• CHAPELLECORONATIGN

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    Avant de vous parler de cette balade que j'ai intitulée « Les Chapelles du Coronat », laissez-moi évoquer d'autres souvenirs pas si anciens que cela. A partir du joli village de Conat, j’avais eu l’occasion de vous entraîner à la découverte de deux vieilles chapelles perchées sur le Pla de Balençou (Vallenso). Il s’agissait de celle ruinée de Sainte-Marguerite de Nabilles puis celle magnifiquement restaurée de Saint-Christophe qui jouxte le hameau de Llugols. Ce minuscule hameau de Llugols, je l’avais découvert deux ans auparavant, en 2007, lors de mon Tour pédestre du Coronat et je garde encore aujourd’hui le souvenir de cette étape profondément ancré dans mon cœur tant j’avais apprécié l’accueil à la fois amical, bienveillant et empreint d’une grande simplicité qui m’avait été réservé par le couple du gîte Naulin. Lors de ce court séjour qui n’avait duré que le temps d’un après-midi et d’une nuitée, j’avais vraiment été « soigné aux petits oignons ». Le lendemain matin, partant pour la dernière étape pour relier Jujols, j’avais quitté le gîte à regrets tant j’y avais apprécié sa sérénité et tant je m’étais senti bien dans ce hameau un peu oublié du monde. Ne trouvant pas suffisant de quitter le gîte avec nostalgie, j’étais parti de surplus avec Bonnie, le chien des Naulin. Un chien très attachant et espiègle qui m’avait suivi pendant plus de deux heures et si loin que je m’étais inquiété de son sort dès lors qu’il m’avait brusquement quitté pour partir à la poursuite de probables sangliers. Je venais de traverser Conat et j’étais à ce moment-là dans l’ascension qui allait m’amener à la très belle chapelle de Saint-André de Belloc. La tête emplie de ces charmants souvenirs et de bien d’autres, j’ai donc décidé de repartir sur ce même chemin et c’est donc une portion de cette dernière étape du Tour du Coronat en direction de Belloc et de Campilles que j’ai mise à l’affiche de mon blog. Pour la nécéssité d’en faire une balade sur une seule journée, je l’ai transformé en une jolie boucle qui nous ramène au point de départ. Ce point de départ, c’est la Place du 8 mai 1945 qui jouxte la mairie de Conat. En réalité, il s’agit d’un parking où l’on peut garer de nombreuses voitures. Une rampe monte derrière le petit cimetière en direction du magnifique clocher de l’église. Un panneau de bois se présente : « Beilloc ». Cette dénomination qui peut s’écrire également Belloc ou Belloch est un toponyme assez répandu dans le département et dans tout le sud-ouest signifiant « Beau lieu ».  Quand on sait cela mais qu’on ignore où l’on va randonner, c’est plutôt encourageant car on peut imaginer que de belles « découvertes » vont sans doute se présenter. Un étroit sentier monte à découvert pendant quelques instants laissant entrevoir de jolies vues sur les jardins maraîchers. Très rapidement une deuxième pancarte métallique de couleur verte se présente : « Conat, Réserve Naturelle – Ministère de l’Environnement – La faune, la flore, les milieux naturels sont protégés ». Une prévention qu’il n’est pas inutile de rappeler tant il arrive de trouver des déchets de toutes sortes sur certains sentiers. Le nôtre s’enfonce dans un sous-bois de petits chênes verts mais peu à peu bien d'autres végétaux viennent les remplacer. Si vous avez accompli la balade vers le Pla de Balençou sur le versant ensoleillé qu’ici on appelle à juste titre la « Solana », vous constatez immédiatement la différence qu’il peut y avoir entre cet adret et l’ubac ou « Bac » en catalan, c'est-à-dire le versant ombragé du vallon où nous nous trouvons aujourd’hui. Ce vallon, c’est celui du Callau (parfois écrit Caillau ou même Caillan). Au milieu coule la rivière…du même nom. Aujourd’hui, finit les caillasses aux arêtes acérées, finit les lauzes de schistes qui glissent sous les pas, finit les gravillons sableux qui roulent sous les godillots, finit les grimpettes en plein cagnard,  non, ici c’est un sentier souple fait d’un terreau de feuilles décomposées ou de ramilles desséchées que l’on chemine le plus souvent. Malgré un bon dénivelé, il est très agréable à cheminer et serpente essentiellement dans un sous-bois de petits feuillus : les chênes verts, les buis, les chèvrefeuilles, les cornouillers, les pistachiers lentisques, les genêts, les églantiers, les baguenaudiers, les genévriers et bien d’autres arbustes de ce maquis bordent le parcours qui s’élèvent en zigzagant en sein de la « Boixera ». Brusquement, à l’approche des falaises, les senteurs se modifient et un parfum de résine emplit l’espace dès lors que la majorité de ces feuillus va laisser la place aux pins à crochets qui vont devenir à leur tour majoritaires. En cette fin du mois d’août, les plantes fleuries se font plutôt rares : quelques euphorbes, de jolis chardons, des céphalaires à fleurs blanches, de rares catananches, quelques ombellifères. Vers le bas, les belles vues sur Conat apparaissent à l’occasion de quelques trouées. En face, se dégagent les panoramas sur le Pla de Balençou où tels de petits « Lego », on peut distinguer les chapelles précitées et les rares maisons du hameau de Llugols. Sur la droite le vallon du Caillau s’entrouvre largement sur des décors plus vastes et des horizons plus lointains où prédominent les habitations. La plaine de la Têt est perceptible. L’ouest reste invisible et ce n’est qu’en arrivant au pied de la falaise qu’on finit par embrasser cet horizon fait de petites collines verdâtres, de profonds ravins insondables et sur les hauteurs, d’une longue chaîne de montagnes bleutées qui s’étire de la forêt domaniale de Nohèdes-Urbanya jusqu’au Massif du Madres. Ici, en atteignant le Serrat des Estelles, haute falaise blanchâtre veinée de rouille, on en termine avec l’essentiel du dénivelé. Ici, atteindre les « Etoiles », c’est tout simplement franchir ce seul passage accessible que l’on appelle le Pas de l’Echelle et parvenir au dernier barreau de cet escabeau rocheux. Ce dernier échelon, c’est un éperon broussailleux qui s’avance sur des panoramas époustouflants. Mais aujourd’hui, qu’ils soient proches ou lointains, ces panoramas sont plutôt opalescents. On devine au loin la petite perle scintillante du lac de Vinça. Encore plus loin, on ne fait qu’imaginer la Plaine du Roussillon encadrée de longues collines grisâtres dont les extrémités disparaissent dans une ouate blanchâtre infinie : la Méditerranée !  Déjà, le regard se tourne vers d’autres pôles d’intérêts : la belle forêt de Belloc prend pour la saison quelques couleurs automnales d’un rouge déjà bien vermillon, le Massif du Canigou, dont on n’aperçoit pas encore le pic, ressemble d’ici à une colline bleutée presque plane. Sur la gauche et au loin, de l’autre côté d’une petite ravine, on croit voir un bâtiment blotti dans un petit bosquet de chênes et ce n’est qu’en avançant encore qu’on arrive enfin à distinguer le joli clocher-mur d’une chapelle. Il s’agit de Saint-André de Belloc qui se détache enfin dans un ciel pur mais très laiteux. Notre premier objectif n’est plus très loin et il ne faut désormais que quelques minutes pour l’atteindre. Au préalable, on aura serpenté dans une sombre pinède puis longé un grand mur de pierres se terminant par un petit souterrain. Est-ce les vestiges d’une petite enceinte et d’une ancienne soute à munitions ? Vauban serait-il venu jusqu’à Belloc, lui qui avait la farouche volonté de vouloir sécuriser tout ce secteur du Conflent ? Il faut dire que dans cette colline de Belloc qui domine le fort Libéria, Villefranche-de-Conflent et ses remparts mais également la confluence des trois vallées de Cady, de Rotja et de la Têt, ces quelques reliefs seraient de bien pâles vestiges militaires au regard de tout ce que Vauban a édifié pour que Villefranche ne tombe pas entre les mains des Espagnols. Par une large piste, on atteint un carrefour et l’ancien hameau de Belloc ou du moins ce qu’il en reste, c'est-à-dire deux ou trois ruines envahies par des lierres et des ronces, une minuscule bâtisse servant désormais de refuge aux randonneurs et enfin la belle chapelle Saint-André parfaitement restaurée mais malheureusement fermée certainement par crainte des vandales. Aucune des fortifications de Vauban n’arrêtera jamais ceux qui ont souillé et barbouillé les murs et les cloisons du refuge d’innombrables tags et surtout de messages indélicats et grossiers. Le vandalisme n’est pas un vain mot et malheureusement, la bêtise humaine, ses abjections et leurs ignominies arrivent sournoisement dans les plus belles de nos montagnes munies trop souvent de bombes de peinture ! Je n’en suis pas certain mais je suppose que pour les randonneurs qui voudraient avoir un aperçu de l’intérieur de la chapelle, la clé du cadenas est sans doute disponible dans une mairie ou auprès d’une association de sauvegarde du patrimoine du secteur. Il doit en être de même pour la chapelle Saint-Etienne de Campilles, deuxième objectif de notre balade. Depuis Belloc et pour se diriger vers Saint-Etienne de Campilles, il faut, après la découverte de la chapelle Saint-André, retourner au carrefour des pistes et face au refuge, il faut emprunter celle qui file vers le sud. Immédiatement, un petit panonceau « Saint-Etienne » et un balisage jaune et rouge sont visibles sur le tronc d’un arbre. Le balisage, c’est celui de l’ancien Tour du Coronat jamais réhabilité. On quitte la piste au profit d’un étroit sentier qui s’enfonce dans un sous-bois. Au fur et à mesure que l’on s’élève, le sentier s’élargit jusqu’à devenir une piste forestière. Ici, on déambule dans ce qui est déjà la forêt domaniale du Coronat et même si le « mont » du même nom est à plusieurs lieux d’ici, on est bien au sein du massif éponyme. Tout en montant, Dany et moi sommes affligés car peut-on donner le nom de « forêt » à ce spectacle de désolation qui s’ouvre désormais devant nous. Nous ne reconnaissons plus rien de cette belle et sombre forêt de hauts pins noirs d’Autriche et de grands pins sylvestres que nous avions découverts bien des années auparavant et dernièrement encore lors de mon Tour du Coronat. Que sait-il passé ? Quelques bûcherons seraient-ils devenus fous ou bien, est-ce les effets d’une terrible tempête ? Non, par expérience et pour avoir déjà vu de tels dégâts un peu partout dans le département, je comprends qu’une violente tornade est à l’origine de ce désastre. D’ailleurs, il suffit de regarder certains de ces pins fracassés, étêtés et dépouillés de leurs branches pour comprendre que c’est sans doute Klaus qui en janvier 2009 est passé par là. J’ai lu sur le Net (http://guyviguier.free.fr/) que l’Administration forestière avait racheté tous les terrains de cette Combe de Belloc et de Campilles dès 1875 alors que le hameau de Belloc s’était déjà vidé de tous ses habitants. Le but était d’en faire une forêt purement anthropique car à l’époque, ce secteur de montagne escarpé était désertique et seuls quelques champs abandonnés subsistaient sur ses flancs. Ce fut chose faite avec une plantation de pins noirs d’Autriche dès la fin du 19eme siècle. Voilà cette forêt décimée avait au moins 110 ans et ses arbres une hauteur d’au moins 25 mètres pour un diamètre d’environ 40 centimètres. Tôt ou tard la nature reprendra sans doute ses droits mais pour reconstituer une forêt à l’identique qu’elle soit naturelle ou pas, il faudra encore le même laps de temps. Quelques rares arbres ont résisté mais de  nombreux gisent encore à terre, d’autres ont eu leurs troncs fracassés et sectionnés mais pour la plupart, ils ont définitivement disparu et ont sans doute fini leur voyage, broyés dans des scieries, transformés en granulés en en bois de chauffage. Les beaux papillons, attirés par cette clairière aussi soudaine qu’inattendue ont pris possession des lieux et prennent plaisir à butiner les innombrables buplèvres, les jaunes séneçons, les lavandes parfumées et les dernières fleurs roses ou pourpres des nombreux plants de thym et d’origan. Dans la montée, le Canigou se dévoile intégralement et sa vue nous fait un peu oublier les calamités subies par cette forêt. Tout en montant vers Campilles, la forêt semble avoir moins souffert dans ce secteur et je peux me replonger dans mes vieux souvenirs de mon Tour du Coronat. D’ailleurs, je n’ai rien oublié ni de la belle petite chapelle Saint-Etienne qui apparait soudain avec sa toiture mi-ciment et mi-lauzes grises, ni de mes vieux souvenirs et notamment de cette rencontre impromptue avec un couple de touristes bien sympathique et leurs trois filles. Une de ces rencontres imprévue mais si cordiale qui fait que l’on aime encore un peu plus la randonnée pédestre. Pendant que cette jeune femme veillait fidèlement sur ses trois enfants, ce jeune homme voulait tout savoir du fonctionnement de mon GPS et de la cartographie du lieu. Fan de VTT, il voulait tout savoir des randonnées du coin. Pendant que son épouse ne pensait qu’à m’offrir un bout de son gâteau, lui voulait tout savoir du Pic du Canigou, étant persuadé que son ascension était réservée aux seuls alpinistes chevronnés. Je ne pus faire autrement que de répondre à toutes les interrogations de ce jeune homme. Je ne pus faire autrement que de goûter à un morceau de ce délicieux gâteau si gentiment offert. Ce jour-là, ce fut pour moi, une halte si agréable que je ne vis pas le temps passer et mon arrivée à 20 heures à Jujols, terme de mon Tour du Coronat, fut bien plus tardive que je ne l’avais initialement programmée. Voilà dans quel état d’esprit j’ai retrouvé Campilles, son agréable replat où j’avais longuement papoté et où il fait si bon se reposer à l’ombre des chênes verts. Un peu plus loin, j’ai retrouvé le faîte de son « Roca Roja » dont le folklore prétend qu’avec un filon de son marbre rouge on aurait construit une partie du tombeau de Napoléon. Je ne peux bien évidemment pas vous certifier si cette histoire est vraie ou fausse mais elle m’a été racontée par un ami des plus fiables. Depuis le sommet de ce roc, les vues sur Villefranche, le fort Libéria et la confluence des trois vallées y sont exceptionnelles et imprenables. On peut au choix retourner vers Belloc par le même chemin ou bien en empruntant la piste, un peu plus longue, qui passe au pied du pylône émetteur TV. A Belloc, on descend la piste qui file vers l’est mais après la dernière grande bâtisse en ruines, on emprunte aussitôt un sentier qui file à main gauche et entre dans un sous-bois. Ce sentier est un raccourci qui évite quelques sinuosités de la piste et permet de découvrir des amoncellements de pierres rouges et un original « orri » de la même couleur. Ces petits terrils sont les résidus et les dernières traces des nombreuses mines de marbres qui ont été exploitées dans le secteur jusque dans les années 70. Très difficile d’accès, celle de Belloc où l’on extrayait un marbre griotte fut abandonnée bien auparavant. Dans le Massif du Coronat, on a trouvé des marbres de toutes les couleurs et on trouve encore très facilement de nombreux fragments mais ici sur les flancs de la colline de Belloc, les marbres exploités par une marbrerie de Ria étaient plutôt violet, incarnat ou bien griotte. Après les mines, on retrouve la piste qui va nous ramener sans problème vers la Vallée du Callau, d’abord sur le D.26 et finalement vers Conat. Il y aura bien au préalable une dernière chapelle, mais c’est celle de Sainte-Croix et comme il s’agit seulement d’une vieille ruine amplement délabrée, on n’y prête guère attention d’autant que de magnifiques vues apparaissent en surplomb des Fontanells. Ici, la piste paraît récente mais il s’agit en réalité de chemins ancestraux qui faisaient le lien entre Ria et Conat ou Llugols et Belloc et que les bergers utilisaient pour la transhumance. C’était les fameux « Cami ramader ». Sur la D.26 et en direction de Conat, il y a aussi un petit oratoire dédié à Saint-Joseph. Puis enfin, à l’entrée de Conat, on trouve un autre oratoire quasiment semblable dédié à la Vierge. Après avoir parcouru une quinzaine de kilomètres pour un dénivelé de 540 mètres environ, l’incroyant que je suis a finalement terminé cette « religieuse » boucle après être resté un peu plus de 5 heures arrêts inclus sur les sentiers du Coronat. Ce fut pour moi un pur bonheur que de remonter à Belloc et Campilles car j'y avais laissé quelques bons vieux souvenirs que j'ai finalement retrouvés ! Bien entendu, toutes ces chapelles romanes qu'elles soient du Coronat ou du Pla de Balençou peuvent faite l'objet de balades bien distinctes et bien évidemment les distances à parcourir en sont le plus souvent raccourcies. Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25.

