• Ce diaporama est agrémenté de 3 morceaux de jazz signé du compositeur et pinaiste américain Vince Guaraldi et extrait de la bande sonore du téléfilm "A Charlie Brown Christmas" en français "Joyeux Noël, Charlie Brown ! ". Ils ont pour titre et sont interprétés : "O Tannenbaum" et "Christmas Time Is Here" par Vince Guaraldi Trio et "Charlie Brown" par Ellis Marsalis Trio.
     
    LE-ROC-DE-LA-FRAUSA
    ROCDEFRANCEIGN
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

    Quand j'ai voulu me lancer dans l'ascension du « Roc de France et du Roc Saint-Sauveur », j'avais des raisons très personnelles de le faire. En effet, après quelques petits problèmes de santé à répétition, je souhaitais savoir où j’en étais sur le plan physique et si certaines randonnées pédestres un peu difficiles étaient encore à ma portée ? A bientôt 65 ans printemps et ingurgitant chaque matin une grosse poignée de « cachetons » pour, selon mon toubib, combattre des ennuis essentiellement dus à la fatalité et à l’âge, j’avais envie de me tester. Bien sûr, si les récentes et longues randonnées sur le Chemin du Facteur à Caudiès, 19 kilomètres,  puis sur le Cami de la Retirada à Prats-de-Mollo, 20 kilomètres, m’avaient plutôt rassuré, il faut admettre qu’elles étaient plutôt faciles et en cette dernière circonstance, il fallait quand même reconnaître que le col d’Ares ce n’était pas l’Everest ! Bien évidemment, c’était un simple test que je voulais faire et pour moi, il était hors de question de considérer la prochaine sortie comme un défi. Un challenge oui, une bravade non ! J’ai donc cherché dans mes topo-guides qu’elle pouvait être cette prochaine randonnée sachant que je ne souhaitais pas affronter, ni les neiges du Capcir, ni celles de Cerdagne ni aucunes neiges d’ailleurs. Après maintes et maintes réflexions et hésitations, mon choix s’est finalement porté sur le Vallespir et sur deux rocs très proches l’un de l’autre et qui plus est, réalisables en une petite boucle lors du retour. Il y avait un petit côté « Jeanne d’Arc » dans  les noms très « cocardiers » de ces deux sommets, car le premier c’était le Roc de France (ou de Frausa) situé à 1.450 mètres d’altitude et le second le Roc de Saint Sauveur (ou de Sant Salvador) culminant lui à 1.235 mètres. Pas des « Everest » certes mais plus de 900 mètres de dénivelé depuis Montalba d’Amélie (543 m), pour des montées cumulées de plus de 2.000 mètres sur une distance d’environ 17 kilomètres. Selon les renseignements trouvés sur le Net, la montée vers le Roc de France s’effectuait essentiellement sur le célèbre G.R 10 quand au Roc de Saint Sauveur, un trail y était parfois organisé mais bien sûr, comme à mon habitude, j’avais plutôt l’intention de flâner que de courir. Courir en montagnes, ça n’a jamais été ma tasse de thé et si je l’avais fait à deux reprises, la première fois du côté du Pech de Fraysse et de la Tour des Géographes, c’était uniquement pour rejoindre ma voiture avant que la nuit ne tombe et la seconde fois pour échapper à un très violent orage d’eau et de gros grêlons qui nous avait surpris du côté du Pic de  la Vache, à plus de 2.700 mètres d’altitude bien au dessus des lacs de la  Carança. Cette dernière course s’était finalement terminée « trempés jusqu’aux os » au fin fond d’un orri où nous avions passé la nuit. Voilà pour les anecdotes des seuls « trails » forcés que j’avais connus, il y a de nombreuses années de cela. Aujourd’hui, je n’avais plus l’âge de courir et sincèrement, j’espérais ne plus avoir à le faire. En tous cas, les informations que j’avais recueillies sur le Net et les chiffres que m’annonçait mon logiciel CartoExploreur sur mon écran d’ordinateur me laissaient à penser que je n’aurais pas besoin d’y recourir. Voilà quel était le challenge que je me proposais de faire dès la prochaine journée de grand beau temps. Celle-ci arriva bien plus vite que je  ne l’avais imaginé et malgré la petite tendinite enregistrée sur le Cami de la Retirada dont quelques douleurs épisodiques se réveillaient parfois, je n’avais pas vraiment le désir de repousser « Ad vitam æternam » cet  agréable « test à l’effort ». Une fois encore, un grand et magnifique ciel bleu était de la partie mais il ne dura que le temps de la matinée, la crête frontière servant de barrière naturelle aux gros nuages noirs et gris qui eux avaient décidé de rester sur le versant espagnol. Mais peu importe, quand le premier nuage blanc fit son apparition du côté du Roc de France, il y avait déjà presque deux heures que j’avais démarré de Montalba d’Amélie cheminant le GR.10. Pour ne pas démarrer trop tard cette balade dont j’ignorais le temps qu’il me faudrait pour l’accomplir, j’étais parti très tôt de la maison, direction Amélie-les-Bains. Là, j’avais emprunté et roulé prudemment tout au long de la petite et sinueuse D.53 qui suit les superbes et profondes gorges de la rivière Montdony. J’avais même pris le temps de m’arrêter plusieurs fois pour profiter du spectacle car la route était magnifiquement garnie de mimosas en fleurs et les panoramas étaient grandioses. Tout au loin, les sommets que je m étais fixé d’atteindre apparaissaient au bout du vaste vallon. Je l’avoue, ces images me laissaient un peu perplexe quand aux difficultés qui m’attendaient mais la beauté des paysages vue d’ici m’incitait davantage à aller voir d’en haut si ça l’était aussi. Il était déjà 10h30 quand j’ai démarré cette balade et même si ces arrêts sur la route m’avaient coûté de nombreuses minutes, je ne le regrettais pas. Après une visite rapide de Montalba d’Amélie, et plutôt que d’allumer mon GPS, j’ai préféré suivre les recommandations d’un panonceau de randonnées indiquant les directions communes du Mouli Serradou, des cols Cerda et du Puits de la neige. Je savais que c’était le bon itinéraire et effectivement peu de temps après avoir pris le petit sentier démarrant à gauche de la fontaine du joli hameau, j’ai aperçu les premières marques blanches et rouges du G.R.10. J’avais la certitude que j’étais sur le bon sentier et il ne me restait plus qu’à marcher, en continuant à prêter attention à ne pas perdre ce balisage. C’est peu après les vestiges et les machines-outils remarquablement conservées du Moulin Serradou (833 mètres) ; El Moli Serrador sur la carte IGN ; que j’ai remarqué un premier nuage blanc peu menaçant puis les autres suivirent moins blancs mais toujours aussi peu inquiétants car plutôt clairsemés. Ici, le dénivelé se fit plus sérieux et il en fut ainsi jusqu’à l’approche de mon premier objectif, le Roc de France. Plus angoissantes avaient été les vues que j’avais eu du Roc de Saint Sauveur. D’abord gros dôme excessivement rocheux quand je le vis pour la première fois peu avant le moulin puis haute pyramide minérale et pentue telle avait été la vision que j’en avais eu peu après le col Cerda (1.058 m). Bien qua ma première réaction fut de me dire que j’aurais tout le temps d’y penser au moment du retour et dès lors que je serais à son pied, l’image de ce sommet pointu et essentiellement rocheux resta longtemps gravé dans ma tête. Je ne sais pas pourquoi mais ce sommet me rappelait quelques images du Mont Cervin ou bien celle que l’on voyait sur le fameux logo des films produits par la non moins célèbre société cinématographique Paramount. Ce roc était-il inaccessible pour le simple randonneur que j’étais ? Il semblait l’être en tous cas ? Tout en grimpant le G.R10 dans la très belle forêt de hêtres, direction le Roc de France, la question me turlupinait. Finalement et alors que je ne m’y attendais pas,  les premières plaques de neige arrivèrent et ces pensées disparurent car plus je montais plus la neige se transformait en glace et désormais toute mon attention était tournée vers mes pieds et sur quelle partie du sol, il fallait les poser. Plus le Roc de France approchait et plus l’itinéraire se faisait rocheux et recouvert d’épaisses couches de neige glacée. A chaque pas, la randonnée se transformait en une patinoire miniature où le but du jeu était de garder mon équilibre. Un groupe de randonneurs déjeunant au milieu même du sentier me rassura quand au fait que je n’étais pas le seul « ahuri » à venir marcher dans ce lieu ô combien hostile aujourd’hui. Après maintes et maintes difficultés, l’arrivée au sommet du Roc de France (1.450 m) fut la bienvenue d’autant qu’il était déjà 14h30 et qu’en tout et pour tout, je n’avais qu’une barre de céréales et quelques gorgées d’eau dans l’estomac. Tout en déjeunant, je pris mon temps pour regarder le spectacle, ou plutôt les spectacles, car assis au plus haut de la crête frontière, il suffisait que je tourne la tête pour que mon regard passe aussitôt de la Catalogne espagnole à la Catalogne française et vice-versa. Le ciel bleu n’était déjà plus au rendez-vous et c’était le seul regret que j’avais car les panoramas étaient en partie voilés par un vaste rideau d’une brume grisâtre. Tout au loin, côté espagnol, le petit lac de barrage de Darnius, d’habitude si bleu,  ressemblait à une simple flaque d’eau stagnante et côté français, question panoramas, ce n’était guère bien mieux. Il faut dire que les gros cumulonimbus n’étaient que très modérément plus hauts que moi et obstruaient en partie les paysages. Après le pique-nique, je pris la direction des pylônes des antennes TV car j’avais l’impression qu’il y avait moins de plaques de glaces mais une fois arrivé à la petite route bitumée qui accède à la station relais, j’ai fait demi-tour car en réalité si elles étaient moins nombreuses c’était seulement sur la partie la plus haute de la crête, là où les arêtes rocheuses sont pleinement ensoleillées. Sur le sentier, la neige et la glace étaient toujours aussi présentes qu’à l’aller. Une belle glissade, heureusement sur de l’herbe gelée et donc sans gravité, m’envoya bourlingué dans un petit genévrier. Quelques mètres plus loin, ce fut quelques fougères fanées qui amortirent une nouvelle chute plus hilarante que périlleuse. Néanmoins, il était indispensable que je redouble de prudence. La vigilance fut donc le leitmotiv du retour jusqu’à ce que les plus petits névés disparaissent complètement. De ce fait, le col Cerda arriva bien moins vite que je ne l’avais espéré  mais quand il fut là, j’étais déjà au pied du mur pour lequel j’avais pas mal gambergé. Ce mur, c’était le Roc de Saint Sauveur, 1.235 mètres seulement mais une impressionnante masse minérale assez vertigineuse vue d’ici. Un trépied sur lequel était cloué un panonceau bleu m’indiqua la direction. Sans trop réfléchir, je me suis mis à suivre de gros points bleus et là, le sentier se transforma bien vite en petites escalades successives et parfois peu évidentes. Si sur les plaques de neige, j’avais eu conscience du risque de me briser un membre, là des dangers bien plus évidents et fatals semblaient se faire jour. Etant seul, la sagesse aurait du me dicter de rebrousser chemin mais je continuais toujours plus haut, redoublant il est vrai d’une grande attention à chaque pas. La bravade dont je ne voulais pas au départ semblait être bien là. Je cheminais sur une arête rocheuse en suivant toujours le marquage bleu dont parfois, j’avais du mal à croire qu’il était le passage le plus aisé. Enfin, quand j’atteins ce qui ressemblait à un collet, une croix bleue barra l’itinéraire. Le sommet du roc était encore droit devant mais encore bien plus haut. Là, devant moi, se dressait un magma pierreux et granitique dont je voyais bien l’infranchissabilité. Je compris qu’il fallait que je descende dans un goulet qui me rappelait étrangement et toutes proportions gardées, la « cheminée du Canigou ». Dans la descente, le marquage du balisage passa du bleu au jaune et le parcours devint bien meilleur. Par la forêt, ce sentier contournait le roc mais continuait néanmoins à s’élever. Les dénivelés et montées successives commençaient à se faire sentir dans mes mollets. Surpris de ma présence, un groupe de chèvres détala mais sans trop s’éloigner. Les caprins aux belles et grandes cornes torsadées, des chèvres du Rove, plus étonnées qu’effrayées allèrent se juchaient avec une facilité déconcertante dans quelques rochers surplombant le sentier. Finalement et à force de monter, un replat herbeux se présenta. Je fis un point avec mon GPS pour constater que j’étais bien sur le tracé du retour que j’y avais enregistré. Sur la droite, un panonceau m’indiquant le Roc de Saint Sauveur, je pris cette direction et un étroit défilé dans les rochers m’entraîna très rapidement en bordure d’une corniche toute aussi réduite. De là, puis en grimpant de quelques mètres sur l’arête rocheuse qui se trouvait sur ma droite, j’embrassais, depuis ce promontoire naturel,  des panoramas à couper le souffle.  Une bonne partie du Vallespir s’entrouvrit devant moi et à mes pieds. Seule, la partie nord-est n’était pas visible car je n’étais pas totalement arrivé au sommet du roc, qui, semble-t-il, se trouvait encore légèrement au dessus. J’avais beau grimper de quelques mètres supplémentaires et chercher une issue pour l’atteindre, je ne voyais que des roches bien trop lisses et surtout bien trop abruptes pour tenter une ascension que je jugeais, cette fois-ci, bien trop hasardeuse sans matériel d’escalade. Le moment était venu d’être raisonnable, mon challenge et mes deux objectifs le Roc de France et le Roc de Saint Sauveur avaient été atteints et il était préférable que je redescende. Le retour vers Montalba d’Amélie s’effectua sans aucun souci et seuls quelques passereaux jouant les « Caruso », une croix pattée plantée dans un rocher et quelques fenêtres m’offrant de nouveaux panoramas m’arrêtèrent dans cette longue descente presque essentiellement en sous-bois. Les vues aériennes étaient superbes et le petit hameau de Can Félix que j’avais eu l’occasion d’apercevoir ce matin apparaissait désormais dans sa totalité. Derrière moi, le Roc de Saint Sauveur m’apparut tel un énorme pachyderme couché faisant le gros dos. J’avais lu sur le Net, et selon l’historien Jean Tosti, que ce sentier que je cheminais fut pendant très longtemps emprunté par des pèlerins vénérant la Vierge et qu’on l’appelait le Cami dels Evangilis, ce qui explique sans doute la croix pattée rencontrée. A moins que cette croix soit en relation avec la tour et le château de Montdony, aujourd’hui amplement ruinés et envahis par les hêtres, les chênes et les châtaigniers. Quand la chapelle et les quelques maisons de Montalba d’Amélie se révélèrent au bout du sentier, le soleil avait déjà décliné derrière le Pilon de Belmatx. Il était 19h30 et j’étais resté 9 heures sur les chemins du Vallespir. Mon « test à l’effort » se terminait de manière plutôt satisfaisante, or mis des jambes un peu lourdes, je n’étais pas trop fatigué et signe très encourageant, ma tendinite au genou m’avait laissé tranquille. Je pouvais envisagé bien d’autres balades. Ami(e)s lecteurs et lectrices, je ne terminerais pas ce récit sans vous recommander quelques conseils s’ils vous prenaient l’envie de refaire ce parcours tel que je l’ai accompli ici : tout d’abord ne le faites pas seul comme j’ai pu le faire, ce ne serait pas prudent ! Si vous n’aimez pas l’escalade ou êtes sujet au vertige, abstenez-vous de grimper au Roc de Saint Sauveur. Ensuite et comme toujours, étudiez bien la météo et si vous le pouvez, essayez de vous tuyauter pour savoir si la crête frontière est encore enneigée ou pas et enfin, ne partez surtout pas sans la panoplie parfaite du randonneur et sur ce terrain en particulier avec de solides chaussures de randonnées à tiges hautes. Bonnes balades. Carte IGN 2449 OT Céret – Amélie-les-Bains - Palalda – Vallée du Tech Top 25. 

