• Ce diaporama est agrémenté de la musique "The Way You Look Tonight" interprétée ici par le trompettiste de jazz Dizzy Gillespie accompagné du saxophoniste Stan Getz. Ce titre est extrait de l'album "Jazz Journeys Presents the Birth of Bebop, Vol. 1"
    CANALURBANYAIGN

    Avant d’évoquer le Canal d’Urbanya, objectif de la randonnée que je vais vous expliquer ici, laissez-moi d’abord vous parler un peu de l’Histoire d’Urbanya. L’historien la connaît depuis que la première mention du village a été découverte dans un texte médiéval. Cette mention avait été écrite dans un acte du 16 juin 1186 signé au château de Conat par le seigneur Guillem-Bernard de Paracolls (*) en présence d’autres signataires, à savoir, son épouse Blanche de Conat et ses enfants Guillaume, Séguier et Guillelma (les Templiers en pays catalan - Robert Vinas -Edition El Trabucaire). Cet acte avait pour objet de faire donation aux Templiers du Mas Deu, d‘un territoire du nom de « Mollères de Martisag », situé dans la vallée de la rivière Urbanya et sur lequel se trouvait un cortal. On apprend que les limites de ce territoire, sans doute consacré à l’élevage, s'étendaient jusqu'aux dépendances des domaines que les Hospitaliers de Bajoles (**) possédaient déjà dans les parages. Ces limites étaient localisées à l'est, par le « Coll de Creu » ou « col de la Croix », au midi, par la rivière de « Foga (feu) de Martisag », à l'ouest, par  le « Coll de Camprech » et au nord, par la fontaine et le champ de « Madresona ». Aujourd’hui et avec si peu de renseignements, on éprouvera, bien évidemment, beaucoup de difficultés à retrouver ces limites sur nos cartes IGN actuelles. Si « Camprech », c'est-à-dire « Canrec », toujours présent de nos jours, ne pose aucun problème, si « Martisag » est sans doute le lieu-dit « Martiac » dans la haute vallée d’Urbanya, si on peut imaginer que la fontaine et le champ de « Madresona » se trouvent au pied du pic du Madres et du massif du même nom, la partie est, c'est-à-dire le Coll de Creu mentionné reste un mystère. Des cols de Creu, il y en a plusieurs dans le département, Matemale, Clara et Casteil par exemple, pour ne citer que les plus proches mais bien trop éloignés et pas dans la bonne direction pour qu’on puisse les prendre en considération . On peut donc supposer qu’au regard de la description du territoire, il s’agissait soit du Coll del Torn (col de Tour) tout proche où l’on trouve encore un calvaire surmonté d’une croix métallique soit du Col de Jau, où une roche, que certains qualifient de « borne », est gravée d’une mystérieuse petite croix. En 1279, le templier Pierre de Camprodon cède tout ce territoire en acapte (***) à un Pons de Bagols et à un Guillaume Payen, tous deux habitants d’Urbanya. On notera qu’à cette époque, le village s’appelait Orbanyan et plus tard, on le retrouvera mentionné sous le nom d’Orbanya. Alors, je ne sais pas si vous l’avez noté mais dans ce court exposé historique, l’eau a déjà une importance capitale. L’Histoire d’Urbanya et celle de Conat sont identiques et ont suivi le cours de la même vallée où s’écoule la rivière Urbanya, les « Mollères de Martisag » où s’écoule la rivière « Foga » se sont bien sûr des « mouillères » c'est-à-dire des tourbières, la traduction de « Camprech » c’est le « champ du ruisseau ou du canal (rec) », quand à « Madresona », l’acte en question indique clairement la présence d’une fontaine c'est-à-dire d’une source. Tout ça pour dire que si l’eau c’est la vie un peu partout, ici à Urbanya et dans ses proches alentours, cet adage s’est toujours amplement vérifié depuis que les hommes ont décidé d’occuper ce coin de nos montagnes. L’eau est une ressource capitale et bien sûr, elle a surtout servi à irriguer des cultures vivrières, à faire tourner la roue à aubes de plusieurs moulins et à la consommation des hommes et des bêtes pour leur survie. Mais parfois, l’eau leur jouait des mauvais tours au point de les tuer.  C’est ainsi que l’on apprend que le 19 novembre 1716, « 50 maisons du village sont dévastées par la rivière lors d’une crue mémorable emportant des greniers à blés, des meubles et des bestiaux ». « Il ne reste qu’une douzaine de foyers réduit à la mendicité », apprend-on (De l'eau et des hommes en terre catalane - Numa Broc - Llibres del Trabucaire).  De nos jours encore, l’eau consommée au robinet provient d’une résurgence captée au pied du pic Lloset, non loin du Correc de Saint-Estève, et quand une source se tarit, on creuse juste à côté pour en trouver une autre, comme très récemment encore, tant toute cette montagne regorge de « fontaines » souterraines. Au 19eme siècle, le docteur Joseph Anglada a même découvert deux sources d’eaux minérales ferrugineuses  carbonatées mais qui n’ont jamais été exploitées, l’eau ayant un goût métallique (Traité des eaux minérales et des établissements thermaux du département des Pyrénées-Orientales). Alors vous l’aurez compris quand je suis parti faire cette randonnée au canal d’Urbanya que je ne connaissais pas ou vraiment très peu ; pour l’avoir simplement enjambé lors d’une balade au Pic de Portepas ;  je voulais en savoir un peu plus sur l’histoire de ce coin de montagne et ici ce qui m’intéressait c’était surtout l’Histoire de son eau et du canal bien sûr. Comme on l’a vu précédemment, les deux Histoires, celle d'Urbanya et celle de l'eau sont très intimement liées et à vrai dire, j’ai trouvé assez peu de choses sur le canal lui-même et simplement un petit encart dans un document intitulé « Plan de gestion de la Réserve Naturelle de Nohèdes 2006-2009 ». Voilà ce que ce rapport dit du canal d’irrigation d’Urbanya : « la commune d’Urbanya est chroniquement déficitaire en eau. C’est pourquoi l’étiage est soutenu par un canal d’irrigation traditionnel, toujours en activité, bénéficiant d’un droit d’eau centenaire. Le captage sur la Ribera de Torrelles est situé à 1.760 m d’altitude, le canal traverse horizontalement (1.700 m) le versant sud du Pic de Portapàs, avant de se déverser sur le bassin versant d’Urbanya. Le captage, hors réserve naturelle, ne dispose pas d’un répartiteur réglementaire, mais le cours d’eau, au point de prélèvement, ne débite en temps normal que quelques litres par seconde. L’essentiel de l’eau prélevée provient en fait de l’écoulement des zones humides traversées par le canal, notamment dans la partie située près du Coll de Planyas : le canal fonctionne dans ce secteur comme un drain. Toutes les parcelles situées en amont de ce canal sont la propriété de la commune de Urbanya, bien que situées sur la commune de Nohèdes ». Alors vous noterez qu’il n’y aucune mention de la date de sa construction, ni de son usage véritable si ce n’est qu’il est là pour faire face à une éventuelle pénurie en eau à Urbanya. Personnellement, je trouve assez étonnant qu'il n'ait servi qu'à ça et qu'on ne l'ait pas utilisé pour d'autres besoins. Toutefois, quelques éléments comme « traditionnel » « droit centenaire »  nous laissent imaginer une ancienneté certaine. La randonnée allait se transformer en une petite enquête, ce qui n’était pas pour me déplaire. Les plus anciens du village ne disaient rien de plus si ce n’est qu’aux siècles précédents, la forêt telle qu’elle se présente aujourd’hui, n’existait pratiquement plus ou pas et la majeure partie de la haute vallée et notamment la « soulane » était dédiée à l’agropastoralisme et à des cultures vivrières en terrasses. Il faut dire que cette forêt avait été mise à rude épreuve par l’abondance des mines et des forges, par son exploitation artisanale (verriers, charbonniers, etc…) par de nombreux incendies et par son exploitation en bois de chauffage par les habitants.  Ravitaillé à dos d’ânes et de mulets, il y a encore un siècle, le village vivait de sa propre agriculture et donc quasiment en autarcie car la route bitumée n’existait pas. Elle fut construite en 1913 et ce fut d'ailleurs le début de la désertification. J’avais déjà appris pas mal de choses avant même le départ. J’ai donc démarré du village, en passant devant la mairie et en longeant la rivière Urbanya au bord de laquelle, quelques jardins potagers bénéficient d’une eau à bon marché au débit plutôt régulier. Dès le deuxième pont, on notera encore l’importance de l’eau, car sur l’autre rive, chemin du Moulin exactement, deux grandes arcades abritent un ancien lavoir alimenté jadis par un petit canal. Quelques mètres en amont, le moulin est encore là mais la roue à aubes, elle, a disparu. Moi qui était parti avec l’idée d’enquêter sur l’Histoire, la montée vers le pic LLoset puis vers le Roc de Peirafita se transforma aussitôt en une magnifique leçon de choses : passereaux, papillons, fleurs multicolores et champignons en tous genres étaient de la partie. Mon appareil photo s’en donnait à cœur joie et pendant ce temps, je flânais comme jamais. Au village, après avoir poursuivi la route bitumée, celle-ci s’est transformée en une piste terreuse montant à gauche en lacets. Si on s’éloigne de l’eau, on remarque tout en grimpant et sur la gauche, un vallon boisé en contrebas. Dans ce vallon s’écoule le Correc (ruisseau) de Saint-Estève où assez souvent des chevreuils viennent s’abreuver. Ce correc, on va le suivre bien après la ferme bovine puis un peu plus haut encore, on coupe celui de l’Hort. En réalité, dans ce cirque d’Urbanya, des correcs, on en dénombre plus d’une douzaine plus ou moins longs et profonds. Tous coulent pendant des jours voire des semaines dès lors que les pluies deviennent diluviennes. Au lieu-dit la Travessa, deux itinéraires sont possibles pour rejoindre le Canal d’Urbanya, soit on continue tout droit la piste qui monte au col del Torn (Col de Tour) soit on emprunte celle qui file vers le Pic Lloset, passe au pied du Pic de la Moscatosa, direction le Roc de Peirafita. Si le premier parcours est plus facile et plus simple, l’ayant déjà décrit dans une balade au Pic de Portepas, le deuxième est plus difficile mais moins long. Plus difficile car le dénivelé y est plus raide mais aussi parce que rejoindre le canal d’Urbanya par là, nécessite une bonne connaissance des lieux et un bon sens de l’orientation. En effet, après le Roc de Peirafita, la piste s’arrête et il faut marcher presque au plus haut de la crête sur un sentier parfois peu évident à trouver dans cette épaisse forêt de pins à crochets. Moi, dans mon idée d’enquêter sur le canal d’Urbanya, j’ai quitté volontairement le sentier et je suis parti dans cette épaisse forêt à la recherche d’informations. En réalité mais par endroits seulement, cette forêt est moins épaisse qu’elle n’y paraît et quelques clairières s’entrouvrent deci delà. J’ai même trouvé un très bel orri au beau milieu de l’une d’entre elles et quelques vieux murets effondrés laissant à penser que la forêt n’a pas toujours était là, mais ça je le savais déjà. ! Après, ces errements forestiers et cette modeste collecte d’informations, j’ai finalement atteint le canal d’Urbanya ou plutôt le Correc de la Pinouse (Pinosa) car ici c’est encore comme ça que les géographes intitulent ce ruisseau. Là, en compagnie de quelques ramasseurs de champignons, qui eux, étaient montés en 4x4, j’ai commencé ma promenade au fil de l’eau, ramassant à mon tour quelques jolis cèpes venus rejoindre une belle quantité  de « roubillous » déjà glanés au cours de la montée.  En suivant le mince filet d’eau, parfois tumultueux, parfois très calme selon la pente du terrain, j’ai finalement compris que ce minuscule Canal d’Urbanya n’est qu’une « agouille » ou un « rec »  c'est-à-dire un petit canal de dérivation détournant les eaux du Ruisseau de Torrelles pour les amener vers celui de la Pinouse, ce dernier étant un affluent de la rivière Urbanya. De quelle époque date-t-il ? Qui l’a construit ? A quoi pouvait-il servir ?  A toutes ces questions, je ne peux répondre, bien évidemment, que par des hypothèses car l’Histoire n’en dit rien. La première idée qui peut venir à l’esprit c’est que ce canal pourrait avoir été construit au 19eme siècle comme de nombreux canaux du Conflent : Canaveilles (1861) Bohère (1864) Jujols et Nohèdes (1873). Mais il faut savoir que si plus de 540 canaux d’irrigation fonctionnaient au 19eme siècle, la date de leurs constructions pouvait être très variable. C’est ainsi que le plus ancien était celui de Vernet datant de l’an 865 mais celui de Molitg par exemple datait, lui, de l’an 1300. On peut donc tout imaginer car l’usage de l’irrigation remonte à des temps immémoriaux : que les Romains soient passés par là car ils maîtrisaient parfaitement l’eau et quelques vestiges ont été trouvés à Prades et dans le Conflent jusqu’à Llivia en Cerdagne. C’était la Via Confluentana, petite cousine de la Via Domitia. Mais rien n’autorise à penser que les Romains soient venus au dessus d’Urbanya. Dans le Roussillon, les premiers grands canaux ont été construits à l’initiative du roi de Majorque vers 1308 -1310 avec l’emblématique canal du Thuir notamment. Dans le Conflent, mais un peu plus tard seulement, ils ont été l’œuvre des moines de Cuxa ou des abbés de Lagrasse mais si on sait qu’ils servaient à irriguer Prades et ses localités avoisinantes, rien ne permet de penser que le terroir d’Urbanya faisait partie des distributeurs du précieux liquide. De nombreux moulins à eau ont été construit à cette époque et leurs propriétaires pouvaient être bien différents : roi, clergé, seigneur, bourgeois, hospice, etc…  Plus logiquement, et les textes nous autorisant à le penser, le canal pourrait dater des Templiers du Mas Deu car on sait pertinemment qu’eux aussi ont été des précurseurs dans les techniques hydrauliques et dans les systèmes d’irrigation. A l’aide d’ingénieux réseaux de canaux, n’ont-ils pas asséchés divers marais et marécages dans le Roussillon (Bages, Nyls, Bajoles, etc…) pour en faire des terres fertiles et arables ? N’ont-ils pas occupés amplement ces terres d’Urbanya pendant plus d’un siècle pour les transformer en pacages et y faire de l’élevage pour les confier finalement en acapte à deux habitants d’Urbanya ? Au regard des textes et de la conception du canal, creusé à même la terre, malgré une buse en béton très récente au départ et sur quelques mètres,  cette hypothèse reste plausible. Malgré la forêt, les pacages sont encore bien présents de nos jours, au Pic de Portepas et au Bac de Torrelles notamment, et le jour de ma balade, j’ai même rencontré un énorme taureau roux qui jouait dans la boue avec une grenouille aussi rousse que lui. Cette dernière voulait-elle comme dans le Fable de la Fontaine devenir aussi grosse que lui ? Je ne sais pas ! Après avoir atteint la jonction de plusieurs ruisselets et sources s’écoulant dans le canal depuis le Col de Planyas, les rocs des Miquelets et d'Als Pelats, j’ai finalement fait demi-tour et là, je me suis mis en quête de voir si le canal avait servi  à irriguer les « fameuses » terrasses ou « feixes » où l’on cultivait céréales, vergers et autres récoltes vivrières. Pour le retour vers Urbanya, j’ai fait très simple en longeant le canal puis le correc de la Pinouse peu évident à cheminer sur une terrain pentu et dans cette forêt jonchée de troncs d’arbres pourris et de branches cassées.  Mais si j’ai découvert quelques  vestiges de murets et cortals en bordure du canal et dans les alentours, je n’ai pas vraiment trouvé de « feixes » évidentes sur le flanc du Bac de Torrelles ou sur celui de la Pinouse. Les terrasses sont plus évidentes un peu plus bas dans le cirque d’Urbanya et sur la solana (l’adret), le versant ensoleillé. Toutes mes recherches sur le Net et dans divers ouvrages ne m’ont pas permis d’étayer une hypothèse plutôt qu’une autre mais je ne désespère pas d’y arriver un jour. Dans l’immédiat et comme indiqué, il semble que le canal ait surtout été construit pour renforcer le débit de la rivière Urbanya et faire face aux éventuelles périodes de sécheresse, à une époque où plusieurs moulins à eau fonctionnaient dans le vallon et aux abords du village mais on ne peut pas catégoriquement éliminer l’idée qu’aux temps des Templiers, le canal ait été utilisé pour irriguer des zones de pacages et abreuver les troupeaux.  J’ai donc rebroussé chemin avec la ferme conviction que je reviendrais très prochainement me promener au Canal d’Urbanya. D’abord parce que c’est une superbe balade, dans un site très sauvage, fréquenté uniquement par les chasseurs et quelques ramasseurs de champignons aux époques autorisées et surtout j’y ai découvert un sanctuaire faunique et floristique exceptionnel. Au Bac de Torrelles, j’ai vu une incroyable variété d’oiseaux et j’ai surpris trois chevreuils en contrebas du canal et rien que pour ça, je sais déjà que j’y reviendrais. Finalement, après avoir longé le Correc de la Pinouse, j’ai retrouvé la piste descendant vers Urbanya au lieu-dit la Fajosa, non loin de Marciac, là même où les Templiers avaient hérités d’une terre et d’un cortal ayant appartenus au seigneur de Paracolls au 12eme siècle.  Même si cette balade a été longue et parfois difficile, j’ai pris beaucoup de plaisir à marcher avec toutes ces histoires et connaissances dans la tête ! Au total, j’ai accompli un peu plus de 22 kilomètres, recherches dans la forêt du Bac de la Pinouse incluses, pour un dénivelé de 906 mètres et des montées cumulées de 1.510 mètres. Si vous avez l’intention d’emprunter le même itinéraire que le mien, c'est-à-dire en passant par le Roc de Peirafita, munissez-vous d’un GPS dans lequel vous aurez au préalable enregistré le canal en « waypoint », vous le retrouverez plus facilement même si vous ne trouvez pas le sentier forestier qui y mène.  Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet et 2249 ET Font-Romeu – Capcir Top 25.

