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    Ce diaporama est agrémenté de 4 sublimes morceaux de boogie-woogie, dont le célèbre "Boogie-Woogie Queen", interprétés ici par les pianistes Ladyva et Brendan Kavanagh plus connu sous le nom de Dr.K. 

    LES-TOURS-DE-CABRENS

    TOURSCABRENSIGN
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    Les Tours de Cabrens font partie des randonnées incontournables de notre beau département. Toutefois, si on s’amuse à comparer celles-ci à certaines ascensions de nos hauts sommets des Pyrénées-Orientales, une randonnée aux Tours de Cabrens reste somme toute très confidentielle. Par exemple, je me suis amusé à taper sur Google les mots Canigou, Carlit, Costabonne et Cabrens précédés du mot « randonnée » et voilà les résultats qui donnent tout de même une idée de l’attrait que présente le lieu en question : Canigou 107.000 résultats, Carlit 31.600, Costabonne 2.740 et Cabrens 1.230.  Bon, j’avoue qu’il ne faut pas trop prendre à la lettre ces statistiques car si vous tapez dans Google le mot « randonnée » suivi des mots « Pic de Garces » qui est, comme chacun sait, un ridicule sommet à 675 mètres d’altitude au dessus de Céret, vous obtenez le résultat très étonnant de plus de 8 millions de résultats. Alors soit il y a un problème dans Google car je doute que les sentiers du Pic de Garces soient 80 fois plus empruntés que ceux du Canigou soit toutes les garces du monde aiment la randonnée pédestre ! Un peu d’humour ne peut pas faire de mal alors je tiens à préciser que je plaisante bien sûr car sinon plus aucune randonneuse ne viendra visiter mon blog. Bon, vous l’avez compris, cet article est consacré à une randonnée aux Tours de Cabrens qu’une fois encore j’ai effectué en solitaire et au cours de laquelle, je n’y ai rencontré âme qui vive. Parfois, c’est bien ainsi car la fois précédente lors de mon Tour du Vallespir de 2009, j’avais rencontré à Cabrens quelques randonneurs très désagréables, bruyants et sans aucun savoir-vivre. Non, cette fois-ci tout c’est bien passé et je suis parti bien tranquillement du village de Lamanère, lui aussi complètement désert. J’ai emprunté la « Carrer de Dalt » où un panonceau indique dès le départ les « Torres de Cabrenç » puis un peu plus haut, c’est le « Cami de la Font de Dalt » dont la ruelle pentue et cimentée s’élève entre les vieilles maisons en pierres. Les premières vues sur le village apparaissent. Encore plus haut, on finit par sortir du village avec des fenêtres qui s’entrouvrent entre les arbres, en bas vers le vallon du ruisseau du Saladou et en haut vers le long massif de la Baga de Bordellat. Ce massif, je le regarde d’un œil amusé me souvenant d’une mésaventure que Dany et moi avions vécu, il y a de nombreuses années de cela, lors d’une autre randonnée pédestre. Je ne peux m’empêcher de vous la raconter : « C’était presque au début où nous pratiquions la randonnée pédestre et en tous cas, la toute première fois que nous partions marcher deux jours. Notre choix s’était porté sur les crêtes de la Bagat de Bordellat que j’avais découvert dans le célèbre « 100 randos dans les P.O » de Georges Véron. Nous étions partis avec tente et bardas. Le soir au moment de s’installer dans un pré, voilà que Dany s’aperçoit qu’elle a perdu son duvet qui était censé être accroché à son sac à dos. Avant que je n’aie le temps de la retenir, la voilà qui part en courant et qui dévale la pente. Je sors mes jumelles mais elle est partie à une telle vitesse que quand je finis par l’apercevoir, elle n’est déjà qu’un tout petit point à l’horizon. Au bout d’une heure, je ne la vois toujours pas revenir et je commence sérieusement à m’inquiéter car le soir tombe. Je pars à sa rencontre et enfin, je la vois revenir vers moi mais bredouille. Entre-temps et heureusement j’ai dressé la tente et nous avons juste le temps de souper avant que la nuit fonde sur nous. Les insectes eux n’ont pas attendu et ils ont déjà fondu sur nos épidermes !  Dans notre tunnel de toile, nous partageons le seul sac de couchage qu’il nous reste en le transformant en une couverture peu pratique et comme la nuit va s’avérer très fraîche, nous revêtons en supplément de notre accoutrement du parfait randonneur tout ce nous avons de chaud et notamment un gros pull en laine que nous avions emmener en prévision.  La nuit s’avérera d’autant plus fraîche qu’ayant voulu transformer mon « Camelback » en oreiller, celui-ci se videra presque entièrement de son contenu et nous passerons l’essentiel de notre nuitée à baigner dans l’eau que nos pulls en laine ont copieusement pompée. Le lendemain, bien évidemment nous manquerons d’eau et en plus, nous marcherons une heure trente avant de retrouver le « fameux » sac de couchage. Une heure trente aller et une heure trente retour soit trois heures de plus que prévu à notre déjà très longue balade. Autant vous dire que pour une première expérience, celle-ci est restée très longtemps gravée dans nos têtes et de ce fait, la Bagat de Bordellat que j’aperçois aujourd’hui aussi ! ». Voilà pour l’anecdote. Le petit sentier balisé en jaune et rouge (GRP) atteint très vite une première piste. Quelques cairns précisent la direction à suivre. Pour deux raisons, il faut prêter attention aux cairns et au balisage et éviter de les perdre. Primo, parce qu’ils ne sont pas spécialement présents partout et suffisamment réguliers pour être évidents à suivre et secundo, il ne faut plus se fier aux itinéraires figurant sur les cartes IGN dont la plupart sont trop anciennes. Certains sentiers sont devenus obsolètes et c’est ainsi qu’il ne faut plus poursuivre cette première piste mais grimper presque immédiatement en face au sein du bois pour en atteindre une deuxième où un gros cairn a été élevé pour les promeneurs arrivant en sens inverse. Là, par contre, il faut poursuivre cette deuxième piste vers la droite même si le balisage est peu évident voire absent jusqu’à rencontrer une vieille pancarte jaune attachée à un poteau avec un bout de ficelle, pancarte sur laquelle on lit difficilement « les Torres de Cabrenç ». On quitte la piste pour s’élever dans une belle forêt de feuillus. Entre temps et depuis la piste, on aura amplement aperçu les « fameuses » Tours de Cabrens et on aura eu largement le temps d’apprécier les difficultés qui nous attendent. Au sein du bois, on continue de grimper sur le sentier le plus évident où d’autres pancartes diverses et variées vont se présenter rassurant le randonneur quand à la pertinence de l’itinéraire. La plupart de ces panonceaux indiquent « les Estanouses » ou, « les Tours » voire parfois les deux sur le même panneau. On finit par sortir du bois et apercevoir sur la droite, un superbe mas entouré d’un merveilleux domaine où gambadent un joli cheval blanc et un « Shetland », poney brun avec une belle crinière blanche. Ce sont les Estanouses, chères à mes amis Diane et Jean. On atteint une nouvelle piste qui débouche non loin de l’entrée du domaine où anciennement passait le GRP Tour du Vallespir. Afin de rencontrer mes amis et en souvenir de mon Tour du Vallespir de 2009, je me dirige vers le mas et ce portail que j’adore avec ses nombreuses statuettes de jolis chérubins puis désormais ce magnifique aurochs en résine plus vrai que nature qui semble surveillé l’entrée du domaine. Malheureusement mes amis sont absents et je poursuis la piste qui s’élève au dessus de la propriété. Au loin, la crête frontière avec l’Espagne étire son échine amplement bosselée et boisée. Le large chemin longe désormais une belle sapinière. Au dessus, deux des tours de Cabrens défient les randonneurs. Plus on monte et plus la pente s’accentue. Le chemin finit par s’engouffrer dans des sous-bois toujours plus denses et donc toujours plus obscurs. Quand la lumière réapparaît, on atteint une autre piste et le col Balladou où l’on peut enfin reprendre son souffle. Pourtant les montées ne sont pas terminées et la dernière va nous entraîner vers la crête de Cabrens, point culminant de cette belle balade où se trouve les Tours. En réalité, cette longue arête rocheuse s’appelle la crête de Serralongue comme le nom du village qui se trouve en contrebas vers le nord. Ecrit ainsi, il s’agit là d’une étymologie pléonastique puisque le mot « Serra » signifie déjà « crête ». Montant vers cette crête, il y a bien un sentier, espèce de raccourci qui rejoint la première tour mais je l’avoue, bien que plus longue, j’ai toujours préféré emprunter la piste bien plus praticable. Le plus souvent, sans doute par paresse car le raccourci est plus pentu mais également parce qu’en 2009, mon sac à dos pesait pas moins de 18 kilos. Même si aujourd’hui mon sac est plus léger, cette fois encore je reprends la piste. Devant moi, la première tour apparaît parfois au bout de la piste puis elle se volatilise au fil des virages. Derrière moi, le massif du Canigou déploie ses merveilleux sommets enneigés puis sur la gauche et dans la continuité, ce sont les longilignes Esquerdes de Rotja jusqu’à la pyramide blanche du Costabonne qui forment l’horizon. Vingt minutes plus tard, j’arrive au pied de la première tour. Il faut dire que j’ai lambiné comme jamais tentant très fréquemment mais le plus souvent en vain de photographier les innombrables passereaux qui volètent en tous sens : mésanges, fauvettes, roitelets, pouillots, bouvreuils et je pourrais ainsi en citer bien d’autres. Tous ces oiseaux ne tiennent pas en place et j’ai un mal fou à agrandir ma collection ornithologique photographique. Avec la première tour arrive l’heure du pique-nique mais avant de déjeuner, je préfère aller voir cet étonnant visage sculpté dans la falaise. J’ai beau l’avoir déjà vu et photographié « x » fois, je reste toujours subjugué par ce profil parfait que Dame Nature a su créer. Après cet émerveillement sans cesse renouvelé, je pars enfin déjeuner au pied de la deuxième tour. Adossé contre la muraille, je ne me lasse pas de scruter et de photographier tous ces merveilleux panoramas qui défilent devant moi. Il y a aussi quelques minuscules lieux que j’aperçois tels de petits îlots perdus dans un océan de forêts, d’herbages et de montagnes. Je constate que depuis mon Tour pédestre du Vallespir et si j’ajoute quelques balades isolées, je connais la plupart de ces endroits et de ces panoramas. Décrire la beauté de ces paysages est bien trop complexe et en élaborer une liste bien trop fastidieux alors je vous laisserais le soin de regarder les photos de mon diaporama où vous pourrez peut être reconnaître quelques objectifs de balades déjà décrites dans ce blog. Après le déjeuner, il ne me reste plus qu’à découvrir le troisième tour qui est en réalité un ancien château dont il ne reste que des fortifications et quelques murs ruinés. Je ne vais pas ici vous raconter l’histoire de ce château et des deux autres tours et cela d’autant qu’à proximité de la Tour Nord, la première rencontrée, des textes très bien rédigés résument parfaitement, plans à l’appui, en français et en catalan, la longue et très intéressante histoire de Serra Longua et de Cabrens. A proximité du château, une jolie table d’orientation avec une magnifique rose des vents donne aux visiteurs les principaux noms de lieux alentours que l’on peut observer depuis ce point culminant. Après cette dernière découverte, il est temps de retourner à Lamanère. Deux options restent possibles. La plus simple est de rebrousser chemin et de refaire le parcours en sens inverse et la plus compliqué est de redescendre la face sud de l’arête par un étroit sentier qui démarre au pied des fortifications et de l’entrée sud du château. Désormais, le GRP Tour du Vallespir passe ici et même si l’itinéraire reste plus difficile, comme en 2009, c’est de nouveau l’option que je vais choisir pour rejoindre le Pla de Castell. Le sentier descend assez abruptement dès le départ et il faut être très vigilant pour éviter une mauvaise chute, d’autant que les tapis de feuilles mortes peuvent s’avérer glissants et cacher parfois des cailloux plus traîtres encore. Deuxième conseil, ne pas perdre de vue le balisage jaune et rouge pas toujours évident à apercevoir et n’avancer que lorsque les prochains traits de peinture sont aperçus. En 2009, déjà handicapé par le poids de mon sac à dos, j’avais failli me perdre pour ne pas avoir respecté cette consigne presque essentielle quand on marche tout seul. C’’est un peu par hasard et beaucoup par chance que j’étais resté sur ce sentier que de temps à autre je quittais presque sans m’en rendre compte. Aujourd’hui l’expérience m’a servi et en plus je dispose d’un tracé enregistré dans mon GPS, chose que je n’avais pas en 2009 et pour cause, pensant pouvoir passer par l’ancien itinéraire des Estanouses. Malgré tout ça, je descends avec une grande prudence tout en essayant de ne rien louper des panoramas comme par exemple ces vues superbes sur le Mont Nègre et beaucoup plus loin sur la Serre de Montner, chevauchée il y a peu. Plus bas, le sentier devient relativement meilleur. Un panonceau confirme qu’on est bien sur le GRP Tour du Vallespir en direction de Coustouges et de Falgos. Immédiatement après, on atteint quelques ruines envahies par les lierres et une végétation foisonnante. Quelques minutes plus tard, la zone déboisée du Pla de Castell s’entrouvre. Dans la quiétude et dans la douceur de cette chaude journée d’hiver, j’y finis mon casse-croûte, allongé au soleil et sous un concert de chants d’oiseaux qu’une fois encore je m’évertue à photographier sans trop de succès. Puis, je repars en me fiant à une planche sur laquelle il est écrit «Lamanère » agrémentée d’un balisage jaune et d’un autre orange. Je vais suivre les marques jaunes sur cette large piste qui descend en pente douce sous l’ombre jumelée et bienfaisante de grands pins sylvestres et des crêtes de Cabrens. Peu après le premier virage, le balisage m’indique de quitter la piste pour un sentier encombré de branchages qui descend dans la forêt. Droit devant et de temps à autre, le superbe domaine des Estanouses apparaît à travers les arbres. Une autre piste se présente que j’emprunte vers la droite. Je ne vais plus la quitter car elle me ramène sans problème sur la piste prise à l’aller où je retrouve le gros cairn indiquant le petit sentier qui descend à Lamanère. La suite est un jeu d’enfants car il suffit de reprendre le parcours qui débouche à la Font de Dalt et de descendre la petite venelle cimentée qui file vers le centre du village. Dans cette descente, je rencontre un couple d’habitants occupés dans leur potager. On se met à bavarder et avec étonnement, je réalise que ce sont les seuls êtres humains rencontrés depuis que j’ai quitté mon domicile ce matin très tôt. Je vous l’ai dit, une randonnée aux Tours de Cabrens est plutôt confidentielle surtout à cette saison. A cette idée, certains pourraient angoissés mais pour moi c’est plutôt un bonheur d’avoir pu une fois encore m’évader dans cette nature dont je ne me lasse jamais. Cette boucle, telle que décrite ici, n’est pas spécialement longue, 12 a 13 kilomètres environ, toutefois depuis le départ de Lamanère (777 mètres) jusqu’à la dernière tour c'est-à-dire le château (1.336 m), la déclivité est quasi constante et plutôt sévère à l’approche des Tours. Avec ce dénivelé de 559 mètres et la descente scabreuse vers le Pla de Castell, les Tours de Cabrens restent une randonnée moyennement difficile où de bonnes chaussures de marche sont fortement recommandées. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25. 