    Enregistrer


    1 commentaire
  •  
    Cette vidéo est agrémentée de 6 chansons sur le thème de la "liberté" et qui ont pour titres et interprètes : "Les Chemins de la Liberté" d'Yves Duteil, "Liberté" de Charles Aznavour, "Chansons en liberté" de Charles Trenet"Liberté" de Gilbert Montagné"Ma Liberté" de Georges Moustaki par Serge Reggiani"La Liberta" d'Haendel du film "Farinelli" chantée par Ewa Mallas-Godlewska et Derek Lee Ragin.

    Il y a des chemins de randonnées dont on aimerait bien changer le nom parce qu’ils ne correspondent pas vraiment aux découvertes que l’on fait sur le terrain. Dans ce blog, j’ai déjà eu l’occasion d’en mentionner certains. D’autres parce qu’ils sont trop généralistes, du type « A travers le vignoble » que l’on trouve dans notre beau Roussillon mais aussi un peu partout ailleurs. Puis, il y en a d’autres comme ce « Cami de la Retirada » que je vous présente aujourd’hui dont on est un peu confus de l’emprunter pour son seul plaisir quand on connaît sa lourde histoire. Alors bien sûr, on est le « cul entre deux chaises », car d’un côté, il y a ce chemin qui s’appelle ainsi, qui est chargé d’Histoire et de tristes histoires et on peut toujours se dire que le cheminer c’est une façon de rendre hommage à tous ceux qui y ont souffert en l’empruntant par obligation puis de l’autre, on se dit que l’on aimerait bien lui donner un autre intitulé surtout quand on sait que « la Retirada » c’est « la retraite » dans ses définitions les plus cruelles c'est-à-dire « l’exil », « l’exode », « l’expatriation » voire « la fuite » ou la « débâcle », mots qui ne correspondent plus à rien quand on l’arpente de nos jours comme « passe-temps » ou par pure passion de la randonnée pédestre comme c’est mon cas  . Voilà dans quel état d’esprit je suis au moment d’écrire cet article et j’étais sensiblement dans la même émotion au moment de démarrer cette belle randonnée. Car, autant le dire, même si le dénivelé, depuis Prats-de-Mollo (724 m) jusqu’au Col d’Ares (1.513m), est avec ses 789 mètres plutôt sérieux, je n’aurais pas l’indélicatesse de parler de souffrance. Non je n’ai pas souffert sur ce chemin et or mis une petite tendinite du genou droit qui m’a obligeait à changer mon itinéraire de retour initialement prévu, je n’ai eu que du bonheur car cette balade sur le « Cami de la Retirada » est superbe, surtout par un grand beau temps comme j’ai eu la chance d’avoir. C’était le 6 mars dernier, il est 10 heures tapantes quand je traverse le pont sur le Tech et laisse ma voiture à la sortie de Prats-de-Mollo près du centre d’accueil du village de vacances. Le départ est là au bord de la D.115 et pour les nuls en histoire, un grand panneau rappelle, photo à l’appui,  très brièvement le récit de ce « cami ». Voici ce que l’on peut lire : « En 1939, à la fin de la guerre d’Espagne, sont arrivés par ce chemin des milliers d’hommes et de femmes fuyant la répression franquiste. Les Pratéens les accueilleront avec dévouement ». Tout en haut, au col d’Ares sur un panneau similaire, on lira mais beaucoup plus tard« Ce chemin a été emprunté en 1939 à la fin de la guerre d’Espagne par des milliers d’hommes et de femmes fuyant la répression franquiste et laissant derrière eux leur terre et tout leur passé ». Enfin et toujours au col d’Ares sur la stèle en hommage à ces hommes et femmes, on pourra lire« Aux Républicains Espagnols, civils et militaires, qui franchirent le col d’Ares en janvier - février 1939. La Retirada, épilogue d’un drame humain sans précédent dans l’Histoire ». Voilà bien sûr, un « dérisoire » résumé de ce drame humain mais si l’Histoire de la Retirada vous intéresse, sachez que la bibliographie sur ce thème est très importante. Parmi tous les livres, s’ils n’étaient pas quasiment introuvables, je citerais ceux de l’écrivain local Jean-Claude Pruja : « Premiers camps de l’exil espagnol - Prats-de-Mollo 1939 » ou encore « Retirada, janvier – février 1939 – Prats-de-Mollo témoigne » que j’ai réussi à trouver et à acheter non sans mal sur Internet. Après la lecture de ce premier panneau, j’emprunte sur quelques mètres la D.115 puis un petit chemin qui file à gauche vers El Sandreu et passe devant un très beau calvaire. Jalonné de nombreux panonceaux de randonnées, si aujourd’hui seul le « Cami de la Retirada » retient vraiment mon attention, je ne peux m’empêcher de regarder avec un petit pincement au cœur celui indiquant le P.R.12 qui file vers Notre-Dame du Coral. Dans ma tête, les souvenirs de mon Tour du Vallespir d’août 2009 resurgissent. Lors de l’étape Saint-Guillem - Prats-de-Mollo, j’avais galéré comme jamais dans la forêt du Miracle, en raison du nombre incalculable d’arbres couchés par la tempête Klaus. J’avais gardé des séquelles de cette divagation inattendue, une plaie à un genou et d’horribles brûlures d’orties sur tous les membres dues à une chute. Dès le lendemain, au départ de Prats-de-Mollo, ces blessures m’avaient contraint à faire une entorse à mon Tour du Vallespir lors de l’étape menant à Notre-Dame de Coral. Ce jour-là, éreinté par une mauvaise nuit et meurtri, j’avais préféré ce « petit » P.R.12 bien plus court et donc bien plus facile plutôt que le vrai itinéraire du Tour du Vallespir montant par la tour de Mir et le col d’Ares. En empruntant aujourd’hui ce même démarrage, pour revenir ensuite par le Tour du Vallespir depuis le Col d’Ares, j’avais le sentiment de réparer un peu cette entorse de 2009. Heureusement, une fois le pont sur la rivière Canidell franchit, les deux chemins se sont séparés et les souvenirs de mon Tour du Vallespir sont partis momentanément dans les agréables oubliettes de ma mémoire. Le sentier s’est mis à grimper dans les bois en suivant le minuscule ruisseau de la Coume de Joan puis quelques ludiques panonceaux décrivant la faune du secteur ont occupés quelques instants mon esprit et ont mis un terme définitif à mes vieilles pensées. Peu de temps après, le sentier s’est hissé au milieu du parc aventure « Mont oz’arbres » où d’autres pancartes d’un sentier botanique ont retenu mon attention. Les panonceaux « Cami de la Retirada » étant fort nombreux, j’ai cru bon d’éteindre mon GPS car j’avais acquis la certitude que ce parcours serait parfaitement balisé d’un bout à l’autre. Après avoir retrouvé et traversé le D.115, je suis entré définitivement en forêt pour n’en ressortir qu’une heure et demie plus tard. Il faut dire qu’une fois encore, j’ai flâné plus que de raison car avec mon numérique, je tentais très souvent de surprendre les nombreux petits passereaux qui chantaient à tue-tête et qui avaient abondamment investi autant les feuillus que les résineux de cette magnifique forêt domaniale du Haut-Vallespir. Le sentier suivait le Ravin de Flameijes mais malgré la dense forêt, des fenêtres s’entrouvraient très régulièrement laissant percevoir de très belles vues vers les domaines pittoresques et verdoyants de Cal Touro et de Costerèbe mais aussi vers les crêtes alentours où la « dominante » tour de Mir jouait les « surgés » des panoramas. Sur les plus hauts mamelons, quelques plaques de neige faisaient de la résistance face à ce chaud soleil de mars et tout en montant, le plus souvent à l’ombre, j’étais confronté moi aussi à ces minuscules névés. Minuscules mais bien glacés et qui m’obligeaient à redoubler de vigilance sur ce sentier pas toujours stabilisé car étroit et constamment en balcon au dessus de ravines. Entre les Chalades (*) de Flameijes (**) et le Pla de l’Espinasse, les décors s’élargirent et dans un ciel bleu d’une pureté absolue, les vues enneigées du Massif du Canigou et des Esquerdes de Rotja s’entrouvrirent de manière éclatante. L’itinéraire déboucha une fois encore sur la D.115 mais à ce lieu-dit de l’ « Homme Mort », les panonceaux toujours présents m’indiquèrent de ne pas la traverser mais de la suivre de manière parallèle. Peu après, je perdis toute trace du balisage jaune que j’avais suivi jusqu’à présent et il me sembla préférable de rallumer mon GPS pour en examiner le tracé enregistré. Ce dernier m’indiquait de m’éloigner de la route, de partir sur la droite et effectivement les marques jaunes étaient bien là sur de petits poteaux plantés dans le sol. Sans doute confrontés au même problème que moi, des randonneurs avaient cru bon d’ériger en sus et dans les prés quelques minuscules cairns. Tout en montant, j’avais l’impression que le Vallespir s’ouvrait tout entier à mon regard et en prêtant plus particulièrement attention à certains paysages, je retrouvais assez facilement d’autres lieux où j’avais pris plaisir à randonner : Notre-Dame de Coral, les tours de Cabrens,  le Mont Negre et encore plus loin le Pilon de Belmatx. Sur la gauche du sentier, l’étonnante chapelle romane de Sainte-Marguerite me sortit de ces réflexions. Bien que ruinée, j’avais lu qu’elle datait du 13eme siècle, la première mention écrite datant de 1264 exactement et de ce fait, elle était inscrite aux Monuments Historiques depuis 2009 car le site avec son hospice constituait un des rares témoignages des hospices de montagne médiévaux de la région. Au Moyen-âge, la chapelle et l’hospice dédié à Sainte-Marie venaient en aide à tous les voyageurs franchissant le col d’Ares et plus précisément aux pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle. Après cette belle découverte qui mériterait sans aucun doute une légitime restauration, j’ai quitté la chapelle pour rejoindre le dernier panonceau « Cami de la Retirada » aperçu. Ici, le sentier s’est encore élevé quelques instants puis a filé bien plat au milieu des pelouses, toujours parallèle à la D.115 dont j’apercevais quelques sinuosités en contrebas. Au moment où l’itinéraire coupa le bitume, j’ai estimé que l’heure du pique-nique était arrivée. Alors, je me suis assis dans l’herbe légèrement en contrebas de la route et j’avais à mes pieds un profond ravin, celui du Col d’Ares et devant moi un panorama exceptionnel sur une grande partie du Vallespir bordant toute la crête frontière. De manière très anarchique, les petites collines, les puigs plus importants et les profondes ravines se succédaient jusqu’à un horizon bleuté dont je ne voyais aucune limite. Un couple de rapaces, sans doute des vautours fauves,  se mit à tournoyer quelques instants au dessus de ma tête et disparut dans les conifères couronnant le Mont Falgas. Si le col d’Ares était désormais tout proche, le large chemin qui y menait était suffisamment enneigé voire bourbeux par endroits pour que la marche se transforme en une petite épreuve sportive non prévue au programme. Avec par endroits, une épaisseur de poudreuse de 40 à 60 centimètres amassée en congères, des raquettes auraient été les bienvenues mais les miennes étaient restées à dormir bien sagement au fond de mon grenier. Cette petite mésaventure passée, le col d’Ares et sa stèle en hommage aux Républicains espagnols arrivèrent heureusement très vite et désormais sur l’asphalte, j’avais tout le loisir de visiter et d’apprécier les lieux. Avec le bleu profond du ciel, le blanc des montagnes enneigées et un patchwork de bruns et de verts, ce spectacle coloré était somptueux. Des panoramas époustouflants se dévoilaient à la ronde vers le Vallespir, le Val de Camprodon, le Pic de Costabonne et le Massif du Canigou. Seul inconvénient à ces déboires neigeux que je venais de connaître, une vieille tendinite au genou droit s’était réveillée alors j’hésitais quant à la manière dont j’allais retourner à Prats-de-Mollo et ma voiture. Trois itinéraires principaux étaient possibles : soit refaire le Cami de la Retirada en sens inverse et donc dans le bon sens pris par les Républicains espagnols en 1939, soit prendre l’itinéraire du Tour du Vallespir, direction les Basses de Fabert puis la tour de Mir comme je l’avais prévu initialement et dont le panonceau m’annonçait une distance de 12 km restant à parcourir ou enfin, emprunter le longue piste forestière des Carbonères (***). Enfin la dernière et la plus sage aurait été que je fasse du stop mais ça il en était hors de question. Primo parce que j’estimais que la douleur n’était pas suffisamment violente, secundo, car j’avais encore envie de marcher et tertio car il n’était pas question que je batte en retraite, un comble sur ce « Cami de la Retirada » ! Je me suis donc installé à une table de pique-nique, j’ai déplié ma carte IGN afin d’analyser les différentes possibilités, leurs distances et leurs configurations. Bien qu’il était l’itinéraire le plus court, refaire le « Cami de la Retirada » en sens inverse ne me « bottait » pas trop, car en général je n’aime pas trop les aller-retour en randonnée pédestre. Prendre l’itinéraire du Tour du Vallespir comme initialement prévu avait ma préférence car je réparais définitivement mon « entorse » de 2009 mais seul inconvénient, j’appréhendais la descente très abrupte et caillouteuse après la tour de Mir que je connaissais parfaitement. Pour réparer une « entorse » morale, je risquais, sans genouillère, de m’en faire une vraie d’entorse, bien physique celle-là ! Alors au regard de la petite douleur lancinante que j’avais au genou droit, j’ai pris la décision la plus raisonnable et j’ai finalement opté pour la Route forestière des Carbonères démarrant tout près de la Chapelle Sainte-Marguerite. Depuis le Col d’Ares, j’ai donc repris le chemin en sens inverse jusqu’à proximité de la chapelle. Là, j’ai démarré une longue et fastidieuse descente dont le seul aspect positif était la « planitude » de la piste dont j’espérais qu’elle préserverait suffisamment mon genou jusqu’à Prats. Comme toujours, j’ai comblé ce laborieux retour en photographiant tout et n’importe quoi et notamment des oiseaux. Les pinsons, de très loin les plus nombreux, semblaient avoir pris possession de tous les arbres de la forêt. Leurs chants puissants aux notes variées emplissaient la forêt. Parfois quand ce concert s’arrêtait soudainement, j’en étais presque surpris mais ce silence retrouvé ne durait jamais bien longtemps. Après deux heures quinze de pistes DFCI, j’ai finalement atteint le radier sur la rivière Canidell puis peu de temps plus tard, j’ai abouti à la Maison Forestière de Can Got. Là, une pause casse-croûte a été la bienvenue car je n’étais ni au bout de mes peines ni encore arrivé. En effet, il me fallut encore trois quart d’heures de plus pour rejoindre Prats-de-Mollo d’abord par le P.R, sentier N°7 de la tour de Mir puis pour finir, par la D.115. Malgré, cette nouvelle « entorse » à l’itinéraire initialement prévu, j’étais plutôt satisfait car mon genou avait tenu la distance. Prats-de-Mollo, cité de mes « entorses » morales et physiques à répétition mais où je ne bats jamais en « retirada », telle était une fois encore le dénouement de mes péripéties dans cette partie du Vallespir. En conclusion, cette balade sur le « Cami de la Retirada » se terminait bien et j’étais resté 8 heures sur les chemins du côté du col d’Ares et au dessus de Prats-de-Mollo. Telle qu’effectuée, cette randonnée a été longue d’une vingtaine de kilomètres environ. Pour un aller-retour sur le Cami de la Retirada, il faut compter une quinzaine de kilomètres seulement quand à un retour par le Tour du Vallespir et la tour de Mir, c’est 21 à 22 kilomètres qu’il vous faudra parcourir. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25. (*) Chalade : dans les Pyrénées-Orientales, le mot « chalade » vient du catalan « eixalada » signifiant « pente abrupte » mais dans d’autres régions (Lorraine, Ardennes, Vosges) il signifie clairement « chemin en lacets dans une pente » (note extraite de « Les noms des lieux en France – Glossaire des termes dialectaux » d’André Pégorier. (**) Flameijes : le mot « flameije » signifie « flammèche », cette parcelle de flamme qui se détache d’une matière en combustion. (***) Les Carbonères : Bien entendu le mot « flameije » a un rapport certain avec les Carbonères c'est-à-dire ces « charbonnières » où les charbonniers d’antan amoncelaient du bois vert sous forme de meules pour fabriquer du charbon de bois. Aux temps jadis, le charbon de bois était le principal moyen de chauffage car ses propriétés « chauffantes » étaient bien supérieures à celle du bois. Son usage s’amplifia avec la révolution industrielle et les guerres. Ainsi, il servait dans les gazogènes, pour les fers à repasser, dans les chaufferettes, aux métallurgistes, aux chaudronniers, aux boulangers, aux forgerons miniers et autres, aux ferblantiers, aux maréchaux-ferrants mais également aux pharmaciens qui l’utilisaient pour ses propriétés filtrantes et chimiques. C’est au début des années 1950 que l’utilisation du charbon de bois comme combustible commença à décliner remplacé par des moyens plus performants et plus propres comme le gaz ou l’électricité.

