• Diaporama sur la composition musicale "Cavatina" (chanson He was beautiful) de Stanley Myers jouée

    successivement par Mimid Allouat (harmonica), John Williams (guitare), Stanley Myers (piano) puis chantée par Cleo Laine.

    Il s'agit d'une musique reprise dans le film "The Deer Hunter", en français "Voyage au bout de l'enfer"

    Le Sarrat de Marsac (1.088 m) et les Cortalets depuis Urbanya (856 m)

    Le Sarrat de Marsac (1.088 m) et les Cortalets depuis Urbanya (856 m)

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     Voilà maintenant cinq ans que je passe plusieurs mois par an à Urbanya. J’en profite au maximum pour user mes godillots sur les sentiers et les chemins tout autour du village. Prétendre que j’en ai fait le tour complet serait sans doute prétentieux mais je m’aperçois néanmoins qu’inventer de nouveaux circuits de balades devient de plus en plus compliqué. Il est vrai qu’avec une bonne quinzaine de circuits déjà décrits, il y a de quoi faire. Il est vrai aussi que cette montagne n’est pas toujours facile à arpenter. On y trouve des dizaines de kilomètres de clôtures plantées le plus souvent très anarchiquement et parfois électrifiées et très paradoxalement, il n’est pas rare d’être confronté, sur les principaux chemins, à du bétail en liberté faisant obstacle aux passages. Quand j’ai dessiné cette boucle que je vous conte ici et que j’ai intitulée le « Sarrat de Marsac et les Cortalets », mon objectif premier était d’abord de profiter d’une superbe journée d’automne. Une journée éclatante prodiguant cette envie de partir marcher car on imagine déjà quel spectacle nous attend dès que l’on sera sur les hauteurs. Une journée avec un ciel si pur et si transparent que les montagnes qui s’y détachent comme à travers du cristal sont autant d'invitations à vouloir les gravir. Une belle journée d’automne où on a le sentiment qu’un génie de la peinture a soudain décidé de transformer, par de petites touches colorées, l’immense et verdoyante forêt de feuillus en de milliers de futaies plus flamboyantes les unes que les autres.  Une chaude journée d’octobre où les fleurs, les oiseaux et les papillons, que j’adore photographier, sont encore bien présents. Alors tout semble réuni pour que la balade imaginée soit exceptionnelle sauf qu’au moment où je démarre, j’ignore bien évidemment que l’itinéraire prévu emprunte une portion « interdite » par des chevriers.  Alors malgré que je sois passé outre ces interdictions, j’ai hésité avant de décrire cette belle balade sur mon blog. Je m’en explique dans le détail un peu plus loin.  Si finalement, j’ai décidé de la décrire, c’est parce que je me suis souvenu de cette « fameuse » loi Stratae (*) mise en avant lors du conflit, qui en 2012, avait opposé les usagers du Massif du Madres et un collectif constitué à Mosset à Groupama, société propriétaire de ce grand bout de montagne. Je me suis souvenu que Groupama avait baissé pavillon devant cette loi de 1068  si « catalane » mais néanmoins reconnue par la Cour de Cassation encore très récemment. Alors, j’ai changé d’avis et je me suis dit qu’il n’y avait pas vraiment de raison valable de ne pas la décrire et ce d’autant que je suis un randonneur très respectueux des biens d’autrui et comme j’ose espérer que ceux qui me lisent le seront aussi, en voilà la description. A Urbanya, il faut laisser sa voiture sur le grand parking à l’entrée du village puis emprunter la piste terreuse qui passe devant l’église et s’élève parallèle à la D.26b. C’est le chemin dit de « l’Eglise ». Quelques mètres après l’église, on remarque sur la gauche quelques vestiges couronnant un escarpement rocheux. Il s’agit de la « Roca Llise », il s’agirait d’une ancienne construction militaire dont on sait peu de choses si ce n’est que quelques gravures difficilement interprétables ornent cette roche.  Il faut poursuivre cette piste sur 2,5 km environ jusqu’à en rencontrer une autre qui file à gauche vers le col de Marsac. Le maquis essentiellement composé de genêts et d’épineux laisse peu à peu  la place à de grands pins à crochets. Un grand panneau « forêt domaniale d’Urbanya » est planté à cette intersection. Avant d’arriver au col de Marsac, il faudra simplement faire attention à bien poursuivre le chemin qui descend tout droit vers le collet et éviter de poursuivre la piste qui monte à droite et qui n’est autre que l’ancien itinéraire du Tour du Coronat filant vers le col de Tour (del Torn) et le refuge de Callau. Composé d’un petit dôme rocheux dominant une zone herbeuse tout aussi petite, le col de Marsac est situé à 1.056 m d’altitude.  Il représente la limite parfaite entre les communes de Nohèdes et d’Urbanya. D’ailleurs, si vous observez bien la carte I.G.N, vous constaterez que le col est situé exactement sur une ligne de partage séparant l’ubac boisé et verdoyant de la vallée d’Urbanya de la soulane plus sèche de la vallée de Nohèdes. Plus haut et composant cette « frontière », on trouve les pics LlosetMoscatosa et Portepas ainsi que le Roc de Peirafita, autant de sommets et de jolies balades au départ d’Urbanya déjà décrites dans ce blog. Si tout comme moi, vous êtes curieux des vieilles pierres néolithiques gravées, sachez qu’en poursuivant vers Nohèdes, vous pourrez en découvrir une très belle.  Moi, j’y suis passé des dizaines et des dizaines de fois sur ce sentier sans savoir qu’elle était là et avant de la découvrir tout à fait par hasard très dernièrement.  Comme on l’appelle le plus souvent la pierre gravée de Marsac ou de Nohèdes, je l’ai incluse dans cette balade bien qu’elle soit hors du circuit principal.  Un aller/retour en direction de Nohèdes depuis le col de Marsac est donc nécessaire pour la découvrir. Au passage, on en profite pour découvrir quelques orris, vestiges d’un pastoralisme encore bien implanté dans tout le Massif du Madres-Coronat. Au col de Marsac, on emprunte le chemin qui s’élève vers le petit mamelon rocheux où une halte est inévitable tant les panoramas sont superbes. D’ailleurs, au moment où je l’atteins, une randonneuse solitaire est déjà plongée dans la contemplation de tous ces beaux paysages à 360°. Juste en dessous de nous, aux Llebreres (lieu peuplé de lièvres), l’automne a allumé ses plus beaux feux et la forêt explose de mille couleurs chatoyantes.  On papote un peu de tout et de rien puis m’asseyant à côté d’elle, je me transforme à une table d’orientation parlante : Vers l’ouest, l’horizon est obstrué par le pic Lloset, mont bizarre à moitié chauve d’un côté et boisé de l’autre.  Vers le sud, la Vallée de Nohèdes et le long et majestueux Massif du Coronat se terminant dans la Vallée de la Têt. Vers le nord, on distingue Urbanya et son profond ravin des Seigneurs où s’écoule la rivière éponyme jusqu’à Conat.  Tout autour, c’est une succession de montagnes boisées formant un immense cirque aux contours ondulés.  J’y reconnais aisément plusieurs modestes éminences, objectifs de jolies  balades déjà expliquées : le Roc de Jornac, le Sarrat de Calvaire, le Serrat Gran et le pic del Torn, la belle fôret du Domaine de Cobazet.  Vers l’est, le Canigou dévoile son pic dont les flancs semblent tomber directement dans un petit lac bleuté. Ce minuscule puits bleu que l’on aperçoit c’est une infime fraction de la Méditerranée.  Satisfaite de mes explications, la jeune femme me remercie et repart vers Nohèdes par le pic de la Serra et moi,  je poursuis la sente qui désormais descend en direction du lieu-dit « Els Cortalets » et de la D.26b.  Elle longe une clôture et se faufile entre une haie composée essentiellement de genêts, de cistes à feuilles de laurier, de ronciers et de quelques cerisiers. Sur la gauche, si l’on prête attention, on remarque quelques rochers épars ressemblant à un dolmen effondré. Ici, dans ce secteur du Haut-Conflent, les vestiges « préhistoriques » sont légions. Certains sont encore en bon état et d’autres ont souffert du temps et de l’ignorance des hommes. Peu après, les choses se compliquent quand soudain le sentier se heurte à une clôture  rehaussée de fils barbelés. Une petite pancarte explicite y est accrochée : « interdiction de passer - propriété privée ». Comme indiqué plus haut, j’enjambe la clôture et passe outre non sans avoir au préalable vérifié qu’il n’y avait pas d’autres échappatoires. Non, il n’y en a pas et la petite sente qui semble filer à gauche n’est qu’une voie sans issue tracée par des animaux. La seule alternative serait de faire demi-tour et comme je m’y refuse selon la loi Stratae évoquée plus haut, je poursuis tout droit au risque d’offusquer les « censeurs ». Le sentier continue de descendre puis se transforme en une large piste à hauteur d’une maisonnette.  Le lieu semble désert et les seuls signes de vie sont quelques linges accrochés à une corde d’étendage. Ils flottent poussés par une légère brise. Quelques mètres plus bas, des moutons déambulent dans un grand enclos herbeux. Au même instant, une chèvre et deux cabris se mettent à me suivre sortis je ne sais d’où. Je m’arrête, ils s’arrêtent et viennent même vers moi se frotter comme pour réclamer des câlins.  Je repars juste le temps de resserrer les lacets de mes chaussures.  Quelques mètres plus loin, c’est tout un troupeau de caprins dormant à l’ombre d’un gros tracteur qui se met soudain à me suivre. J’essaie de les repousser mais en vain. Me voilà avec une dizaine de biques et de chevrettes à mes trousses.  Elles semblent bien décidées à me faire tenir le rôle de Panurge. J’atteins la route bitumée et je suis convaincu que sortant de leur domaine, elles vont stopper et faire demi-tour, d’autant que deux chiens de troupeau sont là à se prélasser sur le bas-côté. Que nenni ! Les voilà désormais sur la route menant à Urbanya. J’essaie un peu tout pour les dissuader de me suivre : arrêts et brusques demi-tours, courses, gesticulations avec mon bâton, cris, prise en main de celle qui me paraît la plus ancienne, etc.… rien n’y fait. Je me dis qu’elles se fatigueront à me suivre mais non, elles paraissent déterminées à venir avec moi.  Me voilà dans de « sales draps » et ces draps ne sont plus ceux d’un randonneur émerveillé par les paysages mais ceux d’un pastoureau aussi candide qu’un nouveau-né. Alors, je baisse pavillon et essaie de m’imaginer que je suis seul. Pas facile car à chaque foulée, le bruit des sabots sur l’asphalte me rappelle à leurs bons souvenirs. A hauteur de la Font de l’Aram, j’entends le bruit d’un véhicule derrière moi et effectivement, il s’agit de trois jeunes gens, les chevriers, qui viennent récupérer leur petit cheptel. Le chauffeur s’adresse à moi en disant qu’il m’a vu traverser leur propriété, que c’est interdit et rajoute sur le ton du mécontentement « vous voyez le résultat ! ». Je ne pipe pas mot car je n’ai pas envie d’entrer dans un conflit stérile. J’estime n’avoir rien fait de mal et j’avoue que je suis très circonspect si les raisons de l’interdiction de passer sur ce chemin sont uniquement les chèvres.  En effet, avant d’accomplir cette boucle, j’ai regardé la carte cadastrale sur Géoportail et j’ai constaté que ce sentier désormais interdit et barré par des clôtures et des fils barbelés n’est autre qu’un chemin ancestral qui s’intitule le « chemin rural de Nohèdes à Conat ».  Il permet de relier depuis des lustres tous les hameaux de cette montagne par ce lieu-dit « Els Cortalets ». C’est là que résident et vivent les chevriers, mais est-ce une bonne raison pour interdire le passage ? Parce que les chèvres constamment laissées en liberté suivent toujours les randonneurs ? Est-ce une raison suffisante ? Parce que les chevriers souhaitent laisser leurs chèvres en liberté, est-ce une bonne raison pour priver les randonneurs de cette même liberté d’aller et venir dans la montagne ? Puisqu’il y a une clôture en descendant du col de Marsac, ne serait-il pas plus simple de clôturer l’ensemble du domaine avec des portails que l’on pourrait ouvrir et fermer. Si je peux comprendre que des éleveurs soient mécontents quand des randonneurs ne referment pas des portillons derrière eux, j’avoue que je ne comprends pas que cette partie de montagne ne soit qu’en partie clôturée et de ce fait interdite aux autres usagers. Je regarde les trois chevriers s’évertuer à faire obéir leurs bêtes toujours décidées à me suivre. Pas si simple pour eux aussi et pourtant ils sont trois ! Je les laisse à leur corvée tout en me posant cette question «  les chèvres ne seraient-elles pas indisciplinées à cause de cette trop grande liberté ? » Au cours de mes randonnées,  il m’est arrivé plusieurs fois de croiser des chèvres et c’est bien la première fois que j’en vois me suivre ainsi ! Encore très récemment du côté de Fenouillet, je suis tombé nez à nez avec un troupeau. Les chèvres sont venues spontanément vers moi mais je suis passé et elles sont restées là, sans bouger ! Ici aux Cortalets, ne seraient-elles pas trop abandonnées à leur sort ? Dans des temps plus reculés, les troupeaux étaient toujours accompagnés d’un pâtre et de « patous » or aujourd’hui, on constate que les bêtes sont le plus souvent livrées à elles-mêmes. J’ai repris le cours de ma balade et même si c’est désormais sur le bitume de la route, elle reste très belle. Le ravin d’Urbanya est impressionnant de profondeur. Au loin le village apparaît tout petit et tout blanc, blotti dans son immense cirque de verdure. Ici, dans ce secteur de la route, les passereaux sont très nombreux et je lambine à vouloir les photographier. Les châtaignes sont un autre motif de flânerie. En ce début octobre, les grands châtaigniers laissent choir leurs bogues et il suffit d’un coup de talon bien placé pour en extraire leurs dodus et succulents fruits. Les châtaignes finiront sur le grill ou bien, elles viendront agrémenter quelques bonnes viandes ou un velouté de potimarrons. La balade se termine, toujours aussi colorée. Je retrouve ma petite maison avec sa vue extraordinaire sur le Canigou et la vallée des Seigneurs. De Ria à Urbanya, de nombreuses familles aristocratiques ont régné sur cette belle vallée et les montagnes qui l’entourent. Même les Templiers sont venus y faire de l’agriculture et de l’élevage, c’est dire si ce coin est un petit paradis depuis des lustres ! Pour moi aussi, c’est un petit paradis et ce n’est pas parce que quelques chèvres m’ont fait devenir « chèvre » que je vais arrêter de randonner ! Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25. 

    (*) La loi Stratae : "L'article 72 (loi Stratae) des Usatges de Barcelona dispose que les routes et chemins publics, les eaux courantes, les fontaines vives, les près, les pâturages, les forêts, les garrigues et les rochers qui trouvent en ce pays, sont aux puissances, non pas qu’elles les aient en alleu, ni qu’elles les possèdent en toute propriété, mais pour qu’ils soient en tout temps à l’usage de leurs peuples sans contradiction ni obstacle, et sans charge d’aucune sorte ». La liberté d’aller et de venir sur l’ensemble des chemins et sentiers, y compris ceux sur lesquels s’exerce un droit de passage, constitue un droit.La Loi Stratae existe depuis 1068, sa validité a été rappelée d’abord par la cour de cassation, dans un arrêt du 3 mai 1876, et plus récemment, par une réponse écrite du Garde des Sceaux au députéYvan Lachaud (n° 33363 du 15 juin 2004)".

     

     

     

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  • Diaporama sur une chanson de Sacha Distel "La Belle Vie". En anglais "The Good Life".

    Ici, elle est successivement chantée par "Late Lounge Players", "Shirley Horn", "Sacha Distel", "Bobby Darin", "Glenn Frey"

    puis jouée par "Hank Mobley"

    Les Balcons de le Têt de Saint-Thomas-les Bains (1.155m) à Planès (1.558m) et retour.

    Les Balcons de le Têt de Saint-Thomas-les Bains (1.155m) à Planès (1.558m) et retour.


