Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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