• Ce diaporama est agrémenté de 2 musiques de Lalo Schifrin qui ont pour titre "La Represión "composée pour le film "Tango" de Carlos Saura avec l'Orquesta Filarmonica De Buenos Aires & la Coro Filarmonico De Buenos Aires et "Mannix" série télévisée avec l'acteur Mike Connors.
    LA-BATAILLE-DU-BOULOU
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    BATAILLEBOULOUIGN

      
    Avec ce circuit pédestre (*) à partir du Boulou en direction du lieu-dit  le « Pla del Rey », il n’y a pas réellement un objectif bien défini à atteindre mais un but plus général qui est celui de faire le tour d’un ancien champ de bataille. Ce champ de bataille, c’est celui que les historiens ont intitulé la « Bataille du Boulou (*) » opposant les républicains français et les royalistes espagnols lors de cette terrible guerre que l’on trouve dans les manuels et livres d’Histoire sous des vocables très divers : guerre du Roussillon, guerre de la Convention, guerre de Catalogne, guerre des Pyrénées et bien sûr sous la dénomination très générique de « guerre franco-espagnole » Ce conflit a duré de mars 1793 à juillet 1795 et a opposé la France révolutionnaire gouvernée par une assemblée constituante appelée « Convention Nationale » à l’Espagne et au Portugal. Ces affrontements du Boulou correspondent à une toute petite partie du conflit et ne concerne bien évidemment que le front oriental pyrénéen d’une guerre bien plus longue, bien plus étendue dans toute la chaîne pyrénéenne et bien plus complexe entre la France et ce que l’on a appelé la Première Coalition, groupe de royaumes européens alliés pour la circonstance et dont l’origine est consécutive aux bouleversements que la France vient de connaître après la Révolution de 1789. Si la bataille du Boulou de 1794 s’est soldée par une large victoire française, dont le général Dugommier fut le grand artisan et au point qu’en 1836,  elle fut inscrite sur le pilier ouest de l’Arc de Triomphe, on doit impérativement mettre le mot « bataille » au pluriel. En effet, deux batailles bien distinctes se sont déroulées dans ce secteur. Une toute première conduite par le général Louis Marie Turreau a commencé le 13 octobre 1793 et elle s’est terminée par une large victoire du camp espagnol, victoire longuement ignorée car classée par le secret défense. Alors bien sûr, même si l’Histoire ne retient parfois que la victoire, dont l’expression bien connue rappelle qu’elle est toujours plus belle, ici sur le parcours de cette jolie balade pédestre, on n’occulte pas la défaite et c’est très bien ainsi. Bon, le but de cet article étant de vous expliquer ma balade et non pas de refaire l’Histoire, des spécialistes l’ayant déjà fait bien mieux que je ne pourrais le faire, je vous précise que le départ ne s’effectue pas depuis le centre-ville du Boulou, bien que rien ne s’y oppose, mais un peu plus au nord de la cité. Pour cela et si vous arrivez de Perpignan, il faut emprunter l’avenue Léon-Jean Grégory, le boulevard du Pic Néoulous puis enfin la rue du Mas Descals que l’on va suivre jusqu’à passer sous le pont de l’autoroute La Catalane. Là, à l’intersection, on tourne à droite et l’on poursuit le chemin du Mas Descals qui, par un pont, passe au dessus de la D.900. Peu de temps après, on emprunte la piste DFCI A30 qui descend à droite, enjambe un petit pont métallique vert. Le départ est là à quelques mètres avec un « bon » emplacement pour garer plusieurs voitures. Personnellement, j’avais garé ma voiture juste après le pont sur la D.900 mais j’ai très facilement retrouvé le vrai départ car un balisage jaune est déjà bien présent et en plus, de nombreux morceaux de rubans rouge et blanc sont attachés aux poteaux électriques. Le départ est matérialisé par un panneau résumant la bataille et expliquant le circuit pédestre : « Distance 7,7 km – Dénivelé 200 m – Durée 1h50 ». Il est précisé qu’à ce temps, il faut rajouter le temps passé à la lecture des 18 autres panneaux explicatifs. Il s’agit toujours de la piste DFCI A30 que l’on va suivre sur 1 km environ en longeant la rivière la Valmagne. Personnellement, j’ai pris beaucoup de plaisir à emprunter cette portion ombragée de l’itinéraire en bordure de la rivière car l’arrivée du printemps avait attiré de nombreux oiseaux en quête d’un accouplement naturel. C’est ainsi que j’ai pu voir et photographier un couple de canards colverts ainsi que quelques gallinules que l’on appelle plus communément « poules d’eau ». Les canards, les poules mouillées, de nombreux passereaux peu évident à photographier, sans compter la flore nouvelle m’ayant retardé plus qu’il ne fallait, à chaque écart qui se creusait, je devais presser le pas car Dany ne m’attendait pas. Pourtant, elle marchait normalement mais l’éveil de la nature n’étant pas réellement son « truc », je l’entendais me rappeler à l’ordre : « arrêtes de lambiner ! ». Heureusement, qu’elle ne me lançait pas des « arrêtes de dormir » car pour quelqu’un qui s’occupe d’un réveil, même s’il ne s’agit que de celui de la nature, c’eut été assez paradoxal. Heureusement,  quand Dany lisait les panonceaux expliquant la bataille cela me permettait de compenser un peu le retard que j’avais pris. Quand à mon tour, j’arrivais à hauteur du panonceau plutôt que de le lire, je le prenais en photo et je me disais que je serais bien plus tranquille pour en prendre connaissance à la maison et sur mon ordinateur. Aussi, en terminant cette balade, j’avoue que je ne connaissais pas grand-chose de ce qui avait été écrit sur ces panonceaux au sujet de cette bataille même si pour l’essentiel, j’avais lu pas mal de choses sur Internet auparavant. Au bout d’un kilomètre, au lieu les Falaises de la Valmanya, nous avons quitté la piste DFCI A30 au profit d’un autre chemin qui s’est mis à grimper vers le Pla del Rey. C’est ici, sur cette portion que se termine l’essentiel de la modeste déclivité. Au fur et à mesure que l’on monte, le sentier devient de plus en plus ocre puis même rouge par endroit comme si tout le sang qui avait coulé ici s’était dilué dans la terre sans pour autant disparaître complètement. Veinés de petites ravines, on voit clairement que ce sont les eaux pluviales qui ont creusé ces décors dans la terre ocre composée de grains de sable amalgamés. Les panoramas s’entrouvrent magnifiquement de toute part : sur une grande partie des Aspres bien sûr mais encore bien plus loin et bien évidemment comme souvent sur l’inévitable et superbe Canigou. Le Pla del Rey est un vaste plateau où les vignes, le maquis et les bois se partagent l’espace. Ici, il ne faut pas négliger de faire les quelques mètres qui nous séparent de la table d’orientation car cette dernière, dessin du paysage et paysage à l’appui, nous présente le plan de bataille de 1794. Nous, après cette jolie découverte, nous en avons profité pour organiser un pique-nique champêtre bien à l’abri de la tramontane et à l’ombre de quelques pins. Après une opulente salade, Dany s’est allongée pour une « copieuse » sieste et moi, j’en ai profité pour aller voir si la nature continuait d’être en éveil. Mais non, ici, pas de rivière et donc pas de volatiles mouillés mais seulement un maquis de hautes bruyères et de ronciers sur un terrain plutôt sec où seuls quelques passereaux vifs et craintifs élisent domicile. Néanmoins, quelques uns acceptent de pointer le bout de leur bec et juchés au plus haut d’un buisson, ils chantent à tue-tête en quête d’une âme sœur. C’est le seul instant où ils acceptent d’être photographiés. Quand ce ne sont pas les oiseaux, je me rattrape avec des papillons. Après la sieste et la photographie ; chacun son truc ; nous sommes repartis en direction de la chapelle Saint Luc. Construite à 204 mètres d’altitude au sommet du Puig Rodon, elle est située sur la commune de Passa. Un écrit historique en fait déjà mention en 1031 sous le vocable « Ecclésia de Podio Rotundo ». Ensuite, elle a connu un grand nombre de vicissitudes. Les guerres bien sûr, qui l’ont mises très souvent à terre, et au premier chef, cette Bataille du Boulou mais également la fatalité comme la foudre qui est tombée plusieurs fois sur elle ou bien encore le fait qu’elle était éloignée de Passa et qu’il y avait bien d’autres édifices religieux plus proches à gérer comme l’église paroissiale ou plus importants comme le Prieuré de Monastir del Camp. Enfin, longtemps occupée par de nombreux ermites, ces derniers n’avaient pas toujours les moyens de l’entretenir correctement. A chaque fois, elle a retrouvé vie grâce à la volonté des Passanencs. Aujourd’hui, et comme trop souvent en Roussillon, cette chapelle nous l’avons trouvée fermée et de ce fait, on retient surtout son emplacement qui est assez exceptionnel. On comprend immédiatement que l’endroit ait été un point stratégique. Après la chapelle, il ne reste plus qu’à finir cette courte promenade. Un peu de bitume, direction les mas d’En Bosch et des Pins, et bien avant de finir par la piste terreuse finale DFCI A30 prise à l’aller.  Toujours ponctuée de quelques panonceaux, j’ai retenu de la fin de cette balade qu’ici l’hémoglobine avait coulé à flots et des lieux-dits  restent à jamais écrit dans l’Histoire avec cette couleur dominante rouge sang : « Correc de la sang » et « Batterie de la sang » à la place du « Correc de la Loubatière » et de la « Batterie des Falaises de Valmanya ». Quand au Puig Sangli, je précise qu’il semble n’avoir aucun lien direct avec le sang mais d’après les étymologistes, il signifierait un lieu très boisé ou encore un lieu à « sanglier ». Du sang continue de couler mais désormais c’est celui des sangliers dont les chasseurs, bien sûr, vous diront qu’il est en surpopulation dans les Aspres. Voilà, cette balade prévue en 1h50, nous l’avons démarrée à 10h15 et finie à 14h15, soit 4 heures tout inclus. Entendez pique-nique, photos, lectures des panonceaux, et sieste. Au printemps, c’est si bon de dormir dans la nature quand celle-ci se réveille ! Ayons tout de même une tendre pensée pour tous ces hommes qui se sont endormis pour toujours. Sans eux, cette jolie balade n’aurait jamais été possible. Je précise que cette balade est également réalisable au départ de Tresserre ou de Passa. Enfin, grâce à de petits panonceaux spécifiques,  il faut noter que certaines portions du chemin sont communes avec une voie piémontaise du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle se dirigeant vers le Perthus puis l’Espagne. Carte IGN 2449 OT Céret – Amélie-les-Bains-Palalda – Vallée du Tech Top 25.
    (*) Circuit pédestre de la Bataille du Boulou : En 2015, quand j'ai réalisé cette balade, j'ignorais qu'un petit livret reprenait l'essentiel de ce qu'il fallait savoir à propos de cette bataille et de ce circuit pédestre. Ce remarquable Hors-série N°1 diffusé par l'Association pour le Patrimoine de la Vallée de la Rome (ASPAVAROM) Maison de l'Histoire 66160 Le Boulou a été rédigé par Pierre VIGO et Amédine MAS. Ils sont les auteurs du livre mais également les concepteurs de ce ludique circuit. Il faut donc les remercier de cette besogne phénoménale accompli sur le terrain et de cet ouvrage qui nous permet de découvrir ce champ de bataille trop peu reconnu dans l'Histoire de France mais pourtant mentionné sur le fronton de l'Arc de Triomphe. Amédine MAS, avec laquelle j'ai lié d'amitié depuis, m'a très gentiment offert ce petit livret, aujourd'hui quasiment introuvable, et comme j'adore l'Histoire, j'ai eu grand plaisir à le lire. Livret en mains, il faudra que je retourne sur le terrain, je leur dois bien ça ! N°ISSN du livre : 1248-1793.

    Le Circuit de la Bataille du Boulou depuis le Boulou

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    J'ai volontairement agrémenté ce long diaporama de 3 adagios qui ont pour titres et sont successivement interprétés par  : "Adagio" de Samuel Barber par Kronos Quartet, "Adagio cantabile - Romance for Violin and Orchestra No.2 in F major, Op.50" de  Ludwig Van Beethoven par le Budapest Symphony Orchestra avec Dénes Kovács et György Lehel et " Agnus Dei - Adagio for Strings Op.11 N°2" de Samuel Barber par le Malmö Opéra Orchestra et Joseph Swensen.

    LE-PRIEURE-DE-MARCEVOL
    PRIEUREMARCEVOLIGN
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    Avant de commencer la lecture de cet article, je vous communique une information toute récente que m’a communiquée une amie, à savoir qu’un projet d’une usine d’enrobés, plus couramment appelé goudron ou bitume, est envisagé à Vinça à proximité du lac. Radio France Bleu a déjà fait écho de cette affaire. Pour en savoir plus, il suffit de cliquer ici.  Un collectif d’habitants de Vinça a été crée contre l’implantation de cette usine et une pétition est déjà en circulation dans la commune et la région. Cette pétition, je ne l’ai pas trouvée sur le Net mais si tout comme moi, vous êtes défavorable à ce projet, vous pouvez d'ores et déjà faire part de votre désapprobation en contactant le collectif (voir article de l’Ouillade.eu) et en diffusant cette information auprès du plus grand nombre. On connaît les risques que présente cette industrie même si elle a fortement tendance à les cacher. (Voir article du Monde).

     