    (*) Paracolls. Les Paracolls étaient une famille de seigneurs et de chevaliers qui possédaient un château perché sur un piton rocheux à proximité des Bains-de-Molitg situé sur la commune de Campôme dans la Vallée de Mosset. Certaines terres de leur domaine s’étendaient dans le Haut-Conflent, dans le Roussillon, dans le Vallespir, dans l’Aude et peut être même en Espagne, lieux où leur nom est resté dans la mémoire toponymique. Même si ce fief est plus ancien, ils régnèrent surtout aux 12 et 13eme siècles. Le nom de certains d’entre-eux comme Guillem-Bernard ou Bérenger notamment traversèrent les siècles, le premier à cause de ses donations aux Templiers et de ses liens avec la couronne d’Aragon et le deuxième pour avoir été un valeureux chevalier et un remarquable troubadour, compositeur de « trobas », c'est-à-dire de poèmes d’amour. (**) Bajoles : Bajoles est un lieu proche de Perpignan, situé de nos jours sur la commune de Cabestany, où une congrégation religieuse des Hospitaliers a longtemps disposé d’une Commanderie que l’on appelait plus communément « Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem ».  (***) Acapte :  Un bail à acapte est un bail à perpétuité, concédé moyennant un droit d’entrée à un tenancier qui a en charge d’exploiter le bien qui lui est confié pour en reverser des redevances soit en nature (bois, produits de l’exploitation,etc..) soit en argent. 


    Enregistrer


    votre commentaire

  • Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons du chanteur et guitariste britannique David Gilmour (ex-Pink Floyd). Extraites de son album "On an Island", elles ont pour titre : "Castellorizon""On An Island" et "Smile".
    ROCHE-GRAVEE-DE-CONAT
    ROCHESGRAVEESCONATIGN
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

    Ce joli circuit au départ et au Nord de Conat, je l’ai volontairement intitulé « les pierres gravées et dressées de Conat » car mon objectif principal était justement de partir à la découverte de ces sites que l’on appelle « dolméniques » ou « néolithiques » et que l’archéologue attribue à une civilisation dite « mégalithique ». Dans les manuels scolaires, cette époque, on l’appelle souvent et plus globalement « préhistoire ». En réalité la « préhistoire »  est une très longue période qui va de l’apparition de l’Homme aux premières écritures mais ici on se contentera de partir à la rencontre d’un intervalle bien plus court, estimé entre -15.000 ans et -2.000 ans avant Jésus-Christ. Si pour moi, cette balade était une sorte de chasse aux trésors exceptionnelle couplée à une épreuve de « géocaching » avec GPS, que les randonneurs non passionnés de vieilles pierres ne s’inquiètent pas trop car il n’y a pas que ça à découvrir sur cet itinéraire. En effet, les panoramas eux aussi y sont assez exceptionnels : Massif du Canigou, Vallée  de la Têt de Ria-Sirach et Prades jusqu’au lac du barrage de Vinça et bien plus loin encore, Massif du Coronat jusqu’aux contreforts du Madres mais jolies vues aussi sur la basse et moyenne Vallée de la Castellane et ses belles collines environnantes, paysages arides et tourmentés des serrats et des profonds ravins tout proches. Enfin avec cette randonnée, vous irez à la découverte de la chapelle Sainte-Marguerite de Nabilles et de nombreux vestiges de l’agropastoralisme d’antan. Bien sûr, avec cette randonnée, je n’ai pas la prétention de vous faire découvrir la totalité des roches gravées et dressées de cette crête que l’on appelle plus généralement le Pla de Vall d’en So. Non, pour cela, il faudrait sans doute bien plus qu’une seule journée de marche tant les sites y sont nombreux, variés et disséminés. Certaines de ces roches sont connues sous les noms des hameaux ou lieux-dits où elles se trouvent : Fornols, Llugols, Roc de les Creus, Montsec, Roc de Jornac, Miralles, etc...Toutes sont situées entre les vallées de la Castellane et celles d’Urbanya et Conat, cette zone montagneuse du Haut-Conflent doit son nom à la famille de So auquel ce territoire a appartenu. Au Moyen-Âge, les « So » étaient vicomtes d’Evol mais également seigneurs de bien d’autres fiefs roussillonnais comme Corsavy, Millas ou la Bastide. Selon l’historienne Anny de Pous, les So détenaient également un château à Conat du nom de « Salto », introuvable aujourd’hui.  Quelques années plus tard, Joan de So reçoit du roi de Majorque Jacques II la juridiction militaire sur tous les châteaux du Haut-Conflent, cette présence des « So » sur ce territoire expliquerait sans doute l’intitulé de ce « pla » de Vall d’en So.  Sur les cartes, on le trouve parfois écrit « Vallenso » ou « Balençou » et pour la petite histoire, ce nom occitan de « So » a pour origine un fortin construit en Ariège au 7eme siècle par les Francs. Ce fort, qui fut un des premiers à appartenir à la famille, on lui donna le nom de « Castell de So » ou « Fort de Son », du nom de la petite rivière qui coulait aux pieds de ses murailles. Aujourd’hui, ce castel est plus connu sous le nom de « Château d’Usson » et la petite rivière ne s’appelle plus « Son » mais la « Bruyante », comme quoi les gens du cru « sans faire trop de bruit » ont tout de même de la suite « musicale » dans les idées. Voilà pour l’Histoire du lieu où l’essentiel de la balade se situe. Le départ de Conat est le même que celui que j’avais décrit  dans la randonnée que j’avais intitulée « les Chapelles du Pla de Balençou ». C'est-à-dire que l’on laisse son véhicule sur le parking de la mairie et l’on emprunte la rue du Moulin qui se trouve à droite de la D.26 quand on arrive de Ria. Un panneau de bois indique « Llugols » et l’itinéraire file puis traverse la rivière de Caillau par un petit pont métallique. Un sentier pierreux se met à grimper dans la Soulane. Ici, les pierres de schiste on les foule aux pieds mais on les observe aussi car nos aïeux les ont taillées pour en faire des murets, des abris de bergers ou pour étayer le sentier sur des hauteurs parfois impressionnantes. L’étroite sente est unique et de ce fait, on ne prête pas vraiment attention à la couleur du balisage. A vrai dire, il est assez multicolore car divers « baliseurs » sont passés par là et chacun a voulu laisser le sien. Les baliseurs officiels de comités pédestres, les clubs de rando, divers groupes de randonneurs, des vététistes ou bien encore des associations de chasseurs, tous sont venus avec leur pot ou leur bombe de peintures et on trouve des traits jaunes,  d’autres bleus, des oranges, des jaunes et rouges datant du temps où le Tour du Coronat avait été imaginé, des points verts, des flèches jaunes fluo alors le mieux c’est d’avoir un tracé préenregistré dans un GPS car ce sentier qui va vers Llugols, il faut le délaisser au profit de celui qui file vers la chapelle Sainte-Marguerite de Nabilles. Il fut un temps, où à cette intersection, la chapelle était mentionnée sur une lauze mais cette fois-ci, je ne l’ai pas vu et j’ai suivi des flèches jaunes fluo. Là, les vues deviennent grandioses sur le Canigou et la Vallée de la Têt mais sur la forêt du Coronat aussi, toute proche et ressemblant à une épaisse toison olivâtre. Lézards gris ou verts, papillons multicolores, insectes en tous genres, passereaux, rapaces c’est une nature incroyablement luxuriante qui m’accompagne sur ce sentier. J’ai même surpris une compagnie de perdrix grises puis un étrange serpent dont la dextérité était si monstrueuse qu’il m’a filé entre les pieds sans que je puisse le discerner le moins du monde. Plus loin et plus tard dans la journée, flemmardant au milieu du chemin et en plein soleil, je vais avoir  l’occasion de tirer un autre serpent de ses rêves légers. Enfin, à l’approche de la chapelle ruinée, c’est avec beaucoup d’étonnement que je constate une vingtaine de guêpiers d’Europe planant au dessus de ma tête. Malheureusement, ce superbe spectacle aérien ne va durer que quelques minutes et un seul volatile se posera mais bien trop loin pour que ma photo soit excellente. Ici, autour de la chapelle et aux siècles précédents, le pastoralisme a connu ses heures de gloire et pour peu que l’on s’en donne la peine, on découvre divers orris effondrés et cortals ruinés. Mais comme ce n’est pas seulement pour ces pierres-là que je suis venu aujourd’hui, je me contente de quelques photos et je poursuis la piste qui passe à gauche de la chapelle et monte en direction du Camp de la Coume ou Camp de la Coma en catalan. Là, juste avant d’atteindre le clôture, sur la gauche de la piste et près d’un corral se trouve la grande pierre gravée que je suis venu chercher. Ces pierres, les archéologues les appellent des affleurements, affleurements de schistes primaires pour être plus précis et cette pierre-là, ils lui ont même donné assez improprement le nom de « Roc de les Creux I ». Si je dis « improprement » c’est parce que le seul et véritable « Roc de les Creus » figurant sur la carte IGN se trouve un peu plus haut et que là aussi une incroyable pierre gravée y a été découverte et fera l’objet d’une autre balade au départ d’Urbanya que je vous dévoilerai prochainement. En ce qui concerne celle du Camp de la Coume, elle est gravée de nombreuse cupules, de quelques rigoles et d’une multitude de croix dont les détails ne peuvent être observés et examinés que par l’œil averti d’un archéologue comme Jean Abelanet par exemple dont le livre « Signes sans paroles » fait la part belle à toutes ces gravures rupestres que l’on trouve dans notre beau département. Ces signes rupestres, ces symboles et parfois même ces représentations dites anthropomorphiques, les archéologues les ont globalement désignés comme étant de « l’art dolménique ». Ce terme de « dolménique » signifie que ces gravures sont sensiblement de la même époque que les dolmens et étroitement liées à ces monuments mégalithiques constitués de piliers et de dalles de pierres dont la fonction comme sépulture ou monument funéraire ne fait plus aucun doute. Alors bien sûr, après la découverte de cette magnifique pierre, il ne me restait plus qu’à tenter de vérifier cette assertion. : trouver des dolmens dans les proches alentours. Après quelques recherches sur le Net, j’avais appris que deux dolmens effondrés se trouvaient dans le secteur. Un au lieu-dit le « Roc de l’Homme Mort » et l’autre à la « Font de l’Aram » dont la traduction française pourrait être la « Source du Vallon » ou la « Source du Rameau ».  J’ai donc poursuivi la piste derrière le corral et j’ai abouti près d’un vilain abri pastoral fait de terre, de planches, de poutres et flanqué d’une bâche. Là, j’ai continué sur un étroit sentier en direction du Roc de l’Homme Mort. Le sentier est descendu dans le petit Ravin de Nabilles puis est remonté vers le roc qui était clairement à droite du sentier car je l’apercevais déjà adossé à la forêt de pins. Mon GPS n’étant pas suffisamment précis dès lors que j’étais en mouvement, j’ai un peu galéré pour trouver le dolmen effondré mais finalement j’y suis parvenu, un peu à droite du roc et de l’autre côté de la clôture qui délimite la frontière des deux communes que sont Conat et Ria. Après quelques photos, il ne me restait plus qu’à partir à la recherche de celui de la Font de l’Aram qui, selon les coordonnées que je possédais, était de l’autre côté de la forêt qui me faisait face. J’ai donc repris le sentier initial que j’avais quitté et j’ai poursuivi en direction  du lieu-dit Les Serrianes. Après une première clôture, j’ai traversé sans problème la pinède et j’ai atteint une nouvelle clôture qui entourait une immense prairie herbeuse en jachère. J’ai enjambé la clôture puis j’ai traversé et descendu la longue prairie vers l’est jusqu’à atteindre une piste. J’étais à la Font de l’Aram et il ne me restait plus qu’à trouver l’autre dolmen effondré. En réalité, et pour avoir interrogé le site Wikipédia au préalable, c’était trois dolmens que je devais trouver dont un était ruiné, l’autre détruit quant au troisième, l’article n’en disait rien. Etait-il encore debout ? A vrai dire, j’ai éprouvé un mal de chien a en trouvé un, bien ruiné il faut l’avouer car j’y suis passé deux fois à côté sans vraiment voir qu’il s’agissait d’un vieux dolmen. Ce n’est que lors de mon troisième passage et encore grâce à mon « waypoint » GPS que j’ai vu deux « orthostates », c'est-à-dire deux pierres dressées de chant qui étaient là, plantées dans la terre mais amplement envahies par les herbes et les genêts. Pour le reste, ce n’était qu’un amas difforme de pierres sans réelle logique et sans vraiment d’intérêt car je n’ai pas constaté de gravures et encore moins de cupules contrairement à celui du Roc de l’Homme Mort. Le tumulus avait sans doute lui aussi était chamboulé. Une question me turlupinait, c’était de savoir qui avait pu détruire ces dolmens et là, mes recherches sur le Net m’ont laissées un peu sur ma faim car les avis des archéologues et des historiens semblaient partagés et divergents. Certains comme l’archéologue Jean Abelanet affirme qu’ils auraient été « violés » par des bergers (Lieux et légendes du Roussillon et de Pyrénées Catalanes –Editions Trabucaire),  d’autres disaient que ces destructions étaient l’œuvre de fouilleurs peu scrupuleux, d’autres les attribuaient à des paysans malveillants, d’autres prétendaient que c’était l’Eglise Chrétienne qui avait ordonné ces pillages ne voyant dans ses caveaux d’un autre âge que la représentation d’un culte païen. Il ne me restait plus qu’à rebrousser chemin vers Conat car tous le objectifs que je m’étais fixés avaient été découverts. Au préalable, j’ai néanmoins poursuivi sur quelques mètres la piste vers le nord, histoire d’avoir un court regard sur la Vallée de la Castellane et là, avec pas mal d’émotion et de souvenirs, j’ai atteint la piste que j’avais prise en 2007 lors de l’avant dernière étape de mon Tour du Coronat qui m’avait amené du Refuge de Callau à Llugols. Lors du retour vers Conat, j’ai trouvé près de la clôture entre le Camp de la Coume et  la Font de l’Aram, une autre roche gravée de diverses cupules et d’une croix dont le centre était également creusé d’une cupule. Etait-ce le deuxième dolmen ruiné qui manquait à l’appel ? Possible au regard de la pierre que j’ai vu ! J’ai repris la piste, direction la chapelle Sainte-Marguerite de Nabilles et peu après, au lieu de reprendre la sente par laquelle j’étais arrivé, j’ai tourné à droite en direction d’un cortal ruiné. Là, sur diverses ardoises de schiste, la mention « Conat » m’indiquait clairement le chemin du retour. J’étais ravi car je ne connaissais pas ce parcours tout en descente coupant d’abord divers petits correcs puis rejoignant un vieux sentier muletier menant à « la Carrerada ». Il finit par atteindre deux jolis petits ponts en dos d’âne coupant respectivement le Correc de Nabilles puis la rivière d’Urbanya. Conat a vite été là et j’ai retrouvé ma voiture mais si vous ne connaissez pas la commune, une visite s’impose, d’abord sur les hauteurs pour découvrir la chapelle Sainte-Magdeleine et le château ruiné ayant appartenu aux différents seigneurs puis ensuite dans les venelles du bas et sur les rives  fleuries de la confluence des deux rivières venant de Nohèdes et d’Urbanya et formant la rivière Callau, affluent du Têt. Certains historiens comme Jean Tosti voit dans cette confluence l’origine du nom Conat car la première mention du village était « Conad » et ils imaginent quelle pourrait provenir du mot celtique « condate » signifiant « confluent ». Cette balade telle qu’expliquée ici a été longue de 10 à 11 kilomètres environ incluant tous mes errements. Le dénivelé accompli a été de 457 mètres et les montées cumulées ont été enregistrées sur une distance de 810 mètres. Carte IGN 2348 ET Prades –Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