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    Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons des Beatles interprétées ici par le Riga Recording Studio Orchestra. Elles ont pour titres : "Day Tripper", "No Reply""Norwegian Wood" et "Across The Universe".
    LES-BALCONS-DE-TAURINYA
     BALCONSTAURINYAIGN
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    Si le dictionnaire Larousse définit le mot « balcon » comme une  « plate-forme en saillie sur une façade desservie par une ou par plusieurs portes-fenêtres », j’avoue que dans cette randonnée intitulée « les Balcons de Taurinya », je me suis demandé pendant très longtemps si l’interprétation de ce mot resterait valable une fois transposée à cette jolie boucle pédestre. En effet, après avoir laissé notre voiture à Taurinya sur le parking du superbe et très moderne bistrot de pays El Taller, il nous a fallu exactement 1h30 de marche avant qu’une première fenêtre s’entrouvre sur ce beau village du Conflent. Comme quoi, même en randonnée, il faut parfois être patient. Mais attention, si le mot « balcon de Taurinya » a pris toute sa signification passé ce laps de temps, ça ne veut pas dire pour autant que ces 90 minutes à marcher ont été désagréables. Non, bien au contraire car les découvertes sont même plutôt nombreuses dès le début de cette longue boucle où le balisage est très présent mais demande parfois de l’attention. Il y a d’abord le village lui-même qui ne manque pas d’intérêts avec notamment quelques vieilles et jolies ruelles mais surtout son église romane dédiée à Saint-Fructueux et dont le beau clocher-tour daterait du 12eme siècle. Puis après s’être dirigé vers le haut du village jusqu’au Cami de las Tarteres, on ira dès le début de cette balade, à la rencontre de l’ancien hameau du Salver essentiellement destiné à l’exploitation du fer. Salver conserve une quantité incroyable de vestiges de ce patrimoine minier que de vaillantes associations cherchent à faire renaître de leurs cendres en réhabilitant certains bâtiments et en incitant les visiteurs à venir faire une petite balade sur un circuit crée en cette occasion et qui s’intitule le « Sentier des Mines ». Puis, après Salver et la belle châtaigneraie, les balcons se font jour du côté des Costes d’Anglade, point culminant de la journée avec ses 843 mètres d’altitude. D’ici, des fenêtres plongeantes s’entrouvrent sur Taurinya, Saint-Michel de Cuxa et sur le vallon de la rivière Llitera mais pas seulement car dans l’agréable et rafraîchissante descente vers les Colomines, de nombreuses vues apparaissent absolument de tous côtés et vers tous les horizons plus ou moins proches : Canigou et hauts sommets enneigés du Haut-Conflent, de Cerdagne et du Capcir, Massifs du Coronat et du Madres, Vallée de la Têt et Plaine du Roussillon et des panoramas se dévoilent même jusqu’à la Méditerranée. Un peu plus bas en altitude, on découvrira l’ancestrale Tour de Corts. Il s’agit en réalité d’une ancienne église romane, elle aussi, du 12eme siècle dont l’abside a été surélevée et fortifiée pour prévenir d’éventuels assaillants. Là aussi, à travers un texte de 1280, l’historien Jean Tosti nous apprend qu’il y avait un hameau à Corts et des mines consacrées à l’exploitation du fer : « Menerio in terminis de Cortz ». Un peu plus bas encore et à l’approche de Saint-Michel de Cuxa, c’est un petit bout du long Canal de Bohère que l’on va côtoyer sur un tronçon malheureusement asséché puis après avoir enjambé la Llitera (439 m), le clou de cette belle et longue randonnée sera bien sûr la visite de cette incontournable abbaye, un des plus beaux édifices religieux de notre département. Si vous ne connaissez pas Saint-Michel de Cuxa et si vous êtes un amoureux des vieilles pierres, je vous conseille vivement cette visite dont vous ne pourrez pas sortir déçu tant il y a de merveilles architecturales à contempler. Bien qu’à ce stade, la randonnée soit loin d’être terminée car il reste encore quelques kilomètres, un bon dénivelé jusqu’au col de Clara et entre les deux, bien d’autres balcons à arpenter et à découvrir, cette découverte de l’abbaye dans ce cadre où transpire la sérénité ne pourra être que bénéfique à un peu de récupération. Comme si vous étiez passé dans un sas de décompression, vous repartirez de l’abbaye plus calme et plus reposé que jamais, au moins dans votre tête. Si les jambes ne suivent plus comme ce fut le cas pour Dany, vous aurez toujours la possibilité d’emprunter la D.27 bien plus courte pour rejoindre Taurinya. Dans le cas contraire, il vous faudra continuer le parcours en passant devant les restes de l’ermitage Saint-Pierre d’Orséolo où a été élevée une stèle en hommage à cet homme qui fut d’abord doge de Venise en 976. Pietro Orséolo fut un remarquable administrateur et reconstructeur de la cité vénitienne après le soulèvement du peuple en 976 qui avait vu la détérioration et la destruction de nombreux bâtiments et palais dont celui des Doges et la basilique Saint-Marc par exemple. Il instaura la paix civique puis deux ans plus tard, il disparut sans laisser de traces et on apprit que bien plus tard qu'il était entré sous un faux nom chez les moines de Saint Michel de Cuxa accompagné de deux ermites Romuald et Marin. Il y passa le reste de sa vie dans l'expiation, la pénitence et la prière.Après la découverte de cette stèle, il vous faudra monter vers les hauteurs de la Serre de Faixans d’abord par un chemin creux bordé de petits murets de pierres sèches puis par une piste terreuse qui vous amènera après quelques zigzags jusqu’au col de Clara. Là, sur cette piste, vous serez à nouveau aux premières loges de somptueux balcons et d’autres panoramas se dévoileront sur Taurinya, ses très proches alentours ou ses très lointains horizons magnifiquement enneigés en cette saison. Au col de Clara, la vue embrasse d’autres paysages et on remarquera notamment une bien jolie vue vers l’ermitage Saint-Etienne de Pomers, découvert et décrit dans ce blog il y a peu de temps. Ici au col, il suffira de suivre le panonceau  « Balcons de Taurinya » pour rejoindre le village et refermer cette magnifique boucle d’environ 16 kilomètres. Si le dénivelé est, avec ses 300 mètres, plutôt modeste, les montées cumulées dépassant les 1.110 mètres en font une balade plutôt difficile. Comptez au bas mot 5 « bonnes » heures de marche arrêts non inclus et consacrez-y la journée si vous envisagez de visiter Saint-Michel de Cuxa. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou – Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté d'un morceau de jazz intitulé "Festive Minor" interprété par Gerry Mulligan.
    LES-MONTS-D'ESTAGEL
     
    LESMONTSESTAGELIGN
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    Après un grand détour par l’île de Madère et la fabuleuse mais difficile traversée de ses plus hautes cimes que sont le Pico do Arieiro (1.818 m) et le Pico Ruivo (1.862 m), redescendons un peu sur terre avec ces Monts d'Estagel dont la découverte constitue une toute petite randonnée que je qualifierais presque d’entraînement. Redescendre sur terre si j’ose m’exprimer ainsi, au sens propre avec cette nouvelle balade qui va culminer à 185 mètres d’altitude et au sens figuré car les plaisirs du voyage et de l’aventure seront sans commune mesure avec ceux que nous avons connu sur la Perle de l’Atlantique. Eh bien oui que voulez-vous, on ne peut pas toujours être en voyage aux Tropiques et partir randonner sous d’autres cieux très lointains. Eh bien oui que voulez-vous, il faut d’abord s’entretenir un peu si l’on veut ensuite avoir une forme suffisante pour gravir de plus hauts sommets. L’hiver est souvent la période la plus propice à ces courtes randonnées de remises en forme où l’on va pouvoir balader tout en faisant fonctionner son souffle et donc son cœur de manière optimale. Je suis toujours à la recherche de ces petits circuits de randonnées pas trop loin de chez moi de préférence et qu’on les effectue en les appelant « marche cardio » ou « cardio training », le printemps venu, il en restera toujours quelque chose si on répète ces séances bien régulièrement. Une condition tout de même, j’aime bien ces petites balades à condition d’être toujours dans la découverte, c'est-à-dire que j’aime bien en changer pour éviter la lassitude. Cette fois-ci, nous avions jeté notre dévolu sur un petit panonceau jaune que nous avions aperçu invariablement et depuis quelques temps déjà à la sortie d’Estagel. Ce panneau de randonnée était juste après le pont sur l’Agly, direction Maury mais si on le voyait déjà depuis quelques temps, nous ignorions ce qu’il pouvait bien indiquer. Il faut dire qu’à l’endroit où ce panonceau est placé, en plein virage, il est très difficile de s’arrêter sans prendre le risque de créer un accident car en général, les voitures reprennent de la vitesse dès la sortie du village.

    Ce jour-là, avant de partir vers Estagel, j’ai jeté un coup d’œil rapide à la carte IGN sur Géoportail et je n’ai noté aucun tracé de randonnée dans ce secteur. C’est donc en aveugles que nous sommes partis, que nous avons laissé notre voiture devant la gare du village et que nous avons fait les quelques mètres qui nous séparaient de l’énigmatique panonceau. Une fois devant celui-ci, le mystère est resté presque entier car il était écrit : « Les Monts d’Estagel – 8 km » et même en dépliant ma carte IGN, je n’étais guère plus avancé. Il y avait bien un Mont d’Estagel et quelques chemins qui semblaient tourner autour mais rien de concret quant à une éventuel tracé du style P.R. (Petite randonnée). Nous étions sur le point de démarrer la balade quand Dany me fit remarquer que sur le panonceau était dessiné un minuscule vélo ainsi que le fameux balisage propre aux circuits locaux de VTT avec un triangle et deux cercles de couleur jaune. Alors fallait-il pour autant ne pas faire cette balade ? Non, c’était une boucle de 8 kilomètres comme une autre, enfin nous l’espérions, et je ne voyais rien qui s’opposait à la transformer en une randonnée pédestre. Bien sûr, nous comptions respecter le balisage que nous espérions suffisamment clair et présent pour ne pas s’égarer en cours de route. C’est ainsi que dès le départ, nous avons traversé la voie ferrée à un passage à niveau avec signal automatique et devant ce qui semblait être la maison d’un artiste mais sans doute plus sûrement celle du gardien de ce même passage à niveau. En effet, quelques jolies sculptures en bois ou en pierres étaient là, posées à même le sol et laissaient présager que le cheminot était également un excellent sculpteur à ses heures perdues. Au moment où nous avons franchi la voie avec la prudence recommandée et comme si un signal était nécessaire à matérialiser notre départ, un magnifique coq se mit soudain à chanter. Un large chemin tourna à gauche et s’éleva en suivant la voie ferrée, voie qui elle-même était parallèle à la D.117 que l’on apercevait légèrement en contrebas. Sur la carte IGN, le lieu-dit s'appelle Le Pal, toponyme plutôt répandu dans nos belles Pyrénées. Il peut signifier "poteau" ou "pente", ce qui ici laisse la porte ouverte aux deux possibilités. Après 2 kilomètres environ sur ce chemin parallèle à la D.117, on retrouve le bitume de la D.611 qui, elle, file vers Tautavel près d’un autre passage à niveau. On la traverse. Tout en parcourant ce tronçon, nous avons eu l’occasion d’entrevoir de très jolies vues sur les premières collines des Fenouillèdes, sur le Massif du Canigou et sur les Corbières. Sur la droite, les flancs du Mont d’Estagel laisse entrevoir d’innombrables terrasses ainsi qu’un grand nombre de vieux et colossaux murets de pierres sèches et également quelques orris. Ils sont les témoignages d’anciennes cultures et d’un pastoralisme aujourd’hui disparus. Dans cette colline hostile où la garrigue et de nombreux pins ont désormais entièrement repris leurs droits, on imagine avec peine qu’agriculture et élevage aient pu exister au siècle précédent. Nous avons poursuivi la D.611 et juste après le virage et une pancarte « Domaine Mas Camps », nous avons emprunté un large chemin qui montait à gauche et arrivait au sommet d’une butte près d’un mas. Cette portion du chemin semblant être privée car on y croise un nombre incalculable de voitures, nous avons bien sûr respecté les lieux en ne s’y attardant pas et en marchant en silence. Le chemin est redescendu un peu, a rejoint un tunnel au dessus duquel passe la voie ferrée et nous avons retrouvé le balisage qui avait quelque peu disparu. Dorénavant, la voie ferrée n’était plus en dessous mais légèrement au dessus. Tout en longeant la voie ferrée, le large chemin a fini pas se rétrécir en atteignant une vigne. Nous l’avons traversé en restant sur la gauche pour aboutir sur l’asphalte d’une petite route vicinale qui montait vers la droite. Malgré la déclivité, ici a commencé la portion la plus « roulante » de cette boucle et c’était l’occasion rêvée de faire un peu du « cardio training » en accélérant le pas. Nous avons poursuivi cette route qui filait plein nord en prêtant attention au balisage jaune toujours présent mais parfois peu évident à voir. Au bout de quelques centaines de mètres, après un bref raidillon, l’asphalte a laissé la place à une piste terreuse. Sans trop s’en rendre compte, nous nous sommes élevés et les vues se sont un peu plus entrouvertes sur des panoramas plus lointains où l’on pouvait distinguer les collines de Força Réal mais où le Canigou remplissait le paysage et restait le seigneur de l’horizon. Désormais, la large piste se faufilait entre vignes, casots, pinèdes et terrains en friches. Après une « bonne » montée, l’itinéraire s’est stabilisé et a même fini par s’aplanir complètement au milieu du vignoble. Ici, nos regards se sont tournés vers les petits pechs des Corbières, vers le château de Quéribus et la longue Serre de la Quille. Après quelques zigzags aux milieux des vignes, le chemin bordé de quelques amandiers fleuris est reparti vers le sud puis il est redescendu pour retrouver la D.611 allant vers Tautavel. Là, nous avons tourné à droite tout en traversant la départementale pour rester sur la partie gauche de la route et on a continué à descendre sur 300 à 400 mètres environ jusqu’à rencontrer une combe excessivement caillouteuse qui montait à gauche dans la colline. L’itinéraire était bien là et ce goulet « tord-chevilles », il faut reconnaître qu’il n’est pas très commode à grimper sans de bonnes chaussures de marche. J’étais sur le point d’écrire « tord-chevilles » et « crève-pneus » mais j’ai rapidement réalisé que les vététistes devaient ici, par la force des choses, faire un inévitable portage sur l’épaule tant le sentier est pierreux et donc impraticable à vélo. Au sommet de ce rude raidillon, heureusement très court, l’itinéraire est parti à gauche en suivant un grand muret de pierres sèches puis il est entré dans un bois de chênes verts et de pins et a filé sur la piste la plus évidente dans une végétation de type maquis. Sur ce secteur du chemin, de temps à autres, quelques fenêtres s’ouvraient, sur le Pech de Bugarach étonnamment bien enneigé au regard de sa modeste altitude, sur les carrières de Tautavel et le mamelon de la Tour del Far. A l’approche d’Estagel, la piste terreuse s’est transformée en une route carrossable bitumée. Elle surplombe sur sa gauche la rivière du Verdouble, elle même dominée sur son autre rive par une petite colline qu’on appelle le Cimetière des Maures. Soudain, au détour d’un virage, Estagel a commencé à apparaître et le joli village n’a plus cessé de se déployer au fur et à mesure que nous descendions vers lui. On a retrouvé encore plus magnifiquement qu’au départ les panoramas déjà aperçus :, les petits « serrats » qui encadrent l’Agly, la colline de Força Réal, celle dite La Tourèze mystérieuse et le Massif du Canigou notamment. L’itinéraire a fini par arriver en surplomb de la gare et si la boucle a tiré à sa fin, il fallait encore rejoindre la voiture. Il a fallu pour cela traverser la voie ferrée devant la maison de l’artiste et rejoindre la gare par l’itinéraire pris à l’aller. Telle que décrite, cette boucle est longue de 9 kilomètres environ et nécessite quand même de bonnes chaussures de randonnée avec de préférence une tige haute pour le passage très caillouteux au sein de la combe qui monte vers le Mont d’Estagel. Le dénivelé de 110  mètres environ est très modeste et permet de garder un effort quasi constant si on veut faire du cardio. En été, il faudra penser à prendre de l’eau car le gros du parcours se fait essentiellement sur des pistes jamais ombragées. Enfin, sachez que ce circuit est disponible dans la collection « Les Petits Guides Rando Pyrénées-Roussillon » sur un fascicule quasi introuvable aujourd’hui qui s’intitule « 20 randonnées VTT en Fenouillèdes » édité par le Conseil Général des Pyrénées-Orientales. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-surTêt – Top 25.