    Enregistrer


    votre commentaire

  • Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons de Renaud extraites de son album "Tournée d'Enfer". Elles ont pour titre : "Morgane de toi", "Marchand de Cailloux" et "Pochtron !".

    C’est au cours d'une randonnée au Château des Maures et déjà, au départ de Caudiès-de-Fenouillèdes que j’ai découvert des panonceaux indiquant un « Chemin du Facteur ». En septembre 2011, j’ai de nouveau aperçu ces panonceaux lors de mon Tour des Fenouillèdes et même si je me doutais qu’il s’agissait sans doute de refaire la tournée d’un vieux facteur, j’en ignorais le détail et je me demandais en quoi consistait ce chemin. Je me suis donc mis en quête de renseignements sur Internet car si le panonceau que j’avais aperçu au départ de Caudiès spécifiait la présence de cette randonnée sur le topo-guide du Haut-Fenouillèdes, je ne disposais pas de cet ouvrage. En définitive, j’ai trouvé le circuit en question. Un circuit VTT certes mais un circuit parfaitement réalisable à pied car je pouvais le réduire et le ramener aux 14 kilomètres indiqués sur le panonceau. Il ne me restait plus qu’à programmer ce « Chemin du Facteur » et à croiser les doigts pour que la journée en question soit magnifiquement ensoleillée. Le 24 février, le jour tant espéré arriva et finalement la météo allait bien au delà de mes espérances. Un soleil estival et un ciel pur et bleu m’accompagnèrent jusqu’à Caudiès et ils étaient encore là sur la Promenade des Basses au moment où je m’apprêtais à démarrer cette belle randonnée. J’étais très heureux à la fois de savoir que j’allais sans doute balader avec cette superbe météo toute la journée mais aussi de savoir que cette marche consistait à mettre mes pas dans ceux d’un facteur rural vieux de presque deux siècles. Un facteur rural pour lequel j’avais acquis beaucoup de respect suite à  la lecture de diverses sources d’informations où leurs conditions de travail déplorables étaient mises en exergue. Après des recherches un peu plus approfondies sur le Web, c’est bien en cela que consistait ce chemin, refaire une tournée d’antan telle qu’elle s’était faite en 1830 quand le service rural avait été mis en place pour la première fois. Cette loi instaurant un service postal rural mise en oeuvre par le Baron Joseph de Villeneuve-Bargemont, nouveau Directeur Général des Postes fut, au même titre que l’instauration du timbre-poste en 1849, une véritable révolution. Jusqu’ici  la distribution à domicile du courrier n’était que le privilège des citadins et ce nouveau service consistait en une desserte obligatoire tous les deux jours pour tous les villages de campagne y compris les hameaux les plus reculés. A  l’époque, 5.000 facteurs furent recrutés sur toute la France et la plupart étaient d’anciens militaires que la marche ne devait pas effrayer. Ce chiffre alla crescendo d’année en année jusqu’à atteindre 23.000 en 1910. Deux ans plus tard, en 1832, la tournée des campagnes devint quotidienne. Selon les statistiques de 1877, la tournée moyenne qu’un facteur rural devait accomplir était de 27 kilomètres, chiffre déjà très conséquent,  pourtant le record était paraît-il égal au double de cette distance avec une tournée de plus de 53 kilomètres effectuée par le facteur de Vicq-Exemplet dans l’Indre. A l’époque, l’Administration des Postes estimait qu’une tournée qui ne dépassait pas les 32 kilomètres ne pouvait pas être considérée comme trop longue. Si les facteurs étaient rémunérés en fonction de la distance réalisée, 4 centimes du kilomètre en 1830 puis 5 en 1845,  les salaires restaient très faibles et étaient surtout améliorés grâce à quelques « carottes salariales » pour services rendus en sus. Les facteurs ruraux que l’on utilisait de manière soutenue puisqu’ils marchaient 7 jours sur 7 étaient  peu estimés à la fois par leur Administration mais également par les usagers qui les considéraient très souvent comme des domestiques à leur service. A titre d’exemple, en 1835 et en gagnant 456 francs annuels, un cantonnier était mieux loti qu’un facteur rural car sur la base d’une tournée moyenne de 25 kilomètres et selon la rémunération à la distance mentionnée ci-dessus, un facteur rural gagnait seulement 365 francs annuels en 1830  et 450 francs en 1845. Il est vrai qu’à cette somme venaient s’ajouter des indemnités pour « frais de chaussures » dont on a aucune peine à imaginer la régulière et obligatoire nécessité. Ce n’est qu’en 1893 que les facteurs ruraux furent finalement autorisés à prendre un jour de congé par mois. Mettaient-ils à profit cette journée de congés pour aller randonner ? Laissez-moi en douter ! Comme quoi les temps ont bien changé depuis. Voilà pour l’Histoire de ce « Chemin du Facteur » dans lequel j’étais prêt à me lancer et qui depuis Caudiès-de-Fenouillèdes allait m’entraîner tour à tour vers de minuscules hameaux oubliés ayant pour noms Pescarou, Campeau, les Bergeries de la Couillade et de Malabrac puis le hameau éponyme lui-même. Si les ruines de ces derniers étaient encore visibles deci delà, ils devaient sans doute y avoir d’autres dessertes dans des lieux encore plus lointains voire encore plus isolés mais aujourd’hui complètement disparus car enfouis sous la végétation. La Promenade des Basses puis la Départementale 20 m’ont entraîné très rapidement en dehors du village. Après le pont sur la Boulzane, l’itinéraire toujours sur le bitume s’est mis à longer un instant la rivière dont le lit est aujourd’hui peu profond mais qui dans des temps plus reculés, était paraît-il navigable. Il y avait même un port à Caudiès comme l’atteste une « impasse du Port ». Si au départ l’itinéraire est commun au Sentier Cathare balisé ici en jaune et bleu, il faut ensuite le quitter, aussi malgré des routes et des chemins partant un peu dans tous les sens, les panonceaux « Chemin du Facteur » et le balisage jaune bien présents sont toujours les bienvenus et rendent judicieusement impossible tout égarement. Il en est ainsi jusqu’au pied de la Soula de la Roque où un unique et étroit sentier plutôt caillouteux met fin à la piste forestière qui elle-même a pris très rapidement le relais de l’asphalte de la D.20 allant vers Prugnanes. Le panonceau « Chemin du Facteur » suivant, je ne l’ai vu que quelques kilomètres plus loin en arrivant à Campeau puis, je n’en ai plus vu jusqu’à Malabrac et ça, on peut le regretter car si personnellement je connais très bien ce secteur autour de Bugarach, j’imagine aisément que tous les randonneurs venant ici ne sont pas dans mon cas. Au pied de la Soula de la Roque, le sentier s’est mis à grimper en suivant puis en dominant en balcon le minuscule Ravin de Missaut. De ce fait,  il laisse entrevoir de superbes vues sur Caudiès et la sombre et dense forêt de Boucheville, ubac de la vallée de la Boulzane qui s’étire dans une verdoyante mosaïque. Tout en montant, j’arrivais  aisément à reconnaître quelques sommets antérieurement cheminés comme le Sarrat Naout, les Pechs de Fraissinet et des Escarabatets ou bien encore le Pic d’Estable et tous me rappelaient d’excellents souvenirs de balades familiales ou solitaires. Puis le sentier s’est rapproché du ravin et les panoramas ont aussitôt disparus dès lors que le parcours est entré dans d’obscurs sous-bois de chênes verts et de buis. Ici en raison de la difficulté du sentier qui était devenu étroit, rocailleux et sombre, j’essayais de me mettre à la place des courageux vététistes qui l’arpentaient sans doute en sens inverse, c'est-à-dire dans le sens de la descente et finalement, j’étais plutôt content de monter. Toutefois, ne voyant plus du tout le soleil ni la moindre parcelle de firmament, j’avais l’impression de marcher non plus dans la forêt domaniale du Moyen-Agly mais au sein d’une véritable jungle amazonienne sombre et inquiétante. Ce ténébreux sous-bois s'étalait un peu trop en longueur à mon goût. Finalement, ce n’est qu’une heure plus tard qu’une première fenêtre s’est entrouverte sur  un coin de ciel bleu puis les arbres s’éclaircirent et je reconnus les collines ondulées et les grandes prairies verdoyantes augurant le hameau de Campeau. Au loin et à la lisière d’un bois, j’ai aperçu un chevreuil aussi surpris que moi mais qui n’accepta qu’une seule photo et qui détala ensuite à la deuxième. Puis en arrivant devant la petite mare de Campeau, ce fut autour d’un limicole d’être immortalisée dans mon numérique. L’oiseau ne demanda pas son reste et s’envola bruyamment. A mon retour à la maison, je fus très étonné de constater qu’il s’agissait sans doute d’un Chevalier culblanc (Tringa ochropus)  sans doute un peu perdu dans sa quête migratoire. J’étais parti dans l’idée de m’arrêter assez longuement dans le hameau ruiné mais un gentil cheval devenant un peu trop pressant à mon goût, semblait en avoir décidé autrement. Il n’arrêtait pas de me suivre alors je lui fis quelques caresses sur le front mais quand il vit que je l’abandonnais, il me poussa dans le dos et finalement, je fus si surpris que j’ai été contraint de « prendre mes jambes à mon cou » pour repartir bien plus vite que je ne l’avais envisagé vers la Bergerie de la Couillade. Heureusement, les arbres et les ruines de Campeau m’avaient très efficacement servi de bouclier. Après cet épisode plutôt cocasse où j’avais ri « jaune » sur la fin, je me suis mis à penser à ce pauvre facteur rural qui, lui, devait être confronter quotidiennement à ce type de désagréments avec les chevaux bien sûr mais surtout avec les chiens de troupeaux car à cette époque de très nombreuses bergeries très actives jalonnaient sa tournée. Finalement, en arrivant à la Bergerie de la Couillade, bien qu’il soit midi passé, je pris la décision de poursuivre jusqu’à ce que le Canigou magnifiquement enneigé soit la toile de fond de mon déjeuner sur l’herbe. Un déjeuner sur l’herbe certes sans muse dénudée car solitaire, mais dont la lumière extraordinaire des paysages n’aurait sans doute pas déplu à un Edouard Manet fin connaisseur en la matière. Après cet agréable pique-nique, j’ai eu un mal fou à lever le camp mais comme je savais que la flânerie serait de mise, je me suis mis en route sans trop gamberger. Contrairement au facteur, moi  je n’avais aucune missive à délivrer à personne, tout le temps pour retrouver Caudiès et ma seule tournée était celle que j’étais entrain d’accomplir autour de l’emblématique Pech de Bugarach qui apparaissait sans cesse au dessus de petites collines débonnaires. L’expérience du cheval de Campeau étant encore toute fraîche dans ma mémoire et l’itinéraire m’entraînant vers un grand groupe de chevaux que je vis de très loin du côté des ruines de la Bergerie de Malabrac, je pris la sage décision de quitter le sentier pour marcher derrière une haie bien à l’abri du regard des équidés. Ce choix eut pour effet d’arrêter net ceux qui avaient déjà pris la décision de venir vers moi. Peu de temps après, le sentier tourna le dos au Bugarach et se mit à descendre sur une large piste parfaitement balisée car commune au Tour des Fenouillèdes et au G.R.36. Juste avant Malabrac, je pris la décision de rester sur ce balisage et donc de quitter la large piste au profit d’un étroit sentier puis, finalement, je me suis ravisé et juste avant d’amorcer l’abrupte descente de la Soula de la Roque que j’avais déjà prise dans ce sens lors de la balade au Château des Maures, je fis demi-tour et partit vers le vieil hameau abandonné. Après tout, le hameau de Malabrac constituait une étape essentielle pour le facteur de Caudiès et je ne me sentais pas le droit de l’oublier dans ma propre balade. Une fois au village, et de fil en aiguille, je pris la décision de poursuivre sur la piste qui filait en dessous du plateau de la Gorbelhe. Je savais que la randonnée ferait quelques kilomètres supplémentaires et non plus 14 kilomètres comme prévue initialement mais ce n’était pas bien grave. Il faisait un temps splendide et j’avais encore beaucoup de temps pour arriver. Si ce tronçon en forêt puis en balcon sur le Ravin dels Adoutx offrant de très belles vues sur Caudiès fut plutôt agréable, les 4 kilomètres du retour sur l’asphalte de la D.9 jusqu’à l’arrivée furent tout de même relativement fastidieux. Comme très souvent, je mis à profit ce languissant épilogue pour photographier tout et n’importe quoi mais aussi quelques oiseaux, histoire de voir si je pouvais garnir mon album ornithologique d’un nouveau volatile. Lors du dernier kilomètre avant l’arrivée à Caudiès, je fis la connaissance d’un vieux papy qui revenait da sa vigne et avec lequel la conversation s’engagea. Enfin c’était surtout lui qui parlait et moi je ne faisais que l’écouter. Il me paraissait très alerte pour les 90 printemps qu’il venait de m’annoncer mais au fil de la teneur de notre entretien, son ardeur s’estompa. Il faut dire que sur les quelques décamètres qu’il nous fallut faire pour atteindre sa maison, il me raconta toute son existence parfois de manière répétitive et assez désordonnée : son enfance et sa jeunesse à Saint-Laurent-de-Cerdans, la rencontre avec son épouse qui était espagnole, son mariage dans les années 40, sa vie professionnelle dans une fabrique de vigatanes, sa retraite à Caudiès, ses enfants qui ne venaient pas suffisamment le voir. Mais dans ce flot de récits, un seul revenait comme une litanie et semblait lui tenir le plus à cœur c’était de me parler de son épouse bien-aimée qui atteinte de la terrible maladie d’Alzheimer avait récemment fini sa vie ballottée entre des services spécialisés, l’hôpital de Quillan pour finalement décédée à celui de Perpignan. Tout en parlant, il sanglotait et n’arrêtait pas de répéter « ils me l’ont laissé mourir de faim à l’hôpital de Perpignan ! » puis inlassablement « elle me manque beaucoup, vous savez ! ». A coup sûr, la récente solitude pesait comme un énorme fardeau sur les épaules de ce brave homme et il paraissait dans une grande détresse. Quand finalement, nous arrivâmes devant le seuil de sa porte, à mon tour j’avais les larmes aux yeux. Il me serra la main puis il mit la sienne sur mon épaule et me dit « merci, allez ça va aller ! » puis il tourna les talons et rentra chez lui. Avec, ce « allez ça va aller », parlait-il de lui ou de moi ? Je ne le saurais jamais. Ce matin, j’étais parti sur ce « Chemin du Facteur » le sourire aux lèvres et voilà que je terminais cette balade la larme à l’œil et bouleversé par l’histoire pathétique de ce nonagénaire caudiésois. Jean qui rit, Jean qui pleure, ainsi va la vie ! Telle qu’expliquée ici, cette randonnée a été longue de 19 kilomètres environ pour un dénivelé de 517 mètres et des montées cumulées égales à 1.122 mètres. Vous pourrez bien sûr réduire tous ces chiffres en empruntant le vrai « Chemin du Facteur » qui revient par le Soula de la Roque plutôt que par la longue D.9 que j’ai empruntée pour finir. Cette balade figure sur le topo-guide Chamina Edition intitulé Corbières Fenouillèdes- Vallée de l’Agly –Pyrénées-Orientales- 36 circuits de petite randonnée. Cartes IGN 2347 OT Quillan-Alet-les-Bains et 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