    Enregistrer


    votre commentaire
  •  
    Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques dont la particularité est d'être appréciée dans les "BUDDHA BAR". Elles ont pour titre et interprète : 
    "El Fuego/Trote King Mix" par Zen Men, "Un Bel Di" par Aria et "Sacral Nirvana" par Oliver Shanti ans Friends.
    LE-ROC-DE-LES-MEDES
    ROCMEDESIGN
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

    Le Roc de les Medes est un sommet rocheux du Massif des Albères culminant à la modeste altitude de 692 mètres. Il est situé au sud de la commune de Sorède. Mais ne vous y trompez pas, une randonnée à ce roc ce n’est pas une simple promenade à faire avec désinvolture. Non pas du tout, les montées sur un petit sentier y sont âpres et si j’osais cette métaphore toponymique, je dirais même qu’atteindre ce roc, c’est un peu « dépasser les bornes » sans trop s’en rendre compte. En effet, tous les toponymistes sont d’accord pour dire que le mot « meda » qui ici en catalan a donné « medes » ou parfois «medas » a pour origine le latin « meta » dont les traductions dans les différentes langues romanes sont nombreuses et variées mais dont les principales sont « bornes », « limites » mais aussi « but », « objectif », « terme » ou « extrémité ». Là où ça se complique c’est que « meta » peut également signifier « cône », « pyramide » voire « meule » ou encore « tas » dans le sens de « monceau » ou « d’amas », tous ces derniers mots étant la plupart du temps utilisé pour évoquer du foin. Or, quand vous aurez atteint le Roc de les Medes, vous comprendrez immédiatement que la quasi totalité de ces interprétations convient parfaitement à la forme géométrique de cette verrue arrondie qui se détache du reste de la crête. En effet, ce roc a la forme d’une borne, d’un cône, d’une meule de foin et comme l’Histoire ne nous a rien laissé de l’origine de son nom, on peut parfaitement imaginer aussi qu’il s’agissait peut être d’une « limite », d’un « objectif », d’une « extrémité » et ce, d’autant plus facilement que la frontière avec l’Espagne n’est pas très loin et a sans doute été amenée à se déplacer au fil des siècles. Alors, avant de démarrer notre balade, voilà ce que l’on pouvait dire sur ce patronyme qui restera sans doute éternellement mystérieux quand à son origine. La balade, elle, commence depuis Sorède mais pour être plus précis du lieu-dit La Farga après avoir traversé le quartier dit de « la Vallée Heureuse ». Pour cela, il suffit d’emprunter le rue dels Castanyers jusqu’à son extrémité et de se garer près d’une grande et belle villa à la façade blanche mi-pierres mi-enduit. A gauche de cette villa, un panonceau et un balisage jaune au départ d’un large passage indique la direction à suivre. Quelques mètres plus loin nous voilà déjà en surplomb de la rivière de Sureda, Sorède en catalan mais ici on l’appelle aussi la Riberette ou le Tassio selon l’altitude où l’on se situe. En été, un petit filet d’eau s’écoule parfois péniblement mais lors de fortes précipitations, le petit ruisseau peut devenir un torrent en furie d’un extrême violence comme lors de l’Aiguat de 1940 ou bien encore plus récemment en novembre 2011. Un escalier descend vers le cours d’eau que l’on enjambe par un petit barrage en béton. De l’autre côté de la rivière de nouveaux panonceaux proposent plusieurs itinéraires dont notre principal objectif du jour que l’on peut lire sur un grand panneau sous une autre forme orthographique en « Roc de las Medas ». On choisit le sentier qui file à gauche vers « N.S (Nostra Senyora) del Castell », c'est-à-dire vers « Notre Dame du Château ». Le petit sentier est toujours balisé en jaune et plutôt évident à suivre, se faufilant sous les châtaigniers et les chênes, ces deux espèces étant les plus emblématiques et pratiquement les seuls arbres dans ce secteur du Massif des Albères. Le sentier s’élève sèchement puis se stabilise laissant parfois entrevoir quelques beaux panoramas sur la Vallée Heureuse, vers le Roc del Migdia (du Midi), le Pic du Néoulous puis dans un étroit triangle formé par le vallon, vers la Plaine du Roussillon dont on ne distingue qu’une faible portion. Après ces premières découvertes, le sentier replonge dans un petit sous-bois de chênes verts et n’en ressort que pour nous offrir les vestiges oubliés d’un agropastoralisme d’antan : enclos entourés de murets et un orri où de manière très amusante et étonnante, une casserole d’époque posée sur un foyer semble attendre les convives. Ici, la pierre sèche était la seule technique de construction possible. Les sous-bois alternent avec quelques rocs embrassant de magnifiques vues rendant ainsi le sentier plus agréable à cheminer. Puis une intersection de chemins se présente avec plusieurs panonceaux directionnels. En raison même des noms qui y sont mentionnés : « Notre Dame du Château » à gauche et « Font dels Miracles » à droite, je suis un peu déboussolé car pour avoir étudié le parcours, je sais que ces deux sites en font partie. Alors, j’interroge mon GPS, me fie à lui et je file vers la « Font dels Miracles ». Avant même d’y parvenir, voilà que se présentent un nouveau carrefour et de nouvelles options embarrassantes sous la forme d’autres panonceaux. Une fois encore, je décide de poursuivre vers la « Font dels Miracles » que mon GPS m’indique comme étant toute proche désormais. Effectivement, quelques mètres plus loin, je tombe sur un ru noirâtre s’écoulant du pied d’un grand hêtre. Là, quelques gouttelettes tombent dans une minuscule flaque d’eau claire mais à la surface irisée et dont le fond est tout aussi noirâtre et bourbeux. La source magique est sans équivoque car sur son tronc est clairement gravé son nom : « Font del Miracles – LH ». Enfin quand je dis source « magique » plutôt que « miraculeuse » c’est parce que j’y ai risqué le fond d’un gobelet et que le lendemain j’ai gagné 48 euros au LotoFoot 7. Je n’ose même pas imaginer ce que j’aurais gagné si j’avais bu un « Nabuchodonosor » rempli de cette eau ! D’ailleurs, cette eau a eu aussi un autre effet déroutant, car en quittant la source, je n’ai plus pensé à regarder mon GPS et je me suis retrouvé plus loin devant un panonceau indiquant des directions qui m’étaient totalement inconnues sur le tracé étudié : « l’Aranyo et le col des Trois Hêtres par le G.R.10 ». J’en ai conclu que je m’étais égaré mais le GPS me rassura bien vite car le sentier montant vers le Roc de les Medes était encore tout proche, légèrement à gauche et au dessus de celui où je me trouvais. Finalement après une dernière montée abrupte et caillouteuse, j’ai atteint un collet où les panoramas s’entrouvraient merveilleusement. Le « Roc de les Medes » était là devant moi, comme je me l’étais imaginé, tel un gros dé à coudre renversé. Un autre roc plus accessible le précédant, j’ai entrepris son ascension et de là-haut, j’embrassais tous les panoramas alentours. D’après mon bout de carte IGN, j’étais 6 mètres moins haut que mon objectif, qui lui paraissait beaucoup plus vertigineux. C’était superbe et je ne regrettais qu’une seule chose : le temps maussade qu’une fois encore Météo France n’avait pas vu venir ni prévoir. Malgré de gros nuages gris, il ne pleuvait pas et c’était déjà beaucoup. Je sortis mon casse-croûte et en quelques minutes, j’avais déjà ingurgité plus de la moitié de mon panier-repas, pourtant très copieux comme toujours. L’ascension depuis La Farga avait de toute évidence creusé mon appétit. Après cette pause, je me suis remis en route en suivant toujours le balisage jaune de l’étroit sentier passant à gauche du Roc de les Medes puis épousant au mieux la ligne de crêtes. Sous le haut rocher, je pris conscience que son ascension était exclusivement réservée aux « varappeurs » expérimentés tant il était abrupt et de ce fait, je poursuivis mon chemin sans regret. A nouveau, le sentier alternait de petits sous-bois de chênes verts, des parties rocheuses et des fenêtres s’entrouvrant sur les amples et profonds vallons qui m’entouraient. A gauche, la Vallée Heureuse et à droite, celle de Lavall que dominait la séculaire Tour de la Massane. La crête semblait se terminer et sans doute distrait par la beauté des panoramas, je pris par erreur un sentier qui partait à gauche en direction du Puig de Nalt. Heureusement, une fois encore, mon GPS me remit sur le bon chemin, me dirigeant vers les ruines du château d’Ultrera qui, elles, se trouvaient à droite. Là, un mauvais sentier pierreux presque exclusivement en descente déboucha au pied des ruines du château wisigoth à l’endroit même où l’inventeur portugais Padre Himalaya, mais de son vrai nom Manuel Antonio Gomes, avait érigé le premier four solaire en 1900. Connaissant déjà très bien les lieux pour les avoir visités à plusieurs reprises et décrits lors d’une randonnée à Notre-Dame du Château, je ne m’y suis pas attardé et plutôt que de monter vers les ruines d’Ultrera que je connaissais aussi très bien, j’ai préféré rejoindre l’imposant et bel ermitage. Sa chapelle avec un magnifique retable du 18eme siècle est superbement décorée et n’a aucune difficulté à être une des plus belles du département. Il faut dire aussi qu’elle est une des rares chapelles que l’on trouve spontanément ouverte presque à longueur d’années et je me souviens qu’en 2008, nous avions Dany et moi longuement conversé avec un jeune gardien très sympathique se prénommant David. Avec beaucoup de patience et de gentillesse, il nous avait conté l’histoire de l’ermitage. Cette fois-ci, je n’ai rencontré personne et je me suis contenté de prendre quelques photos puis de laisser quelques euros en échange d’un cierge que j’ai allumé en pensant à ma mère dont je sentais bien que le terme de sa vie était désormais tout proche. N’étant pas croyant et sans vouloir tombé dans une spiritualité qui n’a jamais été « ma tasse de thé », je me suis dit simplement que cette petite flamme, elle en aurait peut être besoin. Dans le même esprit mais appréciant seulement la valeur patrimoniale de cette chapelle, ma présence ici me semblait néanmoins inopportune et j’ai préféré rejoindre l’aire de pique-nique pour alléger mon sac à dos du casse-croûte restant. De nombreux passereaux virevoltant autour de moi, je me suis mis en quête de les photographier et j’ai passé quelques beaux instants à observer moineaux, pinsons et autres sittelles-torchepot qui semblaient vouloir éviter, coûte que coûte, mon objectif. Seul, un rougequeue noir peu craintif eut la délicatesse de venir sautiller sur le banc jouxtant le mien. Après cet agréable entracte, je suis resté quelques instants à observer la Plaine du Roussillon qui s’étalait remarquablement de la mer jusqu’au Corbières puis, j’ai emprunté la longue piste direction la Vallée Heureuse et comme cette partie de la balade était sans doute la plus lassante, j’ai, en chemin, encore trouvé matière à me divertir avec mon appareil photo. C’est ainsi que j’ai pu figer dans mon numérique quelques paisibles bovins, un papillon Flambé que les épines très pointues d’un ajonc ne semblaient pas alarmer, une buse qui s’amusait à tournoyer dans un ciel redevenu bleu, des alouettes effarouchées qui malheureusement avaient compris depuis « belle lurette » que le verre de mon zoom n’était pas un miroir, une superbe huppe fasciée jouant à cache-cache dans les genêts puis dans un cyprès. Après ces divertissements, la fastidieuse descente se termina avec une jolie vue aérienne sur le parc animalier de la Vallée des Tortues. Il ne me restait plus qu’à remonter la Vallée Heureuse vers La Farga, ce que je fis par la Rue de la Fargue, qui est, de l’autre côté de la rivière, le pendant de la rue dels Castanyers. Au bout de cette dernière rue, la belle boucle au Roc de les Medes se referma après un peu moins de 7 heures sur les sentiers, arrêts, petits égarements et flâneries et photos incluses. J’avais marché sur une distance d’environ 13 à 14 kilomètres m’élevant sur des montées cumulées de 1.130 mètres et sur une déclivité de 526 mètres, le point le plus bas étant à 160 m d’altitude et le plus haut à 686 m. Comme la lecture de ce récit le laisse entendre, sur ce parcours, les découvertes sont nombreuses et là, je ne parle pas uniquement des vues que l’on embrasse depuis les crêtes du Roc de les Medes. Non, le randonneur qui ne connaît pas ce secteur aura sans doute plaisir à découvrir les vestiges du premier four solaire, les ruines du château d’Ultrera et l’ermitage Notre-Dame du Château. De quoi remplir une bien belle journée ! Comme dans ce récit, j’évoque souvent mon GPS dans lequel j’avais enregistré le tracé avant le départ, je tiens à dire qu’il n’est pas réellement indispensable, le balisage et les indications étant très présentes et fort bien mentionnées. Carte IGN 2549 OT Banyuls – Col du Perthus – Côte Vermeille Top 25.
    Il existe une autre version de cette balade au Roc de les Medes depuis le hameau de Lavall, vous en trouverez le lien descriptif en cliquant ici