    (PS : Ayant reçu plusieurs messages et commentaires, je confirme que ces deux chapelles et même une troisième (Notre-Dame de Vie) peuvent être découvertes à partir d'une randonnée en boucle qui démarre de Villefranche-de-Conflent. Cette randonnée porte le nom de Circuit des Trois Chapelles ou Balcon de Villefranche-de-Conflent.

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    Ce diaporama est agrémenté de 5 chansons extraites de la comédie musicale "Notre-Dame de Paris" (Luc PlamondonRichard Cocciante). Elles ont pour titre et interprètes : "Belle" (Daniel LavoiePatrick Fiori et Garou), "Le Temps des Cathédrales" (Bruno Pelletier), "Ces Diamants-là" (Patrick Fiori et Julie Zenatti), "Beau comme le Soleil" (Hélène Segara et Julie Zenatti) et "Ave Maria Païen" (Noa).
    LES-LACS-DES-CAMPORELLS

    En ce jour de juillet, c’est vraiment un concours de circonstances qui nous a conduit à aller faire une randonnée jusqu’au site classé des Camporells par la Serre de Mauri. Brièvement, ce hasard, puisqu’il faut bien l’appeler ainsi, c’est d’avoir les jours précédents un peu trop bossé à notre maison d’Urbanya et surtout d’avoir lu la veille de cette randonnée, un petit complément à la revue Pyrénées Magazine de juillet/août 2012 intitulé les « Carnets » dans lequel y étaient mentionnés quelques randos vers les plus beaux lacs pyrénéens dont bien sûr ceux des Camporells. Comme la journée du lendemain s’annonçait sous les meilleurs auspices, les dés étaient jetés et nous préparâmes nos sacs à dos avec la diligence et l'enthousiasme d’être déjà sur les sentiers du Capcir. Or, il faut se rendre à l’évidence, la clémence de la météo et l’azur du ciel ne changent rien à l’affaire et l’écart entre ce que l’on peut appeler chance ou hasard et malchance et fatalité est extrêmement mince. En ce jour d’été qui s’annonçait si merveilleux et qui l’était sur le plan météorologique, nous en avons fait le triste et sinistre constat car alors que nous arrivions dans ce site si majestueux que sont les Camporells, au même instant, de l’autre côté des magnifiques lacs bleutés, un drame se tramait. Une malheureuse randonneuse allait perdre la vie en chutant sur les pentes du Petit Péric. Ce matin-là, sans doute était-elle partie elle aussi en se disant quel jour extraordinaire pour aller randonner ! Sans doute était-elle partie marcher en se disant quel bonheur d’aller à la rencontre de la beauté, de cette nature si admirable et tellement grandiose ! En tous cas, j’espère qu’elle a quitté ce monde avec ces images-là, ces images d’un Capcir tellement fascinant et merveilleux que seules les randonnées en montagne sont à même de nous procurer de temps à autre. Pour Dany et moi, c’est le « ras-le-bol » autour des travaux de restauration de notre maison d’Urbanya qui nous incita à faire un « break » et à partir marcher. C’est donc sans carte, sans GPS (c’est si rare !) et presque au « pif », avec seulement le petit « Carnets » de Pyrénées Magazine que nous sommes partis vers la station de ski de Formiguères. Nous comptions bien sûr sur la qualité du balisage pour parvenir à nos fins et à part un bref égarement qui n’en fut pas vraiment un, l’itinéraire vers les Camporells (Camporeys ou les champs des rois de Majorque) fut d’une grande simplicité. Ce parcours est parfaitement indiqué avec de nombreux panonceaux et traces de peinture jaune propres aux P.R. On laisse la voiture au parking le plus haut de la station de ski de Formiguères et d’emblée quelques rudimentaires panneaux de bois annoncent la couleur : « Refuge des Camporells 2.240 m » puis suivent en dessous, les différents services offerts et les périodes d’ouvertures. Ces panneaux sont bien évidemment un encouragement à progresser sur la large piste terreuse qui s’avance vers la montagne et les sapinières en dominant les vastes bâtiments de la station. Cinq cent mètres plus loin, les premiers vrais panonceaux indicatifs de randonnées sont là non loin d’un joli oratoire. On quitte la piste en se dirigeant vers ce dernier et en suivant bien sûr l’itinéraire suggéré dans les « Carnets » : « Les Camporells par la Serra de Mauri ». Au passage, on remarque néanmoins un autre panonceau indiquant « Les Camporells par la Basseta » et cette attention s’avérera utile au moment de prendre la décision de revenir à la station en effectuant une boucle. Le balisage jaune est bien présent, il grimpe dans les prés en suivant le télésiège de la Calmasella. De petits poteaux jaunes nous font traverser les prés et nous entrainent vers un bois de pins à crochets où l’on reprend l’ascension. On finit par atteindre une très large piste carrossable pour constater que de nombreux randonneurs l’empruntent jusqu’ici et bien plus loin encore avec leur véhicule. Là, dans l’ascension de cette piste, les panonceaux sont nombreux mais les traces jaunes finissent par nous amener dans un sous-bois de pins et vers des pentes plantées de genêts en surplomb de la Vallée de la Lladura. De beaux panoramas s’entrouvrent vers de très hauts sommets lointains et d’autres bien plus voisins dont le Puig del Pam reste néanmoins le plus proche et le plus remarquable, en tous cas vu d’ici. Ce beau Puig del Pam que j’avais pris plaisir à gravir l’an dernier et que j’ai déjà relaté dans ce blog. On perd les traces jaunes quelques temps pour finalement retrouver la piste terreuse au terme de l’arrivée d’un télésiège. Je suppose que ce sentier que nous avons pris par erreur est un raccourci qui évite les sinuosités de la piste et qu’il est connu de quelques randonneurs seulement. Sans doute fallait-il suivre la piste carrossable et surtout être plus attentif au balisage jaune ? Ce balisage jaune, on le retrouve après la terminaison d’un télésiège et on ne va plus le quitter jusqu’aux Camporells. La piste, elle, reste le fil d’Ariane de l’itinéraire qui suit la longue Serra de Mauri même si de temps à autres, quelques brefs raccourcis permettent d’en éviter ses contorsions. Tout au long de cette portion du chemin, je me suis régalé à découvrir ces fleurs très particulières propres aux pelouses et aux rocailles d’altitude car ici ce sont bien les deux types de flores que l’on y rencontre. En atteignant le point culminant de cette balade à plus de 2.400 mètres d’altitude, on quitte définitivement la piste à l’approche de la petite mais très rocailleuse Serra de Dellà. Ici, le regard embrasse de tous côtés des panoramas à couper le souffle et de toute la balade, c’est sans contexte, le point de vue le plus captivant. Derrière, c'est-à-dire vers l’est, sur un lavis de montagnes bleutées, on a un meilleur aperçu de la longue Serra de Mauri que l’on vient de chevaucher. Au nord, c’est le début de la Vallée du Galbe et de ses quelques hauts puigs qui la dominent sous la forme d’une longue crête olivâtre. Au sud, l’imposant Puig del Pam apparait tel un saisissant mastodonte minéral et végétal. Droit devant c'est-à-dire vers l’ouest, on a une ample vision d’un enchaînement de hauts sommets triangulaires servant de frontière avec l’Ariège. Cette chaîne, paradis des isards, où subsistent quelques rares et blancs névés s’avance et se termine brutalement par les deux pyramides essentiellement minérales des deux Péric. Au pied de leur longue inclinaison, on arrive à distinguer l’immense lac des Bouillouses. Mais la vision la plus belle c’est celle aérienne sur le cirque de la Coquilla avec ses innombrables et verdoyants ourlets boisés et surtout celle sur le vallon des Camporells et ses merveilleux écrins bleutés que sont les Estanys Gros, del Mig et de la Basseta. La descente vers le refuge s’effectue sur un étroit sentier caillouteux et abrupt qui nécessite une attention de tous les instants. Nous, nous l’avons accompli en compagnie de l’amie du gardien du refuge qui était enceinte et qui, en plus, trimbalait son gamin de deux ans sur son dos. Autant vous dire que j’ai longtemps tremblé à la voir descendre sur ce sentier avec une célérité incroyable mais avec, il est vrai, un sens inné de l’équilibre et une dextérité déconcertante. Elle arriva bien avant nous au refuge. C’est d’ailleurs elle qui nous voyant arrivés à notre tour est venue nous prévenir qu’un accident venait de se produire sur les pentes du Petit Péric, son compagnon étant parti précipitamment sur les lieux de ce drame. A ce moment-là, attablés à la terrasse du refuge, nous ignorions tout du dénouement mais nous étions inquiets et avons prié pour cette dame qui venait de tomber. Comme nous ignorions les conséquences de cette chute, nous avons un peu mangé puis j’ai proposé à Dany d’aller faire le tour des lacs. Visiblement cette nouvelle l’avait ébranlée et elle n’était pas dans son assiette, alors je suis parti tout seul car perturbé moi aussi je préférais aller me changer les idées que rester au refuge dans l’attente insoutenable d’une éventuelle mauvaise nouvelle. Au moment où je démarrais, l’hélicoptère de la Sécurité Civile traversa le ciel et vint déposer des secouristes à proximité du refuge puis il disparut de ma vue en partant sur le lieu de l’accident. Il revint près du refuge alors que j’étais déjà de l’autre côté de l’Estany del Mig. Le ballet se poursuivit quelques temps puis l’hélicoptère aux couleurs sang et or disparut définitivement. Après la découverte de l’Estany del Mig et de sa splendide flore, j’ai remonté le torrent jusqu’aux berges de l’Estany Gros. Alors que j’en étais à prendre photos sur photos à la fois du relief du site, de sa beauté et de celle de ses fleurs, je me suis rendu compte qu’il y avait bientôt une heure que j’avais quitté le refuge et laissé Dany sur la terrasse. Il était donc temps de rebrousser chemin. A mon retour et à voir les mines déconfites de tous les randonneurs présents sur la terrasse du refuge, je compris aussitôt que le pire était survenu. Dany me confirma la nouvelle et je lui dis aussitôt que je n’avais pas trop envie de m’éterniser car ici tout le monde ne parlait plus que de ça, chacun y allant de son commentaire. En regardant vers le Péric, là même où cette malheureuse avait chuté et alors que le ciel avait été incroyablement bleu et purgé de tout nuage toute la journée, qu’elle ne fut pas ma surprise de voir qu’un petit cumulus blanc couronnait le sommet. Je ne sais pas pourquoi, je me mis soudain à penser qu’il pouvait s’agir de l’âme de la défunte qui était montée au ciel. Autant vous l’avouer, n’étant pas croyant, je ne crois pas à ce genre de choses, ni à la résurrection, ni à la réincarnation, ni aux apparitions, ni aux fantômes, ni aux anges ni à aucune de ces fadaises mais là, je l’avoue, ce petit nuage qui venait si brusquement d’apparaitre m’avait quelque peu troublé. Le temps excessivement sec n’étant pas propice à la formation d’un quelconque nuage, que faisait-il là tout seul ce petit nuage d’un blanc d’une incroyable pureté dans un ciel bleu aussi pur lui aussi ? Nous discutâmes quelques instants sur l’itinéraire à prendre pour le retour et plutôt qu’un aller-retour que nous trouvions un peu trop banal, nous choisîmes rapidement l’option du Lac de la Basseta, non pas celui des Camporells tout proche mais celui du vallon de la Lladura. Notre esprit de découverte et d’aventure prenait encore une fois le dessus car à vrai dire nous ne savions pas trop où nous allions. J’avais seulement visionné une carte à l’intérieur du refuge et je savais que la déclivité était conséquente et le parcours plus long que celui pris ce matin. Les deux durées étaient d’ailleurs sans aucune équivoque car écrites sur un panonceau au bord du lac. Alors même que nous quittions le site, un hélicoptère de la Gendarmerie survola le site et selon les dires d’autres randonneurs, il venait, paraît-il, chercher le corps sans vie de la pauvre malheureuse. Regardant voler cet appareil, je m’aperçus que le petit nuage blanc était entrain de se volatiliser comme si l’âme de cette dame partait en même temps que l’hélicoptère. Décidemment pourquoi avais-je ces pieuses pensées ? Une fois encore, je fus vraiment bouleversé par ce phénomène météorologique sortit d’où je ne sais où et aussi instantané que surprenant. Le retour vers la station de ski de Formiguères fut très difficile tant nos pensées allaient vers cette pauvre randonneuse. Il fut d’autant plus difficile que la descente vers le lac de la Basseta est relativement raide et caillouteuse pour ne pas dire accidentée et périlleuse et que nous redoutions nous-mêmes d’avoir un accident. Non loin du sentier, j’ai entendu chanter le déversoir des lacs c’est à dire la cascade des Porcs mais sans jamais la voir et sans pouvoir l’approcher malheureusement. Alors que dans le ciel d’azur, le lugubre hélicoptère de la Gendarmerie rompait sans cesse le silence en tournoyant encore, je me suis dit que le chant mélodieux de la cascade qui parvenait jusqu’à nous était le seul bruit agréable que j’avais entendu depuis ce matin. Par bonheur, nous fîmes cette longue et abrupte descente avec un sympathique couple de randonneurs qui nous tinrent compagnie pratiquement jusqu’à la station de ski. A tour de rôle, nous nous dépassions et nous finîmes par terminer ensemble cette belle mais triste balade. Comme nous, ils s’arrêtèrent à la fraicheur du petit lac de la Basseta et nous en profitâmes pour faire plus ample connaissance. Nous mîmes à profit cette halte rafraichissante pour finir un casse-croute que nous avions eu du mal à avaler en apprenant la terrible nouvelle. Le retour à la station de ski par la longue piste de la Lladura, le Creu de la Jaceta, le Pla del Bouc et le Bac de les Planes fut éprouvant autant à cause de la distance à accomplir, de la chaleur qui régnait en cette après-midi ensoleillée qu’en raison de nos jambes lourdes et tétanisées par l’horrible fatalité qui était survenue. Dans son « Voyage aux Pyrénées », Hippolyte Taine écrivait « la gaîté est comme un ressort qui rend l’âme élastique » et il ne croyait pas si bien dire car étant tristes, nous étions sans ressort et raide comme des passe-lacets. J’ai très longtemps pensé à cette dame mais également à ses compagnons de randonnée qui l’avaient accompagnée sur son dernier chemin. J’avais inscrit l’ascension des Péric à mon programme de 2012 mais je vais sans doute les remettre à un peu plus tard ou peut-être à jamais. Enfin je ne sais pas et encore une fois, je laisserais peut-être le hasard en décider. Il fait si bien ou si mal les choses ! Carte IGN 2249 ET Font-Romeu Top 25.