    Enregistrer


    votre commentaire
  • Ce diaporama est enjolivé avec des musiques de Joyce Cooling extraites de son album "Playing It Cool". Elles ont pour titre : "Imagine that" et "Savannah".

    La personne qui vient à Caramany faire cette randonnée « Autour du Grand Rocher » sans connaître l’étymologie de la cité risque de se demander de quel « grand rocher » il s’agit. En effet, si le village est perché à l’humble altitude de 250 mètres entre deux pitons rocheux tout aussi modestes que sont le Mont Redon (394 m) et la Bade (313 m), l’intitulé de cette balade peut donc laisser songeur le randonneur mal informé. C’est en tous cas, la réflexion que j’ai eu quand, il y a quelques années, je suis venu faire cette belle randonnée pédestre pour la première fois. A l’époque, j’ignorais que Caramany tirait son origine de l’élément « kar » signifiant « pierre » et du latin « magnus » signifiant « grand » et que par extension, cette « grande pierre » était appliquée à tout rocher fortifié et par ricochet à un grand château fort. D’ailleurs, on retrouve « ker » dans d’autres langues comme la celte ou la bretonne où ce seul préfixe signifie « colline fortifiée », « forteresse », « château », « citadelle », etc…etc…. Ici, au fil du temps, les « kar magnus » ou « ker magna » ont fini par donner Karamay en 1211, Karamanho en 1242, Caramain en 1261, Caramayn en 1304 et Caramany en 1395. Sur les cartes Cassini, on trouve Caramaing et en occitan, le village devient Caramanh mais c’est la graphie catalane « Caramany » qui est restée la plus usitée. (Source : Wikipédia)  Une fois toutes ces précisions bien arrêtées, on n’est guère plus avancé car en réalité, on ne va n’y faire le tour d’un grand rocher et encore bien moins celui de l’ancien château médiéval, ça serait bien trop facile. Alors que viens-t-on faire au juste ici ? Et bien, il faut admettre que si le village mérite bien le détour et j’en conseille d’ailleurs la visite sans nécessité d’en faire le tour, le principal attrait de cette balade reste le lac de barrage sur l’Agly. Un barrage dont la construction puis la mise en eau s’est faite avec des soubresauts au sens figuré et au sens propre. Au sens figuré quand les archéologues mirent à jour une vingtaine de sites historiques s’étalant du Néolithique au Moyen Âge dans la zone inondable mais au sens propre aussi quand un séisme de 5,3 sur l’échelle de Richter eut lieu le 18 février 1996 au moment même où le remplissage arrivait presque à son terme. Tout ça sans parler du vignoble dont une grande partie a du être sacrifiée voir replantée dans des zones moins humides. Avec la présence du lac, c’est donc une balade plutôt rafraîchissante que l’on va accomplir, dans un cadre qui ne l’est pas toujours et notamment aux heures les plus chaudes de l’été. Pour moi, grâce à mon appareil photo muni d’un bel objectif, ce lac signifie  de voir des oiseaux et à ce titre, je dois dire que je n’ai pas été déçu tant la chance a été avec moi ce jour-là. Le départ s’effectue devant la cave coopérative vinicole où un panneau indiquant la balade est bien présent au même titre que quelques autres comme le « Balcon de la Pêche », le « Balcon du Lac » ou celui des Fenouillèdes. Si ce panneau indique très clairement de partir vers le village, nous, nous sommes partis à l’opposé en direction du lac. Ne voyez aucun malice à cela car si l’on a fait ce choix, c’est simplement que la fois précédente où nous avions réalisé cette randonnée, nous l’avions faite dans le sens préconisé. Alors bien sûr, comme il s’agit d’une boucle, il n’y a pas réellement un « bon sens » pour faire cette balade et que ce soit dans une direction ou dans l’autre, l’essentiel sera de trouver son chemin puis de revenir à la cave et à son véhicule. Pour nous le GPS était dans la poche pour nous y aider. Si vous n’avais pas ce petit appareil bien pratique, il vous faudra suivre le balisage jaune propre à ce P.R. ainsi que les panonceaux signalétiques indiquant « le Grand Rocher ». De toute manière et dans les deux cas, le début et la fin se terminent par de l’asphalte toujours un peu désagréable à cheminer et même un peu fastidieux, il faut bien l’avouer. L’avantage du sens contraire à celui préconisé, c’est que l’on garde la visite de Caramany pour la fin et même comme un agréable dessert si l’on décide de finir la balade à l’excellente Auberge du Grand Rocher, à condition bien sûr qu’elle soit ouverte. Il faut donc se renseigner au préalable. Mais pour l’instant, nous n’en sommes pas là et nous, à une stèle en mémoire au premier coup de pioche de la construction du barrage, on a quitté d’emblée l’itinéraire pour rejoindre le bord du lac où quelques oiseaux m’attendaient sagement pour quelques jolies photos. Bien sûr, rien ne vous obligera à faire de même et il suffira que vous restiez sur la petite route car à la fin du bitume, il suffit  de suivre la piste DFCI N°F67 qui file à gauche et tout droit et qui, peu à peu, s’élève au dessus du lac. Il va en être ainsi sur un peu moins de 2 kilomètres, toujours de manière rectiligne et sur la piste qui est parallèle à la berge méridionale du lac. Avant un virage en épingle où se trouve un point d’eau DFCI et quelques panonceaux indicatifs, on aura rencontré un grand panneau décrivant les différents vestiges archéologiques désormais immergés mais découverts avant la mise en eau du barrage. Au virage, les vues sur le lac se font plus grandioses et je prends plaisir et tout mon temps à photographier quelques oiseaux qui ont élus domicile sur le miroir bleuté ou sur ses berges. Tout en montant car le dénivelé devient plus conséquent, se dévoilent de magnifiques paysages : Vers le bout du lac en direction d’Ansignan et de son aqueduc romain émerge la très reconnaissable Serre de Vergés déjà gravie, encore plus loin le Pech du Bugarach laisse entrevoir son originale bosse pachydermique légèrement blanchie par quelques flocons de neiges tombés ces derniers jours. Toujours à l’horizon mais dans la direction opposée, c’est le Pic Aubeil également gravi au cours d’une jolie boucle autour de Bélesta que l’on aperçoit.  Devant, c’est le débonnaire Roc de Lansac qui étale quelques boqueteaux de chênes verts, la garrigue de ses « camps » oubliés et quelques vignobles descendant jusqu’aux rives du lac. Dans ce superbe décor, quelques ocres parcelles se reflètent sur la surface qu’elles assombrissent de leurs grandes silhouettes.  Ces grandes formes sombres contrastent avec le bleu outremer qui prédomine ici dans ce panorama aérien absolument exceptionnel. Sur les berges opposées, couleur ivoire, quelques oiseaux arpentent les paisibles plagettes. La large piste continue de monter en virages, elle se stabilise puis monte encore et au fil de cette modeste ascension, la végétation change. Les chênes verts laissent la place à quelques pins, cèdres et autres chênes blancs. On poursuit le balisage jaune mais on se fie aussi à la signalétique « Grand Rocher » qu’il faut bien sûr emprunter en sens inverse à celui fléché.  L’heure du pique-nique ayant sonné, on s’installe au pied d’un haut mirador non sans en avoir gravi au préalable les quelques marches afin de profiter des extraordinaires et époustouflantes vues embrassant l’aval du lac et le village de Caramany. Peu après cette pause, la vue sur le lac s’évanouit et au bord du chemin, les décors changent. Au milieu des petits vignobles aux sables ocreux, les cabanes, casots et « feixes » en pierres sèches se succèdent. Sur la droite, le long Serrat du Roc Rouge étire sa haute croupe boisée et bosselée. Le chemin descend parfois dans de minuscules ravines pour mieux les remonter quelques enjambées plus loin. A partir d’ici et en raison du grand nombre de chemins et de pistes partant en tous sens, il faut prêter bien plus attention au balisage ou bien marcher avec la carte IGN à la main ou mieux encore avec un GPS au tracé préenregistré. Ravin de Camarère, Llèbretous, Péménard, voilà les noms des quelques lieux-dits que l’on trouve sur la carte et que l’on va côtoyer à l’approche de Caramany. La fin, plutôt sinueuse, devient plus laborieuse car le village est parfois droit devant dans la ligne de mire puis on s’en éloigne pour mieux y revenir semble-t-il, mais non, on s’en éloigne à nouveau puis on y revient comme à presque le toucher avant de s’en écarter de nouveau et d’en faire un grand tour en laissant sur la droite les vestiges d’un vieux moulin à vent sur les contreforts du Mont Redon. Ici l’intitulé de la balade « Autour du Grand Rocher » prend tout son sens car le village était tout près puis l’éloignement devient de plus en plus significatif et la nouvelle approche par son côté sud-est et sur l’asphalte est tel qu’on aurait presque pu l’appeler « autour du pot » tant on ne voit pas la ligne d’arrivée survenir. Après maints et maints « atermoiements », on atteint finalement la D.21 et les premières maisons. Le village est là à quelques pas et désormais on retrouve le plaisir de la marche et de la découverte en arpentant quelques agréables ruelles. Si le village peut être vite traversé, il faut néanmoins en visiter l’essentiel de son patrimoine architectural avant d’en ressortir en poursuivant encore la D.21 pour rejoindre la cave vinicole et son parking où l’on a laissé la voiture. Selon le tracé enregistré dans mon GPS, la distance accomplie a été longue de 14km900 pour un très modeste dénivelé de 208 mètres mais des montées cumulées de 1.198 mètres, le point culminant étant à 385 mètres d’altitude. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.


    votre commentaire
  •  
    Ce diaporama est agrémenté de diverses musiques du compositeur Hans Zimmer. Elles ont pour titre : "In The Beginning (avec Lorne Balfe)", "This Land-From The Lion King/Score (avec Lebo M)", "Journey To The Line (de Gavin Greenaway)", "Agressive Expansion (avec James Newton Howard)", "A Watchful Guardian (avec James Newton Howard)", "Like A Dog Chasing Cars (avec James Newton Howard)" et "First Step".