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    Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons interprétées par Sarah Brightman. Elles ont pour titre : "Until The End Of Time", "The Last Words You Said" et "All I Ask Of You" avec Steve Barton et tirée de la comédie musicale "Le Fantôme de l'Opéra".
    LE-PILON-DE-BELMAIG
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    Avant de faire le récit de cette balade au "Pilon de Belmatx et à la Serre de Montner", il me paraît indispensable d'apporter quelques explications : En août 2009, quand je m’étais lancé dans mon « Tour du Vallespir » en 6 jours, Dany n’avait pas pu m’accompagner. En effet, quelques mois plus tôt, ses douleurs articulaires consécutives à sa polyarthrite chronique s’étaient vivement réveillées, elle en souffrait beaucoup et l’emmener pour un périple aussi difficile que celui-ci n’aurait pas été raisonnable. Aussi, avant même mon départ, je lui avais promis, autant que faire ce peut, de lui faire découvrir ce Tour du Vallespir sous la forme de balades sur une journée voire deux, si un jour sa santé le lui permettrait à nouveau. A mon retour, j’avais vraiment été emballé par ce Vallespir que j’avais découvert depuis ses hauteurs, ne redescendant vers la Vallée du Tech qu’en deux seules occasions : lors d’une étape à Prats-de-Mollo puis lors de l’arrivée à Amélie-les-Bains. J’avais tant aimé ce Vallespir avec ses paysages façonnés par la nature et les hommes que j’avais cru bon d’en raconter le récit que j’avais naturellement intitulé « Sur les hauteurs d’une vallée âpre ». Cette « Vallée Âpre », c’était bien sûr la « Vallis Asperi »  des Romains, avec une grande diversité de décors, avec ses superbes forêts, ses grands éboulis rocheux, ses petits torrents sauvages, ses cols reposants aux pelouses rases et ces hautes montagnes caillouteuses et arides. Ce Vallespir, je l’avais tant aimé que j’avais immédiatement renouvelé ma promesse auprès de Dany. C’est ainsi que depuis, j’ai eu l’occasion de l’emmener vers le hameau de Formentera à partir de Montbolo, à la Baraque d’en Faig à partir de Leca, du côté de la Tour de Batère ou de la chapelle Saint-Guillem de Combret, puis du côté du Mont Nègre et du Pla de la Muga, etc….et j’en oublie sans doute. En ce jour de fin janvier que la météo annonçait si superbe, j’avais décidé cette fois-ci de lui faire découvrir cette longue et magnifique crête qu’est la Serre de Montner que personnellement, j’avais chevauché lors de ma dernière étape entre Saint-Laurent-de-Cerdans et Amélie-les-Bains. De cette étape, j’en gardais des souvenirs assez partagés car je me souvenais l’avoir trouvée très longue et même douloureuse mais aussi infiniment belle. Sans trop savoir pourquoi, j’y avais connu de sombres réflexions pensant à ma mère malade et me souvenant d’êtres chers qui avaient disparus. Il faut dire que c’était la dernière étape et sans doute étais-je un peu fatigué surtout après la galère que j’avais connu dans la Forêt du Miracle au dessus de Prats-de-Mollo. En outre, ce jour-là, j’avais « grillé » en quelques heures mes quatre litres d’eau et j’avais beaucoup souffert de la canicule et d’un manque évident de liquide que j’avais tenté d’économiser au maximum. Mais au-delà de ces mauvaises pensées, je me souvenais aussi d’avoir flâner sur ces merveilleuses crêtes me balançant très souvent d’un côté à l’autre des deux versants de cette montagne laissant entrevoir d’incroyables panoramas à 360 degrés. Je me souvenais notamment de ce Pilo de Belmaig que je trouvais très poétique une fois traduit en français, le « Pilon du beau mois de mai » mais que l’on voit souvent écrit Pilon de Belmatx sur les panonceaux de randonnées. En ce jour de janvier, j’avais donc imaginé une boucle de telle manière à réduire les difficultés que j’avais personnellement connu lors de mon Tour du Vallespir. C’est ainsi que j’avais fixé le départ à proximité du Mas Boadelle accessible depuis Saint-Laurent-de-Cerdans par une route bitumée puis par des pistes carrossables très praticables pour tous types de véhicules. Ce lieu présente un autre avantage non négligeable, celui d’être immédiatement sur le tracé du GRP Tour du Vallespir, avec un panonceau on ne peut plus clair indiquant immédiatement la marche à suivre. Autre avantage certain, celui de n’avoir à effectuer que 340 mètres de dénivelé pour atteindre le Puig de la Senyoral (1.315 m) et le Pilon de Belmatx (1.280 m) au lieu des mille et quelques mètres qu’il faut gravir depuis Arles-sur-Tech. Bien sûr, ceux qui depuis Arles accomplissent les doigts dans le nez ce kilomètre vertical vers le Pilon de Belmatx y trouveront sans doute à redire. Je pense aux « SkyRunners » bien sûr mais aussi aux puristes de la marche dont la performance reste souvent la motivation principale. Cette idée de l’exploit sportif, je la respecte et j’en suis d’ailleurs un fervent admirateur mais ce n’est pas mon idée de la randonnée pédestre où je privilégie plutôt la flânerie et les découvertes et ce concept est encore plus vrai quand Dany décide de venir marcher avec moi.  Un inconvénient à mon circuit peut-être, celui d’être contraint d’avoir à le boucler en empruntant essentiellement des pistes forestières sur une distance de 8.500 mètres environ entre le gîte de la Palette, étape bien connue du GR.10 (Moli de la Paleta), et le retour vers Boadelle . Ce n’est pas un inconvénient pour moi car j’aime marcher et j’arrive toujours à me distraire mais je peux comprendre que ça le soit pour d’autres personnes qui vont trouver ces pistes un peu rébarbatives. 

    Il est 10 heures tapantes et nous voilà à proximité du Mas Boadelle où nous garons notre voiture en bordure même de la piste tout en essayant de ne pas gêner le circulation. Il n’y a pas grand monde qui passe ici, mais sait-on jamais car nous en avons quand même pour la journée ! Nous nous préparons puis harnachons nos sacs à dos. Le panonceau GRP Tour du Vallespir est bien  là et nous indique un large chemin raviné qui monte à gauche. Nous démarrons et montons en direction d’une modeste colline au milieu de petits genêts à balais et de quelques ronciers. Le chemin monte sans cesse dans cette végétation très rase laissant immédiatement entrevoir de bien jolies vues sur le plateau verdoyant de la Boadelle et sur les monts environnants comme le Mont Capell ou le Roc de France. Plus on monte et plus la pente s’accentue. Le regard embrasse d’incroyables panoramas sur l’Espagne toute proche où l’on devine la Cap Creus et la Costa Brava. Le balisage jaune et rouge est bien présent. Le large chemin laisse la place à un sentier plus étroit et caillouteux qui file en balcon contre le flanc de la colline et finit par déboucher au Col de la Senyoral. Ici, nous retrouvons une large piste herbeuse longeant une superbe forêt de conifères. Entre ces arbres, le Massif du Canigou apparaît magnifiquement enneigé. Bizarrement, je ne reconnais pas l’endroit où en 2009, j’avais atterri après une très rude montée. L’itinéraire du Tour du Vallespir a-t-il changé depuis ? A l’époque, m’étais-je trompé ? Peut-être, en tous cas en analysant les lieux, je comprends que nous sommes beaucoup plus loin que l’endroit où j’avais déjeuné en 2009 avec des vues magnifiques sur Saint-Laurent-de-Cerdans et le Vallespir. Je propose donc à Dany d’y aller car j’ai la certitude que nous ne sommes pas très loin. Nous grimpons la piste vers la gauche pour une courte déclivité et effectivement, nous y voilà déjà ! Je reconnais parfaitement l’endroit où je m’étais affalé en pleurant, pensant à mon frère disparu bien trop jeune et à ma mère malade. Nous sommes au sommet de la Serre de la Garsa avec des vues somptueuses sur une immense partie du Vallespir. Côté droit, une longue chaîne de pics enneigés, du Canigou au Costabonne et bien plus loin encore et de l’autre côté, les sombres hêtraies de la crête frontière avec l’Espagne. Les deux versants semblent se rejoindre droit devant au pied de la belle pyramide du Costabonne. A nos pieds, Saint-Laurent-de-Cerdans et sa belle « vallée verte » comme on aime à la baptiser par ici. Plus loin, les trois tours de Cabrens remplies de jolis souvenirs me donnent très envie d’y retourner.  Nous reprenons la piste en longeant la lisière de la belle forêt de sapins. La piste redescend puis remonte en direction du Puig de la Senyoral que coiffe une obscure hêtraie. De toute manière et autant que je me souvienne, la Serre de Montner n’est qu’une succession de petites montagnes russes jusqu’au Pilon de Belmatx. Malgré ces difficultés successives, Dany se régale et elle est surtout émerveillée par toutes ces belles vues qui se dessinent au fil du parcours. Je sais par expérience qu’elle adore ces amples panoramas et ces vues aériennes et là, il faut reconnaître qu’elle est vraiment gâtée. De mon côté, les souvenirs de 2009 reviennent, une photo prise là, une autre ici, une pause fruits sec ici, une barre de céréales mangée là et le niveau de mes gourdes d’eau qui fondait comme neige au soleil et qui m’avait laissé exsangue bien avant d’arriver à Amélie. Parmi tous ces souvenirs, je me remémorais avec un certain délice avoir plongé ma tête sous la bien nommée Fontaine de la Madone. Après le Puig de la Senyoral et une descente difficile car caillouteuse, le sentier devient plus compliqué car plus rocheux. Par contre, les panoramas s’entrouvrent plus magnifiquement que jamais. Ça tombe d’autant bien que l’heure du déjeuner est arrivée. Après ce frugal entracte, je propose à Dany de poursuivre jusqu'au Pilon de Belmatx où nous aurons tout loisir de nous arrêter plus longtemps. C’est chose faite 20 minutes plus tard.  Ici, au Pilon de Belmatx, les vues à 360 degrés y sont exceptionnelles et en donner un descriptif ou quelques noms équivaudrait presque à citer le Catalogne nord toute entière. Après ce repos appréciable et cette délectation de paysages dans un silence de cathédrale que seuls quelques petits passereaux viennent entrecouper de leurs agréables gazouillis, il est temps d’amorcer la descente vers le Col de Paracolls (902 m). Alors bien évidemment après ce joli chevauchement de crêtes et le spectacle que nous venons de vivre au sommet du Pilon, il faut bien reconnaître que cette abrupte descente n’est pas la partie la plus plaisante du parcours. On est donc assez content d’atteindre ce col et là se termine pour moi, les souvenirs de mon Tour du Vallespir. En effet, à l’époque et pour ne pas rallonger inutilement cette étape déjà bien trop longue, j’avais fait le choix pour rejoindre Amélie, d’emprunter le sentier de Santa Engracia plutôt que le véritable tracé qui lui passait par Montalba. Cette fois-ci, j’ai donc connu jusqu’au gîte de la Palette, une partie de ce tracé que j’avais évité en 2009 et il faut bien admettre que cette portion commune au GR.10 et au Tour du Vallespir n’est pas la plus désagréable. On y marche souvent en sous-bois mais pas seulement, on y croise quelques ruines et la longue arrivée dominant Can Soler avec de jolies vues sur les Rocs de Saint Salvador et de France est plutôt charmante. Un petit problème tout de même, en cette saison, la traversée de la Rivière del Terme grâce à une simple corde est peu évidente pour rejoindre le gîte de la Palette et nous avons préféré la traverser ailleurs, là où quelques pierres émergeaient plus nettement du petit torrent. Comme déjà indiqué, le retour vers Boadelle peut paraître fastidieux alors n’hésitez comme je le fais moi-même à vous distraire autant que vous le pourrez. On peut écouter de la musique avec un baladeur MP3, on peut composer un herbier, on peut faire des bouquets de fleurs, on peut prendre des photos, etc…..Moi, c’est ce que je fais, je photographie un peu de tout, des paysages notamment car c’est aussi une autre façon de les appréhender mais cette fois-ci, je dois le dire, j’ai surtout été attiré par une ribambelle d’oiseaux. Il y en avait des quantités et notamment des mésanges, des pouillots, des merles, des roitelets, des bruants, des fauvettes et quelques autres encore mais comme ce n’est jamais facile de les photographier, encore moins quand on marche, je n’ai pas vraiment été en réussite mais peu importait l’essentiel était de parcourir ces 8,5 km sans trop s’ennuyer….et c’est ce que j’ai fait tout au long de cette piste et notamment sur la fin…quand Dany a commencé à souffrir de ces articulations….alors là, je me suis mis à speeder pour aller chercher la voiture afin qu’elle est moins de distances à parcourir. J’étais plutôt content d’avoir réussi à lui faire découvrir une belle portion du Tour du Vallespir mais beaucoup moins de l’avoir fait en la faisant souffrir. J’avais raccourci le parcours mais pas suffisamment car avec ses 20,5 km et ses 1.882 mètres de montées cumulées, cette balade a sans doute été encore bien trop longue et bien trop difficile pour elle. Bonnes chaussures de marche sont vivement conseillées sur ce parcours. En été, n’hésitez pas à emporter de l’eau en quantité suffisante voire plus. Carte IGN 2449 OT Céret – Amélie-les-Bains- Palalda – Vallée du Tech – Top 25.

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  • TOUR3VILLAGESIGN
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    Quand nous avons démarré cette balade que j'ai intitulée  " Le Tour des Trois Villages : Sauto, La Llagonne, Fetges ", une question est arrivée dans ma tête et ne m'a guère quittée. "Croyez-vous qu’il y ait réellement un réchauffement climatique ?" Je ne sais pas vous mais moi quand à brûle-pourpoint, je me pose cette question, j’ai toujours tendance à être influencé par la météo qu’il fait au moment même où cette question me turlupine. S’il fait très chaud, je vais être enclin à répondre oui et s’il fait très froid à répondre plutôt non. Mais bon, d’un autre côté et même si le sujet m’intéresse, même si j’ai lu de nombreux articles ou entendu pas mal de débats ou de querelles à ce propos, je ne suis pas un scientifique averti et mes interrogations et mes doutes sont donc légitimes. Bien sûr, je sais que les calottes polaires et nos banquises rétrécissent à vue d’œil ainsi que les grands glaciers de nos montagnes, les ours polaires et d’autres espèces sont en danger, le climat et le cycle de l’eau sont très perturbés avec des pays en grande sécheresse et d’autres qui parfois subissent de graves inondations mais comme tous nos gouvernants à l’échelle planétaire ne semblent pas très sensibles à tous ces phénomènes et que parfois même des scientifiques sont en total désaccord entre eux, je reste songeur et très indécis sur cette question. En ce 5 janvier au soir, ayant regardé la météo et cette dernière annonçant une journée très ensoleillée pour le lendemain, j’avais préparé nos sacs à dos, j’avais sorti nos raquettes et j’avais tracé sur ma carte et dans mon GPS deux petits circuits très sympas à faire entre Haut-Conflent et Capcir, en espérant bien sûr, si ce n’est une jolie poudreuse toute fraîche tout du moins encore un peu de neige tombée les jours précédents. Le lendemain matin en me levant, le ciel encore très étoilé semblait aussi pur que Météo France l’avait annoncé la veille. Quand nous prîmes la route de Perpignan direction la montagne, il était exactement 8h et le thermomètre électronique de mon tableau de bord annonçait une température extérieure de 8 degrés Celsius. En arrivant à Prades, elle était de 10 degrés puis à Olette de 12 degrés, à Fontpédrouse de 14 degrés et en regardant les montagnes, je voyais déjà que pour profiter de la neige, il faudrait sans doute revenir une autre fois. En arrivant à la hauteur de Fetges, il n’était pas encore 9h30 et la température extérieure, il est vrai au soleil, était déjà de 15 degrés. C’est non loin de là, au village de Sauto que j’avais prévu le départ d’un petit circuit qui s’appelle le Tour des villages consistant à se rendre de Sauto à la Llagonne puis de la Llagonne à Fetges et enfin de Fetges à Sauto. J’avais bien sûr prévu de le faire en raquettes. Mais ici à Sauto, comme dans tout le Haut-Conflent, la Cerdagne et le Capcir, de la neige il y en avait autant qu’un 15 août au milieu du Sahara. Seul les plus hauts sommets dépassant les 2.500 mètres d’altitude étaient légèrement saupoudrés et au loin, la station d’Eyne ne fonctionnait que grâce aux canons à neige. Alors bien évidemment, nous avons laissé les raquettes dans le coffre de la voiture et nous avons démarré ce joli petit circuit sous un soleil de plomb. Un soleil qui devait déjà tapé bien trop fort sur ma tête, car je n’arrêtais pas de penser : « mais où va notre planète avec un tel réchauffement climatique ? ». Puis, je ne sais pas pourquoi, toujours le soleil sans doute, je me souvins d’une petite phrase que Jean Giono avait écrite à la fin de son roman « Les grands chemins » : « Le soleil n’est jamais si beau qu’un jour où l’on se met en route »  et ce petit tourment au sujet du réchauffement climatique disparut aussi rapidement de ma tête qu’il y était entré. Nous étions déjà à Sauto-le-Haut et en direction de La Llagonne et je pensais : « Il avait raison Jean Giono, c’est bien agréable de randonner au soleil »… Voilà dans quel état d’esprit, j’étais à ce moment-là. Bien sûr, je regrettais cette sortie en raquettes complètement ratée mais pas plus que ça car la journée s’annonçait assez merveilleuse, il faut bien le dire. Nous avons laissé notre voiture bien avant l’entrée de Sauto mais le vrai départ de cette petite boucle s’effectue devant l’église de Sauto-le-Bas, où un panonceau annonce la couleur : « Boucle P.R.11 –Tour de Villages - Sauto- La Llagonne- hameau de Fetges - 8,9 km – 230 m de dénivelé A/R – 2 H – Marche facile ». Après quelques premières photos du village et des grandioses panoramas sur la Vallée de la Têt et ses montagnes environnantes qui la dominent, on s’est réellement mis en route en grimpant par une ruelle vers Sauto-le-Haut. Ici, malgré de nombreux départs de balades, même les plus étourdis ne peuvent pas se tromper d’itinéraire car outre un balisage bien présent, les petits panonceaux jaunes « Tour des Villages » se succèdent jusqu’à sortir du hameau par un large chemin dallé et encadré de « feixes ». Toutes ces constructions sont faites de grosses pierres de granit dont la provenance n’est pas un mystère. Il suffit d’avancer de quelques mètres et au regard des énormes chaos granitiques que l’on aperçoit de tous côtés, on comprend aisément que les paveurs et les bâtisseurs des siècles passés n’ont pas eu à courir bien loin pour trouver les matériaux nécessaires. Après une brève montée, le large chemin s’aplanit et file presque rectiligne au milieu des prés. Seuls quelques petits bois et quelques bosquets de ronces garnissent deci delà ces pelouses très rases. Ici, hors mis une légère ondulation du terrain, presque rien de gêne la vision et de ce fait, des vues superbes se font jour de tous côtés. Depuis le Massif du Canigou et son reconnaissable versant nord du pic, les Pyrénées étirent jusqu’à l’infini une longue ligne de hautes crêtes, régulièrement brisée par de profondes vallées. Les grimpeurs et les randonneurs chevronnés y reconnaîtront aisément quelques pics remarquables : Carlit (2921 m), Cambre d’Aze (2.750m), Tour d’Eyne (2.831m), Pic de l’Orri (2.561 m), Pic de les Noufonts (2.861 m), et j’en oublie bien sûr, mais parmi tous ces hautes crêtes, pour Dany et moi, il y en a une plus remarquable et surtout plus mémorable que toutes les autres c’est, entre les pic de Gallinas (2.624m) et Redoun (2.677m), cette cambrure parfaite qu’est le Col Mitja (2.367 m). A la fois par sa beauté mais aussi à cause des souvenirs que nous y avons vécu en août 2001 sur le G.R.10, ce col Mitja attire sans cesse nos regards. Il va en être ainsi pendant toute cette journée car ce col reste à jamais gravé dans nos têtes tant nous y avions souffert dans sa longue et difficile ascension sous une incroyable canicule.  Nous y avions d’autant plus souffert que, chargés de nos sacs à dos de 20 kilos, nous avions emprunté l’interminable piste forestière plutôt que le rectiligne GR.10. Dany garde de ce col des souvenirs encore plus douloureux que moi car depuis trois jours, elle avançait dans ces hautes montagnes avec les plantes des pieds pleines de grosses cloques et atteindre ce col avait été pour elle une grande et heureuse victoire mais malheureusement la fin de ses souffrances était arrivée bien plus tardivement du côté du col de Mantet. Heureusement qu’aujourd’hui sur cet agréable chemin qui file vers la Llagonne, nous tournons désormais le dos, et au col Mitja et à ces vieilles pensées du G.R.10 dont la plupart restent tout de même de très joyeux souvenirs. Alors que nous avons stoppé pour prendre un petit en-cas, une bande de grives litornes nous tirent de nos pensées en passant au dessus de nos têtes pour se poser dans un champ voisin. Je tente bien de les photographier mais dès qu’elles sentent une présence bien trop proche, elles s’envolent et disparaissent dans un bosquet de pins. Occupées qu’elles sont à chercher pitance sur le sol, j’arrive néanmoins à en surprendre quelques unes mais de bien trop loin pour que les photos soient nettes et jolies. Ce n’est sans doute que partie remise tant elles volètent de tous côtés dans ce secteur de la montagne. Sur le bord du chemin, quelques vieilles trouvailles ralentissent notre progression : une croix au sommet d’un magma rocheux, une stèle ressemblant à une petite tombe, une borne recouverte de lichens où je distingue le mot « LYON », une date « 17 2 51 » et ce qui me semble être la blason catalan. Alors que le chemin trace sa route en direction du Pla de l’Os (Plat de l’Ours), droit devant les fortifications de Mont-Louis apparaissent. Au loin, on distingue le Massif du Carlit. Le réservoir du Plat de l’Ours est vite atteint et derrière, perché sur un mamelon très boisé, le village de la Llagonne se révèle. Ici, un judicieux panneau nous permet d’apprendre que ce réservoir sert au fonctionnement de la ligne de Cerdagne plus connue sous le nom de Petit Train Jaune ou "Canari". Au lieu de partir tout droit en direction de la Llagonne, ici l’itinéraire bifurque perpendiculairement et semble vouloir s’en éloigner pour grimper dans une forêt de sapins mais au bout de trois ou quatre cent mètres, il se ravise et cette fois-ci, il file droit vers le village. En contrebas, une ribambelle de chevaux gambadent dans les près et font le spectacle. Il faut dire qu’ici, ils ne manquent ni de place ni d’une herbe bien grasse pour être heureux. Un peu plus tard, grâce à leurs jeux, faits de batifolages et de courses effrénées, ils égayeront agréablement notre pause déjeuner. Mais dans l’immédiat, nous arrivons à la Llagonne en coupant le Rialet, minuscule ruisseau. Le chemin grimpe en direction du village entre de hauts murs de pierres et d’immenses sapins, passe devant un oratoire dédié au Christ dont une étonnante effigie est rehaussée de la citation « Deu vos guard », « Que Dieu vous garde ».  Le sentier débouche enfin devant l’école et sur la D.118. En lisant un peu plus tard, l’Histoire de la Llagonne dans l’Histoire du Roussillon sur Internet, j’apprendrai que cette représentation romano-byzantine de Jésus sur cet oratoire est une copie dont l’original se trouve à l’église Saint-Vincent de la Llagonne datant du 12eme siècle. D’ailleurs en traversant la D.118, le panneau indicatif P.R.11 nous conseille d’aller voir cette église ainsi que la tour de guet qui, elle, aurait été construite en 1267 sous Jacques 1er d’Aragon pour prévenir une éventuelle invasion française. A cette époque et dans ce secteur, la frontière franco-aragonaise était toute proche, ressemblant à s’y méprendre à celle qui sépare aujourd’hui les Pyrénées-Orientales de l’Ariège et de l’Aude. Après cette jolie visite de quelques ruelles de la Llagonne et de ces deux principaux sites historiques que sont la tour de guet et l’église ; malheureusement fermée une fois encore comme la plupart du département ;  nous avons décidé de sortir du village pour aller pique-niquer dans les prés. Il faut dire que depuis notre départ de Sauto où le thermomètre de la voiture annonçait 15 degrés, le mercure n’a pas cessé de grimper et je pense qu’avec un soleil désormais au zénith, la température doit maintenant osciller entre 25 et 30 degrés.  Il est seulement 12h15 et nous retrouvons très rapidement à la sortie du village, un panonceau « Tour des Villages », aperçu à l’aller, indiquant la direction de Fetges à 35 minutes. Nous retraversons la D.118 et descendons vers des prés en laissant une ferme sur la gauche. Une haie bien abritée de la brise qui s’est levée, des herbes et des fougères couchées qui n’attendent que nous, la vue sur cette troupe de chevaux qui galopent dans les prés et comme le chantait Gainsbourg « sous le soleil exactement ». Alors que demander de plus pour pique-niquer agréablement ? C’est d’autant plus agréable que les grives litornes sont de retour dans un pré voisin et que je vais pouvoir très tranquillement en ajuster quelques unes avec mon numérique. Enfin, c’est ce que je pensais sur le moment car au moindre de mes mouvements, elles s’empressent de rejoindre le sommet de très hauts arbres. Alors les zoomer avec justesse et clarté devient un épouvantable jeu de patience tant elles sont peu disposées à se tenir tranquilles. Nous repartons en continuant à descendre au milieu des près par un chemin creux encadré d’une haie de noisetiers et de murets de pierres sèches. Le sentier aboutit près d’un bassin où s’écoule le trop plein du réservoir du Plat de l’Ours et le ruisseau du Rialet que l’on enjambe par un petit pont de bois. L’itinéraire zigzague un peu, se perd dans les prés à cause d’un balisage peu évident à trouver et file désormais en surplomb du Rialet sur un sentier herbeux qui s’élève très doucement. Cette sente finit par aboutir au sommet d’une butte verdoyante où les paysages s’entrouvrent magnifiquement une fois encore : les remparts de Mont-Louis sont désormais tout proches et le Cambre d’Aze « fait son cirque » droit devant. Le col Mitja, définitivement débarrassé des rayons du soleil est encore plus beau que ce matin. Entre prés verdoyants, murets en terrasses et hautes haies de ronces rousses, un plaisant chemin court rapidement vers Fetges que l’on atteint en quelques minutes. Ici, on prête surtout attention au balisage jaune car or mis quelques belles maisons en pierres et un vieux lavoir rien ne retient vraiment le regard, en tous cas sur le parcours. L’itinéraire qui autrefois passait près de la petite chapelle de Fetges file désormais un peu plus haut. On ne peut que le regretter. Après Fetges, le sentier remonte plus sérieusement, atteint une mamelon puis redescend en direction de la D.10 qui va à Sauto. Ici, depuis le sommet de ce mamelon, on a des vues dominantes sur la vallée de la Têt où se faufile la sinueuse Nationale 116 mais l’image la plus admirable reste celle du pont ferroviaire à haubans de Cassagne plus connu sous le nom de son concepteur Albert Gisclard qui y périt avec cinq de ses collègues lors d’un malheureux essai de charge en 1909. Classé aux Monuments Historiques, il serait, selon Wikipédia, le seul pont suspendu ferroviaire encore en service en France. Cette image du pont est d’autant plus belle que le Petit Train Jaune y passe au moment même où l’on est sur le point de terminer cette belle balade. A l’instant même où l’on retrouve notre voiture, nous avons la chance et le plaisir de faire la connaissance d’un autre « Monument Historique » en la personne de l’ancien berger du village aujourd’hui à la retraite. Un homme affable, plein de candeur et de gentillesse qui nous raconte le plus simplement du monde quelques charmantes anecdotes du temps où il passait sa vie dans la montagne avec ses chiens et son troupeau. Il faut avouer que terminer cette petite balade sur cette note pleine de gaîté et de spontanéité fut pour nous un pur instant bonheur.  Carte IGN 2249 ET Font-Romeu – Capcir et IGN 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques jouées par le compositeur et flûtiste roumain Gheorghe Zamfir (flûte de pan). Elles ont pour titre : "Eté d'Amour""Clair de Lune" et "Méditation from Thais"
    L'ERMITAGE-ST-ETIENNE-DE-PO
    STETIENNEPOMERSIGN
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    On ne compte plus le nombre d’édifices religieux dans notre département ; dont de nombreux très anciens ; et dans la majorité des cas, ils sont devenus le prétexte à d’agréables balades. Toutefois, les portes de ces édifices étant closes la plupart du temps, le visiteur devra se contenter de n’en faire que le tour ce qui je pense peut s’avérer être un frein au tourisme en général et en particulier au tourisme pédestre et/ou religieux. Après la récente découverte de la chapelle de Séquières, où le problème ne s’était pas posé car en ruines et donc ouverte à tous le vents, nous en avons fait la désagréable expérience avec la petite « chapelle de Saint-Etienne de Pomers » que l’on a atteint à partir du village de Clara et que nous avons également trouvé fermée. En rédigeant cet article, au lieu d’écrire « Pomers », moi j’ai même failli écrire « paumés », tant je m’étais complu à alambiquer cette randonnée avant d’atteindre avec difficulté ce joli petit ermitage. Pourtant, j’avais lu sur un site Internet qu’un moine orthodoxe prénommé Cassien avait restauré lui-même cette chapelle, qu’il y avait peint de magnifiques fresques et qu’il était toujours prêt à accueillir avec plaisir les randonneurs venant le voir. Ce blog Internet http://orthodoxievco.blogspot.fr/ dont je vous conseille la lecture semblait d’autant bien documenté qu’il s’agissait du sien. Bon, sans doute n’était-il pas là le jour de notre balade car j’ai lu aussi qu’il bougeait énormément passant sa vie entre Clara, le Grèce et bien d’autres pays. Mais après tout si j’ai compliqué cette randonnée sans regret d’ailleurs, lui n’y était pour rien car une fois encore, j’avais envie de tout en même temps : voir de beaux panoramas, faire quand même un peu de sport et découvrir bien sûr ce petit joyau de notre patrimoine religieux catalan que Cassien avait restauré et décoré. Alors c’est vrai qu’au cours de cette balade un peu « biscornue », nous avons pu tout faire, sauf entrer dans la chapelle. C’est d’autant plus dommage que c’était l’objectif premier que nous avions espéré au départ. Nous avons démarré de Clara (532 m), minuscule village du Conflent perdu au pied du Canigou dont l’histoire reste plutôt restreinte or mis le fait qu’il aurait dépendu pendant fort longtemps de l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa. Pendant le Moyen-âge, c’était le cas de nombreux villages du Conflent de dépendre de Cuxa, car sous la protection des comtes de Cerdagne, du roi de France et même du pape, l’abbaye agrandissait autant qu’il le pouvait son patrimoine foncier. Clara n’y a pas fait exception. Mais la raison invoquée par les historiens pour expliquer cette relative confidentialité de Clara est que le premier vrai hameau aurait existé bien plus haut. A l’origine, il y aurait eu d’abord un temple païen du nom latin de Pomarium, signifiant "verger", puis sur l’emplacement de ce temple, on aurait construit une premier édifice chrétien avant qu’un château du nom de Saint-Etienne de la Roca dont il ne reste aujourd’hui que quelques rares soubassements soit construit juste au dessus sur un éperon rocheux. Près de cet ancestral château ayant appartenu aux comtes de Cerdagne, il y avait donc une église qui ne serait ni plus ni moins que notre objectif du jour, c’est à dire l’ermitage « Saint-Etienne de Pomers » , dont la traduction en « pommiers ou pommeraies » semble quelque peu contestée en «« Pols muers » signifiant « pulsations de mort » c'est-à-dire « tremblements de terre » dont la région serait paraît-elle sujette. Pour compléter ce très court résumé historique, il faut savoir que le plus vieux document roussillonnais aujourd’hui retrouvé a été écrit ici à « Saint-Etienne de Pomers ». Il s’agit d’une charte désormais conservée aux archives départementales des Pyrénées-Orientales faisant référence à un plaid seigneurial ayant été organisé en 865 pour résoudre un litige portant sur la propriété de Prades entre un certain Salomon, comte d'Urgell et de Cerdagne et l’abbaye de Lagrasse. Voilà pour un bref rappel de l’histoire de ces lieux pour lesquels vous trouverez de plus amples renseignements en compulsant les sites qui vous sont désormais familiers à savoir ceux consacrés à l’Histoire du Roussillon, celui de l’historien Jean Tosti, sans oublier bien sûr celui du moine Cassien. Enfin si l’histoire approfondie de la toponymie de ces lieux vous intéressent vraiment, je vous conseille vivement la lecture d’une étude de l’Association Catalane de Généalogie intitulée le « Stevi Codex » ou « Code de Stevus », vous y trouverez une foule de renseignements sur l’Histoire et l’origine des noms et notamment concernant « Saint-Etienne de Pomers », Clara mais également de nombreuses autres villes de notre département.  Nous avons laissé notre voiture près de l’église de Clara dédiée à Saint-Martin, elle aussi très ancienne (879) mais également fermée le jour de notre visite. Là, nous avons remonté la rue des Acacias qui longe la rivière Lliscou jusqu’à une intersection où un premier panonceau indicatif de randonnées est visible. Nous sommes sortis de Clara en enjambant un pont puis en empruntant une piste forestière qui file dans la direction du Col de Forn et de Baillestavy. Ici, le balisage est jaune et rouge jusqu’au col de Forn car nous sommes sur le GRP Ronde du Canigou. Dorénavant, il suffit de se fier à ce balisage ou alors de rester sur la piste DFCI CO40, mention indiquée sur quelques petites pancartes vertes bien présentes à chaque intersection.  La piste zigzague dans une forêt de feuillus aux multiples essences. Ici, on retrouve tous les arbres des étages inférieurs de nos forêts méditerranéennes : chênes, hêtres, frênes, châtaigniers, érables, ormes, sorbiers, etc….mais comme la piste s’élève en douceur, les premiers résineux apparaissent peu à peu et bien sûr, ils vont être de plus en plus nombreux jusqu’à prendre la place des feuillus dès lors que l’on va monter en altitude. Pour peu qu’on y ait prêté attention, la petite chapelle blanche est déjà bien visible depuis le départ mais perchée et blottie au pied d’un gros escarpement granitique elle paraît presque inatteignable. Elle s’éloigne ou se rapproche au gré des lacets de la piste forestière mais ce n’est qu’une fois un premier « pla » atteint qu’elle semble enfin accessible. Ici, un sentier s’engouffre sous les sapins et semble y monter directement. Nous, nous avons ignoré ce sentier et avons poursuivi sans regret la piste jusqu’au col del Forn (705m). Sans regret, car après cette marche à l’ombre de la forêt, des fenêtres ensoleillées se sont enfin entrouvertes sur de merveilleux panoramas : en dessous sur le Clos de Pomers, aux alentours sur la magnifique forêt domaniale du Canigou aux superbes teintes orangées en cette saison, au loin sur la vallée de la Têt et la longue Serra des Fenouillèdes, sur les massifs du Madres et du Coronat, et sur la gauche, sur le tout proche pic des Tres Estelles et vers des sommets plus lointains et plus élevés du Haut-Conflent et de Cerdagne. Se détachant dans un ciel intégralement azuréen, toutes ces hautes montagnes saupoudrées de neige étaient du plus bel effet et chaque vision était une véritable carte postale. Au col del Forn, nous avons quitté la piste au profit d’un petit sentier qui passe derrière un grand écriteau vantant les attraits du Massif du Canigou puis qui entre aussitôt dans une sapinière. Ce sentier s’élève immédiatement en effectuant de nombreux virages. Désormais, c’est un balisage jaune qu’il faut suivre au sein d’une forêt de résineux divers et variés : pins à crochets, ifs, sapins, épicéas, mélèzes…Très souvent des ouvertures s’entrouvrent et esquissent des tableaux toujours plus beaux et me confortent dans le choix de cet itinéraire : vers l’est et tombant vers la Vallée de la Têt, c’est une succession incroyable de collines et de ravins verdâtres, à nos pieds, c’est la jolie et longue vallée de la rivière Llech côté plaine et côté montagne et complètement à l’opposé la vue porte très étonnamment très loin jusqu’au Massif du Carlit. Le sentier domine le Roc des Maures et grimpe en direction du Roc de la Collade (1.080 m) et même s’il continue à offrir des vues toujours plus époustouflantes, il faut désormais prêter attention à une petite sente qui, vers la côte 975, redescend sur la droite sans crier gare. En réalité, ce croisement peu évident est simplement matérialisé par un petit cairn auquel nous-mêmes n’avions pas prêté attention. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés 100 mètres plus haut que prévu, au Roc de la Collade. Nous avons mis à profit ce bref égarement pour déjeuner en plein soleil et devant des vues toujours de plus en plus aériennes. Comme les fêtes de Noël approchaient à grands pas, j’ai également profité de ce contretemps pour ramasser une brassée de bonheur sous la forme de quelques petits brins de houx et de gui que l’on trouve assez facilement par ici. J’ai également exploité cette longue pause pour sortir ma carte IGN et mon GPS qui dormait au fond de ma poche et ce dernier a su nous remettre dans le droit chemin trouvant ainsi le petit cairn qui avait échappé à notre vigilance. Cette petite sente rocailleuse et parfois même très escarpée descend dans la forêt entre les rocs des Maures et ceux de La Roca de Saint-Etienne. Elle aussi est balisée en jaune. Elle finit par atteindre une autre intersection de sentiers. Le sentier descendant à main droite est celui du retour et ramène le promeneur vers la piste du col del Forn et celui partant à gauche va directement vers notre objectif du jour. Le petit ermitage est 300 mètres plus loin et plus haut. Comme une fois arrivés là-haut, nous l’avons trouvé fermé, on s’est contenté d’en faire le tour prenant au passage et sous toutes ses coutures de nombreuses photos de l’édifice mais aussi de très belles vues sur la forêt et le village de Clara. Le retour vers Clara est désormais d’une grande simplicité puisque après cet aller retour vers la chapelle, on retrouve la piste DFCI CO40 qui nous ramène sans souci au village. Telle que nous l’avons accomplie, égarement vers le Roc de la Collade non inclus, cette boucle est longue d’une douzaine de kilomètres environ pour un dénivelé de moins de 500 mètres mais comme vous l’avez lu dans mon récit se perdre a parfois du bon. Ce jour-là, j’ai fait mienne cette citation du Rabbin Nahman de Bratslav « Ne demande jamais ton chemin à quelqu’un qui le connaît, car tu ne pourrais pas t’égarer » que j’ai transformé en une version très personnelle beaucoup plus moderne :« Ne demande jamais ton chemin à ton GPS qui le connaît, car tu ne pourrais pas t’égarer ! ». Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

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    Ce diaporama est agrémenté de la musique de Franck Churchill "Someday My Prince Will Come" (Un jour mon prince viendra), bien connue car utilisée par Walt Disney dans le film "Blanche-Neige et les sept nains". Ici, elle est successivement interprétée par différents jazzmans : Scott Joplin - Jelly Roll Morton, Art TatumMenphis Slim et Bill Evans.
    LA-CHAPELLE-RUINEE-DE-SEQUI
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    C’est en septembre 2011 en effectuant le Tour des Fenouillèdes en 5 jours que j’ai découvert pour la première fois la chapelle ruinée de Séquières que l’on écrit parfois Séquerre ou encore Séquère.  Enfin découvrir n’est pas vraiment le mot juste puisque c’est en compulsant la carte IGN de ce coin entre Conflent et Fenouillèdes que j’ai aperçu ce nom-là pour la toute première fois accolé à l’abréviation « Chap.Rnée ». Depuis cette époque, cette mention de « chapelle ruinée » était restée dans un coin de ma tête d’autant plus facilement que je m’étais aperçu qu’un sentier de randonnée semblait y circuler faisant le joint entre le Tour des Fenouillèdes et le G.R.36. Voilà comment a germé dans ma tête l’idée d’aller à la rencontre de cette chapelle romane dont j’ignorais tout au cours d’une boucle pédestre. Autant le dire, depuis j’ai amplement visité la chapelle et malgré ça, je n’en connais guère plus aujourd’hui mais il semble que je ne sois pas le seul dans ce cas. Alors, la chapelle ruinée de Séquières veut-elle garder tous ses mystères ? Il semble que oui au regard des rares informations historiques que j’ai pu glaner deci delà sur Internet. Voilà ce qu’écrit l’historien Jean Tosti dans la page Internet consacré à la commune de Trévillach : « Séquère apparaît en 1001 sous la forme Saccaria, puis Sachera en 1023. On y trouve l'élément oronymique bien connu car, quer, désignant un rocher, le premier élément pouvant être l'article archaïque sa, ce qui donnerait comme traduction "la roche". Autre possibilité : l'élément prélatin sek, avec le sens de "hauteur", autrement dit "la roche élevée" ». ça c’est pour l’origine supposée du nom puis il rajoute un peu plus loin « L'église romane, dédiée à Saint Vincent, date sans doute du début du XIIe siècle. Elle fut utilisée comme bergerie au XIXe siècle. Quant au château, parallélépipède d'environ 13 mètres sur 20, haut d'une dizaine de mètres, sa construction doit remonter à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle. De l'intérieur du château émergent deux étranges piliers, hauts de plus de 12 mètres, surnommés les Demoiselles par les habitants de Trévillach ». Quand au site dédié à l’Histoire du Roussillon, il consacre une petite page à Séquerre mais elle ne nous en apprend guère plus si ce n’est que « Comme pour Palmes, il n'y a plus de mention connue jusqu'en 1410 ou un autre document nous apprend que Bernard-Berenger de Perpertusa est seigneur de Roquevert, Trevillach, Sequerra, etc... » Voilà c’est à peu près tout mais on peut rajouter que le plateau de Séquières était au 19eme siècle, toujours selon Jean Tosti, essentiellement destiné à la culture du seigle. Alors, bien sûr en démarrant cette randonnée pédestre, j’étais informé que nous allions voir des ruines mais je m’étais refusé à regarder la moindre photo sur Internet voulant garder au moins cette petite part de mystère qu’est la découverte d’un patrimoine complètement oublié. Il faut simplement espérer que des institutions comme la Fondation du Patrimoine chargées de la conservation de ce type d’héritage pourront un jour ou l’autre redonner un peu de vie à ce lieu magnifique qu’est Séquières. Bon, c’est vrai il y a énormément de boulot mais pensons à ceux qui ont élevé ces chefs d’œuvre, il y a 8 ou 9 siècles, ils n’avaient pas nos moyens matériels actuels ! Nous avons démarré de Tarerach où nous avons laissé notre voiture rue des Lauriers c'est-à-dire exactement au départ de cette boucle et sur le parcours même du Tour des Fenouillèdes que j’avais emprunté avec mon fils en septembre 2011. Là, direction Marcevol comme l’indique une pancarte où l’on peut voir deux balisages : celui peint en jaune et rouge propre au Tour des Fenouillèdes et un autre de couleur orange réservé au tourisme équestre. Nous, nous n’avions pas de chevaux, juste nos sacs à dos, alors on s’est mis en marche aussitôt….Tiens, ça rime tout ça !  Un large chemin bordé de jardins potagers nous éloigne très rapidement du village. La chemin se rétrécie au moment où la déclivité s’accentue. Après un sous-bois de chênes verts, le sentier se faufile dans un maquis typiquement méditerranéen en alternant de rares passages en balcon plutôt corrects, mais surtout de longues parties pentues très caillouteuses ou bien sableuses et gréseuses profondément ravinées. Les jolies vues se dévoilent à la fois sur Tarerach mais aussi beaucoup plus loin vers une vaste plaine plantée essentiellement de vignes et de quelques boqueteaux. Cette cuvette est enserrée de trois côtés sauf vers l’est c'est-à-dire vers la Plaine du Roussillon par une longue ligne de crêtes ondulées que composent des collines boisées de chênes verts. D’ailleurs, même si le sentier se dirige  vers un collet, nous sommes clairement entrain de grimper une de ces petites collines qu’ici on appelle « sarrats ». Une fois le collet atteint, la carte IGN nous apprend qu’il est formé de deux rocs aux noms assez insolites : côté est, le Roc del Moro (775m) facilement traduisible en Rocher du Maure et côté ouest, le Roc del Cucut (808m) que l’on traduira du catalan en Rocher du Coucou. A ce collet, je n’y ai rencontré ni maure ni coucou mais comme je suis toujours à l’affût d’oiseaux pour les photographier, ce jour-là, j’ai eu beaucoup de chance et de nombreux passereaux sont entrés dans mon numérique : mésange, pinson, grive, étourneaux, verdier, rouge-gorge, moineaux, merle, etc… Certains catalans diront que j’ai eu une chance de « cucut » tant il est difficile de photographié des oiseaux. En tous cas, une fois arrivé à ce collet, regardez bien sur votre droite et vous y découvrirez une curieuse pierre dressée tel un menhir qu’un Obélix distrait aurait oublié là et si vous êtes vraiment intéressés par les très vieilles pierres sachez qu’au sommet du Roc del Moro a été découvert un « petit oppidum protohistorique dont les fortifications en pierre sèche conservent encore une assez bonne élévation »(Lieux et légendes du Roussillon et des Pyrénées catalanes-Jean Abelanet-Llibres del Trabucaire-1999). Les panoramas s’entrouvrent sur la vallée de la Têt et le Massif du Canigou merveilleusement enneigé à cette époque de l’année. On commence à peine à entamer une appréciable descente qu’il faut déjà la quitter au profit du G.R.36 qui lui, ne lambine pas à remonter abruptement dans un chemin plus large mais crevassé à l’extrême. Heureusement, cette mauvaise portion de l’itinéraire est très courte et l’on rejoint très rapidement une bonne piste forestière. Là, tout en montant vers le col de Guès (821 m), le regard embrasse des magnifiques paysages. Alors on s’arrête, on reprend son souffle, on prend son temps et on essaye de donner des noms aux lieux aperçus et aux hameaux que l’on aperçoit en contrebas : Marcevol et Arboussols essentiellement. Puis, la piste entre dans une belle forêt de conifères aux nombreux champignons que les premiers frimas de décembre ont définitivement figés dans la glace. La piste monte en zigzaguant mais des vues se font jour sur la longue chaîne des Pyrénées enneigées et la magnifique Forêt domaniale du Fenouillèdes aux prodigieuses couleurs confuses. Sur un lavis d’un ciel bleu presque immaculé, les différentes nuances de verts des résineux et de certains persistants se mélangent aux roux des caduques et aux multiples bruns et gris de la garrigue créant ainsi un tableau digne des meilleurs aquarellistes anglais du Siècle d’Or. Quand le col est atteint, l’heure de prendre un peu de repos et de pique-niquer est déjà là et nous allons manger sur l’herbe sous les yeux incrédules de quelques chasseurs qui font le guet. Oui, nous sommes mardi et pourtant il y a bien une battue aux gros gibiers et nous ne l’avions pas prévue. Heureusement, il n’est pas loin de midi et cette « chasse » va bientôt se terminer. Par contre, en reprenant la route, nous serons bouleversés quand nous constaterons qu’elle s’est déjà très mal terminée pour un pauvre petit chevreuil. Quelques kilos de viande pour au bas mot 20 à 25 chasseurs selon l’estimation que j’ai pu faire ? N’aurait-il pas été préférable qu’ils aillent s’acheter deux ou trois steaks chacun plutôt que d’ôter la vie à ce pauvre petit animal qui ne demandait qu’à gambader dans cette belle forêt ? Nous aurions pu en débattre d’ailleurs, mais peut-être que d’autres l’ont fait avant nous en ce lieu étrangement baptisé « le Débat » où nous ne tardons pas à arriver. Il s’agit d’un long bâtiment formé de plusieurs pièces dont la moitié est en ruines. Derrière la bâtisse se trouve une citerne DFCI. Sur Internet, après de longues recherches, l’histoire nous apprend que dans les années 1942-1944, ici on ne débattait pas de chasse envers les animaux mais d’une autre chasse, celle que les maquisards menaient sur la stratégie à adopter pour combattre l’occupant allemand, voilà pour l’explication de ce nom.  En tous cas, débattre aujourd’hui de la chasse semble peine perdue puisque les animaux semblent se raréfier si je tiens compte des dires de certains chasseurs mais que cette « activité sportive » continue de plus belle comme si de rien n’était. Finalement, nous allons pouvoir poursuivre plus sereinement notre chemin car les chasseurs ont finalement retrouvés leurs chiens perdus que l’on entendait hurler dans le lointain. Ces chiens perdus ne sont pas sans collier mais en plus, ils sont désormais équipés de balises GPS ultrasophistiquées, alors les retrouver est un jeu d’enfant. A quand le gibier équipé également de GPS ? Dans leurs puissants et nauséabonds 4x4, les chasseurs sont définitivement partis et nous reprenons notre itinéraire dans le silence retrouvé que seul le gazouillis de quelques passereaux perturbe agréablement. Après le Débat, dominé au loin par la silhouette débonnaire de quelques monts plus élevés comme le Roc de Curet (825 m) et le Roc Sisterne (832 m), le parcours se poursuit encore quelques temps au sein de la forêt, croisant au passage quelques étonnants magmas rocheux granitiques. Au loin, une trouée laisse entrevoir des ruines. Séquières sans doute ? Puis, après une dernière sapinière de reboisement, les espaces s’entrouvrent sur un plateau à la végétation broussailleuse plus basse. Bien qu’aucunes ruines ne soient visibles, on imagine que le plateau de Séquières n’est plus très loin. De nouveaux et beaux panoramas apparaissent où l’œil du randonneur averti peut très facilement reconnaître le Massif du Madres, le Pic Dourmidou, la forêt de Boucheville et son point culminant le Sarrat Naout, Rabouillet, le Pech de Bugarach et un peu plus près de nous, le village de Campoussy. Peu après la côte 651 sur la carte IGN, on délaisse la piste principale au profit d’un large chemin herbeux qui part dans la garrigue. Peu de temps après, les ruines de l’église et du château de Séquières sont désormais visibles dans la ligne de mire mais plutôt que de poursuivre tout droit et au jugé, on reste bien tranquillement sur le chemin herbeux qui finalement atterri en surplomb d’un grand hangar verdâtre non loin d’une petite route asphaltée. Il suffit de rejoindre cette route et de la suivre par la gauche. Elle passe à proximité d’un mas et file jusqu’à un embranchement où vers la droite, un chemin creux bordé de pierres mène directement aux deux vieilles bâtisses. On est très rapidement interloqué par ces étonnantes ruines complètement isolées en bordure de cet impressionnant à-pic donnant sur la vallée du ruisseau de la Rapane où l’on distingue tout en bas la petite route sinueuse filant vers Sournia. Puis dans un deuxième temps, les questions surgissent : Qui a eu l’idée de construire ces édifices éloignés de tout ? Et surtout pourquoi ici ? Si on peut imaginer l’utilité de l’église, on reste très indécis quand à l’intérêt d’avoir construit ce château dont il ne reste que les quatre murs immenses et les deux « Demoiselles », ces hautes colonnes de pierre quasi parfaites qui devaient soutenir la toiture ? Et d’ailleurs est-ce bien un château ou bien une grange fortifiée comme certains le supposent ? En tous cas, il semble que par ici, on craignait bougrement les visiteurs car or mis quelques meurtrières, les ouvertures sont quasiment inexistantes dans les deux monuments. Les mystères resteront entiers à moins que de nouvelles archives soient un jour découvertes. Après cette envoûtante visite, il est temps d’entreprendre le chemin du retour vers Tarerach en empruntant le sentier qui démarre devant le château et file entre les ruines de rares mais évidentes habitations. Quelques mètres plus loin, on retrouve une bonne piste que l’on prend à main gauche. Elle louvoie dans la garrigue, on laisse sur la gauche le domaine privé du Prat de l’Estang puis sans doute le Cortal Bascou en cours de rénovation et sur la droite le Cortal Sire. Au loin le pic du Canigou que l’on avait un peu trop vite oublié fait une belle réapparition dans un horizon désormais laiteux. Près d’un petit col, on retrouve l’asphalte d’une route qui descend vers le col des Auzines mais on le délaisse au profit de la terre d’une première piste DFCI F75 qui part à droite puis d’une deuxième qui monte en pente douce en direction du Roc del Gotier (765 m). On va poursuivre cette piste sur un peu plus d’un kilomètre jusqu’à rencontrer une pancarte indiquant Tarerach. Tout en montant, la piste contourne et domine le Cortal Sire. Des vues nouvelles sur le plateau de Séquières apparaissent et chose que l’on n’avait pas automatiquement observé jusqu’à présent, nos objectifs du jour sont bien au sommet d’un petit promontoire. Quand la pancarte Tarérach se présente, il suffit de quitter la piste au profit d’un étroit sentier caillouteux qui rejoint le village en un quart d’heures. Hors mis l’église et quelques petites venelles, il n’y a pas grand-chose à voir à Tarerach mais il y a aussi une placette avec un joli préau et pour moi, ça reste un très bon souvenir de mon Tour des Fenouillèdes car alors qu’il s’était mis à pleuvoir lors de cette première étape nous menant de Trilla à Eus, le préau avait été un agréable refuge où mon fils et moi avions pu déjeuner bien tranquillement et surtout au sec. Cette boucle telle que décrite est longue d’environ 17 kilomètres. Le dénivelé est de 295 mètres car le point le plus bas est Tarérach situé à 526 mètres et le plus haut, le col de Guès à 821 mètres d’altitude. De bonnes chaussures de randonnées sont conseillées en raison de passages très caillouteux notamment au départ et à l’arrivée à Tarerach. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons interprétées par Serge Lama. Elles ont pour titre : "Une Île" "Je t'aime à la folie", "L'enfant d'un Autre" et les "Ballons Rouges". Il y a également une version instrumentale de 'Les Ballons Rouges" par Emmanuel Milemont.

    LA-TOUR-DE-LA-MADELOC

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    La Tour de la Madeloc à partir de Banyuls-sur-Mer est une balade incontournable de notre département des Pyrénées-Orientales bien connue de tous les clubs de randonnées pédestres. Faut-il pour autant que je la néglige et que je ne l’inscrive pas dans mon blog ? A cette question, je réponds non. J’en veux pour preuve le nombre de plus en plus accrus de blogueurs qui s’étonnent de ne pas voir dans mon blog d’explications pour gravir le Pic du Canigou sur une seule journée. Il est vrai que depuis que le massif est devenu Grand Site de France, sauf à partir de très loin ou à prendre un taxi parfois à un tarif un peu prohibitif, notre « Olympe » est devenu de plus en plus inabordable. Autre cas que celui de cette autre blogueuse, touriste estivale et fidèle de notre région mais que le moindre dénivelé rebutait, qui m’avait adressé un mail  pour se plaindre de ne pas avoir trouvé le tour du lac de Villeneuve-de-la-Raho dans mes « Belles Randonnées Expliquées ». Elle rouspétait, à juste titre, de ne trouver que des randonnées ascensionnelles. Elle m’avait fait remarquer qu’après avoir arpenté pendant dix ans, en long et en large (enfin en large sans doute pas !), toutes les plages de notre département, une amie lui avait fait découvrir notre « populaire » lac de la Raho qu’elle avait trouvé tout simplement merveilleux sur fond de Canigou se reflétant dans ses eaux immobiles.  Alors, c’est promis, je ne négligerais jamais les « Incontournables » randonnées de notre département et voici le récit de cette jolie boucle qui m’a permis à partir de Banyuls-sur-Mer de gravir la Madeloc par le mythique G.R.10. En laissant ma voiture sur un parking du front de mer, je ne sais pas pourquoi mais je me suis mis à penser à une histoire que j’avais lu quelques semaines auparavant dans un vieux Géo Magazine. Cet article relatait le départ de la traversée des Pyrénées par le G.R.10 du fameux guide pyrénéen et écrivain Louis Audoubert. Il paraît que sur la plage de Banyuls, Audoubert s’était d’abord baigné puis, sortant de l’eau, il avait aussitôt troqué son maillot de bain contre sa tenue de parfait montagnard et c’est ainsi qu’il avait démarré sans attendre son périple de 850 kilomètres. Dieu sait si j’adore me baigner mais cette pensée me fit sourire car nous étions le 6 décembre et je me suis dit que l’eau devait être quand même très fraîche pour faire comme lui, d’autant que ce matin-là, une « bonne » tramontane balayait la plage. J’ai donc harnaché mon sac à dos, longé la promenade en direction de la mairie car je savais que le départ du G.R.10 se trouvait là sous la forme d’une superbe fresque en faïence. Une fois arrivé devant la mairie, si ce n’était une croix blanche et rouge peinte dans l’autre angle de la rue adjacente, c’est à dire sur l’avenue du Général de Gaulle, cette jolie fresque aurait presque tendance à nous induire en erreur en nous incitant à emprunter cette longue avenue. En réalité, il faut simplement traverser cette avenue et les légendaires marques blanches et rouges sont de l’autre côté. On emprunte la rue du Puig del Mas et il suffit désormais de prêter un peu d’attention pour suivre ce balisage au gré de diverses ruelles. Le G.R.10 nous entraîne très rapidement et sans problème hors de la ville. On sort de Banyuls en empruntant un tunnel passant sous la voie ferrée. Quelques minutes plus tard, on en a déjà à grimper l’illustre vignoble pour se retrouver très vite sur un large et bon chemin terreux qui file entre vignes et maquis. Bien qu’encore très loin, la Tour de la Madeloc est déjà là, droit devant, au sommet d’une croupe aride, rocailleuse et déchiquetée. Dans la ligne de mire que forme le chemin, notre rougeâtre et minérale cible du jour contraste avec un magnifique ciel bleu qu’une violente tramontane a purgé de tout nuage depuis quelques jours. Toujours parfaitement balisé, le G.R.10 trace sa route vers le Col de la Llagastèra dans des paysages sans cesse renouvelés et une végétation très changeante : pins, oliviers, agaves, chênes lièges, chênes verts ou blancs, mimosas et même quelques eucalyptus. Derrière, la Côte Vermeille sculpte une façade maritime très irrégulière mais ô combien éclatante. Ici la mer et le ciel aux bleus bien distincts esquissent une ligne d’horizon quasi parfaite bien qu’un peu blanchâtre. C’est là, que réside toute la beauté de cette contrée, d’un côté, la minéralité rougeâtre d’un terroir parsemé de quelques touches verdoyantes d’une végétation nébuleuse mais néanmoins bien présente et de l’autre, la légèreté et la douceur azuréenne de la Méditerranée. Ajoutez à cet incroyable tableau, une luminosité exceptionnelle et on comprend mieux que de nombreux artistes aient fait de cette côte leurs sources d’inspiration et leurs lieux de villégiature. En cette saison, la faune visible est essentiellement représentée par quelques oiseaux, des passereaux pour la plupart, qui, dérangés de mon passage, fusent des vignes et des ronciers pour s’envoler à tire d’ailes. Un épervier plane, s’arrête en continuant de battre des ailes et tel un automate se met à faire du surplace au dessus du Vall Pompo. Deux jolies bergeronnettes grises ont décidés de m’accompagner. Les photographier n’est pas une mince affaire. Sautillant devant moi avec une incroyable légèreté tout en surveillant du coin de l’œil l’espace qui me sépare d’elles, elles n’en n’oublient pas pour autant de picorer les quelques insectes qui parsèment le sol du chemin. Leur survie hivernale en dépend. En arrivant au col de la Llagastèra, on hésite un temps à poursuivre l’itinéraire vers la Madeloc car là-haut sur la colline, notre objectif semble s’être volatilisé. L’illustre tour a disparu. Aurait-elle choisie juste ce jour-là pour s’écrouler ? Non, ce n’est qu’un effet d’optique et n’ayez aucune crainte car bien qu’ayant été construite en 1285, la tour chère à Jacques II de Majorque est solide, encore bien là et le restera sans doute encore très longtemps. A ce col, un ludique table d’orientation nous retient quelques temps. Outre la description classique des paysages environnants, elle raconte brièvement la viticulture au temps des Templiers.  Après cette jolie découverte, on poursuit le bitume avant de descendre vers la droite en direction d’une ravine par un étroit sentier ombragé. Bordé d’un mur de schistes planté de nombreuses fougères Cétérach et de Nombrils de Vénus, le sentier n’a pas encore atteint le fond de la ravine qu’il se met soudain à remonter abruptement en direction de la route que nous venons de quitter. Tout à coup, en passant sous de grands châtaigniers, la pente s’accentue et le sentier devient plus caillouteux. Il coupe trois fois la route asphaltée et prenant de la hauteur, les panoramas s’entrouvrent merveilleusement. Ces ouvertures sont d’autant plus agréables que la « bonne » dénivellation oblige à reprendre son souffle. Le chemin est mauvais, alors plutôt que de regarder ses pieds, on s’arrête et on écarquille les yeux devant tant de beauté. Le col des Gascons est finalement atteint et on est désagréablement surpris et déçu de son altitude. 386 mètres seulement nous annonce le panonceau alors qu’on a le sentiment d’être à une altitude très nettement supérieure. Il est vrai que le départ à l’altitude zéro, le chemin déjà parcouru depuis ce départ et les vues impressionnantes sur Banyuls et les Albères engendrent mais faussent cette impression. Au col, je profite d’une herbe épaisse et grasse pour faire une pause et me restaurer un peu puis je repars toujours en montant sur un sentier commun au G.R.10 et à un petit P.R balisé en jaune. Très rapidement, je vais abandonner le G.R.10 au profit de cet unique balisage de couleur jaune. Malgré un rude dénivelé, la batterie des 500 est vite atteinte. Appelée ainsi car construite à la côte 500, elle fut édifiée comme bon nombre d’autres forts, fortins, batteries, redoutes, épaulements et autres casernements du secteur après la défaite traumatisante contre les Prussiens de la guerre de 1870.  Pour lever cet affront de la défaite de 1871 et avec un évident goût de revanche, à partir de 1874, c’est au Général Séré de Rivières, que revient la lourde tâche d’édifier un système de fortifications sur l’ensemble du territoire connu sous le nom de « rideaux défensifs ». La Côte Vermeille n’y fera pas exception d’autant que l’Etat prend conscience de l’importance de Port-Vendres dans le commerce avec l’Afrique du Nord.  Ici en Roussillon, le général Séré de Rivières ne terminera pas sa tâche, mais le génie militaire sur les bases de ses plans construira la route des crêtes, édifiera les Batterie des 500, de Taillefer et de la Galline ainsi que le fort du Cap Béar. Ici, de Collioure à Banyuls et sur les hauteurs, on trouve désormais un nombre incalculable de fortifications soit plus anciennes car médiévales ou bien érigées par Vauban ou Mailly soit construites de toutes pièces après 1870 ou soit reconstruites sur des emplacements de fortins déjà existants : château Royal, fort Carré, fort Rodon, fort Dugommier, batterie de la Galline, batterie de la Mauresque, batteries des Gascons près du col du même nom, fort Béar, redoutes, casernements et épaulements de la Madeloc, batteries de Taillefer, redoute Mailly, fort Saint-Elme, et j’en oublie sans aucun doute. La caractéristique de tous ces bâtiments du 19eme siècle, c’est qu’ils n’ont pratiquement jamais servi à des fins guerrières. Malgré ça et si certains ont été très bien conservés et entretenus, d’autres parfaitement restaurés, il y en a d’autres comme la batterie des 500 qui ont été complètement oubliés et sont en piteux états car victimes d’actes de vandalisme. J’ai bénéficié des grilles arrachées pour entrer et visiter dans le détail cet héritage historique bafoué. Avant de reprendre la petite route asphaltée qui monte vers l’ancienne tour à signaux, j’en ai profité pour prendre un maximum de photos me disant que passé un autre siècle supplémentaire, il ne restera peut-être plus grand-chose de visible. Puis quand je me suis décidé à quitter ces vestiges, là encore je me suis arrêté sans cesse car tout en montant, les vues sur la côte étaient tout bonnement extraordinaires. Là, je me suis véritablement régalé à « mitrailler » de près ou de loin tout ce qui me paraissait admirable. Mais il y avait tant de belles choses à mettre dans mon numérique : Collioure, Port-Vendres, le cap Béar, Paulilles, Cosprons, les fortifications, la mer, les vignobles en terrasses puis en arrivant à la tour, cette incroyable vision de la côte sableuse, avec une courbe quasi parfaite d’Argelès-sur-Mer jusqu’à l’infini. Ici, grâce à une visibilité exceptionnelle, cet infini avait pour nom Port-la-Nouvelle distant de 60 kilomètres à vol d’oiseau. Derrière la Madeloc, j’ai aperçu sa sœur jumelle, la Tour de la Massane, et dans une incroyable succession de sombres dos d’ânes, l’Albère qui déroulait ses belles forêts jusqu’à ses points culminants que sont les pics des Quatre Termes et le Néoulous. Encore un peu plus loin, j’ai remarqué les sommets enneigés du Canigou et du Madres puis en redescendant vers l’ample plaine du Roussillon, j’ai fini par deviner sous une chape brumeuse, la longue chaîne des Corbières d’où émergeait la monumentale table de la Montagne de Tauch. Après ce manège de paysages, mon seul regret a été l’impossibilité de visiter la tour aujourd’hui occupée par le Groupe TDF et donc fermée au public. Elle reste néanmoins un magnifique monument à regarder même si surmontée de pylônes, truffée d’antennes et bardée de paraboles, elle perd un peu de son authenticité. Mais après tout faut-il regretter qu’elle ait conservé sa fonction première qui était d’émettre et de recevoir des signaux ? En quelques siècles, quels progrès ! La tour est passée de signaux de feux et de fumées visibles de très loin à des signaux hertziens invisibles. Ah si les Rois d’Aragon et de Majorque pouvaient voir ça, à coup sûr, ils se diraient « quel merveilleux outil pour gagner des batailles et des guerres ! ». Après avoir flâné autour du sommet plus que de raison, et notamment sur les différents épaulements militaires, j’ai finalement repris la route en sens inverse, direction la Batterie des 500 puis le col des Gascons. Là, dans la descente, la vue porte jusqu’au cap Creus mais, au fil de l’inclinaison, cet horizon lointain disparaît très vite au profit de la barre rocheuse que constitue la fin des Albères plongeant dans la mer. On y distingue le sommet du Querroig dont je garde le bon souvenir d’une balade pédestre malgré un retour vers Banyuls sous une pluie froide et diluvienne. Au col des Gascons, je n’ai pas repris le G.R 10 mais j’ai poursuivi la petite D.86 jusqu’au premier virage où un large chemin balisé en jaune descend tout droit dans un bois de chênes-lièges. Au fil de la descente, le large chemin se dégrade jusqu’à devenir un étroit sentier exécrable et « tord-chevilles » car très caillouteux. Heureusement, ça ne dure pas longtemps car le sentier s’élargit de nouveau, s’aplanit et devient même agréable car on chemine désormais sur une crête de coteaux de vignes dominant sur la droite le vallon de la Baillaury et sur la gauche celui du Vall Pompo. Il va en être ainsi jusqu’à la blanche petite chapelle de Notre-Dame de la Salette. Ici tout est sérénité et même si la chapelle est fermée, j’ai pris plaisir à m’y reposer quelques instants, le temps d’y finir mon casse-croûte et de parcourir une table d’orientation dominant Banyuls. La chapelle fut construite en 1853 par Bonaventure Reig de la Serra, un très important propriétaire terrien banyulenc qui après s’être rendu à un pèlerinage en Isère à Notre-Dame de la Salette l’avait voulu ainsi. On ignore ses motivations exactes mais descendant d’une famille de viticulteurs depuis les Templiers, Bonaventure Reig était un fervent catholique et un militant très engagé dans sa religion. En quittant la chapelle, le sentier traverse quelques belles villas au style « méditerranéen » et aboutit au Mas Reig, haut-lieu de la viticulture et de l’Ordre du Temple. L’itinéraire passe devant la Gendarmerie et aboutit finalement à l’affluence du Rec du Val Pompo et de la rivière de Baillaury. Là, il suffit de suivre la rivière en empruntant l’avenue du Général de Gaulle et quelques minutes plus tard, on retrouve la mairie, la promenade et la plage. Moi, j’ai encore flâné car dans le lit de la rivière de nombreuses bergeronnettes grises et des ruisseaux ont encore retenu mon attention et celle de mon numérique. Puis j’ai finalement terminé cette longue mais ô combien merveilleuse randonnée que je vous conseille de faire de préférence un jour de grand soleil comme ce fut le cas pour moi. J’estime la distance du parcours effectué à 17 kilomètres pour des montées cumulées de 1.100 mètres environ. Quand au calcul du dénivelé, il ne peut être plus simple : 656 mètres, altitude où se trouve la Tour de la Madeloc. Carte IGN 2549 OT Banyuls-Col du Perthus-Côte Vermeille Top 25.

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    ( N.B : J'ai commis une erreur sur la photo où j'ai mentionné un Euprocte des Pyrénées (Calotriton asper). Selon un spécialiste du Muséum d'Histoire Naturelle qui m'a contacté, il s'agit d'un Crapaud épineux (Bufo spinosus).
    Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques interprétées au piano par Ludovico Einaudi. Elles ont pour titre "Primavera", "Other Nature" (Trio Whitefree avec Robert Lippok et Ronald Lippok ) et "Divenire".
    LE-CIRCUIT-DE-FOSSE"
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    Même si j’en fais une description plutôt précise, je suis enclin à dire que ce circuit de Fosse par la Couillade de Ventefarine, vous pourrez sans problème l’aménager à votre guise. En effet, les pistes forestières, chemins et autres sentiers y sont si nombreux que vous aurez l’embarras du choix quand à la boucle et à la distance que vous aurez décidé de parcourir. Moi, c’est une version plutôt longue (17 km) que je vous propose car une fois encore, nous avions ce jour-là, Dany et moi,  des « fourmis dans les jambes » et j’avais donc décrété que nous remplirions cette journée de novembre, qui selon la météo, s’annonçait si belle. Elle le fut, avec un ciel plutôt bleu, même si quelques rares cirrus et cirrostratus avaient décidé d’être de la partie, histoire d’enrober cette agréable balade d’un halo blanchâtre et de ternir un peu mes photos avec un moins de luminosité qu’à l’habitude. Mais les « fourmis » de nos jambes ne furent pas la seule raison à allonger inconsidérément cette boucle et surtout, à emprunter longuement le bitume dès le départ de Fosse. En effet, dans ma mémoire d’autres animaux étaient encore bien présents car il y a quelques années, alors que je randonnais dans ce secteur entre Saint-Martin-de-Fenouillet et Fosse, j’avais constaté un nombre incalculable de salamandres et de tritons dans les quelques fossés et poches d’eau qui jouxtent la petite route entre les deux hameaux. Je ne sais pas si les fortes pluies des jours précédents y étaient pour quelque chose mais dans une même poche d’eau, j’avais aperçu des dizaines de ces amphibiens urodèles. Ce jour-là, n’ayant pas d’appareil photo, je n’avais pas pu immortalisé cette vision assez insolite de nombreuses salamandres et tritons dans un même trou d’eau. En réalité, s’il s’agissait bien de Salamandres communes (salamandra salamandra), les tritons aperçus étaient sans doute des Euproctes des Pyrénées (Calotriton asper) reconnaissables à leur peau marron verdâtre très rugueuse. Comme il venait également de pleuvoir quelques jours avant cette randonnée, c’est avec la ferme intention de photographier cette scène assez rarissime et étrange que j’avais décidé d’emprunter sensiblement le même parcours et donc longuement le bitume en direction de Saint-Martin-de-Fenouillet. Il faut l’avouer, le résultat ne fut pas à la hauteur de mes espérances mais je suppose que les conditions climatiques, ensoleillement, hygrométrie, hydrométrie, températures de l’air et des eaux, etc… ne furent sans doute pas exactement les mêmes que la première fois. Ceci expliquant cela. Toutefois, la déception ne fut pas totale non plus car j’ai néanmoins pu photographier une Salamandre commune dans un fossé non loin du bord de la route. Malheureusement cette salamandre fut bien plus preste que moi et je n’eus pas le temps de prendre un second cliché en rapproché qu’elle avait déjà rejoint les profondeurs de la poche d’eau. Si cette salamandre fut le seul amphibien vivant que j’eus l’occasion de photographier ce jour-là, le bitume, lui, était suffisamment jonché de nombreux cadavres de salamandres et d’euproctes pour me confirmer la réalité d’une certaine abondance de ces animaux dans ce secteur des Fenouillèdes. Il faut simplement espérer que la circulation routière ne soit pas trop meurtrière et qu’au cours de leurs activités le plus souvent nocturnes de nombreux animaux soient épargnés afin que leur existence et surtout leur espèce se perpétuent. Pourtant, il faut reconnaître que cette petite route vicinale que nous avons cheminée est vraiment peu fréquentée car tout au long des 2.500 parcourus sur l’asphalte, nous n’avons pas vu un seul véhicule. Quand au village, nous n’y avons croisé personne non plus. Je suppose que ces amphibiens arrivent sur cette route, depuis la toute proche Matassa, rivière dont le débit est régulier tout au long de l’année. Si bien évidemment, les salamandres et autres tritons ne vous intéressent pas vraiment, vous aurez intérêt à rester sur les chemins de randonnées pour rejoindre au plus vite la Couillade de Ventefarine. Pour cela, vous aurez quitté Fosse en partant vers l’est et vous aurez eu le choix entre deux itinéraires bien plus courts et rapides que le mien. Soit un petit sentier matérialisé par une pancarte « Cauciel », P.R. balisé en jaune, qui, à la sortie de Fosse, part immédiatement à gauche en direction de Ventefarine, soit vous emprunterez le G.R.36 (balisage blanc et rouge) c'est-à-dire la route bitumée sur 1.200 mètres environ jusqu’à un premier panonceau indiquant Le Vivier et Saint-Martin. Quelques mètres plus loin, vous aurez à nouveau le choix entre deux autres itinéraires, soit le G.R.36 qui continue vers l’est ou mieux, un autre petit chemin qui rejoint le Sentier d’interprétation géologique des Hauts de Taïchac que nous avons pris nous-mêmes un peu plus tard. Peu après l’ancien four à chaux, il faut simplement prêter attention à un croisement qui part nord-ouest en direction de la Couillade de Ventefarine pour ne pas poursuivre inutilement le sentier d’interprétation. Comme toutes les diverses curiosités remarquables présentes sur les cartes, ce lieu-dit de la Couillade de Ventefarine est symbolisé sur la carte IGN par une étoile rouge à  cinq branches. Aussi quand vous l’aurez atteint sans doute vous poserez vous la question de savoir qu’elle est vraiment cette curiosité ? Y êtes-vous passé à côté sans la voir ? A-t-elle disparue à jamais ? Il y a bien sûr depuis ce sommet de cette longue crête de la Roque des vues admirables sur l’interminable synclinal de Saint-Paul, la Vallée de la Boulzane, les Corbières et le mythique Pech de Bugarach mais rien qui ne justifie vraiment que les géographes y aient campé une étoile à cet endroit-là sur leurs cartes. Si tous les topographes se mettaient à dessiner des étoiles rouges pour chaque beau panorama rencontré, les cartes en seraient complètement remplies et on ne verrait plus que ça ! Alors, la Couillade de Ventefarine, c’est quoi exactement ? Le mot « couillade » n’est pas un mot ou un nom très utilisé dans le langage courant. Pourtant amusez-vous à le taper dans Google et vous verrez qu’il y a plus de 3.500 sites comportant ce mot mais assez peu si on y adjoint le mot « Ventefarine ». Si vous analysez les résultats, vous constaterez qu’une immense majorité de ces 3.500 sites concernent les Pyrénées ou les Corbières mais par contre, je n’ai trouvé aucune explication historique ni aucun commentaire concernant notre objectif du jour. Quand à la toponymie du mot « couillade », elle est relativement facile à trouver et tout le monde semble à peu près d’accord pour la transcrire comme étant « un large col herbeux ». Elle serait donc la version occitane de notre « collade » ou « collada » catalane. Quand au nom propre « Ventefarine », j’ai déjà eu l’occasion de vous en donner une interprétation lors d’une récente randonnée au « Moulin de Ribaute » et je l’avais traduit comme étant le nom d’un lieu où l’on séparait la farine du son, opération que l’on appelle « blutage ». Il semble que je n’en étais pas très loin car selon l’historien Jean Tosti, il s’agirait plutôt de l’opération de « vannage » qui consistait à séparer les grains des restes de pailles et des poussières diverses. Cette opération nécessitant un vent favorable, on avait pris l’habitude de l’effectuer sur une colline où une aire bien ventée était présente (Le temps de la moisson site Internet de Jean Tosti). C’est ainsi que l’on trouve encore de nombreux « Ventefarine » ou « Bentefarine »  dans notre beau département (Vinca, Duilhac, Estagel, Néfiach, Maury, etc…) mais également en Ariège et bien plus loin aussi puisqu’on en trouve dans la France entière. Enfin, on peut imaginer que ce mot ait été une transformation du mot «ventarinada» qui en occitan signifie une bouffée de vent. Alors, bien sûr, un fois le circuit accompli, vous me direz que sur cette crête, vous n’y avez rencontré ni « col herbeux » ni « aire de vannage ou de battage du blé » ?  En êtes-vous bien sûr ? Il faut bien sûr se projeter de nombreuses années voire siècles en arrière mais en cherchant un peu au bord du sentier, on trouve assez facilement une vaste zone plane et les pierres taillées et écroulées d’une vieille ruine près d’un petit monticule rocheux. C’est la Couillade de Ventefarine. Bien sûr, cet emplacement où s’effectuait le « vannage » est aujourd’hui largement envahi par les chênes verts mais ces quelques ruines ensevelies sous la végétation sont les restes certains d’un vrai patrimoine historique. De plus, cet endroit est le seul de toute la colline à avoir un accès avec l’autre versant donnant sur le vallon de la Boulzane que l’on atteint grâce à un sentier aujourd’hui seulement connu des commandos qui viennent s’entraîner ici lors de marches nocturnes. A l’époque, il est presque certain que les paysans des deux versants de la Roque venaient y battre leur blé. La Couillade, c’était un vrai col ! Après cette découverte, il faut poursuivre le sentier en restant sur celui situé au plus haut et au plus près de la crête. Dans le cas contraire, vous redescendrez directement à Fosse mais quand on veut faire un circuit, ce n’est pas vraiment l’idéal ! Il s’agit d’un étroit sentier pas toujours merveilleusement débroussaillé mais praticable car le plus souvent emprunté par les chasseurs et les ramasseurs de champignons du coin. Vous y rencontrerez quelques vieilles bornes du temps où l’on confiait les levés topographiques aux Officiers d’Etat-major. A l’occasion de quelques trouées, de belles vues se dévoilent des deux côtés de la ligne de crêtes. Le Canigou et les Pyrénées d’un côté et de l’autre, le Bugarach et les Corbières. Ce petit sentier finit par atteindre une pinède où une large piste file à droite toujours au milieu des pins. Ici, pendant que Dany ramassait sur les talus quelques excellents lactaires délicieux, moi, je me suis mis à courir derrière un petit écureuil roux qui a finalement accepté mon appareil photo trop occupé qu’il était à finir de grignoter une pomme de pins. Ici, au bord de cette piste, on y remarque aussi une sinistre pancarte mentionnant l’étrange disparition du dénommé Sébastien Pous le 29  mai 2008. Agé de 84 ans, l’ancien maire de Fosse s’est littéralement volatilisé et le mystère reste entier car on ne l’a jamais plus revu. Ah ! Si les écureuils pouvaient parler ! Quelques mètres plus loin, on retrouve une variante du G.R.36 et une autre pancarte indiquant la direction du Col del Mas qu’il faut suivre sur 400 mètres environ jusqu’à une autre intersection de chemins : sur la droite, le Col del Mas et sur la gauche, pour un retour plus rapide vers Fosse par le G.R.36 si vous le souhaitez. Au Col del Mas, on traverse la D.9 et l’on poursuit tout droit en empruntant une large piste qui monte et laisse entrevoir de jolies vues sur la commune de Fenouillet, ses châteaux médiévaux, sur le verdoyant Vallon d’Aigues-Bonnes, le Pech de Fraissinet et la Serre de la Quière. Entre maquis et bois de résineux, on poursuit cette piste DFCI F39 jusqu’à rencontrer un nouveau panneau de randonnée indiquant la Source des Verriers, Ici, on ignore la direction de cette jolie balade déjà expliquée dans ce blog pour emprunter à gauche le large chemin herbeux qui file au milieu de prés très souvent plantés d’une multitude de champignons et notamment d’énormes Agarics des jachères (Agaricus arvensis). Ces Rosés des prés qui exhalent un fort parfum d’anis et que l’on rencontre surtout à l’automne ne sont pas les meilleurs champignons du monde car souvent un peu spongieux quand ils sont trop gros, mais ils s’adaptent merveilleusement et très facilement à de multiples sauces ou recettes de cuisine. Le sentier rectiligne descend, laisse entrevoir des vues panoramiques lointaines et finit par atteindre une nouvelle jonction de chemins. Une fois encore, on ignore l’itinéraire de la Source des Verriers qui file vers Vira et on lui préfère la piste DFCI F43 qui part à gauche en direction des Cabanes. Le chemin zigzague un peu, laisse sur la gauche un grand hangar en bois et on atteint très vite le hameau. Partie basse du village de Fosse puisqu’on y trouve la mairie, la traversée des Cabanes est très rapide car à vrai dire, il n’y a pas grand-chose à visiter. Il suffit de rejoindre le haut du village que l’on aperçoit au pied de l’oblongue « serre » et notre magnifique balade automnale autour de Fosse se termine quelques minutes plus tard. Le parcours effectué est long de 17 kilomètres environ pour un dénivelé très modeste dépassant à peine les 200 mètres mais comme indiqué en avant-propos, vous pourrez raccourcir ce circuit et l’adapter à votre guise. Certaines parties étant un peu embroussaillées et d’autres caillouteuses, bonnes chaussures de marche et pantalons longs sont vivement recommandés. Enfin si l'Histoire de Fosse vous intéresse, je vous conseille la lecture des quelques bulletins municipaux que la commune a édités. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté avec 6 chansons des Beatles parmi celles qui ont été élues comme étant les plus belles. Pour des raisons d'interdiction de droits d'auteurs, elles sont interprétées ici par l'excellent groupe The Analogues. Les titres sont "Eleanor Rigby", "Something", "Golden Slumbers", "Carry That Weight"'You Never Give Me Your Money" et "A Day In The Life" 

    LA-TRANCADE-D'AMBOUILLA


    Comment l’appeler ? Voilà la question que je me suis d’abord posée avant de commencer l’article consacré à cette randonnée. « Ambulla » « Ambullas » « Amboulla » « Embulla » « Embouilla » « Ambouillat » « Ambouillats » « En Bullas » comme écrit sur les panneaux indicatifs rencontrés au cours de la balade, « Ambouya » comme aperçu dans un dépliant publicitaire du Club Alpin Français. Sur Internet, tous ces noms-là  désignent ce petit massif montagneux qui s’étire entre Villefranche-de-Conflent et Sirach sur la rive droite de la Têt. Alors à force de retourner le problème dans tous les sens, j’ai constaté que la carte IGN ainsi que la dénomination la plus courante était « Ambouilla » précédée d’un mot qui m’était également inconnu mais lui aussi mis à diverses sauces : « trancade » « trencade » « trancada » « trencada » et parfois même « troncade » ou « traucade ».  De quoi, il faut l’avouer, être bien « embrouillé » ! Alors, une fois encore, je me suis lié à la majorité pour finalement intituler mon article, la « Trancade d’Ambouilla ». Cette majorité est essentiellement constituée de botanistes du 18 et 19eme siècle qui venaient chercher ou découvrir dans ce joli coin de notre département quelques plantes rarissimes voire parfois endémiques. Il y eut aussi quelques naturalistes de renom qui ont arpenté cette montagne parmi lesquels Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse déjà rencontré lors de ma dernière balade à la Montagne des Cornes. Mais il faut le reconnaître aussi, de nos jours, cette montagne est peu connue des randonneurs pédestres et bien plus renommée pour son sous-sol depuis, qu’en 1981, un certain ‘Dédé’ Lachambre a découvert un réseau souterrain extraordinaire avec plus de 25 kilomètres de grottes et de galeries constituées de nombreuses concrétions minérales faites de cristallisations exceptionnelles à bien des égards... Mais vous l’avez bien compris, ce ne sera pas l’objet de cet article et croyez bien que je suis le premier à le regretter tant cette randonnée dans les entrailles de la terre semble être de toute beauté comme le laisse entrevoir de très nombreux sites Internet qui lui ont été dédiés. Ne soyez pas déçus pour autant, il y a tellement d’autres découvertes à faire sur cette Montagne d’Ambouilla qu’une seule journée de marche peut parfaitement être remplie. Mais avant de faire la description de celle-ci, tentons tout d’abord de définir l’étymologie du mot « trancade » et la toponymie du nom « Ambouilla ». Je l’avoue, ce fut une recherche longue et fastidieuse pour un résultat très incertain. En ce qui concerne une « trancade », le Littré de 1872 en donne la définition suivante : « Gros bloc de pierre, plein de larges cavités, qui se trouve à la surface de la terre » quant à l’Institut Géographique National dans son dictionnaire des Noms de lieux en France – Glossaire des termes dialectaux, il définit le mot « trencade » comme étant un abattis de bois ou une tranchée, cette dernière définition étant également reprise  dans le livre de l’étymologiste Robert Aymard « Toponymie pyrénéenne » et dans "le Dictionnaire Gascon-Français" de l’Abbé Vincent Foix qui lui, la définit en plus comme étant une « trouée ». Enfin l’abbé Jean Espagnolle dans le volume 3 de son « Origine du Français » (1890), ne semble pas vouloir faire de différence entre «  trencade » ou « trancade » leur donnant à tous deux la même origine à savoir les mots de vieux français « trencer »,  « trencher » que l’on retrouve dans de nombreuses autres langues comme « trenca » « trencha » « trancha » en Béarnais, « trenchar » ou « tranchar » en Provençal, « trencar » en Catalan , « trinchar » en Espagnol, « trincar » en Portugais et enfin « trinciare » en Italien et bien sûr « trancher » ou « tranchée » en français actuel. Notons enfin qu’en terme militaire, on désigne par abattis, un retranchement fait d’arbres abattus. Alors une « trancade » c’est sans doute une tranchée au sens géologique du terme c'est-à-dire une « cassure » ou  plus simplement une « ravine » plus profonde que large ce qui semble parfaitement correspondre à notre montagne d’Ambouilla dont deux des principales croupes culminant à plus de 800 mètres d’altitude sont séparées par un minuscule et très étroit fossé ressemblant à une tranchée.  Enfin la toponymie du nom « Ambouilla » est beaucoup plus délicate en raison même de la diversité dans la manière même de l’écrire. Si l’on se réfère au mot latin « bulla » signifiant « bulle » ou «  boule », le professeur belge Armand Boileau précise qu’on retrouve cette origine dans le dialecte germano-roman des mots « bouye » , « bouille » ou « bouya »  signifiant « enflure », « bosselure » « saillis » « protubérance » ou encore « bosse »(Toponymie dialectale germano-romane du nord-est de la province de Liége-1971). D’autres rapprochent le mot « bulla » du verbe « bulleter » qui au fil du temps a fini par se transformer en « bluter », opération consistant à tamiser la farine. Il n’est donc pas impossible qu’il y ait eu une ou plusieurs aires de battage du blé dans cette montagne. Enfin, dans sa « Toponymie pyrénéenne », Robert Aymard, donne pour origine au mot « Ambouilla » le mot « ampulla » signifiant « ampoule » au sens de « verrue » ou plus simplement de « butte » quant à la traduction du « bulla », pour lui, elle désigne carrément une « boule » mais rajoute qu’il peut s’agir d’un « mamelon » ou bien d’un « sein » et que l’on retrouve cette origine dans de nombreux autres vieux toponymes roussillonnais comme « le Boulou » « les Bouillouses », « Bolquère » « Bouleternère » « le Boulès » « Boule d’Amont », etc…  Recélant quantités de grottes, nos anciens savaient-ils que cette montagne était creuse ? On peut le penser aussi ! Enfin, pour le mot « Embula », un dictionnaire Provençal/Français de 1839 de Joseph-Toussaint Avril donne les significations de  « tromper, attraper, surprendre, enjôler, ensorceler, séduire » quand au mot « embuya », il signifie « embrouiller, méler, entreméler » alors  rien n’interdit de penser que le nom « Embouilla » ou « Ambouilla » en soit de vieilles déformations que l’on pourrait allégrement rapprocher des mots « éboulis » ou « éboulements » en parlant de pentes caillouteuses ou rocheuses ou bien « d’embroussaillement » en évoquant des bois en friches. En tous cas, ces mots-là sont conformes à cette montagne et à un autre lieu-dit près de Mosset qui s’appelle les Ambouillades. Enfin notons qu’il y a non loin d’ici près de la commune de Los Masos, un lieu-dit du nom de l’Amboulade mais aussi et surtout que parmi les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF),  une zone de type 1 de 33 ha intitulée « Trouée d’Ambouillet » a été délimitée et crée dans cette montagne. Tout comme la grotte de Sirach et le Massif de l’Ambouilla et des Canalettes, elle fait partie de la surface du Site Classé du Réseau Lachambre.   Je vous l’avais dit ce n’est pas facile de s’y retrouver mais on peut néanmoins faire une supposition assez simple et traduire la « Trancade d’Ambouilla » en « Tranchée des bulles ou des buttes » voire en «  Trouée des monts » ce qui parait assez logique au regard de la configuration de ce long et étroit fossé qui part du plateau d’Ambouilla au niveau du Camp del Gascou et descend jusqu’au Bac de la Trencade séparant ainsi les deux principales élévations de cette montagne. Mais laissons-là nos interrogations étymologiques et toponymiques et démarrons enfin cette randonnée. J’ai laissé ma voiture à Ria devant la vieille église Saint-Vincent mais ayant lu quelques temps auparavant que l’ancienne cité « Arria » était le berceau de la Catalogne (Ria-Sirach-Urbanya de Jean Viallet aux Editions Notes d’Histoire), il était hors de question que je quitte le village sans avoir vu son plus vieux quartier celui de la Llisse (lice) et les ruines de son illustre château où un certain Guifred le Velu, réunificateur de la Catalogne avait vu le jour au 8eme siècle. Ce fut d’autant bien que depuis cette ruine située sur le sommet de la colline, à 440 mètres d’altitude, les vues y sont superbes sur la plaine de la Têt, sur le Massif du Canigou et sur la Montagne d’Ambouilla, mon objectif du jour. Une stèle rappelant les origines de ce « bressol » catalan et une jolie table d’orientation aide le visiteur à mieux connaître le secteur. Après cette agréable visite de l’ancestral village, l’itinéraire me fit traverser la Nationale 116 et m’emmena vers Sirach par la traverse éponyme. Ria et Sirach, c’est un peu comme Sodome et Gomorrhe, les deux bourgs sont quasiment inséparables depuis des temps immémoriaux ayant été tous deux la possession de l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa et la paroisse de Sirach ayant été une dépendance de celle de Ria depuis le Haut Moyen-Âge. Ils sont encore plus proches depuis 1822, date à laquelle les deux communes ont été définitivement réunies sous une même bannière par décision du roi Louis XVIII. La comparaison avec Sodome et Gomorrhe s’arrête là car alors que j’avais perdu le balisage jaune, une vieille dame comprit immédiatement mon désarroi et s’empressa aussitôt de me remettre dans le droit chemin alors que j’étais parti m’égarer vers la vieille église Saint Clément de Sirach. Ce droit chemin avait pour nom « rue d’Aragon » puis « rue de Bellevue ». Toute droite jusqu’au chemin des Ambullas, cette dernière rue m’entraîna rapidement hors de Sirach sur un sentier qui enjamba le canal de Bohère puis entra de plein pied dans une belle garrigue aux chaudes couleurs automnales. Longeant un petit ravin où s’écoule un maigre ruisselet du nom de « Correc de la Polit », « polit » signifiant « jolie » en occitan, le sentier grimpa sans cesse en direction de ce que je pensais être un collet. Mais il n’y eut point de collet et le sentier déboucha simplement sur une large piste qui continua de monter puis se stabilisa en arrivant au plateau d’Ambouilla. Au regard de quelques bovins et de vastes zones défrichées par un bulldozer, ce plateau semble de toute évidence essentiellement destiné aux pâturages. Par contre, un nombre incalculable de bornes plantées très anarchiquement laisse imaginer que bien d’autres activités aient fonctionné sur le plateau et les versants de la montagne. Quelle était la fonction exacte de ces bornes or mis celle de délimiter quelque chose et certainement des parcelles en raison de leur grand nombre ? Ont-elles été déplacées au fil du temps par les défrichages et les épierrements successifs ? Marquent-elles au contraire des emplacements où il est déconseillé d’épierrer en raison d’un sous-sol contenant des canalisations ? J’avoue ne pas avoir trouvé d’explications rationnelles au regard de leurs dispositions plus que bizarres.  En automne, les près adjacents au plateau recèlent une quantité incroyable de champignons parmi lesquels de nombreux et savoureux Rosés des prés. Il suffit de longer la totalité du plateau en ignorant tous les  panonceaux jusqu’à rencontrer celui indiquant la « Carrière de talc » pour avoir un aperçu de cette dernière. De tous temps, l’exploitation de divers minerais a été florissante dans ce secteur des Ambouillas et tous ses alentours : fer, marbre, feldspath, manganèse, talc et quelques autres minerais ont contribué à créer de nombreux emplois industriels.  Après la carrière, on poursuit le petit sentier direction Corneilla-de-Conflent pour atteindre le premier point de vue embrassant des vues remarquables de tous côtés : du Massif Coronat à celui du Canigou en passant par le Fort Libéria, Villefranche et ses remparts, la Vallée de la Têt, le massif des Canalettes, les vallons du Cady et de la Rotja, le Pla Ségala et les Esquerdes de Rotja, j’en passe et des meilleurs c’est quasiment une revue de détails d’objectifs pédestres et de découvertes qui défilent sous nos yeux émerveillés. Heureusement d’autres trouvailles nous attendent et il faut pour cela rebrousser chemin jusqu’à un panonceau indiquant une « chapelle romane ». Il s’agit en réalité d’une très vieille cabane de berger, véritable bijou d’architecture à encorbellements comme l’indique une opportune pancarte explicative intitulée « Cabane d’En Bullas ». De toutes les capitelles ou orris que j’ai pu rencontrer jusqu’à présent, c’est de toute évidence la construction la plus belle, la plus monumentale et surtout la plus aboutie architecturalement. Dix minutes plus loin sur le même sentier, un autre mirador panoramique laisse entrevoir de magnifiques vues aériennes sur Villefranche-de-Conflent mais également sur le Fort Libéria et la forêt de Campilles où l’on distingue la petite chapelle de Saint-Etienne, aperçue récemment lors d’une autre balade que j'avais intitulé les Chapelles du Coronat. Une nouvelle fois, il faut rebrousser chemin et cette fois, on choisit de retourner jusqu’à un panonceau indiquant la Redoute. Un sentier quitte le plateau et s’enfonce profondément dans la forêt. Sur la gauche, des terrasses évoquent des cultures passées, sur la droite, un étroit et profond fossé largement envahi par les arbres et une dense végétation. C’est la « fameuse » Trancade.  Le sentier descend de toute évidence entre les deux monts que j’apercevais clairement ce matin depuis les ruines du château de Ria. Sur la gauche, côté ombragé, on y voit essentiellement de hauts conifères tels les pins de Salzmann et les pins sylvestres. Sur la droite, côté plus longtemps ensoleillé, un maquis méditerranéen dans lequel on trouve néanmoins quelques feuillus comme les érables champêtres ou de Montpellier mais aussi de nombreux chênes verts et quelques pins d’Alep. En cette saison, les fleurs y sont plutôt rares : quelques bugranes naines, de nombreuses et minuscules Aspérules à l’esquinancie, des Asters à feuilles d’orpin en fin de floraison, les sempiternels Séneçons du Cap et au sommet des pins, de nombreuses boules vert jaunâtre qui sont celles de l’envahissant Gui blanc. Devant, dans l’angle ainsi formé par le fossé et les versants de deux monts, la colline de Belloc barre un horizon tout proche. On peut y distinguer sa vieille chapelle Saint-André. Un panonceau se présente dès la première intersection : « Corneilla-de-Conflent par fortifications » indiquant un sentier qui file à main droite. C’est la direction de la Redoute que l’on va suivre sur un sentier qui monte sans cesse tout en sinuosités. Tout droit, c’est « Villefranche-de-Conflent » que je prendrai au retour. A partir de ce panonceau, il faut compter environ 30 à 40 minutes pour atteindre la Redoute dont l’origine de la construction semble mal définie selon les historiens. En effet, le panneau explicatif à l’entrée du fortin la situe comme ayant été élevée au cours du 19eme siècle et certains en attribuent même la paternité à Napoléon III. Selon d’autres historiens, cette redoute serait l’œuvre de Vauban ou des Espagnols et notamment d’un certain Général Joseph Simon de Crespo qui aurait élevé deux redoutes sur les crêtes d’En Bulla (Campagnes de la Révolution Française dans les Pyrénées-Orientales de Joseph Napoléon Fervel-1851). En tous cas, tout ou partie de ce petit bastion dont l’originalité est d’être quasiment enterré est déjà existant lors de la Guerre de la Convention qui oppose la France à l’Espagne de 1793 à 1795.  Equipée d’une ou plusieurs batteries et pièces d’artillerie, cette redoute permet aux boulets d’atteindre la vallée de la Têt, le Fort Libéria ou la colline de Belloc sans être touchée elle-même, car inaccessible et protégée qu’elle est par les rochers de la falaise. En 1793, les Espagnols s’emparent des redoutes établies sur les versants de l’Ambouilla et prennent le dessus sur les Français. Au mois d’août 1793, le chef de l’Armée des Pyrénées-Orientales Louis-Charles de la Motte-Ango qui occupe le Fort Libéria, rend les armes et le Général Crespo occupe désormais Villefranche-de-Conflent et l’ensemble de ses fortifications que les rois d’Aragon et de nombreux militaires sauf Vauban avaient défini comme un « verrou stratégique infranchissable ». En effet en 1679, Vauban l’avait prédit «….la place forte peut-être prise par une armée qui s'établit sur les hauteurs qui entourent la citadelle…."  Un mois plus tard, début septembre 1793, le capitaine Sagné récupère ces redoutes permettant ainsi au lieutenant Gilly de reprendre Villefranche-de-Conflent et son fort. (Extraits du superbe site Internet 1793-1795 la Convention contre L’Espagne). Bien des années plus tard….début 1943, Sébastien Riu alias « Constantin », militant communiste et responsable F.T.P.F pour le secteur de Prades tente de recruter des résistants parmi les mineurs de Fillols, de Corneilla-de-Conflent et de Taurinya. Il mettra plusieurs mois avant de constituer un embryon de réseau.  En décembre 1943, Constantin et une douzaine de maquisards décident de faire de la Redoute d’Ambouilla leur lieu de résistance contre les Allemands mais les rigueurs de l’hiver, les risques encourus, les conditions de vie pénibles alliées aux difficultés de ravitaillements et d’accès au vieux fortin auront rapidement raison de leur unité. Le groupe est dissous et certains résistants rejoignent les membres du Maquis Henri Barbusse. Voilà très brièvement, quelques « Histoires » de cette Redoute qui en a certainement connues beaucoup d’autres. On ne quittera pas ce mamelon sans avoir jeté un dernier coup à la citerne de la Font de la Perdiu qui servait à ravitailler en eau douce les hommes et les bêtes des différentes garnisons qui séjournèrent ici. On n’oubliera pas non plus de se rendre au Roc de l’Aigle qui surplombe magnifiquement la vallée de la Têt. Pour cela, il faut rebrousser chemin, emprunter vers la droite la direction  du panonceau « Corneilla-de-Conflent-3h10 » et quand au bout de quelques mètres, on atteint un vaste plateau herbeux et rocheux, il faut suivre un balisage fait de ronds de peinture bleue qui part sur la gauche en direction du bord de la falaise. Ici se termine magnifiquement cette découverte de la Montagne d’Ambouilla à moins que comme moi vous décidiez encore d’aller faire un petit tour à Villefranche-de-Conflent, histoire de rester dans l’ambiance de l’Histoire avec un grand « H ». Dans le cas contraire, il suffira de poursuivre le sentier qui en pente douce vous ramènera sur le plateau puis à Sirach et Ria, par le même chemin qu’à l’aller. Si vous choisissez d’aller à Villefranche, sachez que le retour tout au long de la Nationale 116 est relativement périlleux jusqu’à la scierie et au pont d’En Gorner, surtout si vous êtes en groupe. Il n’y a pas de trottoirs, pas de sentier et la route est tout de même très fréquentée. Il sera donc préférable de laisser des véhicules à Villefranche. Le circuit tel que je l’ai réalisé est long d’environ 21 kilomètres. Le point culminant est la Redoute située à 813 mètres d’altitude. Le dénivelé est d’environ 450 mètres mais les montées cumulées dépassent les 1.500 mètres pour le parcours effectué. L’équipement du parfait randonneur avec de bonnes chaussures de marche est vivement conseillé. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

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