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  • Cette chanson est agrémentée de 5 chansons du regretté Michel Berger. Elles ont pour titre : "Le Paradis Blanc", "Quelques Mots d'Amour", "Message Personnel""Chanter Pour Ceux Qui Sont Loin de Chez Eux" et "Pour Me Comprendre".

    Le Trau del Cavall (Falaises et Contrebandiers) (540 m)  depuis Vingrau

    TRAUCAVALLIGN
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    Une fois encore, c’est vers les Corbières et plus exactement vers Vingrau et sa Serre que j’avais jeté mon dévolu en cette belle journée de printemps. Outre le plaisir de faire un peu d’exercice et d’aller m’oxygéner, mon but était comme souvent guidé par mon désir de découvrir la flore et éventuellement la faune de cette belle contrée. Ma curiosité fut amplement satisfaite puisque c’est presque une centaine de végétaux (fleurs, plantes, arbres et arbustes) et de nombreux animaux que j’ai pu photographier ce jour-là. En flânant bien plus encore, j’aurais pu très facilement doubler ces chiffres qui sans doute peuvent paraître ridicules quand on sait que c’est plus de 1.000 espèces végétales et plus de 300 espèces d’oiseaux que l’on a recensées uniquement dans cette chaîne montagneuse. D’un autre côté et en y réfléchissant, ces chiffres sont très substantiels si l’on tient compte que ces photos sont prises au cours d’une seule saison et d’une longue marche d’une seule journée, sur un sentier unique, connu et ouvert à chacun, qu’il n’y a pas de volonté de ma part de me cacher pour surprendre un quelconque animal, qu’il n’y a pas de volonté d’aller à la recherche ou à la rencontre d’espèces particulières comme le feraient de vrais professionnels de la photo ou de la nature et qu’enfin mon petit appareil numérique aussi performant soit-il n’est pas vraiment adapté à la prise de vues d’animaux surtout quand ces derniers sont en mouvement. Seul le hasard enfante mes photos faunistiques ou floristiques qu’on se le dise. A Vingrau, sur les panonceaux indicatifs, cette randonnée que je vous décris ci-dessous, est intitulée « Falaises et Contrebandiers ». Si le mot « falaises » s’expliquent très facilement puisque cette balade emprunte pour une grande partie la longue colline de la Serre de Vingrau, bien connue des fans de la grimpe, j’avoue que j’ai éprouvé un peu plus de difficultés à comprendre pourquoi on y avait adjoint le terme de « contrebandiers ». Il y a bien dans ces falaises, une grotte des Contrebandiers mais comme la dernière carte IGN l’ignore totalement en ne précisant pas sa position, elle n’apporte rien de concret quant aux raisons historiques à cette dénomination. Sans doute fallait-il remonter au temps où Vingrau était situé sur la frontière entre les royaumes de France et d’Aragon que le Traité de Corbeil de 1258 avait officialisé ? J’avoue que sur Internet, je n’ai pas trouvé grand-chose sur le sujet si ce n’est qu’au temps du Royaume d’Aragon des droits de passage à la frontière étaient prélevés sur de nombreuses denrées. Comme toujours, ce sont ces droits qui ont engendrés la contrebande mais il n’est pas certain qu’avec le Traité des Pyrénées de 1659 et la disparition de la frontière, le commerce illicite et les contrebandiers aient disparus avec elle. Alors ces contrebandiers qui étaient-ils ? Quels trafics y faisaient-ils ? Grâce à leur esprit de conquête et à l’expansion toujours plus grande de leur royaume, les Rois d’Aragon ont développé un important négoce maritime en Méditerranée et bien plus  loin encore sur la bordure atlantique et jusqu’en Afrique. On ne doit pas oublier que ces monarques ont été aussi les Rois de Majorque et qu’ils régnaient sur une bonne partie de la « grande bleue ». On peut donc imaginer que pour les fraudeurs, tous les produits de ce commerce étaient bons à passer sans avoir à payer les taxes exigibles : matières premières, tissus, denrées alimentaires, vins, armes, semences, etc.…. On peut supposer aussi qu’avec la proximité des salins méditerranéens, le trafic du sel y ait joué un rôle fondamental surtout quand la gabelle fut instaurée. Or si mes recherches Internet ne m’ont pas permis d’en apprendre bien plus de cette contrebande et m’ont laissé quelque peu sur ma faim, elles m’ont presque systématiquement ramené vers un lieu qui semblait emblématique de ce territoire des Corbières : le Trau del Cavall. Il semble qu’au sein de cette frontière matérialisée ici par la Serre, très éloignée des axes de communication habituels, ce « Trou du Cheval » ait été un passage idéal à la fois pour y pratiquer la contrebande mais également pour surprendre l’adversaire lors des nombreux conflits entre les deux royaumes. Or, ces rivalités n’ont jamais cessé à partir du moment où le Roussillon fut annexé et devint aragonais. A titre d’exemple, ce collet sépare quelques forteresses très proches des deux camps : AguilarQuéribus et Peyrepertuse côté français et Salveterra (Opoul), Tautavel et Salses côté aragonais. Autant d'endroits où les rivalités furent constantes mais où désormais il fait bon de randonner. Le village de Vingrau lui-même bascula à différentes reprises dans un camp puis dans l’autre.  Enfin on peut noter que sur les cartes cadastrales, certains ont transformé ce « Trou du Cheval » en « Pas du Cheval »  peut-être selon l’idée, que le « Trau » ne serait pas un « trou » mais un « trot ». Une fois tous ces éléments en mains, il m’a paru évident que ce « Trau del Cavall » était bien l’objectif incontestable de cette randonnée et il m’a donc semblé logique d’y attribuer le nom de mon article. C’était d’autant plus cohérent que cette trouée naturelle représente presque exactement le point géographique médian de cette longue balade. Bien sûr, reste à expliquer pourquoi ce lieu s’appelle ainsi et le folklore régional laisse circuler l’histoire de ce commerçant ambulant qui, de village en village, venait projeter des films cinématographiques aux populations.  Un soir, entre Vingrau et Périllos, surpris par un terrible orage, il ne trouve rien de mieux que de s’abriter dans une grotte pour protéger sa monture et tout son matériel et c’est, dit-on, ce conte populaire qui aurait donné le nom à ce lieu. Au delà du fait que l’on peut se demander pourquoi cette trouée s’est soudainement transformée en caverne, on peut aussi se poser la question de savoir pourquoi ce projectionniste itinérant empruntait ce passage très difficile plutôt qu’une voie plus praticable qui existait déjà au temps du cinéma, fusse-t-il muet. Mais toutes ces questions sont inutiles et on peut d’emblée éliminer ce récit traditionnel pour expliquer la dénomination de ce lieu. En effet, le « Trau del Cavall »  figure sur les cartes Cassini dont tous les levés sur le terrain ont été réalisés au 18eme siècle. Cette appellation est donc automatiquement et au moins antérieure à l’arrivée du cinéma de plus d’un siècle. Non, la réalité est sans doute beaucoup simple et cette trouée a été appelée ainsi car elle était, dans cette longue colline, le seul passage accessible aux cavaliers de tous bords.  Alors, oublions un peu l’Histoire de cette belle contrée et profitons d’une merveilleuse journée ensoleillée pour partir à sa découverte. Nous quittons Vingrau par la D.12 en suivant le balisage jaune propre au P.R, direction le Bac del Trau (tiens encore un trou !), c'est-à-dire Tuchan. Très rapidement, un panonceau nous demande de quitter le bitume au profit d’un étroit sentier qui entre et grimpe dans la garrigue. Cette petite ascension laisse d’ores et déjà entrevoir de très belles vues sur Vingrau et sur le relief particulièrement découpé de la blanche et oblongue Serre qui se détache dans un ciel incroyablement pur mais que la chaleur matinale rend déjà laiteux. Ici, dans ce maquis plutôt bas et rabougri, or mis quelques pins clairsemés, rien ne laisse présager que l’on évolue dans la forêt domaniale du Bas-Agly. D’ailleurs cette végétation typiquement méditerranéenne, ce qui ne signifie pas inintéressante loin s’en faut, on ne va plus la quitter de la journée. Si la déclivité s’élève dès le départ, la suite du parcours jusqu’au pied de la Serre va s’aplanir et même être constante dans des altitudes très modestes oscillant entre 270 et 310 mètres. Cette longue partie est donc sans aucune difficulté si ce n’est sa longueur d’une dizaine de kilomètres jusqu’au « Trau del Cavall ». Elle risque donc de vous paraître assommante mais si vous prêtez attention à la flore et à la nature en général, vous observerez qu’elle est assez remarquable et colorée mais également constamment changeante selon que l’on alterne les passages en maquis, au fond d’une ravine (Ravin du Correc des Conques), dans des sous-bois parfois très différents ou bien que se succèdent vignes, murs de pierres sèches, anciens champs en jachère ou ruines de vieux cortals oubliés. Ici, sans exception, toutes les plantes et les fleurs de notre garrigue méditerranéenne sont présentes mais il en ait une très étonnante et qui étrangement foisonne par endroit, c’est la Férule commune. Il s’agit d’une ombellifère ressemblant quelque peu au fenouil mais avec les particularités d’avoir une tige énorme et creuse, de mesurer parfois plus de deux mètres de haut et surtout ne n’avoir aucune senteur d’anis. Attention toutefois à ne pas la confondre car sa consommation est, contrairement à celle de son cousin le fenouil, éminemment toxique à cause de son « latex ». Quand à la faune, elle est, en cette magnifique journée printanière, omniprésente pour peu qu’on daigne y prêter attention et l’observer silencieusement : lézards, passereaux, rapaces, papillons et insectes butineurs ou sauteurs sont les principaux locataires diurnes de cet habitat extrêmement sauvage. Plus on approche du « Trau del Cavall » et plus on rencontre de vestiges dont les cartes nous octroient des patronymes aux origines parfois disparates : Borde de Rotllan (Rolland), Jasse de Didot, Cortal d’en Domenge, Cortal Miquel et Mas Llenço (Llansou). Si on élargit le champ de nos investigations cartographiques, ces disparités s’accentuent : Cassanova, Fontanell, Parès, Parros, Résungles, Molto, Sarda, Duran, etc.… Au fil des siècles, on voit bien que les différents conquérants de ce territoire ont inévitablement laissé bien plus que des empreintes de leurs passages.  C’est en arrivant au mas Llenço, envahi par la végétation et aux murs copieusement couverts de lierres, que débute la véritable ascension de la Serre. Bien balisé en jaune mais superbement bordé de bleus par les innombrables aphyllanthes de Montpellier, l’étroit sentier caillouteux s’élève progressivement mais plutôt gentiment en direction d’une brèche rocheuse bien visible. Notre cible du jour, le « Trau del Cavall » est là, au bout de ce chemin. Sur la droite, de vieux murets de pierres sèches et des orris laissent imaginer une vie pastorale passée assez intense. Est-ce une peu de lassitude ou est-ce la forte canicule mais parfois on croit voir brouter quelques moutons au milieu des broussailles ? Non, les troupeaux d’ovins ont vraiment disparu depuis longtemps et il s’agit de quelques roches blanches qui ont dévalé les flancs de la falaise pour s’immobiliser dans les cistes, les chênes kermès et les romarins.  Une fois atteint le « Trau del Cavall », on s’attend à ce que le regard bascule sur un monde bien différent. Non, la réalité est nettement plus fade et aussi bien devant que derrière, les paysages sont quasiment semblables. Ils sont essentiellement constitués d’immensités de garrigues et de calcaires se terminant par de élévations plus ou moins hautes. Seuls quelques vignobles bien alignés, quelques champs verdoyants et quelques blancs et lointains hameaux donnent une touche d’humanité à ce patchwork sauvage, imprécis et confus. Au loin, vers l’est, c'est-à-dire vers Opoul se dresse le plateau reconnaissable de Salvaterra, vaste nid d’aigles où les ruines crénelées de l’ancienne forteresse sont encore parfaitement visibles. Vers le nord, la longue échine cabossée de la Serre se poursuit puis, tout en zigzaguant, elle semble se perdre dans un océan de collines plus ou moins lointaines et plus ou moins hautes. Quelques sommets reconnaissables se détachent : le Puig del Ginebre, la Serra de la Gran Cremada et le Montolier de Perellos. Vers l’ouest, c’est la Montagne de Tauch qui emplit l’horizon. Le sud, lui, tout proche attend qu’on grimpe sur ses bosses, semblables à de blanches « montagnes russes » mais le soleil désormais à son zénith ne l’entend pas de la même oreille et accable les plus vaillants. On bascule dans la trouée puis sur quelques mètres, on descend sur l’autre versant de la Serre. Le sentier se perd dans la rocaille et si le balisage jaune ou les cairns n’étaient pas bien présents, à coup sûr on s’y égarerait. L’itinéraire remonte rudement.  Ici, pendant quelques temps et pour progresser, les mains deviennent aussi précieuses que les pieds et quand le sentier se stabilise enfin, on en ait déjà à chevaucher la crête sommitale avec de beaux panoramas des deux côtés. La tiédeur laiteuse du matin a laissé la place à une brume blanchâtre plus opaque qui empêche toute vision très lointaine. La Méditerranée et la plaine du Roussillon restent invisibles. Moi, dans cette ascension déjà compliquée, le photographe botaniste amateur que je suis, est encore plus embarrassé que le commun des randonneurs car comment avancer convenablement, appareil photo en mains, dans ce dédale minéral où d’incroyables fleurs sont venues se loger dans la moindre fente et le moindre interstice de la roche. Comment avancer quant on ne sait plus où donner de la tête tant la flore y ait insolite, merveilleuse et à la fois prolifique et parfois rarissime ? Œillets des rochers, œillets piquants de toutes sortes, géraniums, centranthe, ornithogale, iris et campanules des Corbières et bien d’autres fleurs embellissent le parcours.  