    Si pour vous le Perthus n’est que synonyme de cigarettes et d’alcools, il est probable que cet article ne soit pas vraiment fait pour vous. En effet, quel intérêt pourrait-il y avoir à partir à pied depuis le village des Cluses pour monter jusqu’au Perthus en suivant la Vallée dit de la Rome puis revenir au point de départ par cette même vallée après avoir parcouru une boucle d’une quinzaine de kilomètres voire un peu plus ? Par contre, si une fois encore vous aimez autant l’Histoire avec un grand « H » que moi, alors là, vous avez de quoi remplir une belle journée de marche et quelques autres journées à chercher sur le Net ou dans les bibliothèques quelques explications à tous ces vestiges du temps passé. Pour tout vous dire, il y a tant de découvertes à faire sur ce circuit, que j’ai longuement hésité avant d’attribuer un seul titre à cette balade. Bon, le point culminant et le « clou » de la randonnée c'est-à-dire l’intérêt principal reste le Fort de Bellegarde, dont l’histoire est très ancienne même si la colossale fortification telle qu’on la découvre aujourd’hui encore n’a été édifiée qu’au 17eme siècle par le maréchal Vauban et l’ingénieur Saint-Hilaire. A ce sujet, vous en apprendrez beaucoup plus que je puisse en dire ici en lisant les quelques pages d’un remarquable petit livret écrit par l’ancien maire du Perthus Jean-Louis Nibet intitulé le « Fort de Bellegarde » paru aux éditions Imprimerie Littéraire Michel Fricker en 1988. Mais pour faire bref, le Fort de Bellegarde est planté sur un piton rocheux culminant à 424 mètres d’altitude surplombant à la fois les plaines de France et d'Espagne, en l’occurrence celles du Roussillon et de l’Emporda. Il fut d'abord un château médiéval dont la première mention remonte à 1324. Il fut ensuite aménagé au XVIIe siècle en garnison militaire servant de poste d'observation. La suite avec Saint-Hilaire et Vauban c’est grosso modo, la forteresse que l’on connaît aujourd’hui. Mais d’abord, partons sur les chemins et allons voir ce fort et tout le reste ! Comme indiqué, la balade démarre du village de Les Cluses et pour être plus précis des Cluses du milieu (del Mig) car, il y a aussi et vous le trouverez au singulier sur les cartes IGN, la Cluse Basse (Baixa) et la Cluse  Haute (Alta). Un village trois en un en quelque sorte peu évident à décrypter pour le voyageur. On gare la voiture sur un parking non loin de la mairie.  On laisse l’hôtel de ville à gauche et on poursuit sur quelques mètres la D.71b derrière le monument aux morts. Le premier panonceau indicatif de randonnée mentionnant le Perthus est là et il suffit d’en suivre la direction en tournant à gauche dans une étroite ruelle. Immédiatement, la ruelle se transforme en un vieux sentier dallé qui laisse sur la droite les vestiges de quelques vieilles ruines puis s’élève dans un bois de chênes lièges et verts. Si j’en crois un autre panonceau, ces dalles ne seraient ni plus ni moins que l’ancien revêtement de la Via Domitia, alors peut être, marche-t-on sans le savoir dans les pas du célèbre général romain Pompée le Grand dont on découvrira le célèbre Trophée un peu plus tard du côté du Summum Pyrenaeum c’est à dire au col de Panissars. Quelques minutes plus tard, l’itinéraire traverse la D.71b et l’on emprunte cette fois-ci le Chemin de la Dressera (raccourci), ancienne voie romaine puis médiévale par endroits encore creusée des anciens charrois qui montaient à la Cluse Haute. De l’autre côté de la route, le Puig Sant Cristau déjà gravi et expliqué dans mon blog domine le paysage. Au moment, où l’on retrouve à nouveau la D.71b, on longe un parapet surplombant la vallée et un peu plus loin on constate la présence d’un grand panneau un peu défraîchi présentant les différentes richesses patrimoniales de la Vallée de la Rome. Ces explications sont le travail d’une association de chercheurs passionnés oeuvrant sans relâche pour mettre en valeur tous ces vestiges.  Ceux qui nous intéressent en premier chef sont là sous nos yeux et il s’agit des ruines de l’ancien castell des Moros ou château des Maures que l’on aperçoit de chaque côté de l’étroit défilé que compose le ravin. Ce mot « défilé », on le retrouve écrit en latin sur un autre panneau c'est-à-dire « clausurae » dès lors que l’on part visiter les quelques vestiges qui se trouvent sur ce flanc gauche de la vallée. Pour les ruines plus imposantes du flanc droit, il nous faudra attendre un peu et marcher encore beaucoup pour avoir le bonheur de les découvrir. D’ailleurs, il suffit de regarder droit vers le sud et en amont de la vallée, pour constater que notre principal objectif, le Fort de Bellegarde est loin d’être atteint. Il trône dans le lointain, majestueux, au sommet de son dôme boisé et dans son rôle de surveillant général des territoires français et espagnol, on comprend très facilement qu’on ne pouvait guère faire mieux. Après cette première découverte de quelques ruines, le sentier débouche en surplomb de la Cluse Haute et de sa magnifique chapelle préromane datant du 10eme siècle. Elle est dédiée à Saint Nazaire et ce qui frappe au premier regard c’est son superbe clocher mur percé de 4 ouvertures mais disposant d’une seule petite cloche. A cause d’un grand mur que l’on franchit et qui se trouve sur sa gauche et plus globalement autour du hameau, on croit comprendre que l’église et les maisons étaient encastrées dans l’enceinte d’un ancien château. Une curieuse et jolie arcade se terminant en escalier encadre l’entrée de la chapelle. Malheureusement fermée, une pancarte nous indique que pour une visite de l’église, la clé est à retirer auprès de la mairie. Nous poursuivons notre balade car le joli petit hameau est vite traversé et nous passons devant un très beau bâtiment de conception typiquement catalane en pierres et briques rouges. Fermé lui aussi, nous supposons qu’il s’agit de l’Office de Tourisme ou d’un musée. Juste après, l’itinéraire passe entre les énormes piliers de l’immense pont autoroutier et là, on prend conscience de l’évolution du réseau routier dans ce secteur frontalier qu’on appelle le plus souvent et plus généralement le col du Perthus. Depuis le passage d’Hannibal et de ses éléphants en 218 ans avant J.C jusqu’à nos jours en passant par les « via » romaines, les chemins médiévaux, le macadam de nos arrières grands parents, le bitume de nos parents et le colossal autoroute contemporain, il faut reconnaître que nous effectuons en quelques pas un grand écart de quelques siècles. Le plus drôle dans tout ça, c’est de constater que notre balade pédestre s’effectue, elle, sur une « classique » piste forestière bien en terre et caillasses garanties pur jus et c’est très bien ainsi. Il va en être de la sorte jusqu’au Perthus en longeant le Correc dels Pocs puis au lieu-dit Camp de la Pava, la terre disparaîtra dès lors que l’on retrouve l’asphalte de la D.71. Auparavant, le Canigou, chapeauté d’un gros matelas de nuages aura vainement tenté de nous montrer le bout de son pic, le Fort de Bellegarde nous aura fait un gros clin d’œil, quand à la magnifique pyramide de Ricardo Bofill, elle nous aura montré uniquement la face nord de son temple vermillon dont il faut bien admettre qu’elle n’est pas la face la plus originale. Si l’on a atteint le bitume de la D.71, le Perthus, lui, n’est pas encore atteint. Il faut encore descendre dans le vallon en direction du stade mais surtout du pont médiéval Alphonse V d’Aragon qui est également une jolie curiosité datant de 1429 mais parfaitement restaurée. Quelques minutes plus tard, on rejoint le parking à l’entrée du Perthus. Le Perthus, on connaît alors on s’en fout et les « cigarettes, le whisky,  ….. et j’aurais presque pu dire les « p’tites pépées » comme le chantait Annie Cordy ou encore Eddie Constantine mais non, les « p’tites pépées »  c’est un peu plus loin, juste après, à la Jonquera,……mais ce n’est pas le but de notre passage aujourd’hui alors on poursuit désormais l’itinéraire sur l’illustre G.R.10. Grâce au « fameux » balisage blanc et rouge et à un  ample panneau, on n'a aucun mal à trouver la suite du circuit qui par la rue de l’Eglise nous entraîne clairement vers le Fort de Bellegarde. L’église, c’est celle dédiée à Saint Louis, construction plutôt banale avec ses cloches fixées à même la toiture. Quelques minutes après, on commence à sortir du village et comme le Fort de Bellegarde joue les « arlésiennes », on a tendance à regarder derrière où les vues embrassent essentiellement les toitures du village. Dans ce panorama sans réel intérêt, on découvre néanmoins les deux grandes colonnes blanches marquant la frontière et qu’on remarque assez peu et beaucoup moins quand on emprunte l’autoroute. Mais une autre construction ressemblant de loin à une église attire davantage le regard et ce bâtiment, c’est le phare de l’aéropostale dont j’ai longtemps ignoré la présence sur les hauteurs du village. Ce village, on le quitte enfin, en longeant quelques chênes-lièges dont l’écorce dépecée du bas de leur tronc leur donne l’aspect « d’arbres sans culotte ». Quelques mètres plus loin, on découvre le « Reposoir de Madame » ou « Baraque Castellane » qui n’est ni plus ni moins qu’un petit casot ou une espèce d’abribus style « siècle des Lumières ». La lumière en question, c’était Madame la marquise de Castellane, épouse du gouverneur de Bellegarde qui se reposait ici lors de ses visites au château. A la vue d’un balisage peint sur quelques pierres et troncs d’arbres, on délaisse le bitume de la route et l’on finit par couper court en grimpant tout droit vers la monumentale forteresse. Ouf, la voilà enfin vaincue et ça tombe d’autant mieux que l’heure du pique-nique est déjà très largement dépassée car comme assez souvent, on a démarré cette randonnée plutôt tardivement. Le fort étant fermé mais comme on a l’idée de voir de beaux paysages, on s’installe en étage c'est-à-dire sur la partie extérieure la plus haute des remparts mais pas de chance ou la « Scoumoune (*) » comme aurait dit Belmondo qui connaît bien le fort pour y avoir tourné ce film avec la jolie Claudia Cardinale, non pas de chance car à cause d’un temps médiocre, les panoramas sont presque aussi fermés et hermétiques que le fort lui-même. Alors, on mange en se faisant une raison, en prenant un peu de repos, on visite l’extérieur du fort et on repart vers le col de Panissars et vers d’autres découvertes qui ont pour noms : les fortins, les casernements, le cimetière militaire du 17eme siècle, la Redoute, les ruines de l’ancien prieuré Sainte Marie, celles du Trophée de Pompée, celles des via Augusta et Domitia, la borne frontière 567. Comme je vous l’ai dit en préambule, il y a tant de choses à voir pour qui veut s’intéresser à l’histoire de ce « verrou » si important tout au long des siècles. Il fut si important que même un roi de France, en l’occurrence Philippe III de France dit le Hardi, y a perdu la vie pour en conserver le privilège. Ces découvertes une fois détaillées, le G.R.10 nous entraîne encore quelques temps vers l’arrivée puis peu après le mas Bardes et une piste bétonnée, on quitte le célèbre chemin au profit d’une piste forestière balisée en jaune. La partie la plus fastidieuse et la plus lassante est là et elle se terminera dès lors qu’on délaissera la piste pour un petit sentier qui aboutit aux ruines du Château des Maures. Là aussi, on reste subjugué par la longueur et l’importance de cette forteresse construite sur une crête rocheuse escarpée. Certains historiens l'attribuent aux Sarrasins mais bâtie sur les bases de vestiges paraît-il romains. D'autres historiens affirment que ces exceptionnelles fortifications auraient été érigées au temps de l’empereur Constance II vers 351 : 105 mètres de long et par endroits 28 mètres de large. Après avoir cheminé une succession de ruines, le sentier assez abrupt descend vers la rivière Rome qu’il finit par atteindre. On longe la rive gauche sur une centaine de mètres environ puis à la première occasion et dès lors qu’on aperçoit un sentier sur la rive opposé, on traverse à gué et quelques minutes plus tard, on retrouve Les Cluses. Le parking non loin de la mairie est là, sur la gauche à quelques mètres seulement du Pont-Vieux et d’autres ruines que l’on aperçoit de chaque côté de la Rome. Ainsi se termine cette belle et longue randonnée de 15 à 16 kilomètres environ où bonnes chaussures à tiges hautes sont vivement conseillées. Il en sera de même pour l’eau en quantité suffisante si la balade est effectuée en été. Si avec 290 mètres environ, le dénivelé est plutôt modeste, les montées cumulées sont supérieures à 1.150 mètres. Le point culminant de cette balade est le Fort de Bellegarde à 424 mètres dont une visite s’impose si vous ne le connaissez pas. Il est bien inutile d’approfondir la toponymie de « Bellegarde » car le nom francisé provenant de la contraction « bella » et « guardia » dans le sens de « guet » toute le monde en devine aisément l’origine. Moins évidente, la toponymie du village Les Cluses dont l’origine n’a rien à voir avec une quelconque « écluse »  mais plus sûrement avec une « clusa » qui n’était ni plus ni moins qu’un « verrou », un verrou que tous les visiteurs se sont évertués à cadenasser au fil des siècles. Aujourd’hui, le verrou est grandement ouvert, les trafics anciennement interdits mais largement pratiqués sont autorisés et nombreux sont ceux qui en profitent pour rendre le Perthus synonyme d’achats de cigarettes et d’alcools. Heureusement l’Histoire et le passé demeure....et c'est là l'essentiel....de cette jolie balade....Carte IGN 2549 OT Banyuls- Col du Perthus – Côte Vermeille Top 25.