    Pour avoir droit à une découverte guidée du Prieuré de Marcevol, il faudra sans doute que j’y retourne. Après tout, si c’est le cas, ce ne sera que la quatrième fois que le joli édifice religieux aura droit à ma visite pédestre. En effet, il y a de nombreuses années, j’avais déjà accompli cette balade à partir du lac de Vinça mais ce jour-là le prieuré était fermé pour cause de travaux de restauration. Puis, j’y suis retourné en septembre 2011, lors de la première étape de mon Tour des Fenouillèdes effectué avec mon fils, mais là, nous allions camper à Eus et nous n’étions que de passage à Marcevol. Qui plus est, ce jour-là, c’est sous un ciel plombé chargé de gros nuages gris que nous y sommes passés et de ce fait, nous avions volontairement « zappé » sa visite, de crainte de « choper » la pluie. Cette fois, tout est de ma faute car je suis parti la fleur au fusil, sans me soucier si le bâtiment serait ouvert ou pas,  et là, pas de bol, car nous étions le 26 mars et les visites annuelles commençaient le 1er avril.  Non, ce n’était un « poisson » d’avril et on m’a néanmoins donné la permission de visiter l’église qui était ouverte. Alors, je n’ai pas tout perdu car en plus j’ai eu droit à la lecture d’une plaquette explicative de l’histoire du prieuré et désormais je le connais un peu mieux. Encore une fois, ma balade a démarré depuis le barrage de Vinça et plus exactement à l’extrémité du pont enjambant la retenue. Il s’agit de la départementale D.13 filant vers Tarerach.  Il faut savoir qu’à Vinça, il existe une porte médiévale dite de Marcevol, encore appelée « Porte de France » et la logique aurait voulu que le parcours démarre de là-bas mais j’ai estimé que la randonnée était déjà suffisamment longue. En tous cas, c’est dire l’importance que ce chemin devait avoir au Moyen-Âge.  En outre, au bout du pont, des panonceaux de randonnée ne peuvent être plus explicites. Pour le premier, il est indiquait : « Sentier d’Emilie – Le Prieuré de Marcevol – 2h10 AR »  quand au second, il mentionne Marcevol par l’interminable G.R.36. Mais rassurez-vous, ici pas question de rejoindre Ouistreham dans le Calvados et seul un court tronçon sera cheminé. Voilà, le départ est là et si personnellement j’ai beaucoup tardé à démarrer cette balade, c’est parce que je suis resté très longtemps scotché en contemplation devant un magique Canigou enneigé et un superbe lac bleuté et scintillant bordé par endroits de flamboyants mimosas. En plus, au milieu du lac mais plus souvent sous le pont, un couple de grèbes huppés était entré dans une superbe parade nuptiale. Dans leurs étonnantes postures, ils étaient à la fois tendres et très drôles avec leurs collerettes rousses et noires. Parfois, le mâle se dressait sur l’eau en déployant cette étrange collerette devant sa belle et l’on avait l’impression  qu’il avait un magnifique tour du cou en fourrure comme on en voit parfois sur des femmes très élégantes. Un spectacle délicieux très étonnant qui s’est renouvelé le soir à mon retour mais beaucoup plus loin au centre du lac. Au moment où j’amorçais le bon dénivelé, de nombreux colverts ont décollés du lac et se sont envolés dans un ciel azur, rajoutant un peu plus d’animation à ce tableau déjà bien merveilleux.  Si la distance pour atteindre le prieuré est plutôt modeste avec 2,5 kilomètres à parcourir, la dénivellation est d’environ 310 mètres, ce qui donne un pourcentage moyen de pente de 12%. C’est donc un terrain plutôt exigeant d’autant qu’il est parfois très caillouteux. Le balisage, lui, est très bon, blanc et rouge comme tout bon G.R qui se respecte mais il faudra faire attention à y rester et à ne pas partir tout droit en direction du lieu-dit « El Pedrar ». C’est par là que nous reviendrons au retour. Cet itinéraire caillouteux et parfois rocheux, on tente de l’oublier grâce aux somptueux panoramas que l’on embrasse. Parfois, il faut se retourner pour contempler le Canigou et la suite des Pyrénées au sommet de leur beauté en cette saison et surtout très proches vu d’ici.  Le sentier, sans doute emprunté par les muletiers au temps jadis, est parfois pavé de gros galets et il est également bordé de murets et de terrasses en pierres sèches. Il y a plus longtemps encore, il a également connu une période très glorieuse au temps où les pèlerins en route pour Saint-Jacques de Compostelle y passaient en grand nombre pour obtenir des grâces au monastère. De ce fait, on y découvre également un oratoire, mais aussi quelques abris de bergers et parfois de vieux orris délabrés. Le plus surprenant, ce sont sans doute ces quelques menhirs granitiques que l’on découvre tels des montjoies dressées et dont on est en droit de se demander s’ils sont complètement naturels ou bien sculptés par l’homme afin de marquer ce sentier qui a probablement servi aux transhumances. Ces vestiges du pastoralisme et cette géologie, on les découvrira lors du retour également. Ces aménagements tout au long du sentier nous rappellent qu’ici les hommes l’ont emprunté bien différemment que pour le seul plaisir d’une randonnée pédestre. Ici dans ces collines ensoleillées que l’on appelle « soulane », l’agropastoralisme et le nomadisme étaient essentiels sur un plan socio-économique. C’était à une époque où la révolution industrielle et notamment l’agriculture moderne et parfois trop intensive n’avaient pas encore provoqué leurs effets néfastes comme l’exode rural et la « question sociale ».La végétation est typiquement méditerranéenne comme toute cette partie haute et ensoleillée de la Vallée de la Têt avec bien évidement des chênes verts, de flamboyants genêts en fleurs, plusieurs variétés de cistes, des bruyères, des ajoncs, des genévriers, des filaires et des romarins pour ne citer que les plantes les plus communes. Une fois Marcevol atteint, on ne pourra sans doute qu’être d’accord avec la description qu’en fait le site Internet du prieuré : « Qui n’est jamais venu à Marcevol ne connaît pas tout de la beauté du monde » puis il rajoute « De vieilles pierres dans un paysage majestueux, un air pur et une nature authentique, le calme, la sérénité, et un accueil chaleureux : Marcevol est le lieu idéal pour chercher l’inspiration, créer, méditer, se retrouver en groupe ou en famille. C’est aussi un cadre propice à l’accueil de stages qui bénéficient d’un hébergement de qualité, d’une logistique efficace et d’un espace de travail tranquille. Loin de l’agitation du monde, et pourtant si près des sites touristiques et des activités de loisirs, vous y serez bien. Tout simplement. » Vous l’avez bien compris, et même si des visites guidées y sont organisées à certaines périodes de l’année, le prieuré est avant tout un gîte recevant des groupes ou des familles et j’avoue que j’ignorais totalement cet aspect-là des choses. En effet,  je me souviens avoir galéré en vain pour trouver un lieu d’accueil lors de la première étape de mon Tour des Fenouillèdes de 2011, étape entre Trilla et Eus et au terme de laquelle, avec mon fils, nous avions été contraints de bivouaquer. C’est donc une très bonne initiative que d’avoir redonner à ce prieuré un peu de cette hospitalité originelle et fraternelle en le transformant en gîte d’accueil et d’étape, même si rien n’est gratuit désormais. Après, la découverte du site et de l’église étrangement fortifiée et très belle sur la plan architectural mais plutôt vide, or mis des bénitiers et quelques panonceaux qui en expliquent la longue histoire (voir le site du prieuré pour plus de détails)), j’ai fait mon « petit » curieux  en partant tout autour du prieuré puis plus tard vers le hameau de Marcevol que j’ai rapidement visité. Avec moutons et chevaux, j’y ai constaté que l’élevage n’avait pas complètement disparu. J’y ai découvert une minuscule bourgade d’un calme olympien, amplement fleurie, avec de petits jardins et patios secrets, de jolies maisons bien rénovées et bien évidemment son étonnante chapelle romane Nostra Senyora de las Grades datant du 11eme siècle et dominant le reste du hameau. J’ai quitté ce dernier en poursuivant le sentier du G.R.36 en direction de Tarerach mais par le chemin dit de Campoussy. Attention, le G.R.36 est parallèle à une piste qui se trouve sur la gauche et indifféremment, on peut emprunter l’un ou l’autre. Même si j’ai personnellement emprunté le G.R.36 que je connaissais bien, si vous prenez la piste, celle-ci vous amènera plus facilement à l’église Sainte Eulalie d’Arboussols qui est le deuxième objectif majeur de cette balade. Blottie dans un magnifique cadre de verdure, on en faisait déjà mention dans un document historique datant de l’an 1011. C’est une chapelle romane assez classique avec une seule nef mais son décor verdoyant et en balcon sur le village et face au Canigou constitue une halte idéale pour y organiser un pique-nique. En tous cas, une pause bien méritée sera toujours bien bienvenue dans ce havre de paix. Après la découverte de Sainte Eulalie, on termine la piste et l’on emprunte la petite route bitumée qui descend vers le village d’Arboussols. On en profite bien évidemment pour visiter le vieux village en se dirigeant vers son église paroissiale consacrée à Saint-Sauveur puis en flânant dans ses ruelles avant de rejoindre la D.35 descendant vers Marquixanes. Après la sortie du village, on emprunte la route sur 800 à 900 mètres jusqu’à découvrir un large chemin qui par la gauche descend dans un vallon. Pour plus d’informations, il faut poursuivre jusqu’à un oratoire et le large chemin est situé peu après. Ce chemin se rétrécie,  et se transforme en une étroite sente se faufilant comme toujours dans une végétation de type garrigue. Ici, le balisage est fréquemment ponctué de points bleus, surtout au début puis ensuite on trouve des marques de peinture jaune. Il est assez souvent matérialisé par des cairns. Ce vallon, c’est celui du Correc de la Coma de Pedris, petit ruisseau que l’on ne va pas tarder à rencontrer et à enjamber à l’endroit même où il est rejoint par le Correc de la Font d’en Guit. Ce dernier correc, c’est le même que celui traversé juste avant l’église Sainte Eulalie. Lors de mon passage, ces deux ruisseaux coulaient à flot et plusieurs grenouilles étaient juchées sur des rochers. Le sentier se poursuit rectiligne et en balcon au dessus du ruisseau désormais unique et qui au fil de l’itinéraire se mute en un petit torrent plus impétueux au sein de gorges de plus en plus encaissées. Les vues continuent à s’entrouvrir magnifiquement sur l’ample et longue Vallée de la Têt. Peu à peu, le sentier s’écarte du ravin du Correc de la Coma de Pedris et finalement il coupe un ruisseau plus petit, celui du Correc de Perdigot. 400 mètres plus loin, on retrouve le G.R.36 pris ce matin. Si la montée caillouteuse et rocheuse de ce matin était difficile, le retour tout en descente nécessite encore plus de prudence et de vigilance. Finalement les vues s’entrouvrent une nouvelle fois sur la retenue d’eau du barrage de Vinça, beaucoup moins belle et beaucoup moins bleutée que ce matin car entre temps, la météo a malheureusement tourné à la grisaille. Une grisaille qui ne freine pas les ardeurs de nos deux grèbes huppés qui continuent à jouer au milieu du lac et sans hasard aux jeux de l’amour et de la gloutonnerie. Ils paradent et quelques minutes plus tard les voilà qui plongent plusieurs minutes à la poursuite de quelques poissons à se mettre dans le bec. Un nouveau spectacle grandeur nature qui me scotche encore une fois au bord du lac. Vous l’aurez bien compris si les édifices religieux et les hameaux de Marcevol et Arboussols sont les principales curiosités de cette balade, il n’y a pas que ça. La flore et la faune y sont bien présentes pour peu que l’on sache les observer.  Telle qu’expliquée ici, cette randonnée a été longue de 14 kilomètres environ. Les montées cumulées ont été de 820 mètres. Le dénivelé est de 406 mètres, le niveau le plus bas étant la ligne de départ à 250 mètres et le plus élevé étant la Chapelle Sainte Eulalie à 656 mètres. Bon équipement et notamment bonnes chaussures à tiges hautes sont indispensables sur ce terrain parfois très caillouteux. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de plusieurs chansons du groupe américain "The Beach Boys". Elles ont pour titres : "God Only Knows", "Dance, Dance, Dance", "I Get Around", "Don't Worry Baby", "Beach Boys Medley", "Fun, Fun, Fun", "Good Vibrations" et "You're So Good To Me".