Quelques passereaux et rapaces jouent aux voltigeurs en bordure des falaises. Leurs piaillements nous interpellent. Les papillons et les sauterelles semblent nous accompagner dans cette aventure printanière. Quelque soit l’univers que l’on chemine : crêtes calcaires, éboulis caillouteux, plates-formes herbeuses, pinèdes, affleurements de lapiaz, vallon (Correc des Collets) encadrant de hautes falaises, on y découvre une flore et une faune exceptionnelle et ce, jusqu’à l’arrivée à Vingrau. En chemin, on découvre le refuge non gardé Yves Bernard offrant la possibilité d’un abri solide aux randonneurs au long cours ou en cas d’intempéries. Nous profiterons de son ombrage rafraîchissant pour y faire une simple halte goûter avant d’en terminer par le Planal de l’Eixartell laissant entrevoir de superbes vues aériennes sur le vallon de Cassanova, ses vignobles et ses jasses et enfin sur le superbe village de Vingrau. Nous sommes restés environ huit heures sur ce parcours, arrêts compris, mais il ne faut pas trop se fier à cette durée-là tant nous aimons flâner et perdre notre temps à tout observer dans ce type d’univers à la fois sauvage, hostile mais superbe. Alors il est sans doute plus simple que je vous dise que cette balade est longue de 18 à 19 kilomètres environ, que l’altitude la plus basse est à 140 mètres peu après le départ de Vingrau, que le point culminant est à 540 mètresau sein même de la Serre et que les montées cumulées se chiffrent approximativement à plus de 650 mètres. Au fait, savez-vous que Vingrau a pour origine l’expression latine « viginti gradi » signifiant les « vingt grades » mais qu’il faut traduire plus simplement en « vingt marches » ? En effet, le chemin principal menant au village passe par un col que l'on appelle "le Pas de l’Escala". Or, à l’époque romaine,  ce « Pas de l’Echelle » était constitué d'un voie pavée dans laquelle vingt marches avaient été sculptées dans un passage difficile de la falaise. Peu à peu, le nom s'est transformé en "Pas de Vingrad", "Pas de vingt graus", puis enfin "Vingrau". (Source : https://www.les-pyrenees-orientales.com/Villages/Vingrau.php) Bon, il n’était pas si fous que ça ces romains et en tous cas bien moins que moi car ma balade, je peux vous le certifier, elle comporte bien plus que vingt marches !!! Allez-y et vous verrez par vous-mêmes. Carte IGN 2547 OT Durban – Corbières – Leucate- Plages du Roussillon Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de de la chanson d'Eddy Mitchell "Rio Grande". Elle est interprétée ou jouée par Yvon (chant), Olivier Moulin (harmonica),  Paul Contamine (clavier électrique) 
    LE SERRAT-GRAN
    SERRATGRANDIGN
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    Le Serrat Gran est, contrairement à son nom, un modeste sommet du Haut-Conflent à 1.430 mètres d’altitude dont sa crête sert de délimitation entre les territoires d’UrbanyaConat et Mosset. Au delà de son altitude elle même, je suppose qu’il doit surtout son nom à sa position géographique car dans des temps plus anciens, il était sans doute le passage à franchir le plus court mais aussi le plus élevé pour les villageois qui voulaient se rendre d’un village à un autre. Je vous parle bien sûr d’une époque où les routes carrossables et les pistes forestières n’existaient pas et à laquelle les seuls moyens de communications étaient certainement des sentiers muletiers. Présent à Urbanya en ce début du mois d’avril, c’est vers ce sommet, dont j’aperçois un bout du versant sud depuis ma maison, que je m’étais tourné ce matin-là pour réaliser ce qui aurait du être une courte randonnée mais qui c’est transformé au fil du parcours en une longue virée.  Ce long périple, vous ne serez pas obligés de l’accomplir, hors mis peut-être si le plaisir de marcher et le désir de découvrir sont aussi ardents que les miens. Je mentionne d’ailleurs sur la carte jointe à cet article, la boucle initialement envisagée vers le Serrat Gran ainsi que le parcours réellement accompli. Vous aurez donc le choix entre les deux options. Cette randonnée au Serrat Gran, j’aurais pu l’intituler « Au dessus des ravins » mais comme peu de gens connaissent ce sommet et qu’il était le point culminant de la balade préalablement prévue, j’ai préféré lui conserver la faveur du titre de mon article. En effet,  sur cet itinéraire, on chevauche le véritable relief du Conflent, c'est-à-dire cette zone intermédiaire très vallonnée que l’on appelle « piémont pyrénéen » se situant entre la bordure méditerranéenne et ses plaines et les premiers hauts sommets des Pyrénées. Ici, les ravins sont si nombreux que le regard est presque systématiquement porté vers eux, c'est-à-dire vers le bas plutôt que vers l’horizon ou les montagnes.  J’en ai dénombré une bonne quinzaine, courts ou longs, profonds ou pas mais heureusement plus souvent aperçus que franchis. Pourtant sur ce parcours où les panoramas sont le plus souvent à 360°, l’horizon et les montagnes environnantes se dévoilent magnifiquement et notamment vers un Canigou enneigé tout simplement extraordinaire à cette époque de l’année. Mais rassurez-vous, il n’y a pas que le Canigou à observer et d’autres montagnes comme les massifs du Coronat ou du Madres sont également bien visibles. Sans compter qu’à cette saison, la flore et la faune se réveillent magnifiquement, offrant des intérêts supplémentaires insoupçonnés aux randonneurs de ce circuit original. Tout démarre une fois encore d’Urbanya, village qui se pare de blanc en cette saison grâce à ces nombreux cerisiers, pommiers et autres arbres fruitiers en fleurs. Le départ est similaire à la randonnée du « Serrat de Calvaire » déjà décrite dans ce blog. Ensuite, il y a bien sûr un itinéraire quelque peu différent que je vous décris ci-après. On laisse son véhicule sur le parking, on franchit le pont puis on emprunte le Chemin de Saint-Jacques qui part à droite de la mairie et monte entre quelques maisons. Après la dernière habitation, devant un garage fait de tôles et de planches, on prend le sentier qui monte à gauche. Là, on va suivre la sente la plus évidente qui va s’élever et redescendre au fil des petites ravines que l’on franchit allégrement. La principale ravine est occupée par un bois où coule l’étroit « Correc » de Vallurs.  Après avoir enjambé ce petit ruisseau, le dénivelé s’accentue et il ne va pratiquement plus cesser jusqu’au sommet du Serrat Gran sauf peut-être en passant près d’une immense ruine qui arrive très vite où il s’aplanit quelque peu. Lors du tour du Serrat de Calvaire, je m’étais déjà posé la question de savoir si cette grande ruine n’était pas le hameau de Saint-Jacques figurant sur les cartes Cassini ? A ce jour et malgré quelques recherches complémentaires, je n’ai toujours pas la réponse à cette question.  Devant ces vestiges, on est donc toujours sur l’itinéraire que j’avais décrit pour faire le tour du Serrat de Calvaire et il va en être ainsi jusqu’à la côte 1098 de la carte IGN, non loin du Roc de Jornac. C’est à ce point précisément qui offre des vues sublimes sur le Massif du Canigou que les deux itinéraires différent. Au lieu de suivre, le large chemin qui part en épingle à cheveux, on va lui préférer le petit « cami » débroussaillé qui longe la clôture à main gauche. Cette clôture, on ne va plus la quitter jusqu’au sommet du Serrat Gran et même un peu plus loin jusqu’au Col de les Bigues, rendant ainsi cette ascension d’une simplicité déconcertante. Je tiens tout de même à préciser que j’ai utilisé sciemment le mot « simplicité » plutôt que « facilité » car la déclivité s’accentuant nettement, la « grimpette » se mérite ! Mais grâce aux multiples panoramas, on oublie facilement les affres de l’effort à accomplir. En effet, en marchant le plus souvent dans une végétation rase composée essentiellement de cistes à feuilles de lauriers et de maigres et rares genêts, on aura en permanence le regard absorbé par le spectacle se dessinant de tous côtés : forêts domaniales des Réserves Naturelles, Canigou, Coronat, Escoutou, Pelade, Madres, Portepas,TornPla de Vallenso (Balençou) et toujours d’immenses ravins vertigineux qui descendent pour rejoindre les vallons où coulent les principales rivières de la contrée, à savoir Urbanya et Callau. Cette dernière rivière finissant par rejoindre le Têt, son affluent majeur à Ria. Si le sentier monte très raide, il  monte en tous cas toujours très droit jusqu’au sommet du Serrat de Miralles (1.377 m). Par temps clair, ce qui n’était pas vraiment le cas, le ciel étant plutôt voilé ce jour-là, vous aurez des vues sur le lac bleuté du barrage de Vinca et bien plus loin encore vers le Roussillon et la Méditerranée. Vers le nord, quelques sommets dominant la Vallée de la Castellane apparaissent et notamment le Pic del Rosselló gravi dernièrement et récemment expliqué dans ce blog. Ici, au sommet du Serrat de Miralles, on est quasiment au centre du Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes alors malgré un ciel laiteux, le spectacle est tout de même saisissant et splendide. Avec un tel tableau devant les yeux, ajouté à une terrible fringale,  j’en ai profité pour entamer très sérieusement mon casse-croûte gardant mon dessert pour le Serrat Gran bien visible car à seulement quelques foulées. J’ai mangé sous un véritable concert de chants mêlés orchestré par des oiseaux de toutes sortes et en sortant mes jumelles de leur fourreau, j’ai pu reconnaître : mésanges, serins, chardonnerets, pipits, fauvettes, pinsons, rouges-queues, bruants, etc…  Tout ce petit monde virevoltait d’arbres en arbres dans le joli Bois d’Estarder, rendant encore plus agréable cette halte anticipée. Beaucoup plus haut dans le ciel, quelques grands rapaces sont entrés dans la partie et se sont mis à tournoyer sinistrement au dessus de ma tête. Je ne pense pas qu’il s’agissait d’aigles royaux car il y en a paraît-il très peu dans le massif du Madres-Coronat alors en raison de leur grand nombre, plus d’une dizaine et de leurs caractéristiques, j’ai pensé à des Vautours fauves. Une fois rentré à la maison, l’agrandissement d’une photo sembla me confirmer cette idée : ailes larges et plutôt sombres où les plumes extrêmes étaient amplement écartées, poitrails plus clairs chez certains sujets et queues carrées courtes et noires. Alors, devant cet incroyable spectacle ornithologique et toujours à l’affût de quelques belles photos animalières, il a fallu que je me pousse un peu pour quitter ce joli mirador. Tout en continuant à longer la forêt, j’ai pris la direction de l’objectif du jour. A l’orée de grands pins mais planté de jeunes sapinettes, le Serrat Gran est un belvédère moins intéressant car moins ouvert sur de larges panoramas que le Miralles. Aussi après m’être délecté d’un « Flamby » et d’une compote de pommes, j’ai rapidement amorcé la descente vers le col de les Bigues en m’enfonçant pleinement dans la forêt pendant quelques minutes. En arrivant au col, il était seulement midi passé de quelques minutes et malgré un ciel se couvrant de gros cumulus blancs du côté du Madres et du Coronat, je n’avais pas franchement envie de redescendre vers Urbanya pour terminer si tôt cette belle balade. Alors j’ai poussé jusqu’au col del Torn (col de Tour) et j’ai refait à l’envers cette magnifique randonnée que j’avais intitulé le « Balcon d’Urbanya ». Il emprunte un tronçon du Tour du Coronat avant de redescendre sur le village. Comme je l’ai dit en préambule, rien ne vous obligera à faire de même et à ce moment-là, il vous suffira de redescendre du Col de les Bigues vers Urbanya en empruntant un des différents sentiers qui y mène : soit ceux des Escocells selon leur état d’embroussaillement soit celui du Clot del Baro, souvent le plus praticable mais le plus long. Je précise que cette randonnée au Serrat Gran qui longe en grande partie les clôtures qui délimitent les territoires d’Urbanya, Conat et Mosset (tracé fait de petits points sur les cartes IGN) n’est réalisable que si les sentiers qui les côtoient ont été défrichés, ce qui était le cas le jour où je les ai empruntés. Je pense qu’ils sont débroussaillés régulièrement car j’y ai rencontré un agent ONF qui lui-même longeait la clôture entre le Serrat Gran et le Serrat de Miralles pour effectuer des relevés.  En conséquence, je présume que cet agent ONF est habitué à cheminer ces sentiers. Si au Col de les Bigues, on fait le choix de redescendre sur Urbanya, on aura effectué une courte boucle d’une dizaine de kilomètres environ, pour un dénivelé de 580 mètres mais des montées cumulées de 830 mètres. En ce qui concerne la suite de ma balade que j’ai accomplie ce jour-là, j’avoue que j’ai été comblé au delà des mes espérances car quelques animaux très intéressants se sont montrés très indulgents envers moi, acceptant sans trop rechigner d’être photographiés : un superbe et trop rare lézard ocellé et un magnifique renard avec encore son pelage d’hiver notamment. Pour cette seconde partie, je vous précise que la boucle réalisée ce jour-là est longue d’environ 17 kilomètres et pour le reste, je vous renvoie à la carte IGN et à mon diaporama. Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25. 

     

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  • Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons de Patricia Kaas extraites de son album "Piano Bar". Elles ont pour titre : "Les Moulins de Mon Coeur", "The Summer Knows (Un Eté 42)", "Syracuse" et "I Wish Love You (Que Reste-t-il de nos Amours)".
    LE-PIC-DEL-ROSSELLO
    PICROSSELLOIGN

    Le Pic del Rosselló que certains écrivent Pic del Roussillou en se référant à la phonétique catalane, c’est bien évidemment en français le Pic du Roussillon. Je ne vais pas développer ici, l’histoire de l’origine du mot « Rosselló », c'est-à-dire son étymologie, ce n’est pas le but de ce blog et d’autres l’on fait depuis bien longtemps et bien mieux que je ne pourrais le faire moi-même. Toutefois il est intéressant de noter qu’avant de devenir Rosselló, puis Roussillon, ce mot est apparu pour la première fois sous la forme « Ruskino » puis « Ruscino » en latin, patronyme désormais très connu depuis les fouilles et la découverte d’un site archéologique qui a révélé une cité antique au village de Château-Roussillon, tout près de Perpignan. Tout le monde est à peu près d’accord pour dire que l’origine du préfixe « rus » signifie « tête » « front » voire même « capitale » quand au mot « kino » , les avis sont plus partagés entre « golfe » ou parfois même « colline ».  Alors, une chose est quasiment certaine c’est que ce nom-là a été alloué pour la première fois pour désigner la tête ou le front d’une colline c'est-à-dire une butte ou un promontoire, ce qui correspond parfaitement au lieu même où se trouve les vestiges romains de Ruscino. Ce promontoire domine la plaine, plaine qui elle-même a fini par prendre le même nom de Roussillon. La colline Roussillon domine la Plaine du Roussillon et il en est de même pour le Pic del Rosselló, promontoire qui domine lui aussi la Plaine du Roussillon. Alors, ce nom de Rosselló a-t-il-été donné au pic parce qu’il s’agissait d’un promontoire ou bien parce qu’il embrassait la Plaine du Roussillon ? La question mérite d’être posée, mais il me paraissait important d’apporter ces quelques précisions. En tous cas, notre objectif du jour est bien lui aussi une élévation mais il faut avouer qu’en randonnée, c’est très souvent le cas. En général, allez savoir pourquoi, les randonneurs n’aiment pas trop les terrains plats ? Au regard du nom donné à ce sommet, ceux qui ne le connaissent pas pourraient en déduire qu'il s'agit d'un pic parmi les plus importants du département. Non, ce n'est pas vraiment le cas car avec ses 1.314 mètres d’altitude, il est un sommet du Haut-Conflent plutôt modeste. Il n'en demeure pas moins intéressant à gravir car il s'agit d'un superbe belvédère à 360° sur une immense partie du Conflent, de la Plaine du Roussillon et parfois bien plus loin encore jusqu'à la Méditerranée si par bonheur, le temps est très clair. Pour couronner le tout, cette jolie balade démarre de Mosset, qui a été classé parmi les plus beaux villages de France mais qui ne l'est plus à ce jour. Pourquoi a-t-il perdu ce label ? Je l'ignore mais pour moi ça ne change rien à sa beauté ! Outre ces aspects-là, il y a tout de même quelques découvertes très intéressantes et insolites à faire au cours de cette randonnée comme par exemple ces ancestraux « cortals » en ruines  qui jalonnent le parcours à un point tel que le versant sud du Pic del Rosselló a été dénommée « Els Cortalets ». Toutefois, dans cette montagne, il y en a tellement un peu partout de ces cortals oubliés, qu’il faudrait presque organiser une balade spéciale de plusieurs jours pour partir à leur découverte et espérer les voir à peu près tous. Il y a aussi ces étonnants chaos granitiques aux formes parfois bizarres que j’avais déjà évoqué lors d’une autre balade qui depuis Mosset nous avait amené au Roc des Quarante Croix et enfin, il y a quelques vestiges d’un passé plus ou moins ancien : dolmens, « clauses », « feixes », orris et roche gravée. Le départ s’effectue de la même manière que pour le Roc des Quarante Croix, on laisse sa voiture sur un des parkings proche de la Tour des Parfums et on démarre devant celle-ci. De l’autre côté de la rue, on aperçoit à une vingtaine de mètres sur la gauche, un panonceau jaune donnant la direction de notre objectif du jour : « N°9-Pic del Rosselló-5h ». On démarre par quelques escaliers qui nous entraînent vers le haut du village en direction d’un grand pylône que l’on aperçoit aisément en levant la tête. On passe devant un vieux lavoir, on poursuit tout droit par une rampe que longe un caniveau où s’écoule un fougueux ruisseau qui, plus haut et sur la droite, surgit violemment d’un ouvrage ressemblant à une source captée. Le bitume abandonne la place à une large piste terreuse que l’on délaisse très rapidement au profit d’un petit sentier qui part à droite et monte en zigzaguant vers le pylône. Les premières vues sur le Canigou, Mosset, la splendide Vallée de la Castellane, les forêts et les montagnes environnantes se dévoilent magnifiquement. Peu après le pylône, on retrouve la large piste de terre. On peut soit l’emprunter vers la droite soit raccourcir l’itinéraire grâce à un sentier plus étroit qui s’enfonce tout droit dans une chênaie. On découvre ici, notre premier cortal ou plutôt une vraie demeure sur deux étages dont les murs sont encore bien debout. Plus haut, on retrouve une nouvelle fois la piste. On la continue et on arrive devant une grande étable moderne où quelques vaches nous regardent passer anxieusement. En bordure de la piste, de nouveaux vestiges se révèlent : vieilles ruines abandonnées à jamais et un petit dolmen notamment. La déclivité continue à s’élever mais comme c’est en douceur, elle ne nécessite pas d’efforts particuliers. Avec une imagination fertile, les premiers gros chaos granitiques attisent nos regards car on est toujours en quête d’y trouver des formes singulières voire extraordinaires. D’autres blocs rocheux ont des formes plus évidentes comme ce gros « zizi » déjà découvert précédemment ou bien cette « tête de loup » qui regarde le ciel. Tout en montant vers le Cortal Gravàs, on se retourne et on prend le temps d’observer tous ces blocs et ces amas rocheux et on tente encore d’y deviner un bestiaire insoupçonné : ours, dinosaure, éléphant, tortue ou escargot géant, enfin tout ce qui a une grosse échine arrondie peut être concevable. Le Massif du Madres encore enneigé sert de toile de fond à ces somptueux décors minéraux plantés là, comme immuables, dans le maquis et les pelouses rases. On est sur le point de passer devant le Cortal Gravàs mais comme plusieurs chiens viennent vers nous en aboyant de manière très dissuasive, on préfère emprunter le sentier qui passe derrière les habitations. Ici, loin de tout, et sans doute grâce à quelques passionnés de la nature sauvage, la vie pastorale semble avoir résisté. Un chalet de bois côtoie quelques caravanes, plus loin un grand hangar jouxte un vieux cortal en ruines et tout autour quelques puissants chevaux gambadent en liberté sur les pelouses et dans les buissons d’épineux. Le Pic du Rosselló essentiellement écrasé jusqu’à présent fait tout à coup le dos rond dans un paysage de terres brûlées. Le sentier se faufile au milieu de petits genêts et dans des landes de fougères roussies et fanées par l’hiver. Sur la droite, on entend se rapprocher le murmure d’un petit torrent, il s’agit du Correc d’en Fabra et quand on passe sous l’ombrage de quelques pins, un ruisseau aux reflets bleus et aux eaux limpides est là, juste devant nos pieds. Nos pieds échauffés qui ne demandent qu’une chose : un peu de fraîcheur. Nous allons être servis et nos orteils vont dire instantanément « stop » à cette eau polaire car au lieu de la fraîcheur espérée c’est une eau glaçante qui s’écoule directement de quelques grosses plaques de neige qui fondent sur le Pla de Closa que nous venons d’atteindre. Ici, en enjambant le ruisseau, on a le sentiment d’être passés dans un autre monde. Le contraste est étonnant car après l’aridité de la « solana », La Closa ou Clause, signifiant « enclos », est un véritable petit paradis avec ses mouillères et ses pinèdes, ses collines boisées de résineux et de quelques bouleaux blancs et surtout avec ses prairies verdoyantes où au milieu coule ce rafraîchissant ruisseau. Même si notre itinéraire s’en éloigne, on a automatiquement envie d’y aller et d’y faire un halte et ça tombe bien car l’heure du pique-nique est arrivée et ça tombe d’autant mieux que l’on peut y découvrir, au beau milieu du pré, une étrange pierre granitique à semi-enfouie dans la terre. Elle est gravée d’une croix et de signes malheureusement incompréhensibles pour les novices en archéologie que nous sommes. Comme souvent, et à l’aide d’Internet, j’avais, avant le départ, pris la peine de m’interroger sur les éventuelles trouvailles de ce parcours et c’est ainsi que j’avais découvert cette mégalithe dont on disait qu’il s’agissait peut-être d’une pierre tombale en raison de sa forme tabulaire triangulaire et de la grosse croix profondément gravée en son centre. Ils restaient à déchiffrer les autres signes gravés sur un côté dont certains ressemblent à des lettres. Personnellement, j’ai cru y lire, après grossissement et filtrage Photoshop d’une de mes photos, ce qui ressemble au mot « ASTOR » et qui en catalan est un épervier, oiseau très commun dans les parages et dont en français, on a tiré le mot « autour ». Néanmoins, j’ai un doute à ce propos et je pencherais plutôt pour le nom « PASTOR » très répandu depuis des lustres dans la généalogie de Mosset et qui est aussi «le  pâtre ou le berger catalan ». Il est vrai aussi que je n’ai pu deviner qu’un court fragment des écritures. Dans le prolongement de cette « table mystérieuse », d’autres roches en partie enfouies sont alignées sur quelques dizaines de mètres et coupent le pré en deux. Je n’y ai pas remarqué de gravures. Alors est-ce aussi des pierres tombales et donc d’un véritable cimetière qu’il s’agit ou bien plus simplement de vieilles clôtures que le ruisseau et la terre meuble du terrain ont fini par ensevelir au fond de cette cuvette ?  En tous cas, le mystère reste entier et comme il fallait bien se remettre en route vers notre vrai objectif du jour, je me dis que je n’ai peut-être pas pris toutes les photos indispensables à une recherche approfondie plus sérieuse de ce site mystérieux. Voilà en tout cas, une bonne raison de revenir dans ce petit Eden ! On quitte la fraîcheur des herbages de la Closa pour les pentes ensoleillées du Pic del Rosselló où on retrouve très rapidement la chaleur accablante du chemin. Nous ne sommes que fin mars et pourtant cette chaleur, on la sent monter inexorablement le long de nos jambes et le dénivelé même modeste se fait sentir. On finit par quitter la piste pour se diriger directement vers le sommet vers ce que je crois être une croix de bois. A son approche, je m’aperçois qu’il s’agit en réalité d’un petit pin rabougri dont les branches ont été écartelées et « déplumées » par les vents violents qui sévissent ici. Mais le sommet est tout de même là, avec sa borne et son antenne solaire et en raison des panoramas à 360° que l’on peut y observer, on y fait une nouvelle halte agréablement délassante. D’ici, c’est une véritable ronde de paysages qui défilent et comme souvent, on essaie de retrouver les lieux de nos dernières randonnées effectuées, alors je sors les jumelles : Pays de Sault, CorbièresFenouillèdes ( ah oui voilà le Sarrat Naout !), Roussillon, Canigou (oui, c’est là-bas, Saint-Martin-du-Canigou !), Conflent, Madres (elle est par là-bas la carrière de Caillau !), Capcir, etc… Je reconnais avec ravissement certains chemins empruntés et une immense partie des paysages traversés lors du Tour des Fenouillèdes réalisé avec mon fils en septembre dernier. L’objectif a été vaincu et cette fois-ci, il est temps de redescendre vers Mosset car une nouvelle fois, nous avons flâné plus qu’il ne faut. En raison, de la profusion de pistes, je sors mon GPS dans lequel j’ai enregistré le tracé du jour. Il nous entraîne tout bonnement plein est vers une piste principale puis à un croisement où se trouvent un bel orri et une source captée près d’un cortal en ruines. Je regarde ma carte IGN, tous ces édifices sont bien là, il s’agit du Cortal Queraut non loin du Roc des Iules, petits mille-pattes noirs appréciant les lieux humides, ce qui est le cas ici ! Là, devant l’ancienne bergerie en ruines, on retrouve le balisage jaune qui file puis descend vers Mosset dans des décors sans cesse renouvelés. Ici, les vues sur le Canigou enneigé sont extraordinaires. Là, entre landes, chaos granitiques, cortals oubliés, bois et parfois pelouses, il faut suivre avec attention les marques peintes en jaune pas toujours évidentes à discerner. Après un nouveau cortal et la descente d’un sentier très raviné, on aboutit sur un « pla » herbeux où paissent quelques vaches. De toute évidence, on est ici à la croisée de plusieurs chemins car quelques cairns partent aussi bien à droite qu’à gauche. Par erreur, nous prenons à gauche le chemin qui descend vers Molitg-les-Bains avant de nous raviser et de partir à droite, grâce, il faut bien le dire, à notre GPS. Dans la descente, le sentier désormais évident entre dans un bois de petits chênes pubescents aux feuilles encore roussies. Ce sentier nous amène sans problème jusqu’à Mosset dont on a de magnifiques vues aériennes bien avant d’y arriver. Quelques derniers lacets lassants, lassitude que je comble aisément en cherchant quelques fleurs pour mon herbier photographique. Le village est enfin là, perché qu’il est sur sa petite éminence, alors un dernier dénivelé s’impose pour retrouver notre voiture près de la Tour des Parfums. Ouf ! La boucle se referme après un peu plus de 17 kilomètres parcourus pour un dénivelé total de 645 mètres environ. Un conseil : cette randonnée est à faire avant ou après les canicules de l’été. Cartes IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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    Ce diaporama est enjolivé avec 4 musiques de Gheorghe Zamfir (Flûte de pan). Elles ont pour titre : "Le Berger Solitaire" (avec James Last), "Cavatina""Adagio" et "Ave Maria".
    STMARTINCANIGOUIGN

    Ayant fêté très succinctement l’anniversaire de ma 100eme randonnée dans les Pyrénées-Orientales par un petit hommage au grand pyrénéiste Georges Véron dont les nombreux ouvrages ont réussi à me transmettre le virus de la randonnée pédestre, je voulais vraiment marquer le coup pour ma 101eme. Je voulais fêter ce cap des 100 randonnées inscrites dans mon blog pour notre beau département et en trouver une, à la fois un peu exceptionnelle sur le plan de la découverte mais à la fois sportive de telle manière qu’elle remplisse une belle journée de marche. Alors, il m’a fallu un peu de réflexion pour arriver à la trouver car si c’est vrai qu’il en reste quand même quelques-unes à découvrir, elles ne sont pas vraiment légions surtout à la fin de l’hiver quand la neige est encore bien présente sur les plus hauts sommets. A une autre saison, j’aurai pu gravir le Canigou et réparer ainsi ce vide de ne pas encore avoir rédigé d’article sur notre Olympe catalan mais l’hiver est encore bien là et « faire » ainsi, dans la poudreuse, notre mythique sommet n’aurait pas vraiment été raisonnable surtout à mon âge. Alors comme le dit si bien le proverbe « faute de grive on mange du merle » et en l’occurrence mon merle à moi, il s’est prénommé Martin et heureux présage il s’agissait d’un Saint…Saint-Martin du Canigou bien sûr. J’avais donc décidé pour cette 101eme randonnée dans les Pyrénées-Orientales de me rendre à la célèbre abbaye. Rien de plus facile me direz-vous ! C’est vrai et pour ceux qui connaissent déjà le lieu, j’aurais pu emprunter la piste qui y monte à partir de Casteil et le tour était joué et l’affaire pliée en une paire d’heures. Non, comme je l’ai dit plus haut, ce n’était pas le but que je recherchais alors j’ai choisi sans doute la manière la plus difficile et la boucle la plus sportive pour me rendre à la belle abbaye et en revenir. Alors jugez-en, ce fut presque un pèlerinage ou plutôt un chemin de croix : départ à partir de Vernet-les-Bains, altitude 670 mètres, puis direction le col de Llavent (958 m) par l’itinéraire des cascades (Saint-Vincent et des Anglais mais on n’y va pas !) puis celui du Bac. Là après le col de Llavent, on grimpe dans la forêt du Bois de la Ville en enchaînant plusieurs ravins qui descendent à flanc nord du Canigou et que l’on enjambe presque toujours dans leur partie la plus haute. Chaque ravin franchi nous amène toujours plus haut. C’est d’abord celui de la Guille puis celui des Cirers et enfin celui de l’Asmoursadous. Là, à la Font del Bac dels Monjos à 1.347 mètres d’altitude, on atteint le point culminant de la balade et on amorce enfin la descente en lacets vers l’abbaye (1.055 m). Je n’ai quitté l’abbaye qu’après une remarquable et intéressante visite qui dure une heure environ. Là, pour le retour, j’ai à nouveau choisi la difficulté  en effectuant la descente au sud de l’abbaye par le ravin du Ridoulté qui tout en bas rejoint celui du Cady. Là, direction Casteil (800 m) puis l’entrée du camping du Domaine Saint-Martin. Là, j’ai repris la direction du col de Llavent pour finir et rejoindre Vernet-les-Bains par le Pic de l’Alzina (1.017 m) et le Belvédère « Comte Henri de Burnay ». Voilà, la boucle en forme de « grand huit » biscornu que j’ai réalisé en huit heures. Départ le matin à 10h15 et arrivée le soir vers 18h30 en y incluant bien sûr, la flânerie habituelle, les nombreux arrêts photos et autres, la découverte du site, l’attente de l’horaire puis la visite de l’abbaye et deux ou trois petites pauses pique-niques. En raison même de la configuration dans laquelle l’itinéraire se faufile et des nombreux lacets, il est difficile de mesurer cette boucle sur une carte IGN. Personnellement, je l’estime à une quinzaine de kilomètres voire seize ou dix-sept pour un dénivelé de 680 mètres environ mais ça reste néanmoins une randonnée relativement difficile avec quelques passages laborieux notamment du côté de la Font del Bac dels Monjos où quelques câbles bien pratiques ont été scellés en guise de mains courantes. Sinon que dire de plus pour vous faciliter cette balade . Personnellement, j’ai laissé ma voiture au parking Boulevard Lambert Violet puis en sortant du parking, j’ai remonté ce boulevard à gauche sur quelques mètres pour prendre à droite des escaliers rejoignant un terre-plein herbeux où une curieuse grotte apparaît sur la gauche. En prêtant attention, on remarque déjà un balisage jaune qui monte vers le petit lotissement du « Village Catalan ». Les beaux panoramas sur Vernet se dévoilent déjà. On poursuit en passant devant le lotissement et tout au bout, on retrouve le balisage jaune qui monte encore quelques escaliers et là, on entre immédiatement de pleins pieds dans la forêt où quelques panonceaux directionnels sont présents un peu plus haut. On ignore les autres directions y compris celle du « Belvédère » car on reviendra par là et on prend le sentier qui indique « Vernet-St Vincent 0H10 ». A cette époque de l’année,  c’est aux sifflets mélodieux des merles et aux sons du tambourinage infernal des piverts que ce sentier m’amène très naturellement vers le chemin dit de Saint-Vincent. Il suffit de poursuive cette large piste qui file vers les cascades de Saint-Vincent et des Anglais et il ne faudra la quitter qu’à une croisée de chemins où un panonceau indique « Col de Llavent et Pic de l’Alzina. Ce pic, c’est cette « serrat » très boisée qui se situe sur la droite du chemin. Le Canigou, lui, très enneigé mais visible qu’en de rares occasions et selon les lacets du sentier, est soit devant soit sur la gauche A partir de cette intersection, la suite de mon itinéraire est quasiment unique ou bien parfaitement balisée et elle ne présente donc aucune difficulté quand au tracé que je décris.  Au col de Llavent, on emprunte bien sûr la direction de « l’abbaye de Saint-Martin-2h ». A partir de là, la randonnée devient le pendant de celle que j’avais décrite dans ce blog à la Tour de Goa. D’ailleurs, la tour, on la voit déjà et elle apparaît très souvent dans le décor tout au long de la journée. Mais, aujourd’hui, au regard de tous les merveilleux panoramas qui se dévoilent de l’est jusqu’au nord mais surtout vers l’ouest, la belle Tour de Goa n’est qu’un détail presque insignifiant perdu au sein de ces merveilleux paysages . Non, aujourd’hui, on regarde bien plus loin et c’est une immense partie du Conflent qui se distingue jusqu’aux confins du Capcir et de la Cerdagne d’un côté et du Roussillon de l’autre. Par contre, comme nous avions eu l’occasion de le voir depuis les crêtes qui mènent à la Tour de Goa, de la même manière, Casteil et Vernet-les-Bains apparaissent superbement tout au fond du Vallon du Cady mais aujourd’hui nous en avons une vision quasi symétrique depuis l’autre versant. Plus on s’élève et plus le sentier au dessus d’impressionnants ravins très abrupts devient compliqué avec quelques passages de gros pierriers et quelques franchissements rocheux où les mains seront aussi utiles que les pieds. Ici, c’est le terrain de jeux favoris des isards et peut-être aurez-vous la chance d’en apercevoir, ils sont souvent présents dans les éboulis et donc visibles pour peu qu’on soit suffisamment attentifs et silencieux. Même s’il est préférable d’avoir le pied presque aussi sûr qu’eux et d’être aguerris à ce type de sentier, ne vous laissez pas impressionnés par tous ces ravins et ces à-pics vertigineux, le sentier reste somme toute praticable pour peu que l’on fasse un minimum attention. D’ailleurs, nos ancêtres l’ont amplement arpenté ce sentier et vous y découvrirez sans doute avec étonnement de nombreux vestiges d’un pastoralisme aujourd’hui disparu : cabanes de pierres sèches, orris et cortals souvent en ruines sont bien présents. Vous y découvrirez aussi de très nombreux noisetiers et parfois quelques cerisiers et même si insérés dans la végétation exubérante actuelle, ces plantations peuvent vous paraître aujourd’hui anarchiques, il s’agit bien d’anciennes cultures fruitières. Comme dit plus avant, à la Font del Bac dels Monjos, quelques mains courantes aident à franchir les passages les plus ardus. Peu après, quelques filets ont été tendus entre les sapins aux endroits les plus périlleux. La descente vers l’abbaye commence quelques mètres plus loin à condition de négliger le sentier qui file vers l’abri de Moura et d’emprunter celui qui part à droite. Ce carrefour nécessite d’être vigilants. En moins de 15 minutes, on est à Saint-Martin-du-Canigou mais inévitablement, on s’arrête de nombreuses minutes au belvédère qui le surplombe. Perchée sur un éperon rocheux, c’est sans doute de cette plate-forme que l’abbaye construite en 1009 par Guifred II, Comte de Cerdagne se révèle le mieux dans son intégralité. Blottie dans un petit écrin de verdure, l’ancien monastère roman apparaît vraiment dans toute sa splendeur avec son église (ou plutôt ses deux églises superposées une sur l’autre mais peu discernable de là, il est vrai !), son clocher lombard, son jardin et son cloître aux magnifiques arcades composées de superbes chapiteaux et de colonnes de marbre. L’édifice était complètement en ruines au début du 20eme siècle quand Jules Carsalade du Pont, évêque de Perpignan le racheta en 1902 et entreprit de le restaurer. Des milliers de volontaires participèrent à cette  magnifique entreprise de rénovation mais il faut le reconnaître, c’est sans doute grâce à cette initiative de Monseigneur Carsalade du Pont que le Massif du Canigou devint cette montagne sacrée. A cette entreprise hors norme de 1902, il faut aussi se souvenir que quelques années auparavant, le grand poète Jacint Verdaguer était venu chercher à Saint-Martin-du-Canigou son inspiration pour son poème « Canigo » et on comprend mieux pourquoi le fabuleux sommet est devenu un symbole adoré de tous les catalans.  Grâce au père Bernard de Chabannes qui termina les travaux et permit ainsi une renaissance à la spiritualité, l’abbaye retrouva définitivement son lustre d’antan. Depuis 1988, l’abbaye est occupée par une Communauté des Béatitudes qui présente l’originalité d’être composé de fidèles de tous horizons (frères et sœurs consacrées mais aussi laïcs mariés ou non). Je ne vais pas ici vous raconter toute l’histoire de Saint-Martin-du-Canigou car ce serait bien trop long mais sachez qu’il existe de nombreux sites Internet qui lui sont consacrés dont celui de l’abbaye. J’espère que grâce à ma randonnée, vous aurez envie d’aller la découvrir en profitant d’une visite guidée. L’abbaye millénaire mérite vraiment qu’on y prête intérêt et qu’on y consacre quelques euros et éventuellement quelques agréables efforts sportifs. Je vais donc terminer cet article en vous racontant comment on peut refermer cette longue mais très jolie boucle. Personnellement, j’ai quitté l’abbaye et rejoint Casteil par le Ravin du Ridoulté car je ne connaissais pas ce sentier. Mais, vous pourrez opter pour l’autre itinéraire plus praticable qui suit la piste carrossable jusqu’à Casteil et au passage vous en profiterez pour découvrir la chapelle de Saint-Martin-le-Vieux. A Casteil, pour rejoindre Vernet, vous aurez le choix entre mon tracé ou bien plus simplement, suivre l’itinéraire qui longe puis emprunte la D.116. Si vous faites le choix d’effectuer le même parcours que moi, prenez la direction du cimetière (ne la prenez pas si vous êtes mort….. de fatigue bien sûr !) puis du Domaine Saint-Martin. Le tracé a été quelque peu modifié par rapport à la dernière carte IGN. Des panonceaux directionnels sont présents à droite de l’entrée du camping et désormais, il faut emprunter la direction de la Cascade de Dietrich puis contourner le camping par la droite pour rejoindre le col de Llavent. Le balisage jaune est toujours présent. Au col de Llavent, il suffira de suivre la direction de Pic de l’Alzina pour rejoindre Vernet en terminant par la découverte du Belvédère de Burnay qui domine et laisse entrevoir des vues magnifiques sur la cité. Ce retour par le Serrat de l’Alzina présente l’avantage de vues assez époustouflantes sur le sommet du Canigou encore très enneigé en cette saison mais également sur son flanc nord alternant splendides forêts et hautes falaises déchiquetées. Vraiment beaucoup de belles choses à découvrir sur ce parcours sportif qui s'adresse aux bons marcheurs ! Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de deux musiques interprétées par le guitariste britannique Peter White. Elles ont pour titre : "Walk On By" et "Promenade".
      LE-SARRAT-NAOUT
    SARRATNAOUTIGN
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

    Le 9 mars dernier, nous avons réalisé une très jolie randonnée au Sarrat Naout et à la Maison forestière de Gatespa à partir de Rabouillet ou plutôt du Col Bas (1.035 m) qui se trouve au dessus du village et que l’on atteint par une voie carrossable à travers la magnifique forêt communale. Mais malgré la beauté de cette agréable balade, j’ai quelque peu hésité avant de la  mettre sur mon blog. En effet, quand nous y sommes allés, les vents extrêmement violents qui avaient sévi en début d’année avaient fracassé et mis à terre une quantité très importante d’arbres sur les hauteurs les plus élevées du pays Fenouillèdes. Or, c’est justement dans ce secteur de la forêt de Boucheville où passe le GRP Tour des Fenouillèdes que nous avons emprunté au départ que les dégâts semblent avoir été les plus considérables. Bon, en jouant à saute-mouton par-dessus les grands conifères couchés, nous avons réussi à boucler le circuit initialement prévu, mais il faut l’avouer, ce n’était pas très plaisant. Alors j’espère que si un de ces prochains jours, vous envisagez de refaire cette randonnée, les organismes chargés de l’entretien de la forêt auront amplement déblayé ces chemins. C’est tellement plus agréable de cheminer tranquillement sans avoir à déjouer de multiples obstacles ! C’est d’autant plus agréable que ce coin regorge de merveilles faunistiques trop souvent apeurées par les actes de chasse alors quand on a la chance dans une même journée de voir trois chevreuils (2+1), un renard, un écureuil et de multiples oiseaux, on est « chanceux » et on devient automatiquement des randonneurs heureux. De plus, si vous y allez aux beaux jours, vous y découvrirez une flore vraiment exceptionnelle. Je précise toutefois que la plupart des arbres couchés en travers du chemin l’étaient peu après le départ sur une fraction très réduite du parcours et essentiellement sur le tracé du Tour des Fenouillèdes. Les autres chemins ont été très praticables. Malgré son altitude de 1.310 mètres, le « Sarrat Naout » n’est pas en lui-même un objectif à conquérir impérieusement. Recouvert d’une épaisse hêtraie, ici, il n’y a pas vraiment de merveilleux panoramas à observer depuis son sommet hors mis peut-être dans son approche où les vues se dévoilent sur la grandiose forêt de Boucheville et plus loin vers les Corbières et son Pech de Bugarach puis dans sa redescente où quelques fenêtres s’entrouvrent sur les massifs du Madres et du Dourmidou et plus loin vers les Pyrénées Audoises et Ariégeoises. Non, on y va surtout pour le plaisir de marcher en forêt et  la seule gloire que l’on peut en tirer mais tout de même très modeste et pas vraiment sportive, c’est de se dire que l’on a gravi le plus haut sommet des Fenouillèdes. Si j’ai déjà expliqué à plusieurs reprises que « sarrat », « serrat », « serra », « serre »  tout comme  « sierra » signifiait « ligne de crêtes, de montagnes, de collines, de sommets, etc… », peut être vous demanderez-vous ce que signifie « naout » ? Eh bien, en occitan, « naout », mot assez bizarre il est vrai, veut dire  « haut » et le « Sarrat Naout » c’est tout simplement la « Montagne  Haute ». J’ai fait quelques recherches sur l’origine de ce mot et voilà ce que Jacques Azais, Président de Société Archéologique de Béziers écrivait en 1845 dans son « Essai sur la formation et sur le développement du langage des hommes » :

    MOT-NAOUT
    Edifiant non ! Mais reprenons notre marche en avant. Au départ du Col Bas,  on emprunte le tracé du GRP Tour des Fenouillèdes balisé en jaune et rouge. Après avoir parcouru un peu plus de 3 kilomètres et après un virage en épingle à cheveux, on arrive à la jonction de trois chemins. On délaisse le Tour des Fenouillèdes qui continue à droite vers Gatespa, on ignore l’itinéraire central et on fait le choix du chemin le plus pentu qui part complètement à gauche. On va grimper sans pour autant atteindre la crête car peu avant celle-ci on fait le choix de continuer à droite sur un large sentier qui s’aplanit et file en balcon au dessus de l’aire de pique-nique de Gatespa. De là, on aperçoit tout en bas, la maison forestière que l’on découvrira au retour. Le dôme du Sarrat Naout, désormais droit devant, à moitié hêtraie et à moitié sapinière apparaît presque comme une évidence. Le sentier remonte un peu, laisse entrevoir des vues superbes sur l’immensité de la belle forêt et au loin sur les blanches Corbières et retrouve à nouveau un large chemin balisé en jaune qui arrive directement de la Vallée de la Désix. Ce large sentier file tout droit vers le Sarrat Naout, arrive à un nouveau carrefour ou il devient piste en bifurquant vers la droite. Il suffit de poursuivre cette piste si l’on veut éviter de monter au sommet de notre objectif du jour. Sinon, il faut poursuivre tout droit l’itinéraire qui entre dans le bois dont un panneau est là pour nous rappeler que nous sommes dans la forêt domaniale d’Ayguesbonnes-Boucheville. Le modeste dénivelé s’élève d’abord sous de grands sapins puis ces derniers laissent tout à coup la place à d’immenses hêtres droits comme des « I ».Comme je l’ai déjà dit, le sommet ne présente pas un intérêt particulier et seule une borne « IGN » et la pente qui redescend subitement nous font prendre conscience que celui-ci a été atteint. Bien enneigée le jour de notre balade mais heureusement pas réellement verglacée, la descente est très pentue par endroit mais comme quelques vues apparaissent sur la gauche et parfois droit devant, on peut prendre son temps pour l’accomplir et atteindre le Col de Mateplane où l’on retrouve la piste ignorée précédemment. On délaisse bien évidemment cette première piste à droite qui nous ramènerait au pied du Sarrat Naout sur l’itinéraire déjà emprunté et on préfère la poursuivre pour rejoindre le tracé du Tour des Fenouillèdes. Attention peu après la côte 1152, le Tour des Fenouillèdes abandonne la piste forestière au profit d’un minuscule sentier mal balisé en jaune qui descend dans la sombre  forêt pour rejoindre la Maison forestière de Gatespa. Je dis « attention » car depuis mon Tour des Fenouillèdes de septembre 2011, cette courte portion en forêt qui était déjà difficile à appréhender sans GPS, a été en partie pulvérisée par les bulldozers. Quelques arbres où était peint le balisage ont été abattus et sans un GPS vous aurez toutes les peines du monde à vous y retrouver pour rejoindre la maison forestière. Je vous conseille donc d’y préférer l’itinéraire bis que j’ai indiqué en bleu sur la carte IGN. Gatespa est vraiment une clairière très agréable avec une aire de pique-nique composée de grandes tables, de longs bancs de bois et de plusieurs barbecues où à la belle saison des grillades peuvent être organisées. Captée et agrémentée en fontaine, quelques mètres plus loin, coule une agréable source d’eau fraîche qui s’appelle la Font de Coulom. Pour rejoindre la voiture, on passe devant la Maison forestière de l’ONF puis on a le choix entre deux itinéraires. Soit on choisit d’emprunter le Tour des Fenouillèdes soit, comme nous l’avons fait, on opte pour la piste qui descend à gauche vers une autre aire de pique-nique intitulée Rond-Point sur la carte IGN. On rejoint rapidement une route bitumée qui permet d’accéder en voiture à Gatespa depuis la commune de Vira. On ignore le bitume et on poursuit tout droit la piste forestière en terre qui file parallèle à celle du Tour des Fenouillèdes. Ce chemin évite de reprendre  le même itinéraire qu’à l’aller mais surtout il présente l’avantage d’être moins en sous-bois et donc d’être plus ouvert sur un horizon et des panoramas à découvrir. D’ici, on aperçoit essentiellement la magnificence de la forêt, le synclinal de Saint-Paul et plus loin les Corbières du côté du Roc Paradet, des Gorges de Galamus et des Serres de la Quille. Cette piste finit par rejoindre celle du Tour des Fenouillèdes peu avant le Col Bas où la boucle se referme après 5 heures, arrêts et siestes incluses, d’une flânerie très excessive. Histoire de clore agréablement cette belle journée et cette jolie balade en forêt, nous avons terminé par un agréable goûter organisé au petit lac de Rabouillet, point d’eau très rafraîchissant en pleine forêt alimenté par une source captée qui descend directement du flanc sud-est du Sarrat Naout. La distance a été d’environ 13 kilomètres pour la boucle accomplie, un peu plus si vous optez pour la variante conseillée pour rejoindre Gatespa. Le dénivelé est de 275 mètres ce qui  pour une randonnée qui part d’un Col Bas pour gravir une « Montagne Haute » est, vous en conviendrez, presque ridicule ! Carte IGN 2348 ET Prades- Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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    Ce diaporama est agrémenté de la musique "Jean-Pierre" jouée par le compositeur et trompettiste de jazz américain Miles Davis, extraite de son album "We Want Miles". Il est accompagné ici de Marcus Miller (basse), Bill Evans (piano) et Mike Stern (guitare).
     LE-CAMI-DELS-ORRIS
    CAMIORRISIGN

    En général quand on va à Salses, c’est soit pour visiter le célèbre château, soit parce qu’on va y voir des amis ou des connaissances et enfin la meilleure des raisons c’est parce qu’on y réside. Alors, vous allez sans doute me traiter d’original, si je vous dis qu’il y a une quatrième bonne raison, c’est celle d’y aller pour randonner. Dans mon blog, ce bon motif, j’avais déjà eu l’occasion de le mettre en exergue en vous emmenant sur un itinéraire très original qui s’appelait le « Cami de las Sanyes ». Cette fois, avec cet article, c’est un autre « cami » que je vais vous faire découvrir et ce dernier bien connu des salséens et des randonneurs du coin s’intitule le « Cami dels Orris ». A vrai dire, si je n’ai rien d’un original, je suis par contre toujours à la recherche de circuits de balades pas trop loin de chez moi que j’appellerais « d’entraînement ». En hiver, ces entraînements ou ces décrassages sont souvent nécessaires avant d’affronter les grands dénivelés ou les longues excursions pyrénéennes qui nous attendent dès l’arrivée des premiers beaux jours. Dans ma bouche, ce terme « d’entraînement »  n’a rien de péjoratif et il ne signifie pas automatiquement « sans intérêt » ou « déplaisant » et d’ailleurs, ce Cami dels Orris n’est ni inintéressant ni désagréable à cheminer. Si comme moi, vous aimez contempler des choses nouvelles et que vous avez toujours cette envie de marcher quelque soit les types de terrains, vous pouvez y aller sans crainte, par contre, si vous pensez y découvrir des quantités d’orris, ces petites cabanes pastorales de pierres sèches, abstenez-vous d’y aller. En effet, je ne pense pas avoir été plus distrait qu’à mon habitude ou bien ne sont-ils pas suffisamment bien indiqués mais je n’ai pas vu le moindre orri sur le parcours en question. Pour en entrevoir trois dont deux bien en ruines, je me suis donné « un mal de chien » et en plus, il a fallu que je marche plusieurs centaines de mètres supplémentaires hors du circuit parfaitement balisé pour les trouver.  Non, sans vouloir offenser celui ou ceux qui lui ont donné ce nom, cette dénomination de  « Cami dels Orris » me semble vraiment inappropriée presque usurpée dirais-je. Bon, personnellement, je l’aurai appelé le « Cami de la Combe Française » mais peu importe, les panonceaux du balisage l’appelant ainsi sont tellement nombreux ; en tous cas nettement plus nombreux que les orris eux-mêmes, qu’il n’aurait pas été très sérieux que je l’appelle différemment sur mon blog. Le départ peut s’effectuer devant le château ou bien devant le parcours sportif qui le jouxte où un premier panonceau est présent juste en dessous de celui indiquant la « Forteresse de Salses ». On longe la route parallèle à la voie ferrée, on passe devant le château, un deuxième panonceau est déjà là et indique la direction à suivre et on poursuit la route bitumée qui nous amène vers un court tunnel permettant le passage sous le réseau autoroutier.  Ici, en sortant de ce boyau métallique, l’asphalte laisse la place à une piste terreuse et si on arrive à oublier le tumulte de la circulation omniprésente, on a le sentiment de basculer dans un autre univers : celui de petites pinèdes verdoyantes, de rangées de cyprès délimitant quelques vignobles soignés aux ceps parfaitement alignés, et surtout de collines arides et d’une garrigue colorée en jaune par les innombrables ajoncs déjà fleuris, prémices d’un printemps qui s’annonce. Sous un chaud soleil d’hiver et un ciel bleu d’une pureté presque absolue, tous ces éléments dessinent un paysage plutôt agréable à cheminer et on est enchanté de se décrasser les poumons de cet air limpide. Le balisage est suffisamment présent pour ne pas que l’on se trompe aux nombreuses intersections. Mais malgré ça, ce n’est pas aussi simple et si évident car peu après le tunnel autoroutier, une pancarte indique le « Cami dels Orris » à gauche et une autre, la présence d’orris si on choisit d’aller tout droit. Alors que faire ? La logique voudrait que l’on continue le circuit mais d’un autre côté, on peut se dire « et si les orris à découvrir étaient hors du parcours balisé ? ». C’est en tous cas, la question que je me suis posée et bien m’en a pris.  Enfin bien ou mal,  comme je suis toujours très curieux sur tout ce qui touche à la nature, j’ai décidé d’aller voir ces fameux « orris ». Comme je l’ai dit plus haut, pour en voir deux dont un en ruines, j’ai tout de même parcouru, au bas mot, plus d’un kilomètre et demi aller-retour. Alors, je ne sais pas si c’est un bien ou un mal et si vous ferez comme moi mais c’est pratiquement les seuls orris que j’ai vu ce jour-là à l’exception d’un autre bien détruit lui aussi qui se trouve au dessus de la carrière.  Après cet aller-retour au milieu du vignoble et des amandiers en fleurs, j’ai emprunté la piste qui entre et poursuit sa route d’abord dans un large vallon puis dans un défilé plus étroit entouré de collines calcaires dénudées côté soulane et de quelques pins côté ubac. Seuls quelques pylônes électriques viennent gâcher le paysage. En souvenir des violents combats qui s’y sont déroulés entre troupes françaises et espagnoles pour la conquête de la célèbre enceinte fortifiée de Salses, ce joli vallon, vous le trouverez sur la carte IGN sous la dénomination de Combe Française. L’histoire retient cette période sous le nom de Siège de Salses (1639-1640) qui a vu tour à tour les deux protagonistes se partageaient la victoire et la défaite. Pas très étonnants ces résultats, quand on sait que l’imposant château est planté là, au beau milieu de la plaine littorale. Il était donc relativement facile d’y encercler une garnison, d’y tenir un blocus et d’y harceler l’ennemi depuis les crêtes des collines environnantes. C’est exactement ce qui s’est passé.  Parmi toutes ces collines, premiers contreforts des Corbières, et quant on regarde la carte, on constate que celles qui dominent la Combe Française sont, depuis l’intérieur des terres, une position stratégique puisqu’elles constituent les derniers remparts naturels avant d’atteindre les profonds fossés et les hautes murailles du château. Alors une fois de plus comme je suis très curieux, une fois arrivé au bout de la combe, je suis sorti de l’itinéraire balisée et j’ai grimpé cette colline pour avoir une vue aérienne du château. En plus de la vue aérienne sur l’imposante forteresse comme je suis arrivé en surplomb de l’ancienne carrière, j’en ai profité pour en faire le tour en longeant le grillage de sécurité, histoire de voir si je ne pouvais pas compléter ma collection de minéraux de quelques cailloux intéressants. Bien sûr, rien ne vous obligera à faire de même et vous pourrez rester sur le « Cami dels Orris ». Pour cela, il suffira que vous poursuiviez le balisage toujours bien présent sur un sentier qui s’est très sérieusement rétréci en montant vers un étroit collet. Avec de magnifiques vues sur l’étang, sur le village de Salses lui-même et sur la plaine roussillonnaise qui s’étire depuis la mer magnifiquement bleutée jusqu’au pied du massif des Albères ou de la cime enneigée du Canigou, le sentier monte et descend dans de minuscules ravines en continuant à zigzaguer dans la garrigue. Il vous amène dans des décors très contrastés vers une  petite colline boisée au joli nom de La Montagnette entourée de quelques pinèdes, de petits prés plantés d’arbrisseaux sauvages et de petites vignes. Juste avant la Montagnette, c’est à dire peu après la carrière, on vous propose deux versions de ce « Cami dels l’Orris » : une version courte intitulée « Petite Boucle » et une version longue ou « Grande Boucle ». Comme j’ai opté pour cette dernière alors bien sûr je ne peux vous parler que de celle-ci. Personnellement, j’ai donc contourné cette « Montagnette » en étant vigilant car de nombreux panonceaux indiquent que les Archers Catalans ont investi les lieux pour en faire leur parcours de tirs. Plus loin, j’ai retrouvé le vignoble roussillonnais qui s’étire ici presque à perte de vue pour arriver au Mas Lacombe où j’ai récupéré une route bitumée qui m’a amené à nouveau sous l’autoroute A9. Après être passé sous le pont autoroutier, je suis arrivé au sud de Salses où par la départementale D.5b je suis très rapidement entré dans le village. La fin est une simple formalité puisqu’une fois dans Salses, il suffit de reprendre la direction du château pour rejoindre sa voiture. Ayant fait deux entorses à l’itinéraire normal  (orris puis carrière) j’ai parcouru une quinzaine de kilomètres pour un faible dénivelé de 120 mètres environ. Je pense que la « Grande Boucle » doit être longue d’à peu près 11 kilomètres. De bonnes chaussures de marche sont vivement conseillé sur ce terrain très souvent rocailleux. Pour ceux qui n’ont jamais visité le château et qui ne connaissent pas son histoire, je vous conseille vivement d’en faire une découverte commentée. Personnellement, j’ai réalisé cette visite il y a déjà quelques années mais j’en garde un souvenir impérissable tant le guide avait su nous faire revivre magnifiquement l’Histoire de ce château. Elle reste parmi les visites guidées les plus intéressantes qu’il m’ait été données de faire. Carte IGN 2547 OT Durban Corbières – Leucate – Plages du Roussillon – Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques jouées à l'harmonica qui sont successivement : "Michèle" par Robert Jassen, puis "A Star Is Born Theme", "Emmanuelle 2' et "Ben" par The London Starlight Orchestra.
    CARRIERECAILLAUIGN

    Je ne compte plus le nombre de fois où dans ce blog, j’ai évoqué la carrière de talc de Caillau et pourtant, en y regardant de plus près, je me suis aperçu que jamais je ne vous l’avais faite découvrir, ni dans un article, ni dans aucune de mes photos. Alors, avec cette petite balade à partir du Col de Jau (1.506 m), je répare cette lacune mais je l’avoue c’est un peu le hasard qui l’a voulu ainsi. En effet, en ce jour de janvier superbement ensoleillé, Dany et moi, nous étions partis avec l’idée première de faire l’ascension du « Pic Dourmidou en raquettes » mais si le soleil était très présent ce jour-là, sans doute l’avait-il été suffisamment les jours précédents pour qu’il n’y ait plus aucune trace de neige ni au sommet et encore moins sur ses flancs. En effet, quand nous arrivâmes au Col de Jau, notre objectif du jour ressemblait plus au pic débonnaire et pelé qu’on a l’habitude de voir en plein été qu’à cette grosse coupole blanchâtre où nous étions déjà venus faire des raquettes lors d’hivers précédents et qu’on est en droit d’attendre un 22 janvier ! Il faut reconnaître que voir le sommet de Dourmidou avec ses 1.843 mètres d’altitude ainsi que ses flancs sans la moindre plaque de neige est assez rarissime en cette saison pour être signalé. Depuis Perpignan, le déplacement jusqu’au Col de Jau étant conséquent et l’heure étant déjà bien avancée, il était donc important de prendre une décision rapide quand au choix à retenir : soit nous grimpions au Dourmidou sans raquettes, excursion qui ne semblait pas avoir la faveur de Dany soit nous options pour une autre solution. C’est ainsi qu’a germé le projet d’aller balader jusqu’à la carrière de talc de Caillau. Cette idée de découverte étant aussitôt entérinée, nous avons harnaché nos sacs à dos et avons pris immédiatement la piste forestière qui file en direction du refuge. Connaissant le parcours et la faible distance à parcourir, je savais que nous pourrions flâner plus que de raison et c’est donc avec un train de sénateur que nous partîmes à la découverte de l’ancienne carrière. Cette agréable flânerie à travers la superbe forêt de Lapazeuil fut, il est vrai, encore très ralentie par les nombreuses et importantes plaques de glace qui recouvraient la piste dans les endroits les plus ombragés. Plus nous avancions vers le refuge et plus les parties gelées et parfois même enneigées se faisaient plus courantes et pénibles d’autant que nous n’avions pas de crampons à glace sous nos chaussures et que nous avions cru bon de laisser nos raquettes dans le coffre de la voiture. Sur ce terrain extrêmement glissant, il nous fallut trois quarts d’heures pour atteindre le refuge dont je gardais personnellement un excellent souvenir pour y avoir séjourné en 2007 lors de mon inoubliable Tour en solitaire du Coronat. Je garde encore en mémoire et je dirais presque en bouche, les succulentes lasagnes qu’Armelle nous avait confectionnées ce soir-là et je me souviens en souriant avoir peu dormi à cause des ronflements assourdissants de mes compagnons de chambrée. Mais revenons à notre balade pour dire que la suite de notre marche en forêt ne fut guère meilleure même s’il est vrai que le tronçon qui surplombe la magnifique Jasse de Caillau est un peu plus ensoleillé. Plus nous montions vers la carrière et plus les petits névés de glace ou de neige étaient plus nombreux et plus épais. Aussi, avant de quitter la piste et de partir à la découverte de la carrière, nous avons profité d’un coin magnifiquement ensoleillé pour pique-niquer. Quand le casse-croûte fut avalé et l’heure de la visite de la carrière de talc arrivée, Dany trouva que le sentier qui y mène était bien trop verglacé et donc dangereux pour poursuivre. Nous avons bien tenté d’y accéder par les hauteurs en poursuivant la piste mais la carrière est inaccessible car elle a été complètement grillagée par mesures de sécurité. Laissant Dany au soleil, je partis donc tout seul à la découverte de la vieille carrière en longeant le petit ruisseau qui semble y prendre sa source en hiver. Ce ru parait finir sa course un peu plus bas dans la rivière de la Castellane. J’ai donc tenté l’aventure en suivant le filet d’eau dont les berges étaient de vraies patinoires et j’ai fini par atteindre l’ancienne mine d’extraction à ciel ouvert qui en cette saison, ressemblait à un véritable petit glacier. En voyant ce modeste cirque terreux jonché de rochers, de pierres, de bois et de glace, je ne pus m’empêcher de penser à un sérac en miniature tels qu’on peut en voir au pied de certains grands glaciers alpins. Devant ce décor âpre et difficile, on comprend mieux pourquoi, l’exploitation n’était possible qu’à partir des premiers beaux jours. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’évoquer dans ce blog, la carrière de talc de Caillau a toujours été étroitement liée avec le Domaine de Cobazet (*), situé un peu plus bas. Ici la société Chefdebien a commencé à extraire de la stéatite en 1885 mais il semble que le filon était déjà parfaitement connu et exploité bien antérieurement. La stéatite est une roche tendre composée presque essentiellement de talc, talc qui une fois mélangé à du sulfate de cuivre donne de la sulfostéatite cuprique. Cette poudre fabriquait dans l’usine Gibraltar de Prades était plus connue sous le nom de « Bouillie catalane » ou « Poudre Chefdebien ». Autant dire qu’à la fin du 19eme siècle, cette poudre tombait à pic, car en 1879, le mildiou de la vigne venait juste d’être identifié pour la première fois dans le vignoble bordelais. Cette poudre eut donc ses grandes heures de gloire car elle était censée lutter très efficacement contre le mildiou de la vigne et autres maladies cryptogamiques en général. Toutes ces informations, je les ai recueillies sur Internet dans la très intéressante Histoire de Mosset. Cette Histoire nous apprend que le talc aurait été exploité jusqu’à l’année 1972 et l’ensemble des activités de l’usine s’arrêta définitivement en 1975. Au cours de toutes ces années d’extraction, le transport du talc a été effectué de diverses manières vers des lieux de cette belle montagne qui sont devenus aujourd’hui des objectifs de balades. J’ai déjà eu l’occasion d’en décrire quelques-uns dans mon blog. Outre Caillau où se trouvent la carrière et l’ancienne maison des mineurs, aujourd’hui transformée en refuge pour randonneurs, le nom de ces lieux déjà décrits sont Canrec, Cobazet, Estardé et les cols de Tour ou de las Bigues. En effet, depuis la carrière, le talc traversait le superbe forêt de Canrec puis via le col de Tour partait jusqu’au lieu-dit Cobazet où se trouve la métairie. Ensuite via le col de Las Bigues, le talc filait jusqu’à Estardé où se trouvait une gare de transit. Depuis Estardé, le talc était ensuite acheminé vers Campôme à l’aide de bennes suspendues à des câbles. A Campôme, des charrettes tirées par des chevaux amenaient le talc jusqu’à la fabrique de poudres de Prades. Tous les moyens de transports ont été bons, mules, chevaux, bœufs, hommes, charrettes, mais très rapidement, un petit train tracté par une locomotive Decauville fit le trajet entre Cobazet et Estardé, puis la ligne fut mise en service jusqu’à la carrière. Au fil des années, le Baron de Chefdebien puis ses successeurs tentèrent de moderniser les infrastructures pour gagner du temps et transporter plus de minerais et ainsi d’autres moyens de transports plus récents et plus rapides furent mis en service. A Cobazet, on éleva de grands pylônes et par des systèmes de bennes suspendues à des câbles, le talc était descendu beaucoup plus rapidement vers la vallée de la Castellane au lieu-dit la Farga de Dalt (la Forge Haute). Là, le talc était réceptionné et des camions l’amenaient à l’usine de Prades. C’est ainsi que très rapidement la Gare d’Estardé ne servit plus à rien, tomba en désuétude et très rapidement en ruines. Quand on vient à la carrière de Caillau et dans ces lieux en général, il faut avoir une tendre pensée pour tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont travaillé dur et qui ont vécu cette difficile aventure de l’exploitation du talc. Il y eut une main d’œuvre très diverse (mineurs, cheminots, jeunes volontaires, prisonniers de guerre, immigrés,etc…)  et si vous avez envie d’en savoir plus, je vous recommande vivement la lecture des excellents récits de Monsieur Jean Llaury et de certains de ces collègues que vous trouverez dans plusieurs numéros du Journal de Mosset- JDM (Histoire de Mosset). Si comme moi et sans être un vrai spécialiste de la minéralogie, vous aimez bien garder quelques  "souvenirs" de vos balades, ici à la carrière de Caillau, vous pourrez, outre la stéatite, trouver quelques minéraux intéressants. Après la découverte de la carrière que je vous conseille d’approcher à une autre saison que celle que j’avais presque involontairement choisie, il suffit de reprendre le même chemin jusqu’au col de Jau. Selon mon GPS, cet aller-retour fait moins de 10 kilomètres pour un modeste dénivelé de 120 mètres. Si malgré mes conseils, vous devez y aller en hiver, comme ce fut le cas pour nous, pensez à vous munir de crampons à glace et éventuellement de raquettes si la neige est abondante. Monsieur Llaury et ses collègues proposent une autre balade en boucle pour se rendre à la carrière de Caillau et ils semblent d’ailleurs conseiller le printemps comme meilleure saison, car selon eux une magnifique flore très variée y est présente dans l’amphithéâtre même de la mine à ciel ouvert. Alors patientez encore un peu, le printemps arrive  ! Carte IGN 2249 ET Font-Romeu et 2248 ET Axat-Quérigut Top 25.