    Enregistrer


    votre commentaire
  •  
    Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques composées par Vangelis Papathanassiou dont les titres sont "D'Opéra Sauvage" jouée ici par Alain Duvall Ensemble, "Irlande" par Vangelis et "Hymne" par Peter Weekers/Star Inc.
    L'ERMITAGE-DE-SAINT-FERREOL
    ERMITAGESTFERREOLIGN
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

    Si les balades pédestres autour de Céret sont multiples et variées, celle qui consiste à partir, depuis le légendaire Pont du Diable vers la paradisiaque « chapelle Saint-Ferréol » est sans doute, et de très loin, la plus prisée. Plusieurs raisons à cela : la beauté de l’objectif et la sérénité que l’on peut y trouver, les panoramas que l’on peut y découvrir par temps clair et pur qui vont de la Méditerranée jusqu’au Massif du Canigou et enfin son approche et sa distance qui en font une balade quasiment ouverte à tous. D’ailleurs, qualifiée de « familiale », c’est bien ainsi que cette balade est cataloguée dans le petit topo-guide intitulé « Randonnées en Bas-Vallespir » édité par la Communauté des communes du Vallespir et le Conseil Général. Je précise au passage que ce topo-guide est très facilement téléchargeable sur Internet depuis la page de l’Office de Tourisme du site de la commune de Céret ou directement sur la page d’accueil de la Communauté des communes du Vallespir. Quand on aime la randonnée comme je peux l’aimer, je trouve cette initiative plutôt « géniale » et puis je me dis que tout le monde n’a pas 10 à 15 euros à mettre dans un topo-guide. Enfin, pour ceux qui ont les moyens, sachez que l’on retrouve cette « incontournable » dans d’autres guides de randonnées et notamment dans celui intitulé « Les Pyrénées-Orientales…à pied » édité par la fédération. Quand on arrive du Boulou, le départ s’effectue depuis le petit parking du Pont du Diable qui se trouve à l’entrée de la ville, à droite, juste avant le pont. Là, des panonceaux explicites nous indiquent clairement la marche à suivre et il va en être ainsi tout au long de ce circuit de 9 kilomètres environ, selon mon propre relevé. On emprunte la D.615 passant sous la voie ferrée et on tourne immédiatement à droite en suivant le chemin de Vivès qui traverse les jolies villas du quartier  « la Porte du Vallespir ». Pas à pas, l’itinéraire zigzague dans les rues et nous entraîne hors de la cité puis au milieu des cerisaies qui ont fait,  à juste titre, la réputation de Céret. A l’intersection du Cami de Sant Fariol et à moins d’être complètement aveugle ou idiot voire les deux en même temps, un « casot » amplement tagué et une multitude d’indications nous indiquent la direction de l’ermitage. On poursuit toujours sur l’asphalte en suivant le balisage jaune et les nombreux panonceaux directionnels bien présents à chaque intersection. C’est donc sans aucune difficulté que l’on quitte d’abord le bitume au profit d’une piste terreuse puis, peu de temps après, on délaisse cette même piste au bénéfice d’un étroit sentier qui entre dans un sous-bois de chênes en traversant au préalable le petit « correc » de Saint-Ferréol asséché. Après une bonne grimpette sur un sentier parfois transformé en une large et unique ornière, on accède à un large chemin près d’un calvaire surmonté d’une croix de fer. Ici, un premier palier est atteint et des vues superbes commencent à apparaître : sur l’ermitage bien sûr mais aussi sur les chaudes couleurs automnales de la végétation des serrats avoisinantes et enfin, beaucoup plus loin à l’horizon, sur les cimes magnifiquement enneigées de notre fabuleux « Canigò ». On délaisse le large chemin et l’on poursuit toujours tout droit l’itinéraire qui file dans des sous-bois où chênes verts et chênes lièges se disputent l’espace. Cette sente finit par rejoindre une nouvelle piste sous d’immenses platanes et près d’un grande fontaine mais il faut encore s’élever de quelques centaines de mètres pour conquérir l’ermitage. Seuls au monde et dans un silence de cathédrale,  nous allons y rester plus d’une heure goûtant à la fois à la douce découverte de ce lieu si serein et au bonheur d’un pique-nique champêtre animé pas un couple de rouges-queues noirs peu farouches. Peu farouches, avant qu’un groupe de randonneurs, bien trop bruyants à leur goût et au notre, nous oblige tous à déguerpir vers d’autres cieux plus paisibles. Il faut dire que l’ermitage est fermé et qu’il est encore bien trop tôt pour attendre la première heure d’ouverture qui est 14h30. Nous reviendrons c’est sûr mais en voiture sans doute. Or mis cette petite déception que nous comblerons certainement un peu plus tard, nous repartons avec le regret qu’un brouillard bien trop bas et bien trop épais ait obstrué toutes les vues proches ou lointaines sur les Aspres, les Albères et la plaine du Roussillon. Seul le Canigou et une petite partie du Vallespir restent visibles et c’est déjà pas mal pour la saison. Dans l’immédiat, il nous faut poursuivre l’itinéraire qui passe au pied des dépendances et descend en direction du parking de l’ermitage. Là, il suffit de poursuivre la petite route qui va rejoindre la D.615. Dès le virage, il faut noter une différence entre le balisage indiqué sur les différents topo-guides et la réalité sur le terrain, En effet, plutôt que de poursuivre le bitume de la D.615, le balisage nous indique une variante par un étroit sentier qui monte à droite dans un petit bois filant vers le lieu-dit « Bigne de la Gouardy ». En effet, en atteignant une petite crête bien dégagée, les panoramas sont assez exceptionnels et une fois encore, on regrette qu’un brouillard assez dense occulte les vues les plus lointaines. On retrouve le balisage qui, une nouvelle fois, nous emmène sur la D.615 puis sur le chemin dit « du Roc Blanc ». Toujours rectiligne et très agréable car le plus souvent en balcon sur le plus haut de la colline du Serrat de l’Albitre, ce chemin rejoint un peu plus bas le chemin de l’Oratori puis un étroit sentier offrant de jolies points de vue sur Céret et le Vallespir. Ce sentier se termine au sommet d’un escalier très abrupt que l’on descend pour rejoindre la cité et le parking du Pont du Diable. Ainsi se termine cette jolie boucle que l’on pourra compléter par une autre balade cérétane, celle de la cité elle-même qui possède de nombreux autres attraits historiques et paysagers. Si j’ai volontairement omis de vous parler de l’histoire de l’ermitage Saint Ferréol, c’est parce que les topo-guides indiqués plus haut en font un bref mais très intéressant résumé. En outre et comme toujours, je vous renvoie vers l’excellent site de l’Histoire du Roussillon sur lequel vous trouverez une description plus précise et plus complète de ce haut-lieu du pèlerinage et du recueillement. Carte IGN 2449 OT Céret – Amélie-les-Bains- Palalda- Vallée du Tech Top 25.

    Enregistrer


    votre commentaire
  •  
    Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons interprétées par Gilbert Bécaud. Elles ont pour titre : "Mes mains", "C'est en Septembre", "Seul sur son Etoile" et "Les Cerisiers sont Blancs".

    Le Pic Garrabet (794 m) et Terre Majou (842 m) depuis Sournia (497 m)

    GARRABETMAJOUIGN
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

    Autant l'avouer, ce Pic Garrabet (794 m) et ce circuit par Terre Majou (842 m) ne constituaient pas vraiment notre principal objectif du jour. Non, cette balade n'était qu'un joli prétexte à aller chercher du houx pour le vendre sur le marché de Noël de notre village. Mais, ne vous méprenez pas non plus quant à cette vente, nous ne sommes pas des vendeurs à la sauvette et encore moins des vandales de la nature et de la végétation de notre belle région. Non, une trentaine de brins de houx couplés à quelques branchettes de résineux sont vendus 2 euros au bénéfice d’animaux en détresse pour le compte d’une association, voilà quel était ce matin-là, le but de cette belle randonnée au départ de Sournia. C’est donc par ce matin-là exceptionnellement lumineux qui nous avons quitté ce joli bourg et plus particulièrement le village de vacances le Moulin, direction le G.R.P Tour des Fenouillèdes. Bien entendu, traverser le village de vacances nécessite qu’on le fasse en respectant les lieux et les infrastructures. On fait le tour de la petite retenue d’eau alimentée par la rivière Désix. On traverse la rivière par une passerelle en béton et nous voilà déjà sur le G.R.P Tour des Fenouillèdes balisé de marques jaunes et rouges. Attention, ne vous trompez pas et n’empruntez pas le G.R.36 tout proche qui lui est balisé de coups de peinture blancs et rouges. Immédiatement, un bon sentier grimpe dans une pinède et laisse entrevoir sur la droite, les premières vues sur Sournia. Sur la gauche et pour peu que l’on sorte un peu du chemin, de jolies vues s’entrouvrent sur le ravin de Pomeins et sur quelques dômes boisés de Terre Majou. Plus haut et dès lors que  le sentier rejoint une bonne piste forestière, des panoramas plus vastes se font jour sur des lieux de balades déjà bien connus  car déjà empruntés : sur les crêtes de la forêt domaniale du Fenouillèdes du Col de Benta Fride jusqu’au sommet du Sarrat Naout, sur la longue vallée de la Désix où l’on distingue quelques belles découvertes comme le hameau de Rabouillet, la chapelle Saint-Michel ou bien encore les ruines de l’ancien château d’Arsa. Cette piste, on va la poursuivre sur 1.800 mètres environ avant de la quitter au bénéfice de l’ancien G.R.P. Difficile de se tromper car le chemin est fermé par une chaîne et se trouve tout au bout d’une immense pré. Si vous continuez sur le nouveau tracé du G.R.P, vous rejoindrez de la même manière le Pic Garrabet mais par un itinéraire plus long mais moins « galère » que l’ancien mais vous ferez l’impasse sur le houx qui ne se trouve que dans ce secteur. Si vous empruntez mon circuit, le large chemin fait un angle droit et passe devant un petit mas magnifiquement restauré, devient un sentier plus étroit qui se perd dans la végétation plutôt dense. Deux solutions pour ne pas se perdre, soit on suit de vieilles clôtures qui se trouvent sur la droite et sur lesquelles on repère assez facilement le balisage soit, et c’est sans doute le mieux, c’est de posséder un GPS avec le tracé IGN enregistré. Pour nous, et après une heure de marche, l’objectif fut déjà atteint et il se présenta sous la forme de quelques superbes arbustes de houx magnifiquement chargés de leurs drupes rouges. Une trentaine de branchettes du plus bel effet furent très rapidement accrochés à nos sacs à dos respectifs et nous pouvions désormais consacrer le reste de la journée à cette belle balade. C’est ce que nous fîmes en poursuivant le parcours qui se faufile au milieu des chênes pubescents, des cistes à feuilles de lauriers et de quelques pins « laricio » puis il se poursuit en s’élevant sur un mauvais sentier plein d’ornières et de caillasses jusqu’à rejoindre une nouvelle piste ou plutôt une intersection de trois pistes. Sur la droite, il y a celle qui descend vers Courbous, droit devant le G.R.P Tour des Fenouillèdes qui l’on délaisse puis une troisième piste DFCI F 83 excessivement large partant à gauche. C’est celle qu’il faudra prendre dès lors que le pique-nique au sommet du Garrabet (794 m) aura été avalé. En effet, il serait dommage de ne pas rejoindre ce sommet qui n’est qu’à quelques mètres et qui constitue un superbe belvédère à 360 degrés sur tout ce territoire. Depuis le gros cairn servant de pinacle, le vue embrasse les contreforts du Dourmidou, passe par les crêtes de la Serre de Sournia jusqu’au sommet du Roc Jalère et du Pic de Bau, descend vers Séquières, Campoussy, Sournia puis remonte à l’opposé sur toutes les crêtes boisées des forêts domaniales des Fenouillèdes et de Boucheville caressant au passage celles communales du Vivier, de Rabouillet. Voilà la jolie ronde visuelle que vous louperez en oubliant cet objectif. Après cette belle visite, il faut prendre sur quelques mètres, la très large piste F83 qui file sous d’immenses pins sylvestres. Cette piste étant très nouvelle et ne figurant pas sur les cartes IGN qui, elles, sont plus anciennes, vous aurez à nouveau le choix entre poursuivre le tracé désormais balisé en jaune (P.R) et qui descend dans le vallon de Pomeins soit poursuivre cette piste forestière sans doute un peu lassante. De toute manière, les deux options se rejoignent au point culminant de cette balade à 842 mètres d’altitude tout près de la côte 853. Ici, la toponymie « Terre Majou » c'est-à-dire la « terre la plus grande » mais ici il faut peut être entendre la « terre la plus haute (major) » prend tout son sens. L’itinéraire devient unique, la piste s’aplanit descend un peu et rejoint la départementale D.619 non loin du Roc Cornut. Vous aurez donc la possibilité soit d’aller voir cette belle curiosité déjà vue dans ma balade intitulée le « circuit de Campoussy » soit il vous faudra vous diriger vers le dolmen de la Font de l’Arca encore appelé dolmen de Campoussy ou en occitan dolmen du « Cabanoto dels Tres Peyres », un des rares dolmens de notre région a être « truffé » de cupules. Là aussi, vous aurez le choix entre deux itinéraires soit rester sur le sentier peu évident à trouver ; la création de la nouvelle piste ayant amplement effacé le balisage au départ; soit beaucoup plus simple, descendre la D.619. Après le dolmen et sur un peu plus d’un kilomètre, cette D.619 sera dans tous les cas inévitable pour rejoindre le G.R.36 qui, un peu plus bas, permet de regagner Sournia par le lieu-dit la Mole. Bien sûr, le bitume n’est jamais agréable à cheminer mais nous avons eu l’incroyable chance d’être précédé d’un beau renard qui ne semblait pas du tout effrayer de notre présence derrière lui. Après cette agréable distraction, le G.R.36, presque tout en sous-bois, nous entraîna vers l’arrivée. Tel qu’accomplit et décrit ici, ce circuit autour de Terre Majou a une longueur d’environ 13 à 14 kilomètres. Le dénivelé est avec ses 350 mètres plutôt modeste ce qui permet de cataloguer cette balade dans les « plutôt faciles ». En été ou par forte chaleur, il faudra veiller à emporter de l’eau en quantité suffisante. Bonnes chaussures et un équipement du parfait randonneur sont vivement recommandés avec notamment un GPS pour se repérer sur la partie la plus difficile du Tour du Fenouillèdes. Pour avoir accompli ce tour en septembre 2011 avec mon fils, je sais qu’il est assez peu emprunté et le balisage est parfois peu évident à distinguer. Enfin concernant le houx, notre objectif du jour,  son ramassage est comme tous les fruits de la terre réglementé par l’article 547 du Code civil « Les fruits naturels ou industriels de la terre, les fruits civils, le croît des animaux, appartiennent au propriétaire par droit d'accession ». Dans la nature, il est donc nécessaire d’être toujours respectueux de l’arbre, seuls les pieds femelles ayant des fruits et encore pas tous les ans. Il faut donc que la récolte s’effectue toujours avec une grande modération et ne pas toujours se rendre au même endroit chaque année afin que la plante récupère des tailles précédentes. Ce n’est que dans ces conditions que le houx sera synonyme de porte-bonheur ! Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

    Enregistrer


    votre commentaire

  • Ce diaporama est agrémenté de diverses musiques de films interprétées ici par le violoncelliste Stjepan Hauser. Elles ont pour titres : "La La Land" de Justin Hurwitz, "Once Upon A Time In The West" d'Ennio Morricone, " Playing Love (from "The Legend of 1900")" d'Ennio Morricone, "La Califfa (from "The Lady Caliph" d'Ennio Morricone et "Deborah's Theme (from "Once Upon a Time in America") d'Ennio Morricone
    LE-CHATEAU-DE-RODES
     GORGESGUILLERAIGN
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