    Habituellement, quand nous allons aux Bains de Saint-Thomas, c’est essentiellement pour profiter des sources d’eaux chaudes et passer un agréable moment de détente. Mais une fois n’est pas coutume, en cette fin septembre, nous avions décidé de déroger à cette règle, presque devenue rituelle deux à trois fois par an. Pourquoi ? Pour partir en randonnée bien sûr et effectuer une belle balade en direction de Planès puis retour en effectuant une boucle. Cette randonnée démarre devant l’entrée même des bains et bien évidement, elle ne peut pas être identique à 100% à la mention du panonceau indicatif où il est marqué : « Les Balcons de la Têt ». En effet, les Balcons de la Têt constitue une randonnée beaucoup plus longue qui démarre de La Cabanasse et se termine à Thuès-entre-Valls, ou le contraire, le retour vers la voiture s’effectuant avec le pittoresque petit Train Jaune. Enfin ça c'est le tracé pédestre mais il existe des variantes encore plus longues pour les vététistes. Ici, rien de tout ça et une boucle qui ressemble en grande partie à une autre randonnée, thématique celle-là, du nom de « Les Arbres du Haut-Conflent » et dont la ligne de départ se situe à Planès. D’ailleurs, mon escapade emprunte également une partie de la randonnée intitulée « Randonnez avec le Train Jaune ». Quand nous démarrons, il est presque 10 h et c’est donc un « rapiéçage » de ces trois itinéraires que j’ai quelque peu imaginé. Par sécurité, je l’ai enregistré dans mon G.P.S et j’ai également emporté la carte I.G.N Top 25 2250 ET, la seule qui couvre l’ensemble de la zone. Bien m’en a pris si j’ose dire, car au bout de quelques mètres d’ascension, j’ai déjà perdu le tracé enregistré et un simple coup d’œil sur la carte me permet de constater que le sentier le plus évident sur le terrain, c'est-à-dire le plus emprunté, n’est pas celui surligné en rouge sur la carte. Je fais donc le choix de poursuivre ce sentier bien creusé, d’autant qu’il est balisé et en plus, en regardant la carte, j’ai le sentiment que les deux itinéraires se rejoignent un peu plus haut. C’est bien le cas. Au départ de Saint-Thomas, le sentier s’élève au dessus de l’amphithéâtre et des bassins du centre thermoludique. La déclivité est un peu rude au départ, mais elle s’effectue par paliers. En outre, elle est plutôt courte et se stabilise dès lors que l’on atteint la forêt. A partir d’ici, commence réellement la balade thématique « Les Arbres du Haut-Conflent » car chaque arbre différent est signalé par un panonceau explicatif en latin, français et catalan. De ces panonceaux, je vais en recenser plus d’une trentaine sur tout le circuit. Nous sommes dans la Forêt domaniale de Fontpédrouse. Ici, elle est commune aux bois de la Mata  et de la Bola, les deux lieux-dits étant simplement séparés par le Rec (ruisseau) de Brullà. Si les autorités sous la férule du botaniste Michel Baracetti ont trouvé un intérêt à fonder un sentier botanique ici c’est bien parce que ce coin de montagne recèle un nombre incroyable d’essences variées et parfois, plutôt rarissimes à trouver ailleurs. Presque toutes les variétés de feuillus et de conifères sont présentes et en dresser un inventaire exhaustif reviendrait presque à faire la liste de tous les arbres de France y compris les plus rares. Alors bien évidemment, cette zone présente un intérêt botanique d’autant plus majeur qu’aux arbres variés viennent s’ajouter quelques plantes, parfois très rares et protégées comme le Botryche à feuilles de matricaire, une fougère plutôt rare dans le midi de la France mais néanmoins présente ici et dans un coin des Cévennes. Il y a donc dans cette boucle tout ce qu’il faut pour aiguiser ma curiosité : les décors sont disparates et changeants, les arbres et les arbustes attirent les oiseaux,  les fleurs aguichent les  insectes et les papillons et les sous-bois touffus et tranquilles sont très souvent le repaire de nombreux autres animaux. Avant même d’arriver à la forêt, tout ce petit monde animal volant, sautant et virevoltant est déjà bien présent et je ne me prive pas de tenter de le photographier autant que je le peux et qu’il m’en laisse le loisir. Les paysages, eux, sont grandioses sauf quand on marche en forêt bien sûr. Toutefois, le ciel étant laiteux et  pas si pur que je l’avais espéré, la luminosité est loin d’être idéale.  Il va être ainsi toute la journée et même à l’approche de Planès pourtant blotti au fond d’une vaste cuvette bien dégagée et donc largement ensoleillée. Malgré ça, la petite commune ne manque pas de charme et d’intérêts non plus, et pour moi à double titre. Le premier de ces charmes est bien sûr paysager et quand on arrive à Planès, on est immédiatement émerveillé par ce petit village composé de petits bouts de hameaux plus ou moins distincts : Cascarols, le Castell et les différents Planès : de Baix, del Mig et de Dalt.  Le village s’inscrit dans un incroyable cadre de verdure à la fois apaisant et captivant. Il faut dire que l’arrivée depuis Saint-Thomas s’effectue par d’agréables chemins herbeux puis creux se faufilant au milieu de prés verdoyants et entrecoupés de haies et de murets en pierres sèches. Ce charmant décor ondule sur de minuscules collines aux formes douces et arrondies,  Une incitation à la flânerie d’autant plus évidente pour moi que les oiseaux et les papillons y sont légions.  A cause de son apparence d’un calme olympien et presque inhabitée, le village a même un petit côté ensorceleur et je ne peux m’empêcher de me souvenir de certaines légendes lues à son propos : l’histoire d’une statuette de la Vierge que les habitants auraient cachée lors d’une invasion sarrasine et qui aurait été retrouvée bien longtemps plus tard près d’une source par un taureau. Cette légende est devenue d’autant plus acceptable que l’église a longtemps été baptisée la « Mezquita », c'est-à-dire la « petite mosquée » car selon la tradition, elle aurait été construite par des musulmans. Le mystère demeure malgré tout : qui a eu l’idée de construire cette étrange église ? Est-elle vraiment romane ? Alors, l’envie d’aller faire la découverte du village devient vite une évidence dont l’aboutissement est bien sûr son église Notre-Dame de la Merci, avec son architecture si étonnante car polygonale et arrondie à la fois, la faisant ressembler à un gros gâteau à étages. A Planès, deuxième intérêt pour Dany et moi, revenir 14 ans plus tard sur le théâtre de nos premières « passions » pédestres avec ce mémorable tronçon sur le G.R.10 effectué en 2001, entre Mérens et Mantet.  Eh oui, 14 ans déjà que nous n’étions pas revenus à Planès ! 14 ans déjà que nous étions passés ici, devenant l’espace de quelques jours « les Conquérants de l’Agréable » !  Et ici à Planès, comme ailleurs, les anecdotes cocasses et agréables ne manquent : « Nous étions de passage à Planès lors du 5eme jour et de la 4eme étape car la veille, nous avions pris une journée de repos à Font-Romeu. Repos indispensable car Dany avait les plantes des pieds complètement à vif suite à de nombreuses ampoules qui étaient apparues et avaient éclaté lors de la 3eme étape entre le lac du Lanoux et Bolquère. A Planès, pendant que je remplis mes gourdes à une fontaine d’eau fraîche et potable, Dany est partie dans une fromagerie toute proche acheter un gros morceau de tomme de brebisAprès cet achat, nous repartons et sur le coup de midi, au moment même où l’on s’apprête à déjeuner, Dany s’aperçoit qu’elle a oublié de remplir sa 2eme gourde d’eau. Avant même que j’ai pu esquisser le moindre geste, je la vois redescendre vers Planès pressant le pas en claudiquant. Elle reviendra une heure plus tard, toujours clopin-clopant mais dans un délai qui me laisse pantois. Pour sa défense, il faut dire que nous savions que l’eau potable allait être une denrée rare pendant les jours suivants et en avoir en quantité suffisante était bien évidemment vital même si nous disposions de pastilles de purification et n’hésitions pas à faire bouillir l’eau prélevée en montagne. Par contre, je lui en ai longtemps voulu de ne pas m’avoir demandé de retourner à Planès chercher de l’eau, car avec ses cloques, elle aurait pu faire l’économie de ces quelques kilomètres supplémentaires. Deuxième anecdote, ce soir-là, nous nous étions arrêtés au Pla de Cedelles (signifiant petit lieu pastoral) pour passer la nuit et malgré que nous étions entourés d’une immense forêt, le bois sec, pourtant en abondance, est rapidement devenu inutilisable car il s’était mis à bruiner. De ce fait, nous n’avions pas trouvé d’autre ressource que celle de camper à la lueur d’un grand brasier de bouses séchées, qui elles s’enflammaient beaucoup plus facilement grâce à la paille et au méthane qu’elles contenaient sans doute. D’autres randonneurs arrivant derrière nous étaient venus voir ce que nous faisions brûler, pas tant pour l’odeur car il n’y en avait pas, mais à cause de toutes les petites flammèches et escarbilles qui s’envolaient et éclairaient magnifiquement ce petit pla herbeux enveloppé dans l’instant sous une chape de brume. ».   Evidemment, en revoyant le chemin et ce balisage blanc et rouge propre au G.R.10 qui file au dessus de la petite église, les souvenirs reviennent et on en rigole de bon cœur aujourd’hui. Dany a même essayé de retourner acheter de la tomme mais l’accueil de la fromagerie pourtant ouverte était désert. Après la visite de la chapelle et de ce petit hameau, nous redescendons en direction du gîte, bien connu des adeptes du G.R.10, puis direction la mairie. C’est là, peu après que démarre le chemin du retour vers Saint-Thomas. Un panonceau mentionne « Gare SNCF de Planès » et « Pont Gisclard ». Ce chemin descend dans un vallon verdoyant en suivant le cours du Riu de Planès, petit ruisseau que l’on entend et que l’on domine en balcon sans jamais trop le voir. L’itinéraire débouche à la petite gare SNCF où deux options sont possibles : soit partir à gauche en direction du Pont Gisclard soit emprunté un étroit sentier, qui en forêt, s’élève au dessus de la gare. C’est cette deuxième option que j’avais choisie car ne connaissant pas le parcours, ma crainte était qu’on n’ait pas de vue aérienne du pont Gisclard, l’itinéraire passant dessous dans la première solution. Là, commence une nouvelle et longue marche en forêt avec néanmoins quelques fenêtres qui s’entrouvrent et esquissent de magnifiques paysages sur le vallon de la Têt et les petits hameaux qui en garnissent ses flancs. Ils ont pour noms Cassagne, Fetges et Sauto. Le clou du spectacle étant bien sûr les vues plongeantes sur le grandiose pont suspendu Gisclard et son petit « canari  jaune », quand ce dernier veut bien montrer le bout de son becquet et ses jolis wagonnets. Ce sentier tout en sous-bois, on le trouvera moins long si l’on prend le temps d’observer tous ces « Arbres du Haut-Conflent » et  de lire tous les panonceaux qui sont proposés à la sagacité des randonneurs. Comme sur tout le circuit, le sentier continue d’être toujours aussi bien balisé et retrouver celui qui file vers Saint-Thomas est un jeu d’enfant. Là, on retrouve la jonction et le sentier pris à l’aller puis la forêt disparaît et les vastes panoramas s’entrouvrent sur l’immensité des montagnes : Serre de Clavéra, Vallée de la Têt, forêt de Campilles, Prats-Balaguer, Pic Coucouroucouil puis cette longue chaîne de hauts sommets jusqu’à la crête frontière avec l’Espagne. Ce tour d’horizon visuel se termine sur la droite avec le très boisé pic de l’Orri dominant cette vallée de la Riberole où les résurgences d’eaux chaudes remontent des tréfonds de la terre. En l’instant même où nous sortons du bois, un chevreuil est sur le point d’en sortir lui aussi. A notre vue, il détale et retourne se cacher. Puis sur un sol terreux et parfois gréseux, on entame la descente vers les bains mais elle s’avère presque aussi difficile que pouvait l’être la montée vers Planès. Seule consolation à ses dernières difficultés, le bonheur de savoir que dans quelques minutes, nous serons en bas à nous prélasser dans les piscines d’une eau avoisinant les 37 degrés. Alors bien sûr, n’oubliez pas votre maillot de bain ! La balade, telle qu’expliquée ici, est longue d’environ 11 km, les montées cumulées sont de l’ordre de 1.315 m. Le dénivelé entre le point le plus bas, 1.155 m à Saint-Thomas et le plus haut, 1.558 m à Cascarols est de 403 m.  Cartes IGN 2249 ET Font-Romeu – Capcir et 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.

     

     


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  • Diaporama avec la musique "Anonimo veneziano" de Stelvio Cipriani jouée par l'Orchestre de Franck Pourcel

    Le Lac et la Jasse d'En Calvet depuis la Llagonne

    Le Lac et la Jasse d'En Calvet depuis la Llagonne


    Depuis que j’ai mis en route mon blog « Mes Belles Randonnées Expliquées », j’essaie d’être organisé dans les futures balades que je vais effectuer. C’est ainsi que dès le mois de janvier, je dresse une liste d’une vingtaine de randonnées que je me fixe de réaliser dans l’année. A cette liste, il faudra rajouter quelques balades pédestres effectuées au cours des vacances ici dans le département des Pyrénées-Orientales ou ailleurs. C’est donc une balade tous les 15 jours environ et en tous cas, jamais aucune que j’ai déjà expliquée sur mon blog, sauf à de très rares exceptions près, mais même dans ce cas, il y aura toujours une variante dans l’itinéraire. Dans cette liste, il y a des balades de tous niveaux et pour tous les goûts, mais j’essaie, autant qu’il est possible, qu’il y ait des découvertes à y faire. Il y en aura donc de très faciles et des plus compliquées, des courtes et des longues, des « incontournables » et des moins connues mais je fais toujours en sorte que Dany puisse en accomplir au moins la moitié si ces problèmes articulaires la laissent tranquille. Après quand le jour « J » se présente, nous soupesons le pour et le contre et nous voyons ensemble si elle est « partante ». Voilà en général et le plus souvent comment ça se passe. Là, dans le cas présent, quand depuis le village de La Llagonne (***), nous avons envisagé d’aller randonner jusqu’au petit lac de Calvet, lieu plus communément appelé la « Jasse d’en Calvet (*) », nous avons d’abord regardé ensemble les aspects de cette balade mais une fois cette étude accomplie, nous n’avons plus hésité un seul instant. La Jasse (**) de Calvet depuis La Llagonne est une petite randonnée, désormais bien connue, que l’on trouve dans de nombreux topo-guides régionaux. C’est d’ailleurs ainsi que je l’ai découverte moi-même et si Dany et moi n’avons pas hésité une seconde, c’est parce qu’elle présente toutes les caractéristiques de ce que nous aimons tous les deux : le Capcir, avec ses décors naturels merveilleux et reposants, c'est-à-dire ses paysages vallonnés de prairies et de montagnes, ses ténébreuses forêts de sapins, ses panoramas lointains vers la Cerdagne, le Haut-Conflent et l’Ariège, sa faune et sa flore et pour terminer ici, un joli petit lac aux eaux paisibles où une table de pique-nique nous attendait bien sagement. Aucun problème donc dans cette décision d’y aller voir et une fois encore, nous étions sur la même longueur d’onde et ce d’autant qu’une journée extraordinaire était prévue par Météo France. Quand nous démarrons de La Llagonne, force est de reconnaître, que pour une fois les météorologistes ne se sont pas trompés. Un soleil implacable et un ciel bleu immaculé se sont donnés rendez-vous sur l’esplanade de l’hôtel de ville. La journée s’annonce radieuse. Un panonceau accroché à la façade de la mairie indique les premiers détails de la balade : « P.R.19 - 10,2 km – 170 m de dénivelé – 3 h –difficulté moyenne – départ Av. Cambre d’Aze » suivi d’un fléchage nous indiquant de poursuivre la « Promenade du Pré de la Ville », boulevard où nous nous trouvons. Petit détail mais qui peut avoir son importance, vous ne trouverez pas d’ « avenue du Cambre d’Aze » comme indiqué sur le panonceau, mais une « promenade du Cambre d’Aze » puis une « rue du Cambre d’Aze ». Il vous faudra suivre les deux jusqu’à « Cami d’en Tartes » (Chemin des Pierriers), dernière voie urbaine entraînant le randonneur hors du village. Mais n’ayez aucune crainte, au préalable d’autres panonceaux vous auront aidé dans ce cheminement. Ce P.R.19 est souvent mentionné comme étant une portion du Tour du Capcir mais non, il n’est en réalité qu’une liaison y menant voire une variante. Le Tour du Capcir pour l’avoir accompli en 2013 passe plus au nord du côté de Matemale ou des Angles, mais c'est vrai que de nombreuses variantes restent possibles. Ici, l’itinéraire qui s’élève permet d’ores et déjà de magnifiques panoramas sur la Cerdagne et le Conflent. Dès la sortie du village, c’est aussitôt un vrai grand bonheur pour moi car dans les prés et à l’orée des bois, il y a déjà quelques papillons mais surtout des centaines de passereaux et c’est un régal que d’essayer de les photographier. Tariers, Rougequeues, Gobe-mouchesPouillots et Accenteurs notamment se régalent d’innombrables graines dont la fanaison est déjà bien avancée. Beaucoup plus haut dans le ciel, ce sont deux Circaètes Jean-le-Blanc qui effectuent des circonvolutions répétées. Ils planent, s’immobilisent brusquement, battent leurs ailes de mouvements rapides puis se bloquent et effectuent pendant quelques instants un incroyable surplace. Ils paraissent comme en équilibre, suspendus à un fil invisible, puis ils repartent et recommencent cet insolite manège un peu plus loin. Malheureusement et alors que je m’évertue à les photographier au mieux, un gros et bruyant hélicoptère traverse le ciel et les fait fuir. Dany, elle, a déjà pris de l’avance et s’est enfui dans les prés et les bois en direction du Col del Mel et de la Font de la Vernada. Quand je la rattrape, elle est occupée à observer d’énormes coulemelles que je la dissuade de ramasser pour l’instant car nous pourrons le faire lors du retour. Après la Font de la Vernada, les décors se transforment. Les près disparaissent et les petits pins à crochets laissent la place à des résineux bien plus imposants. Dans cette forêt plus compacte, quelques clairières s’entrouvrent et l’itinéraire reste encore bien agréable car la marche s’effectue entre ombrage et soleil. Or mis quelques Mésanges huppées très difficiles à photographier, les passereaux sont plutôt rares et mon appareil photo se penche désormais sur chacune des fleurs rencontrées : pensées sauvages, campanules, crocus, achillées et bien d’autres fleurs sont encore présentes malgré le tout proche avènement de l’automne. Mon herbier photographique va encore s'amplifier. A la clairière du Pla des Postes, je prête un peu plus d’attention à cette intersection de chemins car je sais qu’au retour, c’est ici que doit se refermer notre boucle. La piste continue d’être rectiligne mais très rapidement une autre part sur la droite. La végétation sous les arbres jusqu’à présent composée de graminées plutôt sèches laisse la place à des pelouses beaucoup plus vertes. Nous sommes au lieu-dit « Mollera cremada », textuellement les « Mouillères brûlées ». Sous les pins à crochets, on découvre des tourbières composées presque essentiellement de laîches et des sphaignes mais il y pousse aussi, paraît-il, la très rare et recherchée Potentille des marais encore appelée Comaret (Comarum palustre). Alors des clôtures ont été installées et sont là pour dissuader les promeneurs d’aller écraser cette végétation séculaire et fossile. Au sommet d’une modeste butte, le petit lac de Calvet apparaît en contrebas et entre les arbres. Quand nous l’atteignons, nous sommes agréablement surpris par le calme olympien qu’il y règne. Il n’y a pas âme qui vive. Le lac est complètement immobile et en approchant de la berge, seuls trois ou quatre gros poissons au ventre énorme s’enfuient bruyamment des roseaux où ils devaient dormir ou frayer. Pour nous diriger vers l’aire de pique-nique, nous prenons tout notre temps car de nombreux panneaux très ludiques sur le thème de la truite ont été disposés sur la partie ouest de la rive. Après quelques nouvelles photos de fleurs, de passereaux et de papillons, je m’installe à la table où Dany a trouvé place depuis un bon moment déjà. Nous en sommes à manger notre salade et à nous détendre dans un silence de cathédrale quand soudain une étrange cacophonie se fait entendre. Ce vacarme arrive des buissons se trouvant dans notre dos sous la forme d’un vingtaine de colverts se dirigeant droit sur nous. Les voilà maintenant autour de nous et même sous la table à caqueter, à nasiller ou à cancaner dans un concert étourdissant. Pas besoin ni d’un dessin ni d’un langage commun, ces volatiles ont faim et nous le font savoir. Alors que faire quand on n’a pour toute pitance qu’une salade de riz agrémentée de quelques quartiers de tomates, de grains de maïs et de miettes de thon ? A la volée, on leur jette quelques cuillerées bien pleines et le spectacle se met immédiatement en route. Un spectacle dont le volume du son monte immédiatement en décibels. Les canards se propulsent sur tout ce qui tombe puis quand il n’y a plus rien à becqueter, ils se tournent vers nous et nous regardent avec leurs yeux ténébreux et interrogateurs. Une fois encore, quand la salade est terminée, pas besoin d’un long discours, non, les colverts filent direct dans l’eau pour une baignade au milieu des roseaux. Occupés à planter leurs becs dans la vase, le silence revient peu à peu. Dany s’allonge sur le banc pour une sieste bienfaitrice et moi, appareil photo autour du cou, je pars pour un tour et une découverte du lac un peu plus approfondie. Quelques canards me suivent comme le ferait un petit chien et d’autres se lancent dans un ballet aérien digne de la Patrouille de France. Cette voltige se termine dans un explosif aquaplaning soulevant de magnifiques gerbes d’eau. Pendant que j’entame le tour du lac, un jeune homme est arrivé et s’est assis sur un banc avec une cargaison de pain dur. Aussitôt et comme un seul homme, tous les colverts filent direct vers lui. Ils semblent habitués à sa présence car certains canards montent sur le banc juste à côté de lui et viennent chiper les bouts de pains directement dans sa main. Le charivari se remet en route et prouve que les colverts ont encore faim malgré nos dons personnels. De mon côté, les photos du joli petit lac complètement immobile se succèdent tel un beau miroir bleuté. Une plaque commémorative est scellée sur un rocher et rend hommage à un forestier décédé. Attirées par mon appeau, quelques mésanges charbonnières ou bleues descendent des branches des pins et s’approchent de moi. Elles se laissent gentiment photographier. Plus loin, c’est une Grenouille rousse puis un Lézard des murailles qui se blottissent dans les hautes herbes pensant que je ne les vois pas. Le tour du lac tire à sa fin. Dany a déjà endossé son sac à dos et m’attend pour repartir vers La Llagonne. « Qui va à la chasse perd sa place » et même les canards ont fait leur ce dicton. En effet, de nombreux colverts sont venus se coucher sous la table et semblent eux aussi rechercher un peu d’ombre. Nous repartons, d’abord par un sentier qui au milieu d’un pré s’éloigne du lac puis nous empruntons aussitôt la piste en suivant un panonceau indiquant La Llagonne à 5,9 km. Quelques décamètres plus loin, nouvelle intersection et on ignore la piste qui sur la droite file vers la Jasse de Bernardi et le lac d’Aude. On poursuit tout droit en continuant de suivre les mentions « Pla des Postes » ignorant toutes les autres (Mas de la Borda, Pla de Barrès, etc…) Nouvelles mésanges, nouvelles fleurs, nouveaux papillons et jolis chevaux, tout est prétexte à ma flânerie et quand Dany prend trop d’avance, j’accélère le pas entre quelques clichés. On retrouve l’itinéraire pris ce matin : Pla des Postes, Col de Mel et Font de la Vernada. Dans le ciel, un rapace bien plus petit qu’un circaète tournoie dans le ciel et j’essaie non sans mal de le photographier. Dany, elle, s’est mise en tête de ramasser les coulemelles élevées aperçues ce matin dans un vaste pré mais il y en a tant et parfois de si grosses, qu’une bonne sélection s’avère très vite indispensable. Après cette récolte, La Llagonne est déjà là avec ses jolies villas, ses beaux chalets fleuris, son église et sa tour du Capil dominant le reste de la ville. Il ne nous reste plus qu’à rejoindre la voiture garée devant la mairie mais cette fois, tous les paysages sur la Cerdagne et du Conflent nous font face. Parmi tous ces panoramas, un seul retient vraiment notre attention, toujours le même quand nous venons par ici : le Col Mitja, sans doute le col le plus parfait que nous connaissions. Parfait à regarder en tous cas mais sans doute un peu moins quand il s’agit de le gravir comme nous l’avions fait en août 2001 avec un sac à dos de 20 kg lors de notre périple sur le G.R.10. Et comme l’a si justement écrit Marcel Proust « le souvenir d’une certaine image, n’est que le regret d’un certain instant » et il rajoute « tout est fugitif, hélas ! » Comme le sont les années ». Cette balade à la Jasse de Calvet est longue de 11 km environ, enfin telle qu’expliquée avec le tour du lac et le départ depuis la mairie. La déclivité ne dépasse pas une centaine de mètres pour des montées cumulées de 290 m. Carte IGN 2249 ET Font-Romeu - Capcir Top 25.


    (*) Calvet est un nom de famille assez répandu dans les Pyrénées-Orientales comme dans tout le sud de la France. Dans son dictionnaire des noms de familles, l’historien Jean Tosti avance comme origine le mot latin « calvus » signifiant chauve et précise qu’au Moyen-Âge, « calvetus » était même un nom de baptême c'est-à-dire un prénom. De nos jours, on retrouve ce prénom Calvet mais sa popularité est vraiment insignifiante. Enfin, le nom « Calvet » comporte de nombreuses variantes avec par exemple « Chauvet », patronyme très répandu ou bien encore le nom « Calbet », changement traditionnel du « B » en « V » dans de nombreuses langues méridionales que les linguistes appellent « bétacisme ». De ce fait, on trouve également des « Calvet » en Espagne et au Portugal. Dans son ouvrage «Toponymes pyrénéens », le pyrénéiste Robert Aymard nous rappelle que le nom « Calvet » est très souvent attribué à une « clairière », son aspect « chauve » c'est-à-dire dénudé n’étant pas étranger à cette appellation. Pour terminer, on notera que le « d’En » qui dans le cas présent précède le nom « Calvet » était une particule honorifique, le plus souvent occitane, qui au Moyen-Âge était donné à un terroir, à un lieu-dit voire plus simplement à un mas ou à une ferme. Au fil du temps ce « d’En » est très souvent venu se rajouter au nom d’un lieu pour constituer un surnom et désigner quelqu’un venant d’un endroit précis où il résidait. Ainsi, le « d’en Calvet » qui nous intéresse ici peut très bien avoir été le nom ou le surnom d’une personne. On notera qu’ici dans ce coin du Capcir, outre la « jasse » et le « lac », c’est tout une contrée bien plus vaste qui porte ce nom, puisqu’on trouve également un sentier, une forêt et un « puig » portant cette dénomination.

    (**) Le mot « jasse », en catalan « jaça » a pour origine le mot occitan « jassia » ou « jaç ». Une « jassia » était un endroit herbeux et clôturé où l’on parquait les moutons ou tout autre espèce de bétail, le plus souvent dans l’attente de la poursuite de la transhumance. En Provence, le mot « jas » était donné à une grande bergerie construite en pierres sèches. Elle accueillait et protégeait en toutes circonstances les moutons, les chiens et les bergers.

    (***) Enfin, tous les spécialistes sont d’accord pour dire que la Llagonne, en catalan La Llaguna, c’est bien évidemment « la lagune ». Elle a bien existé mais cette dernière aurait été asséchée il y a moins d’un siècle pour laisser place à l’actuelle Route Nationale 118. Voilà pour l’étymologie la plus complète possible de ce merveilleux coin du Capcir. Si vous y allez, vous marcherez un peu moins « idiot » !


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  •  Ce diaporama est enjolivé avec la musique "ADAGIO" du groupe SECRET GARDEN.


    Si la commune d’Eyne est désormais bien connue pour son domaine skiable du Cambre d’Aze, elle l’est sans doute beaucoup plus encore pour sa merveilleuse « Vallée des Fleurs ». Cette belle réputation pour une vallée tout aussi belle, elle la doit bien évidemment aux plus grands botanistes qui n’ont eu de cesse de venir découvrir ici, un des sanctuaires du règne végétal parmi les plus sauvages et les plus incroyables de l'hexagone. Cette extraordinaire vallée, qu’il faut bien évidemment parcourir à pieds au moins une fois dans sa vie, permet de rejoindre, après une très longue marche, un autre sanctuaire bien moins fragile et un peu plus religieux celui-ci : le sanctuaire espagnol de la Vierge de Nùria.  La plupart des touristes, passionnés par les sports de neige et/ou charmés par la vallée, pourraient sans doute penser qu’avec ces deux très belles découvertes, il n’y a plus rien à voir d’intéressant à Eyne. Eh bien, ils se trompent, car il y a aussi une courte balade intitulée : « Le Sentier Archéologique d’Eyne ». Il faut bien sûr être attiré par les vieilles pierres, mais si c’est le cas, croyez-moi, ça vaut son pesant de granit ! Ici, sur ce petit bout du plateau cerdan, les mégalithes que vous observerez ont tous été élevés par nos ancêtres du néolithique, c'est-à-dire entre -6.000 et -2.000 ans avant J.-C, toute datation restant bien sûr fort imprécise en la matière si aucun vestige datable n’a été retrouvé sur place. Il y a même une voie antique, qui ne serait ni plus ni moins que l’ancienne Via Cerdana que les Romains auraient tracée pour faire le lien entre le Roussillon, la Catalogne ibérique et l’Aragon. A l’époque, la Cerdagne était occupée par les Kérétanis, peuple à la fois agraire et guerrier dont le pouvoir s’étendait bien au-delà de cette seule région. Il faut dire que leurs cavaliers étaient très craints de toutes les autres peuplades environnantes. Plusieurs siècles plus tard, il semblerait que les ingénieurs de Louis XIV aient repris à leur compte cette Voie romaine pour en faire une Voie royale destinée aux troupes se battant contre l’armée espagnole. Les conflits franco-espagnols ont été longs et nombreux et bien évidemment la Cerdagne était un noeud névralgique. Aujourd’hui, sur cette portion de voie passent et se croisent encore de multiples chemins : GRP Tour de Cerdagne, les Balcons de la Têt et même une toute petite portion du Chemin Vauban et de la voie catalane du Chemin de Saint-Jacques. Voilà, grosso modo ce que propose ce sentier d’Emilie mais il n’y a pas que ça et comme son cheminement s’effectue essentiellement sur un vaste replat, les paysages alentours et les panoramas lointains sont en bonne place dans l’échelle des intérêts que l’on va trouver à le parcourir. La balade démarre de la Maison de la Vallée, située à l’entrée d’Eyne quand on arrive par la D.29 depuis Odeillo. C’est une ancienne ferme transformée en lieu d’accueil et d’informations mais aussi en musée où il y a toujours un tas de choses très intéressantes à y découvrir. Le jour où nous étions, il y avait par exemple une exposition sur les « Papillons de Cerdagne » et un recensement des oiseaux ayant migrés en 2014 par cette belle région. M’intéressant aux oiseaux et aux papillons, j’étais aux anges ! Un vaste parking jouxte cette maison. Le « Sentier archéologique », lui, est immédiatement mentionné sur un panonceau indicatif et file par la  Carrer del Carreter (le rue des Charretiers) que l’on emprunte à gauche. Au début, l’itinéraire se faufile au milieu de basses collines aux formes arrondies mais très vite les premiers panoramas s’entrouvrent sur un horizon plus lointain vers Font-Romeu et bien évidemment vers les plus hauts sommets pyrénéens, tel le Carlit. En regardant bien, on aperçoit même le célèbre four solaire d’Odeillo, dont on a une vue assez étonnante puisque on ne voit que le bâtiment et pas du tout son miroir.  Très vite, le cadre s’aplanit et les paysages se dévoilent de tous côtés. Tout autour de nous, ce ne sont que des décors verdoyants entrecoupés de nombreux boqueteaux et de quelques haies encadrant de belles et vastes prairies. Si la diversité et la beauté des fleurs ne peuvent pas être comparées à celles de la « vallée », la flore demeure encore omniprésente malgré la saison estivale déjà bien avancée : chardons bleus, tanaisies, campanules, achillées, scabieuses, etc…. quand à la faune, elle est déjà bien visible avec de nombreux passereaux et quelques papillons que je tente en vain de photographier sans trop de succès pour l’instant. Un premier panonceau nous indique le dolmen « Lou Pou » (le puits) à 300 mètres. Quand on arrive sur les lieux, force est de constater que ce dolmen ressemble plus à une tombe voire à un caveau qu’à une véritable table dolménique comme on a l’habitude d’en voir. D’après ce que j’ai lu sur lui, les archéologues le dateraient assez précisément de -2.200 avant notre ère grâce à des os calcinés retrouvés à l’intérieur.  En tous cas, si c’est bien un dolmen, un jour, il a du s’effondrer car il ne dispose plus d’une dalle de couverture.  Il est situé près d’un amas de blocs granitiques un peu éparpillés, lui-même posé au sommet d’un petit mamelon. Il est déjà tard et nous profitons de la jolie vue que l’on a pour pique-niquer. De ce mirador naturel, nous remarquons aussi que la prairie qui nous fait face est truffée d’énormes agarics champêtres que l’on appelle plus communément « rosés des prés ». J’enjambe la petite clôture et me voilà déjà à ramasser ces beaux champignons blancs. Il y en a tellement que je suis obligé de faire un tri et de garder que les plus jeunes ressemblant à des bouchons voire à  des « champignons de Paris » mais en un peu plus gros. Ce tri est d’autant plus indispensable que je n’ai pas de panier et juste un sac en plastique et mon sac à dos. Ils arriveront dans la poêle en piteux état mais tant pis c’est trop bon ! La récolte faite, nous repartons par un agréable chemin creux, agréable car en partie bien ombragé et herbeux. Il débouche sur la Voie antique que j’ai évoquée plus haut.  Quelques foulées supplémentaires et le deuxième dolmen se présente déjà, perché celui-ci, bien en évidence, au sommet des Pasquerets ou Pascarets (pacage), vaste coupole herbeuse dont il a pris le nom. On le trouve aussi sous le nom de dolmen de la Borda. Nous quittons la Voie antique et coupons à travers champ pour monter vers lui. Celui-ci est parfait et ressemble à l’idée que l’on se fait d’un vrai dolmen avec un large tumulus tout autour prouvant qu’il s’agissait bien d’une sépulture initialement recouverte et protégée par un amoncellement de pierres empêchant un éventuel éboulement. Il parait que la dalle supérieure ne serait pas l’originelle. Après cette récréative « sortie de route », on retrouve la Voie antique dont quelques parties dallées indatables affleurent encore la surface. Le chemin parfois terreux parfois herbeux descend vers le Riu d’Eina ou rivière d’Eyne parfois mentionnée en Ebre (*) sur certaines cartes IGN un peu anciennes. Il s’agit bien de la même rivière qui a creusé la Vallée d’Eyne. A  l’aplomb de ce petit vallon, le chemin amorce un virage puis descend vers elle en suivant un gros murets en pierres sèches plantés parfois de quelques primitives bornes, reliques de la Voie royale souhaitée par Louis XIV. On enjambe la rivière par une passerelle en bois puis quelques mètres plus loin un nouveau panonceau nous indique de filer d’abord tout droit en direction d’un « pont mégalithique ». Je rappelle que le « mégalithisme » est simplement une forme d’architecture consistant à ériger des « mégalithes », c'est-à-dire de « grandes pierres » et non pas une période bien précise de l’Histoire des hommes. La datation de ce pont reste donc incertaine même si les archéologues la supposent du néolithique. En tous cas, il faut descendre du chemin pour prendre conscience de la taille des rochers qui ont été soulevés et bien évidemment plus la datation est supposée ancienne plus l’exploit parait considérable même s’il faut relativiser au regard de ce que les Egyptiens étaient capables de faire il y a 4.500 ans en élevant les fameuses pyramides de Gizeh. Rien n’est indiqué mais si vous continuez 50 mètres plus loin environ, vous vous retrouverez nez à nez avec une étrange roche dressée et fracturée verticalement. Il s’agit de la « Roca dels Traginers » ou « Roche des Muletiers » car l’histoire locale raconte que cet endroit servait jadis de lieu de rendez-vous et de réunions pour les gens de cette profession. Ses formes géométriques rectilignes, son élévation et sa cassure parfaite seraient l’œuvre de la nature et non pas celle des hommes. Après cette curiosité, il faut revenir sur ses pas jusqu’au panonceau rencontré précédemment et suivre la direction « menhir ». Là, un sentier monte dans une forêt de bouleaux, coupe un « rec » (canal), continue de monter au milieu des prés et finit par déboucher sur le bitume de la D.29. Par la droite,  il faut poursuivre la route sur plusieurs dizaines de mètres et l’on retrouve un large chemin qui nous amène jusqu’au menhir du « Pla del Bac » ou « del Bosc » parfois appelé « menhir d’El Port ».  Là, inévitablement, et au regard de cette monolithe en forme d’obélisque plutôt pointue entourée semble-t-il d’un tumulus délabré, on s’interroge quand à sa fonction première : Expression purement artistique ou celle d’une éventuelle croyance ? Monument sacré ? Borne ? Les idées vont bon train mais ici comme ailleurs le mystère reste entier et après toutes ces interrogations, nous n’avons qu’une envie : garder une photo souvenir en jouant les Obélix ! Dans ce secteur, il y aurait paraît-il un deuxième menhir du nom de « la Bassouse ». Il ressemblerait beaucoup à celui « del Bac » mais sur le sentier, je n’ai aperçu aucune indication y faisant allusion, alors bien évidemment, difficile de le trouver dans ces conditions et c’est fort regrettable. L’itinéraire file désormais dans des prés où les graminées, les épineux et quelques magmas granitiques clairsemés se partagent l’espace. Après une ample courbe, des panoramas plus précis qu’ils ne l’étaient au début de la balade se font jour sur le Cambre d’Aze et le Pica del Quer, les deux sommets composant pour l’occasion, le grand « V »  de la Vallée d’Eyne. Désormais, un souple chemin herbeux nous entraîne vers nos deux derniers objectifs : une roche à cupules et un site archéologue. Si la roche à cupules n’a rien de sensationnel car l’érosion du temps a eu sans doute un peu raison de toutes ces  mystérieuses « petites coupes », le site archéologique lui ressemble plutôt à un ancien habitat pariétal. On notera simplement que la plupart des cupules présentent une coloration brunâtre, mais de là à l’attribuer à du sang séché comme j’ai pu le lire, il y a des limites que je ne franchirais pas. L’abri du néolithique est, toutes proportions gardées, sans doute un peu plus récent car je me souviens avoir lu dans un bouquin du grand archéologue Jean Abélanet que ce type de construction était une façon pour les gens de l’époque de reconstituer une grotte ou bien une caverne que leurs aïeux avaient jadis occupée. Il suppose que pour ces gens-là, c’était en quelque sorte une manière architecturale de se souvenir de leurs ancêtres. Après la découverte de tous ces vestiges, on regrettera bien évidemment cette absence totale d'explications. Des panneaux sur les différents sujets observés voire thématiques ou ludiques donnant quelques menus éclaircissements auraient été les bienvenus. C’est d’autant plus regrettable, si comme j’ai pu le lire, d’autres vestiges, menhir de la Font del Sastre, de la Bassouse, tout proches ne sont pas inclus dans cette boucle plutôt courte. De ce fait, la rallonger n’aurait pas été un problème mais aurait permis d’être exhaustif quand à toutes les localisations archéologiques d’Eyne. Du coup, sur cette fin du parcours, mon regard a été presque plus attiré par les oiseaux et les papillons en très grand nombre à cet endroit que par le « Sentier archéologique » lui-même. En arrivant à hauteur d’une antenne relais, la vue donnant en contrebas sur Eyne, nous avons bien compris que la balade était bientôt terminée et du coup, en arrivant à la Maison de la Vallée, nous l’avons poursuivi pour une visite rapide mais très intéressante du vieux village. Il y a en effet, côte à côte, une jolie église avec un vieux clocher-mur et un autre clocher quadrangulaire à toit pyramidal de facture plus récente mais indépendant du premier. L’église est dédiée à Saint-Michel et serait l’émanation d’un édifice religieux roman plus ancien dont il ne reste plus rien mais dont la première mention écrite retrouvée daterait de 1270. Nous avons également noté qu’il y avait des gîtes et la sympathique patronne nous a autorisé à visiter les lieux et son très joli jardin. Une façon très commerciale mais ô combien charmante de nous encourager à venir y passer un petit séjour.  Cette visite du village incluse, nous avions parcouru environ 7,3 km en un peu moins de 4 heures temps de pause et pique-nique compris. Carte I.G.N 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.

    (*) Sur certaines cartes,  la rivière d’Eyne descendant de la fameuse vallée est parfois mentionnée sous le patronyme d’Ebre. Rien à voir bien sûr avec l'Ebre la grande rivière d’Espagne se jetant en Méditerranée, encore que si l’on se fie uniquement au nom cela n’ait rien de vraiment surprenant. En effet, selon les Historiens, les contacts linguistiques entre les Celtes et les Ibères ne font plus aucun doute et quand on analyse le mot « ebre », il aurait pour origine le racine celte « ber » signifiant « l’écoulement d’une chose liquide ». A partir de là, le temps a fait le reste, et le « ber » est devenu « ebre », « aber » « ibar » signifiant « rivière », « estuaire », « rivage », etc…..peut-être même « mer » selon certains linguistes. Les Romains s’y sont mis aussi et le « ber » est devenu « iberus » et le grand fleuve a sans doute donné son nom à tout un peuple, à toute une région, à toute une péninsule puis à tout un pays. Oui, à l’origine, les Ibères étaient bien le peuple de la Vallée de l’Ebre et si leur influence tentaculaire ne fait plus aucun doute, de nombreux témoignages du néolithique sont les preuves formelles qu’ils ont régné aussi sur notre belle petite région de Cerdagne. 


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    Ce diaporama est agrémenté par deux musiques extraites de l'album instrumental " Lofty"s Roach Soufflé " du Harry Connick Jr.Trio avec Harry Connick Jr.(piano) Benjamin Jonah Wolfe (basse) et Shannon Powell (batterie). Elles ont pour titre : Colomby Day et One Last Pitch (take 2).

    LES-GORGES-DU-CADY
    Voir taille réelle
    GORGESCADYIGN

    Après avoir gravi le pic mythique sous un soleil torride, je n’ai pas voulu quitter le Massif du Canigou sans une balade bien plus facile et pleine de fraîcheur. En été, s’il existe une balade très raffraichissante, c’est bien celle des Gorges du Cady. Ce type de balade qui consiste à suivre un cours d’eau, ici un torrent de montagne en l’occurrence, est d’autant plus agréable pour moi que dès lors que j’ai chaud et que j’aperçois la moindre flaque, je ne peux m’empêcher d’y tremper les pieds quand ce n’est pas d’y plonger la tête ou mon corps tout entier. Or, ici, les flaques se présentent le plus souvent sous la forme de jolies petites vasques ou de profondes marmites aux eaux cristallines. Et comme si ça ne suffisait pas à mon bonheur, ces cuvettes sont parfois agrémentées de petits toboggans où la baignade se transforme très vite en du canyoning en miniature. Seul inconvénient, l’eau est parfois si fraîche, pour ne pas dire froide, que Dany, qui s’est risquée à tremper un orteil,  me regarde avec des yeux écarquillés de stupéfaction ou peut être anéantis, je ne sais pas, se disant sans doute que je suis un « grand malade ». Mais que voulez-vous, j’ai toujours adoré me baigner dans de l’eau très fraîche, et parfois, de surcroît dans des lieux plutôt « insolites » pour ne pas dire inhospitaliers voire hostiles. Ce « drôle » de penchant, je l’ai acquis depuis ma plus tendre enfance car depuis toujours, j’ai pris pour habitude de me baigner dans les eaux turquoises des calanques marseillaises où mes parents possédaient un petit cabanon, à Sormiou plus exactement. Or, les calanques sont bien connues pour leurs courants marins capricieux, leurs nombreuses résurgences de rivières sous-marines et leurs eaux si glaciales dès qu’un brin de mistral se met à souffler. Alors bien évidemment, si le but de cette balade aux Gorges du Cady est de marcher pour rejoindre une belle cascade, pour moi, ce n’est mon dessein essentiel. Non, mon objectif premier, outre la randonnée, est de lui adjoindre un agréable moment de pique-nique dans un coin tranquille, rafraîchissant et où la baignade est autorisée de préférence. En tous cas, ici au départ de la balade, la seule interdiction par arrêté préfectoral que j’ai notée, c’est celle de descendre les gorges en canyoning. Le départ s’effectue peu après Casteil, en direction du col de Jou sur la piste forestière dite de Mariailles, encore bitumée sur ce secteur. Un petit parking est là, tout près d’une station de pompage et de traitement de l’eau. Cette station, c’est celle du SIVOM du Roc des Ermites dont la tâche est de capter l’eau du Cady pour l’assainir puis la transformer en une eau propice à la consommation. Le sentier démarre en passant entre les bâtiments et rejoint quelques mètres plus hauts, un chemin plus large. Un panonceau de randonnée fournit les premières indications : sur la droite, la Cascade du Cady donnée pour un aller-retour de 4h et sur la gauche l’abbaye de Saint-Martin-du-Canigou à 1h. L’itinéraire balisé en jaune est donc tout simple. Attention, simple ne veut pas dire facile et c’est d’ailleurs tout le contraire. Il faut garder à l’esprit que l’on va cheminer le cours d’un torrent de montagne, lequel torrent pour se frayer un chemin dans cette forteresse minérale constituée de larges rocs et de hautes falaises a du tout fracasser sur son passage. C’est ainsi que la Cady a créé un dédale de ravins et de gorges profondes où les pierriers sont évidemment très présents. Le parcours pour rejoindre les cascades n’est donc jamais facile même si pour le bonheur des randonneurs et des pêcheurs, de multiples passerelles ont été édifiées pour en faciliter le cheminement et les passages successifs d’une rive à l’autre A cette difficulté du terrain vient s’ajouter une végétation incroyablement belle et dense qui trouve dans ces gorges toute l’hygrométrie nécessaire à son épanouissement. Le nombre d’essences différentes est assez phénoménal. Le règne animal pas toujours visible au premier coup d’œil  n’est pas en reste et trouve dans ce biotope, un habitat adapté. Personnellement étant très attentif à cet aspect faunique de la balade, j’y ai découvert et photographié parfois avec surprise des espèces aussi disparates que des passereaux, des papillons, des criquets, un lézard vert et un autre des murailles, une salamandre tachetée et enfin de manière encore plus étonnante, une chauve-souris aux immenses oreilles qu’on appelle « oreillard », sans doute dérangée par quelques fans de la grimpe. Un autre jeu plus paisible que la grimpe consiste à déceler dans les pans des différentes falaises que l’on aperçoit, des formes, des animaux voire des visages plus ou moins humains ou monstrueux. J’en ai découvert quelques uns mais sans doute ai-je une imagination bien trop fertile ? C’est donc, je suppose, pour toutes ces raisons que les Gorges de Cady constituent une balade estivale plutôt prisée. En été, les randonneurs sont parfois très nombreux à circuler et si les lieux de baignade y sont également pléthores, les bons emplacements sont quelquefois difficiles à trouver à l’heure du déjeuner. Il faut donc partir suffisamment tôt, de telle manière à arriver à la cascade avant l’heure du pique-nique et consacrer le retour à la recherche d’un coin idéal. A tout cela, il faut ajouter et se souvenir que très nombreux varappeurs, du simple débutant au plus expérimenté, affectionnent les Gorges du Cady et que les zones et les voies d’escalade sont presque aussi nombreuses que les falaises que vous aurez à côtoyer. Ces secteurs et voies de grimpe ont des noms parfois assez insolites comme le Pilier St Martin, le Gendarme, Roca Alta, l’Olive, le Pin des Pisses, Caca Boum, Casse Dalle, j’en passe et des meilleurs. J’avoue que les grimpeurs ont parfois bien plus d’imagination et d’humour que peuvent en avoir les randonneurs. Enfin compte tenu de toutes ces précautions à prendre, Dany et moi avons entamé un départ vers 10h15 pour une arrivée à la cascade un peu avant 12h, le tout en ayant plutôt flânés et marqués quelques brèves pauses. Le temps de quelques photos souvenirs à la cascade et à 12 h tapantes, le coin parfait était déjà trouvé. A partir de là, nous avons pris tout notre temps, à la fois pour déjeuner, moi pour me baigner et ensuite pour amorcer le retour. A 15h, la balade était terminée et nous avions déjà passé une très belle et tonique journée. Aller et retour, la balade est longue de 5,5 km environ pour un dénivelé de 260 mètres, la cascade de Cady étant située à 1.084 m d’altitude et le parking du départ à 824 mètres. Bonnes chaussures de randonnée à tiges hautes sont à conseiller. Enfin et pour la petite histoire, ce jour là, j’ai fait sans doute ma B.A car la salamandre était un peu perdue au milieu des graviers de la dernière partie du chemin, juste avec la station de pompage, et ça a été un vrai miracle qu’elle ne soit pas piétinée par plusieurs randonneurs. Sachant que sa peau secrète un mucus empoisonné, dont au Moyen-âge on pensait qu’il était transmissible à l’homme, le transformant ainsi en sorcier, j’ai néanmoins pris le risque de la prendre dans ma main pour aller la déposer sur l’herbe fraîche en bordure de la rivière. Un endroit bien plus tranquille et humide correspondant bien mieux à son habitat. Si un jour ça vous arrive, n’ayez aucune crainte mais surtout ne portez pas vos mains à la bouche ou ne vous frottez pas les yeux et bien évidemment, lavez-vous bien les mains après l’avoir touchée. Carte I.G.N 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

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  • Ce diaporama est enjolivé avec des musiques d'Ennio Morricone extraites de la bande originale du film "Le Professionnel" de Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo. Leurs titres ; Le Vent, le Cri - Chi Mai - D'Afrique - Le Retour (Sur le nom de Bach)


    Il fallait bien que ça arrive un jour ! A force de lui attribuer tous les superlatifs les plus pléthoriques, de le mettre en exergue à chacune ou presque de mes randonnées départementales voire limitrophes parfois, de le traiter le plus souvent de « grand seigneur », de « majesté », d’ « Olympe des Catalans », de « montagne sacrée », de sommet mythique, de « mont des monts », comme l’étymologie de son nom le laisse supposer, voilà qu’enfin, en ce 6 août 2015, je m’étais décidé à aller gravir notre « fameux » Canigò. Je dis « notre » car il faut bien le dire, cette montagne si belle et si majestueuse, elle appartient à tout le monde, catalans ou pas catalans ! On ouvre notre fenêtre, on se balade dans une rue d’un village du Roussillon et son pinacle apparaît au loin, plus merveilleux bien sûr quand il est enneigé. Et puis, n’est-il pas visible depuis la Provence comme certains de mes amis blogueurs me l’ont prouvé en m’envoyant moultes photos et vidéos si « extraordinaires » d’un incroyable coucher du soleil ? Enfin, pour le toucher, il suffit d’en avoir envie et rejoindre son sommet est presque un jeu d’enfant à partir des Cortalets. Je me souviens toujours de cette anecdote avec ce couple de stéphanois (de Saint-Etienne) dont j’avais croisé la route lors de la dernière étape de mon Tour pédestre du Coronat. Par un bel après-midi d’août, nous étions tous à prendre un goûter assis près de la chapelle Saint-Etienne de Campilles, au dessus de Villefranche-de-Conflent et nous dissertions sur les randonnées en général et sur le Canigou qui nous faisait face en particulier. Ce couple était persuadé que pour monter au sommet du Canigou, il fallait nécessairement être un grand alpiniste, avoir un matériel d’escalade approprié et moi, je m’évertuais à leur dire que même leurs trois jeunes filles âgées de 7 à 12 ans pouvaient aisément y monter. Il a fallu que j’argumente un max, que je sorte ma carte I.G.N et que je leur dise que l’on pouvait presque y monter en voiture pour qu’enfin ils se décident à me croire, non sans penser sans doute qu’avec mon accent marseillais, j’exagérais sans doute un peu. Quand je les avais quitté pour finir mon étape, dans leurs têtes, c’était décidé : « ils ne finiraient pas leurs vacances sans être montés au Canigou ! ». Voilà pour cette anecdote amusante mais qui montre ô combien ce sommet inspire à la fois admiration, respect et désir. Pour moi, en ce 6 août 2015, cet objectif de faire l’ascension du Canigou, ce n’était pas exactement ce que l’on appelle une « première » mais la cinquième fois que j’allais le gravir, quatre fois depuis les Cortalets et une seule fois depuis Mariailles. Ma première ascension datait de juillet 1989 et avec un groupe d’amis, nous avions marché 2 jours de Valmanya aux Cortalets le premier jour puis jusqu’au pic le lendemain. A l’époque, j’avais 40 ans et donc 26 ans de moins. En tous cas et même si je gardais quelques photos des différentes ascensions, c’était la toute première fois que je m’y rendrais avec la ferme intention de laisser un récit et un reportage photographique digne de ce nom. Ce reportage bien sûr devant servir à nourrir ce blog « randonnées » que je développe désormais depuis plus de 7 ans. Parfois, quelques blogueurs m’en avaient gentiment fait le reproche de ne pas l’avoir encore inscrit et c’est vrai que j’ai mis pas mal de temps à me décider. Cette fois-ci encore. L’envie était là, mais je voulais que les conditions soient idéales, en tous cas les plus propices, à la fois sur le plan « météo » principalement, pour que mon article soit le meilleur possible, mais aussi sur le plan physique car depuis Mariailles, je me souvenais d’une randonnée plutôt très longue et même difficile sur la fin en arrivant à la pierreuse « Cheminée ». Par cet itinéraire, la dernière fois que j’y étais monté, c’était il y a une quinzaine d’années et autant dire qu’à 66 ans, on n’a plus les jambes de 50 et ça je l’appréhendais un peu, même si je marche encore beaucoup ! Enfin, j’étais tout de même décidé à le faire avant d’être trop vieux ! Depuis Urbanya, où je passais l’essentiel de mes vacances estivales, j’avais remarqué que le Canigou commençait à se charger en nuages en début d’après-midi sur les coups de 13, 14 voire 15 heures parfois. Mon premier objectif serait donc de parvenir au sommet de préférence bien avant les nuages car il n’y a rien de pire que de monter tout là-haut et d’avoir la tête enveloppée d’une écharpe opaque empêchant toutes visions.  Mais à 66 ans, courir contre des nuages, était-ce bien raisonnable ?  A 6h30, sous un ciel encore un peu blafard, j’ai donc quitté Urbanya, direction Mariailles par Vernet-les-Bains, Casteil puis le col de Jou où j’ai poursuivi la piste forestière jusqu’au parking du Randé. Entre temps, je m’étais arrêté quelques minutes pour observer et photographier mon objectif du jour, un peu comme le font deux boxeurs avant le combat quand ils se regardent les yeux dans les yeux pour se défier et montrer qu’ils n’ont pas peur de l’autre. A chaque arrêt, le massif était différent, d’abord d’un noir d’ébène, il se détachait magnifiquement dans un ciel blafard depuis la route d’Urbanya. A Ria, entre chien et loup, c’est une pyramide bleue acier que j’ai pu voir dans un ciel bleu devenant laiteux. Après Casteil, dans la montée vers le col de Jou, alors que je pensais le voir une dernière fois, le Canigou avait disparu et il avait laissé la place à une petite montagne minérale et végétale où falaises et pierriers blanchâtres et forêts olivâtres se partageaient le décor. A partir de là, j’ai décidé de ne plus m’arrêter. 7h30, je range ma voiture sur le parking du Randé. Les véhicules garés sont déjà très nombreux mais paradoxalement il n’y a pas âme qui vive. Seuls, deux ânons et deux jolis chevaux pie magnifiquement tachetés sont là attachés aux clôtures. Mes caresses n’ont pas l’air de les enthousiasmer et j’ai même le sentiment qu’ils dorment debout. Sans entrain, ils attendent des randonneurs trop paresseux pour porter leur propre sac à dos  J’endosse le mien et file vers des pancartes indicatives. Ces pancartes, je les connais bien et les choix proposés vers Mariailles aussi. Que ce soit par la piste ou par le G.R.10, je sais déjà que 40 minutes environ me seront nécessaires pour arriver à la hauteur du refuge. Je fais le choix de la piste que j’estime préférable pour me mettre en jambes. Seules quelques rares fleurs me freinent dans ce placide démarrage et malgré ces brefs arrêts photographiques, à 8h10 me voilà à Mariailles où au milieu de vaches encore plus placides que moi, je tente de me frayer un chemin. Ici, et bien au delà de son classement en grand site, à cause des troupeaux qui sont à l’estive et des touristes qui fréquentent en très grand nombre le massif, on comprend mieux pourquoi les pistes forestières menant vers le Canigou sont interdites à tous les véhicules des non ayants droit en période estivale. Au col, je délaisse la piste non sans avoir au préalable jeté un coup d’œil sur le seul panonceau qui pourrait m’intéresser : « Pic du Canigò - 8,2 km – 4 heures ». Tous ces chiffres me laissent perplexe car selon le tracé que j’ai enregistré dans mon G.P.S, c’est au bas mot plus de 2,5 km supplémentaires qu’il me faudra cheminer pour arriver au sommet. Quand aux 4 heures annoncées, je ne me fais aucune illusion, avec mon habitude de flâner, j’en serais sans doute bien loin même si je garde dans un coin de ma tête cette envie certaine d’arriver avant les nuages, c'est-à-dire avant 13 heures. A l’instant où je bascule sur le G.R.10, un randonneur me dépasse. C’est le tout premier que j’aperçois depuis le Randé. On se salue. Il a environ mon âge mais marche bien plus vite que moi. D’autres randonneurs arrivent encore mais poursuivent la piste soit vers les Mattes Rouges soit vers le Pla Guillem. Devant moi, le randonneur de mon âge a quitté le sentier et je le vois se diriger en contrebas vers la Fontaine de la Jasse où il remplit des gourdes. Je poursuis mais peu après la passerelle enjambant le torrent de la Llipodère, il me doublera à nouveau et là, je ne le reverrai plus jamais. Il faut dire que mon numérique est déjà bien entré en action et que chaque photo est toujours ponctuée d’un petit arrêt. Pourtant, la luminosité est loin d’être idéale car soit le ciel est encore bien opalin soit les rayons du soleil me dardent en pleine face et la qualité de mes prises de vues paysagères s’en ressentent. Tant pis, je me suis promis de prendre un maximum de photos pour agrémenter mon reportage. Après le Ravin des Sept Hommes et le Col Vert, il est presque 9 heures quand je pousse une porte métallique servant de démarcation à des décors bien différents. Ici, je quitte les sombres sous-bois de résineux pour des milieux plus ouverts plongeant sur le profond Ravin du Cady et offrant des vues panoramiques époustouflantes et lointaines. Sur la gauche, les pics Quazemi déroulent leurs douces crêtes pelées quand au Roc de Cady, sa haute stature rougeâtre et chaotique contraste avec la végétation environnante si verte. Désormais, tous ces paysages apparaissent sous un firmament d’une couleur bleu ciel tant espérée. Le sentier et ses abords changent aussi. Il alterne les gros éboulis descendant des Sept Hommes, les petites tourbières mouillées ou les portions herbeuses où les petits pins à crochets, les rhododendrons, les genêts, les fétuques et les fleurs multicolores se livrent une lutte sans merci pour s’approprier l’espace laissé libre par les hautes forêts. Dans cette lande incroyablement compacte, une faune bien visible composée essentiellement de lépidoptères, d’orthoptères et de passereaux sautille et virevolte. J’y aperçoit quelques criquets, deux ou trois papillons, un pinson, des mésanges et pour la toute première fois, un accenteur alpin. La sente descend tout doucement vers le torrent de Cady dont les berges sont occupées par un groupe de randonneurs espagnols entrain de déjeuner. Dans l’immédiat, je ne fais que les saluer et je ne m’arrête pas mais ces quelques marcheurs seront mes complices permanents dans l’ascension finale vers le sommet. Tout en montant vers le Roc de Cady et le refuge Arago, de nouvelles vues s’entrouvrent plus ou moins lointaines et pour certaines bien reconnaissables pour y avoir cheminé : Pic des Sept Hommes, Pic des Tres Estelles et beaucoup plus loin encore le Mont Coronat, le Pic de la Pelade, le Madres et le Carlit. En approchant de la Cabane Arago, la végétation change encore et d’autres paysages se dévoilent dans la direction opposée. Ici, tout autour de cet ancien et immense cirque glaciaire formé par la Solane de Quazémi et les Gourgs du Cady, ce ne sont que des hautes crêtes ondulées formées par un série de « puigs » oscillant entre 2.600 et 2.700 mètres d’altitude : Sept Hommes, Roja, Tres Vents, Roc Nègre, Sec, Barbet et enfin Canigou. La végétation, elle, est essentiellement composé d’une lande où de ras genêts purgatifs et de blonds gispets poussent au milieu des magmas rocheux que des glaciers millénaires aujourd’hui disparus ont charriés anarchiquement. Après le refuge,  et toute proportion gardée, la sente devient un peu plus sévère. On enjambe un étroit ruisseau donc je peux supposer qu’il s’agit du Cady bien que sa source soit plutôt difficile à discerner sur la carte I.G.N. Plus on monte, plus la pente s’accentue, plus l’herbe devient rare et rase et laisse peu à peu la place aux seules caillasses. Ici, c’est le royaume des traquets motteux et des marmottes que l’on entend chanter et siffler sans jamais trop les apercevoir ni les uns ni les autres. Ce n’est pas faute pourtant de m’arrêter et d’observer chacun des rochers d’où proviennent toutes ces stridulations. J’aurais plus de chance au retour. Le sentier est désormais essentiellement caillouteux et rocheux même si ma curiosité me conduit à trouver encore quelques fleurs dans les moindres interstices : Pieds de chat, campanules, raiponces, achillées et autres séneçons notamment. Je ne suis plus seul et nous sommes désormais plutôt nombreux à grimper vers la « glorieuse » cime. Dans ma flânerie continuelle, je laisse passer toute le monde et ça d’autant plus facilement qu’un grand ciel bleu d’une incroyable pureté est bien, comme je l’avais imaginé, au rendez-vous de cette difficile ascension. Sans me presser, et sauf incident toujours possible, je sais déjà qu’à 13 heures, je serais là-haut. Le groupe d’espagnols aperçu au bord du Cady m’accompagne désormais. On se dépasse, puis on se laisse aller à une pause puis on se double à nouveau, se faisant presque des politesses quand le sentier devient plus compliqué à cheminer. 12h30, je domine la Brèche Durier et la célèbre « Cheminée » se présente droit devant moi. A son pied, nous sommes très nombreux, trop nombreux à mon goût dans ce couloir si abrupt, caillouteux et plutôt étroit quand au seul passage qui est véritablement praticable. J’appréhende les chutes de pierres et je me dis qu’un casque ne serait peut être pas superflu. Je laisse les gens s’avancer et garde un bon espace avec eux avant de me lancer. Dès que je rattrape une personne un peu plus lente, soit je la dépasse soit j’en profite pour m’arrêter et prendre de superbes photos, histoire de lui préserver une nouvelle distance. Vues aériennes de la Vallée du Cady, de la Solane du Quazémi, de la Conque du Pic, insolite « Totem », arêtes acérées du Quazémi de Dalt, tout est beau à photographier et prétexte à éviter une éventuelle chute de pierres. A 13 heures tapantes, mon regard bascule vers l’autre versant. Le Canigò est là et le « cas nigaud » que je suis et qui voulais arriver avant les nuages a gagné son pari !  La croix forgée (*) est tellement envahie de randonneurs que je file immédiatement vers la table d’orientation. Là, ça semble bien plus calme mais malheureusement la table est littéralement infestée par des fourmis ailées sortant de tous côtés. D’où viennent-elles ? Je ne cherche même pas à comprendre tant il y en a et tant elles s’avèrent agressives. Je suis contraint de me sauver tant il en grouille de toutes parts. Je me suis éloigné d’une vingtaine de mètres dans la descente vers les Cortalets et pourtant je vais même en retrouver sans cesse dans la salade et les sandwichs de mon pique-nique. Finalement, je finis par les oublier et je suis vraiment ravi car le beau temps tant escompté est là et les panoramas sont sublimes même si quelques nuages épars circulent sous le massif et si une brume blanchâtre voire grisâtre barre les horizons les plus lointains. Vernet-les-Bains, Prades et de nombreuses autres communes sont très facilement identifiables. Je domine le chalet des Cortalets que j’aperçois en contrebas blotti dans la forêt de sapins. Dans le ciel, et juste au dessus de ma tête, deux vautours fauves viennent d’entamer une angoissante ronde. Ils planent et sans aucun battement d’ailes,  se laissent porter par les courants aériens disparaissant peu à peu de ma vue dans une étonnante spirale. Après le pique-nique, je scrute les paysages du Conflent en quête d’apercevoir Urbanya que finalement j’arrive à distinguer grâce à la grande ferme blanche dominant ma maison. Par amusement, j’essaie de prendre une photo mais même avec mon zoom grossissant 30 fois, la perception s’avère bien insuffisante avec cette ouate brumeuse voilant l’horizon. Un flot presque continuel de randonneurs de tous âges arrive des Cortalets et j’attends le moment le plus propice pour m’approcher de la table d’orientation et surtout de la croix matérialisant le sommet. Le but de cette approche : prendre la traditionnelle photo souvenir bien sûr. Les fourmis volantes semblent s’être volatilisées et en tous cas, elles sont bien moins nombreuses et belliqueuses qu’à mon arrivée.  La croix se libère bien plus vite que je ne l’avais espéré et une gentille jeune dame se trouve là à point nommé pour immortaliser mon plaisir d’être monter à 2.784 mètres d’altitude. Trois ou quatre photos et je la remercie comme il se doit en la gratifiant de mille mercis et en lui offrant une barre chocolatée qu’elle refuse poliment. D’autres randonneurs ne se satisfont pas de l’altitude du Canigou et se croient obligés de monter droit debout sur la table d’orientation. Il est temps de repartir et au moment où je m’engage dans le « Cheminée », je ne vois que lui. Un visage de granit tel un gigantesque « Robocop » d’acier que je n’avais jamais remarqué lors de mes venues précédentes. Effets de lumières, heure favorable à cette découverte, en tous cas, je semble le seul à m’intéresser à ce profil de pierre si hermétiquement impressionnant. Je le photographie. Dans le « Cheminée », les randonneurs sont assez peu nombreux à monter, alors je n’hésite pas une seconde et je me mets à descendre en prenant le train d’un couple de jeunes espagnols. Je commets là une grave erreur car comme le célèbre « mouton de Panurge », je vais les suivre sans trop me soucier du chemin qu’ils vont emprunter. Or, plutôt que de suivre l’itinéraire le plus classique balisé en jaune, le jeune homme a décidé de prendre un raccourci au travers des monumentaux éboulis de la Conque du Pic. En réalité, ce raccourci, ponctué il est vrai de quelques cairns, va s’avérer être une vraie galère dans laquelle je vais slalomer sans cesse entre les gros blocs de pierres pas toujours faciles à enjamber ou à contourner. Chaque pas est presque une prouesse et je redouble de vigilance pour éviter un éventuel accident. Après plus d’une heure dans la caillasse, c’est avec un réel soulagement que je retrouve le sentier et les premières graminées du Pla de Cady. Là, et avec beaucoup de réussite, c’est en voulant photographier un traquet que je zoome par hasard sur une marmotte. La chance du photographe animalier est avec moi. Le temps d’une photo et elle a déjà rejoint sa tanière. Je m’arrête souvent pour de nouvelles photos mais quand je repars c’est toujours en allongeant les foulées. Je sors du sentier le plus emprunté et n’hésite pas à prendre de petits raccourcis. Je retrouve le refuge Arago et ses quelques campeurs qui profitent des chauds rayons du soleil. Plus bas, au passage à gué sur le Cady, je ne suis pas le seul à chercher un peu de fraîcheur. Autant la matinée a été agréablement tiède autant l’après-midi s’avère très chaude et tous les points d’eau sont désormais les bienvenus pour s’asperger. Ils le sont d’autant mieux que mes 3 litres d’eau arrivent peu à peu à expiration. J’économise l’eau au maximum et quand la Jasse de Mariailles est là, je me souviens bien évidemment de la fontaine où j’avais vu l’homme remplir ses gourdes ce matin. Je me désaltère jusqu’à plus soif et remplis la moitié d’une bouteille. Mariailles est là avec ses innombrables randonneurs, ses bovins, son abri pastoral et son beau refuge gardé. J’irais bien y déguster une bière bien fraîche sur sa terrasse encore ensoleillée mais je n’ai plus vraiment soif. Et puis, autant être honnête, voilà déjà plus de 10 heures que je suis « en marche » et pour parler franc, j’en ai « plein les godillots » et languis d’arriver. Sans compter que le parking du Randé est encore à 40 minutes alors plus rien ne peut m’arrêter. Je vais mettre 50 minutes pour rejoindre ma voiture car de toute évidence la fatigue est bien là. Oui, je l’avoue, à 66 ans faire le Canigou en voulant courir plus vite que les nuages, ce n’est pas très sérieux mais alors quel grand bonheur j’ai vécu et que de beautés découvertes ! Cette randonnée a été longue de 24 km environ. Le dénivelé de 1.264 mètres est assez simple a calculé puisque le Randé est situé à 1.520 m d’altitude et le Canigou à 2.784 m. Les montées cumulées sont plus significatives et selon mon tracé G.P.S, elles sont de l’ordre de 2.680 mètres tout comme les descentes d’ailleurs. J’ai démarré à 7h30 le matin et j’ai terminé à 18h30 le soir soit 11 heures à courir les sentiers mais ne vous fiez pas trop à ce temps-là car comme toujours c’est Dame « Flânerie » qui a guidé mes pas.  Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25. (*) Etymologie du Canigou.

    (*) La croix du Canigou : Si vous ne connaissez pas l'Histoire de la croix du Canigou, voilà ci-après un lien où vous apprendrez l'essentiel de ce qu'il faut savoir d'elle. Merci à Bérénice : http://pain2seigles.eklablog.com/-a209991480#comment-108008392

     

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    Ce diaporama est agrémenté de deux standards de jazz "Moanin'" et "Are Your Real ?" joué par Art Blakey et The Jazz Messengers, extraits de leur album "Moanin'"
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    « La Vallée du Galbe. Quel beau nom pour une vallée si belle ! Ondulante, douce, offrant une multitude d’itinéraires variés et secrets, verte et fleurie, cette vallée est un joyau naturel » Voilà le début de la description qu’en fait le site Internet « Pyrénées Cerdagne.com ». La suite est du même acabit et bien évidemment ça donne envie d’y aller voir. Certains, et ils sont nombreux, vont la voir en voiture mais vous vous doutez bien que ce n’est pas ainsi que je vous propose de la découvrir. Moi, j’ai découvert la Vallée du Galbe en septembre 2013 lors d’un Tour pédestre du Capcir effectué en 4 jours, avec mon fils et un couple d’amis. Ce jour-là, c’était la 3eme étape et de très loin la plus longue et la plus difficile car elle nous avait amenés de Rieutort aux Bones Hores soit plus de 28 kilomètres. Nous avions d’abord longé le Galbe, puis il s’en était suivi une longue montée vers les Camporells et enfin une descente qui l’était tout autant vers les Bouillouses. Eh bien ce jour là, l’étape avait été si belle, qu’à l’arrivée je n’avais ressenti aucune fatigue ni aucune douleur ! Pourtant dieu sait si nous avions crapahuté et parfois sur de « bonnes » déclivités et sur des terrains pas toujours évidents et faciles ! Mais ce jour-là, tout avait défilé très vite car j’avais passé la quasi totalité de l’itinéraire dans la contemplation et je dirais presque comme dans un état second. Une flore et une faune magnifiques et surtout bien présentes, le tout dans des paysages magiques. A coup sûr, tant de beautés m’avaient fait oublier les difficultés. Cet émerveillement avait bien évidemment commencé à l‘entame de la Vallée du Galbe, c'est-à-dire dès le départ de l’étape, peu après Rieutort, raison pour laquelle j’ai eu envie d’y revenir et surtout d’y amener Dany. Le départ s’effectue du hameau d’Espousouille où près du petit cimetière, un vaste parking accueille les voitures. Ma balade ressemble en partie à celle indiquée sur un panonceau indicatif cloué à un petit chalet de rondins et s’intitulant « les Portes de la Vallée du Galbe », mais à deux différences non négligeables, c’est que la mienne est bien plus longue et que j’ai choisi de partir en empruntant le G.R.P Tour du Capcir plutôt que ce P.R.29 qui semble-t-il est un sentier d’Emilie dont la boucle fait demi-tour au « Pont dels Plans de l’Orriet ». De ce fait, nous sommes partis vers le village dont l’itinéraire passe d’abord devant l’imposante église dédiée à Sainte-Marie. Puis on déambule au milieu des belles et vieilles maisons aux pierres rouges ou grises typiques de la région. Du hameau, on en sort très vite en empruntant la rue de la Porteille puis en suivant le balisage jaune et rouge propre au Tour du Capcir. Un premier panonceau nous rassure quand à l’exactitude du chemin même si les mentions qu’il indique nous intéressent peu aujourd’hui : « Tour du Capcir- Refuge des Camporells 4h40 – les Bouillouses 7h15 ». Les vieilles maisons en pierres ont laissé la place à des chalets plus modernes et l’itinéraire grimpe désormais en direction d’une superbe et immense sapineraie. En entrant dans la forêt, le chemin se transforme en une belle et large piste forestière, qui après une courte montée, finit par s’aplanir. Ce type de piste forestière, large et terreuse et parfois agréablement herbeuse compose l’essentiel de notre balade, ce qui bien évidemment la rend ainsi très aisée mais pas vraiment monotone pour autant, à cause des beaux paysages qu’elle côtoie en permanence de part et d’autre. Ici, l’ubac et l’adret du vallon sont quasiment pareils, recouverts qu’ils sont de cette forêt verdoyante à souhait.  Pour moi, cette piste est d’autant moins monotone que la flore est encore omniprésente en ce début d’été. Cette présence n’est pas faite pour me déplaire ni à moi ni à mon appareil photo qui enregistre sans cesse de nombreuses fleurs donc quelques unes très nouvelles. Aujourd’hui, mon herbier photographique va encore prendre de l’embonpoint. Quand à la faune sauvage, si elle ne se résume qu’aux plus petites et visibles entités, à savoir oiseaux, insectes, papillons et lézards, on la devine ubiquitaire dans toute la vallée. Dans l’eau du torrent bien sûr, avec les « fameuses » mais protégées truites fario mais aussi avec la loutre et le « rarissime » et noctambule Desman des Pyrénées. Quant aux forêts domaniales, les cervidés y sont légions et je garde encore en mémoire les nombreux cerfs, mouflons et autres isards qui nous avions aperçus lors du Tour du Capcir, du côté de la Serra dels Arabs ou du Massif du Madres. Quand aux marmottes, on pourrait penser qu’elles occupent d’autres étages montagnards un peu supérieurs, mais non, ici elles sont bien présentes sur les flancs de la montagne et le Galbe n’est pas étranger à cette présence comme nous le constaterons au moment de faire demi-tour. Malgré la rectitude de la piste, les panonceaux de randonnées sont bien présents et ils indiquent les endroits les plus proches que l’on va découvrir : « Refuge de la Jaceta » et « Cabane de la Jasse de la Llose ». A ces informations, s’ajoutent quelques poteaux signalétiques mentionnant les lieux où l’on arrive et permettant de se situer par rapport au bout de carte I.G.N dormant le plus souvent au fond de ma poche : « Cortal Pujol – 1.620 m » ou « Pont dels Plans de l’Orriet - 1.625 m ». Au fil du cheminement, les vues s’entrouvrent ou se referment selon l’ordonnancement des arbres géants de cette magnifique forêt. Plus l’on avance et plus les versants de la vallée semblent se desserrer. La forêt se raréfie et de verdoyants pacages se font plus présents. L’étroit torrent fougueux et aux eaux écumeuses laisse la place à une rivière plus paisible et peu profonde où des galets de schistes d’or et d’argent resplendissent sous les rayons du soleil. Nonchalant, un aigle royal se dirige en planant vers le fond de la vallée. Sur les rives ou sur des aires aménagées, de nombreux randonneurs en sont déjà au déjeuner. Nous choisissons de faire de même mais seulement en arrivant au Refuge de la Jaceta où table et bancs arrivent à point nommé. Une demi-heure d’arrêt et nous voilà déjà repartis en direction de la Jasse de la Llose et de son refuge réservé le plus souvent aux bergers ou aux maquignons. Il vrai que sur cet itinéraire plutôt facile, nous n’éprouvons pas vraiment le besoin de nous reposer à moins que ce ne soit cette nature si admirable qui nous lance des appels irrésistibles ? La vallée s’entrouvre encore. Droit devant, le pic de Mortiers (2.605 m) dresse sa colossale pyramide encore tachetée de quelques blancs névés. Perchés au faîte des grands arbres, les pinsons mâles chantent à tue-tête en quête d’une future bien aimée, puis quand les couples se trouvent, ils se lancent dans des poursuites infernales puis s’arrêtent pour jouer ou se bécoter bien à l’abri des regards dans les branches des ténébreux sapins. Sur les pelouses, les premiers lys martagon dressent leur paradoxale floraison : la tige droite comme un « i » pointée vers le ciel et leurs belles et grosses clochettes roses nuancées de pourpres inclinées vers le sol. Le refuge de la Jasse de la Llose est là. Sur la berge de la rivière, un âne attaché à un pieu nous regarde passer d’un air triste pour ne pas dire accablé. Ses grandes oreilles aplaties telles des ailes d’avion lui donnent un air tout penaud. Ces maîtres, sans doute des randonneurs, l’ont abandonné pour partir courir la montagne. Voyant que nous ne pouvons pas grand-chose pour lui, or mis quelques caresses sur le museau, de dépit, il replonge la tête dans les hautes herbes. Manger pour oublier sa solitude voilà comment on risque de devenir obèse mais heureusement la marche lui semble bénéfique ! Nous aussi, la marche nous fait du bien, alors on poursuit bien après le refuge mais quand la piste se termine et qu’un étroit sentier prend finalement le relais tout en grimpant dans la montagne, Dany décide que la Vallée du Galbe se termine ici. En réalité et si on observe bien la carte I.G.N, le Galbe semble s’arrêter vraiment là et prend d’autres noms peu après : Correc dels Serras Verds et Rec de la Peira Escrita. C’est plutôt marrant car sans rien avoir dit à Dany au préalable, c’est à quelques mètres près, l’endroit même où j’avais décidé que mon itinéraire et mon tracé G.P.S s’arrêteraient. Nous faisons demi-tour mais en retrouvant le lit de la rivière, nous décidons de faire une pause sur sa berge, histoire de vider nos sacs respectifs en finissant nos casse-croûtes. Soudain, une marmotte laisse entendre son sifflet si strident mais comment l’apercevoir sur les flancs de cette montagne si majestueuse nous faisant face ? Un à un, j’observe chaque bout de pelouse, chaque rocher, chaque éboulis, chaque magma caillouteux toujours dans la direction d’où proviennent les sifflements, c'est-à-dire vers l’adret. Enfin, je la découvre, telle une grosse peluche, perchée sur un rocher entouré de quelques buissons ! Elle n’est pas très loin et je pense que l’objectif de mon numérique sera suffisamment puissant pour en obtenir une image satisfaisante. Je zoome vers elle, tente au mieux de faire une mise au point convenable mais quand j’appuie sur le déclencheur, elle détale, un peu comme si j’avais appuyé sur la gâchette d’un fusil. Je vérifie, la marmotte est « bien «  enregistrée. Nous attendons encore un peu mais le « siffleux » a du rejoindre son terrier alors nous repartons et il n’y aura pas d’autres photos de marmottes aujourd’hui. Sur le chemin du retour, force est de reconnaître que les panoramas sont tout aussi beaux que ceux de l’aller. J’avais prévenu Dany en lui disant « ne te retourne pas trop ainsi au retour tu profiteras pleinement des paysages ! ». Dans le « V » que forme la vallée, avec d’un côté la Serre de Mauri et de l’autre le Roc de Querubi, on distingue tout au loin le Canigou, seigneur du Roussillon, aujourd’hui étrangement habillé d’un bleu de chauffe tirant sur le gris. Un peu plus près sur la gauche, c’est le Pic de la Pelade, petit suzerain des Garrotxes à la tonsure sommitale si reconnaissable. Voilà pour les sommets les plus identifiables quand aux restes des autres collines, ce ne sont que quelques crêtes boisées servant de frontières entre le Capcir et le Conflent. D’ailleurs, ce « V » disparaît assez vite, caché qu’il est par la verdoyante forêt. On ne perd pas au change jusqu’à ce que cette forêt nous engloutisse sous sa sombre canopée. On retrouve le lieu-dit « Pont dels Plans de l’Orriet » et sur son pont, on change enfin d’itinéraire. En réalité, peu de choses changent car nous sommes toujours sur une large piste forestière essentiellement terreuse désormais. Ici, la forêt devient « forêt communale de Formiguères ». Dany, jusqu’à l’arrivée, trouvera cette piste plutôt lassante, moi pas. Il faut dire que je suis encore très occupé à photographier de nouvelles fleurs, qui bizarrement, ne sont pas les mêmes que celles aperçues ce matin sur la piste longeant la soulane. D’ailleurs, les quelques oiseaux que j’arrive à photographier ne sont pas les mêmes non plus. Ici, les mésanges paraissent plus nombreuses et semblent avoir remplacé très avantageusement les pinsons. Il faut dire que dans ce sous-bois, les essences sont plus diverses et les feuillus sont presque aussi nombreux que les résineux, ceci expliquant sans doute cela. Sur la gauche, le torrent laisse sans cesse entendre le fracas de ses cascades successives et à la première occasion, on tente de s’en rapprocher pour jeter un coup d’œil sur ces cataractes si bouillonnantes. Petites vasques aux eaux limpides ou marmites plus profondes sont autant de signes m’invitant à une baignade qui selon Dany ne serait pas vraiment raisonnable, en raison du fort courant et de la fraîcheur quasi certaine de l’eau. C’est d’autant moins sérieux que quelques unes de ses poches d’eau sont déjà bien occupées par les lignes de quelques « serial-no-killers » c'est-à-dire des pêcheurs relâchant obligatoirement leurs prises et donc sans mise à mort des truites qu’ils sont amener à prendre. Pour la truite sauvage poêlée aux amandes, le pêcheur devra passer au supermarché, ce qui tout compte fait n’est pas plus mal selon moi. Après quatre kilomètres effectués depuis le pont, les premières prairies verdoyantes d’Espousouille apparaissent au travers de quelques arbres. Puis c’est au tour des premières maisons. Après cette sauvage et paisible balade, on retrouve une agitation parfois un peu trop bruyante à notre goût. Un agriculteur juché sur son tracteur fauche tout son champ dans des va-et-vient incessants. Deux promeneuses ont fait des bouquets de fleurs champêtres et discutent bruyamment de leurs patronymes, semblant le plus souvent en total désaccord. Dans le tranquille ruisseau que forme ici le Galbe, un pêcheur « cuissardé » marche dans son lit lançant d’un geste gracieux le fil de sa ligne. L’opération semble se répéter à foison quand soudain, le scion de tête se courbe en premier puis c’est la canne toute entière. Le pêcheur a ferré sa prise et à l’autre bout du fil, une belle truite fario joue son va-tout et sa survie. J’applaudis à deux mains, quand sa vie, elle va la retrouver quelques minutes plus tard seulement. Enfin, en arrivant sur le parking, nous retrouvons notre voiture sous le regard singulier de quelques hirondelles posées sur des fils électriques. Elles se reposent plusieurs minutes et en groupe le plus souvent, puis, telles des fusées, elles repartent comme un seul homme vers le Galbe dont elles survolent le lit rutilant en quête des nombreux insectes qui en occupent les abords. Puis elles reviennent se poser et ainsi va la vie des hirondelles d’Espousouille. La balade est terminée mais nous aussi nous devons nous reposer un peu alors le premier endroit où poser nos fesses est le bon. Un bas muret se présente face à la verdoyante Vallée du Galbe et il nous retiendra encore quelques temps pour une dernière pause contemplative et bienfaisante. Dany a été ravie de cette journée. La Vallée du Galbe a été à la hauteur de sa réputation et conforme à la description que j’avais pu lire sur le site Internet de « Pyrénées Cerdagne.com » : « Ondulante, douce, verte et fleurie, cette vallée est un joyau naturel » avais-je lu ! Tout était vrai ! Mais ça, je le savais déjà ! Quand à offrir « une multitude d’itinéraires variés et secrets », cela ne fait aucun doute même si le plus souvent, on n’évoque que les moins mystérieux c'est-à-dire ceux menant vers les Camporells, la réserve d’Orlu ou bien encore vers l’étonnante « Peyre Escrita ». La balade, telle que décrite ici, a été longue d’une quinzaine de kilomètres environ. Le dénivelé de 250 mètres est très modeste quand aux montées cumulées, avec 840 mètres, elles demeurent très modérées aussi. Les pistes forestières sont plutôt bonnes et ne nécessitent pas un équipement de randonnée très sophistiqué. Quand à la rivière Le Galbe, j’ai voulu en savoir un peu plus sur elle mais or mis qu’elle est un affluent de l’Aude dont la confluence est le lac de Puyvalador et qu’elle serait longue de 14 km (source Wikipédia), je n’ai guère pu en savoir davantage. Certains prétendent que sa source se situerait à l’Etang du Diable au pied du pic de Mortiers mais à cet endroit-là sur la carte, il s’agit déjà du Rec de la Peira Escrita qui est un de ses nombreux petits affluents. Voilà, sur le plan de son hydronymie, c’est à peu près tout. Quand à sa toponymie, l’écrivain étymologiste Robert Aymard nous apprend dans son étude « L’Aragon, berceau de l’hydronymie ibéro-pyrénéenne » que le mot « galbe » aurait pour origine l’étymon « galua » signifiant « nappe d’eau ». On retrouve cette même origine dans de nombreux patronymes pyrénéens toujours liés à la présence de l’eau comme « Gaube », « Lagaube » « Gaoube » ou « Graoubole » et tout ça bien évidemment nous amène inévitablement vers la racine préceltique « gaba » signifiant « rivière » ou plus généralement tout « cours d’eau » et que l’on retrouve dans le mot gascon « gabe », en français le « gave ». Quand nature rime avec culture, pourquoi s’en priver ? Carte IGN 2249 ET Font-Romeu – Capcir Top 25.

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    Ce diaporama est agrémenté de chansons interprétées par Elmore James extraites de son album "40 Exciting Legendary Blues Tracks: Tribute To Elmore James, “King of Slide Guitar”. Elles ont pour titre : I Believe, Stranger Blues, Look On Yonder Wall, Shake Your Moneymaker, The Sky Is Crying.

    De nombreux lacs pyrénéens sont l’objet de légendes plus ou moins merveilleuses voire effroyables pour certaines d’entre-elles. Il y est souvent question d’« encantadas » (femmes enchantées), de « donas d’aygua » (femmes d’eau), de « fadas » (fées) devenues parfois « bruixas » (sorcières) par d’habiles manigances des doctrines religieuses. Le lac d’Aude en Capcir n’échappe pas à cette règle. Pourtant, nous y sommes allés randonner et je peux vous assurer que je n’ai rien vu de tout ça, mais il est vrai que ces histoires sont ancestrales et le plus souvent légendaires. Dommage, me direz-vous car selon la tradition et ce que j’ai pu lire dans « Légendes du Roussillon » d’Horace Chauvet aux Editions Lacour, il paraît qu’« aux bords des étangs, les bergers avaient l’occasion d’admirer les belles fées habillées de blanc qui peignaient leur chevelure ondoyante, en se mirant dans les eaux argentées. Elles avaient le don de séduire quiconque les approchait….. » Alors c’est vrai, Dany et moi avons été séduits mais pas par une fée mais par cette randonnée elle-même qui, depuis, le Pla del Mir (1.800m), station de ski des Angles, nous a tour à tour emmenés vers le lac d’Aude puis vers le Mont Llaret (2.376 m). Une balade plutôt longue et pas si facile que ça car les montées sont quasi constantes jusqu’au dernier objectif qui est en même temps le point culminant de cette boucle. Mais après tout, n’est-ce le propre d’une randonnée en montagne que de monter toujours plus haut pour faire plus de découvertes ? C’est exactement ce qui s’est passé !  Comme indiqué, le départ s’effectue du Pla del Mir, principale station de ski des Angles. Le chemin démarre à gauche du vaste parking et passe derrière le chalet de l’école de ski.  Sur la façade du chalet, un panonceau a été cloué indiquant  : « Boucle PR.9 - Lac d’Aude – 12 km – 435 m de dénivelé – 4h – difficulté : difficile ». Mais attention, pour ma balade, il ne faut pas se fier à ce panonceau, d’abord parce que le P.R.9 n’est pas une boucle mais un simple aller et retour et que la difficulté est plutôt moyenne que difficile pour le randonneur lambda. Enfin, une chose dont je suis sûr c’est que nous sommes bien sur le GRP du Tour du Capcir balisé en jaune et rouge. J’en suis d’autant plus sûr que j’ai accompli ce tour en 2013 et que j’ai emprunté cette portion en sens inverse venant des Bouillouses direction les Angles puis Matemale. C’était notre toute dernière étape qui en comptait quatre. Ce GRP passe derrière le parc animalier puis en longe la clôture toujours sur une bonne et large piste qui s’élève puis se stabilise avant de redescendre légèrement à l’approche de la Jasse du Pla del Bouc. Les premiers beaux paysages et panoramas s’entrouvrent. Ici au Pla del Bouc, on laisse un petit abri sur la droite étonnamment entouré de gros blocs granitiques dont trois ont été agencés sous la forme d’un imposant lieu de pique-nique. Juste après, on enjambe un passage canadien. Ici, une grande enseigne verticale mentionne « Porte Entrée ». Entrée de quoi ? Je ne saurais vous le dire avec certitude mais à cause du passage canadien,  j’ai supposé qu’il s’agissait de l’entrée d’une zone d’estives qui est également mentionnée sur une autre pancarte. Peu après, la piste que l’on poursuit devient plus pentue et se faufile au milieu d’une forêt de pins à crochets. Elle se stabilise à nouveau. On enjambe un premier petit ru mais attention ce n’est pas encore l’Aude et simplement un de ses affluents originels. L'Aude, le célèbre fleuve audois qui a donné son nom à tout un département est là, quelques mètres plus loin.  Ici, il s’agit d’un minuscule ruisselet aux eaux cristallines, d’un mètre de large tout au plus, dont le débit est si pépère qu’il a du mal à se faufiler au milieu des quelques ridicules roches qui entravent à peine son parcours. De ce fait, il zigzague, semble hésiter sur le chemin à prendre au milieu des herbes rases et des pins et bien évidemment, on est très loin de l’image du grand fleuve capable d’arroser tout une région, d’alimenter plusieurs lacs de barrage et de creuser de profondes gorges du Pays de Sault jusqu’à celui du Razès. En arrivant à hauteur d’une baraque entourée d’un enclos, on délaisse la  piste qui continue vers la gauche et  on emprunte à droite un large chemin qui file vers la Jasse de Bernardi et son imposant refuge. Sur la droite, le Puig del Pam laisse entrevoir son mamelon tourmenté et sur la gauche, les sommets du Haut-Conflent et de Cerdagne se révèlent derrière la frange d’une brume bleutée. A hauteur de cet abri et grâce à un panonceau (1.940m), on notera que nous nous sommes élevés pour l’instant de 140 mètres seulement sur les 576 mètres de dénivelé qui sont à accomplir jusqu’au sommet du Mont Llaret. D’ailleurs, le large chemin plat se termine, se rétrécie peu à peu et devient mauvais sentier en s’élevant dans la forêt. Ce sentier continue de monter plus vaillamment sur un terrain parfois plus difficile car caillouteux et parfois tourbeux car bourré de fondrières et de racines apparentes.  Après une vaste clairière entourée de falaises ocres et boisées, le parcours devient bien meilleur car herbeux mais il se faufile désormais dans un étrange ossuaire d’arbres desséchés. Si certains gisent sur le sol tels d’immenses carcasses, la plupart sont encore debout et c’est un piètre spectacle que tous ces sapins morts, squelettiques et dépouillés et ce coin ressemble d’autant plus à un cimetière que quelques blocs de granit paraissent faire office de pierres tombales. On évite de se fier à un panonceau qui indique : Sentier nordique –Lac d’Aude – reste 7,7 km. Non, le Lac d’Aude est à moins de 3 km ! On quitte ce coin lugubre au profit d’une petite zone humide faite de quelques tourbières alimentées par de menus filets d’eau qui s’échappent de l’Aude toute proche. Au milieu des pins à crochets, des genévriers rabougris et des rhododendrons fleuris, les pelouses herbeuses et grasses remplacent très rapidement les tourbières. Sur notre droite,  l’oblongue montagne qui apparaît n’est ni plus ni moins que notre principal objectif du jour, le Mont Llaret (2.376m) et son tout proche acolyte le Roc d’Aude (2.325m). Après une dernière « bonne » élévation, le chemin s’aplanit et quelques minutes plus tard, le miroir gris bleu du lac d’Aude apparaît immobile et brillant en contrebas de la forêt. On y descend mécaniquement vers son rivage d’abord pour quelques belles photos mais surtout parce qu’on sait d’avance qu’il n’y aura pas d’endroit plus agréable pour pique-niquer. Ici, au fond de ce petit cirque à la fois lacustre, végétal et minéral tout respire la douceur et la quiétude.  Dans un silence quasi religieux, seuls sont perceptibles le tintement lointain de quelques clochettes bovines et le gazouillis de rares passereaux occupant le faîte des conifères les plus hauts. Même les rares  randonneurs qui font le tour du lac, semblent le faire à pas de velours. Ce calme et ce silence sont si apaisants et l’air que l’on respire au bord du lac si vivifiant qu’on ne quitte qu’à regrets cette source de l’Aude. Ici, on délaisse le Tour du Capcir filant vers les Bouillouses au profit d’un étroit sentier balisé partant vers le nord-ouest.  Le balisage devient jaune. Ce sentier longe un petit ruisseau, à sec en juillet, le traverse puis grimpe au milieu des pelouses largement parsemées de nombreuses roches granitiques. Ces pelouses rases laissent parfois la place à des prairies de graminées un peu plus hautes et de ce fait, elles sont le paradis de nombreux bovins qui trouvent dans cette herbe délicate à la fois le fourrage à ruminer et la litière pour s’y vautrer.  Finalement à 2.220 m d’altitude, on atteint un collet où le regard embrasse des panoramas époustouflants sur une immense partie du Capcir : Massif du Carlit, lac des Bouillouses, la Vallée de la Grave et de la Têt, j’en passe et des meilleurs….Tout en dominant le lac des Bouillouses et à nos pieds la belle forêt de Malpas, le parcours en balcon descend plein nord, se redresse un peu en atteignant de vastes herbages au dessus desquels apparaissent les bulbes arrondies des deux Péric, les prémices de la Serra dels Alarbs et du Puig del Pam. Ici, un panonceau mentionne un sentier dit des Angles numéroté 7. Clairement et comme mentionné, ce P.R arrivant de la Balmette devrait nous amener très facilement vers le Mont Llaret et les Angles mais en réalité, nous allons hésiter entre deux chemins balisés de marques de peinture jaune. Nous optons pour le plus évident c'est-à-dire pour le plus large dont les profondes ornières indiquent qu’il est amplement emprunté par des véhicules de type « tous terrains. C’est  la bonne option et outre qu’il va bien au Mont Llaret, une fois encore les vues aériennes y sont sublimes. Plus on monte et plus les vues lointaines se font jour. Pour moi, cette portion du chemin présente d’autres atouts : une flore variée et très colorée et des oiseaux que j’ai peu l’occasion de photographier car toute cette nature végétale et ornithologique ne se rencontre quasiment qu’à cette altitude-là. Une fois encore, le chemin s’aplanit un peu. Le Mont Llaret et sa haute croix de bois reconnaissable sont là dans la ligne de mire. On quitte la piste pour y filer tout droit mais le sommet nous ne pourront guère l’approcher car un groupe de jeunes vacanciers l’ont carrément envahi. Ils sont bien sympathiques ces jeunes et l’on plaisante assez facilement avec eux mais quand on veut s’approcher de la croix pour une photo-souvenir, aucun d’entre eux ne bougent et ils semblent se l’être définitivement appropriée.  Nous n’insistons pas et de ce fait, nous ne garderons de ce sommet qu’une seule photo au pied de son pinacle. Pas vraiment déçus car l’essentiel est accompli, nous profitons de cet arrêt pour terminer notre casse-croûte et dès qu’il est fini, nous filons vers le Roc d’Aude. Là, dans cette douce descente, nous retrouvons une bonne et large piste terreuse qui descend vers les arrivées des télésièges et des téléskis. Plutôt que d’emprunter les pistes qui descendent en zigzaguant, nous coupons court grâce à un raccourci qui  nous emmène directement à la station de pompage de Bigorra et à la télécabine des Pèlerins. Là, aux Pèlerins, nous prenons à droite le large chemin qui descend parallèle à la piste de ski dite des Rhodos et un peu plus bas dite de le Soucarade. Devant nous, un beau renard qui avait choisi la même option que nous, s’enfuit, non sans avoir au préalable longuement hésité entre le bois et le ravin. De toute évidence, on le dérange car soit la chasse est déjà ouverte soit l’heure du casse-croûte est déjà arrivée. La piste nous entraîne directement vers le Pla del Mir où cette jolie balade se termine. Le circuit décrit ici est long de 17 km environ pour des montées cumulées de 920 mètres. Panoplie du parfait randonneur avec notamment de bonnes chaussures de marche à tiges hautes sont vivement conseillées sur ce terrain très disparate mais assez rocheux et caillouteux par endroits. Carte I.G.N 2249 ET Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de la chanson "The Girl From Ipanema" chantée ici par Antonio Carlos Jobim et Frank Sinatra.
    LE-SENTIER-DE-VIVES
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    CHEMINVIVESIGN

    Cette petite randonnée au « Chemin de Vivès », c’est ainsi qu’elle est mentionnée sur les panonceaux indicatifs, je l’ai trouvée un peu par hasard sur le site du Conseil Général des Pyrénées-Orientales. Si je dis par hasard, c’est parce qu’en cherchant des images sur Google, je suis tombé sur une carte géographique de cette boucle pédestre puis dans la foulée sur le site où des « Rando-Fiches » de diverses balades étaient téléchargeables. Parmi ces fiches, celle de ce « Sentier de Vivès » dont la brève description m’avait donnée envie d’y aller voir. Cette description disait « Depuis Vivès, village des Aspres qui a su conserver son caractère typique, cette randonnée permet de découvrir des vues grandioses sur le massif des Albères et le Canigou, dans une flore typiquement méditerranéenne ».  Bien évidemment, « village typique » « vues grandioses » « Canigou » et « flore méditerranéenne » étaient des mots qui ne me laissaient pas indifférent. Ces quelques mots me laissaient d’autant moins indifférent que je venais de finir une superbe randonnée sur le « Circuit des Minerais » à partir de Villefranche-de-Conflent et que cette description du Sentier de Vivès, j’aurais pu parfaitement la transposer à cette dernière balade. Or mis la vue sur les Albères, tout le reste s’était vérifié : Villefranche et Corneilla-de-Conflent comme villages au caractère typique, vues grandioses et permanentes sur le Canigou et un nombre incroyable de fleurs et de plantes différentes que j’avais eu l’immense plaisir de voir et de photographier. Sans compter la faune qui s’était également invitée ce jour-là. Quand, le 4 juin, Dany et moi sommes partis à Vivès, huit jours seulement s’étaient écoulés mais c’est à croire que les Aspres et le Conflent, régions en partie limitrophes ou éloignées de quelques dizaines de kilomètres seulement, sont aux antipodes l’une de l’autre sur le plan floristique. Pourquoi, dis-je cela ? Parce que la quantité de fleurs, la variété des espèces et la fraîcheur de la flore aperçue sur ce Sentier de Vivès n’ont aucune commune mesure avec la vision que j’avais eue de la végétation sur le Circuit des Minerais huit jours plutôt. Ici, dans cette garrigue des Aspres, la plupart des plantes fleuries sont déjà rentrées dans une phase terminale de fanaison alors que les fleurs rencontrées en Conflent étaient encore bien épanouies. Pourtant,  les deux contrées sont situées à ce que les spécialistes appellent  « l’étage de végétation méditerranéen » et d’ailleurs, on y rencontre sensiblement les mêmes variétés. Mais à bien y réfléchir, tout ça est semble-t-il très normal. Situé à 150 mètres d’altitude seulement, Vivès est bien moins haut qui Corneilla-de-Conflent, perché à 550 mètres. Il y fait donc bien plus chaud et la pluviométrie y est donc bien plus faible. De ce fait, et plus globalement, le réseau hydrographique, pourtant très important, y est bien moins généreux en eau à cette époque de l’année. Ce n’est donc pas pour rien que cette région s’appelle « Aspres » et que les terres rencontrées sont décrites par les spécialistes comme « âpres » c'est-à-dire plutôt sèches et même arides selon la saison. De l’autre côté, le poète audois Joseph Delteil qualifiait le Conflent de « Roussillon vert ». Alors bien sûr, avant de démarrer cette balade sur le Chemin de Vivès, je n’ai jamais imaginé qu’il pouvait y avoir autant de différences entre ces deux balades à quelques jours d’intervalle. Non, avec Dany, nous sommes partis vers Vivès, sans trop nous poser de questions, je pourrais presque dire « comme des fleurs », fraîches au départ, un peu moins à l’arrivée en raison des températures qui ont sévies ce jour-là. En raison du grand beau temps,  nous avons surtout pensé à emporter beaucoup d’eau et à notre accoutrement. Nous avons opté pour un simple short et un tee-shirt léger et moi, à cause de mon crâne dégarni, il était important que je n’oublie pas ma casquette. Il n’est pas encore 10 heures quand nous arrivons au centre de Vivès et le thermomètre de ma voiture annonce déjà une température extérieure de 28 degrés. Le départ s’effectue depuis le grand parking jouxtant la place Pierre Oms, la place principale du village. Nous sommes à peine début juin, il fait une journée estivale et déjà très très chaud. Un soleil généreux et un ciel bleu et pur sont de la partie. Tant mieux. Le balisage jaune est situé sur le grand mât métallique d’un réverbère. Il faut se diriger vers le haut et le fond du parking où à côté d’une petite habitation isolée démarre une rampe terreuse. Quelques mètres plus haut, la rampe débouche sur une vaste esplanade que l’on traverse pour atterrir sur une allée longeant l’arrière de quelques jolies villas. En continuant, on arrive très rapidement sur la départementale D.13 à l’endroit même où se trouve le panneau de sortie d’agglomération. Là, on traverse la route bitumée et l’on monte en face une nouvelle rampe terreuse nous amenant au sommet de la Serre de las Aires, point culminant de la boucle à 267 mètres d’altitude. Le balisage est bon et un panonceau « Chemin de Vivès » est bien visible. Ils le seront tout au long de la boucle et à 99 %, le petit 1% manquant étant situé juste avant le Mas Santa Teresa et se résolvant à l’aide du G.P.S où j’ai, comme à mon habitude, enregistré le tracé. Bien évidemment, dès que l’on démarre cette rampe, les vues plus ou moins lointaines s’entrouvrent peu à peu. D’abord, c’est le village, en contrebas, qui attire le regard puis on observe les montagnes du Bas-Vallespir ; Pilon de Belmaig, Roc de France et Pic des Salines principalement. Quelques foulées supplémentaires et c’est le Massif du Canigou encore un peu enneigé qui surgit. Il est épinglé de quelques petits nuages blancs épars. Au loin, derrière nous, les Albères dévoilent leurs crêtes ondulées. De ce côté-là, c'est-à-dire vers la mer, le ciel est d’un bleu plus gris, synonyme de marinade et d’un temps très lourd.  Si la marinade n’est pas encore là, le temps très lourd, lui, est déjà bien présent. Une chaleur quasi suffocante envahit le maquis. L’horizon est laiteux et n’a plus rien à voir avec la transparence et l’éclatante lumière que j’avais connues sur le Circuit des Minerais. Ici, le chemin se faufile dans une broussaille impénétrable faite de petits buissons pour la plupart arbustifs, épineux et ligneux. On y rencontre des ajoncs et des bruyères arborescentes en grande quantité mais aussi des cistes, des prunelliers, des buplèvres, des églantiers, des arbousiers, de la salsepareille, du romarin, des genévriers, des genêts, des lavandes, des asparagus, des filaires, des rosiers sauvages, des ronciers, des buis et bien évidemment des chênes verts, quelques chênes pubescents et des chênes-lièges, ce dernier étant l’arbre emblématique des Aspres. Ici je n’évoque que les arbrisseaux les plus hauts mais pour les plantes plus basses, la plupart sont déjà sèches ou en voie de fanaison. Plus exceptionnellement, quelques unes d’entre-elles portent encore quelques rares fleurs. Finalement, on s’aperçoit très vite que les graminées ont déjà pris la place des fleurs sur les bords du chemin : brachypode rameux, brize, brome, houlque, dactyle, lagure, mélique et autre folle avoine et j’en oublie encore dévoilent la belle diversité de leurs jolies caryopses ou de leurs épillets. Au sommet de la Serre de las Aires, l’itinéraire fait demi-tour et descend vers l’Institut Méditerranéen du Liège. Je le pensais « visitable » mais le bâtiment semble fermé et désert malgré une voiture garée devant la porte. Pour moi, ce n’est pas bien grave, car avant de venir ici, j’ai déjà amplement visité son site Internet, par ailleurs fort intéressant. Quand à Dany, qui a pris un peu d’avance sur moi, à cause de ma frénésie photographique, le « liège » doit sans doute rimer avec « piège » car elle passe devant le bâtiment sans même s’arrêter et tout juste prête-t-elle un coup d’œil furtif aux monceaux d’écorces amassés. Du coup, moi aussi, je poursuis sans pratiquement m’arrêter. L’itinéraire coupe une nouvelle fois la D.13. Le chemin s’élargit et se transforme en une piste D.F.C.I bien plus large.  La piste monte, laisse entrevoir des vues lointaines de tous côtés et notamment vers la Plaine du Roussillon et la côte maritime jusqu’ici occultées. Puis la piste redescend, s’aplanit, redescend encore puis remonte vers le Puig de les Gantes (223 m). Sur cette portion du chemin, quelques lopins de terre sont désormais occupés par des vignes et contrastent avec des champs en jachère et la garrigue environnante. A l’approche du « puig » et sur tous les coteaux ensoleillés, les vignobles se font de plus en plus nombreux. De ce fait, les décors ondoient et apparaissent plus ouverts. Mon numérique est bien occupé à photographier tout et n’importe quoi : les panoramas et la flore bien sûr, mais aussi un couple de lézards dans une position sans équivoque et quelques oiseaux et papillons. Dans une maison abandonnée, je constate que le « street art » s’invite désormais jusque dans la campagne aspréenne et j’en profite pour photographier quelques magnifiques graffitis aux couleurs lumineuses. Après le puig, il ne faut pas oublier de monter jusqu’à la table d’orientation qui se trouve à la côte 203 de la carte I.G.N. Elle permet de mettre des noms sur tous ces lieux et beaux panoramas que l’on embrasse du regard. L’itinéraire descend désormais vers le lieu-dit  « Creu Blanca » et à l’endroit même où la piste terreuse se transforme en voie carrossable bitumée, on décide de s’arrêter. Un peu de repos et un repas vont nous faire le plus grand bien. Il est midi, la chaleur est écrasante et il est temps de passer à table. Sous le soleil, boire c’est très bien mais boire et manger c’est encore bien mieux quand on veut éviter les coups de fringale. Mais la fringale est déjà là, sans doute à cause de la chaleur qui règne. Ici, la table est immense et herbeuse, la terrasse impayable et les convives virevoltants. Photographier des papillons, des sauterelles et des oiseaux tout en déjeunant, ça peut paraître « mission impossible » et pourtant je m’y essaie avec un certain succès. Un peu requinqués, nous repartons sur l’asphalte d’une route de campagne. Cette route descend tout en douceur jusqu’à Saint-Jean-Pla-de-Corts où elle rejoint la D.13. Cette dernière entre dans la cité et nous emmène jusqu’à la jolie chapelle Saint-Sébastien. La chapelle est parfaitement restaurée et très originale avec son petit cloître en guise de préau. Sa toiture, son clocher et les arbres qui les couronnent semblent faire le bonheur des moineaux, des étourneaux et des rouges-queues noirs, qui eux-mêmes font mon propre bonheur et celui de mon appareil-photo. Après la chapelle, l’itinéraire tourne à angle droit et se poursuit en laissant la voie ferrée et la D.115 filant vers Céret sur la gauche. On peut regretter qu’il n’aille pas faire une visite plus approfondie de la commune. Mais bon, après tout, nous sommes sur le Chemin de Vivès et pas sur celui de Saint-Jean-Pla-de-Corts, alors on continue. Après un bout de route bien rectiligne, le parcours devient commun avec une « voie verte » et enchaîne des petites portions terreuses ou goudronnées où virages et lignes droites se succèdent et ce, jusqu’au Mas Santa Teresa joli domaine campagnard bien paisible.  Au loin, sur la gauche, le magnifique château d’Aubiry, avec son architecture style « art nouveau » si particulière, apparaît dans son cadre de verdure. Après le mas, l’itinéraire enjambe un ruisseau, le longe puis s’en éloigne en s’élevant au dessus du domaine du Mas de Sant Miquel. Sur une piste terreuse devenant de plus en plus large, les vastes panoramas vers le Massif du Canigou et le Vallespir se dévoilent à nouveau. A l’intersection de plusieurs pistes, le balisage jaune nous précise de toutes les ignorer au profit d’un chemin plus étroit descendant dans une végétation plus dense et plus verdoyante. Ce chemin file en sous-bois directement vers Vivès où il atterrit dans le lit d’une rivière asséchée. Une rampe cimentée nous en sort et se poursuit par la rue Sébastien Coste, dont une plaque nous apprend qu’il fut un ancien maire du village. La ruelle nous amène vers le centre de Vivès. Agréables venelles, belles maisons de caractère et jolie église du 12eme siècle confirment le caractère typique de la description publicitaire lue sur le site Internet du Conseil Général. Le clocher-mur de l’église Saint-Michel avec ses deux baies en pierres de schistes, galets de rivières et « cayroux » est tout particulièrement remarquable et caractéristique de l’art roman en Roussillon. Nos pérénigrations dans le village nous amène jusqu’à l’Hostalet, le seul restaurant de Vivès.  Pour moi, les souvenirs ressurgissent. Je n’y ai mangé qu’une seule fois, il y a exactement 23 ans de ça, mais j’en garde un souvenir impérissable. A l’époque, je travaillais chez un transitaire du Boulou et avec plusieurs amis salariés, nous fêtions à notre manière, l’abolition définitive des frontières douanières de l'accord de Schengen qui allait intervenir au 1er janvier 1993. En réalité, nous fêtions le plan social, c'est-à-dire le licenciement de plusieurs d’entre eux. Le mien allait suivre l’année suivante. Ce soir-là, je n’ai jamais vu autant de viande sur une table et ça allait bien au-delà de ce qu’on appelle ici la « boutifarre » car là, il y avait une multitude de viandes et charcutailles différentes cuites au feu de bois. Quand nous avons terminé, nous avions le sentiment de n’avoir presque rien touché tant le patron de l’Hostalet en avait mis à notre disposition et pourtant nous étions onze à table, dont dix hommes et la plupart d’entre nous avaient un très bon coup de fourchette. Après la viande grillée, on nous a amené une omelette norvégienne « pantagruélique » et là, à nouveau, il en est resté pour encore dix ou quinze personnes.  Je me souviens que nous nous étions presque excusés d’avoir laissé tant de « choses » sur la table car nous pensions que c’était un horrible gaspillage mais d’un air très désinvolte, le patron nous avait rassuré en disant « n’ayez aucune inquiétude, chez moi tout est recyclé et ce que vous n’avez pas mangé, ça repart aux cochons ! »  Voilà, la seule image que j’avais jusqu’à présent de Vivès, l’image de l’Hostalet, un restaurant devenu haut-lieu de la gastronomie catalane et que Gargantua n’aurait sans doute pas renié. Bien évidemment, j’ignore si de nos jours, c’est encore comme ça ! Je me suis promis d’y retourner et si cette promesse se réalise, je vous dirais comment ça s’est passé. Maintenant, j’ai d’autres images de Vivès, celle de ce joli village des Aspres que je n’avais jamais eu l’occasion de visiter, mais aussi celle de cette petite boucle plutôt agréable qui tourne autour de lui et qui permet des vues grandioses sur le Massif du Canigou et sur celui des Albères. La publicité du Conseil Général n’est pas mensongère à un détail près : si vous souhaitez randonner au sein d’une flore typiquement méditerranéenne encore fleurie, allez-y un peu plutôt dans la saison, en avril ou mai par exemple, et en plus la température sera sans doute plus agréable pour marcher. Cette boucle est longue d’environ 11 km. Le dénivelé de 155 mètres est très modeste tout comme les montées cumulées de 385 mètres. Carte I.G.N 2449 OT CéretAmélie-les-BainsPalalda Vallée du Tech Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté avec des musiques d'Ennio Morricone extraites de la fameuse trilogie des films dits "western spaghetti" de Sergio Leone : "Pour une poignée de dollars", "Et pour quelques dollars de plus" et "Le Bon, la Brute et le Truand" 

    Comme je le fais régulièrement, ce circuit pédestre au départ de Villefranche-de-Conflent, je l’ai d’abord imaginé sur la carte I.G.N et de ce fait, j’ignorais totalement qu’il existait et qu’il avait été appelé le « Circuit des Minerais ». Je ne l’ai su qu’à mon retour et je m’en explique à la fin de cet article. En tous cas, sur la carte I.G.N, ce tour pédestre n’avait pas de nom et même si je n’avais aucune prétention d’une quelconque paternité, en analysant le parcours, si j’avais dû lui en donner un, je l’aurais certainement appelé les « Balcons des Trois Vallées » En effet, et même si le nom de « Circuit des Minerais » n’est pas inapproprié, les mines étant nombreuses, je le trouve assez réducteur car il n’y a pas que ça à découvrir et le patrimoine historique est également très important. Cet intitulé de « Balcons des Trois Vallées » m’aurait paru judicieux car l’essentiel de l’itinéraire s’effectue sur des crêtes dominant respectivement les vallées de la Têt, du Cady et de la Rotja. Ces principales crêtes ont pour noms « Canalettes », « Badebany », « Serrat d’en Parot » et « Ambouilla » et toutes ont pour point commun de dominer une de ces trois vallées quand ce n’est pas les trois en même temps comme c’est le cas du Massif des Canalettes dès lors que l’on atteint son sommet. Il est vrai que ce dernier massif comme celui d’Ambouilla sont bien plus connus pour la magnificence de leurs grottes souterraines que pour leur pinacle. Personnellement, j’ai fixé le point de départ à Villefranche-de-Conflent, c'est-à-dire quasiment à la confluence des trois rivières, confluence dont on connaît l’importance puisque la plupart des historiens et des géographes sont d’accord pour dire qu’elle aurait engendrée le nom même de cette région c'est-à-dire le mot « Conflent ». Quand j’ai imaginé cette boucle, nous étions en hiver et je m’étais dit que ce serait bien de la garder pour le printemps et une belle journée anticyclonique. Une journée où j’aurais le bonheur de marcher sous un beau ciel bleu et un soleil éclatant. Le 26 mai, en regardant les prévisions météo, j’ai le sentiment que cette journée est peut être pour demain. Alors je prépare mon sac à dos et effectivement, le lendemain matin, la belle journée annoncée par Météo France est bien là. 8h15, je quitte Urbanya où je passe quelques jours entre restauration de ma petite maison, lecture, farniente et petites balades consacrées à de la photographie animalière ou floristique quand ce n’est pas à  la recherche de roches gravées néolithiques que l’on m’a signalées sommairement et que je cherche encore et en vain pour la plupart d’entre-elles. Dany, elle, est partie chez notre fille, en région parisienne et je n’ai donc aucun impératif ni aucune contrainte dans mon emploi du temps. Je suis donc libre comme l’air et j’adore la randonnée pédestre quand il en est ainsi. Avoir tout le temps devant moi, voilà ce que je préfère lorsque je marche ! Enfin, les mots « flâner » ou « vagabonder » conviennent bien mieux que « marcher » car je ne me fixe aucun délai pour arriver. 9h15, après quelques achats alimentaires dans un supermarché de Prades, en prévision de mon pique-nique, je gare ma voiture au Faubourg, quartier ouest et extra-muros de la cité fortifiée de Villefranche. Je traverse le Pont Saint André car je sais que le départ est là, de l’autre côté de la Nationale 116. Ici, le Massif des Canalettes dresse majestueusement sa paroi rocheuse et boisée et quand on est à ses pieds, on est toujours un peu impressionné par sa haute stature paraissant presque infranchissable. Enfin, c’est le cas pour moi car c’est la première fois que je viens y balader. Pourtant, si la sente monte régulièrement, le plus souvent c’est à l’ombre bien agréable des sous-bois d’immenses résineux et en de longues sinuosités rendant ainsi l’ascension bien plus endurable. Il y a même assez souvent des portions bien planes permettant de reprendre son souffle. Parfois, quelques fenêtres s’ouvrent sur le défilé de la Têt et sur son autre versant et c’est l’occasion de faire des pauses pour contempler les superbes vues plongeantes sur le vallon et Villefranche. Sur l’autre flanc du vallon, on n’oublie pas d’admirer la forêt domaniale du Coronat, l’étonnante chapelle Notre Dame de Vie et le monumental Fort Libéria. Au plus haut de la crête, on devine le clocher de la petite chapelle Saint-Etienne de Campilles, objectif d’une belle balade précédemment expliquée. On la découvre bien mieux une fois la grimpette complètement terminée. Pour moi, cette ascension est également synonyme de découvertes de la flore et de la faune de cette belle forêt et je vais mettre exactement 1h15 pour arriver au sommet. On notera que c’est le temps donné sur le petit panonceau du départ pour atteindre Corneilla-de-Conflent, c’est dire si ma flânerie est plus qu'excessive mais fleurs, oiseaux et papillons me ralentissent constamment. Maintenant, je comprends bien mieux pourquoi tous les grands naturalistes et botanistes des siècles précédents sont venus traîner leurs guêtres dans ces collines du Conflent. Au sommet, les panoramas s’entrouvrent merveilleusement et notamment vers l’ouest, vers les hauts sommets du Conflent et de Cerdagne et les hautes collines des Garrotxes. Vers le sud, le Massif du Canigou et celui des Tres Estelles saturent parfaitement l’horizon. Les panonceaux de randonnées sont nombreux et proposent quelques curiosités : Grande et Petite Tour de Badabanys, carrière de marbre et bien sûr, la direction que je dois suivre vers Corneilla-de-Conflent. Aucun panonceau n’indique le nom d’un quelconque « Circuit des Minerais ». J’ai le temps et je veux tout voir, alors je pars vers la gauche, visiter la Petite Tour de Badabanys. Une petite pancarte en raconte brièvement l’Histoire : « Soubassement et citerne, tour à signaux, mise hors service en 1346 par Pierre IV d’Aragon ». Toute une Histoire semble-t-il, mais bien trop brève à mon goût ! Après cette courte visite, je repars vers la Grande Tour qui n’est qu’à une centaine de mètres de la Petite. Là, il est mentionné : « Chemise annulaire, fossé et citerne, tour à signaux, détruite après 1659 par Vauban ». Pour des explications historiques plus approfondies, il me faudra voir si Internet est un peu plus bavard. Je pars avec l’idée d’aller vers la carrière de marbre mais ici à la Grande Tour, aucun balisage clair et précis n’y mène vraiment et seul un balisage jaune bien présent file vers Corneilla. D’un autre côté, je n’ai pas trop envie de rebrousser chemin une fois de plus. Alors après être descendu sur un large chemin, il faut que je me rende à l’évidence, je me suis sans doute un peu trop éloigné de la carrière de marbre. Alors je sors mon G.P.S dans lequel j’ai pris soin d’enregistrer les coordonnées. Bien m’en a pris car j’ai déjà dépassé la bifurcation qui mène à la carrière. Alors, je fais demi-tour, coupe parfois au milieu de la garrigue et finalement arrive devant un petit cirque rocheux entouré par endroits d’une clôture en grande partie arrachée.  Cette fois, dans ce terrain bien dégagé et en raison du grand beau temps, mon vieux G.P.S a fait preuve d’une précision « horlogère » et m’a amené sans problème jusqu’à la « fameuse » carrière de marbre dite de Villefranche. Car c’est bien ici que l’on a extrait et buriné la quasi-totalité de tous ces blocs qui ont fait la réputation du marbre rose de toute cette contrée. Une réputation bien au-delà des frontières du département même si ce dernier a bénéficié en premier de cette richesse. A titre d’exemples et pour ne citer que les lieux les plus connus, on retrouve de ce marbre rose dans presque tous les grands édifices religieux : à Serrabonne, à Marcevol, à Saint-Michel de Cuxa, à Elne, à Perpignan et bien évidemment à Villefranche. Il faut savoir qu’au 18eme siècle, il y avait 9 carrières de marbre rose en activité tout autour de Villefranche. Ici, au pied de la mine à ciel ouvert, il suffit de se baisser pour trouver encore quelques fragments de minerais rouges marbrés de blanc. D’autres découvertes m’attendent et je ne m’éternise pas sur le site, qui au demeurant est entouré de grillages et paraît donc soit dangereux soit interdit au public soit les deux. Je reprends le sentier, qui très rapidement se transforme en piste. Depuis cette piste, toujours en descente, le regard embrasse magnifiquement Corneilla-de-Conflent et la Vallée du Cady. Plus loin, on aperçoit Vernet-les-Bains, au pied du pic du Canigou encore un peu enneigé. Quel fabuleux spectacle ! J’en oublie les raccourcis de l’itinéraire et emprunte la piste dans sa totalité mais ce n’est pas bien grave car cette absence m’offre des vues supplémentaires et inespérées sur le Massif du Coronat, Fuilla, le vallon de la Rotja et au loin sur le pic des Tres Estelles et les autres hauts sommets de la crête frontière. Finalement, j’atteins le superbe dolmen dit de Cobartorat que les historiens ont daté du chalcolithique c'est-à-dire de 2000 ans avant J-.C. Je le fige sur quelques photos. Je cherche une pierre gravée de cupules mais en vain. Là, plutôt que de descendre directement vers Corneilla, je décide de poursuivre vers la vieille chapelle ruinée de Saint-Clèment de la Serra. Outre la chapelle, je veux également partir visiter les anciens fours à fer aujourd’hui abandonnés mais dont j’ai appris que quelques amoureux du site avaient ressuscité les anciens logis des ouvriers en de jolies maisons secondaires. En atteignant la chapelle du Xeme siècle, ou du moins ce qu’il en reste, il faut bien admettre qu’elle a un certain cachet. Plus de toiture et donc à ciel ouvert, ce qui n’empêche pas de nombreux fervents de la Vierge de continuer à lui rendre hommage en laissant quelques statuettes, croix, photos ou autres breloques en signe d’amour et de reconnaissance. Bien qu’incroyant, je trouve ça très touchant de savoir que des gens viennent jusqu’ici, sur cette crête, pour honorer leur croyance et leur foi. On notera au passage la belle arcade en marbre rose qui faisait office de portail. Après la chapelle et en arrivant devant un panonceau indiquant Vernet-les-Bains par le « Centre Equestre » et le « col de Sahorre », j’ignore ces deux itinéraires et emprunte une minuscule sente qui file et descend à main gauche. Quelques mètres plus bas, cette sente débouche sur un chemin herbeux plus large qui mène directement aux vieux fours à fer ayant appartenu à Albert Rougier, entrepreneur en chemins de fer miniers au début du 20eme siècle. Ici, au temps jadis, on grillait le minerai de fer dans six fours distincts. Là, avec tout le respect que l’on doit à la propriété privée, je visite ce lieu historique aujourd’hui appelé « Mas Forge » mais ô combien magnifiquement aménagé en un petit paradis dissimulé dans un cadre de verdure resplendissant. Si l’on a longtemps grillé du fer aujourd’hui, on grille surtout de la « boutifarre ». Après cette visite, je rebrousse chemin et descend vers le Mas Camo. L’heure du pique-nique a sonné depuis longtemps et les rives raffraîchissantes du torrent Cady arrivent à bon escient. Je vais y rester une heure près du radier, à manger un peu bien sûr, mais surtout à photographier oiseaux, papillons et autres lézards qui occupent amplement le lit du petit torrent de montagne. Je quitte à regrets ce monde faunique mais le parcours est encore long même si la prochaine étape n’est plus très loin. Cette étape, c’est Corneilla-de-Conflent, dont l’Histoire nous apprend qu’au temps de Guilfred le Velu, elle était devenue assez paradoxalement l’ancienne capitale des comtes de Cerdagne. Elle le resta un siècle mais gardera très longtemps une certaine aura au même titre que des cités bien plus importantes qu’elle par la taille. Il suffit d’arriver devant l’église Sainte Marie de Corneilla pour prendre conscience de ce prestigieux passé. Une superbe église avec un clocher du XIeme siècle de style lombard et un portail richement décoré de magnifiques sculptures et orné de colonnes. Pour le reste, l’église étant fermée, je vous laisse le soin de lire l’Histoire du village que vous trouverez dans le remarquable site Internet consacré à l’Histoire du Roussillon. Après de multiples photos, je quitte Corneilla, direction le Serrat d’En Parot où je me suis promis de découvrir un autre dolmen. Là, au moment de quitter Corneilla, un panonceau indicatif de trois randonnées attire l’objectif de mon numérique mais pas spécialement mon attention au niveau des inscriptions qui y sont mentionnées : « Circuit des minerais, circuit roman, circuit des Ambouillas ». Je ne retiens qu’une chose : les Ambouillas, car je sais que c’est la bonne direction à suivre. Une petite sente descend vers un ruisseau, le traverse par un passerelle de bois puis remonte et devient chemin creux car encadré de hauts murets en pierres sèches. Tout en montant, Corneilla apparaît magnifiquement comme niché dans un joli cadre de verdure. Le chemin creux se poursuit au milieu de grands champs en friches, entre dans un sous-bois jalonné de nombreux vestiges de l’agropastoralisme d’antan et finalement il aboutit dans un paysage de maquis où la végétation se résume à quelques pins chétifs et à quelques buissons de rosiers sauvages et de genêts. A 704 mètres d’altitude, le Roc Ample est atteint et un panonceau se présente on ne peu plus explicite : Villefranche-de-Conflent 4,3 km. Un chiffre qui je l’avoue me paraîtra un peu fantaisiste mais il est vrai qu’après le cortal en ruines de Los Baxès où je me suis arrêté pour finir mon casse-croûte, je suis parti vers le Serrat d’en Parot et le « fameux » dolmen dont j’avais appris l’existence en lisant un bouquin sur l’archéologie roussillonnaise. Par bonheur, j’ai réussi à me procurer ses coordonnées que j’ai trouvées sur Internet. Alors, je pars dans sa direction mais avec le souci constant de ne pas sortir des chemins, sentiers ou autres pistes battues car ici la garrigue est plutôt cuisante avec de nombreux buissons épineux. C’est ainsi que je me retrouve d’abord devant un grand enclos au lieu-dit la Collade puis sur une bonne piste traversant le « serrat ». Là, les vues sur la Plaine de la Têt et vers le Canigou sont superbes mais mon G.P.S me pousse à abandonner la piste et m’oriente dans une garrigue où paissent de nombreux bovins. Par bonheur, je trouve la dolmen non loin d’une citerne enfouie mais ici pas de bovins et uniquement cette vieille sépulture néolithique au milieu de quelques ronciers. Il est bien moins beau que celui de Cobartorat mais c’est tout de même un vrai dolmen avec il est vrai un petit air penché. Quelques photos et me voilà déjà en route sur l’itinéraire de Villefranche que je n’ai eu aucun mal à retrouver. Un panonceau m’en indique d’ailleurs le temps pour parvenir à la cité fortifiée : 1h35. Connaissant bien cette portion du chemin pour y être venu et l’avoir expliqué dans une autre balade intitulé la « Trancade d’Ambouilla », je suis d’accord avec ce délai restant pour atteindre la cité de Vauban, mais à une condition indispensable : que rien ne vienne contrarier la marche en avant. Or, ici, les découvertes sont légions et on peut très facilement mettre le double pour peu que l’on veuille tout voir et s’y attarder : carrière de talc et mines de manganèse, deux superbes points de vue panoramiques, une bergerie romane en pierres sèches exceptionnelle sans compter la Redoute des Ambouillas dont une visite reste toujours possible. Alors personnellement, j’ai déjà découvert tout ça et je vais me contenter d’un seul point de vue, le plus proche et de la carrière de talc car le sentier y passe tout près. Le point de vue n’est qu’à quelques mètres du sentier et permet d’incroyables vues sur  Villefranche, Fort Libéria, les massifs des Canalettes et du Coronat et la Vallée du Cady. Il ne faut pas s’en priver ! Je poursuis par la Trancade d’Ambouilla et effectivement au bout d’1h30, j’arrive à Villefranche devant un panonceau que cette fois, je vais trouver plutôt étrange car après Corneilla c’est la deuxième fois de la journée que je le rencontre : « Circuit des Minerais ». Ma balade se termine par la traversée de Villefranche car il me faut rejoindre ma voiture mais ce panonceau va néanmoins rester dans ma tête et en rentrant chez moi, je vais taper dans Google « Circuit des minerais » et là, qu’elle n’est pas ma surprise de retrouver très sensiblement le parcours que j’avais imaginé et que je viens d’accomplir. Un document PDF de l’Office de Tourisme de Vernet-les-bains en explique l’itinéraire pédestre dans le détail : « Randonnée N°2 –durée 4h45 -5h15 -10,6 km- balisage jaune ou blanc et jaune avec un départ de l’église de Corneilla ». La seule petite différence avec ma boucle à moi se situe au dolmen de Cobartorat où personnellement au lieu de descendre vers Corneilla, j’ai poursuivi vers la chapelle Saint Clément de la Serra et les fours à fer abandonnés. Enfin, et seulement parce que je tenais à le voir, je suis parti découvrir le dolmen du Serrat d’En Parot. Ma balade est donc un peu plus longue et quand j’en mesure la distance accomplie, je trouve 18,400 km pour des montées cumulées de 1.300 mètres. Le dénivelé de 365 m est peu significatif et le point culminant de cette balade est situé au sommet du Serrat d’En Parot à 794 mètres d’altitude, tout près du dolmen. Il faut noter toutefois que la Grande Tour de Badebany est située, elle,  à 793 mètres. Ce Circuit des Minerais « bonifié » peut être accompli en toutes saisons mais nécessite un bon équipement de randonnée. J’avoue qu’il y avait très longtemps que je n’avais pas réalisé un circuit pédestre avec tant de choses à découvrir qu’elles soient patrimoniales, faunistiques ou floristiques, alors un conseil : faites-le ! Carte I.G.N 2349 ET Massif du Canigou Top 25. 

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