    (*) Si l'histoire du Domaine de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.


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    Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons interprétées par Alain Bashung. Elles ont pour titre : "Les Mots Bleus" de Christophe avec Armand Amar, "Madame Rêve""Vertige de l'Amour" et "Osez Joséphine".
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    Avec les Pyrénées-Orientales, ce qu’il y a de bien, c’est que quelque soit la région vers laquelle on se tourne, il y a presque toujours des collines ou des montagnes à gravir. Alors quand on est randonneur et qu’on habite la plaine de ce beau département, on a cette chance inouïe de n’être qu’à quelques kilomètres de magnifiques régions montagneuses que sont le Vallespir, le Conflent, les Aspres, les Fenouillèdesles Corbières sans oublier bien sûr le Capcir et la Cerdagne qui constituent les prémices de la longue chaîne pyrénéenne. Mais géographiquement, la plus proche et la plus orientale des montagnes pyrénéennes c’est le Massif des Albères dont les premiers vrais contreforts démarrent du côté du Cap Cerbère et du Cap Creus au fond d’abyssaux canyons. Alors, les crêtes des Albères, où je vous amène marcher aujourd’hui, présentent cette particularité de laisser entrevoir des panoramas à couper le souffle tant vers la Grande Bleue que vers les Pyrénées et ça, il faut le reconnaître, peu d’autres régions offrent l’opportunité de tels regards à la fois si proches sur la mer et sur la montagne. Le Puig Sant-Cristau ou Pic Saint-Christophe (1.015 m) que nous allons gravir à partir de Saint-Jean d’Albère, mais qui est également accessible depuis Montesquieu-des-Albères ou Villelongue-dels-Monts, permet de telles vues même s’il est vrai qu’une partie d’entre-elles sur la Méditerranée est obstruée par le Pic Néoulous tout proche qui, avec ses 1.256 m constitue le point culminant du massif. Mais n’ayez aucune crainte, la mer vous la verrez quand même et si en plus le temps est très beau et clair, c’est une immense partie de la fantastique cambrure du Golfe du Lion que vous apercevrez au bout de la Plaine du Roussillon qui démarre ici, aux pieds même des Albères. Pour cela, il faut d’abord laisser sa voiture à L'Albère, minuscule hameau blotti au milieu des chênes lièges où l'église Saint-Jean est le monument essentiel. Là, on commence par emprunter la D.71 vers l’ouest sur 400 à  500 mètres environ. On ignore le panneau Coll Sant-Joan mais on ne doit pas louper celui indiquant le Col de Llinas à 1h20 de marche. C’est un très mauvais sentier, caillouteux plus qu’il ne faut qui démarre et monte rudement en se faufilant au milieu d’une végétation typique du piémont méditerranéen où les taillis de chênes verts prédominent. Mais si vous vous intéressez à la flore et que vous prêtez attention, vous constaterez qu’une variété extraordinaire d’arbustes et de plantes prolifère dans cette luxuriante végétation : arbousiers, buis, cistes, romarins, genêts, ajoncs, bruyères, euphorbes, fougères, sauges, ronces, menthe, fragon, aspérules, genévriers, hellébores, etc.… mais aussi quelques arbres plus élevés comme le bouleau blanc, le chêne-liège ou pubescent.  Le sentier, lui, balisé en jaune mais originalement enrichi parfois de quelques cailloux suspendus au bout d’une cordelette, s’est bougrement amélioré et finit pas atteindre le superbe dolmen de Na Cristiana, plus communément appelé ici Balma de Na Cristiana. De cette sépulture, les spécialistes prétendent qu’elle serait, avec son immense table de gneiss reposant sur sept autres dalles plantées dans le sol, un des plus beaux dolmens du département. Après quelques photos sous toutes les coutures de ce superbe monument mégalithique, on poursuit le sentier qui, brusquement s’entrouvre sur un magnifique Canigou enneigé et une Espagne bleutée, mais aussi,  sur le Perthus et son fort de Bellegarde, le Massif des Salines tout proche, les Aspres et une immense portion du Vallespir. On finit par atteindre un abri pastoral en surplomb de la forêt où plus aucun arbre ne vient contrarier la vision de ces merveilleux panoramas. De manière surprenante, le sentier redescend quelques temps mais c’est d’abord pour filer en balcon et mieux remonter vers le col de Llinas qui l’on aperçoit entre deux promontoires rocheux. Le col est vite atteint et depuis cette vaste esplanade herbeuse le regard bascule sur l’immensité de la mer Méditerranée où l’horizon se perd dans un bleu infini. A nos pieds, c’est le Roussillon qui déroule sa vaste plaine que seules les Corbières arrêtent au loin, vers le nord. Avant de repartir, on remarque une borne marquant le col et surtout un mur agrémenté de deux cavités que l’on pourrait prendre pour des fours. En réalité, il s’agit de soutes à munitions qui datent de la guerre franco-espagnole de 1793 à 1795 que l’on connaît ici sous le nom de guerre du Roussillon ou des Pyrénées et plus généralement de guerre de la Convention car elle oppose le Royaume d’Espagne commandé par le général Antonio Ricardos à le France révolutionnaire de la Convention Nationale. Les Espagnols, eux, l’appelèrent la « Guerra Gran ». En réalité, cette guerre ou plutôt ces guerres mirent aux prises un grand nombre de nations car même si elle fut entamée en avril 1792 par les révolutionnaires français qui voulaient exporter leurs idées vers d’autres pays, nombreux furent les royaumes et duchés européens qui virent d’un mauvais œil les profonds bouleversements que la Révolution Française de 1789 avaient engendré. Tous les pays n’entrèrent pas en même temps dans le conflit mais néanmoins, cette alliance composait des royaumes d’Espagne, de Sardaigne et des Deux-Siciles, du Portugal, des Pays-Bas, de Grande-Bretagne, de Prusse et de l’archiduché d’Autriche, on l’appela la Première Coalition. Ici, à ce col de Llinas situé au pied du Puig Sant-Cristau, vous êtes sans doute peu nombreux à imaginer qu’il s’agit d’un haut-lieu stratégique de ce qu’on a appelé improprement la deuxième bataille du Boulou et dont la France est sortie définitivement vainqueur. En effet, en avril 1794, le général Dugommier est convaincu que pour battre les Espagnols, il faut encercler leur quartier général du Boulou. Pour cela, une seule stratégie, s’emparer du Puig Sant-Cristau pour redescendre sur l’autre versant des Albères. Les Espagnols cantonnés au Boulou n’imaginent pas cette stratégie mais vont néanmoins avancer et se battre farouchement à Montesquieu-des-Albères et c’est là, que le plus fort de la bataille aura lieu le 30 avril et le 1er mai. Les Espagnols sont repoussés et vaincus, mais comme ils ont délaissé le Puig Sant-Cristau, Dugommier envoie le général Pérignon s’en emparer, le but de cette manœuvre étant d’acheminer de nombreuses pièces d’artillerie et de nombreux bataillons puis de redescendre de l’autre côté de la vallée, du côté du Perthus et des Cluses, pour prendre à revers et encercler les forces militaires espagnoles cantonnées au Boulou. L’autre objectif, bloquer toute tentative de retraite et couper les liaisons avec la garnison du Fort de Bellegarde situé au dessus du Perthus. Aidé par le général Augereau qui va s’occuper de l’autre flanc du côté des Aspres et de Céret, le plan ainsi élaboré va fonctionner à merveilles et sera un vrai succès car les Espagnols seront mis en déroute. Le Fort de Bellegarde que l’on aperçoit depuis ces crêtes, lui, ne sera repris qu’en septembre après quatre jours de siège. Cette victoire scella définitivement le sort des Espagnols offrant ainsi une victoire éclatante aux forces révolutionnaires. La guerre entre les deux pays se termina par le Traité de Bâle de 1795 qui vit la soumission de l’Espagne mais également de la Prusse. Seuls le Portugal, la Grande-Bretagne et l‘Autriche restèrent en guerre contre la France. Voilà pour l’Histoire avec un grand « H » de ce lieu qui a vu des milliers d’hommes des deux camps y laisser très courageusement leurs vies pour, il faut le dire, un piètre résultat si ce n’est celui de préserver les mêmes frontières que celles du Traité des Pyrénées de 1659. Pour la petite histoire, celle de cette jolie randonnée, j’ai délaissé le petit sentier qui monte rudement vers le col de la Branca et j’ai préféré emprunter la piste bien plus « cool » qui monte en zigzaguant jusqu’à ce même col et se poursuit jusqu’au pied du Puig Sant-Cristau. En montant, vous remarquerez deux autres soutes à munitions et sur la crête et au pied du pic, un vaste terre-plein herbeux construit sur un très haut soubassement de pierres sèches. Cette plate-forme présente l’avantage de vues sur les deux versants et a sans doute servi à installer les nombreuses pièces d’artillerie que les hommes du général Pérignon avaient eu la force et l’audace de monter jusqu’ici. Le sommet du pic Saint-Christophe est occupé par une chapelle rustique, par les ruines d’un vieux « castell » dont les premiers textes en mentionnent la présence au XIeme siècle et d’autres ruines dont on dit qu’elles seraient celles d’une ancienne tour à signaux. On profite largement du panorama à 360° pour effectuer une pause ou mieux, avaler un pique-nique bien mérité. Après cette découverte du pic avec vues sur des paysages époustouflants, on poursuit notre boucle en suivant le balisage jaune qui descend en dessous de la chapelle et file côté est sur des crêtes rocheuses souvent déchiquetées. La suite est d’une grande simplicité dans la mesure où on ne perdra pas le fil du balisage. Au col de la Font, on peut écourter cette balade en empruntant un sentier qui descend à Saint-Jean en 40 minutes. Moi, j’ai poursuivi tout droit car mon intention était d’atteindre également le sommet du Puig d’Orella ou Pic d’Aureille (1.031 m), histoire de rallonger quelque peu cette courte mais sportive randonnée et de crapahuter une peu sous les hêtres et les pins Laricio de cette splendide forêt domaniale des Albères. J’ai longé la crête par les cols de Baladre et de Sant-Joan pour finalement atteindre le sommet juste avant qu’un groupe de randonneurs n'envahisse ce joli belvédère. Le temps d’engloutir un autre sandwich en observant de nouveaux panoramas dont quelques uns superbes sur Saint-Jean d’Albère et sur le Néoulous enneigé et me voilà parti sur un agréable sentier qui descend vers le Roc del Grévol. Etroite, la sente se faufile au milieu de fougères presque aussi hautes que les petits arbres d’une jeune sapinière où j’entends caqueter des coqs de bruyère sans avoir pour autant le chance de les apercevoir. Au roc, on retrouve une piste forestière, qui par la gauche, nous ramène sans soucis au col Sant-Joan où un petit sentier mal débroussaillé au début descend vers Saint-Jean d’Albère. Attention, dans cette descente balisée en jaune, n’allez pas trop vite, à la fois car elle est par endroits un peu laborieuse mais aussi pour ne pas perdre de vue les marques de peinture jaunes pas toujours évidentes à repérer. Le sentier débouche à l’ouest du village sur la D.71 qu’il faut emprunter sur 600 mètres environ pour retrouver sa voiture. Cette randonnée telle que décrite ici est longue de 14 kilomètres pour un dénivelé de 500 mètres environ. En raison des sentiers parfois très caillouteux et difficiles, il est fortement recommandé d’y venir randonner avec de bonnes chaussures de marche bien crantées. Carte IGN 2549 OT Banyuls Top 25.

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