    Une balade aux Gorges de la Guillera et au château de Rodès constitue ce que j’appellerai une jolie promenade dominicale. Mais attention, ne voyait rien de péjoratif dans cette manière de décrire cette randonnée pédestre car or mis sa distance qui est plutôt modeste, pour le reste et pour qui veut se donner la peine de s’informer un peu, ce petit territoire de Rodès est d’une incroyable richesse historique. Une Histoire qui très étrangement va se perpétuer dans la durée depuis des temps immémoriaux jusqu’aux siècles derniers. Il est donc préférable de partir marcher avec ces quelques connaissances car au fil des découvertes qui jalonnent le parcours, on trouvera inévitablement beaucoup plus d’intérêts à les observer même si ce ne sont plus que des ruines dans la majorité des cas. D’ailleurs et pour information, la Mairie de Rodès organise et propose sur son site Internet des randonnées commentées. Tout démarre donc ici à Rodès, à l’entrée du village où un grand parking accueille les voitures. Au loin, les ruines du château dominent le village sur un tertre rocheux granitique et il faut savoir que c’est là-haut que se terminera cette jolie balade mais pas nos découvertes car les ruelles de Rodès incitent à une dernière promenade. Dans l’immédiat, direction la cité dont les façades blanches toutes tournées vers le seigneur Canigou mais surtout vers le soleil contrastent avec le vermillon des toitures.  D’emblée, avec un petit espace très ludique consacré à la géologie du Conflent en général et de Rodès en particulier, on entre dans le vif du sujet de l’Histoire. Il faut dire qu’ici et ce, depuis des lustres, les roches ont toujours eu une importance primordiale. D’ailleurs il semble que l’étymologie de Rodès vienne du latin « rota » signifiant « roue » et par ricochet « rocher en forme de meule ». Bien sûr, il y a eu la carrière de granit dont on aperçoit les grands vestiges sur les flancs de la Devèze, bien sûr comme un peu partout, les roches ont servi à construire de nombreux édifices religieux, militaires, pastoraux ou plus simplement d’habitations ou utiles mais on a également retrouvé dans le secteur de nombreux outils préhistoriques taillés dans le quartz du Roussillon prouvant que cette contrée a été l’objet d’une occupation immémoriale. En lisant l’Histoire de Rodes et plus particulièrement celle de sa carrière de granit, on apprendra que cette belle roche d’une qualité exceptionnelle a servi à paver les rues des grandes villes de l’hexagone et pour moi comme pour tous les gens de mon âge, on ne peut s’empêcher de penser que quelques-uns de ces pavés ont eu en mai 68 un usage ultime que les mineurs de Rodès n’auraient sans doute jamais imaginé. Après cette première découverte dont on regrettera que quelques panonceaux soient déjà bien fanés, on poursuit vers le centre du vieux village. Si les minerais ont eu leur importance que dire de l’eau quand on note au passage que la rue principale que l’on arpente est parallèle à un petit canal qui se trouve sur la gauche. Ce canal, alimenté près du barrage de Vinça par le fleuve Têt, c’est celui de Corbère, ancienne  construction royale datant du Xeme siècle et qui va pendant très longtemps être le fil conducteur de cette courte randonnée.  On l’appelle ainsi car initialement, il servait à alimenter ce village puis un peu plus loin et pour les mêmes raisons, on l’appelle le canal royal de Thuir, et encore un peu loin et par le travail colossal et remarquable des hommes, il devient le canal de Perpignan. Je ne vais pas vous en conter l’entière Histoire ni vous en retracer l’étonnant parcours car ce n’est pas le but de ce blog et d’autres l’ont fait bien mieux que je ne pourrais le faire moi-même. Je vous renvoie donc aux sites en questions : Canal de Rodès, Canal de Corbère, Canal de Thuir, Canal de Perpignan et Ville de Vinça mais en se donnant la peine de chercher, il y en a encore quelques autres. A l’entrée du village, on perd un instant ce fil d’Ariane qu’est le canal mais un panneau de bois indique très clairement notre premier objectif : Gorges de la Guillera.  Selon les toponymistes, la « Guillera » serait un lieu fréquenté par la « guille » en l’occurrence le « renard » mais dans les Hautes-Pyrénées, la « guilera » avec un seul « L » est un « repaire ou nid d’aigle », ce qui correspondrait parfaitement à l’éperon rocheux qui les domine et où se trouve le château. On suit la direction indiquée et quand on retrouve le canal, par endroit cimenté par mesure de sécurité, on est définitivement sur le bon itinéraire. D’ailleurs, on quitte très vite le village et aussi rapidement, on en est déjà à suivre le canal qui file parallèle et en surplomb de la Têt. Ici, la Têt n’est pas le long fleuve tranquille que l’on connaît mais un torrent fougueux où l’on devine le bourdonnement des galets roulés par le courant en furie, où l’on entend ces mêmes flots se fracasser et rugir sur les roches polies et où l’on voit les vagues jaillir dès lors que le défilé se resserre. Car les Gorges de la Guillera, c’est bien cette partie-là du fleuve que l’on va cheminer en balcon sur quelques centaines de mètres avant qu’il ne retrouve son calme et son lit normal en aval du côté d’Ille-sur-Têt. Au passage, et dès lors qu’une fenêtre s’entrouvre au travers des chênes verts, on notera encore de nombreux vestiges à la fois de l’autre côté des gorges mais également au sein même du vallon avec notamment les ruines des ponts-aqueducs de la Roque Colomere et d’En Labau. Il faut savoir que le premier canal se trouvait initialement sur la rive gauche de la Têt où il alimentait le Moulin de Roupidère par une premier pont celui de Sant Pere qui se trouvait à  hauteur du barrage actuel de Vinça puis par ces ponts-aqueducs de la Roque Colomère et d’En Labau dont on attribue sans trop de certitude l’édification aux Sarrasins, l’eau ainsi acheminée traversait le fleuve et revenait sur la rive droite pour irriguer la Plaine du Roussillon et ses nombreux vergers. Selon des textes, à l’époque de Jacques II d'Aragon, Rodès avait déjà son propre canal. Là aussi, pour une Histoire plus complète, je vous renvoie vers des sites très intéressants concernant le village de Rodès lui-même. Un dernier regard sur ce qui reste du pont d’En Labau et notamment de son arche gracieuse et il est déjà temps de traverser le canal. Là, deux possibilités s’offrent aux randonneurs, poursuivre le canal et aller jusqu’au plan d’eau indiqué par les mentions « baignade et torrent » voire beaucoup plus loin jusqu’à la Fontaine Saint Jules, une autre jolie curiosité du coin où les Illois se réunissent pour des pique-niques champêtres ou bien tourner à droite, et grimper dans la colline pour se diriger vers le castell de Rodès. En raison du laps que nous avions à consacrer à cette balade, nous avons choisi l’option « baignade et torrent » et avons continuer à suivre le canal de Corbère, cette fois sur sa rive droite et cet itinéraire nous a entraîné au milieu des pêchers aux bourgeons déjà rougeâtres. En réalité, ce plan d’eau n’est ni plus ni moins qu’une plagette de galets en bordure de la Têt où les habitués aiment venir se rafraîchir les jours de canicule. Là, bien sûr, après cette nouvelle découverte, il faut rebrousser chemin et repartir vers Rodès. Ici, démarre la partie la plus pentue de la balade mais la déclivité est modeste et plutôt courte. Ici, et comme très souvent quand on monte, il y a une contrepartie à ce petit effort et les récompenses se sont tous ces superbes panoramas qui s’entrouvrent de toutes côtés : vers Ille-sur-Têt et la Vallée de la  Têt, vers Bouleternère et les collines de La Quere, del Ginebre et du Puig Soubiranne et enfin  le Massif du Canigou très lumineux en cette saison. Tout en montant, on ne manquera pas d’observer tout autour de nous, à la fois les séquelles de l’incendie d’août 2005, incendie si terrible qu’on finit par appeler ces collines alentours, la « Montagne brûlée » mais également tous ces orris, barracas, cortals et feixes en pierres sèches prouvant que cette contrée a vécu aux temps jadis d’une intense économie pastorale et agricole. D’ailleurs, à toute chose malheur est bon, car aussi terrible que fut cet incendie, il permit la mise à nue des paysages et fut en ce sens pour les archéologues roussillonnais, le début de révélations inattendues, qui purent découvrir ainsi de nombreux vestiges et objets d’un passé plus ou moins lointain. Si l’approche du château de Rodès est assez facile avec de très belles vues aériennes sur le village, son accès final est plutôt ardu et nécessite une grande prudence surtout si des enfants sont de la partie.  Cette forteresse date de l’ère carolingienne c'est-à-dire du XIeme siècle et a été construite par le comte de Cerdagne et du Conflent. Ce seigneur estima que le château de Domanova, situé non loin de là au village de Crozes, n’était pas suffisamment bien placé et c’est ainsi que celui de Rodès vit le jour et que le village se développa autour de ce fortin. Les deux villages cohabitèrent quelques temps puis celui de Crozes tomba en désuétude. Accolée aux ruines du château, il y avait également une chapelle dédiée à Saint Valentin dont on peut encore voir quelques vestiges. Une fois encore de très belles vues se font jour : vers l’amont de la Vallée de la Têt où l’on aperçoit le barrage de Vinça dont on distingue la haute voûte blanche, vers le Mont Coronat, vers le Massif du Madres et vers les prémices des Pyrénées qui malheureusement se perdaient dans un ciel excessivement laiteux le jour de notre venue. Une visite de ces vestiges nécessite attention et prudence tant l’éperon rocheux est un à-pic très impressionnant au dessus des gorges de la Guillera. Cette attention sera également de mise dans la descente finale vers Rodès car le sentier terreux se faufilant au milieu des agaves et des figuiers de Barbarie n’est pas toujours bien stabilisé. On terminera cette balade par une inévitable visite du village tant ses vieilles ruelles propres et fleuries incitent à la flânerie. Comme déjà indiqué ce court circuit constitue le but idéal d’une sortie familiale dominicale et même si les Gorges de la Guillera ont été sécurisées avec des garde-fous, on surveillera plus particulièrement les enfants tout en leur promulguant dès le départ des conseils de prudence et d’attention. Enfin, je ne saurais terminer cet article sans vous dire que Rodès organise chaque été une rando-jazz qui, sur le site des anciennes carrières de granit, est absolument à découvrir. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

    Enregistrer


    1 commentaire

  • Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques interprétées par le New York Ska-Jazz Ensemble
    . Elles ont pour titre : "Lullaby of Skaland", "This Is Like", "Kaného" et "Sticks" et sont extraites de leur album "Minor Moods".

    LE-PUIG-PEDROUS


    Bien qu’il nous l’indique clairement, pas besoin du « Lexique Pyrénéen » pour définir le Puig Pédrous ou Pedròs comme étant un pic « pierreux ». Toutefois, attention à ne pas confondre ce modeste sommet à 437 mètres d’altitude dont le départ de la balade s’effectue depuis Ille-sur-Têt avec d’autres sommets portant le même nom mais situés à des hauteurs beaucoup plus conséquentes et respectables. A titre de quelques exemples, vous pourrez vous amuser à grimper tous les puigs ou pics Pedròs régionaux et vous n’aurez pas tant de distance que ça à accomplir pour le faire car il y en a un dans le département de l’Ariège situé près du Carlit et culminant à 2.842 mètres, il y en a un aussi en Catalogne espagnole dans le nord de la province de Gérone encore beaucoup plus haut avec ses 2.905 mètres et enfin il y en a un également entre la Principauté d’Andorre et la Haute-Ariège dressant son dôme arrondi à 2.715 mètres mais que l’on trouve plus souvent écrit « Pédrons ». En tous cas, si le challenge vous tente, sachez qu’ils sont tous des objectifs de randonnées pédestres. En cherchant bien sur les cartes IGN, vous en trouverez peut être même quelques autres. En tous cas, celui qui nous intéresse aujourd’hui n’a de comparable avec les trois autres que les « pierres » qui le composent et qui lui ont données son nom car pour le reste et notamment pour ce qui concerne le dénivelé à accomplir pour en atteindre son pinacle, c’est le « jour et la nuit ». Non, ici le départ s’effectue à 145 mètres d’altitude au pied des toutes proches et célèbres « Orgues »  d’Ille-sur-Têt qui ont beau dresser fièrement leurs cheminées de fées mais il faut bien l’avouer, tout ça reste très modeste en terme d’élévation. Non, ici les aspects sportifs et dépaysements de la balade ne seront en rien analogues aux trois autres hauts sommets pyrénéens. Alors bien sûr, il ne faut pas pour autant se dire que cette balade est sans intérêt car bien au contraire quelques trouvailles restent à découvrir comme par exemple le fait qu’elle démarre d’une agréable aire de pique-nique bordée par la Têt et un joli plan d’eau où s’ébattent de nombreux colverts. De l’autre côté de la piste qu’il faut emprunter vers l’ouest, le site classé des Orgues dévoile les premières draperies de sable de son amphithéâtre minéral. Quelques mètres plus loin, il faut suivre un panonceau « Puig Pedròs » se présentant sur la droite. L’itinéraire balisé de marques de peinture jaune grimpe immédiatement sur un mauvais sentier au dessus du Ravin de la Coume Dardenne. Malgré une chape de brume laiteuse, les vues sur les Orgues et sur Ille-sur-Têt s’entrouvrent magnifiquement. Le sentier continue à se faufiler dans une végétation typiquement méditerranéenne très dense où l’on notera les traces d’anciens incendies. Malgré ces incendies à répétition et grâce à des sous-sols très aquifères, quelques arbres et arbustes comme des pins parasols, des chênes verts ou blancs, quelques mimosas, des bruyères arborescentes, des cistes ont su résister à ces tourments et à la sécheresse qui sévit sur ces sols arénacés, siliceux ou parfois argileux. Tout en suivant le balisage jaune, rien ne s’opposera à sortir de temps à autre du sentier pour aller voir de plus près, un orri ou des feixes avec leurs murets en pierres sèches au style cyclopéen, vestiges d’un intense et courageuse activité humaine qui a sévit aux siècles précédents. De ces vieilles cultures, ils restent encore quelques oliviers et amandiers qui ont su contrarier les affres du temps. Peut être que quelques vététistes ; ils sont nombreux dans ce secteur,  vous obligeront à vous garer le temps d’un passage éclair et souvent poussiéreux. Avec une déclivité très modeste mais bien présente, les panoramas se dévoilent sur la Plaine du Roussillon, le Massif du Canigou et Força Réal. Plus on monte et plus les chaos pierreux se font présents. Un panonceau vous propose déjà une variante vers Casenoves. Mais on a tout le temps de flâner, alors on poursuit le chemin principal. Le sentier finit par atteindre une large piste sableuse que l’on traverse en se dirigeant vers un petit magma rocheux qu’un artiste à tenter de transformer en œuvre d’art en y insérant quelques visages. Le sentier se poursuit toujours en surplomb de la Coume Dardenne où sur le flanc du ravin on aperçoit encore les innombrables terrasses en espaliers ayant servi jadis à diverses cultures. Après ce cheminement sur la crête du dôme arrondi du Serrat des Maillols, on atteint un premier sommet pierreux à 392 mètres d’altitude. Là, de nouveaux panoramas plus amples et plus lointains se font jour à 360 degrés. Si un tour d’horizon est inévitable, on cherche immédiatement où pourrait bien se trouver le Puig Pédrous dans ces successions de collines et de ravins insondables, et quand on l’aperçoit droit devant dans la  ligne de mire que forme le sentier, on n’ose à peine croire que l’on va devoir ou pouvoir monter à son sommet. Il y a d’abord une belle dépression que constitue le ravin de la Bernouse et puis juste derrière, une pyramide excessivement pierreuse : c’est le puig Pédrous. La première réflexion est de se dire que cette modeste élévation porte formidablement bien son nom. La deuxième réflexion viendra un peu après quand on aura atteint avec beaucoup de simplicité le fond du ravin de la Bernouse, ses nombreuses pistes qui le jalonnent sur un terrain plutôt très plat et beaucoup moins hostile qu’on le pensait initialement. Ici, les ruines d’un ancien cortal et de grands prés laissent à penser que l’homme y a vécu  peut être un peu plus facilement que tout autour. Le sentier part à gauche en direction de l’objectif du jour en montant et descendant successivement deux petites ravines. Pour ne pas avoir été suffisamment attentifs au balisage pas très évident il faut bien le dire, je suis parti en direction du Bois Nègre faisant ainsi le tour du puig sans jamais m’en approcher, avant de me raviser. Si la « bonne » grimpette vers le sommet est rude, elle l’est beaucoup moins que je l’avais auguré  depuis le Serrat des Maillols. Bien évidemment, si le Puig Pédrous est un bien joli mirador, il est surtout remarquable par sa borne frontière qui délimitait jadis les royaumes de France et d’Aragon. Cette borne, haute de 2 mètres environ est similaire à celles que l’on avait pu découvrir près de Bélesta lors de la balade intitulée «  À travers les âges ». Elle est d’autant plus remarquable que son pied est gravé d’une croix pattée et d’une mention « 1658 » qui serait la date à laquelle elle aurait été rénovée, un an avant la signature du Traité des Pyrénées de 1659 qui la rendit ainsi obsolète. Enfin tout ça, c’est ce que l’on peut lire dans les divers topo-guides mais d’autres historiens  ne seraient pas d’accord avec cette version et l’ancienneté de toutes les bornes de ce secteur du Roussillon. Comme ont du le faire les vieux constructeurs de cette borne, des garde-frontières royaux, des soldats de tous bords et d’innombrables randonneurs, j’ai embrassé la borne, j’ai posé mes fesses sur ces blocs rocheux puis j’ai déjeuné au sommet de ce joli belvédère granitique avant de prendre le sentier du retour. Celui-ci m’a entraîné sur une nouvelle crête dominant à gauche le ravin de Casenoves et à droite, celui de Bellagre. Ce qu’il y a de bien, c’est que cet itinéraire tout en balcon évite longuement la piste terreuse que l’on aperçoit en contrebas. Néanmoins, on finit par la rejoindre et la suite en direction du hameau ruiné de Casenoves est une simple formalité. On longe les petites parois alluvionnaires que le lit de rivière Têt a creusé au fil des siècles et quand on arrive à Casenoves, les restes de ce vieux village avec sa belle chapelle, sa tour et ses oliviers séculaires constituent bien évidemment la dernière découverte de cette jolie balade. Avant de venir, j'ai appris que la chapelle avait possédé d'étonnantes peintures murales datant du Moyen-Âge, peintures qui ont connu une véritable Histoire digne d'Arsène Lupin ou de Rocambole. Celle-ci vous est contée sur Wikipédia. Ici, on s’y arrête longuement pour humer l’air du temps, pour profiter de la plénitude du lieu, pour écouter les oiseaux, pour voir le soleil se couchait sur le Canigou. Moi, en regardant les vieux oliviers, je ne sais pas pourquoi mais je m’attendais à les voir bouger comme les arbres de la Forêt Enchantée ou bien à voir surgir de leurs troncs creux, des gnomes, des elfes, des fées ou bien encore des Simiots. Non, les Simiots sont originaires du Vallespir et sans doute, ai-je lu trop de légendes roussillonnaises et quand deux amoureux arrivèrent dans mon dos, c’est moi qui finis par bondir de frayeur. La fin du parcours, je l’ai terminé en longeant la Têt en quête de photos animalières et une fois encore, j’eus le « nez creux » car outre une bergeronnette des ruisseaux assez commune mais qui accepta très difficilement la pause, j’eus l’agréable chance de photographier un superbe martin-pêcheur aux couleurs chatoyantes et surtout une étonnante écrevisse dont j’ignorais qu’il ait pu y en avoir dans la Têt. A mon retour, j’ai bien tenté d’en savoir un peu plus sur les écrevisses des Pyrénées-Orientales mais Internet n’est pas bien bavard sur ce thème. Alors j’ai tenté d’approfondir le sujet et là, j’ai appris qu’il y avait au moins 7 ou 8 espèces d’écrevisses en France dont trois autochtones et les autres d’origines étrangères, la plupart de ces dernières étant envahissantes et nuisibles……Alors parmi toutes ces espèces, j’ai essayé de savoir laquelle figurait sur ma photo. Là, une fois encore, je me suis mis à chercher sur le Net et à force de comparer les écrevisses entre elles,  j’ai supposé qu’il s’agissait peut-être de l’écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii) à cause de son rostre notamment…..et vous savez quoi, dans la nuit, j’ai fait un rêve étrange où je me voyais transformé en parfait collabo entrain de dénoncer l’écrevisse de ma photo aux autorités compétentes car j’avais lu tout un tas de choses négatives à son sujet. Et quand je me suis réveillé, j’ai pensé : «  C’est fou qu’a partir d’une simple balade et d’une toute petite bestiole aperçue dans la Têt, j’ai pu ainsi emplir ma tête (Tiens ça rimes !). Moi, faire du mal à un animal ? Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