    Quand je regarde au bout de ma rue vers le nord, je ne vois que lui : le Montolier de Périllos avec sa petite boule blanche. Enfin, de chez moi, la petite boule blanche, qui n’est ni plus ni moins que le radôme d’une station météo, n’est pas plus grosse qu’une tête d’épingle et quand je dis que je ne vois que ce sommet, encore faut-il aimer ou s’intéresser aux collines pour y prêter attention. C’est mon cas. Pourtant si je connais un peu le hameau de Périllos pour y avoir fait quelques visites il y a très longtemps et quelques investigations sur le Net plus récemment, jamais encore l’idée ne m’était venue d’aller voir de près ce « mont des oliviers », traduction toponymique du nom « Montolier ». Je voulais donc réparer cette lacune et c’est ainsi que par une belle journée de fin d’hiver, je me suis retrouvé à grimper vers cette croupe calcaire que depuis « belle lurette », j’apercevais de mon jardin. Cette excursion au pays du secret village de Périllos, de son Montolier et de sa « Caune » sous forme d’un circuit n’a pas été simple à programmer car or mis la piste qui monte au radar je n’avais aucune certitude sur le reste et la suite de l’itinéraire à accomplir. En effet, rien sur la carte IGN n’indique que l’on puisse accomplir une boucle et une fois encore, j’ai eu recours à Internet pour trouver une trace GPS qui me convenait. C’est donc avec un tracé trouvé sur Wikiloc que je suis parti vers Opoul puis vers Périllos ce 11 mars 2015. Avant d’arriver au village, j’ai laissé ma voiture sur un terre-plein à l’endroit même où la route y menant forme une fourche avec la voie carrossable montant au radar. Autant que je me souvienne, il me semble avoir vu un transformateur électrique sur la droite de la route. Là, j’ai poursuivi cette voie montant vers la radôme sur quelques mètres puis j’ai tourné à droite toujours sur une portion bitumée mais sans issue. En réalité, la seule issue est un sentier qui entre de plein pied dans la garrigue et dont le balisage est essentiellement matérialisé par des cairns. Quand on est là, on a une étrange vision de Périllos. Dressé sur son dôme presque essentiellement rocailleux,  ce n’est pas celle d’un vrai village et avec sa vieille tour délabrée et ses deux ou trois seules maisons que l’on aperçoit dont certaines en ruines  c’est plutôt une hameau spectral comme une apparition annonciatrice de mauvais présages. Tout en marchant, je me demande si ce n’est pas cet aspect-là qui a donné à Périllos, sa renommée de bourgade mystique et secrète. Tout en progressant, je laisse deux ou trois ruines et les vestiges de quelques épierrements au lieu-dit Camp de l’Espinet. Après vérification, je suis bien sur le sentier enregistré sur mon GPS et téléchargé sur Wikiloc et il ne me reste plus qu’à suivre les cairns assez nombreux il est vrai pour ne pas s’égarer. Ici, ce sentier est bien évidemment très caillouteux et il traverse même assez souvent de petits pierriers et de ce fait, certains randonneurs préféreront emprunter essentiellement la piste menant au radar météo. C’est évidemment une autre solution que celle que je propose ici. Il faut néanmoins savoir que ce sentier n’est pas là par hasard et selon une source cadastrale, il s’agit de l’ancien chemin muletier menant de Périllos à Embres-et-Castelmaure. Personnellement, ce terrain caillouteux, je l’ai assez vite oublié, occupé que j’étais à observer et à photographier les superbes panoramas qui s’entrouvrent au fur et à mesure que l’on grimpe. Sous de nombreux aspects ; géologie calcaire, éboulis, paysages, végétation, vestiges agropastoraux ; cette ascension me rappelle celle que j’ai faite il y a 2 ans, au Pic du Pied du Poul. Une première barrière rocheuse est franchie que l’on évite par la droite. Au sein d’une végétation plus dense mais toujours aussi méditerranéenne, composée surtout de genévriers, de buis, de nerpruns et de romarins, le sentier s’élève en balcon au dessus d’un ample ravin : la Coumaillas de l’Artigue del Nicolau. Une deuxième petite barre rocheuse est évitée et peu après on atteint une piste blanche et caillouteuse qui par la droite file à la station météo. En flânant, j’ai mis un peu moins d’une heure pour effectuer ce tronçon qui est l’essentiel du dénivelé. Ici, inévitablement, le regard commence à se poser sur tous les vastes paysages qui se font jour vers l’ouest et surtout vers le sud mais ce n’est qu’à l’approche de la « boule blanche » tant désirée que l’on jouit totalement des panoramas à 360° et encore faut-il parfois sortir du chemin pour avoir une vue parfaite vers le nord. C’est ainsi que j’ai aperçu divers lieues de randonnées comme l’ermitage Saint-Victor, le col de Feuilla et les différents étangs audois dont j’avais fait le tour lors de mon récent périple sur le Sentier du Golfe Antique. Du radôme,  il n’y a pas grand-chose à en dire car quand je l’ai atteint, il était absolument désert et avec sa boule blanche, ses bâtiments gris, modernes et carrés, entourés de hautes grilles, j’ai eu l’impression d’arriver sur une autre planète ou bien de visionner un film d’espionnage ou de science-fiction.  Le site est interdit, fermé, dépeuplé le jour de ma venue et donc « triste à mourir » même si la petite boule opaque et blanche se détachant dans un ciel azur, ça donne un aspect plutôt joli, énigmatique et céleste à l’ensemble. J’ai pris quelques photos mais j’en ai fait le tour presque essentiellement pour profiter pleinement des panoramas que je décrirais pour faire court comme un extraordinaire chemin de ronde méditerranéo-pyrénéo-catalano-audois, c'est-à-dire que l’on aperçoit quasiment tout le Golfe du Lion, les Pyrénées  et les plaines roussillonnaises et languedociennes du Cap Creus jusqu’au Cap d’Agde et ce malgré des brumes marines.  Après ces merveilleuses découvertes que j’ai ponctué d’un copieux casse-croûte, j’ai poursuivi le semblant de piste qui se dirige vers l’est en direction d’un pylône électrique. A gauche et à quelques mètres du pylône, j’ai retrouvé deux cairns matérialisant une porte et le départ d’un sentier balisé de marques de peinture rouge. A la lecture de mon GPS, j’ai eu l’assurance d’être sur le « bon » sentier enregistré dans ce dernier et j’ai donc entamé mon retour vers Périllos dans une descente où la végétation de plus en plus foisonnante était essentiellement composée de chênes verts et kermès. Là, par inattention, je me suis laissé entraîner par le balisage rouge filant vers le petit Pech de Catari et heureusement qu’à un moment ce balisage est devenu bleu, ce qui m’a obligé à revérifier mon GPS. J’avais bien loupé une bifurcation ! Alors bien sûr, j’ai fait demi-tour et grâce à mon tracé GPS, j’ai retrouvé assez facilement au sein du bois de chênes, l’intersection à prendre toujours matérialisée par un cairn et un bout de ruban rouge et blanc accroché à une branche que je n’avais pas vu lors de mon premier passage. Alors, bien sûr, si vous envisagez de faire mon parcours sans GPS, il vous faudra oublier ce balisage rouge et vous en tenir essentiellement aux cairns avec parfois la nécessité d’être très attentif et notamment ici au sein de ce sous-bois. Dans la descente, le sentier est étroit mais devient plus évident. Les cairns y sont encore bien présents et peu à peu, on va perdre la boule….blanche de vue. Le sentier coupe diverses petites « coumes », atteint un large chemin que l’on ne va plus quitter jusqu’à la côte 355 sur la carte IGN au lieu-dit « Planals de la Caune ». Là, un autre chemin prend le relais et file à gauche du singulier « Roc Merdeu » dont la toponymie n’est pas évidente et en tous cas pas celle que l’on croit (*). Le chemin finit par se perdre mais en prenant à gauche et à travers la végétation, la belle grotte dite de « La Cauna » est déjà là. Je précise que 250 mètres plus au sud de la côte 355, un chemin beaucoup pratique mène à cette grotte. Je vous le conseille donc. La visite de la grotte est à faire même si au fil du temps, elle a été amplement visitée, peu respectée et parfois même vandalisée. Bien sûr, en regardant toutes ces stalagmites, stalactites et autres draperies décimées, on déplore et on désapprouve ce consternant saccage.  Moi, j’y ai vu une grille de barbecue, plusieurs bouteilles en verre que j’ai mises dans mon sac à dos et divers déchets alimentaires. J’ai même trouvé un collant en nylon que Madame Cro-Magnon avait sans doute oublié après ses ébats amoureux avec l’Homme de Tautavel. Non, blague à part, il y a quand même des porcs qui se baladent aussi. En contrepartie de ces horreurs,  j’ai eu la chance d’y parvenir et d’y entrer à une heure où les rayons du soleil, plongeant dans la caverne par une trouée dans sa voûte, créaient un magnifique éclairage aux tons orangés. A l’intérieur, les parois avaient des nuances d’un très bel effet passant du blanc à l’ocre puis à l’orange selon la lumière. Il faut bien reconnaître que c’était beau. J’ai quitté la grotte après la visite de son ouverture supérieure. Là, j’ai retrouvé quelques cairns et un sentier se faufilant entre d’abondantes tiges séchées de férules et quelques vestiges d’un agropastoralisme oublié depuis longtemps.  Le sentier s’est dirigé vers le petit ravin de la Coume de Ferro, l’a atteint puis l’itinéraire a continué dans son lit asséché en longeant sur sa gauche une haute falaise et sur sa droite quelques éboulis. Droit devant, la tour fantomatique du château ruiné de Périllos est apparue dans un soleil couchant et un ciel bleu s’assombrissant. Finalement le sentier a débouché dans une parcelle plantée de vignes et à droite d’un grand lopin de terre en jachères. La petite chapelle Santa Barbara était là, perchée sur son modeste monticule rocheux. Une courte visite du joli petit édifice et il ne me restait plus qu’à fermer cette boucle idéalement. J’ai donc pris la seule décision qui s’imposait : partir à la découverte du pittoresque hameau de Périllos que je n’avais plus vu depuis une vingtaine d’années, mais dont j’avais entendu dire qu’il reprenait vie depuis une décennie. J’ai traversé la route puis un champ en friches, pris un raccourci retrouvant la route, repris un autre raccourci coupant encore la route puis finalement un chemin creux m’a amené jusqu’au hameau ruiné. Là, et même si le hameau était désert, j’ai retrouvé un site bien différent de celui que j’avais connu. De nombreuses maisons sont encore à terre mais c’est très encourageant de voir que plusieurs d’entre-elles ont retrouvé leur lustre d’antan. J’y ai même découvert avec étonnement un « hostal », c'est-à-dire une auberge faisant sans doute buvette en été.  Le renouveau de ce hameau perdu et ces travaux de réhabilitation dans ce site isolé et donc sauvage mais d’une incroyable beauté, on les doit paraît-il à  « Terre de pierres », une association locale mais sous couvert du mouvement « Rempart », réseau d’associations au service du patrimoine composé de participants essentiellement bénévoles chargés de travailler dans les règles de l’art et le respect de la tradition des sites à restaurer. Autant dire qu’à Périllos le boulot est encore immense mais avec beaucoup de courage, d’abnégation et de volonté, il faut parier qu’un jour le village renaîtra complètement de ses cendres et de sa poussière. On ne peut que le souhaiter, lui dont l’Histoire est si riche, si mystérieuse parfois mais surtout si chaotique car parsemée de guerres et de calamités. J’ai beaucoup apprécié cette randonnée mais je suis contraint d’arrêter là cet article car je m’aperçois que j’ai encore tant de choses à lire et à découvrir de Périllos. Cette jolie et sauvage balade, telle que décrite ici, a été longue de 11 kilomètres environ pour des montées cumulées de 635 mètres. Le dénivelé est de 387 mètres, le point culminant à 707 mètres étant notre objectif : le Montolier de Périllos. Si vous sortez des sentiers, méfiez-vous des avens très nombreux par ici et qui ne sont pas tous signalés, notamment les plus petits. Solides chaussures à tige haute sont conseillées et cette balade est sans doute à éviter un jour de forte canicule. Carte IGN 2547 OT Durban – Corbières - Leucate - Plages du Roussillon Top 25.

    (*) le Roc Merdeu : Le Roc Merdeu, tout proche de la Cauna, doit sans doute son nom à la contraction de l'expression "mare de deu" c'est à dire "mère de dieu". D'autres toponymistes pensent qu'il pourrait avoir pour origine le mot "marde" signifiant fosse, fossé ou encore ravin.

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  •  Ce diaporama est agrémenté de plusieurs morceaux de musique et chansons contenant le mot "Smile", c'est à dire "Sourire. Leurs titres et interprètes sont : "The Shadow Of Your Smile" par Sonny Stitt (saxo), "Smile" par Rickie Lee Jones (chant), "Can't Smile Without You" par Barry Manilow (chant), "The Shadow Of Your Smile" par Astrud Gilberto (chant) et Stan Getz (saxo), "Smile" par Nat King Cole (chant) et "The Shadow Of Your Smile" par Frank Sinatra (chant).

    LE-REFUGE-DU-GAI-SOURIRE

    GAISOURIREIGN
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    Gai Sourire ou plus exactement le Refuge du Gai Sourire. La première fois que j’ai vu ce nom-là sur une carte IGN, je me suis dit « quel joli nom pour un refuge ! » puis dans la foulée, j’ai pensé « qu’il doit être agréable d’aller si réfugier ». Alors bien sûr rien ne s’y oppose car un refuge de montagne c’est fait pour ça. Mais, car il y a un « mais » et même plusieurs, c’est que si vous souhaitez vous y rendre en groupe, voire à quelques-uns et éventuellement envisager d’y passer une nuit, je vous le déconseille très fortement. En effet, le terme de refuge est ici quelque peu galvaudé car Gai Sourire n’est qu’une toute petite cabane O.N.F de quelques mètres carrés seulement, c'est-à-dire un simple abri forestier. Si à cette toute petite surface, on enlève la place prise par la cheminée et celle occupée par une petite table et deux bancs scellés au sol autant dire que l’espace vacant se réduit presque à celui d’un placard à balais.  Il n’y a donc aucun bat-flanc ni aucun lit, et si vous êtes seul, peut être pourrez-vous vous glisser dans un sac de couchage derrière la porte et encore, j’exagère à peine.  Moi, j’y suis allé à plusieurs reprises mais vous l’aurez bien compris, jamais pour y dormir. La première fois, c’était presque par pure curiosité que j’étais parti de Gincla pour une petite balade jusqu’au refuge. La deuxième fois, en 2011, je l’avais redécouvert lors de Mon Tour des Fenouillèdes effectué avec mon fils et enfin la troisième fois, c’est le jour de cette longue randonnée au départ de Fenouillet que je vous raconte ici. Alors quel intérêt d’y aller me direz-vous ? Pour s’y réchauffer un instant lors d’une balade hivernale mais pas que et je vais y venir.

    10 h du matin, je suis à La Vilasse et sur le parking qui jouxte l’église et la mairie de Fenouillet. La Vilasse est le principal noyau d’habitations, car comme j’avais déjà eu l’occasion de vous le dire lors du circuit des 3 châteaux, la commune de Fenouillet est éclatée en de multiples petits hameaux assez dispersés. J’emprunte la petite route qui descend en direction des Nautes, je passe devant un puits, quitte la route et poursuit le chemin qui continue de descendre. Je suis sur le G.R.36 ou tout du moins sur une de ses multiples variantes passant dans le secteur et qui en permettent la découverte. Juste après un petit crucifix, je tourne à droite et retrouve la route bitumée au lieu-dit le Moulin. Les Nautes sont à gauche mais comme à cet endroit il y a pléthore de panonceaux indicatifs de randonnées, le nôtre bien évidemment fait partie du lot : « GRP TFEN » avec un balisage jaune et rouge ce qui signifie « GRP Tour du Fenouillèdes ». Un autre panonceau un peu plus vieux est plus explicite « Gîte d’étape - GRP Fenouillèdes » mais sans balisage celui-ci. On poursuit jusqu’aux proches Andrigotes en ignorant tous les autres panneaux rencontrés et on monte par un court raidillon vers le hameau des Bordes. Ici, sur la cocasse « 7eme Avenue », si tout comme moi, vous avez des relations privilégiées avec la gent animale, vous vous laisserez distraire par un cortège de chiens qui viendront vous faire des fêtes et vous réclamer des câlins. Et très souvent, comme quelques chats ne sont pas en reste, moi j’y passe toujours un certain temps à n’oublier personne. Là, aux Bordes, on retrouve un nouveau panonceau « GRP TFEN » avec la mention « Col de Tulla ». Cet itinéraire vers le gîte de Tulla (Tuilla) et le col éponyme, on ne va plus le lâcher. Après la sortie du hameau, on fera toute de même attention à ne pas prendre une mauvaise piste qui part à gauche en direction des anciennes mines de feldspath puis un peu plus loin, il faudra délaisser la piste principale au profit d’un étroit sentier qui monte dans des chênes verts. Ici, la signalisation consiste en un simple poteau car le panonceau que j’ai connu semble avoir disparu. Une fois sur ce sentier, impossible de s’égarer car il n’y en a pas d’autres. Tout en montant, on découvre les ruines d’anciens cortals enfouis dans une dense végétation. Cette végétation change au fur et à mesure que l’on s’élève. Les chênes verts se dispersent et sont remplacés par des arbres plus imposants, hêtres et bouleaux notamment. Peu de temps après, les pins et d’autres résineux prennent peu à peu leurs places. En contrebas, le chant d’un étroit ruisseau se fait entendre, c’est celui du Ravin de Tulla dont on va découvrir un peu plus haut la source boueuse à proximité d’une petite cuve métallique.  Ce ruisseau, combiné à celui de la Bène et à quelques autres que l’on aura l’occasion d’enjamber dans la journée se rejoignent au fond du vallon que l’on a dominé depuis le départ. A Fenouillet, tous ces cours d’eau se jettent dans le Noir Ruisseau. Outre le Refuge de Gai Sourire, cette balade consiste aussi à faire le tour de ce profond ravin. Le Noir Ruisseau et quelques autres eaux souterraines ont joliment creusé les Gorges de Saint-Jaume que j’ai déjà eu l’occasion de décrire dans ce blog. Le sentier, essentiellement en sous-bois, alterne des portions très rocailleuses et d’autres plus moelleuses, les pierres étant agréablement remplacées par des ramilles ou des tapis de feuilles puis il débouche dans une petite prairie d’estives entourée d’une superbe forêt. Le beau gîte de Tulla surgit juste après dans son magnifique cadre verdoyant. Dieu sait si j’y suis passé très souvent devant ce beau bâtiment et pourtant je n’ai jamais osé pousser sa porte. Sans doute parce que je n’avais rien à y faire à l’intérieur mais surtout pour ne pas déranger inutilement les propriétaires de ce lieu si paisible. Par contre, je suis devenu le meilleur ami de leur chat noir et quand je le quitte, il me suit comme un petit chien jusqu’en direction du col. Alors, voyant que je ne lui prête plus attention, il se met à miauler comme je n’ai jamais entendu aucun autre chat le faire. C’est une espèce de hurlement de détresse, enfin c’est ce que je pense tant ce cri est angoissant et stressant. En arrivant au splendide col de Tulla avec sa belle forêt et ses jolies prairies, le silence est quasiment revenu et seuls les gazouillis d’innombrables oiseaux se font entendre. Quelques grives décollent des pelouses et s’enfuient en criant. Un couple de pigeons ramier s’envole à tire-d’aile sorti de nulle part. Une volée de pinsons décolle en éventail, se disperse et les passereaux disparaissent dans les pins sylvestres. Plus loin et en contrebas, un cheval solitaire me regarde et ne réagit pas à de nombreux craves à bec rouge qui jacassent autour de lui alors que je m’approche pour les photographier. Sur un pré, un écureuil roux me regarde avec ses yeux malicieux mais lui, ne semble avoir aucune crainte que je le photographie, occupé qu’il est à grignoter un pignon. Ouf ! Quel bonheur, ils sont tous plus ou moins enregistrés de mon appareil photo ! Il est 12 heures et le refuge du Gai Sourire n’étant plus très loin, je garde le programme prévu à savoir celui de déjeuner sur son aire de pique-nique où des tables et des bancs m’attendent. Ici, je me repose un instant sur l’herbe, le temps d’engloutir une barre de céréales et quelques fruits secs puis je repars en direction du col de l’Espinas comme l’indique un panonceau. De toute façon, je connais bien l’itinéraire qui file au refuge et en plus c’est toujours celui du Tour des Fenouillèdes que j’avais effectué dans l’autre sens voilà 4 ans. Ici, une mauvaise route en asphalte prend le relais en direction du col de la Bène mais on oublie très vite ce bitume sommaire car de beaux paysages commencent à se dessiner entre les troncs des arbres gigantesques. Peu à peu, les arbres se retirent et des panoramas époustouflants se font jour. Voilà, mon véritable objectif du jour ! Plus que le Refuge du Gai Sourire lui-même, voilà l’authentique but de cette balade. Je reste là, scotché au bord de la route, pendant de longues minutes, sortant mes jumelles du fond de mon sac à dos pour les ajuster et observer cette prodigieuse apparition. Cette vision, elle s’envole depuis cette superbe forêt de Boucheville, domine le ravin de Tulla et une immense partie du pays Fenouillèdes, longe la vallée de la Boulzane et l’interminable chaîne des Corbières, survole le Roussillon pour plonger dans la Méditerranée. 60 kilomètres à vol d’oiseau et en un seul regard dont je ne me lasse pas. Je vais y revenir. Quelques minutes plus tard, j’arrive au col de la Bène avec ses hêtres séculaires et colossaux, son aire de pique-nique et son minuscule refuge dont je cherche encore en vain l’origine de son joli nom « du Gai Sourire ». Cette expression un peu désuète de « gai sourire », on pourrait la croire pléonastique mais pourtant de grands écrivains comme Balzac ou Daudet l’ont largement utilisée dans leurs oeuvres. Le temps d’une courte visite du refuge, de quelques photos et je m’installe pour déjeuner. Face à moi, sur le tronc d’un grand hêtre, je retrouve des initiales gravées en 2007. Elles sont un peu plus creusées et un peu plus épaisses….un peu comme moi sans doute ! Au moment où je quitte le refuge et son esplanade, un grand rapace blanc survole la cime des hêtres ne me laissant guère de temps pour le photographier. Mais dans la foulée, un deuxième surgit et je parviens à le capter. Les volatiles disparaissent dans l’épaisse canopée mais une fois à la maison qu’elle ne fut pas ma surprise de savoir que j’avais photographié un vautour percnoptère dont j’ignorais la présence dans le pays Fenouillèdes. Je fais demi-tour, profitant au passage des panoramas déjà expliqués.  Mais avant de parvenir au col de Tulla, j’emprunte la piste DFCI F.39, long itinéraire tout en zigzag qui doit m’amener jusqu’au col de Boire. Là, commence une nonchalante descente essentiellement en forêt avec néanmoins quelques belles ouvertures sur les ravins en contrebas et les sommets forestiers alentours : roc de Boucheville, d’En Peillofo, Sarrat Naout. Si vous n’aimez pas les longues marches en forêt, ce retour vers Fenouillet, vous le trouverez certainement fastidieux mais moi, j’adore car j’ai toujours les sens en éveil. Pour moi, ce type de balade, c’est « L’appel de la forêt » de Jack London et avec mon appareil photo autour du cou, je deviens Buck, le chien qui hume la nature. Je suis constamment à guetter la moindre découverte et une fois encore, la nature va me réserver de bien belles surprises avec quelques mésanges colorées peu craintives que j’arrive à faire venir en soufflant dans mon appeau. Un peu après, deux pinsons juvéniles se baignant dans une flaque font le spectacle, puis c’est un joli chevreuil broutant en contrebas de la piste que je surprends en zoomant mais pas pour très longtemps car lui aussi m’a flairé.  Dans les espaces ensoleillés, les premiers papillons sont déjà de sortie avec de magnifiques Paons de jour et des Vulcains mais aussi quelques Aurores et Soucis qui ne se posent jamais. Enfin, je surprends un superbe coucou geai à proximité du Prat del Rey. Un couple de ces magnifiques oiseaux que j’ai également aperçu en vol,  semble s’être installés à proximité du nid d’une pie bavarde que j’ai photographié dans un pré. Il faut savoir que la femelle coucou geai a pour habitude de déposer ses œufs dans le nid d’une femelle corvidé la laissant ainsi s’occuper de ses rejetons. Entre ces nombreuses leçons de sciences naturelles grandeur nature, le reste de l’itinéraire a été largement rempli avec de beaux paysages : vues vers les pechs de Fraissinet et des Escarabatets, sur cette Pelade que j'aperçois parfois et dont j'envisage de faire son tour, sur Fenouillet, sur la vallée de la Boulzane, sur le Pech de Bugarach et bien évidemment sur les principaux décors arpentés du jour : ravins encaissés avec tout autour l’immensité de cette ancienne et merveilleuse forêt royale de Boucheville. Après le col de Boire et son insolite borne 51 (ça ne s’invente pas !) où j’ai profité de biens jolis panoramas pour finir mon casse-croûte, j’ai délaissé les pistes principales. D’abord celle allant vers la Source des Verriers (un 51 ça va, trois bonjour les dégâts !)  puis celle se dirigeant vers le col del Mas au profit de la piste DFCI F.39bis descendant vers Fenouillet. Finalement peu avant d’arriver au Roc de la Martine, j’ai abandonné cette piste et j’ai emprunté un étroit sentier balisé en jaune qui descendait direct vers  le lieu-dit « Lou Prat del Rey ». Entre des haies de pins, de buis, de bruyères et de chênes verts, après avoir longé puis enjambé un limpide petit ruisseau, l’étroit sentier m’a amené sur un large chemin creux se faufilant au milieu de grandes prairies. Ici, du haut de ses ruines, le Castell Sabarda domine ce cadre clair et verdoyant puis s’est au tour du château Saint-Pierre d’apparaître mais les maisons de Fenouillet sont déjà là. Il est exactement 17h45 quand j’arrive au parking de la Vilasse et cette longue et belle flânerie de 22 à 23 km environ a duré 7h45. Le dénivelé a été de 633 m, le refuge du Gai Sourire représentant le point culminant à 1.076 m d’altitude et le Moulin des Nautes à 443 m le point le plus bas. Quand aux montées cumulées, elles sont de 2.200 mètres environ sur le parcours décrit. En raison des nombreuses pistes sillonnant cette contrée, vous pourrez organiser et adapter votre randonnée selon votre guise. Attention néanmoins à bien rester sur des chemins fréquentés certains peu utilisés pouvant être embroussaillés voire carrément impraticables. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons interprétées par les chœurs
    de "The Cambridge Singers" Elles ont pour titre : "This Is The Day" avec "The Aurora Orchestra" dirigé par John Rutter, "Look At The World" puis "Christmas Night" avec "The City of London Sinfonia" dirigé par John Rutter.

    Avant de faire le récit de cette balade au prieuré Santa Maria del Vilar, je veux d’abord remercier Madame Lucette Triadou. Simplement la remercier car les hommages et les honneurs mérités, elle en a déjà eu plus que son lot : Légion d’honneur, Monuments Historiques, Bâtiments de France, Association des vieilles maisons françaises, Direction régionale des Affaires Culturelles, etc…etc….Sans elle, cette balade loin du vacarme de la vie quotidienne n’aurait sans doute jamais existée et bien plus grave, le superbe prieuré, notre objectif, n’aurait jamais revu le jour et surtout la lumière, enfoui qu’il était sous la végétation depuis des décennies. Toutes mes balades nécessitant presque toujours un but, si j’avais été à la place de Lucette, je crois que jamais je n’aurais découvert ce prieuré. Alors, remercions-la une fois encore d’être venue se balader en toute simplicité dans ce joli coin des Albères, d’avoir eu la curiosité de découvrir ce site merveilleux, de s’y être intéressé et surtout de l’avoir acheté en 1993. Mais le plus difficile était encore devant elle. Alors remercions-la aussi d’avoir eu le courage et la ténacité de le restaurer. Remercions aussi les nombreux et vaillants habitants de Villelongue-dels-Monts et tous les autres qui l’ont aidé dans cette tâche titanesque. Remercions cette petite communauté orthodoxe roumaine d’avoir accepté d’y vivre dans la prière. A côté de toutes ces contraintes, partir à sa découverte aujourd’hui en passant par El Reposador est de la « gnognote » même si la randonnée que je vous décris ici est un peu sportive. Comme indiqué, le départ s’effectue depuis Villelongue-dels-Monts et plus précisément depuis le Cami del Vilar. Indifféremment, vous pouvez démarrer du village ou bien d’un peu plus haut sur le chemin où se trouve un parking près d’une citerne DFCI verte. Si vous partez de là, vous aurez gagné au bas mot un peu plus d’un kilomètre. Là, sur le parking, vous apercevrez un panneau vous indiquant le prieuré à 1 km. Alors bien évidemment, sauf à vouloir faire cette balade à l’envers, ce qui reste toujours possible, le départ s’effectue en poursuivant la piste qui part à droite en direction d’un radier sous lequel s’écoule le Ruisseau de Villelongue. On poursuit la piste en ignorant les chemins partant à gauche et au premier grand virage en épingle à cheveux, on traverse le virage et l’on emprunte un tout petit sentier matérialisé par un cairn. Presque immédiatement, on constate que ce sentier est, comme tout bon P.R,  balisé par des marques de peinture jaune. Pour effectuer cette boucle, ces traces jaunes, on ne va plus les lâcher. Toutefois, 500 mètres après le virage, on ignorera un autre sentier qui, par la droite, descend vers Montesquieu-des-Albères. Le nôtre continue de s’élever régulièrement et parfois même assez sévèrement, rendant cette balade plutôt sportive. Vers l’ouest, le regard plonge vers de profonds ravins où s’écoulent des correcs.  Au  bout de ces ravins, des maisons agglutinées ou parfois esseulées au sein d’une végétation foisonnante.  Cette toison verdâtre, on la retrouve dans tout le Massif des Albères et en tous cas, dans la partie visible. Plus loin, Le Boulou et encore plus loin, le Massif du Canigou superbement enneigé en cette saison. Au bout d’un moment, le sentier suit une ligne de crête offrant des panoramas vers l’est et les contreforts du pic d’Aureille et l’on va profiter de ces instants pour observer puis figer dans notre appareil photo, une vue aérienne de notre objectif du jour. On retrouve la piste forestière initiale que l’on poursuit en longeant de grands cyprès de l’Arizona. Au bout de 400 mètres, on délaisse la piste au profit d’un chemin qui part en gauche en épingle à cheveux. Là, avant de poursuivre le sentier en sous-bois, deux découvertes peuvent retenir l’attention : sur la gauche, un magnifique chêne multiséculaire et superbement ramifié et un peu plus loin, les ruines du cortal Cossanes (ou Caussanès) avec des murs et de belles arcades en pierres roses.  Tout en montant, la végétation change. Après, les chênes verts, blancs ou lièges, place à de grands hêtres et conifères. Après une portion relativement plane ou peu accentuée, le sentier franchi un ru puis monte sévèrement dans une belle et haute hêtraie. Sur la droite et si les ruines vous attirent, un sentier barré d’une croix jaune peut vous amener vers le Mas del Pou. Peu de temps après, le sentier file en balcon au dessus d’une ravine. C’est toujours le ruisseau dit de Villelongue que l’on ne va pas tarder à enjamber, mais un autre petit ruisseau est d’abord franchi c’est celui de la Font de Sant-Cristau descendant tout droit du puig éponyme. Au rythme des correcs franchis, le sentier descend un peu, se stabilise et remonte de plus belle mais le point culminant de cette balade est finalement atteint à 610 m d’altitude au lieu-dit « El Reposador », petite esplanade herbeuse à la croisée de chemins où comme son nom l’indique on peut se reposer. Désormais, il ne reste plus qu’à redescendre vers le prieuré Santa Maria del Vilar mais l’on notera au passage que cette descente foisonne de portions dallés, de murets, de terrasses et de ruines, le tout en pierres sèches, ce qui tend à prouver que ce sentier a été longuement emprunté aux siècles passés et que la présence du prieuré n’était bien évidemment pas étrangère à ces passages. Les pèlerins et les coquins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle passaient-ils par là pour franchir la frontière ? C’est fort probable car on a la certitude que le prieuré a longtemps servi de lieu d’accueil et notamment au temps où il était occupé par des moines augustiniens (ou augustins) dont une des pratiques de la vie monastique était l’hospitalité, hospitalité que Saint Augustin lui-même avait pourtant décriée de son temps. La découverte du bel édifice roman et son agréable visite guidée par de gentilles nonnes roumaines vous en apprendront bien plus sur l’Histoire que je ne pourrais le faire ici et ce d’autant que vous trouverez également sur Internet de nombreux sites qui lui sont consacrés (voir ci-dessous). Après cette visite guidée que je conseille vivement, la balade se termine et comme indiqué au début, il ne vous reste qu’un kilomètre à parcourir sur l’asphalte de la route pour rejoindre votre véhicule. A moins bien sûr que vous l’ayez laissé au village ce en quoi, il vous en restera approximativement deux ou trois. Telle qu’expliquée ici, la randonnée est longue de 6 km environ pour un dénivelé de 410  mètres et des montées cumulées de 575 mètres. Bonnes chaussures de marche sont vivement conseillées sur ce terrain alternant des reliefs et des sols très variés. Carte IGN 2549 OT Banyuls – Col du Perthus – Côte Vermeille  Top 25.

    Principaux sites Internet :

    http://www.prieureduvilar.free.fr/index.html

    http://www.edelo.net/roman/images/catalan66/stamaria/cadre.htm

    http://www.chateaux-france.fr/prieure-santa-maria-del-vilar/

    http://www.photosdailleurs.fr/albums/STAMARIA/stmaria.htm

    http://tassinternet.pagesperso-orange.fr/vilar/restauration/restauration.htm

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Prieur%C3%A9_Santa_Maria_del_Vilar

    http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=66225_1

    http://www.jeantosti.com/visiter/villelongue.htm

    http://etab.ac-montpellier.fr/~w0660170b/index.html 

    et celui de l'Histoire du Roussillon

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  • Ce diaporama est agrémenté de la musique de John Barry, bande originale du film "Out Of Africa" de Sydney Pollack.
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    CAPBEARIGN
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    Quand j'ai voulu écrire le récit de ce "Sentier du Cap Béar depuis Port-Vendres"  en me documentant à son propos, j’ai appris que ce lieu était un véritable champion. Un champion de vitesse ou tout du moins un recordman. En effet, lors de la fameuse et terrible tempête Klaus de janvier 2009, les vents ont soufflé au Cap Béar à la vitesse phénoménale de 191 km/h et dans le département des Pyrénées-Orientales, ce n’est que d’un cheveu qu’il a été battu par une rafale de 193 km/h ayant été enregistrée le même jour du côté de Formiguères. On est loin bien sûr du record national de 320 km/h détenu par le Mont Ventoux depuis 1967 et du record mondial de 484 km/h enregistré en 1999 au sein d’une tornade du côté de Bridge Creek en Oklahoma, mais au niveau de la mer, le Cap Béar est systématiquement sur le podium et s’y complait à chaque tempête. Les vents de 160 à 180 km/h ne sont pas rares et de ce fait, certains marins effectuant du cabotage en Méditerranée l’appréhendent et l’appellent même le « Cap Horn catalan ».  Le jour de notre balade, rien de tel et c’est sous un soleil radieux et accompagnés par une petite brise marine que nous avons démarré depuis l’anse de l’Espelugas, non loin de la jetée du port de Port-Vendres. Autant l’avouer, ce jour-là, nous n’avons battu aucun record et d’ailleurs ce n’était pas le but. Si l’on arrive de Perpignan depuis la route côtière D.114, il faut, pour rejoindre la jetée et le point de départ de la balade, faire le tour du port en se dirigeant vers la capitainerie. Là, on poursuit sur les quais puis une fois la D.86b atteinte, on suit les indications « Cap Béar » puis on continue en empruntant deux tunnels pour atteindre la jetée. Par la Nationale 114, on prend directement la D.86b filant vers le cap et la suite est la même.  La ligne de départ est là, à quelques mètres du restaurant le Gibraltar que j’ai connu dans le passé en bien meilleur état qu’aujourd’hui. Un poteau paré d’un panonceau de randonnées indique qu’il s’agit du Sentier du Littoral offrant diverses balades plus ou moins longues. La nôtre est mentionnée sous l’intitulé « Phare de Béar – 45 mn- 2km » et comme il s’agit d’un simple aller-retour autant dire que c’est une promenade plutôt facile pour tous les amoureux de la marche. Quand au point le plus haut du sentier, il est situé à 110 mètres d’altitude environ et de ce fait, inutile d’être très fort en maths pour calculer le dénivelé par rapport au niveau de la mer. Bien sûr, si ça vous chante, vous pourrez poursuivre votre balade bien après le Cap Béar en vous dirigeant vers les plages de Paulilles ou bien vers Banyuls-sur-Mer comme indiquait sur le panonceau. Dès le départ, un sentier caillouteux et schisteux très raide s’élève dans la garrigue. Il est d’ailleurs si raide qu’une rambarde et quelques escaliers faits de rondins de bois ont été aménagés pour faciliter l’ascension. De ce fait, on s’élève très vite et les jolies vues sur Port-Vendres et ses alentours apparaissent immédiatement. Dès que le sentier se stabilise, on profite de superbes panoramas bien plus lointains vers les Albères qui s’étirent et ondulent depuis la Madeloc jusqu’au Néoulous en passant par la Massane et le pic des Quatre Termes, le regard se posant finalement sur l’inévitable Canigou magnifiquement enneigé à cette époque de l’année. Le fort Saint-Elme tout proche constitue dans l’immédiat le repère final de ce tour d’horizon. Un peu plus haut, les vues sur les stations balnéaires et leurs interminables plages sableuses apparaissent. Très rapidement, on rejoint la petite route bitumée faisant le lien entre Port-Vendres et Béar. Il s’agit du bien nommé chemin du Cap Béar. Connaissant bien les lieux pour y être venu pêcher à de très nombreuses reprises, de jour comme de nuit, du bord et à la canne ou en chasse sous-marine (voir Mes Souvenirs halieutiques), j’emprunte le petit sentier de terre, qui sur la gauche, part en direction de la haute falaise rocheuse et de quelques maisons. Là, cachés dans la végétation et en surplomb d’impressionnantes criques déchiquetées, se trouvent quelques ruines aux formes arrondies, sans doute celles d’une vieille tour ou d’un ancestral fanal ayant servi bien avant la construction du présent phare.  Grâce à un nouveau panonceau, notre balade se poursuit et s’élève sur le côté droit de la route. La végétation se fait plus dense et si la garrigue reste essentiellement de type méditerranéen avec les cistes, les genêts, les romarins et les bruyères, on y remarque une incroyable diversité d’autres plantes que l’on a peu l’habitude de voir plus à l’intérieur des terres : armérias, camphorines, cristes, immortelles, passerines, soudes pour n’en citer que quelques unes parmi les plus communes. Bien évidemment, les plantes fleuries sont rares en cette saison. Quand à la faune, à cette époque de l’année, elle est essentiellement ornithologique avec l’emblématique goéland leucophée tournoyant dans un ciel azur mais on peut y voir aussi le grand cormoran raser la surface puis la crever pour d’incroyables apnées car leur régime alimentaire est essentiellement piscivore. La mouette rieuse, elle,  est plutôt présente à proximité du port. Dans les catégories plus légères, on peut avoir la chance d’apercevoir de nombreux passereaux plus ou moins craintifs et discrets comme le Monticole bleu, le Rouge-gorge, le Rougequeue noir et tous les petits oiseaux vivant embusqués dans les buissons comme le Tarier pâtre, les fauvettes ou le troglodyte mignon. Le sentier se poursuit sous le Fort Béar, construction militaire du 19eme siècle bâtie sur les fondations d’un édifice du maréchal Vauban. Cette forteresse avec vue imprenable sur la mer a toujours été au fil des siècles occupée par l’armée pour sa position hautement stratégique. A partir de là, la pointe du cap Béar s’avançant dans la mer apparaît plus nettement avec son sémaphore blanc et ocre et son phare de granit très légèrement en contrebas. La balade progresse d’ailleurs sur une crête laissant entrevoir les deux versants du cap. Sur la gauche, des petites criques dominées par de modestes falaises. Sur la droite et au premier plan, l’Anse de Paulilles et au loin, les Albères plongeant dans la « grande bleue » dans une succession d’autres pointes que sont les caps Oullestreil, Cerbère et plus loin Creus, visible à l’horizon dans une brume blanchâtre. Après un long muret de pierres sèches, dont on est en droit de se demander quelle fonction pouvait-il avoir, or mis celui de s’abriter des vents, le sentier descend tout droit vers le sémaphore, grande bâtisse de la Marine Nationale édifiée en 1861 et faisant à la fois office de surveillant local du trafic maritime et de station météo. Les visites n’étant pas autorisées, nous poursuivons vers le phare par un fugace raccourci. Un grand panneau en explique brièvement l’histoire et son fonctionnement. C’est ainsi que l’on apprend qu’il a été construit en 1905 dans du granit et du marbre rouge de Villefranche-de-Conflent mais qu’il n’est pas accessible au public lui non plus. Du coup, un peu déçus, nous prenons la décision de descendre vers la petite anse de Sainte-Catherine pour un agréable pique-nique. Nous allons y passer presque deux heures à flemmarder sous les étonnants rayons d’un soleil bien ardent pour un 14 janvier. A peine arrivés sur la grève, un majestueux goéland et un minuscule rouge-gorge ont immédiatement compris que les portes du « restaurant de la plage » venaient d’ouvrir. Bien à l’abri de la petite brise marine qui sévissait, nous sommes restés là à partager avec eux notre déjeuner au bord de l’eau. Si le rouge-gorge s’est régalé essentiellement de quelques grains de maïs extraits de nos salades, le goéland, lui, était moins difficile et il happait et ingurgitait tout ce que nous lui proposions.  Morceaux de pain, miettes de thon, blanc d’œufs et même des tomates cerises paraissaient à son goût. Mais pour eux comme pour nous, les bonnes choses ont malheureusement pris fin et dès le pique-nique terminé, les deux lascars avaient déjà compris qu’il était temps pour eux de filer sous d’autres cieux. Après ce merveilleux entracte que je n’ai pas manqué de photographier sous une myriade d’angles, c’est à regrets que nous avons jugé qu’il était temps pour nous aussi de lever l’ancre. Nous avons poursuivi le petit sentier qui file vers l’est et s’élève progressivement au dessus de la baie. Il remonte vers le phare, le rejoint et se poursuit ensuite vers la pointe extrême du cap. Là, après « les instants bonheur » que venaient de nous offrir les deux volatiles, nous eûmes droit « aux années malheur » avec la vision des innombrables et impressionnants vestiges de l’ancienne occupation allemande : blockhaus, bunkers, casemates d’observation, tranchées, batteries, casernements, baraques, abris, soutes à munition, etc…, toutes ces hideuses structures de béton, de ciment et de ferrailles étaient autant de preuves d’un passé que nous n’avions pas connu mais dont nos parents nous avaient raconté avec consternation l’horrible histoire. Il faut dire que 2.500 soldats germaniques ont séjourné là, tout autour de Port-Vendres, entre 1942 et 1944, dans l’attente d’un hypothétique débarquement qui n’a jamais eu lieu. Après ces découvertes martiales, il était temps cette fois de faire demi-tour pour revenir à notre point de départ. Nous fîmes le choix de l’asphalte de la route jusqu’à rejoindre le petit sentier initial descendant directement vers l’anse de l’Espelugas. Selon mon GPS, j’avais parcouru au total 5,4 km. Dany un peu moins préférant la « bronzette » sur la plage de Sainte-Catherine à la découverte des jolis cabanons. On regrettera que ni le sémaphore ni le phare ne soient visitables et ce d’autant que le phare est inscrit aux Monuments Historiques et que le Cap Béar, lui-même, est un site classé depuis 1978 et classé Natura 2000 depuis 2008. Ce site méritant attention et protection, nous avons été très étonnés de constater que la plage de l’Espelugas était jonchée de nombreux détritus et n’avait pas été nettoyée depuis très longtemps sans doute. Le parking était largement impraticable car envahi de galets, de gravas, de branchages et de déchets de toutes sortes, les poubelles étaient éventrées, les parapets fracassés et les restaurants sont dans de piteux états entre délabrement et abandon. Enfin tout ça est assez sordide et peu engageant et il faut bien admettre que rien n’est fait pour inciter les touristes à y venir et surtout à y rester. Heureusement la balade a été très belle et en plus, elle a été pour moi, l’occasion de me remémorer de très bons et multiples souvenirs. A coup sûr, il y en aura d’autres tant cette partie de la Côte Vermeille est pleine de merveilles. Allez messieurs les élus, quelques efforts sont à faire pour que tout soit parfait. Carte IGN 2549 OT Banyuls – Col du Perthus – Côte Vermeille  Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de 5 chansons de Elmore James. Elles ont pour titres : "The Sky is Crying", "I Done Somebody Wrong", "Early In The Morning", "Sho' Nuff I Do" et "Standing at the Crossroads".
    LE-ROC-DE-LES-CREUS
    ROCDELESCREUSIGN
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    Il y a quelques semaines, j’avais expliqué dans mon blog, une belle balade qui consistait à partir à la recherche de « pierres gravées et dressées » se trouvant au dessus du village de Conat au lieu-dit le Pla de Vall d’en So ou Balençou.  Si vous relisez mon récit, vous constaterez que j’avais gardé en réserve une autre roche gravée toujours située sur cette crête et plus précisément au Roc de les Creus (Roc des Croix). J’aurais pu bien sûr toutes les découvrir au cours d’une seule et unique randonnée mais si j’ai gardée celle-ci « sous le coude » ce n’est pas uniquement sous prétexte « d’inventer » une balade supplémentaire au départ d’Urbanya. Non, j’ai voulu donner à cette pierre une valeur toute particulière car, au même titre que celle du Roc de l’Amoriador (décrite dans la balade les Crêtes de Serrabonne) au dessus de Glorianes et que la « Peira Escrita » de la Vallée du Galbe, elle est sans doute une des roches gravées parmi les plus insolites et étonnantes de notre département. Elle méritait donc que je lui consacre une randonnée. Si j’ai démarré d’Urbanya, c’est parce que je m’y trouvais en vacances et qu’il était bien plus commode pour moi de partir de ce village plutôt que de refaire le même parcours à partir de Conat. D’abord,  les distances sont quasiment similaires et en plus, j’étais assuré de découvrir des paysages et des panoramas quelque peu différents. Je n’ai pas été déçu d’autant que le beau temps était de la partie, que l’automne commençait à se parer de ses plus belles couleurs et que la flore était presque aussi resplendissante qu’au printemps. A Urbanya, j’ai comme très souvent emprunté le chemin de Saint-Jacques qui file vers l’est et se transforme très vite en un petit sentier entrant de plein pied dans la garrigue du Serrat de Calvaire. Si on se fie à un balisage bleu bien présent, on pense à quitter l’itinéraire le plus évident en arrivant à un collet à la hauteur du Serrat de l’Homme. Là, un autre sentier monte à gauche et s’élève régulièrement entre les lieux-dits Coubère (tonnelier) et Clot del Baro (Enclos du baron). Tous ses sentiers me sont désormais familiers car je les ai déjà empruntés et décrits à maintes et maintes reprises dans mon blog : Roc de Jornac, Pic del Torn, Serrat Gran, etc…..Après quelques pérégrinations au sein de hautes fougères et de quelques vestiges d’un agropastoralisme d’antan, on finit par atteindre la piste et la clôture au lieu-dit Miralles. Au préalable, si vous avez eu l’idée de lever la tête vers quelques grands pommiers centenaires, vous aurez rempli les poches de votre sac à dos de quelques belles « goldens » et autres « galas » sauvages.  Ici, à Miralles, de tous côtés, des panoramas s’entrouvrent magnifiquement mais celui en contrebas des ravins et en direction du Canigou et vers la longue Vallée de la Têt capte l’essentiel des regards. Si, l’itinéraire normal consiste à suivre la clôture pour monter jusqu’au sommet du Serrat de Miralles (1.377 m), moi, dans l’immédiat,  j’ai décidé de descendre sur quelques mètres pour partir à la découverte d’un étrange tumulus de pierres découvert par Jean Abelanet en 1967. Selon l’archéologue, cet étrange tumulus a sans doute supporté un dolmen. Ensuite, il se dit que ce dolmen aurait été ruiné par des bergers et que les dalles principales auraient peut être été utilisées pour élever un cortal ou un orri se trouvant dans les parages. C’était au temps jadis. Après cette « exploration » plutôt décevante, car bien évidemment il ne s’agissait que d’un simple tas de pierres pour le candide que je suis, je me suis lancé dans l’ascension du Serrat de Miralles en longeant la clôture. Un peu plus d’un kilomètre à monter cette colline sur un raidillon plutôt abrupt et je fus enfin délivré de toutes déclivités une fois le sommet atteint. Là, j’ai enjambé la clôture, j’ai basculé dans le Domaine de Cobazet et j’ai emprunté la longue descente vers le Roc de les Creus. D’abord en me dirigeant vers le Serrat d’Estardé puis vers les ruines de l’ancienne gare qui a longtemps servi à l’exploitation du talc de Caillau et à transborder les grumes du domaine. Là, j’ai retrouvé le chemin du Tour du Coronat si cher à mes souvenirs. Il faut dire que ce tronçon tout en descente vers la gare d’Estardé et le plus souvent sur la crête est fort agréable. Les panoramas y sont exceptionnels, les chemins se faufilent au milieu des prairies puis alternent par moment avec la somptueuse forêt domaniale. Une fois arrivé aux ruines de la gare, on passe de cette végétation extraordinaire et exubérante à un maquis plutôt aride et bien évidemment le contraste peut paraître surprenant. Heureusement, les panoramas restent grandioses et s’entrouvrent en supplément sur la basse et moyenne Vallée de la Castellane. De plus, la flore typiquement méditerranéenne embaume, offre ses baies bigarrées et de ce fait, attire une incroyable faune où insectes volants, sautants et virevoltants se partagent le ciel et l’espace avec de nombreux passereaux qui n’en demandent pas tant.  Il ne reste plus qu’à descendre le Tour du Coronat et à trouver la fabuleuse roche gravée et bien évidement, si tout comme moi, vous avez sa position géographique enregistrée dans un GPS, votre tâche s’en trouvera largement facilitée. Pour les autres, je précise que cette roche se trouve au milieu de genêts, à gauche sur le chemin qui se dirige vers Catllaurens, une trentaine de mètres après avoir quitté l’ancienne piste du Tour du Coronat. Moi, avant d’aller au Roc de les Creus,  j’ai quitté la piste et j’ai longé la clôture qui sépare les limites communales et avec beaucoup de chance et d’étonnement, j’ai ainsi découvert deux autres roches gravées de quelques croix. Peu après et grâce à mon GPS, je suis « tombé pile » sur l’étonnante roche que les archéologues désignent du nom de Roc de les Creus II (*). Je me suis souvenu que Jean Abelanet voyait dans ces  cupules reliées par de petites rigoles, la fonction probable de récupération d’un liquide mais excluait qu’il puisse s’agir d’eau de pluie. Pensait-il à du sang ? Pensait-il à des rites funéraires ou macabres ? En tous cas dans son livre « Signes sans paroles », il ne le précise pas. Toujours est-il qu’il affirme qu’avec ce type de gravures rupestres et même si celle-ci est unique en Roussillon, les théories peuvent être nombreuses et parfois même fantaisistes selon les lieux : représentation de constellations célestes, plans cadastraux ancestraux, représentation stylisée d’un animal et certains ont même vu dans cette roche, un éventuel « cadran solaire ». Après cette fabuleuse et mystérieuse découverte, j’ai continué à descendre la piste sur quelques centaines de mètres, histoire de me souvenir de « Mon Tour du Coronat » puis, après un pique-nique improvisé face au Canigou, j’ai refait le chemin à l’envers jusqu’à la gare d’Estardé. Là, j’ai repris la piste forestière direction le col de les Bigues avant d’entamer la longue descente vers Urbanya par le sentier des Escocells. La collecte des champignons étant interdite dans le domaine de Cobazet, je n’ai fait que regarder l’incroyable variété mycologique du domaine et je me suis amusé à recenser plus d’une cinquantaine de champignons différents en les photographiant. A 17 heures, j’ai retrouvé ma petite maison d’Urbanya et comme j’avais démarré le matin à 9 heures, le calcul était vite fait : j’étais resté 8 heures sur les magnifiques sentiers de ce Haut-Conflent dont je ne me lasse pas ! J’avais accompli une boucle de 16km200 pour des montées cumulées de 1.130 mètres et un dénivelé de 521 mètres, le point culminant étant matérialisé par la borne se trouvant au sommet du Serrat de Miralles à 1.377 mètres d’altitude. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.

    Si l'histoire du Domaine de Cobazet vous intéresse cliquez ici.

    Nota : Je pensais cette roche du Roc de les Creus unique mais lors d'une longue balade à la roche gravée de Fornols depuis Campôme, j'en ai trouvé une autre presque quasi similaire avec de nombreuses cupules reliées entre elles par des entailles. Elle est moins belle il est vrai, mais très ressemblante en tous cas. Contrairement à celle du Roc de les Creus, elle ne paraît pas connue des spécialistes ! A vérifier toutefois.

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  • Ce diaporama est agrémenté de la musique "The Way You Look Tonight" interprétée ici par le trompettiste de jazz Dizzy Gillespie accompagné du saxophoniste Stan Getz. Ce titre est extrait de l'album "Jazz Journeys Presents the Birth of Bebop, Vol. 1"
    CANALURBANYAIGN

    Avant d’évoquer le Canal d’Urbanya, objectif de la randonnée que je vais vous expliquer ici, laissez-moi d’abord vous parler un peu de l’Histoire d’Urbanya. L’historien la connaît depuis que la première mention du village a été découverte dans un texte médiéval. Cette mention avait été écrite dans un acte du 16 juin 1186 signé au château de Conat par le seigneur Guillem-Bernard de Paracolls (*) en présence d’autres signataires, à savoir, son épouse Blanche de Conat et ses enfants Guillaume, Séguier et Guillelma (les Templiers en pays catalan - Robert Vinas -Edition El Trabucaire). Cet acte avait pour objet de faire donation aux Templiers du Mas Deu, d‘un territoire du nom de « Mollères de Martisag », situé dans la vallée de la rivière Urbanya et sur lequel se trouvait un cortal. On apprend que les limites de ce territoire, sans doute consacré à l’élevage, s'étendaient jusqu'aux dépendances des domaines que les Hospitaliers de Bajoles (**) possédaient déjà dans les parages. Ces limites étaient localisées à l'est, par le « Coll de Creu » ou « col de la Croix », au midi, par la rivière de « Foga (feu) de Martisag », à l'ouest, par  le « Coll de Camprech » et au nord, par la fontaine et le champ de « Madresona ». Aujourd’hui et avec si peu de renseignements, on éprouvera, bien évidemment, beaucoup de difficultés à retrouver ces limites sur nos cartes IGN actuelles. Si « Camprech », c'est-à-dire « Canrec », toujours présent de nos jours, ne pose aucun problème, si « Martisag » est sans doute le lieu-dit « Martiac » dans la haute vallée d’Urbanya, si on peut imaginer que la fontaine et le champ de « Madresona » se trouvent au pied du pic du Madres et du massif du même nom, la partie est, c'est-à-dire le Coll de Creu mentionné reste un mystère. Des cols de Creu, il y en a plusieurs dans le département, Matemale, Clara et Casteil par exemple, pour ne citer que les plus proches mais bien trop éloignés et pas dans la bonne direction pour qu’on puisse les prendre en considération . On peut donc supposer qu’au regard de la description du territoire, il s’agissait soit du Coll del Torn (col de Tour) tout proche où l’on trouve encore un calvaire surmonté d’une croix métallique soit du Col de Jau, où une roche, que certains qualifient de « borne », est gravée d’une mystérieuse petite croix. En 1279, le templier Pierre de Camprodon cède tout ce territoire en acapte (***) à un Pons de Bagols et à un Guillaume Payen, tous deux habitants d’Urbanya. On notera qu’à cette époque, le village s’appelait Orbanyan et plus tard, on le retrouvera mentionné sous le nom d’Orbanya. Alors, je ne sais pas si vous l’avez noté mais dans ce court exposé historique, l’eau a déjà une importance capitale. L’Histoire d’Urbanya et celle de Conat sont identiques et ont suivi le cours de la même vallée où s’écoule la rivière Urbanya, les « Mollères de Martisag » où s’écoule la rivière « Foga » se sont bien sûr des « mouillères » c'est-à-dire des tourbières, la traduction de « Camprech » c’est le « champ du ruisseau ou du canal (rec) », quand à « Madresona », l’acte en question indique clairement la présence d’une fontaine c'est-à-dire d’une source. Tout ça pour dire que si l’eau c’est la vie un peu partout, ici à Urbanya et dans ses proches alentours, cet adage s’est toujours amplement vérifié depuis que les hommes ont décidé d’occuper ce coin de nos montagnes. L’eau est une ressource capitale et bien sûr, elle a surtout servi à irriguer des cultures vivrières, à faire tourner la roue à aubes de plusieurs moulins et à la consommation des hommes et des bêtes pour leur survie. Mais parfois, l’eau leur jouait des mauvais tours au point de les tuer.  C’est ainsi que l’on apprend que le 19 novembre 1716, « 50 maisons du village sont dévastées par la rivière lors d’une crue mémorable emportant des greniers à blés, des meubles et des bestiaux ». « Il ne reste qu’une douzaine de foyers réduit à la mendicité », apprend-on (De l'eau et des hommes en terre catalane - Numa Broc - Llibres del Trabucaire).  De nos jours encore, l’eau consommée au robinet provient d’une résurgence captée au pied du pic Lloset, non loin du Correc de Saint-Estève, et quand une source se tarit, on creuse juste à côté pour en trouver une autre, comme très récemment encore, tant toute cette montagne regorge de « fontaines » souterraines. Au 19eme siècle, le docteur Joseph Anglada a même découvert deux sources d’eaux minérales ferrugineuses  carbonatées mais qui n’ont jamais été exploitées, l’eau ayant un goût métallique (Traité des eaux minérales et des établissements thermaux du département des Pyrénées-Orientales). Alors vous l’aurez compris quand je suis parti faire cette randonnée au canal d’Urbanya que je ne connaissais pas ou vraiment très peu ; pour l’avoir simplement enjambé lors d’une balade au Pic de Portepas ;  je voulais en savoir un peu plus sur l’histoire de ce coin de montagne et ici ce qui m’intéressait c’était surtout l’Histoire de son eau et du canal bien sûr. Comme on l’a vu précédemment, les deux Histoires, celle d'Urbanya et celle de l'eau sont très intimement liées et à vrai dire, j’ai trouvé assez peu de choses sur le canal lui-même et simplement un petit encart dans un document intitulé « Plan de gestion de la Réserve Naturelle de Nohèdes 2006-2009 ». Voilà ce que ce rapport dit du canal d’irrigation d’Urbanya : « la commune d’Urbanya est chroniquement déficitaire en eau. C’est pourquoi l’étiage est soutenu par un canal d’irrigation traditionnel, toujours en activité, bénéficiant d’un droit d’eau centenaire. Le captage sur la Ribera de Torrelles est situé à 1.760 m d’altitude, le canal traverse horizontalement (1.700 m) le versant sud du Pic de Portapàs, avant de se déverser sur le bassin versant d’Urbanya. Le captage, hors réserve naturelle, ne dispose pas d’un répartiteur réglementaire, mais le cours d’eau, au point de prélèvement, ne débite en temps normal que quelques litres par seconde. L’essentiel de l’eau prélevée provient en fait de l’écoulement des zones humides traversées par le canal, notamment dans la partie située près du Coll de Planyas : le canal fonctionne dans ce secteur comme un drain. Toutes les parcelles situées en amont de ce canal sont la propriété de la commune de Urbanya, bien que situées sur la commune de Nohèdes ». Alors vous noterez qu’il n’y aucune mention de la date de sa construction, ni de son usage véritable si ce n’est qu’il est là pour faire face à une éventuelle pénurie en eau à Urbanya. Personnellement, je trouve assez étonnant qu'il n'ait servi qu'à ça et qu'on ne l'ait pas utilisé pour d'autres besoins. Toutefois, quelques éléments comme « traditionnel » « droit centenaire »  nous laissent imaginer une ancienneté certaine. La randonnée allait se transformer en une petite enquête, ce qui n’était pas pour me déplaire. Les plus anciens du village ne disaient rien de plus si ce n’est qu’aux siècles précédents, la forêt telle qu’elle se présente aujourd’hui, n’existait pratiquement plus ou pas et la majeure partie de la haute vallée et notamment la « soulane » était dédiée à l’agropastoralisme et à des cultures vivrières en terrasses. Il faut dire que cette forêt avait été mise à rude épreuve par l’abondance des mines et des forges, par son exploitation artisanale (verriers, charbonniers, etc…) par de nombreux incendies et par son exploitation en bois de chauffage par les habitants.  Ravitaillé à dos d’ânes et de mulets, il y a encore un siècle, le village vivait de sa propre agriculture et donc quasiment en autarcie car la route bitumée n’existait pas. Elle fut construite en 1913 et ce fut d'ailleurs le début de la désertification. J’avais déjà appris pas mal de choses avant même le départ. J’ai donc démarré du village, en passant devant la mairie et en longeant la rivière Urbanya au bord de laquelle, quelques jardins potagers bénéficient d’une eau à bon marché au débit plutôt régulier. Dès le deuxième pont, on notera encore l’importance de l’eau, car sur l’autre rive, chemin du Moulin exactement, deux grandes arcades abritent un ancien lavoir alimenté jadis par un petit canal. Quelques mètres en amont, le moulin est encore là mais la roue à aubes, elle, a disparu. Moi qui était parti avec l’idée d’enquêter sur l’Histoire, la montée vers le pic LLoset puis vers le Roc de Peirafita se transforma aussitôt en une magnifique leçon de choses : passereaux, papillons, fleurs multicolores et champignons en tous genres étaient de la partie. Mon appareil photo s’en donnait à cœur joie et pendant ce temps, je flânais comme jamais. Au village, après avoir poursuivi la route bitumée, celle-ci s’est transformée en une piste terreuse montant à gauche en lacets. Si on s’éloigne de l’eau, on remarque tout en grimpant et sur la gauche, un vallon boisé en contrebas. Dans ce vallon s’écoule le Correc (ruisseau) de Saint-Estève où assez souvent des chevreuils viennent s’abreuver. Ce correc, on va le suivre bien après la ferme bovine puis un peu plus haut encore, on coupe celui de l’Hort. En réalité, dans ce cirque d’Urbanya, des correcs, on en dénombre plus d’une douzaine plus ou moins longs et profonds. Tous coulent pendant des jours voire des semaines dès lors que les pluies deviennent diluviennes. Au lieu-dit la Travessa, deux itinéraires sont possibles pour rejoindre le Canal d’Urbanya, soit on continue tout droit la piste qui monte au col del Torn (Col de Tour) soit on emprunte celle qui file vers le Pic Lloset, passe au pied du Pic de la Moscatosa, direction le Roc de Peirafita. Si le premier parcours est plus facile et plus simple, l’ayant déjà décrit dans une balade au Pic de Portepas, le deuxième est plus difficile mais moins long. Plus difficile car le dénivelé y est plus raide mais aussi parce que rejoindre le canal d’Urbanya par là, nécessite une bonne connaissance des lieux et un bon sens de l’orientation. En effet, après le Roc de Peirafita, la piste s’arrête et il faut marcher presque au plus haut de la crête sur un sentier parfois peu évident à trouver dans cette épaisse forêt de pins à crochets. Moi, dans mon idée d’enquêter sur le canal d’Urbanya, j’ai quitté volontairement le sentier et je suis parti dans cette épaisse forêt à la recherche d’informations. En réalité mais par endroits seulement, cette forêt est moins épaisse qu’elle n’y paraît et quelques clairières s’entrouvrent deci delà. J’ai même trouvé un très bel orri au beau milieu de l’une d’entre elles et quelques vieux murets effondrés laissant à penser que la forêt n’a pas toujours était là, mais ça je le savais déjà. ! Après, ces errements forestiers et cette modeste collecte d’informations, j’ai finalement atteint le canal d’Urbanya ou plutôt le Correc de la Pinouse (Pinosa) car ici c’est encore comme ça que les géographes intitulent ce ruisseau. Là, en compagnie de quelques ramasseurs de champignons, qui eux, étaient montés en 4x4, j’ai commencé ma promenade au fil de l’eau, ramassant à mon tour quelques jolis cèpes venus rejoindre une belle quantité  de « roubillous » déjà glanés au cours de la montée.  En suivant le mince filet d’eau, parfois tumultueux, parfois très calme selon la pente du terrain, j’ai finalement compris que ce minuscule Canal d’Urbanya n’est qu’une « agouille » ou un « rec »  c'est-à-dire un petit canal de dérivation détournant les eaux du Ruisseau de Torrelles pour les amener vers celui de la Pinouse, ce dernier étant un affluent de la rivière Urbanya. De quelle époque date-t-il ? Qui l’a construit ? A quoi pouvait-il servir ?  A toutes ces questions, je ne peux répondre, bien évidemment, que par des hypothèses car l’Histoire n’en dit rien. La première idée qui peut venir à l’esprit c’est que ce canal pourrait avoir été construit au 19eme siècle comme de nombreux canaux du Conflent : Canaveilles (1861) Bohère (1864) Jujols et Nohèdes (1873). Mais il faut savoir que si plus de 540 canaux d’irrigation fonctionnaient au 19eme siècle, la date de leurs constructions pouvait être très variable. C’est ainsi que le plus ancien était celui de Vernet datant de l’an 865 mais celui de Molitg par exemple datait, lui, de l’an 1300. On peut donc tout imaginer car l’usage de l’irrigation remonte à des temps immémoriaux : que les Romains soient passés par là car ils maîtrisaient parfaitement l’eau et quelques vestiges ont été trouvés à Prades et dans le Conflent jusqu’à Llivia en Cerdagne. C’était la Via Confluentana, petite cousine de la Via Domitia. Mais rien n’autorise à penser que les Romains soient venus au dessus d’Urbanya. Dans le Roussillon, les premiers grands canaux ont été construits à l’initiative du roi de Majorque vers 1308 -1310 avec l’emblématique canal du Thuir notamment. Dans le Conflent, mais un peu plus tard seulement, ils ont été l’œuvre des moines de Cuxa ou des abbés de Lagrasse mais si on sait qu’ils servaient à irriguer Prades et ses localités avoisinantes, rien ne permet de penser que le terroir d’Urbanya faisait partie des distributeurs du précieux liquide. De nombreux moulins à eau ont été construit à cette époque et leurs propriétaires pouvaient être bien différents : roi, clergé, seigneur, bourgeois, hospice, etc…  Plus logiquement, et les textes nous autorisant à le penser, le canal pourrait dater des Templiers du Mas Deu car on sait pertinemment qu’eux aussi ont été des précurseurs dans les techniques hydrauliques et dans les systèmes d’irrigation. A l’aide d’ingénieux réseaux de canaux, n’ont-ils pas asséchés divers marais et marécages dans le Roussillon (Bages, Nyls, Bajoles, etc…) pour en faire des terres fertiles et arables ? N’ont-ils pas occupés amplement ces terres d’Urbanya pendant plus d’un siècle pour les transformer en pacages et y faire de l’élevage pour les confier finalement en acapte à deux habitants d’Urbanya ? Au regard des textes et de la conception du canal, creusé à même la terre, malgré une buse en béton très récente au départ et sur quelques mètres,  cette hypothèse reste plausible. Malgré la forêt, les pacages sont encore bien présents de nos jours, au Pic de Portepas et au Bac de Torrelles notamment, et le jour de ma balade, j’ai même rencontré un énorme taureau roux qui jouait dans la boue avec une grenouille aussi rousse que lui. Cette dernière voulait-elle comme dans le Fable de la Fontaine devenir aussi grosse que lui ? Je ne sais pas ! Après avoir atteint la jonction de plusieurs ruisselets et sources s’écoulant dans le canal depuis le Col de Planyas, les rocs des Miquelets et d'Als Pelats, j’ai finalement fait demi-tour et là, je me suis mis en quête de voir si le canal avait servi  à irriguer les « fameuses » terrasses ou « feixes » où l’on cultivait céréales, vergers et autres récoltes vivrières. Pour le retour vers Urbanya, j’ai fait très simple en longeant le canal puis le correc de la Pinouse peu évident à cheminer sur une terrain pentu et dans cette forêt jonchée de troncs d’arbres pourris et de branches cassées.  Mais si j’ai découvert quelques  vestiges de murets et cortals en bordure du canal et dans les alentours, je n’ai pas vraiment trouvé de « feixes » évidentes sur le flanc du Bac de Torrelles ou sur celui de la Pinouse. Les terrasses sont plus évidentes un peu plus bas dans le cirque d’Urbanya et sur la solana (l’adret), le versant ensoleillé. Toutes mes recherches sur le Net et dans divers ouvrages ne m’ont pas permis d’étayer une hypothèse plutôt qu’une autre mais je ne désespère pas d’y arriver un jour. Dans l’immédiat et comme indiqué, il semble que le canal ait surtout été construit pour renforcer le débit de la rivière Urbanya et faire face aux éventuelles périodes de sécheresse, à une époque où plusieurs moulins à eau fonctionnaient dans le vallon et aux abords du village mais on ne peut pas catégoriquement éliminer l’idée qu’aux temps des Templiers, le canal ait été utilisé pour irriguer des zones de pacages et abreuver les troupeaux.  J’ai donc rebroussé chemin avec la ferme conviction que je reviendrais très prochainement me promener au Canal d’Urbanya. D’abord parce que c’est une superbe balade, dans un site très sauvage, fréquenté uniquement par les chasseurs et quelques ramasseurs de champignons aux époques autorisées et surtout j’y ai découvert un sanctuaire faunique et floristique exceptionnel. Au Bac de Torrelles, j’ai vu une incroyable variété d’oiseaux et j’ai surpris trois chevreuils en contrebas du canal et rien que pour ça, je sais déjà que j’y reviendrais. Finalement, après avoir longé le Correc de la Pinouse, j’ai retrouvé la piste descendant vers Urbanya au lieu-dit la Fajosa, non loin de Marciac, là même où les Templiers avaient hérités d’une terre et d’un cortal ayant appartenus au seigneur de Paracolls au 12eme siècle.  Même si cette balade a été longue et parfois difficile, j’ai pris beaucoup de plaisir à marcher avec toutes ces histoires et connaissances dans la tête ! Au total, j’ai accompli un peu plus de 22 kilomètres, recherches dans la forêt du Bac de la Pinouse incluses, pour un dénivelé de 906 mètres et des montées cumulées de 1.510 mètres. Si vous avez l’intention d’emprunter le même itinéraire que le mien, c'est-à-dire en passant par le Roc de Peirafita, munissez-vous d’un GPS dans lequel vous aurez au préalable enregistré le canal en « waypoint », vous le retrouverez plus facilement même si vous ne trouvez pas le sentier forestier qui y mène.  Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet et 2249 ET Font-Romeu – Capcir Top 25.

    (*) Paracolls. Les Paracolls étaient une famille de seigneurs et de chevaliers qui possédaient un château perché sur un piton rocheux à proximité des Bains-de-Molitg situé sur la commune de Campôme dans la Vallée de Mosset. Certaines terres de leur domaine s’étendaient dans le Haut-Conflent, dans le Roussillon, dans le Vallespir, dans l’Aude et peut être même en Espagne, lieux où leur nom est resté dans la mémoire toponymique. Même si ce fief est plus ancien, ils régnèrent surtout aux 12 et 13eme siècles. Le nom de certains d’entre-eux comme Guillem-Bernard ou Bérenger notamment traversèrent les siècles, le premier à cause de ses donations aux Templiers et de ses liens avec la couronne d’Aragon et le deuxième pour avoir été un valeureux chevalier et un remarquable troubadour, compositeur de « trobas », c'est-à-dire de poèmes d’amour. (**) Bajoles : Bajoles est un lieu proche de Perpignan, situé de nos jours sur la commune de Cabestany, où une congrégation religieuse des Hospitaliers a longtemps disposé d’une Commanderie que l’on appelait plus communément « Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem ».  (***) Acapte :  Un bail à acapte est un bail à perpétuité, concédé moyennant un droit d’entrée à un tenancier qui a en charge d’exploiter le bien qui lui est confié pour en reverser des redevances soit en nature (bois, produits de l’exploitation,etc..) soit en argent. 


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  • Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons du chanteur et guitariste britannique David Gilmour (ex-Pink Floyd). Extraites de son album "On an Island", elles ont pour titre : "Castellorizon""On An Island" et "Smile".
    ROCHE-GRAVEE-DE-CONAT
    ROCHESGRAVEESCONATIGN
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    Ce joli circuit au départ et au Nord de Conat, je l’ai volontairement intitulé « les pierres gravées et dressées de Conat » car mon objectif principal était justement de partir à la découverte de ces sites que l’on appelle « dolméniques » ou « néolithiques » et que l’archéologue attribue à une civilisation dite « mégalithique ». Dans les manuels scolaires, cette époque, on l’appelle souvent et plus globalement « préhistoire ». En réalité la « préhistoire »  est une très longue période qui va de l’apparition de l’Homme aux premières écritures mais ici on se contentera de partir à la rencontre d’un intervalle bien plus court, estimé entre -15.000 ans et -2.000 ans avant Jésus-Christ. Si pour moi, cette balade était une sorte de chasse aux trésors exceptionnelle couplée à une épreuve de « géocaching » avec GPS, que les randonneurs non passionnés de vieilles pierres ne s’inquiètent pas trop car il n’y a pas que ça à découvrir sur cet itinéraire. En effet, les panoramas eux aussi y sont assez exceptionnels : Massif du Canigou, Vallée  de la Têt de Ria-Sirach et Prades jusqu’au lac du barrage de Vinça et bien plus loin encore, Massif du Coronat jusqu’aux contreforts du Madres mais jolies vues aussi sur la basse et moyenne Vallée de la Castellane et ses belles collines environnantes, paysages arides et tourmentés des serrats et des profonds ravins tout proches. Enfin avec cette randonnée, vous irez à la découverte de la chapelle Sainte-Marguerite de Nabilles et de nombreux vestiges de l’agropastoralisme d’antan. Bien sûr, avec cette randonnée, je n’ai pas la prétention de vous faire découvrir la totalité des roches gravées et dressées de cette crête que l’on appelle plus généralement le Pla de Vall d’en So. Non, pour cela, il faudrait sans doute bien plus qu’une seule journée de marche tant les sites y sont nombreux, variés et disséminés. Certaines de ces roches sont connues sous les noms des hameaux ou lieux-dits où elles se trouvent : Fornols, Llugols, Roc de les Creus, Montsec, Roc de Jornac, Miralles, etc...Toutes sont situées entre les vallées de la Castellane et celles d’Urbanya et Conat, cette zone montagneuse du Haut-Conflent doit son nom à la famille de So auquel ce territoire a appartenu. Au Moyen-Âge, les « So » étaient vicomtes d’Evol mais également seigneurs de bien d’autres fiefs roussillonnais comme Corsavy, Millas ou la Bastide. Selon l’historienne Anny de Pous, les So détenaient également un château à Conat du nom de « Salto », introuvable aujourd’hui.  Quelques années plus tard, Joan de So reçoit du roi de Majorque Jacques II la juridiction militaire sur tous les châteaux du Haut-Conflent, cette présence des « So » sur ce territoire expliquerait sans doute l’intitulé de ce « pla » de Vall d’en So.  Sur les cartes, on le trouve parfois écrit « Vallenso » ou « Balençou » et pour la petite histoire, ce nom occitan de « So » a pour origine un fortin construit en Ariège au 7eme siècle par les Francs. Ce fort, qui fut un des premiers à appartenir à la famille, on lui donna le nom de « Castell de So » ou « Fort de Son », du nom de la petite rivière qui coulait aux pieds de ses murailles. Aujourd’hui, ce castel est plus connu sous le nom de « Château d’Usson » et la petite rivière ne s’appelle plus « Son » mais la « Bruyante », comme quoi les gens du cru « sans faire trop de bruit » ont tout de même de la suite « musicale » dans les idées. Voilà pour l’Histoire du lieu où l’essentiel de la balade se situe. Le départ de Conat est le même que celui que j’avais décrit  dans la randonnée que j’avais intitulée « les Chapelles du Pla de Balençou ». C'est-à-dire que l’on laisse son véhicule sur le parking de la mairie et l’on emprunte la rue du Moulin qui se trouve à droite de la D.26 quand on arrive de Ria. Un panneau de bois indique « Llugols » et l’itinéraire file puis traverse la rivière de Caillau par un petit pont métallique. Un sentier pierreux se met à grimper dans la Soulane. Ici, les pierres de schiste on les foule aux pieds mais on les observe aussi car nos aïeux les ont taillées pour en faire des murets, des abris de bergers ou pour étayer le sentier sur des hauteurs parfois impressionnantes. L’étroite sente est unique et de ce fait, on ne prête pas vraiment attention à la couleur du balisage. A vrai dire, il est assez multicolore car divers « baliseurs » sont passés par là et chacun a voulu laisser le sien. Les baliseurs officiels de comités pédestres, les clubs de rando, divers groupes de randonneurs, des vététistes ou bien encore des associations de chasseurs, tous sont venus avec leur pot ou leur bombe de peintures et on trouve des traits jaunes,  d’autres bleus, des oranges, des jaunes et rouges datant du temps où le Tour du Coronat avait été imaginé, des points verts, des flèches jaunes fluo alors le mieux c’est d’avoir un tracé préenregistré dans un GPS car ce sentier qui va vers Llugols, il faut le délaisser au profit de celui qui file vers la chapelle Sainte-Marguerite de Nabilles. Il fut un temps, où à cette intersection, la chapelle était mentionnée sur une lauze mais cette fois-ci, je ne l’ai pas vu et j’ai suivi des flèches jaunes fluo. Là, les vues deviennent grandioses sur le Canigou et la Vallée de la Têt mais sur la forêt du Coronat aussi, toute proche et ressemblant à une épaisse toison olivâtre. Lézards gris ou verts, papillons multicolores, insectes en tous genres, passereaux, rapaces c’est une nature incroyablement luxuriante qui m’accompagne sur ce sentier. J’ai même surpris une compagnie de perdrix grises puis un étrange serpent dont la dextérité était si monstrueuse qu’il m’a filé entre les pieds sans que je puisse le discerner le moins du monde. Plus loin et plus tard dans la journée, flemmardant au milieu du chemin et en plein soleil, je vais avoir  l’occasion de tirer un autre serpent de ses rêves légers. Enfin, à l’approche de la chapelle ruinée, c’est avec beaucoup d’étonnement que je constate une vingtaine de guêpiers d’Europe planant au dessus de ma tête. Malheureusement, ce superbe spectacle aérien ne va durer que quelques minutes et un seul volatile se posera mais bien trop loin pour que ma photo soit excellente. Ici, autour de la chapelle et aux siècles précédents, le pastoralisme a connu ses heures de gloire et pour peu que l’on s’en donne la peine, on découvre divers orris effondrés et cortals ruinés. Mais comme ce n’est pas seulement pour ces pierres-là que je suis venu aujourd’hui, je me contente de quelques photos et je poursuis la piste qui passe à gauche de la chapelle et monte en direction du Camp de la Coume ou Camp de la Coma en catalan. Là, juste avant d’atteindre le clôture, sur la gauche de la piste et près d’un corral se trouve la grande pierre gravée que je suis venu chercher. Ces pierres, les archéologues les appellent des affleurements, affleurements de schistes primaires pour être plus précis et cette pierre-là, ils lui ont même donné assez improprement le nom de « Roc de les Creux I ». Si je dis « improprement » c’est parce que le seul et véritable « Roc de les Creus » figurant sur la carte IGN se trouve un peu plus haut et que là aussi une incroyable pierre gravée y a été découverte et fera l’objet d’une autre balade au départ d’Urbanya que je vous dévoilerai prochainement. En ce qui concerne celle du Camp de la Coume, elle est gravée de nombreuse cupules, de quelques rigoles et d’une multitude de croix dont les détails ne peuvent être observés et examinés que par l’œil averti d’un archéologue comme Jean Abelanet par exemple dont le livre « Signes sans paroles » fait la part belle à toutes ces gravures rupestres que l’on trouve dans notre beau département. Ces signes rupestres, ces symboles et parfois même ces représentations dites anthropomorphiques, les archéologues les ont globalement désignés comme étant de « l’art dolménique ». Ce terme de « dolménique » signifie que ces gravures sont sensiblement de la même époque que les dolmens et étroitement liées à ces monuments mégalithiques constitués de piliers et de dalles de pierres dont la fonction comme sépulture ou monument funéraire ne fait plus aucun doute. Alors bien sûr, après la découverte de cette magnifique pierre, il ne me restait plus qu’à tenter de vérifier cette assertion. : trouver des dolmens dans les proches alentours. Après quelques recherches sur le Net, j’avais appris que deux dolmens effondrés se trouvaient dans le secteur. Un au lieu-dit le « Roc de l’Homme Mort » et l’autre à la « Font de l’Aram » dont la traduction française pourrait être la « Source du Vallon » ou la « Source du Rameau ».  J’ai donc poursuivi la piste derrière le corral et j’ai abouti près d’un vilain abri pastoral fait de terre, de planches, de poutres et flanqué d’une bâche. Là, j’ai continué sur un étroit sentier en direction du Roc de l’Homme Mort. Le sentier est descendu dans le petit Ravin de Nabilles puis est remonté vers le roc qui était clairement à droite du sentier car je l’apercevais déjà adossé à la forêt de pins. Mon GPS n’étant pas suffisamment précis dès lors que j’étais en mouvement, j’ai un peu galéré pour trouver le dolmen effondré mais finalement j’y suis parvenu, un peu à droite du roc et de l’autre côté de la clôture qui délimite la frontière des deux communes que sont Conat et Ria. Après quelques photos, il ne me restait plus qu’à partir à la recherche de celui de la Font de l’Aram qui, selon les coordonnées que je possédais, était de l’autre côté de la forêt qui me faisait face. J’ai donc repris le sentier initial que j’avais quitté et j’ai poursuivi en direction  du lieu-dit Les Serrianes. Après une première clôture, j’ai traversé sans problème la pinède et j’ai atteint une nouvelle clôture qui entourait une immense prairie herbeuse en jachère. J’ai enjambé la clôture puis j’ai traversé et descendu la longue prairie vers l’est jusqu’à atteindre une piste. J’étais à la Font de l’Aram et il ne me restait plus qu’à trouver l’autre dolmen effondré. En réalité, et pour avoir interrogé le site Wikipédia au préalable, c’était trois dolmens que je devais trouver dont un était ruiné, l’autre détruit quant au troisième, l’article n’en disait rien. Etait-il encore debout ? A vrai dire, j’ai éprouvé un mal de chien a en trouvé un, bien ruiné il faut l’avouer car j’y suis passé deux fois à côté sans vraiment voir qu’il s’agissait d’un vieux dolmen. Ce n’est que lors de mon troisième passage et encore grâce à mon « waypoint » GPS que j’ai vu deux « orthostates », c'est-à-dire deux pierres dressées de chant qui étaient là, plantées dans la terre mais amplement envahies par les herbes et les genêts. Pour le reste, ce n’était qu’un amas difforme de pierres sans réelle logique et sans vraiment d’intérêt car je n’ai pas constaté de gravures et encore moins de cupules contrairement à celui du Roc de l’Homme Mort. Le tumulus avait sans doute lui aussi était chamboulé. Une question me turlupinait, c’était de savoir qui avait pu détruire ces dolmens et là, mes recherches sur le Net m’ont laissées un peu sur ma faim car les avis des archéologues et des historiens semblaient partagés et divergents. Certains comme l’archéologue Jean Abelanet affirme qu’ils auraient été « violés » par des bergers (Lieux et légendes du Roussillon et de Pyrénées Catalanes –Editions Trabucaire),  d’autres disaient que ces destructions étaient l’œuvre de fouilleurs peu scrupuleux, d’autres les attribuaient à des paysans malveillants, d’autres prétendaient que c’était l’Eglise Chrétienne qui avait ordonné ces pillages ne voyant dans ses caveaux d’un autre âge que la représentation d’un culte païen. Il ne me restait plus qu’à rebrousser chemin vers Conat car tous le objectifs que je m’étais fixés avaient été découverts. Au préalable, j’ai néanmoins poursuivi sur quelques mètres la piste vers le nord, histoire d’avoir un court regard sur la Vallée de la Castellane et là, avec pas mal d’émotion et de souvenirs, j’ai atteint la piste que j’avais prise en 2007 lors de l’avant dernière étape de mon Tour du Coronat qui m’avait amené du Refuge de Callau à Llugols. Lors du retour vers Conat, j’ai trouvé près de la clôture entre le Camp de la Coume et  la Font de l’Aram, une autre roche gravée de diverses cupules et d’une croix dont le centre était également creusé d’une cupule. Etait-ce le deuxième dolmen ruiné qui manquait à l’appel ? Possible au regard de la pierre que j’ai vu ! J’ai repris la piste, direction la chapelle Sainte-Marguerite de Nabilles et peu après, au lieu de reprendre la sente par laquelle j’étais arrivé, j’ai tourné à droite en direction d’un cortal ruiné. Là, sur diverses ardoises de schiste, la mention « Conat » m’indiquait clairement le chemin du retour. J’étais ravi car je ne connaissais pas ce parcours tout en descente coupant d’abord divers petits correcs puis rejoignant un vieux sentier muletier menant à « la Carrerada ». Il finit par atteindre deux jolis petits ponts en dos d’âne coupant respectivement le Correc de Nabilles puis la rivière d’Urbanya. Conat a vite été là et j’ai retrouvé ma voiture mais si vous ne connaissez pas la commune, une visite s’impose, d’abord sur les hauteurs pour découvrir la chapelle Sainte-Magdeleine et le château ruiné ayant appartenu aux différents seigneurs puis ensuite dans les venelles du bas et sur les rives  fleuries de la confluence des deux rivières venant de Nohèdes et d’Urbanya et formant la rivière Callau, affluent du Têt. Certains historiens comme Jean Tosti voit dans cette confluence l’origine du nom Conat car la première mention du village était « Conad » et ils imaginent quelle pourrait provenir du mot celtique « condate » signifiant « confluent ». Cette balade telle qu’expliquée ici a été longue de 10 à 11 kilomètres environ incluant tous mes errements. Le dénivelé accompli a été de 457 mètres et les montées cumulées ont été enregistrées sur une distance de 810 mètres. Carte IGN 2348 ET Prades –Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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    Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques dont la particularité est d'être appréciée dans les "BUDDHA BAR". Elles ont pour titre et interprète : 
    "El Fuego/Trote King Mix" par Zen Men, "Un Bel Di" par Aria et "Sacral Nirvana" par Oliver Shanti ans Friends.
    LE-ROC-DE-LES-MEDES
    ROCMEDESIGN
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    Le Roc de les Medes est un sommet rocheux du Massif des Albères culminant à la modeste altitude de 692 mètres. Il est situé au sud de la commune de Sorède. Mais ne vous y trompez pas, une randonnée à ce roc ce n’est pas une simple promenade à faire avec désinvolture. Non pas du tout, les montées sur un petit sentier y sont âpres et si j’osais cette métaphore toponymique, je dirais même qu’atteindre ce roc, c’est un peu « dépasser les bornes » sans trop s’en rendre compte. En effet, tous les toponymistes sont d’accord pour dire que le mot « meda » qui ici en catalan a donné « medes » ou parfois «medas » a pour origine le latin « meta » dont les traductions dans les différentes langues romanes sont nombreuses et variées mais dont les principales sont « bornes », « limites » mais aussi « but », « objectif », « terme » ou « extrémité ». Là où ça se complique c’est que « meta » peut également signifier « cône », « pyramide » voire « meule » ou encore « tas » dans le sens de « monceau » ou « d’amas », tous ces derniers mots étant la plupart du temps utilisé pour évoquer du foin. Or, quand vous aurez atteint le Roc de les Medes, vous comprendrez immédiatement que la quasi totalité de ces interprétations convient parfaitement à la forme géométrique de cette verrue arrondie qui se détache du reste de la crête. En effet, ce roc a la forme d’une borne, d’un cône, d’une meule de foin et comme l’Histoire ne nous a rien laissé de l’origine de son nom, on peut parfaitement imaginer aussi qu’il s’agissait peut être d’une « limite », d’un « objectif », d’une « extrémité » et ce, d’autant plus facilement que la frontière avec l’Espagne n’est pas très loin et a sans doute été amenée à se déplacer au fil des siècles. Alors, avant de démarrer notre balade, voilà ce que l’on pouvait dire sur ce patronyme qui restera sans doute éternellement mystérieux quand à son origine. La balade, elle, commence depuis Sorède mais pour être plus précis du lieu-dit La Farga après avoir traversé le quartier dit de « la Vallée Heureuse ». Pour cela, il suffit d’emprunter le rue dels Castanyers jusqu’à son extrémité et de se garer près d’une grande et belle villa à la façade blanche mi-pierres mi-enduit. A gauche de cette villa, un panonceau et un balisage jaune au départ d’un large passage indique la direction à suivre. Quelques mètres plus loin nous voilà déjà en surplomb de la rivière de Sureda, Sorède en catalan mais ici on l’appelle aussi la Riberette ou le Tassio selon l’altitude où l’on se situe. En été, un petit filet d’eau s’écoule parfois péniblement mais lors de fortes précipitations, le petit ruisseau peut devenir un torrent en furie d’un extrême violence comme lors de l’Aiguat de 1940 ou bien encore plus récemment en novembre 2011. Un escalier descend vers le cours d’eau que l’on enjambe par un petit barrage en béton. De l’autre côté de la rivière de nouveaux panonceaux proposent plusieurs itinéraires dont notre principal objectif du jour que l’on peut lire sur un grand panneau sous une autre forme orthographique en « Roc de las Medas ». On choisit le sentier qui file à gauche vers « N.S (Nostra Senyora) del Castell », c'est-à-dire vers « Notre Dame du Château ». Le petit sentier est toujours balisé en jaune et plutôt évident à suivre, se faufilant sous les châtaigniers et les chênes, ces deux espèces étant les plus emblématiques et pratiquement les seuls arbres dans ce secteur du Massif des Albères. Le sentier s’élève sèchement puis se stabilise laissant parfois entrevoir quelques beaux panoramas sur la Vallée Heureuse, vers le Roc del Migdia (du Midi), le Pic du Néoulous puis dans un étroit triangle formé par le vallon, vers la Plaine du Roussillon dont on ne distingue qu’une faible portion. Après ces premières découvertes, le sentier replonge dans un petit sous-bois de chênes verts et n’en ressort que pour nous offrir les vestiges oubliés d’un agropastoralisme d’antan : enclos entourés de murets et un orri où de manière très amusante et étonnante, une casserole d’époque posée sur un foyer semble attendre les convives. Ici, la pierre sèche était la seule technique de construction possible. Les sous-bois alternent avec quelques rocs embrassant de magnifiques vues rendant ainsi le sentier plus agréable à cheminer. Puis une intersection de chemins se présente avec plusieurs panonceaux directionnels. En raison même des noms qui y sont mentionnés : « Notre Dame du Château » à gauche et « Font dels Miracles » à droite, je suis un peu déboussolé car pour avoir étudié le parcours, je sais que ces deux sites en font partie. Alors, j’interroge mon GPS, me fie à lui et je file vers la « Font dels Miracles ». Avant même d’y parvenir, voilà que se présentent un nouveau carrefour et de nouvelles options embarrassantes sous la forme d’autres panonceaux. Une fois encore, je décide de poursuivre vers la « Font dels Miracles » que mon GPS m’indique comme étant toute proche désormais. Effectivement, quelques mètres plus loin, je tombe sur un ru noirâtre s’écoulant du pied d’un grand hêtre. Là, quelques gouttelettes tombent dans une minuscule flaque d’eau claire mais à la surface irisée et dont le fond est tout aussi noirâtre et bourbeux. La source magique est sans équivoque car sur son tronc est clairement gravé son nom : « Font del Miracles – LH ». Enfin quand je dis source « magique » plutôt que « miraculeuse » c’est parce que j’y ai risqué le fond d’un gobelet et que le lendemain j’ai gagné 48 euros au LotoFoot 7. Je n’ose même pas imaginer ce que j’aurais gagné si j’avais bu un « Nabuchodonosor » rempli de cette eau ! D’ailleurs, cette eau a eu aussi un autre effet déroutant, car en quittant la source, je n’ai plus pensé à regarder mon GPS et je me suis retrouvé plus loin devant un panonceau indiquant des directions qui m’étaient totalement inconnues sur le tracé étudié : « l’Aranyo et le col des Trois Hêtres par le G.R.10 ». J’en ai conclu que je m’étais égaré mais le GPS me rassura bien vite car le sentier montant vers le Roc de les Medes était encore tout proche, légèrement à gauche et au dessus de celui où je me trouvais. Finalement après une dernière montée abrupte et caillouteuse, j’ai atteint un collet où les panoramas s’entrouvraient merveilleusement. Le « Roc de les Medes » était là devant moi, comme je me l’étais imaginé, tel un gros dé à coudre renversé. Un autre roc plus accessible le précédant, j’ai entrepris son ascension et de là-haut, j’embrassais tous les panoramas alentours. D’après mon bout de carte IGN, j’étais 6 mètres moins haut que mon objectif, qui lui paraissait beaucoup plus vertigineux. C’était superbe et je ne regrettais qu’une seule chose : le temps maussade qu’une fois encore Météo France n’avait pas vu venir ni prévoir. Malgré de gros nuages gris, il ne pleuvait pas et c’était déjà beaucoup. Je sortis mon casse-croûte et en quelques minutes, j’avais déjà ingurgité plus de la moitié de mon panier-repas, pourtant très copieux comme toujours. L’ascension depuis La Farga avait de toute évidence creusé mon appétit. Après cette pause, je me suis remis en route en suivant toujours le balisage jaune de l’étroit sentier passant à gauche du Roc de les Medes puis épousant au mieux la ligne de crêtes. Sous le haut rocher, je pris conscience que son ascension était exclusivement réservée aux « varappeurs » expérimentés tant il était abrupt et de ce fait, je poursuivis mon chemin sans regret. A nouveau, le sentier alternait de petits sous-bois de chênes verts, des parties rocheuses et des fenêtres s’entrouvrant sur les amples et profonds vallons qui m’entouraient. A gauche, la Vallée Heureuse et à droite, celle de Lavall que dominait la séculaire Tour de la Massane. La crête semblait se terminer et sans doute distrait par la beauté des panoramas, je pris par erreur un sentier qui partait à gauche en direction du Puig de Nalt. Heureusement, une fois encore, mon GPS me remit sur le bon chemin, me dirigeant vers les ruines du château d’Ultrera qui, elles, se trouvaient à droite. Là, un mauvais sentier pierreux presque exclusivement en descente déboucha au pied des ruines du château wisigoth à l’endroit même où l’inventeur portugais Padre Himalaya, mais de son vrai nom Manuel Antonio Gomes, avait érigé le premier four solaire en 1900. Connaissant déjà très bien les lieux pour les avoir visités à plusieurs reprises et décrits lors d’une randonnée à Notre-Dame du Château, je ne m’y suis pas attardé et plutôt que de monter vers les ruines d’Ultrera que je connaissais aussi très bien, j’ai préféré rejoindre l’imposant et bel ermitage. Sa chapelle avec un magnifique retable du 18eme siècle est superbement décorée et n’a aucune difficulté à être une des plus belles du département. Il faut dire aussi qu’elle est une des rares chapelles que l’on trouve spontanément ouverte presque à longueur d’années et je me souviens qu’en 2008, nous avions Dany et moi longuement conversé avec un jeune gardien très sympathique se prénommant David. Avec beaucoup de patience et de gentillesse, il nous avait conté l’histoire de l’ermitage. Cette fois-ci, je n’ai rencontré personne et je me suis contenté de prendre quelques photos puis de laisser quelques euros en échange d’un cierge que j’ai allumé en pensant à ma mère dont je sentais bien que le terme de sa vie était désormais tout proche. N’étant pas croyant et sans vouloir tombé dans une spiritualité qui n’a jamais été « ma tasse de thé », je me suis dit simplement que cette petite flamme, elle en aurait peut être besoin. Dans le même esprit mais appréciant seulement la valeur patrimoniale de cette chapelle, ma présence ici me semblait néanmoins inopportune et j’ai préféré rejoindre l’aire de pique-nique pour alléger mon sac à dos du casse-croûte restant. De nombreux passereaux virevoltant autour de moi, je me suis mis en quête de les photographier et j’ai passé quelques beaux instants à observer moineaux, pinsons et autres sittelles-torchepot qui semblaient vouloir éviter, coûte que coûte, mon objectif. Seul, un rougequeue noir peu craintif eut la délicatesse de venir sautiller sur le banc jouxtant le mien. Après cet agréable entracte, je suis resté quelques instants à observer la Plaine du Roussillon qui s’étalait remarquablement de la mer jusqu’au Corbières puis, j’ai emprunté la longue piste direction la Vallée Heureuse et comme cette partie de la balade était sans doute la plus lassante, j’ai, en chemin, encore trouvé matière à me divertir avec mon appareil photo. C’est ainsi que j’ai pu figer dans mon numérique quelques paisibles bovins, un papillon Flambé que les épines très pointues d’un ajonc ne semblaient pas alarmer, une buse qui s’amusait à tournoyer dans un ciel redevenu bleu, des alouettes effarouchées qui malheureusement avaient compris depuis « belle lurette » que le verre de mon zoom n’était pas un miroir, une superbe huppe fasciée jouant à cache-cache dans les genêts puis dans un cyprès. Après ces divertissements, la fastidieuse descente se termina avec une jolie vue aérienne sur le parc animalier de la Vallée des Tortues. Il ne me restait plus qu’à remonter la Vallée Heureuse vers La Farga, ce que je fis par la Rue de la Fargue, qui est, de l’autre côté de la rivière, le pendant de la rue dels Castanyers. Au bout de cette dernière rue, la belle boucle au Roc de les Medes se referma après un peu moins de 7 heures sur les sentiers, arrêts, petits égarements et flâneries et photos incluses. J’avais marché sur une distance d’environ 13 à 14 kilomètres m’élevant sur des montées cumulées de 1.130 mètres et sur une déclivité de 526 mètres, le point le plus bas étant à 160 m d’altitude et le plus haut à 686 m. Comme la lecture de ce récit le laisse entendre, sur ce parcours, les découvertes sont nombreuses et là, je ne parle pas uniquement des vues que l’on embrasse depuis les crêtes du Roc de les Medes. Non, le randonneur qui ne connaît pas ce secteur aura sans doute plaisir à découvrir les vestiges du premier four solaire, les ruines du château d’Ultrera et l’ermitage Notre-Dame du Château. De quoi remplir une bien belle journée ! Comme dans ce récit, j’évoque souvent mon GPS dans lequel j’avais enregistré le tracé avant le départ, je tiens à dire qu’il n’est pas réellement indispensable, le balisage et les indications étant très présentes et fort bien mentionnées. Carte IGN 2549 OT Banyuls – Col du Perthus – Côte Vermeille Top 25.
    Il existe une autre version de cette balade au Roc de les Medes depuis le hameau de Lavall, vous en trouverez le lien descriptif en cliquant ici

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