    Enregistrer


    2 commentaires
  • Cette vidéo est agrémentée de la musique "I Girasoli" du compositeur et chef d'orchestre Henri Mancini, bande originale du film "I Girasoli" de Vittorio de Sica, en français "Les Fleurs du Soleil", en anglais "Sunflower"

    Cette jolie balade à la Cabane forestière de la Devèse (*) de Valbonne était inscrite sur mes tablettes depuis quelques temps déjà. La raison ? Mon idée première était une fois encore d’emmener Dany pour lui faire découvrir quelques tronçons du Tour du Vallespir que j’avais effectué en solitaire en août 2009. J’attendais une belle journée de printemps pour le faire, d’abord parce que marcher sous le soleil c’est bien mieux à tous points de vue, et ensuite car je savais que les abords de la cabane foisonnent à cette époque d’une flore incroyablement belle et variée et je voulais si possible prendre quelques beaux clichés de fleurs pour mon herbier photographique. Ça, c’était la deuxième raison. Une semaine avant, j’avais arrêté la date du samedi 28 juin si la météo venait à être favorable. Elle le fut, mais pour Dany, ses douleurs articulaires doublées d’une sciatique en avaient décidé autrement et elle n’était pas du tout opérationnelle pour effectuer les 17 kilomètres de la boucle envisagée.  Une fois encore, je fus contraint de partir seul et quand je suis arrivé à Léca, point de départ de cette jolie balade, j’étais persuadé que j’allais passer une nouvelle journée de marche plutôt très solitaire. Il est 8 heures quand je laisse ma voiture sur le parking du village. Je connais parfaitement les lieux pour y être venus à plusieurs reprises pour randonner vers « le pic de la Souque et la baraque du Faig » notamment, jolies balades que j’ai déjà expliquées dans mon blog. Comme un automate, je me dirige vers le petit pont métallique qui enjambe le Riuferrer et de l’autre côté, je prends aussitôt à droite le petit sentier balisé en jaune. Je commence immédiatement à grimper dans la forêt en suivant non plus le Riuferrer mais son petit affluent le Prat de Cerball que je traverse un peu plus haut. Cette forêt très touffue où les panoramas sont plutôt rares c’est celle du Bois de Cardebère. Chaque fenêtre est donc prétexte à un arrêt. Des arrêts très brefs, il faut bien le reconnaître tant les vues restent limitées.  Le sentier file désormais en balcon sur le Riuferrer mais si j’entends son ronflement, le torrent je ne le vois jamais. Voilà déjà presque une heure que je marche quand soudain au sommet d’un collet herbeux, je surprends un énorme sanglier entrain de fouiner le sol de son groin. Sur le moment, je pense qu’il s’agit d’un vieux solitaire, tout comme moi aujourd’hui. Il détale, s’arrête, repars puis s’arrête une nouvelle fois. Lors du deuxième arrêt, qui lui aurait été sans doute fatal si j’avais été un chasseur autre que d’images, j’ai le temps « d’armer » mon numérique et voilà le porcin sauvage définitivement immortalisé dans la carte mémoire de mon appareil photo. Je continue et quelques mètres plus loin, et tel un fin limier, c’est toute une harde avec petits marcassins et grosses laies que je vais lever mais cette fois-ci la surprise est telle qu’il n’y aura pas de photos. Tout ce magnifique petit monde décampe dans le bois sans s’arrêter cette fois-ci. Deux minutes plus tard, un jeune homme et ses deux chiens me dépassent. Les chiens, sans doute très jeunes,  n’arrêtent pas de me faire des fêtes et le solitaire que je suis ne se sent plus vraiment seul à cet instant. Par pour longtemps, car le jeune homme et ses chiens poursuivent leur chemin vers le col de l’Estagnol et moi le mien vers le cortal Triado et son ruisseau éponyme. Sur un sentier moussu, le frais ruisseau est vite traversé et les ruines du cortal et les feixes d’antan sont déjà là. Dans le sous-bois, les feuilles mortes remplacent la mousse mais les senteurs d’humus et de terreau restent omniprésentes. Alors, que j’ai repris ma marche calme et solitaire, soudain un jeune homme arrive en courant à tout berzingue en face de moi. Je suis sur le point de m’écarter pour lui laisser le passage mais il s’arrête net à ma hauteur à peine essoufflé. « Je vais bien vers Saint-Guillem ? » m’interroge-t-il. Je lui réponds « Non, par là, vous descendez vers Léca» et j’ai juste le temps de rajouter « Saint-Guillem, c’est par là » qu’il est déjà reparti d’où il venait, toujours en courant comme si le diable était à ses trousses. Il portait un dossard et un Camelbak, ça j’en suis sûr. Un quart d’heures plus tard, et alors que je tente mais en vain de photographier un couple de mésanges bleues qui volètent de branches en branches, c’est un groupe d’une vingtaine de coureurs qui maintenant foncent vers moi. Le sentier est étroit et je me retrouve dans la même situation qu’avec le coureur précédent mais cette fois-ci, les premiers arrivés stoppent devant moi et me laissent le temps de leur expliquer leur erreur. J’ai même le loisir de sortir mon bout de carte IGN sur lequel figure le tracé que j’ai enregistré dans mon GPS. Ils comprennent aisément qu’ils ont loupé une bifurcation du côté du lieu-dit le « Bac de la Cova dels Porcs ». Le temps d’arriver moi-même à ce croisement de sentiers et je vais encore remettre une bonne douzaine de coureurs dans le droit chemin. Je l’avoue, ces égarements me paraissent assez incompréhensibles car plusieurs branchages ont été mis en travers du chemin pour éviter justement de descendre vers Léca et orienter les coureurs vers l’itinéraire du Tour du Canigou, commun ici avec le Tour du Vallespir. Malgré ces branchages, malgré un panonceau Tour du Canigou et malgré une bannière « Décathlon », de nombreux coureurs ont loupé le bon itinéraire, alors je rajoute quelques branches supplémentaires en travers du sentier transformant ainsi la descente vers Léca en une barricade quasi infranchissable. Alors que je grimpe désormais vers la Devèse de Vallbonne, me disant que je ne serais plus là pour remettre dans le droit chemin, les éventuelles « brebis égarées », le gros des concurrents arrivent derrière moi. Finalement, j’apprends d’un concurrent presque aussi âgé que moi qu’il s’agit de l’Ultra Trail du Canigou intitulé « Canigou Aventure », partit ce matin de La Bastide et retour après une boucle de 84 kilomètres autour du massif. Au-delà de cette distance qui me paraît assez incroyable, un autre concurrent m’indique que le règlement de la course ne prévoit aucun classement ni aucun prix à gagner, mais seulement deux points à glaner pour avoir le droit de  s‘inscrire à l’Ultra Trail du Mont-Blanc mais uniquement pour les heureux arrivants. Après 6h30 de course et à la tête de certains concurrents qui ne vont guère plus vite que moi, je commence à douter de leur capacité à aller au bout pour gagner ces deux petits points que je trouve plutôt dérisoires. Enfin chacun son truc et comme à mon habitude, moi je flâne, je contemple, je m’émerveille, je photographie tout et rien et bien évidemment je laisse passer sans problème tous les concurrents qui arrivent à ma hauteur. Il va en être ainsi jusqu’à la cabane de la Devèse et bien plus tard encore après mon arrivée à celle-ci. Pourtant dieu sait si je vais m’arrêter. D’abord pour photographier les jolies fleurs que j’étais venu chercher et ensuite pour retrouver avec beaucoup d’émotion la vieille balafre d’une gravure que j’avais taillé avec mon canif dans l’écorce d’un grand hêtre lors de mon Tour du Vallespir. Cinq années se sont écoulées depuis et la gravure a bien changé. Les plaies rougeâtres de mes initiales et de la date se sont transformées en de fines cicatrices grisâtres. Je constate avec plaisir que la nature a repris ses droits et que la blessure que j’avais infligée à cet arbre s’est auto-guérie.  Je monte vers la cabane, m’y arrête et tout en contemplant les paysages grandioses que j’ai devant moi, je regarde passer les derniers retardataires. Au bout d’une demi-heure, plus personne ne passe et je me retrouve enfin seul au milieu d’une véritable volière en liberté.  Soudain, et alors que je photographie avec plus ou moins de bonheur quelques oiseaux et notamment un merle juvénile peu craintif, un homme monte vers la cabane et se dirige vers moi. Il se présente comme étant le « coureur-balai » de la course « Canigou Aventure ». Il me demande si je participe à la course mais avec ma réponse négative, il veut surtout s’assurer de l’instant où j’ai vu les derniers concurrents passer. On discute un bon moment de ma présence ici, puis semblant tranquillisé par mes centres d’intérêts, il repart. Le merle est parti lui aussi mais bien d’autres passereaux virevoltent encore autour de moi et je prends beaucoup de plaisir à tenter de les photographier le plus souvent en vain. Peu importe ma réussite à figer des oiseaux dans mon appareil photo car je profite enfin de ma totale solitude pour me ressourcer en écoutant mon baladeur MP3 et en pique-niquant sur la pelouse de la cabane. Quand j’ôte les écouteurs de mon baladeur, les musiques douces du groupe Secret Garden laissent la place aux seuls gazouillis des oiseaux entrecoupés parfois des meuglements de quelques vaches en estives qui paissent un peu plus haut, sur les flancs pentus de la Devèse. Je passe plus d’une heure autour de la jolie petite cabane,  à courir la montagne, à chercher des fleurs et à pourchasser les oiseaux et les papillons avec mon numérique. Je ne rentre à l’intérieur de la cabane que pour prendre quelques photos souvenirs. Il faut dire que le mobilier y est plutôt sommaire avec une table, des bancs, un petit poêle et des bat-flancs fait de quelques planches. 6 personnes peuvent y prendre place et encore, à condition que deux d’entre-elles acceptent de dormir avec leurs têtes à quelques centimètres du plafond. Quand j’ai préparé cette randonnée, j’ai lu qu’un berger l’occupait parfois à partir du mois de mai mais aujourd’hui il n’y a personne et le refuge parait inoccupé. En tous cas, il est d’une propreté remarquable et tout est parfaitement rangé. De toute manière, avec la météo admirable que j’ai aujourd’hui, je suis bien mieux dehors. Après cette courte découverte, je récupère mon sac à dos que j’avais caché dans les genêts et file vers le col de l’Estagnol que j’atteins quelques minutes plus tard. Là et comme je l’avais fait en 2009, je traverse la verdoyante prairie pour me diriger sur l’autre versant car je sais que les panoramas sur la Vallée du Tech et son versant sud y sont sublimes. Je m’arrête sur le roc le plus haut pour contempler ces superbes paysages qui défilent à 180 degrés devant mes yeux. Les souvenirs reviennent. Ceux du Tour du Vallespir bien sûr mais aussi ceux d’autres balades que j’ai faite avec des gens que j’aime et avec lesquels je suis venu ici.  Sur la pelouse, une douzaine de chevaux sont là, à quelques mètres de moi. Certains se délectent de cette herbe bien grasse et sans doute pleine de fraîcheur pendant que d’autres roupillent profondément trouvant dans ce tapis de verdure un couchage idéal. Un rapace vole en rase-mottes et va se poser un peu plus loin sur le sommet d’un conifère. Au moment de repartir, à l’autre bout du col, c’est un beau chevreuil qui s’offre sans crainte à l’objectif de mon numérique. Après la foule de ce matin, je me dis que finalement la solitude et la marche silencieuse ont parfois du bon. Et pourtant ce n’est pas fini car au lieu-dit les Collettes, je m’arrête pour finir mon casse-croûte et là, une grive musicienne a décidé sans crainte de faire sa toilette au milieu d’autres passereaux et devant le zoom de mon numérique. Un grand spectacle ornithologique s’est déroulé devant moi et il est temps de repartir. Bien évidemment, après la vision de cette superbe nature en éveil et peu farouche, l’épilogue vers Léca va être bien plus monotone mais qu’importe, j’ai déjà eu l’occasion d’apprécier à sa juste mesure cette magnifique journée. 16h30, je quitte Léca, direction Montferrer car il m’est impossible de quitter le Vallespir sans aller me recueillir sur la tombe de mon ami Gilou parti bien trop jeune. Après tout, c’est bien lui qui m’a fait découvrir cette magnifique région pour la toute première fois. C’était, il y a 26 ans déjà et depuis je ne cesse pas de l’en remercier.  Cette balade est longue de 17 kilomètres environ. J’exclus mes errements autour de la cabane et au col de l’Estagnol. Le dénivelé est d’environ 790 mètres, le point culminant se trouvant à 1.697 mètres entre la cabane et le col de l’Estagnol. Lors du retour vers Léca, j’ai rencontré une dame qui voulait se rendre à la cabane avec aux pieds, une paire de « crocs » en résine et j’ai tenté de l’en dissuader. Elle a continué malgré mes recommandations. Non, ici toute la panoplie du parfait randonneur avec chaussures de rando à tiges hautes doit être de mise.   Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

    (*) Si le toponyme « Vallbonne » en « bonne vallée » est évident, le toponyme « Devèse » lui est bien moins connu. Il est pourtant très fréquent dans toute la France et tout spécialement dans le midi. Vous le trouverez parfois écrit « Devèze » avec un « z » et presque aussi souvent au pluriel qu’au singulier et très souvent aussi sans le « e » final, « Devès ». Dans notre région catalane et donc proche de l’Espagne, le « e » final est bien évidemment remplacé par un « a » et la carte IGN mentionne d’ailleurs la « Devèsa ». Toujours pour les mêmes raisons mais Languedoc inclus,  le « v » est parfois remplacé par un « b » et il n’est pas rare de trouver « Debès ». Dans d’autres régions, on trouve les mots « defès » « defaix », « deffaix », «debèso », « debezo », « devens », « devey » ou encore «devins » et "devois".  Tous ces mots ont bien évidemment la même origine latine « défensum » et occitane «Devès»  qui a finalement donné le mot de vieux français « défens ». Au 12eme siècle, un « défens » était un terrain clôturé et plus généralement une chose défendue. On l’utilisait par exemple pour désigner une terre seigneuriale interdite à la chasse par les manants. Au fil du temps, ce nom a été utilisé pour d’autres motifs et par exemple un « bois en défens » était un bois jeune dans lequel il était interdit de faire entrer des bestiaux ou bien de procéder à certaines coupes. Une « mise en défens » était une mesure administrative selon laquelle le pacage était interdit sur certains terrains. Toujours au fil du temps, la notion d’interdiction a plus ou moins faibli ou disparu et selon les régions, le « défens », le « debès » ou la « devèse » sont devenus des façons de désigner des paysages ruraux. Ainsi, cela pouvait être un « pâturage clos » mais aussi une « garenne », un « terrain en jachère » ou plus simplement une « zone de pacage » ou un « terrain communal ». Enfin et pour terminer, la plupart de ces toponymes cités ici sont devenus des noms de familles plus ou moins courants.


    votre commentaire
  •  
    Ce diaporama est agrémenté de 2 versions bien différentes de la chanson "Let The Music Play" interprétée par Barry White. Une première version longue "Funkstar's Club Deluxe Mix" et une deuxième plus courte et plus classique dans son répertoire. 
    LE-SENTIER-DE-CARBODELL
    SENTIERCARBODELLIGN
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

    Il y a quelques années, le « Sentier de Carbodell », ancien  chemin muletier, a été réhabilité par la commune de Nohèdes en un petit sentier de découverte. Bien avant que la route ait été construite en 1912, il permettait aux Nohédois de rejoindre d’abord la vallée de Nohèdes puis de là, les villageois rejoignaient Betllans, Conat, Ria puis Prades ou Villefranche-de-Conflent par un autre « cami » longeant la rivière de Callau. Si le « Sentier de Carbodell » a tout conservé de son passé ou presque, le reste du parcours est, à quelques petites variantes près, devenu la départementale D.26. Bien évidemment, avec la curiosité coutumière qui est la mienne, j’ai voulu savoir qui était ce « Carbodell » et là, je l’avoue, au fil de mes recherches et de mes interrogations, je suis allé de surprises en surprises. Dès le départ, j’ai pensé que « Carbodell » était un personnage et j’ai orienté mes recherches dans ce sens-là en interrogeant les sites Internet des « noms de familles » comme par exemple, celui tout à fait remarquable de l’historien Jean Tosti dont le dictionnaire présente l’avantage de commenter toutes les origines et étymologies. Il y avait bien un « Carbonell », un « Carboneil » et un « Carbonnel » parfois avec un seul « n » ou un seul « l » parfois avec deux, mais  « Carbodell », lui,  était inconnu au bataillon des noms propres. J’ai donc élargi mes recherches vers des sites comme Lexilogos et tous ceux consacrés à la généalogie. Toujours rien. Je me suis donc rendu au cimetière de Nohèdes et à celui de Conat car je pensais que « Carbodell » était peut-être un muletier du cru dont les « exploits équins » avaient été suffisamment célèbres pour laisser ainsi son empreinte gravée dans le temps. Rien ! J’ai fini par imaginer qu’une erreur de retranscription, comme cela arrivait souvent au temps où les registres d’état-civil étaient tenus à la plume d’oie, avait transformé un « Carbonell » en « Carbodell ». Je n’ai rien trouvé sur la Toile allant dans ce sens et en tous cas, rien de vraiment concret ou trop peu de choses pour en tirer une plausible conclusion. J’ai ensuite analysé toutes les cartes géographiques de Nohèdes et de ses proches alentours, et là, j’ai fini par trouver sur la carte cadastrale, à l’est du village, une vaste parcelle intitulée « Carboudel ». Une rue à Nohèdes portait également cette dénomination.  J’ai donc repris mes recherches avec ce nom-là car je pensais que « Carboudel » était une forme francisée de « Carbodell ». Toujours rien et aucune famille ne portait ce nom-là non plus. Devant tant d’évidences, j’en ai donc déduit que « Carbodell » ou « Carboudel » n’étaient pas des noms de personnes. Oui, mais voilà, pourquoi avait-on donné ce patronyme à un sentier de randonnée pédestre ? J’ai donc adressé un mail à Monsieur le maire de Nohèdes et avec beaucoup de gentillesse, il m’a très rapidement répondu en me disant que l’on pouvait traduire le mot catalan « Carbodell » en « crève-boudin » avant de se reprendre et de préciser que « crève-boyau » était sans doute mieux approprié. Il rajoutait que ce surnom avait été donné au sentier à cause de son exposition très ensoleillée et de sa raideur que l’on éprouvait à le gravir au temps où les villageois l’empruntaient avec des mulets. L’ayant monté, il y a quelques années puis redescendu cette fois-ci, j’imagine aisément ce que cela pouvait être avec des mules ou des ânes lourdement chargés. Voilà, j’avais enfin mon explication car si initialement j’avais pensé à couper le nom catalan « Carbodell » en deux pour en extraire un lieu éventuellement riche en charbon (carbo) et dell (du), je n’avais certes pas imaginé qu’un autre découpage eut été possible. C’est ainsi, qu’avec un découpage comprenant le préfixe « car » d’un côté et « bodell » de l’autre, la traduction devient radicalement différente. En effet,  si le préfixe « car » reste indécis car il peut signifier « sentier » avec la même origine que « carrer » ou bien encore « pierre » de la racine pré-indo-européenne « kar », il peut aussi bien provenir du catalan « secar » signifiant « sécher » dans le sens de « mourir » ou bien encore du mot « cara » signifiant « face » ou « pente »….toutes ces solutions convenant bien à la physionomie du lieu. Par contre « bodell » ou plutôt « budell » s’est clairement le « boyau » ou « l’intestin » catalan et de ce fait, la dénomination du sentier en « crève-boyau » devient sinon éclatante tout du moins vraisemblable et acceptable. La balade, nous l’avions préalablement accomplie avant même toutes ces recherches et si le Sentier de Carbodell est, avec son 1km800 plutôt limité, une fois couplé à la piste de la Vallée de Nohèdes dite del Ribéral (la rivière), il devient de ce fait, un vrai circuit pédestre de 7 km environ. Le départ est situé sur la D.26 au lieu-dit parking des Salines, à 500 mètres à l’est, avant l’entrée du village. Une pancarte « Betllans –Sentier de Carbodell » et le balisage de couleur jaune indiquent la direction . D’emblée, le sentier amorce une descente même si certaines petites portions remontent puis s’aplanissent pour mieux redescendre ensuite. Il est vrai que le sentier s'adapte à la configuration escarpée du terrain et de ce fait, il s’ajuste aussi au ravin de  la Comall de les Salines et à celui du Rec de Bertran, petits affluents de la rivière de Nohèdes. Sur un itinéraire tout en balcon car souvent échafaudé sur des hauts murets de pierres de schistes, on profite des vues renversantes sur le Massif du Coronat et plongeantes sur la « Vallée de l’Arche perdue (*).  C’est ainsi que l’on va atteindre le fond du vallon où coule la Ribera. Là, on débouche sur une large piste terreuse. On délaisse l’itinéraire qui file à gauche vers Betllans et on prend à droite en suivant le panonceau « Nohèdes par El Ribéral ». Cette piste file vers la Maison de la Montagne et beaucoup plus loin vers le lieu-dit la Farga où l’on reprend l’asphalte de la route pour revenir vers Nohèdes. Auparavant et sur ce long chemin, on aura largement profité de la fraîcheur de la rivière de Nohèdes et des parties ombragées de la forêt pour flâner puis pique-niquer. Au plus chaud de l’été, certains se baignent dans des petites poches d’eau, cuvettes peu profondes ou marmites plus spacieuses mais attention tout de même car l’eau reste très fraîche et la rivière peut parfois se transformer en un torrent fougueux et capricieux. Moi, comme souvent, j’ai flâné et pris énormément de plaisir à observer et à photographier la nature. Ici, sur ces terrains fertiles, une végétation généreuse a repris ses droits mais il n’en a pas toujours été ainsi car aux siècles précédents, ces terres étaient surtout consacrées à l’agriculture. On y cultivait beaucoup de légumes, des céréales, des pommes de terre et des arbres fruitiers. Aujourd’hui, de ses vieilles cultures, ils ne subsistent que quelques champs envahis par la végétation, les ruines d’un vieux moulin, quelques murets en pierres sèches, des terrasses (feixes) effondrées ou abandonnées, de vieux casots et parfois quelques vergers ressuscités.  Si au siècle précédent, Nohèdes vivait en quasi-autarcie et revendait même une partie de sa production agricole faisant ainsi du Sentier de Carbodell, un véritable « crève-boyau » aujourd’hui, ce circuit de découverte c’est un peu le « crève-cœur » d’un passé oublié qui ne reviendra sans doute jamais. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.

    (*) Ce vallon, ici on l’appelle la vallée de l’Arche perdue car selon la légende, Noé aurait amarré son arche à un anneau qui se trouverait au sommet d’un roc du nom de Salimanes ou Salimans (1.694 m) (Voir la photo de ce roc dans mon diaporama).

    Cette balade est présente dans le petit livret consacré aux itinéraires de découverte de Nohèdes : 9 itinéraires pour découvrir la vallée de L’Arche Perdue. Ce guide édité par l’Association Gestionnaire de la Réserve Naturelle de Nohèdes est achetable au tarif de 2 euros à la Maison de la Réserve de Nohèdes. 

    Enregistrer


    1 commentaire

  • Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques jouées par l'ensemble musical Rondò Veneziano. Elles ont pour titre : "Danza Mediterranea""Splendore Di Venezia" et "Perle d'Oriente".
    BALCONCERETIGN

    Le Balcon de Céret est une balade pédestre bien connue des Cérétans mais également de nombreux autres marcheurs catalans. Elle constitue une « classique » pour tous les clubs de randonnées du département et désormais sa réputation va même bien au delà puisque certaines associations pédestres audoises ou héraultaises viennent parfois y user leurs godillots à l’occasion d’une visite de la Mecque du cubisme. L’été, les touristes le cheminent volontiers car ses portions ombragées en font une sortie pleine de fraîcheur plutôt agréable. . Enfin, comme de nombreuses  randonnées « incontournables », le Balcon de Céret figure dans plusieurs topo-guides régionaux. L’itinéraire est donc bien connu et pratiqué, parfaitement balisé et assez facile à entreprendre. En ce début du mois juin, Dany et moi sommes donc partis vers Céret pour tenter de comprendre ce qui pouvait attirer autant de monde sur ce balcon.  A toutes ces excellentes raisons, nous en avions quand même rajoutées trois autres avant de nous décider : la première et sans doute la meilleure, c’est que nous ne l’avions jamais réalisé, la deuxième, c’était sa distance plutôt modeste correspondant bien à ce que Dany était capable d’accomplir à cet instant compte tenu de ses diverses douleurs articulaires et enfin troisième et dernier motif, la description très incitative que l’historien Jean Tosti en faisait dans son blog consacré à la cité : "Une belle promenade est à faire au Balcon de Céret, par une petite route partant de la place des Tilleuls. Plus on monte, plus les points de vue sont merveilleux. Une balade à ne pas faire en voiture, ce serait du gâchis"Nous avons donc suivi les conseils de l’historien et les directives de notre topo-guide et c’est donc avec cet objectif de voir des points de vue merveilleux que nous avons rejoint Céret,  direction la rue de Nogarède et plus spécialement le parking du Mas éponyme. Ce dernier sert de centre de loisirs aux associations de la commune. Quelques panonceaux indicatifs de randonnées sont là sur le parking et notamment celui indiquant le départ du Balcon. La direction n’est pas réellement indiquée mais pour quelqu’un qui comme moi a pris soin de lire le topo-guide, il n’y a aucun problème puisque un autre panonceau indique très clairement la direction à prendre pour se rendre aux mas Falguerolles et d’en Poble se trouvant sur l’itinéraire. On remonte vers l’est la rue de Nogarède jusqu’à son extrémité puis à droite le chemin de Falguerolles. Après avoir cheminer le bitume au milieu de quelques belles villas, on atteint un dernier mas à quelques encablures de la forêt. On s’y arrête pour observer de bien étranges cactus joliment fleuris. Si j’emploie le mot étrange c’est parce qu’il y a quelques beaux spécimens d’Echinopsis aux superbes fleurs blanches et roses qu’on appelle parfois à tort « coussins de belle-mère » et plus couramment « Cactus Oursin » mais surtout, il y a plusieurs Figuiers de Barbarie montant en arbres et aux « raquettes » complètement inermes c'est-à-dire sans aucune épine ni poil urticant qu’on appelle des glochides.  Très étonné, je demande au propriétaire qui est là dehors si je peux lui chiper une « oreille de Mickey ». Il accepte bien volontiers et voilà que je casse une oreille au figuier et la glisse dans ma poche sans aucun problème. Bien ferme et absolument inoffensive pour la peau, elle va rester ainsi au fond de ma poche toute la journée, sans aucun problème.  Je remercie l’homme et nous poursuivons notre chemin vers le bois que nous atteignons très rapidement. Si de nouveaux panonceaux sont là à cette intersection de chemins indiquant clairement le « Balcon de Céret », nous optons d’abord pour la cascade malgré deux informations contradictoires qui en indiquent malgré tout la modeste proximité : 5 minutes pour l’un et 25 minutes aller/retour pour l’autre mais peu importe nous y allons quand même. Cette cascade c’est celle de Baussos dont j’ai entendu parler mais que je ne connais pas. Superbe, tranquille et rafraîchissante, nous allons nous y attarder à un point tel que nous aurions presque oublié que nous étions venus pour un autre motif : le Balcon de Céret. Pique-nique, photos et bains de pieds vont ponctuer ce long arrêt improvisé. Une heure et demi plus tard mais avec une paresse incroyable, nous estimons qu’il est temps de rebrousser chemin et de se consacrer à notre balade. Un sentier s’élève franchement dans une végétation de type maquis constitué principalement de bruyères arbustives, de cistes, de quelques lavandes à toupets et bien sûr des inévitables chênes qu’ils soient verts, blancs ou lièges. Au départ, les vues s’entrouvrent joliment sur Céret et sur ses proches alentours. Un peu plus loin, on profite de chaque ouverture pour observer des paysages un peu plus lointains vers la Plaine du Roussillon et les Albères notamment. Puis, les panoramas disparaissent et le sentier se faufile exclusivement dans une végétation plutôt épaisse. De toute manière, le sentier se faisant plus caillouteux, les yeux se consacrent essentiellement à examiner le sol et les pieds. 2 kilomètres plus loin et 200 mètres plus haut, on atteint le Mas d’en Poble, petit domaine paisible posé au milieu de prés verdoyants. Une large piste terreuse prend le relais du sentier mais atteint très vite l’asphalte d’une route que l’on emprunte vers la droite. Bien qu’en balade pédestre, le bitume ne soit jamais la panacée, ici, grâce aux décors plutôt variés et contrastés, de surcroît sur une portion plane,  on l’oublie assez vite : mas, cerisaies, parties forestières ombragées, panoramas lointains, prairies verdoyantes où paissent quelques moutons donnent à cette route un attrait incontestable. Ici, les points de vue merveilleux de Jean Tosti se dévoilent et on regrette simplement que le Canigou soit entièrement enveloppé d’un épais matelas nuageux le rendant ainsi invisible. 1.300 mètres plus loin,  on quitte le bitume au profit d’un étroit sentier qui descend dans un bois en direction d’un petit vallon et du Mas d’en Clic. Au fond du vallon, on enjambe le Correc de Nogarède, celui-là même où nous faisions « trempette » à la cascade de Baussos quelques heures plus tôt. Ce ruisseau dissocie la forêt de quelques vergers et terrains cultivés. Après le Mas d’en Clic, on retrouve le maquis et ici commence le sentier dit de la Porte de fer. La Porte de fer est un abri sous roche ayant été fréquenté depuis des temps immémoriaux et dans lequel les archéologues ont retrouvé des fragments de poteries ainsi que des pièces de monnaie romaines. Ce sentier longe un vieux canal d’arrosage aujourd’hui rafistolé de « bric et de broc » mais ayant eu en son temps ses heures de gloire. Taillé dans la roche et fonctionnant encore aujourd’hui, ce canal construit en 1866 captait ses eaux dans le Tech du côté d’Amélie-les-Bains. Chemin faisant, il alimentait toutes les fontaines du canton et pendant très longtemps, il a été le principal moyen d’irrigation de tout le Bas-Vallespir. Une stèle en hommage aux exploitants ayant financé sa construction s’élève sur la place des Ormeaux à Céret. Depuis ce canal, on profite de chaque fenêtre s’entrouvrant sur la cité puis le sentier finit par atteindre le goudron de la route Jean Caball. Là, sur la gauche, à moins de 500 mètres de distance, il y a une superbe table d’orientation vers laquelle on peut effectuer un rapide aller/retour avant de poursuivre entre murets, champs et jardins vers l’ancien couvent des Capucins cher à Frank Burty, peintre, créateur puis conservateur du Musée d’Art Moderne. Les premières maisons de Céret sont déjà là et la balade tire à sa fin. On emprunte la rue des Capucins puis à droite l’avenue d’Espagne en passant devant le stade et le lycée Déodat de Séverac. On poursuit l’avenue d’Espagne jusqu’au camping le Bosquet de Nogarède puis juste après le camping, on emprunte un escalier qui rejoint la rue de Nogarède.  La balade au Balcon de Céret est finie et nous ne regrettons pas de l’avoir accomplie. Selon le tracé enregistré dans mon GPS, cette boucle a été longue de 11km500 incluant bien sûr les allers et retours vers la cascade de Baussos et la table d’orientation ainsi que quelques divagations personnelles pour aller photographier une fleur des champs ou bien un oiseau. Je ne vous dirais pas le temps que nous sommes restés sur ce modeste parcours car même arrêts inclus vous trouveriez ça très exagéré voire ridicule. Enfin, en randonnée, l’essentiel n’est-il pas de prendre du plaisir ? Nous en avons pris ! Carte IGN 2449 OT Céret – Amélie-les-Bains – Palalda – Vallée du Tech Top 25. 

    Enregistrer


    votre commentaire

  • Ce diaporama est agrémenté de 4 jolies chansons interprétées par Michel Delpech qui ont pour titre "Tu Me Fais Planer", "Chez Laurette""62, Nos Quinze Ans" et "Un Jour Tu Verras".

    Si j’avais été un tant soit peu vaniteux, j’aurais pu dire que je suis l’inventeur de ce circuit que je vous présente aujourd’hui. Mais non, cette boucle démarrant du joli petit hameau de Saint-Martin de Fenouillet existe bel et bien. Pour preuve, sur la carte IGN 2348 ET Prades  - St Paul de Fenouillet, visible sur Géoportail par exemple, elle est même intégralement surlignée en rouge, comme tous les « bons » sentiers balisés dignes de ce nom. Le problème, c’est que lorsqu’on va sur le terrain, il n’y a plus aucun balisage pédestre ou si peu. Si je dis si peu c’est parce qu’en réalité, ce circuit est sans doute l'assemblage involontaire de plusieurs balades qui misent bout à bout constituent la boucle en question. Au menu de cette boucle, on démarre par le balisage jaune propre au « Sentier d’interprétation des Hauts de Taïchac ». Il s’agit d’un tout petit tronçon de cette très belle balade déjà expliquée dans ce blog. Ça, c’est l’apéritif et les amuse-gueules. Après, en guise de copieux hors d’œuvre, la moitié de notre balade est constituée d’un itinéraire VTT N°3 balisé en jaune s’intitulant « Les Abords de Saint-Martin » que l’on peut trouver dans un topo-guide intitulé « 20 randonnées VTT en Pays Fenouillèdes » dans la collection «Les Petits Guides Rando Pyrénées Roussillon ». Ensuite, au moment du plat principal, c'est-à-dire en montant vers le Sarrat de Corda, le balisage disparaît carrément, enfin moi je n’ai rien vu de tel. Ce balisage, on le retrouve sous la forme de quelques marques de peinture jaune au pied du pic Lazerou, là même où paissent très souvent quelques vaches. C’est bien sûr, le plateau de fromages. Enfin, cerise sur le gâteau du dessert, on termine à Saint-Martin de Fenouillet avec le G.R.36 blanc et rouge. Alors bien sûr, si je ne suis pas l’inventeur ni de ce circuit ni de ce menu coloré, il faut comme à toute bonne recette y trouver un nom. J’ai eu beau chercher cette balade sur Internet et dans la vingtaine de topo-guides roussillonnais dont je dispose dans ma bibliothèque, je n’ai rien trouvé. Et là, donner un nom à ce circuit, ce ne fut pas une mince affaire. Ainsi, j’aurais pu garder « les Abords de Saint-Martin », comme le circuit VTT du même nom mais cette dénomination est bien trop généraliste et en outre le circuit n’est pas exactement le même. J’aurais pu aussi l’appeler le Sentier des Bas de Taïchac mais cela aurait pu prêter à confusion avec celui « des Hauts » et en outre une partie de l’itinéraire passe au dessus de l’ancien château médiéval. Ensuite, à l’égard de la minuscule rivière que la balade côtoie, j’ai pensé l’intituler le Vallon de la Rivérole, mais la portion du chemin longeant le ruisseau est si congrue que j’ai trouvé cette idée peu judicieuse. J’aurais pu aussi l’appeler la Boucle de l’Anticlinal de Saint-Paul ou bien le Circuit des plaques tectoniques, car nous sommes ici à l’exacte jonction des plaques lithosphériques européenne et ibéro-africaine. Enfin dernière idée, lui attribuer le nom du point culminant de la boucle mais là, il n’y avait rien de concret, celui-ci se trouvant entre deux petites collines intitulées le Devès et le Roc de la Buffette quand à l’autre versant du vallon, c’est à dire le Sarrat de Corda, il lui manque quelques mètres pour être le point le plus élevé. Alors pour finir et en observant la carte IGN, cette boucle où nous avons pris beaucoup de plaisir à balader, je l’ai appelée le « Circuit du Jardin Ensoleillé ».  S’il y a plusieurs raisons à cela, la principale est qu’à la symétrie parfaite du village de Saint-Martin, il y a une vaste terre qui s’intitule la « Soula de l’Orte ».  Or, tous les toponymistes sont d’accord pour dire que la « soula » c’est un « versant » ou  une « parcelle ensoleillée » au même titre que les mots  « sola », « solana » ou que la « soulane » en français. C'est-à-dire un versant exposé au sud, en français l’adret. Tous ont pour origine la même étymologie du latin « sol » signifiant « soleil ». Quant au mot « orte », ils sont tous d’accord aussi et affirment qu’il s’agit clairement d’un « jardin » voire d’un « verger ».   Ce mot « orte », on le trouve selon les langues écrit « ort », « hort » ou encore « horte », le catalan par exemple ajoutant un « h » que l’on ne retrouve pas dans l’occitan « òrt ». D’origine indo-européenne, tous ces mots ont la même souche latine « hortus », que l’on retrouve de nos jours et dans la langue française dans les mots « horticulteurs », « horticulture », « hortensia », etc…. Certains y rajoutent la notion de « clos », « l’orte » étant un jardin clôturé ou entouré de haies. C’est ainsi qu’à l’origine, la « cohorte » était une division de la légion romaine fermé sur les ailes et marchant en rang serré. De toute évidence, s’il n’y a qu’une manière de traduire la « Soula de l’Orte », c’est bien le « Jardin Ensoleillé ».  A cette séduisante traduction, il faut ajouter que le lieu en question bénéficie de 320 jours d’ensoleillement par an et que cette balade effectuée au printemps m’a permis de recenser d’incroyables variétés de fleurs sauvages, une quantité invraisemblable de papillons et d’oiseaux. De ces évidences, aucun autre intitulé ne me paraissait mieux approprié pour dépeindre cette balade.  Parmi une multitude d’oiseaux, j’ai pu en photographier quelques uns et parmi eux, sans doute le plus beau d’entre tous: le Guêpier d’Europe. Si dans notre Midi, cet oiseau n’est pas si rare que ça, côtoyant très souvent les berges marneuses des rivières et plus généralement toutes les falaises argileuses qu’il creuse d’une cavité pour en faire son nid, le photographier est toujours un immense bonheur. Son plumage multicolore rouge, brun, jaune, bleu, vert, turquoise et noir toujours esquissé de nombreuses nuances est un plaisir sans cesse renouvelé pour les yeux et l’objectif du photographe amateur que je suis. Lors de notre balade, quelques couples étaient présents dans la Vallon de la Rivérole et cette présence n’était sans doute pas étrangère à  une quantité incroyable d’insectes et à la toute proximité de l’Agly. Le petit ruisseau de la Rivérole est un affluent du fleuve et la confluence des deux est toute proche près des carrières du Camp de l’Argent. J’ai donc eu la chance de les photographier à loisirs car au bord du ruisseau, de grands arbres morts ou quelques hautes herbes sèches leur servaient de poste de guet. J’ai pu prendre ainsi plus d’une quarantaine de photos plus ou moins réussies, il faut quand même le dire.

    10h30, nous quittons Saint-Martin par la petite D.7a par laquelle nous sommes arrivés en voiture. Juste avant le premier virage, un petit sentier file à gauche en entrant dans un sous-bois. Il est balisé en jaune, longe des murets, coupe un ru et grimpe dans le bois pour rejoindre un peu plus haut la D.7 se dirigeant vers Le Vivier. On surveille le balisage, on traverse la D.7 et on emprunte en face un chemin plus large mais qui se transforme très vite en un sentier beaucoup plus étroit.  Les décors s’entrouvrent sur des prés verdoyants et sur les flancs calcaires de la Couillade de Ventefarine et du Roc de Sant Canis. Plus haut, un panonceau nous apprend que nous sommes sur le « Sentier d’interprétation des Hauts de Taïchac » que nous avons pris à contresens indiquant une « Source de la Mort » à 5 minutes  et le village à 25. On poursuit sur quelques mètres pour finalement atteindre une intersection au voisinage d’une aire de pique-nique. Là, on quitte le sentier d’interprétation qui part à droite au profit d’une large piste DFCI N°F35 Bis qui file à gauche.  Au dessus du panneau indiquant la piste DFCI, on note la présence d’un autre panonceau mentionnant qu’il s’agit d’un circuit VTT N°3. Ces panonceaux pour vététistes, 2 cercles et un triangle  de couleur jaune, on va les suivre très longtemps et en tous cas, jusqu’au fin fond du Vallon de la Rivérole., là même où les guêpiers et bien d’autres oiseaux ont été vus et photographiés. Ces panonceaux pour VTT, on ne les quittera qu’en prêtant beaucoup d’attention à la côte 308 mentionnée sur la carte IGN. Là, il faut prendre à droite, enjamber le petit ruisseau et monter un large chemin non balisé peu évident à voir depuis la piste VTT. Si vous loupez cette bifurcation, vous raccourcirez considérablement mon circuit et vous en serez quitte pour rejoindre le point de départ selon le tracé exact du circuit VTT des « Abords de Saint-Martin ».  Bien avant d’arriver à cette intersection, et en cheminant sur la crête et les contreforts du Devès, de grandioses  panoramas se seront entrouverts sur une incroyable diversité de reliefs : sur les « serres » oblongues et abruptes des Corbières, sur le pachydermique et mystique Pech de Bugarach, sur l’étonnante dent du Roc de Vergès, sur toutes les montagnes roussillonnaises plus ou moins lointaines où dans un ciel bleu cristallin, trône comme toujours le Canigou, seigneur magnifique car encore tout de blanc vêtu en cette saison. Beaucoup plus près, le regard s’arrête sur les collines calcaires et tourmentées du tout proche Synclinal de Saint-Paul où l’on peut apercevoir le col des Bouix, la dépression de la Clue de la Fou et la Serre de l’Artigue del Baurien. Tout autour de nous, la végétation n’est qu’une moutonnante toison de chênes verts et de garrigues à perte de vue. Dans cette parure quasi uniforme, émergent quelques ocres et arides vignobles et notamment ceux de Taïchac où l’on reconnaît en contrebas les ruines de l’ancien château médiéval dont la première mention écrite date de 1215.  L’itinéraire finit par rejoindre les vignes de ce superbe domaine avant de franchir l’asphalte de la D.9 près d’une citerne DFCI.  Désormais, au milieu d’une flore multicolore dominée par des cistes blancs et de flamboyants genêts, un petit sentier descend dans le rafraîchissant vallon de la Rivérole. Ici, à la Soula de l’Orte, dans une végétation luxuriante, les oiseaux et les papillons se partagent les airs et mon numérique ne sait plus où tourner la tête de son objectif.  Ici commence notre enchantement faunistique qui va  malheureusement cesser dès lors qu’arrive l’intersection de la côte 308 citée plus haut. Là, on abandonne à regrets la faune et la flore de cet écosystème miniature mais on quitte surtout la fraîcheur de la Rivérole pour une piste torride qui grimpe hardiment dans la Bulasse en direction des contreforts du pic Lazerou. Après avoir longuement dominé des ravins, un premier palier où paissent quelques vaches est atteint.  On ignore la piste qui file tout droit et on emprunte celle qui tourne en épingles à cheveux et file vers l’ouest.  Ici, le tracé surligné de la carte IGN et enregistré dans mon GPS se perd dans les broussailles. On reste sur la piste la plus évidente. 400 mètres plus loin, mon GPS retrouve le tracé enregistré. Au sommet d’une côte, un deuxième palier est atteint sous la forme d’un collet près d’un enclos à bestiaux. L’itinéraire bascule et descend vers le carrefour de notre chemin avec une voie carrossable bitumée. Ici on retrouve un balisage jaune et l’on emprunte l’asphalte de la route. Les paysages changent.  La végétation est plus rase. Les panoramas se dévoilent. Ici au sommet du Sarrat de Corda, les vignobles empiètent largement sur la garrigue. Le bitume laisse la place à une piste sableuse qui file entre cortals oubliés, vignes bourgeonnantes et genêts fleuris. Si sur la droite, le chemin domine magnifiquement plusieurs petites ravines et le Vallon de la Rivérole, les panoramas lointains et à 360 degrés sont prodigieux : Corbières, Canigou, forêts domaniales des Fenouillèdes et de Boucheville, pechs audois, sommets ariégeois sans oublier quelques petits hameaux aux toitures rouges comme perdus ou suspendus au beau milieu des « sarrats » olivâtres des proches alentours. Pour avoir accompli le Tour des Fenouillèdes en 2011, bons nombres de ces paysages me sont désormais familiers et par la pensée, je me projette dans le passé et ces merveilleuses journées à marcher avec mon fils. Des marques de peinture blanches et rouges sur l’écorce d’un chêne annoncent le G.R.36 et le dénouement imminent de cette agréable balade.  L’itinéraire bifurque à droite et descend très rapidement vers Saint-Martin sur une sente limoneuse, ravinée et abrupte. A chaque pas, on redouble de vigilance. Quelques maisons apparaissent d’abord puis le ravissant village tout entier. Les premières venelles sont déjà là. Le joli petit hameau est traversé presque bien plus rapidement qu’il ne faut de temps pour l’écrire. Après 6 heures de marche, arrêts inclus ; et il y en a eu beaucoup ; cette belle flânerie de 14 à 15 kilomètres environ touche à sa fin. Par la beauté des découvertes, elle restera à jamais blottie dans un coin de notre mémoire comme des révélations inavouables dans un jardin secret. Un jardin secret certes mais un jardin ensoleillé rempli de fleurs, d’oiseaux et de papillons. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.

    Enregistrer


    votre commentaire

  • Ce diaporama est agrémenté sous la forme d'un montage de 4 musiques extraites de l'album "The Music Of Cosmos". Elles ont pour titres, auteurs et interprètes : "Depicting the Cranes in Their Nest-Sokaku-Reibo" par Goro Yamaguchi, "Canon and Gigue in D Major, P. 37: I. Canon" de Johann Pachelbel jouée par Sir Neville Marinner, "I.Allegro-The four seasons" d'Antonio Vivaldi joué par Gerard Schwarz et "The Sea Named Solaris-On Bach" d'Isao Tomita 