     

     

    Enregistrer


    votre commentaire

  • Ce diaporama est agrémenté de musiques de DJ Maretimo extraites de sa compilation "Spring Lounge 2019"
    ROC-DE-JORNAC
     
    Le Roc de Jornac, vu depuis la route D.26b qui mène à Urbanya.
    ROCJORNACIGN
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

     
     
    Quand on possède un pied à terre à Urbanya, le Roc de Jornac constitue ce que j’appellerais une balade digestive. Jugez plutôt : un peu plus de 3 kilomètres pour y aller, le double évidemment pour en revenir avec un dénivelé d’environ 250 mètres à l’aller et de 40 mètres au retour. C’est un peu la raison pour laquelle, je n’avais jamais osé décrire dans mon blog cette courte balade presque dérisoire. Puis fin août, j’ai réussi à transformer cet aller-retour en une boucle un peu plus longue et un peu plus intéressante permettant de faire quelques nouvelles trouvailles, de voir les mêmes panoramas sous d’autres angles et de donner ainsi un peu plus d’attraits à celle-ci et là, j’ai finalement estimé que le terme de « randonnée » prenait pleinement son sens, d’autant qu’au delà de l’aspect paysager d’autres belles découvertes floristiques et fauniques étaient venues enjolivées ma balade. C’est donc cette boucle à ce Roc de Jornac (1.051m) que l’on trouve parfois écrit « Journac » que je décris ci-dessous. Ce Roc de Jornac, je l’ai déjà évoqué à quelques reprises dans certaines de mes randonnées précédentes autour d’Urbanya ; Serrat de Calvaire et Serrat Gran notamment ; car le départ et une partie du parcours et notamment le début est identique à ces balades. On emprunte le chemin de Saint-Jacques puis on poursuit plus haut à gauche des dernières maisons du village. Depuis quelques temps, le sentier est balisé en bleu mais à vrai dire, on y prête peu d’attention. L’itinéraire devient simple car on reste sur le sentier le plus évident pendant longtemps, on enjambe deux petits correcs descendant de ravins celui de la Coma Formia et immédiatement après celui de Vallurs. Puis plus haut, on passe devant les ruines du mas Cubères (Cubera) où immédiatement après le sentier s’élargit et se transforme en une piste carrossable. En tous cas, on marche jusqu’à rencontrer une longue clôture délimitant la commune de Conat de celle d’Urbanya et on se trouve là, à la côte 1098 sur la carte IGN. Si une piste pas très évidente et une clôture montent à gauche, piste empruntée lors de la balade autour du Serrat de Calvaire et clôture suivie lors de la balade au Serrat Gran, il faut les délaisser et suivre celle qui descend en direction d’un mamelon que l’on aperçoit en contrebas. Ce mamelon à la fois herbeux et rocailleux, c’est le Roc de Jornac. Il peut parfois paraître aride mais il ne faut pas trop s’y fier car selon les saisons, il est très diversement et magnifiquement fleuri : en juillet par exemple, c’est un tapis jaune d’orpins âcres aux superbes petites fleurs étoilées qui recouvre le dôme puis un mois plus tard et comme par enchantement, ce sont de petits alliums (ail) blancs ou mauves qui tapissent le sommet du roc.  Vu depuis la côte 1098 et avec cette vision aérienne, il faut bien avouer qu’il s’agit d’un roc assez banal à première vue, pourtant, pour vraiment en juger, il est préférable de le regarder depuis la route qui même à Urbanya car il est visible dès que l’on amorce le dernier tronçon de départementale qui longe le profond vallon éponyme. Et là, il faut bien reconnaître que l’on a un tout autre regard sur lui : un piton massif et excessivement rocheux et pratiquement inculte depuis son sommet jusqu’à sa base avec une falaise abrupte et d’un seul tenant de plus de 400 mètres de hauteur et c’est ces caractéristiques-là qui vont donner de l’intérêt à cette balade car les vues plongeantes sur le ravin d’Urbanya et les alentours y sont tout simplement époustouflantes. Ce ravin, les historiens l'ont appelé le Vallon des Seigneurs car ces derniers ont très longtemps régné sur Ria, Conat et une bonne partie de ce Haut-Conflent. Mais l'Histoire du secteur de cette montagne est beaucoup plus ancienne et d'ailleurs, en amorçant la descente vers le roc, un dolmen est visible sur le côté gauche du chemin. Enfin quand je dis visible, ce dolmen est assez anodin car très au ras du sol et un œil non averti pourra aisément passé à côté sans le remarquer. En tous cas, il s’agit bien d’un édifice mégalithique figurant sur la liste des monuments du département de cette période sur le site Internet Wikipédia. Juste à côté et au milieu des broussailles, j’ai cru voir un autre dolmen, il est vrai assez biscornu mais j’avoue ne pas être un spécialiste. Mais en tous cas après observation, il s’agit bien de plusieurs pierres dissociées posées les unes contre les autres et ressemblant à une tombe. Dolmen mégalithique ou hasard de la nature ? Au bout de cette descente, il faut remonter un peu pour atteindre le sommet du Roc constituant comme je l’ai dit plus haut, un superbe belvédère car en surplomb de très impressionnants ravins dont celui  où coule la rivière d’Urbanya et plusieurs « correcs » dont celui de Jornac. Ici, certains à-pics peuvent donner le vertige et les randonneurs sujets à ces symptômes sont priés de rester en retrait des endroits les plus abrupts. Les autres aussi d’ailleurs car les rochers de schistes sont très friables et peuvent parfois s’avérer très dangereux. Pour le reste, les panoramas sont grandioses de tous côtés vers la Plaine du Roussillon et le Massif du Canigou et plus près de nous et dans une ronde absolue où défile une succession de montagnes et de sommets comme le Massif du Coronat, celui du Madres et la dense forêt domaniale de Nohèdes-Urbanya dominé par quelques pics évoqués dans certaines balades comme le pic Lloset, le pic de la Moscatosa, le pic de Portepas, le pic de Tour et le Serrat de Miralles. A nos pieds, on peut encore apercevoir quelques rares vestiges d’un pastoralisme ancien avec notamment ceux des hameaux d’Arletes et de  Nabilles dont on dit qu’ils auraient été abandonnés depuis des lustres à cause de la peste mais plus certainement à cause des difficultés dues à la sécheresse dans ce secteur très aride de la montagne. Si quelques minuscules sentiers semblent se poursuivre au bout du roc et descendre dans les ravins en direction de Conat, j’avoue que je ne m’y suis pas risqué et en la circonstance, j’ai préféré faire demi-tour. J’ai donc repris le chemin en sens inverse jusqu’à la côte 1098 où là, j’ai emprunté un large chemin (toujours balisé en bleu) montant vers une côte 1136 sur la carte IGN. Ce chemin est parfois un peu embroussaillé mais je l’ai toujours vu praticable même si c’est vrai qu’il file essentiellement au milieu des rosiers sauvages, ronciers, prunelliers et autres hauts genêts à balais. On coupe une barrière de comptage des véhicules puis peu après la côte 1136, les petits arbustes laissent la place à d’immenses frênes et cerisiers. Un peu plus loin, on rencontre sur la droite des vestiges d’une baraque en pierres sèches. On poursuit tout droit sur ce chemin qui petit à petit amorce une courbe en direction du nord-ouest et dès lors qu’il atteint une intersection de plusieurs larges chemins où poussent de hautes fougères, il faut prendre à gauche un sentier se faufilant au milieu d’elles sur 150 à 200 mètres environ. Peu après quelques murets en pierres sèches qui se trouvent sur la gauche, le sentier arrive sur un large faux plat et amorce un virage à droite à 90 degrés toujours au milieu des fougères. Parfois très hautes, ces fougères peuvent cacher le sentier et parfois même, semblent être un obstacle à la balade mais il suffit parfois de se faufiler pour retrouver son chemin assez aisément. Tout en descente, le retour côtoie encore de multiples vestiges ruraux et pastoraux (feixes, cortals) Une fois sur ce sentier, on reviendra très facilement vers Urbanya et on retrouvera l’itinéraire pris à l’aller à hauteur d’un collet séparant le Serrat de l’Homme de celui de Calvaire. Urbanya n’est plus qu’à un kilomètre et à quelques minutes. Cette jolie petite balade se termine et quand je visionne les photos de mes trois ou quatre balades effectuées vers le Roc de Jornac, je me dis que cette randonnée, j’aurais pu l’intituler le « Sentier des papillons » tant les lépidoptères de toutes sortes sont les protagonistes principaux et systématiques de cette randonnée quelque soit la saison. Ici sur ces « solanas » qu’on pourrait croire arides, pousse, aussi bien au printemps qu’en été, une flore incroyablement variée et généreuse. Ici, les insectes et notamment les abeilles et les papillons se livrent une lutte sans merci pour butiner cette fertile nature jusqu’aux derniers beaux jours. Pourtant, malgré la présence de cette prolifique petite faune, j’y ai aperçu, presque à chaque fois, bien d’autres animaux sauvages comme un chevreuil, un lièvre, des perdrix grises ou rouges, des vipères, des lézards des murailles ou bien des lézards verts et d’innombrables oiseaux, passereaux ou rapaces mais le problème c’est que tout ce petit monde n’est pas toujours bien disposé à se laisser photographier. Puis dernièrement, un groupe de cerfs m’a enfin laissé sans voix tant ils m’ont surpris au moment où je m’y attendais le moins. Sans voix mais pas sans photos car j’ai pu en prendre trois vraiment superbes. La boucle telle que décrite ici est longue de 8 à 9 kilomètres environ. Le dénivelé est de 310 mètres environ. Pour avoir cheminé ces sentiers à diverses reprises, je vous conseille d’effectuer cette boucle plutôt du début du printemps au début de l’été, c’est à dire assez vite avant que la végétation s’empare plus amplement des sentiers débroussaillés. Plus tard, les ronces courent un peu partout et rendent la marche assez laborieuse. Pantalons longs et bonnes chaussures de marche sont vivement conseillés sur ce terrain. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

    Enregistrer


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique