• Bonjour à toutes et à tous,

    Avec cette carte très personnelle car de ma composition, nous vous souhaitons le meilleur pour 2021. Avec comme toujours et afin d'assouvir notre passion de très belles randonnées.

    Très amicalement

    Gilbert et Dany 

    Bonne et Heureuse Année 2021


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  • Ce diaporama est agrémenté de la musique "The Cascades" du compositeur et pianiste américain Scott Joplin. Elle est ici interprétée successivement par Adrian Holovaty (guitare), Gabriele Lampietro (piano), Rhode Island Saxophone Quartet (saxophones) et enfin par Scott Joplin lui-même. 

    Les Cascades Saint-Vincent et des Anglais à Vernet-les-Bains.

    Les Cascades Saint-Vincent et des Anglais à Vernet-les-Bains.

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    A Vernet-le-Bains, marcher vers les « Cascades Saint-Vincent (*) et des Anglais (**) » est une petite balade « incontournable » de notre beau département des Pyrénées-Orientales. Voilà de très nombreuses années que je n’y étais pas retourné. 20 ans ? 25 ans ? 30 ans ? Plus ? Franchement, je ne saurais le dire. D’ailleurs, je n’en garde que des bribes de souvenirs, avec bien sûr les superbes chutes d’eau mais surtout toutes ces passerelles qui permettent de franchir les très nombreuses difficultés. Je me souviens aussi d’y être aller en famille et d’y avoir amené mes deux enfants. Quels âges avaient-il alors ? 10 ans ? 13 ans ? 15 ans ? Là aussi, la mémoire me fait défaut, mais quoiqu’ il advienne, c’était il y a très longtemps. Une chose dont je me souviens parfaitement, c’était la mauvaise qualité du sentier plutôt difficile à cheminer en raison de la configuration du terrain. Je me souviens aussi qu’il y avait de merveilleux mimosas fleuris et de jolies stalactites de glace dans toutes les cascades. C’était donc en hiver. Aussi savoir que j’allais y retourner des années plus tard, avec cette fois-ci deux de mes trois petits-enfants était pour moi une joie intérieure intense. Pour Dany aussi.

    Le 11 août au matin, il est 8h40 quand nous quittons Urbanya, où nous séjournons, direction Vernet-les-Bains. Nous partons avec l’idée d’aller à la rencontre de la fraîcheur mais à vrai dire déjà un peu inquiets car une épaisse chape nuageuse monte dans la vallée d’Urbanya. Elle arrive clairement d’en bas, c’est-à-dire où nous devons nous rendre. Cela ne présage rien de bon. Mon gendre Jean-Christophe, grâce à une application, a repéré le départ sur son smartphone et je n’ai qu’à le suivre en voiture. 1h plus tard, nous arrivons sur le vaste parking dédié au départ vers les cascades. Parking vaste certes mais déjà excessivement rempli à cette heure si matinale. Enfin, malgré cette affluence inattendue, nous trouvons deux places pour nos voitures respectives. La chance est avec nous car les autres véhicules qui continuent d’arriver semblent bien plus embêter que nous pour se garer. La chance aussi et le bonheur en sus de voir un ciel purgé de tout nuage. Le temps de s’équiper, de nous chausser correctement, d’harnacher nos sacs à dos et nous voilà partis sur « les chapeaux de roue ». Chapeaux dont je l’avoue, je ne me coiffe qu’assez rarement quand je marche seul, étant plutôt « enjôleur de Nature » qu’« enjoliveur ». Oui, à 71 ans mon « train » préféré est plutôt celle du « sénateur » que du « pilote automobile ». Pourtant un premier panonceau annonce la couleur : « Sentier des Cascades – Cascade des Anglais 3h A/R » auquel vient s’ajouter un second préconisant la prudence sur un terrain très accidenté et exposé à des conditions climatiques « sévères ». Mais peu de personnes les lisent. Enfin, à voir le rythme de démarrage de mes 5 comparses, ils ne les ont pas lus et aujourd’hui il va m’être difficile de flâner comme je le fais en solitaire. Pourtant, et par habitude, je reste toujours aux aguets de ce que la Nature me propose. C’est plus fort que moi. Alors, tout au long du parcours, je vais essayer de trouver un compromis ; que je ne vais jamais vraiment trouver ; et ce d’autant que les randonneurs sont excessivement nombreux aujourd’hui. Ce compromis consiste à ne pas me faire larguer tout en essayant de ne rien louper de ce que la Nature offre à mon regard et à mon appareil-photo. A cela, j’y rajoute la prudence qui s’impose en raison du Covid. Apparemment, le Covid qui sévit encore un peu ne fait plus peur à personne. Le masque a été oublié par tous et les gestes barrières aussi, sauf pour quelques-uns dont je fais partie et qui essaient de conserver une certaine distanciation dans les endroits les plus fréquentés. Enfin, en cette circonstance de pandémie, soyons tout de même honnêtes et ne reprochons pas aux autres ce que nous faisons nous-mêmes. C’est-à-dire « Vivre ! » et avoir envie de « Vivre ! ».

    D’ailleurs ici, la vie est constamment présente avec bien évidemment cette eau de la rivière Saint-Vincent qui s’écoule si joliment en chantant voire parfois en hurlant selon les caprices des dénivellations. Cette rivière est vivante depuis si longtemps qu’elle a réussi à creuser de profondes gorges. Si aujourd’hui nous pouvons déambuler au fond de ces gorges, c’est grâce à l’ingéniosité de quelques hommes qui ont su créer ce sentier y élevant des passerelles, garde-fous et autres ponts de singe pour le plaisir du plus grand nombre.  La vie, elle se dévoile aussi avec une végétation exubérante dans laquelle la présence de quelques oiseaux, papillons, insectes et autres lézards ne semble intéresser que moi et mon appareil photo. Pas évident d’essayer de photographier la Nature au beau milieu d’une passerelle où des personnes se croisent dans un flot presque continuel. La vie, ce sont bien sûr les célèbres cascades. Celle de Saint-Vincent puis celle des Anglais où de nombreux visiteurs n’hésitent pas à parodier les pubs  « Ushuaïa » ou « Tahiti Douche », sans gel douche et dans une eau sans doute inférieure de très nombreux degrés. Oui, la vie est constamment présente au cours de cette courte mais si jolie balade, et sur le coup de midi, elle s’étale sur les roches granitiques sous les traits des très nombreux pique-niqueurs. Nous en faisons partie, car comment empêcher à des personnes qui adorent l’eau de prendre au moins un bain de pieds voire un bain tout court voire seulement un bain de soleil avant d’avoir envie de dévorer un ou plusieurs sandwichs ou une copieuse salade composée ? C’est notre cas et celui des petits-enfants en particulier. Nous adorons l’eau et manger. Deux plaisirs simples de la vie parmi quelques autres comme profiter du soleil sur une roche que ses rayons ont longuement tiédi. Manger ; raisonnablement bien sûr ; marcher, se baigner, se réchauffer au soleil, c’est l’assurance de vivre un peu plus longtemps. Alors pourquoi s’en priver dans le contexte actuel ? La vie, c’est aussi quelques truites apeurées qui zigzaguent entre nos jambes essayant d’échapper à ce prédateur qu’elles aperçoivent parfois une canne à pêche à la main. Aujourd’hui et pour leur bonheur, il n’y a pas de pêcheur, les prédateurs ne sont qu’imaginaires mais par contre des emmerdeurs qui viennent les réveiller au fond du lit de leur torrent préféré, il y en a beaucoup. Au fond de ces superbes et pittoresques gorges, difficiles d’imaginer qu’elles sont dominées par un seigneur des montagnes : notre mythique Canigou. Bien que le massif et son pic majeur soient invisibles, la rivière Saint-Vincent y commence sa vie, sa source étant située au lieu-dit Les Conques. La vie, c’est aussi laisser la place à d’autres visiteurs dès lors que le sentier se transforme en une cohue où marcher n’est plus un plaisir et devient seulement une galère. Oui, quand autour des célèbres cascades, cet instant commence à se produire, il est temps de rentrer. C’est ce que nous faisons avec tout de même un aller/retour qui aura duré 4h pique-nique et bains inclus. S’il est de coutume de dire que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, aujourd’hui, elle aura été pour nous une toute petite rivière bien agréable du nom de Saint-Vincent. Une rivière un peu paradoxale quand on sait que Saint-Vincent est surtout le patron des vignerons, c’est-à-dire du vin et non pas de l’eau. D’ailleurs et parmi de multiples dictons, je retiens celui-ci : « Prends garde à la Saint-Vincent, car si tu vois et tu sens, que le soleil est clair et beau, nous aurons plus de vin que d’eau ». Après tout pourquoi ne pas prévoir une bonne bouteille pour ce soir ? Horace n’a-t-il pas écrit que « le vin c’est la vie ». Quant à Alfred de Musset il a écrit « qu’importe le flacon pourvu qu’on est l’ivresse ». L’eau, la vie, la Nature, la famille et finir cette merveilleuse journée avec une bonne bouteille de vin, n’est-ce pas la meilleure manière de faire un pied de nez à ce coronavirus qui nous emmerde depuis déjà trop longtemps ? Cette balade a été longue de 4,1km A/R. Le dénivelé est de 251 m entre les 764 m d’altitude du parking et la cascade des Anglais à 1 015 m. Les montées cumulées ont été de 340 m. Sachez que le départ peut s’effectuer directement depuis Vernet-les-Bains devant l’Office de Tourisme situé place de la République. Il s’agit de la randonnée N°7 dont vous trouverez le dépliant en cliquant sur ce lien et dans ce cas précis, la distance sera de 7km A/R. Sachez qu’il existe également une possibilité de faire une randonnée en boucle en passant par le Col de Llavent puis le pic d’Alzina. Notez toutefois que le sentier des cascades est inaccessible du 30 septembre au 1er avril (arrêté municipal en vigueur).  Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

    (*) La cascade Saint-Vincent ainsi que la rivière éponyme doivent leur nom à un petit hameau du nom de Saint-Vincent de Campllong où au XIème siècle a été édifiée une chapelle romane. Si je dis hameau c’est parce que selon les textes on y dénombrait 4 feux en 1348. Selon les spécialistes, cette chapelle aurait été directement édifiée avec des galets de la rivière toute proche. A ce jour, il ne reste de cette chapelle que quelques vestiges situés sur une parcelle privée. De ces vestiges, seuls restent des murs latéraux de sa nef et son abside semi-circulaire (Source Balades Romanes). Selon l’historien Pierre Ponsich, ce lieu puis son église auraient été la possession des moines de Saint-André d’Eixalada avant sa disparition puis ensuite celle des moines de Saint-Michel de Cuxa, ce qui permettrait de dire que le hameau est bien plus ancien. La rivière, d’une dizaine de kilomètres de long, affluent de la rivière Cady, prend sa source au lieu-dit Les Conques sur le flanc ouest du pic du Canigou. Comme la plupart des torrents de montagne, elle sort régulièrement de son lit engendrant des crues provoquant de multiples dégâts tout au long de son parcours. Les plus importantes crues ont été celles de 1940 ou de 1992. Lors de l’Aïguat de 1940, on estime à 500.000 m3 le volume de matériaux déversés par le Saint Vincent au sein de la vallée qui abrite Vernet-les-Bains (Source « Un contrat de rivière pour la Têt »). Le 6 mai 1943, les Gorges Saint-Vincent ont été inscrites à l’Inventaire des sites à protéger, l’Etat estimant qu’elles représentaient un intérêt général du point de vue scientifique, pittoresque et artistique, historique ou légendaire. Avec ses 532 ha, c’est le site inscrit le plus imposant en terme de superficie du département des Pyrénées-Orientales.

    (**) La cascade des Anglais : Voici ce que l’on peut lire dans un texte du toponymiste Robert Aymard paru en 2008 aux Editions Caliban sous le titre « Pyrénées, un millénaire de présence anglais » :  « A l’autre bout de la chaîne (sous-entendu Pyrénées), je relève à Vernet-les-Bains une Cascade des Anglais. Ce nom vient de ce que, à la suite de la guérison par ses eaux thermales du fils du pacha Mehmet Ali en 1846, les Anglais affluèrent, par train direct depuis Londres. Rudyard Kipling y séjourna en 1910 et y écrivit notamment : "Pourquoi neige-t-il à Vernet ?". De plus, Vernet s’enorgueillit du seul monument célébrant l’Entente cordiale » , monument de Gustave Violet. Si la vie à Vernet-les-Bains d’Ibrahim Pacha,  fils de Mehmet vous intéresse, voici un lien où vous trouverez tous les détails de son séjour : http://ancienegypte.fr/iouf_khonsou/ibrahim_pacha.htm

    Concernant les Anglais, et à partir de cette année 1846, Vernet n’eut de cesse d’essayer d’attirer une clientèle étrangère aisée. Les thermes deviennent propriété d’un banquier de Lisbonne le comte de Burnay et la direction est confiée à un allemand Emile Kiechle « précurseur de la mise en marché moderne ». Pendant la Belle Époque, l’aristocratie française et espagnole fréquentent Vernet-les-Bains en été, la clientèle britannique y vient plutôt en hiver. Grâce à d’importants travaux de restauration dans de très nombreux hôtels, Vernet-les-Bains s’étoffe et devient une station thermale « chic », de réputation mondiale mais surtout anglaise. C’est la Belle Epoque où toutes les stations thermales pyrénéennes sont au sommet de leur gloire. La venue de plusieurs personnalités anglaises de renom contribue à cet essor. Il en est ainsi de Rudyard Kipling, écrivain anglais certes mais surtout prix Nobel de littérature en 1907. Il séjourne à Vernet en 1910,  1911, 1912, 1914 et 1926 accompagnant son épouse Carrie Balestier souffrant d’arthrite. Bien d’autres aristocrates sont là aussi comme lord Frederick Roberts, commandant des forces anglaises contre les Boers en Afrique du Sud. Le premier ministre Arthur Balfour, le ministre de la guerre Kitchener, la princesse Battenberg, fille de la reine Victoria, lord Neville Chamberlain. Oui, les Anglais deviennent omniprésents à Vernet adorant le thermalisme et ses eaux sulfureuses, la douceur du climat, le plus souvent hivernale pour eux, leur séjour au pied du Canigou et les nombreuses possibilités d’excursions que ce massif leur offre. Parmi ces dernières, celle qui consiste à suivre les gorges du Saint-Vincent pour aller admirer les cascades. La dernière accessible, la plus grande des cascades finira par porter leur nom.


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    Des dons de choix....


     

    Depuis très longtemps maintenant, et chaque année, je fais des petits dons à une dizaine d’organismes d’intérêt général (pauvreté, santé, animaux, enfance, justice, sécurité, etc…) estimant qu’il s’agit à la fois d’une bonne action et d’une excellence manière de réduire ma note au niveau de l’impôt sur le revenu. En effet, j’ai toujours pensé que nos gouvernants avaient un train de vie bien trop éloigné du nôtre, et donc du mien, et puis surtout gaspiller trop souvent l’argent du contribuable. Et puis enfin, si le taux des prélèvements obligatoires en France est le plus élevé du monde, j’estime que ceux qui nous gouvernent y sont pour quelque chose.  Je fais quelques dons en cours d’année mais l’essentiel principalement en décembre. Depuis quelques années, je m’étais aperçu que quasiment chaque jour, j’avais une, deux voire parfois 3 lettres de ces organismes dans ma boîte aux lettres. Les organismes étaient également toujours plus nombreux et parfois même redondants dans le but recherché. Exemple : La Ligue contre le Cancer, l’ARC ou l’Institut Curie. Alors quand j’effectuais mon don, je mettais un petit mot leur demandant d’arrêter tous ces envois postaux dont certains étaient quasiment mensuels et pour d’autres presque hebdomadaires. En effet, au regard de cette énorme paperasse que je recevais, je prenais conscience que mes dons devaient représenter une part très conséquente des frais de collecte et de gestion et en même temps un incroyable gaspillage de papier. Et selon moi qui dit gaspillages de papier dit probablement des déforestations certainement inutiles. Et qui déforestation inutile dit atteinte à la Nature en général. Apparemment, je n’ai jamais été entendu, et je l’avoue je trouve cela absolument désespérant. Les sollicitations aux dons ont continué à arriver de plus en plus nombreuses et de plus en plus rapprochées. Par curiosité, à partir de janvier dernier, j’ai conservé toutes ces lettres dans un carton et je viens donc d’en tirer les résultats : 9 kg de papier ! Et l’année 2020 n’est pas finie ! Le temps de mettre en ligne cet article et j’en ai déjà reçu bien d’autres. Je trouve déjà que l’on vit dans un monde de fous à de très nombreux points de vue mais là ça finit par dépasser l’entendement. Je dis qu’il faudrait sérieusement se pencher sur toutes ces associations qui utilisent autant de paperasses, paperasses souvent bien inutiles au regard des  messages qu’elles veulent faire passer. Exemples, ce certificat personnalisé de l’Ifaw « Ami des Jaguars » ou bien encore cette carte postale à adresser à Justin Trudeau mais qu’il faut timbrer à 1,21 euros pour faire en sorte qu’il arrête le massacre des bébés phoques au Canada. Je veux bien que ces associations fassent travailler des imprimeurs mais quand même ! Alors comme on trouve pas mal de chiffres statistiques et comptables concernant les principales associations françaises, j’ai décidé de changer mon fusil d’épaule et de faire essentiellement des dons à celles dont les frais de collecte et de gestion sont les moindres. Parmi elles, les Restos du Cœur, l’institut Curie, Perce-neige et la Ligue de Protection des Oiseaux en font partie et comme j’apprécie leurs travaux, j’ai pris la décision de leur donner et d’en évincer d’autres, sachant néanmoins que rien ne sera jamais figé dans mon esprit.  Je sais que certains médias parlent de sophisme à propos des frais de gestion et de collecte, mais si je sais que l'on peut faire dire n'importe quoi aux chiffres , j'ai pris la décision de ne me fier qu'à ce que je  lis sur des médias désintéressés en la circonstance mais aussi à ce que je constate, c'est à dire bien trop de paperasses que je juge inutile. Je vais également effectuer mes dons sur Internet et tenter d’oublier cette paperasse dont je vais remplir ma poubelle de tri. Savoir que tout ce papier sera recyclé à 70 % seulement ne me console pas. Enfin, je vais continuer à aider ma copine Josy qui sur notre commune se démène comme une malade pour venir en aide aux chats errants au travers de l’association Les Chats d’Oc de Saint-Estève. Un « Gibi » qui n’aiderait pas un « Shadock » serait un mauvais « Gibi », fusse-t-il un  « Gibirando » » et ce d’autant que c’est ma femme qui, avec Josy, ont été les fondatrices de cette belle association il y a bientôt 20 ans.  Si l’année prochaine, le poids de mon carton de lettres est divisé par 2, j’estime que j’aurais fait une bonne action supplémentaire. 


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  •  Ce diaporama est agrémenté avec des musiques du DJ Michael Maretimo extraites de sa compilation intitulée "Spring Lounge 2019".

    Le Roc et le Bac de Torrelles (1.745 m) depuis Urbanya (856 m)

    Le Roc et le Bac de Torrelles (1.745 m) depuis Urbanya (856 m)

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    Urbanya, 5 août 2020. Il est 6h30. Assis sur le canapé avec mon plateau repas sur les genoux, je déjeune devant la TV comme je le fais parfois. Si je dis parfois, c’est parce qu’assez souvent je déjeune plutôt sur la terrasse, surtout quand il fait très beau comme c’est le cas aujourd’hui. En réalité, aujourd’hui, rien n’est comme d’habitude. Mon sac à dos est déjà prêt et je m’apprête à partir pour une balade qui doit m’amener au « Roc et au Bac de Torrelles (*) ». Voilà déjà plusieurs jours que je me prépare à cette longue randonnée sans doute pas facile pour mes vieilles jambes. Il y a 6 ans déjà, en août 2014, je m’étais rendu dans ce secteur de la montagne conflentoise pour une randonnée que j’avais intitulée « Le Canal d’Urbanya ». Si j’ai envie d’y retourner, ce n’est plus pour le canal que je connais désormais mais parce qu’à l’époque, ce Bac de Torrelles, je l’avais décrit comme un « sanctuaire ornithologique ». En effet, j’y avais aperçu tant d’espèces différentes de passereaux que c’était le seul vocable que j’avais trouvé pour décrire ce lieu de rassemblement avien. A l’époque, le zoom de mon appareil-photo ne m’avait pas permis de photographier tous ces oiseaux comme je l’aurais voulu. D’ailleurs, autant l’avouer, on ne photographie jamais les oiseaux comme on le veut !  Depuis, j’ai changé d’appareil et j’ai donc envie d’y retourner. Ça c’est la première raison. La deuxième, c’est que je constate d’années en années qu’il y a de moins en moins de passereaux à Urbanya et dans ses alentours. Je sais que cette situation est générale mais je ne me fais pas à cette idée de voir disparaitre les oiseaux et plus globalement la faune quelle qu’elle soit.  Ici à Urbanya, je marche quand même beaucoup, je fais constamment ce constat et je veux aller voir s’il se vérifie également à une altitude plus élevée. Comme vous l’aurez compris, je veux consacrer l’essentiel de cette longue excursion à photographier les oiseaux mais par expérience je sais qu’il n’y aura pas que ça ! Comme toujours, le plaisir de marcher sera là et les occasions de découvrir bien d’autres choses aussi. Voilà pour les objectifs.

    Alors que je me lève du canapé et regarde vers la porte d’entrée, je suis intrigué, car au travers de la vitre et du rideau qui la protège, je crois voir un chat que je ne connais pas. Il est entrain de manger dans la coupelle des deux chats que nous gardons. Les deux nôtres sont Kiwwie, la chatte de ma fille, et Flip le chat du vacher Philippe. Tous les deux sont très noirs et celui-ci est roux. En réalité, et alors que je m’approche de la porte, je constate qu’il ne s’agit pas d’un chat mais d’un renard sans doute très affamé. Il est d’un roux plutôt clair. Par bonheur, mon appareil-photo est posé sur un meuble, je m’en saisis et peux immortaliser cette image insolite d’un renard mangeant sur le balcon. Il est temps que je parte car l’itinéraire que j’ai programmé est long, difficile et probablement incertain, car en 6 ans, les parties hors-pistes, hors chemins et hors sentiers balisés risquent d’avoir quelque peu évolué défavorablement. Dans nos montagnes, les débroussaillages ne sont plus ce qu’ils étaient il y a quelques années. Je le constate régulièrement sans pour autant me l’expliquer. De plus, photographier les oiseaux nécessitent que je m’attarde très souvent, et bien évidemment, cet état de fait est peu compatible quand il y a une longue distance à parcourir. Enfin, à partir du pic Lloset (1.371 m), j’ai décidé d’éviter les pistes et d’enchaîner avec le pic de la Moscatosa (1.457m) et le Roc de Peirafita (1.535 m) en montant direct puis en longeant les clôtures. Si je connais bien tous ses modestes sommets, je sais qu’il faut très peu de temps pour que la végétation reprenne ses droits. Je ne crois pas si bien dire ! Un bisou à Dany et je démarre. Il est 7h tapantes. Le vallon d’Urbanya est encore à moitié dans la pénombre. Dès les premiers mètres, une couleuvre à échelons arrête mes pas. Elle est immobile contre un mur. J’ai tout loisir de la photographier. Je la titille du bout de mon bâton de marche mais elle semble insensible. Finalement et alors que je m’y attends le moins, elle part se réfugier entre les pierres d’un muret. Je démarre vraiment. Un peu plus haut, quelques papillons et surtout plusieurs oiseaux m’arrêtent encore me faisant déjà mentir quant à leur raréfaction. Je l’avoue, je suis indécis quant à cette balade et au reportage que je dois en faire. D’un côté, j’ai une envie folle de photographier un maximum d’oiseaux et de l’autre, ma crainte est que si j’y parviens, mon reportage soit contraire à ce que je constate le plus souvent, c’est-à-dire une forte diminution de leur contingent. Cette longue montée vers le pic Lloset, je la connais bien. J’en connais chaque secteur et sais où je peux éventuellement photographier chaque espèce d’oiseaux. Si les moineaux, les rouges-queues noirs et les merles ne dédaignent pas les habitations et donc la proximité de l’homme, les épineux sont les repaires des fauvettes, tariers et autres accenteurs. Les bruants et les traquets ont une nette préférence pour des buissons plus élevés, style hauts genêts et buissons à baies. Les pinsons, les gobe-mouches et les bouvreuils préfèrent les arbres légèrement plus hauts sans distinction. Les mésanges sont plus sélectives selon les espèces, certaines préférant les feuillus et d’autres les résineux. Idem pour les roitelets. Les pics, les geais et les sitelles sont plus enclins à faire leurs nids au faîte des arbres les plus hauts d’une forêt. Encore que cette règle soit constamment contredite car aucun oiseau ne rechigne à évoluer parterre s’il y trouve une nourriture à son goût. La nourriture parlons-en, car il y a des insectivores, des frugivores, des granivores et des omnivores. Ces derniers que l’on peut également qualifier d’opportunistes sont les mieux préparés pour affronter des conditions climatiques contraires à leurs habitudes.  Ajoutons à ces différents aspects, le fait que certains oiseaux sont seulement visibles à certaines altitudes, d’autres préfèrent la proximité de secteurs rocheux, d’autres vivent dans des zones humides, d’autres ne sortent que la nuit, etc… Oui, rien n’est jamais simple quand on veut photographier les oiseaux, mais je sais surtout qu’il faut marcher avec discrétion, silence et bien sûr constamment aux aguets. C’est donc en essayant de respecter au mieux toutes ces conditions que je m’élève vers le pic Lloset. Après la ferme de Philippe, la chance est avec moi sous les traits d’un chevreuil que je réveille mais qui finalement s’arrête pour me regarder avant de rebondir de nouveau. Cet arrêt lui aurait été fatal si j’avais été chasseur. Cette fois, il s’en tire à bon compte et aura sa « bobine » dans mon diaporama. En cette saison, la végétation étant fournie quel que soit l’étage montagnard, le nombre d’observations d’oiseaux et la chance de réaliser une belle photo sont des paramètres que l’on ne peut pas maîtriser mais seulement favoriser en respectant du mieux possible les conditions précitées. C’est ce que je fais avec plus ou moins de bonheur sans négliger le reste de la faune mais également la flore que j’aime à recenser en toutes saisons car je ne suis jamais à l’abri d’une agréable surprise. C'est le cas notamment avec une campanule blanche jamais vue jusqu'à présent et une mauve alcée plutôt rare par ici. Il est 9h20 quand j’atteins la crête à proximité du pic Lloset. J’estime à une quinzaine le nombre de clichés d’oiseaux, sans pour autant en connaître la qualité. Si un tiers est réussi je serais satisfait. Le clou de cette montée étant toutefois un deuxième magnifique chevreuil qui s’est immobilisé longuement sur la piste à une trentaine de mètres de moi me laissant toute latitude pour l’immortaliser. Ici, je délaisse la piste qui continue à droite, enjambe la clôture et me dirige vers le tout nouveau pylône dont j’ai appris qu’il avait été installé par Bouygues pour développer son réseau mobiles. Je le rejoins et poursuis tout droit en direction du pic de la Moscatosa. 3 oiseaux sortent des graminées et vont se jucher dans les grands sapins dominant la piste. Je m’y dirige. Il s’agit de grives musiciennes et c’est avec bonheur que je parviens à photographier la plus visible qui a fait le choix de se poser vers le bas du sapin le plus proche. Rien de notable jusqu’au pic de la Moscatosa or mis quelques papillons et un imposant criquet du nom d’Ephippigère des vignes. Si la faune et la flore agrémentent ma randonnée, les paysages grandioses vers les massifs du Canigou, du Coronat et du Madres ne sont pas en reste. Je ne m’en lasse pas. Vers le nord, la vision approximative mais lointaine que j’ai du Roc de Torrelles ne me décourage pas. Il est tôt et j’ai la journée devant moi. Rien de notable non plus dans la descente très boisée du pic de la Moscatosa or mis de nombreux papillons dans les rares parties en clairière et donc moins ombragées. Il suffit de longer la clôture pour rejoindre un chemin qui monte vers le Roc de Peirafita. Ici, et comme je le craignais, la végétation a repris ses droits. Depuis 2014, aucun débroussaillement n’a été entrepris et les genêts s’étant puissamment développés en hauteur et en largeur, ils forment une barrière presque infranchissable. Si je dis « presque », c’est parce qu’à force d’insister dans les trois directions envisageables, je finis par trouver une vieille clôture faite de gros pieux et de fils de fer. Dès lors que je la franchis, tout redevient normal. Très vite, les genêts laissent la place à un nouvelle forêt de résineux où s’égayent d’innombrables pinsons. Finalement, j’atteins la clairière où le Correc de la Pinosa et le canal d’Urbanya font une jonction. Il est 11h30. Dans ce lieu isolé, la présence d’une imposante pelle mécanique m’interpelle. Pas pour longtemps, car dès lors que j’emprunte le petit sentier longeant le canal, je comprends très vite que l’engin est là pour le réhabiliter. Je ne sais pas si ce travail est compliqué mais je ne vois pas dans cette nouvelle rigole une grosse différence avec celle que j’avais suivie en 2014. Bien au contraire. Elle est un peu plus large certes mais l’eau n’y circule pas plus mais surtout le sentier qui suivait le séculaire canal qui était plane et rectiligne, n’est désormais qu’une masse informe faite de glaise, de grosses pierres et de mottes de carex. Les parties encore planes et régulières sont rares et quand ce n’est pas le cas, l’emprunter équivaut à cheminer de petites montagnes russes inconfortables car peu stables voire carrément glissantes et « casses-gueules ». Au fur et à mesure que j’avance, mon constat est toujours le même :  l’eau n’y circule pas mieux et pas plus. En tous cas pas aujourd’hui. Pourtant le printemps a été relativement pluvieux.  Pour atteindre le Bac de Torrelles, à l’endroit même où ce lieu-dit devient une zone humide, je mets le double de temps par rapport à 2014 et ce, sans que les oiseaux en soient vraiment les responsables, même si leur présence est constamment là. Dans cet enchevêtrement peu aisé à arpenter, ma seule satisfaction est de voir des oiseaux. Il est midi et si les oiseaux sont certes présents, je ne retrouve pas ni en nombres d’espèces ni en nombre tout court, le « sanctuaire ornithologique » de 2014 ! Je détiens la preuve que l’avifaune se raréfie à tous les étages montagnards. Indifférent à ma présence, une Buse variable traverse le petit vallon du bac sans s’arrêter, ce qui signifie peut-être que son garde à manger est situé ailleurs. A l’ombre d’un grand pin à crochets et face au Canigou, je stoppe pour piqueniquer. Alors que j’ai d’abord choisi cet endroit comme étant le plus sec possible, en quelques minutes, il devient un bel et inattendu observatoire. Pinsons, tariers, fauvettes, accenteurs, mésanges, pouillots, bruants, gobe-mouches et linottes tournoient autour de moi et de cet « arbre de vie » de manière inespérée. Tous ne se laissent pas photographier facilement mais peu importe je suis satisfait de les observer. Pour preuve, dès lors que le piquenique est terminé et que je pars patauger dans les tourbières, tout devient plus compliqué car les passereaux se font plus discrets. Je me rattrape un peu avec la flore discrète de cette zone humide. 13h15, Il est temps de me mettre en route vers le Roc de Torrelles. Je continue à suivre le ruisseau de Torrelles jusqu’à ce qu’il devienne un étroit mais fougueux torrent descendant dans le vallon. J’allume mon GPS pour en retrouver le tracé que j’y ai enregistré. Ici, ce tracé est censé suivre des pointillés c’est-à-dire un sentier que j’ai observé sur la carte IGN, mais malheureusement même en respectant ce dernier il n’y a rien de concret sur le terrain. La carte IGN de mon logiciel CartoExploreur datant de 1997, elle est devenue obsolète et depuis, les pins ont tout envahi. Je comprends immédiatement qu’il ne faut pas que je continue dans cette voie et surtout qu’il faut que j’arrive à m’extraire de cette partie trop boisée. Je m’élève un peu et finis par trouver un semblant de sentier. Il se faufile dans un bois moins dense et surtout il finit par apparaître comme un vrai sentier, certes pas fréquenté du tout par les hommes et uniquement par des animaux, mais peu importe, il est bien visible sur cette pelouse faite de très bas genêts et de fétuques. Dans les Pyrénées, ces petits sentiers sont parfois appelés « caminoles », quant à ces graminées, il s’agit du très présent « gispet » (Festuca eskia ou flavescens). Le « gispet » pousse en mottes. Autant dire que cheminer ce sentier tout bosselé est aussi compliqué sinon plus que les monticules de glaise du canal. Mais mon objectif final, c’est-à-dire la crête du Bac de Torrelles étant toute proche, je ne désespère pas de l’atteindre. De plus, l’endroit étant fréquenté par plusieurs Becs croisés des sapins et quelques fauvettes huppées, le temps passe plus vite.  En 30 minutes, c’est chose faite, sauf que j’ai loupé le Roc de Torrelles que j’aperçois juste en contrebas à une centaine de mètres. Un coup d’œil sur mon GPS et je ne suis pas à 1.745 m d’altitude comme l’indique mon bout de carte IGN mais bien 91 m plus haut à 1.836 m exactement sur un éperon rocheux sans nom. Une fois encore peu importe car mon objectif était d’abord d’atteindre cette ligne de crête où les vues s’entrouvrent de manière incroyablement grandiose sur la vallée de Nohèdes et tous ses alentours.  Sur ma droite, l’horizon lointain est constitué d’un petit bout de la chaine pyrénéenne qui se détache au-dessus du col du Portus. Plus près le Puig d’Escoutou et le Pic Pelade, déjà gravis en d’autres occasions. En dessous, le Pic de la Creu avec à son pied l’Estany del Clot à peine perceptible. Devant moi, le Mont Coronat, dont j’ai une représentation encore jamais vue sous cet angle, et surtout plus imposante et massive que toutes celles aperçues jusqu’à à ce jour. Au loin, la Méditerranée, l’éternel et majestueux Canigou. Sur ma gauche le pic de Portepas. Enfin autant d'endroits plus ou moins faciles que j'ai déjà cheminés un jour mais également une grande partie du parcours effectué ce matin (Lloset, Moscatosa, Peirafita). Juste au-dessus le Roc de l’Aigle et ses 1.931 m que j’avais envisagé un instant de gravir avant de me raviser car j’estimais qu’il ne m’apporterait rien de plus si ce n’est une déclivité supplémentaire. Bien m’en a pris car après m’être octroyé une demi-heure de repos, me voilà déjà sur le chemin du retour. Est-ce la répétition de ce sentier très bosselé mais je n’ai pas fait 100 m qu’une violente douleur surgit dans l’aine côté gauche ? Ma jambe gauche est quasiment paralysée, je ne peux la tendre ni poser le pied à terre. Je m’allonge sur l’herbe, bois une grande gorgée d’eau et attend 5 minutes. La douleur s’estompe puis disparaît. Je repars avec une inquiétude certaine. A juste titre, car 30 m plus loin c’est autour de l’aine droite avec une douleur similaire. Re-repos, nouvelle gorgée d’eau et je repars une deuxième fois pour 100 m de mieux. Nouvelles douleurs mais cette fois dans les deux aines simultanément. C’est quoi ces douleurs ressemblant à des tendinites ? Là, je me dis que je suis mal barré, tout seul et nulle part au milieu de la montagne même si mon smartphone dort au fond de ma poche. J’y jette néanmoins un coup d’œil et comme je m’y attends souvent en pareil cas, seuls les appels d’urgence sont joignables. Pourtant une amie vient de m’appeler par erreur 20 minutes auparavant. C’est incompréhensible et c’est bien la peine d’avoir pris un forfait Bouygues, ce même Bouygues qui vient d’installer un pylône au pic Lloset à quelques kilomètres à vol d’oiseau me dis-je ! J’essaie de positiver en oubliant un éventuel appel au secours, de garder mon sang-froid et m’allonge une nouvelle fois. Plus longtemps cette fois-ci. 15 bonnes minutes. Les gorgées d’eau se succèdent et par bonheur, j’ai encore de l’eau en quantité suffisante. Les aliments également. Les douleurs disparaissent très vite une fois encore mais je fais le choix d’attendre quelques minutes de plus. Un Bec croisé femelle vient se poser à quelques mètres de moi et m’observe comme pour me défier. Je n’oublie pas que je suis là en partie à cause de lui. Je le photographie puis redémarre.  Plus prudemment que jamais, posant mes pieds bien à plat autant que c’est possible. Les douleurs ne reviennent pas. L’heure a tourné, tourne encore mais il n’est que 14h15 quand je retrouve la rivière de Torrelles. Je me dis que si les douleurs ne reviennent plus, j’ai largement le temps de retourner à Urbanya, même à cloche-pied. Je fais le choix de transformer ma flânerie habituelle en un « train de sénateur » que j’espère « thérapeutique ». J’ai l’âge pour ça ! Je fais également le choix de ne plus sortir de l’itinéraire normal même pour photographier la faune. Ça c’est plus difficile et ce d’autant plus que pour la première fois, j’aperçois deux lézards au Bac de Torrelles. Probablement des « vivipares » au regard de leur aspect plus ramassé que celui du Lézard des murailles. Je ne résiste pas à les suivre pour tenter de les photographier. Un seul aura le privilège de faire partie de mon bestiaire. Idem pour un Bruant fou qui sort de son bain et vient se sécher au soleil sur une branche dénudée. Ce sont mes derniers écarts et dès lors que les tourbières puis que le canal d’Urbanya se présentent, je ne peux plus guère faire le fou. Ici la prudence est de mise si je ne veux pas retrouver ces douleurs qui m’étaient jusqu’à présent inconnues. Je réveille un dernier cervidé mais celui-ci échappe à mon appareil-photo me laissant juste son arrière-train comme ultime souvenir. Je termine le canal sans problème et je fais le choix de continuer à descendre en suivant le Correc de la Pinosa. Je sais que c’est la manière la plus courte pour couper le Bac éponyme et retrouver la piste forestière la plus proche et surtout la plus praticable. Celle de la Fajosa. A 15h40, c’est chose faite. Définitivement rassuré, je finis mon casse-croûte au bord de la rivière Urbanya tout près de la jolie citerne DFCI. Immanquablement, cette citerne me rappelle mon Tour du Coronat effectué en 2007.  Joliment peinte en vert avec des dessins d’animaux, sanglier et cerf notamment, à l’époque c’était la toute première que je la voyais. La suite et la fin sont presque sans intérêt tant j’avais fait du Roc et du Bac de Torrelles mes objectifs majeurs. Sans les embroussaillements nombreux, sans les difficultés répétitives en longeant le canal puis sur les gispets, sans mes douleurs aux aines et avec une avifaune aussi présente qu’en 2014, j’y aurais sans doute passé une heure voire une heure et demi de plus. Quantitativement, j’ai vu moins de passereaux mais plus d’espèces même si certaines n’ont pas été observées. C’est le cas de pipits, de roitelets, de grimpereaux, de pies-grièches et d’alouettes aperçus en 2014.  C’est aussi le cas des bruants proyers qu’à l’époque j’avais vu en grand nombre sur la crête des pics Lloset et Moscatosa. C’est donc avec un sentiment mitigé que je termine ce vagabondage « perso ». Si j’écris « vagabondage perso », c’est parce que ce parcours n’est pas une vraie randonnée même si en terme de décors, il mérite largement que tout randonneur y consacre une belle journée. Pour moi, cette journée se termine en une sorte d’apothéose ornithologique. En effet, alors que je rejoins ma petite maison, des milliers d’hirondelles des fenêtres ont choisi le ciel d’Urbanya et surtout les grands frênes et noyers qui sont juste devant ma maison comme étapes à leur long voyage qui va les entraîner sans doute vers l’Afrique sub-saharienne. En conclusion, et même si la raréfaction des passereaux que j’appréhendais était fondée, je vais garder ces belles images très encourageantes de milliers d’hirondelles tournoyant dans le ciel d’Urbanya. Il est 17h50. J’ai été sur les sentiers pendant 7h50. Telle qu’expliquée ici, la distance parcourue a été de 19,5 km pour des montées cumulées de 1.458 m. Le dénivelé a été de 961 m entre le point le plus bas à ma maison d’Urbanya à 875 m d’altitude et la ligne de crête atteinte au-dessus du Roc de Torrelles à 1.836 m. Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet et IGN 2249 ET Font-Romeu – Capcir Top 25.

    (*) Toponymie et étymologie du nom « Torrelles » : Il semble que cette toponymie ne pose guère de difficulté. C’est ainsi que la page de Wikipédia consacrée à la commune de Torreilles on peut lire ceci : « Ce nom apparaît dès 956 sous la forme Turrilias. Du xe au xiie siècle, cette graphie coexiste avec Torrelias. En 1122, on trouve aussi la forme actuelle en catalan, Torrelles.

    De nos jours, en catalan, le nom de la commune est Torrelles de la Salanca.

    Étymologie

    La Torre désigne bien sûr une tour ou un ouvrage défensif, mais aussi par extension toute maison rurale dotée d'une tour de refuge. Le suffixe latin -ellu (que l'on retrouve aussi dans le nom de Saleilles, à proximité) est un diminutif. Mis au pluriel sous la forme Les Torrelles, le nom peut alors désigner un ensemble de petites fermes équipées de tours défensives ou de refuge.

    Sur son site Internet et toujours à propos de Torreilles, l’historien Jean Tosti confirme plus précisément cette idée en indiquant qu’« on a affaire à des petites tours (en français tourelles), sans doute un groupe de petites fermes ayant chacune son propre système défensif.

    Dans son ouvrage « La colonisation agricole romaine à travers les toponymes des Pyrénées Orientales »Henri Guiter nous apprend que plus avant (de métairies romaines proches de la côte méditerranéenne) se trouvaient des ouvrages de signalisation ou de protection du rivage « Torrilias en 898 provenant de Turriculas ». Outre les définitions précitées, le Dicolatin nous apprend que le mot « Turricula » désigne un « pigeonnier ».  De ce latin « turricula », le français en a tiré l’adjectif « turriculé » qui signifie « qui a l’aspect d’une petite tour » en évoquant des coquillages.

    Notons enfin que lorsque on tape « torrelles » dans Google recherche, le premier site qui se présente est dédié à des communes espagnoles situées toutes les deux en Catalogne et dans la province de Barcelone. Elles ont pour noms Torrelles de Foix et Torrelles de Llobregat. En espagnol « Torrellas ». Si dans l’étude rapide que j’ai réalisée de ces deux communes, rien ne précise l’origine de leur toponymie, notons que le blason de la première est constitué de 2 tours noires crénelées sur un fond bleu et que sur le blason de la seconde sont visibles 3 tours bleus toujours crénelées sur un fond jaune. De manière surprenante, ce blason est quasi similaire à celui de Torreilles que l’on peut trouver sur Wikipédia dans la page consacrée à l’Armorial des communes des Pyrénées-Orientales. Sans contestation aucune, le nom « torrelles » a bien pour origine de « petites tours défensives ». Nohèdes et Urbanya n’ont apparemment pas de blason.

    Le Roc et le Bac de Torrelles étant situés sur la commune de Nohèdes, aucune indication dans l’Histoire de cette commune nous laisse supposer la présence de petites tours défensives voire de fermes équipées d’un système de protection. Néanmoins, en longeant le canal dit d’Urbanya, on peut constater la présence de murets, de cabanes et de cortals en pierres sèches.  Il y en a quelques autres dans les proches alentours. S’agit-il là de ces fameuses « torrelles » désormais effondrées ou plus simplement de vestiges d'un pastoralisme d'antan ? La question reste posée ! Rappelons-nous toutefois que se protéger a toujours été un des besoins fondamentaux de l’Homme. Dès lors que ce dernier a su élever un habitat, ce besoin a été exprimé dans les diverses architectures : oppidum, castellum, turris sont des mots reflétant ce besoin constant quelque soit l’époque.

    Enfin, si l’Histoire de Nohèdes vous intéresse vraiment, sachez qu’elle a été parfaitement contée et résumée par divers historiens. On y apprend par exemple qu’il y aurait eu un village plus important que celui de Nohèdes mais qu’il aurait disparu lors d’une catastrophe naturelle. Nos « torrelles » auraient-elles disparues à cette période elles aussi ?  Voici les liens vers leurs sites Internet :

     


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  • Main basse sur la vie et les paradoxes.....


     

    Nous voilà repartis pour une deuxième période de confinement que l’on peut qualifier de « Main basse sur la vie ». Sur nos vies. Et si ici je parodie le titre et l’affiche du film de Francisco Rosi de 1963, c’est parce que l’expression « main basse » ne m’a jamais paru aussi conforme avec ce qui se passe aujourd’hui. Oui, face à cette pandémie de Covid, nos gouvernants, incapables sur la plan sanitaire d’y faire face, font « main basse » sur nos vies. Je n’en veux pour preuve qu’il décide de tous ou presque comme par exemple, sortir ou pas, se laver les mains, mettre des masques, rester à distances des autres, acheter les produits qui nous seraient essentiels ou pas, décider s’ils le sont ou pas, les commerces qui les vendent qui  le seraient ou pas. Le kilomètre qu’il ne faut pas dépasser journellement. L’attestation qu’il nous faut impérativement produire dès que l’on veut mettre le nez dehors. Le risque de se voir sanctionner dans le cas contraire. Les attitudes à avoir dans les lieux dits publics. Celles à avoir selon la taille de la ville où l'on réside. L'éducation à plusieurs vitesses que l'on propose aux enfants selon leur âge. L’obligation pour ceux qui bossent de le faire autant que possible en télétravail, etc…etc…..Alors certes c’est sans doute fait pour nous protéger mais force est de reconnaître qu’entre le premier et le second confinement, rien ou presque n’a changé et une fois encore nos gouvernants n’ont pas été capables d’anticiper, de prévenir la gravité de la pandémie, de créer les nombreux lits et chambres indispensables, de les équiper en matériels adéquats pour soigner convenablement, de contraindre les cliniques privées à accueillir plus de malades, etc…..Oui, la leçon du premier confinement n’a pas été retenue.  Ils ont été le plus souvent dans la com’ et le sont encore le plus souvent, notre président étant de loin le meilleur dans ce domaine. Oui, quand désormais il me donne son opinion, je la mets de côté et j’attends de voir si elle prend forme concrètement dans les actes. Une « opinion  de côté » de plus, me dis-je assez souvent. Je les entasse ainsi dans ma tête dans l’attente d’un passage à l’acte ne sachant plus très bien toutes celles qu’il nous a annoncées depuis son élection.

    Pourtant en cette période à la fois si stressante et si privative de libertés, si je devais choisir un adjectif pour qualifier la Covid, je choisirais « paradoxal ». En effet, on voit bien que depuis son apparition, nous n’avons guère appris sur ce virus. Je m’en doutais un peu quand en mars, j’avais intitulé la chronique de Mon Journal Mensuel de « Bouillon d’incultures ». Ce n’est pas faute pourtant d’en entendre parler du matin au soir dès lors que l’on écoute une chaîne d’informations en continue, mais en réalité, nous n’apprenons jamais  rien de concret ou si peu ! Quand je dis « nous », j’y englobe tout le monde : monde médical, monde politique et citoyens. Pourtant, si je choisis l’adjectif « paradoxal » c’est parce que ce coronavirus nous apprend chaque jour des quantités de choses :

    • Que nos gouvernants soient à même de prendre des décisions en quelques heures et de nous les imposer du jour au lendemain sans que personne ou presque n’y trouve à redire voire ne s’y oppose. Alors je l’avoue, je comprends mal qu’il n’en soit pas de même pour bien d’autres problèmes que l’on traîne depuis des décennies, comme par exemple freiner l’immigration, expulser des étrangers peu recommandables, sortir de traités internationaux qui nous sont défavorables, créer un système de retraite plus égalitaire, régler le problème des travailleurs détachés illégaux, des squatteurs malveillants, et que sais-je encore ....Voilà quelques exemples qui me viennent à l’esprit mais la liste pourrait être très longue là il faut la plupart du temps, l’aval d’une quantité de Conseils, d’Assemblées, de corporations, de syndicats, du peuple, de partenaires en tout genre, de respecter des accords et des traités, de l’Europe,  d'autres pays et que sais-je encore !
    • Que notre Etat qui était en situation de faillite en 2007, sous Sarkosy et Fillon, qui a connu une crise financière mondiale en 2008, qui a creusé un déficit énorme depuis, est aujourd’hui capable « d’aligner » des millions et des milliards d’euros pour soutenir son économie « décadente » comme on enfile des perles sur un collier et surtout de faire tout cela en promettant que les impôts n’augmenteront pas ?
    • Que nous sommes bien moins forts que les chinois qui ont réussi en quelques jours à construire un hôpital alors que nous n’avons pas été capables en 6 mois de créer quelques lits d’hôpitaux supplémentaires désormais indispensables.
    • Que nous sommes bien moins forts que quelques petits pays qui sont entrain de réaliser le tour de force de tester toute leur population et qui a ce jour ont un nombre de décès du Covid quasiment ridicule.
    • Que les crises mondiales se succèdent, sanitaires et financières, et que les riches n’ont jamais été aussi riches, les milliardaires n’ont jamais été si nombreux et qu'en contrepartie la pauvreté est exponentielle.
    • Que la Nature retrouve une sérénité qui lui est bénéfique dès lors que nous sommes confinés.
    • Que l'on commence à s'apercevoir que la mondialisation est une monstruosité.

     

    Voilà  7 exemples de cet aspect paradoxal du Covid-19 mais en cherchant un peu, je suis certain que l’on pourrait en trouver quelques autres.

     

    Savez-vous que le mot français « paradoxe » a pour origine le grec « paradokson, de « para » signifiant « à côté » et de « doksa » signifiant « opinion ».

     

    Ce "paradokson" grec, c’est-à-dire cette « opinion d’à côté » je note qu’elle rime avec « boxon » que l'on pourrait également écrire "Bokson" ! Ce n'est qu'une réflexion personnelle mais faut-il y voir une quelconque relation de cause à effet ? Dès lors qu'elle est à côté, l'opinion crée-t-elle des désordres ? Je n'ai pas la réponse. A côté de quoi d'ailleurs ? De cette pensée unique que l'on voudrait mettre à tout prix dans nos têtes ? En tous cas, l'opinion de nos dirigeants actuels, moi je continuerai encore de la mettre de côté dans l’attente d’actes concrets.

     

    Alors il est probable que pour certaines personnes,  mon opinion personnelle soit également « à côté »…..de la plaque, mais peu m’importe j’aime écrire et surtout j’aime écrire ce que je pense ! Voilà au moins un acte concret qui me fait du bien !

     


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  • Ce diaporama est agrémenté de 5 musiques interprétées par le célèbre groupe anglais des années 60 "The Shadows". Elles ont pour titre "Telstar", "Cavatina", "Driftin'", "Apache" et "Shadoogie".

    Les Berges de la Têt (Au bord de la Têt) depuis Les Estanyols (Bolquère)

    Les Berges de la Têt depuis Les Estanyols (Bolquère)

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    Si dans « Google recherche », vous tapez « les Berges de la Têt », il est peu probable que dans les premiers choix proposés, vous trouviez une randonnée pédestre. Et pour cause ! Il vous faudra rajouter Bolquère voire Les Estanyols, car c’est bien sur cette commune-là et de ce domaine skiable que démarre cette « Boucle Au bord de la Têt ». En venant de Mont-Louis, direction Font-Romeu, les Estanyols est le nom d’un petit lieu-dit marécageux situé à gauche de la D.618, à environ un kilomètre avant l’entrée de Bolquère. Notre ligne de départ, elle,  est à droite. Il y a un vaste parking, mais surtout un domaine forestier tout spécialement réservé aux sports de plein air que sont  la randonnée pédestre, le ski nordique et les raquettes, et ce même si en été on y rencontre bien sûr des trailers et des vététistes. Quand au crottin de cheval que l’on trouve régulièrement sur les pistes, il me laisse imaginer que l’équitation est également pratiquée, et ce malgré les quelques chevaux errants que j’ai pu apercevoir dans la forêt au cours de cette boucle.  Dès le départ, les renseignements, la direction  et le ton sont donnés : Boucle PR. 63 - Au bord de la Têt – 10 km - +220 m de dénivelé – 3 h – difficulté facile. La piste à emprunter est évidente et conjointe avec une autre boucle plus courte intitulée « le Sentier de la Transhumance ». Il y a également sur la carte une variante à cet itinéraire avec un tronçon intitulé le « Cami dels Capcinesos ». Il s’agit de l’ancien « Chemin des Capcinois », dont l’histoire de la Cerdagne nos apprend qu’il partait d’Eyne et remontait la Vallée de la Têt, portait au Moyen-Âge les noms de Strata Francisca Superior ou Via Redesa ou voie du Razès (*), mais j’avoue ne pas avoir emprunté ce tronçon, préférant la piste. C’est avec un autre groupe de randonneurs plutôt bruyants que nous démarrons cette jolie balade forestière. Nos godillots sur la piste terreuse mais surtout cette cacophonie font s’envoler une belle volée de pinsons picorant au milieu du chemin. Ils disparaissent dans les sapins mais quelques-uns restent photographiables. Cet arrêt photo a eu un double avantage : j’ai réussi de belles photos de plusieurs volatiles et nous avons été largué par le groupe « tapageur » et marchons désormais dans le silence de cette forêt communale de Bolquère. Quelques fleurs, de nombreux papillons pas toujours faciles à photographier à cause d’une petite brise, la suite du parcours vers la Têt est « naturellement » passionnante pour moi. Les carrefours de pistes et le balisage « Berges de le Têt » n’étant pas toujours bien présents, voilà  les seules gênes à cette flânerie plutôt paisible. Je résous ces problèmes avec l’application « IphiGénie » que j’ai récemment téléchargée sur mon smartphone. Moyennant un petit abonnement forfaitaire annuel, cette application situe instantanément votre position sur la carte IGN appropriée. Il suffit de savoir lire une carte et se diriger devient un jeu d’enfants. Après avoir traversé plusieurs jolies clairières, celle de la Cabane de la Jaca del Pas se présente. A cet endroit, quelques petits marécages et des tourbières sont les premiers signes lacustres de la Têt toute proche. Quand le fleuve se dévoile, il s’agit ici d’une modeste rivière d’une dizaine de mètres de large, d’une profondeur de quelques centimètres seulement où l’inclinaison du terrain et le débit de son courant engendrent une petit frise de surface. Il va en être ainsi jusqu’au Pla de Barrès et seuls les derniers paramètres ; pente et courant ;  modifient la vision que l’on a du fleuve, parfois miroir, parfois torrent. Le sentier longe constamment la rive droite. Il est donc facile à suivre et si des panonceaux sont encore là, seules les distances sont intéressantes : « Pla de Barrès par les Berges de la Têt -3,2 km – 0h50 ». Une rivière paisible ou pas, de nombreuses fleurs, des oiseaux constamment bien présents, toujours des papillons, quelques libellules en plus, une belle métairie perchée au sommet d’une butte rocailleuse sur la rive gauche ; du nom de la Borda sur la carte IGN ; un décor de sombres forêts autour de prairies, aucune déclivité,  tout est en place pour prendre beaucoup de plaisir à flâner mais aussi à s’arrêter très souvent pour observer cette Nature parfois indolente parfois plus sauvage. On s’arrête aussi quand une prairie nous offre de nombreux animaux ; chevaux et bovins ; entrain de pâturer, de ruminer ou de gambader.  Car si la forêt est omniprésente, il suffit de jeter un coup d’œil sur la carte IGN pour s’apercevoir que l’élevage et le pastoralisme ont toujours été très présents dans ce secteur et à commencer par cette vaste zone où l’on va tourner autour et qui s’appelle El Rasteller, c'est-à-dire Le Râtelier. Râtelier à animaux certainement ! Sinon on trouve aussi  El Corral (le Coral),  Els Abeuradors (les Abreuvoirs), la Prada (la Prairie), la Jaça del Pas (la Jasse du Passage), la Pleta Vella (la Bergerie Vieille), le Clot Fondo (l’Enclos Fondo).  A l’approche du Pla de Barrès, les touristes et baladeurs se font plus nombreux. Certains s’égayent dans la fraîche rivière, d’autres font « bronzette » sur ses berges. Dans tous les cas, et y compris pour nous, la Têt est la cible de tous les regards, de toutes les distractions et de toutes les activités. Parmi ces dernières, et au regard du nombre de personnes qui le pratiquent, le pique-nique semble faire partie des préférées. L’heure s’y prête. L’arrivée au Pla de Barrès et à son camping est synonyme de retour à la civilisation. Elle se présente sous les traits de nombreux campeurs où tous les moyens de campements se côtoient : tentes de toutes tailles, caravanes, vans mais surtout camping-cars en grand nombre. Par bonheur, l’itinéraire s’en éloigne, longe encore un peu la rivière puis un nouveau panonceau indiquant « Parking des Estanyols – 2,4 km -0h55 » met fin définitivement à cette superbe déambulation fluviale. Automatiquement et en quittant la Têt, cette fin de boucle devient essentiellement forestière et un peu plus monotone. Avec moins de flore et moins de faune, nos foulées se font naturellement plus rapides. De ce fait, le parking des Estanyols arrive bien plus vite que je ne le voudrais, car je finis toujours mes balades avec ce sentiment d’être passé à côté de quelque chose d’important. Ce sentiment est consécutif au fait que la photographie naturaliste comme je la pratique ; c’est-à-dire au jugé, et parfois même « à l’emporte-pièce » ; est souvent sujette à de nombreux ratés. Cette balade a été longue de 8,2 km pour des montées cumulées de 126 m et un très modeste dénivelé de 85 m. Le point le plus haut étant peu après la ligne de départ à 1.734 m et le point le plus bas à 1.649 m au bord de la Têt. Il faut rajouter qu'en hiver cette superbe balade peut s'effectuer en raquettes. Cartes  IGN 2249 ET Font-Romeu – Capcir et 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.

    (*) Cami dels Capcinesos : extrait du livre d’Henry Aragon « Petite Histoire des Stations thermales et climatiques de la Cerdagne », paragraphe consacré à SuperBolquère pages 65 et 66. Voici le lien.

     

     

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  • Toujours en hommage à Ennio Morricone, ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "Presentimento secondo", "Un Amico", "Tema di Ada", "Canone inverso primo", "Il Figlio E La Nostalgia" et "Notte Di Nozze".

    Les Gorges du Sègre depuis Llo

    Les Gorges du Sègre depuis Llo

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    En ce 13 juillet, nous avions décidé de partir en Cerdagne, et plus particulièrement dans le village de Llo que nous ne connaissions pas. Si le village est bien connu pour ses bains aux eaux chaudes sulfureuses, et bien que nous ne les avions pas totalement exclues, là n’était pas notre objectif premier. Non, nous visions plutôt « Les Gorges du Sègre », petite randonnée en boucle que j’avais découvert sur le topo-guide « Les Sentiers d’Emilie en Cerdagne et Capcir ». Si je dis « petite randonnée », c’est parce que le bouquin en indiquait les humbles caractéristiques de la manière suivante : « vous marcherez 2 h en tout ». Aucune distance n’était mentionnée mais on se disait que même en flânant beaucoup ; comme c’est souvent notre habitude ; nous y consacrerions qu’une petite partie de l’après-midi et ce, même en terminant par une visite du village à laquelle nous tenions beaucoup. Dans ce joli mais modeste dessein que nous envisagions, seules des prévisions météo mitigées nous laissaient perplexes quant aux nombres de  découvertes que nous pourrions réalisées. 9h, nous  quittons Urbanya, direction la Cerdagne. Il est 11 heures quand nous rangeons notre voiture sur le long parking à l’entrée du village. Comme prévu, le ciel est très mitigé. Si sous nos têtes le ciel est encore bien bleu, vers le nord, une impressionnante chape nuageuse coiffe l’horizon. Petit problème, on voit clairement que cette chape vient doucement vers Llo, c’est-à-dire vers nous. Que faire ? Il est encore tôt pour pique-niquer et avec un ciel risquant de devenir menaçant, peut-être est-il déjà trop tard pour se lancer dans « les Gorges du Sègre » ? Finalement, juste à côté du parking, un couple qui s’affaire autour d’un bassin,  d’un petit canal et d‘un potager nous intrigue puis nous distrait tellement que nous allons passer presque une heure à les observer. Mais que font-ils autour de ce bassin ? Sont-ils des aquaculteurs ? Élèvent-ils des truites comme le lieu pourrait nous le laisser supposer ? Non, le petit canal alimente le bassin et le potager et dans le bassin, il s’agit d’inattendus poissons rouges ! Le terrain leur appartient et le couple parait enjoué par ce bassin qu’ils ont creusé à la sueur de leur front. Ayant eu des bassins avec des poissons rouges et des carpes koï une grande partie de ma vie, je comprends leur engouement. Quand au potager, je connais le plaisir qu'il y a à voir pousser ses propres légumes, à les cueillir puis à s'en régaler. La conversation s’est installée et nous décidons de pique-niquer sur un petit muret qui jouxte le joli potager. L’endroit me convient d’autant mieux que quelques oiseaux sont de passages et s’arrêtent sur les arbres du parking. Je m’empresse de les photographier. Finalement, si les nuages entourent le village, le ciel n’est pas vraiment menaçant. Nous décidons de démarrer la balade prévue.  Il est presque midi. Malgré le coronavirus qui sévit encore, les touristes sont nombreux. Par bonheur, ils s’éparpillent vers des centres d’intérêts bien divers : bains, village, randonnées, simples promenades, pique-niques et peut-être même une via ferrata dont j’ignore si elle fonctionne. Notre itinéraire file vers les thermes aux bains chauds que le chemin laisse sur la droite. De ce chemin, on va seulement regretter qu’il soit trop longuement asphalté, mais pour tout le reste, rien à redire, c’est superbe. Dany oublie l’asphalte en marchant d’un bon pas. Moi, je l’oublie grâce à tout ce qu’il y a à photographier. Flore surtout mais aussi un peu de faune sous les traits de quelques papillons et de rares oiseaux. Bien trop fougueux, le Sègre (*) ne laisse que peu d’opportunités d’y déceler un animal. Pourtant, je réussis à y photographier un pic épeiche dans la végétation de son lit puis un autre passereau que je n’arrive pas à identifier sur l’instant. Il s’agit d’un accenteur mouchet mais la photo n'est pas géniale. Pas vraiment des animaux aquatiques mais dès le départ, j’ai photographié une jolie libellule dans un petit ruisseau affluent du Sègre. Ça sera la seule. Les papillons, eux, sont constamment bien présents. Comme toujours et parce que nos manières de marcher sont bien différentes, Dany est la plus frustrée, car elle est obligée de s’arrêter et de m’attendre. Elle « roumègue » un peu car elle préfère un rythme plus soutenu, mais pas trop car elle sait qu’aujourd’hui rien ne presse. Les gorges que le Sègre a creusées sont incroyablement hautes et impressionnantes et quand on les regarde au plus haut vers le ciel, elles forment comme un corridor céleste où des vautours fauves planent sans relâche. Avec leur envergure impressionnante et le façon de planer sans effort, ils semblent être les anges gardiens de ce couloir aérien. Sur la gauche, de hautes falaises aux roches acérées sont visibles alors que sur la droite on ne distingue qu’une épaisse forêt. Pourtant, un petit coup d’œil sur mon bout de carte IGN me permet d’y lire que le lieu-dit sur la gauche a pour nom « Roques Blanques », c'est-à-dire « Roches Blanches ». Cette dénomination, nous la comprendrons quand nous serons plus haut en altitude et en voyant ces roches blanches (enfin plutôt grises sous ce ciel gris !) et puis surtout en s’intéressant à la géologie de Llo dont Wikipédia nous dit qu’elle est « particulièrement riche » avec notamment du « calcaire, roche assez exceptionnelle en Cerdagne française ». Il faut savoir que ce secteur est surtout schisteuxDans cette géologie inhabituelle de Cerdagne, les émergences d’eaux souterraines sont nombreuses et celles qui jaillissent de la Fontaine de la Cayelle ont été remarquées depuis très longtemps. Cette fontaine est mentionnée à juste titre dans bons nombres d’ouvrages du 19eme siècle. Au titre d’un seul exemple ; mais il y en a bien d’autres ; voilà ce que l’on dit d’elle dans un livre de 1836 « Merveilles et beautés de la Nature en France » de Georges Bernard Depping : «  la Fontaine de Cayelle, qui s’accroît tous les jours une demi-heure et diminue ensuite, jaillit sur la montagne de Llo en Cerdagne. Cette crue journalière est toujours précédée d’un bruit souterrain plus distinct en été qu’en hiver ». Quand la fontaine se présente ; enfin je pense qu’il s’agit bien de celle-là ;  son écoulement est modeste et sans aucun bruit particulier. Apparemment, nous ne sommes pas dans la bonne demi-heure et il ne nous paraît pas opportun de l’attendre. Nous continuons. La pluie se met à tomber à l’instant même où sur la gauche, les parois rocheuses disparaissent pour laisser la place à de vertes prairies. Une bâtisse apparaît en son centre. C’est le bien nommé « Mas Patures » sur mon bout de carte mais « Paturas » sur les panonceaux et sur mon topo-guide. Par bonheur, la pluie ne dure pas mais un superbe arc-en-ciel vient chamarrer les décors.  Peu de temps après, une intersection puis une passerelle enjambant le torrent se présentent. Il faut ignorer cette dernière et lui préférer l’intersection en épingle à cheveux filant à gauche. Des panonceaux indicatifs rassurent les randonneurs. L’itinéraire longeant le Sègre se termine ici et celui des « Gorges du Sègre » file vers le Mas Paturas. Sur le topo-guide « Les Sentiers d’Emilie en Cerdagne et Capcir », il est indiqué « que la superbe bâtisse…..sera prétexte à une halte gourmande où vous pourrez déguster produits de la ferme et fromages de chèvre »,  alors bien évidemment nous sommes très surpris de n’apercevoir aucun panneau vantant ces produits du terroir. Non, il n’y a absolument rien ! Pas de pancartes d’accueil et pas âme qui vive. Alors bien sûr, ces absences ne sont pas des incitations à se diriger dans une habitation isolée, déserte et pas vraiment hospitalière de prime abord, et ce d’autant que le chemin se sépare en deux et celui conseillé pour Llo passe juste en dessous de la jolie ferme. Il faut se rendre à l’évidence, soit ces fermiers ne veulent pas être dérangés soit ils ne veulent pas de clients trop timorés. Nous le sommes. Nous continuons notre chemin, juste surpris par un chat qui détale des buissons une musaraigne entre les dents et des moutons très groupés qui broutent en contrebas. Le sentier s’élève en douceur mais magnifiquement au dessus de la vallée. On ne peut que regretter ce temps maussade. Toujours de plus en plus de fleurs et de papillons à photographier. Quelques oiseaux sont présents mais le plus souvent « inphotographiables » car trop remuants. Réussir une belle photo d'un volatile devient jubilatoire. Je jubile par intermittence. Un premier col rocheux se présente offrant à la fois une autre vision de cette géologie remarquablement saillante et déchiquetée mais aussi une belle vue sur la Vallée du Sègre et l’éperon rocheux où l’on distingue la vieille chapelle ruinée de Saint-Féliu de Castellvell de Llo. L’intersection menant à l’édifice religieux est vite là,  mais, une pluie fine reprenant du service, Dany préfère « jeter l’éponge » et poursuivre vers l’arrivée. J’y file tout seul sous ce petit crachin, mais là ô miracle quand je passe la porte de la vieille église, au dessus de laquelle trône la statue de Saint-Félix, la pluie s’arrête soudain et des bouts de ciel bleu apparaissent.  Peu après, il ne pleuvra plus. Dans l’immédiat, j’en profite pour photographier la chapelle sous tous ses angles, et comme sur ce piton rocheux du nom d’El Lladre, la faune et la flore sont également bien présentes, je m’y éternise plus qu’il ne faut. Haut-lieu de l'archéologie, je n'y trouve qu'une roche gravée d'une cupule, mais à vrai dire je ne cherche rien de préhistorique car c'est l'instant présent et la Nature qui m'intéressent. Oui, pas de doute, pour les oiseaux et les papillons que je poursuis sans cesse de mes passions, je suis ce Lladre catalan, c'est-à-dire en français ce « bandit de grands chemins ». Si le retour vers Llo est encore propice à la photographie naturaliste, la descente est suffisamment caillouteuse et scabreuse pour ne pas se consacrer qu’à ça. Cette pente réclame lenteur et prudence, ce qui ne fait pas le bonheur de Dany qui m’y attend à son extrémité. Le temps d’un petit en-cas et nous terminons par une belle visite de Llo, sa tour del Vacaro que l'on observe de loin, mais dans le contraste d'un étonnant ciel bleu, les vestiges de son château, ses jolies venelles mais regrettons que son église Saint-Fructueux soit close. Et dire que les dictionnaires donnent de ce « saint-là », ou plutôt de ce « mot-là », les définitions suivantes : « Qui donne des fruits. Qui procure un grand profit, un avantage, Qui donne un résultat utile ; fécond ». Tu parles ! Alors que le sentier d’Emilie donne comme sous-titre à cette balade « Au rendez-vous des sorcières », n’est-ce pas plutôt «Au rendez-vous manqués ? ». Non, nous n’avons pas vu de sorcières ! Non, nous n’avons pas goûté « aux fruits » de l’église Saint-Fructueux ; apparemment en cours de restauration ; pas plus qu’à ceux du Mas Paturas. Néanmoins, soyons honnêtes ! Nous avons pris un grand plaisir à marcher et à découvrir, et comme c'était le but recherché, nous ne faisons pas la fine bouche, même s'il est humain d'en vouloir toujours plus ! Cette balade, visites de Saint-Féliu et du village incluses, a été longue de 6,6 km. Les montées cumulées sont de 506 m. Le dénivelé est de 236 m entre le point le plus bas à 1.381 m à bas du parking et le premier collet juste après le Mas Paturas à 1.617 m. Carte IGN 2250ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25

     

    (*) Le Sègre : Vous trouverez sur Internet bons nombres d'informations intéressantes concernant la rivière Sègre. En voilà une que j'ai trouvée au cours de mes recherches. Elle a pour auteur, le célèbre journaliste et éditeur Adolphe Joanne, également président du Club Alpin Français pendant quelques années. Cette description très complète est extraite de sa « Géographie des Pyrénées-Orientales » de 1879 :  « La Sègre prend sa source au nord-ouest du Pic de Sègre, par plusieurs bras qui, en se réunissant, forment dès l'origine une rivière importante. Près de là est la fontaine intermittente de Cayelle. La Sègre suit d'abord la direction du nord-ouest, et, jusqu'à son débouché dans la plaine de la Cerdagne, coule profondément encaissée dans une gorge. Elle laisse à droite Llo, traverse, de l'est à l'ouest, une fertile plaine, couverte de champs de céréales et de gras pâturages, traverse Saillagouse, reçoit, à droite, la rivière d'Eyne, qui descend de l'étroite et pittoresque vallée d'Eyne, et passe à Eyne et à Estavar. Elle traverse, du nord-est au sud-ouest, l'enclave espagnole de Llivia, où elle recueille les eaux de l'Err, en sort au dessus de Caldegas, et quitte la France à Bourg Madame, au confluent de la Raour, rivière qui passe à Angoustrine et à Ur. Elle contourne, à droite , Puycerda, reçoit à gauche la Vanera, puis à droite , l'Aravo ,le plus fort de ses affluents français. Ainsi grossie, elle laisse à gauche Sanavastre , passe entre Isobol et Asonso , baigne à gauche les murs de la ville de Bellver . Après avoir reçu des deux côtés un grand nombre de petits affluents , elle traverse Martinet, où elle se grossit de la Llosa . Elle se dirige alors sensiblement vers le sud , passe au -dessous de la ville importante de la Seo d'Urgell, au delà de laquelle elle reçoit, à droite, l' Enbalire, et, après s'être grossie de la Noguera Pallaresa , de la Noguera Ribagorzana et de la Cinca , elle se jette dans l'Ebre au-dessous de Mequinenza, après un parcours de 300 kilomètres . L Èbre et la Sègre ainsi réunis vont se jeter dans la Méditerranée par plusieurs bouches au port du Fangal, bien au sud de Tarragone, après un parcours de 150 kilomètres à partir de leur confluent. » Vous noterez que Joanne emploie essentiellement le féminin alors que de nos jours on écrit "Le Sègre" et non pas "La Sègre". 

     


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  • Tout va très mal Madame la Banquise.....

    Tout le monde le sait, car nous en avons désormais les preuves formelles, la banquise fond plus vite que prévu, et ce n’est pas le limogeage par Emmanuel Macron de Ségolène Royal de son poste d’ambassadrice des pôles qui a changé quoi que ce soit à l’affaire. On s’en doutait. Faut-il tout mettre sur le dos de l’activité humaine ? Je ne sais pas car je ne suis pas climatologue ! Toujours est-il que le changement climatique s’accélère, les catastrophes s’intensifient et nos gouvernants actuels comme leurs prédécesseurs regardent ailleurs.  Normal, tout va très mal Madame la Banquise et au lieu d’être dans l’action, ils sont toujours à compter leurs voix électorales et à faire en sorte de ne pas en perdre lors des prochains scrutins ! Ne pas faire de vagues, auprès de personne, auprès d’aucune communauté, groupes, lobbys, corporations de préférence, voilà leur leitmotiv et de ce fait, les seules vagues notables sont celles qui emportent tout sur le passage comme ces jours-ci dans la Vallée de la Vésubie et celle de La Roya. Un petit discours d’apitoiements et puis s’en vont. Normal, tout va très mal Madame la Banquise et il y a bien d’autres phoques ou ours blancs à fouetter !

    Parmi ces ours et ces phoques, et si je fais volontairement abstraction de la Covid-19, sujet ô combien majeur de cette année 2020, les autres principales préoccupations des français restent toujours les mêmes, et ce même si d’une année à l’autre quelques pourcentages évoluent selon les événements de l’actualité. Au titre d’exemples donnés par l’Insee voilà comment elles étaient jugées par les français en 2019 : 

    • Terrorismes – Attentats : femmes 21,5% - hommes 17,9% - ensemble 19,8%
    • Pauvreté : femmes 19,3% - hommes 18,6% - ensemble 19%
    • Chômage – précarité de l’emploi : femmes 14,1% - hommes 18,1% - ensemble 16%
    • Santé : femmes 13,4% - hommes 12% - ensemble 12,8%.
    • Environnement : femmes 12,8 % - hommes 14,6% - ensemble 13,6%
    • Délinquance : femmes 9,5% - hommes 10,6% - ensemble 10%
    • Racisme – discrimination : femmes 7,2% - hommes 6,2% - ensemble 6,7%.
    • Sécurité routière : femmes 2,1% - hommes 1,9% - ensemble 2%.

    Dans cette liste, je pense qu’il manque « l’éducation des enfants », mais au regard des perturbations que la Covid cause dans ce domaine, il est certain qu’elle est désormais une préoccupation majeure des français.

    Sans vouloir jouer les Zemmour, et surtout sans mettre « tous les gens venus d’ailleurs dans le même panier », il faut reconnaître que bon nombre de problèmes en France se sont intensifiés voire ont apparu à cause de ce tsunami migratoire que nous subissons depuis les années 50/60 et années suivantes que les démographes appellent 3eme vague.

    Terrorisme : Depuis les années 2000 qui sont les terroristes ?  Pour la plupart, ce ne sont que des enfants de la 3eme ou 4eme génération issus de l’immigration et qui ont trouvé dans le Djihad un exutoire à leur infortune et oisiveté banlieusardes. Au titre d’exemples, il suffit de voir les noms de ceux qui seront jugés avec Salah Abdeslam, principal suspect des attentats parisiens du 13 novembre 2015, tous ont des noms arabo-musulmans, même si tous n’ont pas la nationalité française. Il y a des exceptions avec des français de souche terroristes mais elles sont aussi rares qu’inacceptables. Parmi ces exceptions, on peut évoquer le cas de cet agent radicalisé de la préfecture de Paris. Il est d'autant plus inquiétant que l'on sait que bon nombre de services publics sont gangrenés par ce phénomène. Il s’appelle Mickaël Harpon, est né en Martinique, a 45 ans, travaillait comme informaticien au service des renseignements généraux, il est marié à une marocaine (est-ce la raison ?), a 2 enfants et n’a pas le profil du terroriste habituel, même si nombreux étaient ses collègues à savoir qu’il s’était converti à l’islam depuis quelques temps déjà et avait montré des signes évidents de radicalisation. Il y aura toujours des exceptions, mais pour se radicaliser il faut qu’il y ait un terreau pour ce faire. Le terreau est trop fertile et il faut trouver des solutions pour l'appauvrir. En cinquante ans, l’islam et ses pratiques ont changé. De plus, il faut reconnaître que nos dirigeants ne sont pas toujours logique dans leur façon de voir les choses. Ils s’en vont combattre les terroristes dans d’autres pays ; le Mali ou le Niger par exemples, mais dans le même temps, ils  acceptent d’en avoir 10.000 de potentiels (peut-être beaucoup plus !)qu’il faut surveiller comme le lait sur le feu sur notre territoire. Oui, où est la logique ? Pauvreté : Exceptés la Réunion, Mayotte et la Guyane, où se situent les personnes les plus pauvres si ce n’est dans le département de la Seine-Saint-Denis, épicentre de l’immigration où le taux de pauvreté est de 26% dont 34% si l’on tient compte uniquement des jeunes mineurs ? En 50 ans, sa population a plus que doublé et les jeunes d’origine étrangère de moins de 18 ans qui représentaient 19% en 1968 sont passés à 57% en 2005, ce pourcentage étant de 77% pour la seule commune de Clichy-sous-Bois. Le reste de la France n’est pas en reste et la courbe ascendante est la même mais avec des chiffres un peu moindres. Chômage – Emploi : Bien évidemment, il ne faut pas se leurrer, ces jeunes nous les retrouvons sur le marché de l’emploi où les immigrés tous confondus représentent un taux de chômage de 13,6% contre 7,8% pour les non immigrés. Nos gouvernants n’ont de cesse de vouloir nous faire croire que l’immigration est bonne pour l’emploi, qu’elle peut être choisie et que bon nombre de migrants seraient hautement qualifiés. Ce ne sont bien évidemment que des mensonges et des désirs peu résolus, et ce d’autant que l’on sait pertinemment qu’il y aura toujours un délit de faciès et une discrimination à l’embauche selon qu’on s’appelle Jean ou Mohamed. Il faut le regretter mais c'est ainsi et il faudra du temps pour que ça change. Qui dit chômage, dit coût social incommensurable pour la société. La Covid ne va rien arranger ! Santé : Il est évident que cette immigration de masse dont ; entre légaux, illégaux et étrangers ; on ne connaît jamais les vrais chiffres (pourquoi ? Mais poser la question, c'est peut-être y répondre !), a une forte influence sur les besoins sanitaires. En 2017, Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur faisait état de 300.000 sans-papiers. En 1995, sous Jospin, l’administration évoquait déjà de 200.000 à 400.000 illégaux sur le territoire. Certains évoquent en une année des villes comme Rouen ou Strasbourg soit 600.000 à 700.000 toutes personnes confondues de plus sur le territoire national. Serons-nous en mesure de faire face à cette évolution exponentielle si on ne fait jamais rien pour l’arrêter voire au moins la ralentir ? Dans tous les cas et quel que soient les chiffres, la France détient le record du flux migratoire en Europe alors que tous les autres pays voient plutôt leurs chiffres baisser. Cela est du au fait que la France est devenue avec ses prestations sociales en tous genres un aspirateur à migrants. On a tous entendu parler de l’A.M.E, Aide médicale d’Etat, dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès gratuit aux soins. Elle aurait coûté 943 millions d’euros en 2019, mais c’est surtout son augmentation de 47% entre 2009 et 2019 qui interpelle, et elle interpelle d’autant plus que l’on sait que des filières étrangères se sont créées opportunément profitant de cette généreuse et grotesque manne de manière totalement illicite. Environnement : On sait que bon nombre de migrants fuient leur pays à cause d'un changement climatique : trop ou pas assez de pluies, aridité des sols, montées des eaux, catastrophes naturelles, etc... Alors peut-on accueillir toutes ces personnes alors que nous mêmes avons nos lots de calamités ? Comment cet afflux de nouvelles personnes, et dans un petit pays comme le nôtre en terme de superficie, ne pourrait-il pas avoir une mauvaise influence sur la qualité de notre environnement ?  Plus de logements, plus de véhicules, plus de personnes et de biens à transporter, inévitablement plus de pollutions, plus de déchets et en 2 mots « moins d’écologie ! ». Plus d’argent à mettre dans le social et donc moins à mettre pour un meilleur environnement même s'il faut reconnaître qu'un effort est fait dans ce sens. Est-il suffisant ? Pour le citoyen lambda, quels ont été les effets visibles de la COP 21 depuis 2015 ? Je me souviens d’une émission TV où l’on voyait un journaliste interviewé un modeste paysan que sa commune venait d’exproprier de son terrain dans le but de construire des logements sociaux. Malgré l’argent qu’il allait percevoir, on sentait bien le désappointement de ce brave homme qui avait vécu toute sa vie sur sa terre de son petit troupeau de bovins. Il indiqua qu’il était triste de savoir que sa jolie terre campagnarde faite d’herbages verdoyants et de haies naturelles allait disparaître à jamais enfouie sous le béton d'une cité HLM et que ses vaches et veaux seraient « malheureusement » remplacés par des « gens venus d’ailleurs ». Tout était dit ! Délinquance : Au mot « délinquance », j’aurais préféré les mots « insécurité » et « justice » ou plutôt « injustice », car malheureusement on fait de nos jours la part trop belle aux voyous plutôt qu’aux victimes. Beaucoup trop de sanctions pénales ne sont jamais exécutées. Beaucoup trop de délinquants multirécidivistes profitent de cette impunité. Si on ne connaît aucun chiffre ethnique ou religieux des personnes incarcérées, quelques textes et chiffres sont néanmoins très parlants : Ainsi le journal Le Monde du 20 octobre 2016 indique que « les enfants de l’immigration sont surreprésentés en prison »  ajoutant « que le discours djihadiste trouve un écho dans le milieu carcéral car le nombre de détenus musulmans, issus de l’immigration maghrébine ou subsaharienne est important ». Au delà de cette absence de chiffres, on sait que 96 % sont des hommes et la moitié a moins de 32 ans et est sans emploi. Ces détenus sont issus le plus souvent de milieux dits défavorisés. Un détenu sur 4 est sans aucune ressource. 80% ont un niveau inférieur au baccalauréat, 10% sont carrément illettrés. 38 % ont des addictions à la drogue et 30% à l’alcool. 8 hommes et 7 femmes sur 10 présentent au moins un trouble psychiatrique. Un détenu sur 4 est né à l’étranger et en février 2017, 22 % des détenus étaient carrément étrangers. Là aussi, on imagine aisément le coût que ces consentements étatiques absurdes engendrent ! Racisme – discrimination : Il me paraît presque naturel qu’avec tous ces problèmes qu’engendrent l’immigration et les immigrés, il y ait du racisme et de la discrimination. Personnellement, le mot « détestation » me paraîtrait plus approprié car je crois que l’on a toujours tendance à mettre les mots « racisme et discrimination » à toutes les sauces. C’est plus souvent un problème dans la façon d’être, de vivre et de se comporter différemment qu’un problème de couleur de peaux ou de communauté. Mais je ne vais pas m’étendre sur ce thème car je pense que de l’aversion, il y en a des deux côtés, surtout quand l’aspect religieux qui a disparu d’un côté et qui est omniprésent de l’autre entre en ligne de compte. Dans ce cas précis, trop souvent la compréhension et la tolérance disparaissent, car comment expliquer à un athée que la religion peut être le fil rouge d'une vie et vice-versa ? Macron, après plus de 3 ans de pouvoir, vient de faire le constat qu’il y aurait un islam radical dans notre pays et l’intitule « séparatisme ». S’il suffisait de changer les mots pour régler les problèmes ça se saurait car des gouvernants bavards dieu sait si nous en avons eus, lui inclus ! Sécurité routière : Je ne vais pas m’étendre sur ce thème-là car si l’on ne peut pas affirmer que l’immigration a eu un effet sur les accidents de la route, on peut néanmoins dire sans se tromper qu’un voyou de la vie courante sera probablement un voyou au volant. La jeune gendarmette Mélanie Lemée qui est morte récemment, heurtée par le véhicule d’un délinquant multirécidiviste issu de l'immigration est là pour prouver que j’ai raison. Cela nous renvoie au paragraphe sur la délinquance.

    Alors bien sûr et je le vois d’ici, on va me traiter d'inhumain, de discriminant, de xénophobe, d’islamophobe, de raciste sans doute et je ne sais quoi encore ? Que je fais des amalgames. Non, je ne fais pas d’amalgames et si je ne mettrais jamais toutes les personnes venues d'ailleurs dans le même panier, (il y en a beaucoup de très bien) les constats sont néanmoins là et il serait temps que nos gouvernants s'emploient à trouver des solutions pour que ça change. Pourtant, je ne fais que reprendre des éléments que n’importe qui peut lire sur le Net, dans la presse, les médias ou dans des organismes d’état comme l’INSEE et bien d’autres et pas obligatoirement d’extrême-droite. Il suffit de s’y intéresser et d’en faire le constat comme je le fais. J'ai mis pas mal de liens pour faciliter ces lectures.  Il suffit d’éviter de tomber dans cette « pensée unique » dont l’objectif est de nous faire regarder ailleurs voire au pire de vouloir nous faire fermer les yeux. Pourtant, je reste conscient qu’une immigration est nécessaire mais il faut qu’elle soit réfléchie et choisie pour que la France reste ce qu’elle était, c'est-à-dire un pays des Lumières où il fera bon vivre. Où nous conserverons nos traditions et nos valeurs. Les guerres antérieures nous ont envoyé leur lot de migrants européens mais jamais leurs venues ont engendré les problèmes que l'on connaît de nos jours. Il existe des solutions comme le Canada le démontre en barricadant ses frontières et en faisant le choix d’une seule immigration nécessaire à la bonne marche du pays. Pour cela, il faut beaucoup de contrôles et être disciplinés : fixer des règles, s'y tenir, contrôler nos frontières, nos aéroports, nos ports, arrêter le regroupement familial, ne pas donner la nationalité française à tort et à travers et notamment à des personnes qui finissent toujours par à en avoir deux. La donner seulement après une longue période probatoire. Arrêter de verser des aides sociales immédiates à des personnes qui ne viennent que pour ça ! D’autres diront que je suis négatif, faisant uniquement la liste des problèmes et oubliant les aspects positifs de notre société française. Lesquels ? La Sécurité Sociale ? Dont on dit que la fraude s’élèverait à plusieurs dizaines de milliards ? De ses services publics ? J’y ai été suffisamment confronté dans ma vie professionnelle pour savoir qu’ils ne peuvent pas être d’excellence et ce dans de multiples domaines ? La seule évolution favorable que j’ai vue ces dernières années, c’est l’accès si facile au chômage partiel suite à la Covid. Si facile, que là aussi les fraudes ont été colossales en seulement quelques mois ! Comme souvent, les contrôles ont été inexistants au préalable. On verse des aides et on constate après coup avoir été floué ! Là, on tente de se récupérer mais ce n'est toujours que partiellement ! De ses services de santé ? On a vu leurs faiblesses avec le coronavirus et surtout qu'on n'était pas les meilleurs dans ce  domaine (je n'ai eu de cesse de le dire dans Mon Journal Mensuel), mais on a vu aussi que les personnes qui tenaient le système à bout de bras étaient trop souvent au bas ou au milieu de l’échelle en terme de reconnaissance et de rémunérations. De son éducation ? Dont on voit bien qu’on la tire constamment vers les bas. Est-il raisonnable de « donner » le baccalauréat à 95% de nos enfants et ainsi de leur faire croire que l’avenir qui se profile sera uniquement rose pour eux ?

    Madame la  Banquise, si quelque chose va bien dites-le moi et j’arrêterais de fondre en larmes comme vous le faites vous-même. Sortez vos mouchoirs et mettez vos maillots de bain, les eaux vont continuer à monter !

     

     

     

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     Ce diaporama est agrémenté de 6 musiques d'Ennio Morricone extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "Giovanna & Féderico", "Forse Basta", "Presentimento secondo", "Un Amico (from Revolver)", "Tema Di Ada" et "Canone Inverso Primo".

    Le Circuit de la Tirounère depuis Saint-Paul-de-Fenouillet

    Le Circuit de la Tirounère depuis Saint-Paul-de-Fenouillet 

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    En été, quand la canicule règne mais que l’envie de randonner est toujours là, il y a deux manières d’aller à la recherche de la fraîcheur. Il y a celle consistant à monter en altitude ou bien celle résidant à trouver un point d’eau. C’est cette deuxième solution que j’avais choisie en allant vers le lieu-dit La Tirounère (*) à partir de Saint-Paul-de Fenouillet. La Tirounère est une résurgence d’eau souterraine située au fond de la rivière Agly à la sortie des Gorges de Galamus. Dans son livre « Les eaux souterraines des Pyrénées-Catalanes », le très éminent hydrologiste Henri Salvayre la décrit ainsi : « La résurgence de la Tirounère l'une des plus importantes « sources » après Font Estramar, jaillit dans le lit de l’Agly, sur sa rive droite en amont de St - Paul - de – Fenouillet ».  Haut-lieu de la spéléologie subaquatique, elle a été explorée par le célèbre spéléologue Robert de Joly en 1934 et depuis elle constitue un lieu très prisé pour tous les fanas de cette discipline. Depuis sa découverte, elle a été captée et fournit ainsi en eau potable une partie de la commune de Saint-Paul. Ses eaux se mélangeant à celle de l’Agly, vous avez déjà compris que mon but n’était pas d’aller faire de la spéléologie ;  j’en serais bien incapable ;  mais plus simplement une jolie balade et puis surtout d’en profiter très largement pour me rafraîchir. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de braver quelques interdictions. En effet, il faut savoir que La  Tirounère a été pendant quelques années un passage obligé sur les sentiers de Grandes de Randonnées que sont le Tour des Fenouillèdes, le GR.36 et le Sentier Cathare. Une passerelle métallique enjambant la rivière Agly en permettait le passage sans être dans l’obligation de se mouiller les pieds voire les jambes et au pire de prendre un bain. Malheureusement, en novembre 2014, elle a été emportée par des crues historiques qui atteignirent leur apogée les 29 et 30. Un projet de reconstruction est dans les cartons depuis plusieurs années mais apparemment un budget de financement manque à l’appel. Le passage par ce lieu est en principe interdit même si en été franchir à gué les  4 à 5 mètres de largeur de la rivière est très facile.  Voilà pour la présentation. Mon circuit démarre de la rue de la Paychere (**) où, parce que je suis seul, je réussis à garer ma voiture contre le mur d’une villa. De ces hauts murs, croulent des oranges et des trompettes rouges d’une jolie plante que l’on appelle bignone. Tout autour, c’est déjà un peu la campagne avec des meules de foin, des champs de luzernes et des vignobles. De la cité, je n’aperçois que les toitures et bien évidemment les monuments les plus hauts que sont le Chapître et le clocher de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul. Parce que je suis là aussi pour photographier la Nature, d‘emblée la chance est avec moi. Elle se présente sous les traits d’une minuscule vipère qui traverse la ruelle, de chardonnerets élégants car joliment colorés, d’une tarente se chauffant au soleil et de petits papillons. A cause de la saison et de la chaleur qui règne, la flore est rare voire déjà bien fanée. Néanmoins, je trouve quelques fleurs à immortaliser. Plus rien de notable jusqu’à un passage à niveau où circule le train rouge du Pays Cathare et du Fenouillèdes. Quand le train rouge passe, je suis déjà à plus de 200 m de la voie ferrée  et près d’un chenil où une meute de chiens de chasse vocifère aux moindres bruits de mes pas. Avec la chaleur qui règne, je comprends leur exaspération à être enfermés dans des baraques de tôles et de planches entourées de grillages. Quel être vivant accepterait de vivre dans des conditions si indignes ? J’apprécie ma liberté, et ce, d’autant plus après la période obligée de confinement que nous venons de vivre. Si les vignobles restent présents, la garrigue prend de plus en plus de place au rythme de mes pas. Les yeux aux aguets de tout ce qui pourrait se présenter, j’erre de droite à gauche sur ce chemin pourtant quasiment rectiligne, flânant comme jamais, mais avec ce sentiment de liberté que l’expression « prendre la clé des champs » reflète parfaitement. D’ailleurs, un coup d’œil sur mon bout de carte IGN vient magnifiquement me confirmer cette métaphore car le lieu-dit que je traverse s’appelle le Cami de Camps, c’est-à-dire le Chemin des Champs.  Les papillons se font plus présents mais leur petite taille semble inversement proportionnelle à la grande aridité des lieux. Pour l’avoir lu, je sais que les variations de taille voire de coloris chez les lépidoptères peuvent être fonction du climat, de la saisonnalité et de l’altitude. Ici le milieu plutôt sec semble être l’élément déterminant.  Seuls les Machaons et les Flambés, plutôt nombreux, semblent avoir une taille à peu près normale. Mon assiduité à photographier la faune me distrait au point d’en oublier que j’ai un itinéraire à suivre et voilà comment sur un simple aller retour, je fais un kilomètre de mieux ! Je reviens sur mes pas sans trop ronchonner car cet égarement m’a permis de photographier une remuante fauvette et un joli serin. Dans la garrigue, quelques rares pins, parsemés de-ci delà, sont les prémices des pinèdes de pins d’Alep qui ne tardent pas à arriver. Elles se succèdent au fil des premières vrais déclivités, déclivités qui prennent la forme de petites montagnes russes, le terme de « montagne » étant ici très exagéré, le mot « butte » étant plus approprié. Ces collines boisées sont le siège d’innombrables « cicadidés », c’est-à-dire des cigales, toujours très difficiles à photographier. Il faut une bonne vue pour arriver à les repérer sur les arbres où leur immobilité et leur mimétisme sont d’excellents camouflages, et puis surtout dès que l’on approche, elles s’arrêtent de chanter, démultipliant ainsi  la difficulté. Une fois de plus, il me faudra beaucoup de chance et surtout patienter avant de réussir une seule photo d’une unique cigale, et encore parce qu’une d’entre-elles a bien voulu s’envoler et se poser à quelques mètres de moi. Pourtant quel que soit le biotope le tintamarre qu’elles engendrent est extrême et il n’est entrecoupé que par les « tut tut tut » du petit train rouge que l’on entend de temps à autre dans le lointain désormais A l’approche du col de Lenti, la végétation change encore. Si les pins ne disparaissent pas totalement, c’est un maquis méditerranéen qui les supplante avec de nombreux arbustes. Chênes verts, arbousiers, cistes, bruyères arborescentes, filaires et redouls en constituent l’essentiel. Dans ces petits sous-bois, de larges fenêtres s’ouvrent de temps en temps sur d’abruptes collines de calcaire. Ces collines sont bien connues des passionnés de la varappe qui trouvent là des terrains de jeux d’une remarquable dimension, même si dans les Gorges de Galamus et à cause des chutes de pierres, cette activité est interdite car incompatible avec le canyoning  Dans ce décor karstique, la rivière Agly a creusé une belle échancrure dont les deux grosses bosses latérales ressemblent au dos d’un chameau géant : les Gorges de Galamus. C’est vers là-bas que je dois aller. Au col de Lenti (382 m), les panneaux directionnels et les intersections se succèdent sur quelques mètres et j’avoue que pendant un court instant, j’en suis à me demander quelle direction prendre vers la droite ? Pourtant, je suis passé ici en 2011 lors d’un mémorable Tour du Pays Fenouillèdes avec mon fils mais nous venions de Caudiès et allions à Saint-Paul. C’était simple car bien indiqué. J’en emprunte un petit tronçon, juste pour le plaisir de m’élever et de profiter ainsi de quelques panoramas. Reste à trouver le chemin de la Tirounère ? Mon GPS vient m’aider et finalement c’est bien le premier sentier descendant vers la droite qu’il me faut emprunter, même si un panneau mentionne et avertit du détournement consécutif à la destruction de la passerelle de La Tirounère. Après un étroit sentier tout en descente, un large chemin prend le relais. Une nouvelle fois, non loin du lieu-dit Borde del Rey, mon passage engendre les aboiements de quelques chiens que je pense séquestrés dans un chenil. En réalité, je me retrouve avec 4 chiens hurlant derrière moi, babines retroussées et crocs pointus bien visibles et de ce fait, peu engageants. Je cache mon bâton de marche dans mon dos, leur fais face mais n’en mène pas large. Finalement, ils doivent constater que je ne suis pas un sanglier, ils arrêtent très vite leurs hurlements et sur les quatre, trois repartent immédiatement dans le chenil. Le quatrième, un joli chien noir aux oreilles semi-tombantes reste tout seul puis pas du tout agressif et peu farouche semble vouloir me suivre. Alors que j’avance une main pour le caresser, il détale et disparaît. Ouf ! Je respire. Un semblant de silence revient car ici les cigales paraissent moins présentes. La route bitumée descendant vers la Tirounère se présente et dès lors je sais que mon objectif n’est plus très loin. Quelques centaines de mètres et il apparaît. De prime abord sous les traits d’une barrière avec la mention « propriété privée – défense d’entrer », barrière facile à franchir derrière laquelle se poursuit une grande allée bordée de vieux cèdres. Que faire ? Deux voitures sont garées à proximité de l’entrée. A gauche de la barrière, une pancarte annonçant "Un Sentier du Charbonnier" m'incite à la photographier, et ce, afin de l'inscrire sur mes tablettes. Sait-on jamais ! Sur ma droite et en contrebas, j’entends déjà le murmure de la rivière mais j’entends également des voix qui montent jusqu’à moi. Je ne vois pas d’autre issue alors je passe outre l’interdiction. Le lieu-dit La Tirounère est là comme l’indique un panneau de randonnée directionnel. Une longue bâtisse affiche une enseigne « Oxygen Aventure ». Un couple et 2 enfants sont assis autour d’une table de pique-nique mais sont sur le point de partir. Ils partiront peu après. Je me retrouve seul même si en aval j’entends encore quelques voix. Je visite en détail cette berge-là puis me décide à traverser la rivière sur une gravière. Au milieu de la rivière, j’ai de l’eau à hauteur du genou et la profondeur est donc d’environ 50 cm. Sur les galets moussus, ma seule crainte est de glisser avec mon appareil-photo, alors je m’aide de mon bâton de marche. Finalement, or mis cette appréhension, la traversée est simple et sans véritable risque, or mis celui de se retrouver le cul dans l’eau. Qu’en est-il en hiver ? Je ne sais pas. De toute manière, venir ici en hiver ne présente aucun intérêt. Je ne peux donc que vous le déconseiller. Je passe presque 2 heures sur cette rive, pique-niquant, visitant les lieux dans le moindre détail, me baignant à plusieurs reprises, me reposant et profitant de la fraîcheur ambiante et m’évertuant à photographier une faune variée. Elle est bien présente avec des insectes aquatiques, des libellules, des papillons, des lézards et quelques oiseaux dont les plus visibles sont des Bergeronnettes des ruisseaux et des Merles. Mais j’aperçois aussi des Bergeronnettes grises, des pinsons et une fauvette. Concernant le lieu lui-même, nul besoin d’être un spécialiste du captage de l’eau pour comprendre qu’il a été amplement aménagé pour ce faire. Un bac bétonné est suivi d’un seuil formé d’une petite chicane, le tout permettant de casser les éventuels débits trop importants de la rivière. La chicane forme une jolie petite cascade. L’ensemble est bien agencé avec des pare-fous, des échelles et un canal d’irrigation qui file parallèle à la rivière. La roche a été creusée et forme ainsi de petits tunnels où l’eau et les hommes peuvent circuler. C’est d’ailleurs par-là que je quitte les lieux, filant vers le lieu-dit Borde-Massé mais surtout préférant cette ligne droite rejoignant un large chemin plutôt que le sentier balisé des G.R qui se poursuit vers les hauteurs. Là aussi, j’enfreins quelques interdictions mais les endroits sont déserts, les champs en jachère et les quelques bâtis le plus souvent en ruines. Je retrouve le balisage du Tour du Fenouillèdes un peu plus loin et comme ce chemin est quasiment unique car parallèle à l’Agly, son cheminement est très simple. Dans ce cheminement m’amenant vers Saint-Paul, seuls quelques nouveaux oiseaux et de rares fleurs que je veux photographier s’allient à mon désir de prolonger au maximum cette belle journée. Saint-Paul est là, avec sa gare et son pittoresque petit train rouge filant vers d'autres bourgades. C’est sur cette jolie image de voyage que se termine mon propre voyage.  Quand je me le remémore, j’ai comme le sentiment d’avoir feuilleté un joli livre de sciences naturelles que j’ai beaucoup aimé. Cette balade a été longue de 9,300 km (égarements volontaires ou pas) pour des montées cumulées de 314 m et un dénivelé de 127m. Saint-Paul de Fenouillet à 255 m d’altitude est le point le plus bas et le col de Lenti (382 m) le plus haut. Carte IGN 2348 ET Prades - Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

    (*) Toponymie du nom "Tirounère" : Faut-il que je l'avoue, je n'ai rien trouvé sur Internet expliquant le nom "Tirounère", mais finissant par "ère", on peut seulement imaginer qu'il ait été mis au féminin. J'ai donc chercher avec "tiroun" et là,  j'ai constaté que ce nom apparaissait régulièrement dans la toponymie pyrénéenne et provençale. C'est ainsi que dans les Pyrénées, nous trouvons un "Tiroun de la Croux", un "Tiroun des Sorcières", un "Tiroun dès Oueilles", un "Tiroun Gran", un "Cap des Tirouns", une "Cabane du Tiroun, un lieu-dit "Tiroun" à Loubens en Ariège et des "Tirouns" parcelles cadastrales dans la commune de Bourréac dans les Hautes-Pyrénées. Si ces trouvailles ne m'ont guère plus avancé, Louis Saudinos dans son ouvrage "La toponymie du canton de Bagnères-de-Luchon" nous apprend qu'un "tiroun" peut-être tout à la fois un "mamelon rocheux", un "dôme", une "émergence ronde" mais aussi "un lac sert de bornage aux communes de Cirès, de Cathervielle et de Caubous". Ce lac est-il situé au sommet d'une "émergence ronde" ? Il ne le dit pas mais on peut le supposer, ce qui permettrait de confirmer qu'un "tiroun" est un "éminence ronde" en Pyrénées et qu'il est donc plus simplement une variante des mots "turon", "turrou ou "tyron" que l'on trouve de nos jours dans le lexique pyrénéen pour un sommet arrondi.

    En continuant mes recherches en Provence, j'ai appris que le mot "tiroun" au même titre que le mot "félibre" restaient des mystères. C'est ainsi qu'en lisant un article d'Alfred Jeanroy dans une revue "Romania" de 1894, on peut y lire ceci, extrait d'un texte qui s'intitule "MÉLANGES" : « Que de tres jour, tres niue, iéu noun vous retrouvère, Que. dins lou tèmple erias Que vous disputavias Emé li tiroun de la léi, Emé li sèt felibre de la lèi.»  Il rajoute « Le mot félibre, aussi inconnu du reste que le mot tiroun, ayant évidemment dans ce morceau le sens de « docteur de la loi » , fut acclamé par les sept convives, et l'Armana prouvençau, organe de la nouvelle école, proposé et fondé dans la même séance, l'Armana prouvençau per lou bèl an de Dieu 1855, adoubea e publica de la man di felibre, annonça à la Provence, au Midi et au monde que les rénovateurs de la littérature provençale s'intitulaient « félibres ». Alfred Jeanroy poursuit en disant qu'il pense que le mot "félibre" descend de l'espagnol "féligrés" signifiant "paroissien", "client de l'église" et en un mot un "fidèle". Toujours dans cette suite d'idée et pour le mot "tiroun", il émet "L'hypothèse d'une origine espagnole......" 

    Nous sommes loin bien sûr du "sommet arrondi pyrénéen" mais l'avantage d'avoir pris ce « chemin provençal » est qu'il m'a amené vers le très fameux "Félibrige" et à leur trésor cher aux Sept Primadié. Dans ce remarquable trésor, dictionnaire Provençal-Français, et pour faire bref, on y apprend qu'un "tiroun" c'est à la fois un "canard", "un fusil" ou "une corde", cette dernière explication ayant pour origine le verbe "tirer" en français et "tirar" en occitan, définitions que l'on retrouve dans l'occitan "tiron" et à laquelle on peut y rajouter "une lentille d'eau" que l'on appelle aussi "tirounado" en provençal. 

    Alors pour la "Tirounère", nous avons le choix ? "Un sommet arrondi ?". Il y en a bien un juste au dessus de la source, piton rocheux magnifique par ailleurs. Un canard ou plutôt une cane ou canette ? Pourquoi pas, ce n'est pas l'eau qui manque ! Une corde avec laquelle on tirait de l'eau de sa source ? C'est une idée ! Une lentille d'eau ? Voilà une explication qui a le mérite de correspondre à ce que l'on voit de nos jours ? Un endroit où les plantes aquatiques ne manquent pas !

    Enfin il y a des noms qui ne laissent pas indifférents et c'est le cas des mots basques "Ithuri", "iturri", "uthurri" signifiant fontaine ou source, "turusta" pour cascade. 

    Enfin, si quelqu'un connaît la solution, je suis preneur. Merci.

    (**) Toponymie du nom "Paychère" : Si le nom "tirounère" garde ses mystères, le nom "paychère" est plus facile à expliquer. D'ailleurs, j'ai trouvé l'explication peu loin de Saint-Paul de Fenouillet car dans un excellent site consacré à  Prats-de-Sournia et aux Fenouillèdes. Voici le lien. On peut y lire ceci  dans un article consacré aux Toponymes du Fenouillèdes : "Paissièra : ( Paychère, Paychèro ). Ce n’est pas un toponyme à proprement parler mais à Prats ce sont les veines nourricières du territoire. A lui seul le Rèc de la Farda en a compté 13. Ce terme désigne la prise d’eau et en Fenouillèdes avec la rigole d’amenée au champ, jardin ou pré. Considérant l’étendue de ce réseau, elles devaient avoir un nom pour les différencier." Cette thèse est d'ailleurs confirmée dans le remarquable site "Etymologie-Occitane.fr" où on peut lire qu'une Passièra est un « barrage de rivière, digue; chaussée d’un moulin; écluse, réservoir à poissons; .......Pansieire à Valleraugue (Gard) est  attesté en 2013 par mon petit-fils Aymerik, originaire du village.» Je vous laisse le soin d'aller sur le lien pour visionner la photo de cette "paychère" de Valleraugue dans le Gard. On y apprend qu'au 12eme siècle, elle était constitué d'échalas de bois lesquels mis les uns contre les autres formaient un barrage.


    2 commentaires
  • Si le titre de ce récit peut laisser penser à une recette de cuisine voire à un menu, croyez-moi il n’en est rien. C’est plus simplement une histoire vraie.

    Il y a quelques jours et alors que je me trouvais à Urbanya, j’ai vécu une drôle d’expérience. Non, je ne sais pas si le mot « expérience » est approprié, mais en tous cas l’adjectif « drôle » ne l’est pas, car c’est plutôt un drame qui s’est passé. Oui, à bien y réfléchir, la locution une « épreuve dramatique » est plus adaptée, bien que cette histoire vraie se termine avec une « expérience incroyable ». Voilà le détail de cette épreuve que certains qualifierons sans doute de sensibilité mal placée, d’émotivité exagérée et de mysticité chimérique, mais on ne se refait pas et dans ce cas précis comme il s’agit d’êtres vivants, je n’ai pas vraiment envie de changer, quand au surnaturel, j'en suis le plus souvent le premier soupçonneux.

    Comme je le fais chaque année à cette époque, quand je suis en villégiature à Urbanya, je pars dans la montagne pour cueillir des mûres car Dany adore faire des confitures, et celle à la mûre est une de ses préférées. C’est ainsi qu’avec un seau dans une main et un bâton muni d’un crochet dans l’autre, je démarre puis m’élève sur le chemin qui se trouve juste derrière ma petite maison. Tout au long de ce chemin, les ronciers étant très nombreux, je n’ai que l’embarras du choix au niveau de la cueillette que je dois effectuer.  Le bâton avec le crochet me sert pour attraper les grappes de mûres souvent inaccessibles. Les mûres les plus hautes étant souvent les plus grosses et les plus juteuses car elles ont bénéficié de plus d’ensoleillement.
    Cris de veaux et Dame blanche.Comme il y a plusieurs espèces de ronces ou de mûriers (*), d’emblée je file vers les buissons que je connais bien et où je sais que je vais trouver les mûres en question. Mon itinéraire s’élève tranquillement vers la ferme de Philippe. Philippe, c’est le vacher du village ou plutôt c’était.  Plus loin, vous comprendrez pourquoi j’emploie le passé. Il possède un troupeau de vaches, vaches qui sont essentiellement destinées à la production de veaux. Quand il s’agit d’êtres vivants, je déteste le mot « production », mais c’est bien ainsi que l’on nomme cette activité agricole dont le but final est de « produire » la fameuse « Rosée des Pyrénées », ce nom étant celui donné au traditionnel veau du terroir catalan. Voilà plus de 2 heures que j’ai démarré et mon seau de mûres étant presque plein avant même d’arriver à la ferme, j’hésite à poursuivre, puis finalement je me ravise car je sais que là-haut les ronciers sont encore plus productifs. Je me dis « tu termineras de remplir le seau là-haut ! ». Je suis à une trentaine de mètres de la ferme et alors que je m’y dirige, j’entends soudain de gros « remue-ménages » et les premiers meuglements. Les « remue-ménages » sont de puissants bruits métalliques et surtout les crissements de gros pneus sur la piste terreuse qui finit sa course à la ferme, piste se trouvant juste au dessus de moi. Je comprends immédiatement que de gros camions sont entrain d’arriver et qu’ils viennent chercher les veaux que l’on est entrain de séparer de leurs mères. Bien que les meuglements des veaux et ceux des vaches soient bien différents dans leur tonalité et leur puissance, je comprends immédiatement les drames qui sont entrain de se nouer. Je m’approche, vois trois vaches esseulées dans un petit enclos mais en réalité comme les événements ont lieu de l’autre côté de la ferme je ne vois rien de tout le reste. J’entends des voix, celle de Philippe notamment et une féminine, mais sans en comprendre les paroles, et de ce fait, comme je ne veux pas jouer ni les curieux et encore moins les voyeurs, je ne bouge pas et reste où je suis. Si je ne vois rien, j’entends tout de ce vacarme ambiant et pour moi c’est presque pire car mon imagination se met en branle.
    Cris de veaux et Dame blanche.J’imagine tous ces veaux que l’on enlève si soudainement  à leurs mères. Je les imagine comme des enfants qui pleurent. J’imagine tous ces veaux comme des enfants que j‘ai vu de mes propres yeux galoper dans la montagne et qui désormais se retrouvent claquemurer dans des rampes métalliques bruyantes puis enfermer dans des cages également métalliques. Quel stress ça doit être de passer de la plus totale liberté à ces prisons attentatoires si inattendues et si  assourdissantes ? Pour moi aucun doute, il est clair que les mères répondent aux cris des veaux et inversement. Au fur et à mesure que l’on fait monter des veaux dans le camion, les meuglements redoublent tant dans leurs nombres que dans leur intensité. Il y a ceux plus aigus des veaux et ceux plus graves de leurs mères. Je ne vois toujours rien mais je vis tous ces mugissements comme des appels de détresse. Si j’imagine ce qui se passe, les cris, eux, sont bien réels. Désormais, c’est un véritable concert qui déchire le silence de la montagne. Un camion quitte la ferme mais un autre arrive presque aussitôt. Je continue de ramasser des mûres avec l’espoir de me changer les idées mais je n’y parviens pas. Trop c’est trop, j’ai suffisamment de mûres et je trouve préférable de quitter les lieux. Bien que je m’éloigne de la ferme, je n’arrive pas  à m’enlever tous ces sons de la tête. Ils sont là comme éphémères mais comme le suivant vient aussitôt remplacer le précédent, ç’est sans fin. Je vis cette descente vers chez moi comme une descente aux enfers pour tous ces animaux et pour mes oreilles c’est devenu une agression intolérable. 

    Cris de veaux et Dame blanche.

    En écoutant le fracas du camion qui descend la piste forestière, je me dis que tous ces veaux vivent à la fois leur premier et dernier voyage. Ils sont nés ici à Urbanya et vont probablement mourir aux abattoirs de Perpignan ou d’ailleurs. Je ne peux m’empêcher de me dire qu’ils sont entrain de vivre leurs derniers instants d’une vie qui a été très courte. Trop courte. 6 à 8 mois dans le meilleur des cas ! Mon dieu que c’est triste ! Quand j’arrive à la maison, si les meuglements sont plus lointains, ils résonnent encore et toujours. Ils vont résonner encore longtemps, même si ceux des veaux ont disparu plus précocement. A 20 heures, le silence est revenu. Je me suis couché puis endormi en pensant à ce drame dont j’avais été l’auditeur malgré moi. Je me souviens qu’avant de m’endormir quelques questions m’ont interpellé ;  « tu ne manges que rarement du veau mais si demain on venait à t’en proposer, quelle attitude aurais-tu ? » « Si un jour tu es invité et que l’on te propose un ris de veau, si savoureux selon les connaisseurs, que feras-tu ? ». J’ai toujours été un mangeur de viandes mais dans ce cas précis mon inclinaison à refuser du veau semble prendre le pas. Je me suis mis à penser à toutes ces personnes qui sont végétariennes, à tous ces végans qui ne veulent plus manger de la viande. A ma fille qui est devenu végane depuis quelques années. Je les comprenais mieux qu’avant. Oui, il y avait fort à parier qu’en me proposant un ris de veau, les cris de ces veaux ne resurgissent. Si vous souhaitez entre le brouhaha et le cri d'un veau, voilà 12 s suffisamment parlantes !

    Le lendemain, tout à fait par hasard, j’ai dans le village rencontré un homme qui cherchait la ferme à Philippe. Il conduisait un 4x4 tractant un van pour chevaux et il cherchait le chemin pour s’y rendre. Lui indiquant l’itinéraire, nous entamèrent une courte conversation. Evoquant mon expérience de la vieille, il m’apprit que Philippe avait effectivement vendu tout son troupeau, veaux mais vaches également. Bien que connaissant les intentions de vente de Philippe depuis quelques temps déjà, cette information m’attrista. Elle m’attristait car en 10 années de présence à Urbanya, j’avais toujours été habitué à voir tous ces bovins dans la montagne au cours de mes très nombreuses randonnées. Ils faisaient partie du décor et je me disais « tu ne les verras plus jamais ! »  Dans l’après-midi, je ne pus m’empêcher de retourner à la ferme, non pas pour vérifier la véracité des propos de cet homme, mais pour voir si le silence était revenu dans la montagne. Il était revenu. Il était total mais les pleurs des veaux et de leurs mères étaient toujours là, comme gravés dans ma tête. Comme des cris d’enfants appelant leurs mères désespérément.
    Cris de veaux et Dame blanche.Surplombant la ferme, je me demandais ce que serait son avenir ? L’acheteur de Philippe élèvera-t-il d’autres vaches et leurs veaux l’année prochaine ? Des chevaux ? Mes pensées se bousculaient entre l’envie de revoir des veaux courir dans la montagne et celle de ne plus jamais assister à un tel drame. Ayant mon appareil-photo avec moi, je me mis à photographier quelques oiseaux qui sont en général toujours très nombreux autour de la ferme.  Puis pris par cette passion de la photo ornithologique et bien qu'il y ait d'autres itinéraires, je fis le choix de redescendre vers ma maison par le chemin habituel que j’avais emprunté la veille au cours de ma cueillette. Tout en descendant, l’œil aux aguets des oiseaux, je me faisais la réflexion que cette passion était une bonne formule pour ne plus penser à ce drame vécu hier. Arrivant près d’une clôture que je connais bien, quelle ne fut pas ma surprise d’apercevoir une haute forme blanche à une vingtaine de mètres de moi. Connaissant bien les lieux, je n’arrivais pas à distinguer ce que c’était, car un rayon du soleil traversant les arbres brouillait ma vue.  Malgré le rayon, je vis que cette forme bougeait très légèrement. Très clairement, il s’agissait d’une femme toute vêtue de blanc de la tête aux pieds qui levait les bras vers le ciel puis elle les rabaissait. Elle me tournait le dos et je ne voyais donc pas son visage.

    Cris de veaux et Dame blanche.

    C’était bien la toute première fois que je voyais une femme à cet endroit-là. D’ailleurs, à bien y réfléchir et même au temps où ce chemin était correctement débroussaillé ; ce qui n’était plus le cas depuis 2 ou 3 ans ; les seuls êtres vivants que j’avais pu voir étaient des animaux. Des vaches et des veaux le plus souvent et plus rarement des chevreuils ou des sangliers. Elle avait une chevelure blanche qui couvrait son cou et une toute petite partie de son dos. Des cheveux raides avec une coupe carrée.  Sa longue robe était toute blanche également et de là où je me trouvais, elle semblait couvrir ses pieds. La robe paraissait légère comme un grand voile.  Malgré ma surprise, j’ai continué mon chemin car cette dame continuait de me tourner le dos et je me suis dit qu’il s’agissait probablement d’une cueilleuse. Puis ayant parcouru une dizaine de mètres, je me suis ravisé, car à bien y réfléchir, je savais qu’à cet endroit-là il n’y avait rien à cueillir et puis surtout je savais que la végétation était faite essentiellement de rosiers sauvages, de prunelliers très piquants et de genêts touffus pratiquement infranchissables. Pour les cynorrhodons et les prunelles, seules possibilités de cueillette à cet endroit-là, c’était trop tôt car les fruits n’étaient pas encore mûrs.

    Cris de veaux et Dame blanche.

    Je trouvais donc très bizarre la présence de cette dame blanche en robe longue dans un endroit aussi hostile. J’y passais souvent et m’y accrochais constamment les vêtements. Sans pour autant rebrousser chemin, mais ayant une vue du chemin mais d'en dessous, je tentais de ré-apercevoir la femme. Mais c'était en vain. Je ne la voyais plus. J’avais beau me contorsionner, je ne voyais rien et la femme en blanc semblait s’être volatilisée. Bien trop terre à terre et rationnel pour imaginer une vision surnaturelle, j’en parlais néanmoins à Dany en arrivant à la maison. Lui expliquant en détail ma vision, elle était convaincue que j’avais vu la Dame Blanche, cette fameuse légende dont je ne serais pas le premier, loin s’en faut,  à être confronté, et notamment dans nos belles Pyrénées. Si j'avais vaguement entendu parler de cette légende, j'étais bien trop cartésien pour croire à ces sornettes. Sur Internet, je me suis mis à lire tout ce que je trouvais sur cette Dame Blanche. Les témoignages étaient tels et si nombreux qu’ils finirent par me mettre le doute. Ainsi dans Wikipédia, j’ai pu lire ceci : « Pour le savant jésuite Martín Antonio Delrío : « Il y a une sorte de spectres peu dangereux qui apparaissent en femmes toutes blanches dans les bois et dans les prairies ; parfois on les voit dans les écuries, tenant des chandelles allumées dont elles laissent tomber des gouttes sur le toupet et les crins des chevaux, qu’elles peignent et qu’elle tressent ensuite fort proprement ». 

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Dame_blanche_(l%C3%A9gende)

    Alors après cette lecture, je me suis mis à penser : « Et si cette Dame Blanche était la réincarnation de tous ces animaux que l’on avait sans doute abattus ce matin aux abattoirs de Perpignan ? »  Oui, en 2 jours, j’avais vécu un drame et une « drôle » d’expérience. Les deux événements étaient-ils liés ? Je ne le saurais sans doute jamais ! En tous cas, il est fort probable que je ne mange jamais plus du veau. Pour la Dame Blanche, c’est moins sûr, j’adore les glaces !

     

    (*) Mûriers et ronciers : De très nombreuses personnes pensent qu'ils cueillent des mûres alors qu'en réalité, ils cueillent les fruits de ronciers sauvages : les Mûrons. Les deux plantes, Ronciers (Rubus) et Mûriers (Morus) n'appartiennent pas à la  même famille puisque les premiers sont des Rosacées (Rosaceae) ; au même titre que les Roses ; et que les seconds sont des Moracées (Moraceae). De plus, le Mûrier est un arbuste voire parfois carrément un arbre pouvant atteindre 30 m de haut ((Mûrier blanc <Morus alba>), alors que les ronciers ou Ronces sont des plantes ligneuses munies de piquants. Alors bien sûr la confusion vient du fait que les ronces sont très souvent appelées Mûriers sauvages ou des haies et que leurs fruits, très ressemblants, sont appelés également "mûres" ou "mûrons". La recherche végétale a fait des progrès et on trouve désormais dans les jardineries, des "ronciers" sans piquants, à très gros fruits et bien plus sucrés que les sauvages et qui sont vendus sous le nom de "mûriers". Tout cela entretient la confusion. A Urbanya, c'est donc les fruits de divers ronciers que l'on va trouver. Il y a la Ronce commune (Rubus fruticosus), la Ronce bleue ou bleuâtre (Rubus caesius), la Ronce tomenteuse ou blanchâtre (Rubus canescens), la Ronce des rochers (Rubus saxatilis) mais aussi la Ronce à feuilles d'orme (Rubus ulmifolius). Si par habitude, on constate que leurs fruits sont bien différents, c'est surtout quand ils sont en fleurs que l'on peut les distinguer. Ajoutons-y le Framboisier sauvage ou Ronce du Mont Ida (Rubus idaeus), mais qu'ici on ne trouve que plus rarement et dans des altitudes un peu plus élevées. Le goût des framboises est d'ailleurs très différent de celui des mûrons. Voilà pour les principales espèces sachant qu'il en existerait plus de 1.000.  D'ailleurs, il suffit d'aller sur le site Wikiwand.com et sur le lien consacré aux Rubus pour constater cette incroyable quantité de ronces existantes. De quoi faire de succulentes confitures et « de s'en mettre plein les babines ». Voici le lien : https://www.wikiwand.com/fr/Rubus


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