    Le Chemin de la Frigoulette depuis Cerbère


    Ce qu’il y a de bien avec notre beau département des Pyrénées-Orientales, c’est que l’on peut partir vers n’importe quel point cardinal, on trouvera toujours de superbes balades pédestres à y faire. De l’est à l’ouest et du nord au sud, du randonneur novice au plus expérimenté, chacun y trouvera aisément son bonheur. C’est ainsi qu’en l’espace de quelques jours, Dany et moi avons fait un grand écart, passant des châteaux de Fenouillet situés à la limite de l’Aude c'est-à-dire au nord de notre département, au sud le plus extrême du fameux « Cerveria locus,  finis Galliae » c'est-à-dire « au lieu-dit Cerveria, finissent les Gaules ». C’est ainsi qu’en l’an 43  le géographe romain Pomponius Mela définissait déjà notre frontière avec l’Espagne ou plutôt « l’Hispania », nom que les Romains donnaient à la péninsule ibérique. Bien évidemment, vous l’aurez compris, « Cerveria » c’est notre Cerbère actuel et la balade pédestre que je vais vous conter ici, c’est celle d’une agréable petite boucle intitulée le « Chemin de la Frigoulette » dont le tracé file entre Albères et Côte Vermeille. Alors bien évidemment, on pourrait très facilement imaginer que si le fil conducteur du Circuit des trois châteaux de Fenouillet était l’Histoire, ici à Cerbère, le passé disparaît totalement. Et bien détrompez-vous car ce n’est qu’en partie vrai. Bien sûr, il n’y a pas de vestiges romains ni médiévaux sur le bord du Chemin de la Frigoulette mais la Tour du Querroig du haut de ses 672 mètres surveille toute la contrée. Elle est mentionnée pour la première fois en 985 et a été utilisée par les Rois de Majorque comme tour à signaux dès le 14eme siècle au même titre que la Madeloc. Enfin, non loin du parcours, on trouve des dolmens comme celui de la Coma Estepera et même un menhir du nom de San Salvador au lieu-dit Pedra Dreta. L’Histoire de Cerbère est donc presque aussi riche que celle de Fenouillet et en tous cas, aussi ancienne que celle du Pays FenouillèdesCerbère est déjà citée dans des textes antiques, grecs ou latins, tels ceux de Strabon ou Pline le Jeune qui décrivent le lieu aux confins des Gaules comme étant amplement recouvert de forêts et peuplé d’animaux sauvages et surtout de cerfs. Le « locus Cerveria », c’est très clairement le lieu peuplé de cerfs ayant finalement donné son nom à la petite cité maritime. Aujourd’hui, les Albères orientales sont très éloignées des biotopes privilégiés par les grands cervidés de notre département  et la probabilité d’y rencontrer un cerf est infime voire quasi nulle. Quant à voir un cerf à Cerbère ou même dans ses abords n’y comptait surtout pas même si la vallée que nous traversons au cours de cette balade s’appelle « la Vallée des Cerfs ». Une randonnée éponyme est d’ailleurs réalisable. En tous cas, une chose est sûre c’est que vous verrez plus facilement de la « frigoulette » qu’un cerf ! Bien sûr, si vous êtes du midi, ce nom de « frigoulette » vous parle automatiquement et que l’on soit catalan, provençal ou occitan, tout le monde sait qu’il s’agit du « thym » parfois également appelé « serpolet ». Le « thym », « thymus » pour les botanistes qui aiment bien le latin, est un genre de plantes de la famille des Lamiacées. Ce genre comporte plus de 300 espèces différentes. La plupart sont rampantes et forment des coussinets portant de minuscules fleurs roses, mauves ou blanches. Le thym est surtout connu comme plante aromatique que l’on utilise sur le plan culinaire ou pour sa richesse en thymol, substance bactéricide permettant l’élaboration d’huiles essentielles. Enfin, le nom de « frigoulette » est un diminutif de l’occitan « farigola » car dans le sud de la France, le thym commun ou thym sauvage est fréquemment appelé « farigoule » ou « frigoule » ou par exemple « farigoulette » dans ma Provence natale. Tous ces mots-là ayant la même origine latine « fericula » avec bien sûr quelques petites variations « occitanes » selon les régions méridionales où l’on réside : « ferigoleta » « frigola » « fribola » « friola ».  Enfin, entre origine grecque, romaine ou égyptienne, l’étymologie du mot « thym » est si incertaine que j’ai laissé tombé mes recherches car après tout c’est le « Chemin de la Frigoulette » que je raconte ici pas celui du « thym ». A Cerbère, cette balade peut démarrer de la plage car c’est là qu’on trouve le plus facilement une place de parking pour garer sa voiture. Ensuite, on emprunte la rue du Ribéral ou rue Dominique Mitjavile où l’on remarquera devant une boulangerie, un panonceau indicatif de quatre randonnées parmi laquelle figure la nôtre portant le N°14. On continue cette rue rectiligne et au moment où elle tourne et atteint un grand tunnel passant sous la voie ferrée, on ignore le tunnel et on poursuit à gauche dans une ruelle tout au long de l’immense mur de soutènement du viaduc.   N’ayez aucune inquiétude car ici, un balisage très précis indique la marche à suivre. En réalité, il s’agit de la rue Jean Barrat, petite ruelle bétonnée bordée d’une étroite rigole évacuant les eaux pluviales descendant des « puigs ». Cette ruelle se termine, elle aussi, sous un tunnel, qui une fois franchi, débouche dans la garrigue. Un sentier s élève hardiment en direction de l’ancien bâtiment des douanes, grande bâtisse blanchâtre que l’on appelait « Porte de France » au temps de sa splendeur et que l’on garde dans la ligne de mire. Si le sentier s’étire dans une végétation et une flore typiquement méditerranéenne, on notera la présence de quelques jardins oubliés et de quelques casots ruinés au milieu d’une multitude de terrasses s’élevant en espaliers sur les flancs de la colline. La Nationale 114 et l’ancien poste frontière sont vite atteints. Là, de magnifiques panoramas se dévoilent sur la mer, sur la cité et son « inévitable » gare ferroviaire. Après quelques mètres sur le bitume, on emprunte à droite la piste DFCI AL14, direction le Puig dels Frare. Ici, et sous condition de prêter attention au balisage en tous points parfaits ; panonceau et marques de peinture de couleur jaune ; la randonnée devient d’une grande simplicité. Mais en ce superbe jour de printemps, on a le droit d’être distrait tant le regard embrasse une quantité incroyable de beautés diverses et variées. On ne sait plus où regarder. Le bleu azur d’un ciel intensément pur est-il plus beau que le violine des bouquets des lavandes à toupets ? Le rose pourpre des fleurs des arbres de Judée est-il plus soutenu que l’ocre rouge des vignes ? Le jaune flamboyant des genêts et des ajoncs est-il plus éclatant que le bleu vif et profond de la Méditerranée ? Voilà, des énigmes colorées que l’on laisse volontiers sans réponse pour la simple et bonne raison qu’elles s’inscrivent dans un seul et unique tableau que Dame Nature offre en permanence à nos regards contemplatifs. Après ce parcours tout en balcon sur ce patchwork minéral et végétal que représente le vallon  formé par le ruisseau le Riberal et quelques autres « correcs », le chemin amorce une descente vers le thalweg. Là, la mention forêt domaniale de Cerbère que l’on a vu sur la carte IGN prend enfin tout son sens. La garrigue ouverte laisse la place à une forêt plus compacte aux essences plus variées : pins d’Alep, pins parasols, cèdres, chênes verts et blancs, chênes lièges, aulnes, bruyères arborescentes, arbres de Judée sont les principaux arbres rencontrés. Quelques cabanes en pierres sèches encore parfaitement debout nous rappellent que l’occupation humaine et l’activité pastorale ne sont pas si anciennes que ça.  Dominé par le Serrat del Fito au sommet duquel trône la tour du Querroig, l’agréable chemin nous amène vers la Pla de les Vacas, petite clairière où l’on profitera d’une aire de pique-nique entre ombre et soleil. L’épaisse forêt s’arrête là et on retrouve désormais cette végétation de type maquis méditerranéen. Le sentier s’élève dans la Casa Cremada en suivant la configuration du cirque formé par les crêtes dominantes du Puig Juan. Les vignes ne sont pas très loin et on ne peut être que songeur du travail accompli par les viticulteurs du coin sur ces terrains ô combien hostiles. Sur des sols d’une aridité extrême et sur des pentes parfois très abruptes, les parcelles tracées au cordeau, les vignobles en espaliers et les ceps alignés comme à la parade nous laissent admiratifs. Après quelques sinuosités, la piste forestière atteint finalement le col d’Embarselo et le chemin dit « des crêtes »  au lieu-dit la Solana. Désormais le regard quitte les terres et se tourne vers la mer et les tout proches caps Peyrefite et Rederis. Il faut dire que ces deux caps me rappellent d’excellents souvenirs au temps où nous venions mon fils et moi pour des parties de pêches mémorables et nocturnes qui ne se finissaient qu’à l’aube du jour suivant. Sur ces rochers, dieu sait si nous en avons passé des nuits à la belle étoile, à pêcher mais à dormir aussi, en rêvant à des pêches miraculeuses. Les premières maisons de Cerbère sont déjà là et les souvenirs s’estompent. Les caps Canadell et Cervera effacent les caps précédents. Au milieu des superbes villas, on surveille le balisage jaune pour ne pas s’égarer dans ce dédale de ruelles. Puis le regard se pose sur l’emblématique hôtel Belvédère du Rayon Vert. Surtout habité par des dizaines de pigeons et quelques rares clients depuis que quelques appartements ont été rénovés, le vieux palace « art déco » est bien trop fantomatique et désertique pour que l’on n’ait pas un regard nostalgique sur ce bâtiment hors du commun. Le « paquebot » comme on l’appelle ici, désaffecté  en 1983 puis inscrit aux Monuments Historiques en 1987 renaît peu à peu de ses cendres grâce aux quelques chambres restaurées et à l’organisation d’activités culturelles. En franchissant la passerelle enjambant la voie ferrée, on ne peut s’empêcher de se dire qu’on aimerait bien que l’hôtel retrouve toute sa splendeur d’antan. Après quelques escaliers, on atterrit devant le wagon, la stèle et la statue en hommage aux transbordeuses (*). Ici se termine le « Chemin de la Frigoulette ». Les informations données sur le panonceau du départ sont proches de la réalité : 10,6 km, durée 3h30 et randonnée facile. J’y ajoute les 770 mètres environ de montées cumulées  pour un dénivelé de 260 mètres, le point culminant étant situé à 273 mètres peu après le Puig dels Frare. Carte IGN 2549 OT Banyuls- Col du Perthus- Côte Vermeille Top 25.  

    (*) Transbordeuses Au début du XXe siècle, les marchandises des trains qui transitent à la gare-frontière de Cerbère doivent être transbordées par des "dockers" ferroviaires. Pour les délicates oranges, le travail est confié à des femmes. Mal payées pour un travail pénible, elles se mettent en grève en 1906. C'est le premier mouvement exclusivement féminin de l'histoire. Il durera presque un an. (Extrait du site http://www.cabotages.fr/ et de la page http://www.cabotages.fr/cerbere-ou-la-greve-des-transbordeuses-d-oranges.html ) 

     

     

    Enregistrer


    votre commentaire

  • Ce diaporama est agrémenté de musiques celtiques qui ont pour titre "Celtic Dream" de Ronan Hardiman, de "The Long Road" de Mark Knopfler
    3CHATEAUXFENOUILLETIGN

    A diverses reprises, j’ai eu l’occasion au travers de ce blog, de vous emmener du côté du village de Fenouillet, ancienne « capitale médiévale » du pays Fenouillèdes, à la frontière des Pyrénées-Orientales et de l’Aude. De mémoire, il y a eu une balade au Pech de Fraissinet, une autre au Vallon d’Aigues-Bonnes et aux Gorges de Saint-Jaume et enfin, au printemps de l’an dernier, c’est le Pech des Escarabatets que je vous avais invité à gravir. Pourtant, si Fenouillet a été, à chaque fois, le point de départ de ces jolies randonnées, jamais je ne vous en avais proposé la visite. Il faut dire que Fenouillet est une commune assez étendue en surface et éclatée en divers hameaux et lieux-dits, ce qui rend sa découverte plutôt compliquée. Je vais néanmoins tenter de réparer cette lacune en vous proposant une superbe randonnée que j’ai intitulée « le circuit des trois châteaux de Fenouillet » dont le point de départ est Caudiès-de-Fenouillèdes. Vous l’aurez compris, une fois encore l’Histoire avec un grand « H » va être le fil conducteur de cette belle randonnée car il s’agit de trois vieux châteaux médiévaux.  Si l’Histoire du village vous intéresse, je vous propose d’aller voir deux sites Internet assez remarquables à ce sujet. Il  y a celui consacré à Fenouillet dans l’Histoire du Roussillon et celui de l’historien Jean Tosti. Vous y trouverez des résumés de tout ce qu’il y a à savoir sur le joli hameau et vous verrez, partir marcher vers ce lieu chargé d’Histoire est bien plus attrayant quant on le fait avec quelques connaissances historiques. Il y a d’autres sites Internet évoquant les trois châteaux et chaque fois que je l’ai pu, j’ai mis un lien vous proposant un renvoi vers un de ces derniers. Il suffit pour cela de cliquer sur le nom du château en question. Comme déjà indiqué, la balade s’effectue depuis Caudiès-de-Fenouillèdes mais si le centre du village peu éloigné peut en constituer la ligne de départ, il est tout de même préférable de partir depuis le petit oratoire Sainte Anne de Notre-Dame de Laval se trouvant en bordure de la D.9. On gagne ainsi quelques kilomètres inutiles et sans grand intérêt à l’aller et au retour. Là, devant l’oratoire, on emprunte la piste DFCI F.14 qui file vers le Domaine des Demoiselles. Peu après le pont enjambant le ruisseau de Saint-Jaume, on laisse le bitume au profit d’un petit sentier balisé en jaune qui file à droite en entrant dans les bois. Auparavant, toujours sur la droite, vous aurez sans doute remarqué, une vieille ruine perchée au sommet d’une colline. C’est le premier de nos trois châteaux dont le but était de surveiller la Vallée de la Boulzane et de protéger le Vicomté de Fenouillet des agresseurs arrivant par là mais de ceux pouvant également venir du Vallon de Fosse. Ce château, il s’appelle Castel Fizel, il daterait de 12eme siècle et est situé à 496 mètres d’altitude tout au bout d’une longue colline faite de hautes falaises blanches qu’on appelle « La Roque ». La Roque n’est qu’une toute petite partie de l’étonnant synclinal de Saint-Paul-de-Fenouillet.  Certains historiens se sont empressés de traduire Castel Fizel en « château fidèle » en se fiant au vieux « Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours comparée aux autres langues latines » de l’académicien François Just Marie Raynouard, philologue et historien français du 19me siècle. Pourtant le toponymiste Robert Aymard pense que le mot « Fizel » pourrait provenir du latin « fixus » signifiant « fixé » qu’on pourrait interpréter ici en « dressé », le Castel Fizel devenant ainsi le « château dressé ». Les avis sont donc partagés. Un peu plus haut, on retrouve la D.9  qu’on délaisse une nouvelle fois en empruntant une piste qui, cette fois, monte à gauche de la route. Un panonceau jaune indique «Voie romaine du Col del Mas » et comme ce col figure bien sur notre circuit, on est certains d’être sur le bon itinéraire. Comme on le voit, si ce secteur des Fenouillèdes a eu ses heures de gloire au Moyen âge, les romains sont également venus traîner leurs sandales par ici depuis bien longtemps déjà. Ils n’étaient pas les seuls d’ailleurs, car à ces époques bien antérieures à Jésus-Christ, les envahisseurs étaient nombreux et les peuplades arrivaient parfois de tous côtés : Ibères, Celtes, Phocéens, Grecs, Phéniciens, j’en passe et j’en oublie, sont venus dans le pays du « fenouil »  ou des « foins », là aussi les points de vue semblent divergents. Mais cette divergence s’estompe quand on sait que le Fenouil est appelé très souvent « petit foin » dans de nombreuses régions prouvant ainsi si nécessaire que l’origine latine des deux mots est commune. En effet, « feniculum » ou « foeniculum » c'est-à-dire le fenouil sont clairement les diminutifs latins de « fenum » ou « foenum » désignant le « foin ». En ce qui concerne toutes ces invasions, je vous renvoie une fois encore vers un excellent site Internet intitulé «  Fenouillèdes.free.fr - Chronologie historique de la préhistoire au XXe siècle » sur lequel vous trouverez toutes les dates des principales invasions que le pays Fenouillèdes ait connues. Mais revenons sur notre piste et notre voie romaine qui commence à s’élever et se transforme peu à peu en un véritable sentier pédestre. On laisse sur la gauche, un grand pré verdoyant qui se trouve au pied des ruines du château. On peut atteindre les ruines  de Castel Fizel par ce pré ou par d’autres itinéraires un peu plus haut, mais sachez que dans tous les cas vous serez sans doute confrontés à une végétation exubérante car les pourtours du château ne sont jamais débroussaillés. En effet, les vestiges subsistants étant considérés comme dangereux pour le public et les nombreux épineux faisant office de barbelés naturels, les autorités n’ont pas jugé utile d’en barrer l’accès. En conclusion, je vous en déconseille l’approche et vous préconise de regarder le Castel Fizel uniquement de loin. Il y aurait, parait-il, quelques vestiges de la Voie romaine, mais j’avoue  ne pas les avoir chercher non plus. En poursuivant le sentier, les sous-bois s’assombrissent car ici la végétation est plutôt abondante et en outre, les chênes verts et les buis atteignent parfois des hauteurs assez surprenantes. Toutefois, vous remarquerez aussi les nombreux murets en pierres sèches et les multiples terrasses et l’on peut donc penser à juste titre que la forêt n’a pas toujours été aussi dense et que les hommes ont, aux temps jadis, cultivé ces « serrats ». Si la déclivité est plutôt constante, elle est néanmoins assez douce et sans trop sans rendre compte, on va très facilement atteindre le point culminant de la journée à 589 mètres d’altitude. Autant dire que le reste de la balade peut être très aisément transformé en une longue flânerie et d’ailleurs, nous-mêmes n’avons pas attendu le col del Mas pour prendre à la fois un peu de repos et notre pique-nique. Il faut dire que la partie du chemin à l’aplomb du Roc Rouge est bien moins boisée et plus ouverte sur les paysages alentours. Quelques clairières fleuries de minuscules narcisses que butinent quantité de papillons sont des invitations à s’arrêter un peu pour profiter de cette nature luxuriante et des beaux panoramas s’entrouvrant magnifiquement sur la grandiose forêt de Boucheville mais vers le Bugarach aussi. Le pique-nique terminé, on continue le parcours en direction du col del Mas et l’on emprunte désormais le G.R.36 qui ici, fait la liaison entre Fosse et Fenouillet. Peu de temps après, on retrouve finalement le D.9 au col del Mas. Là, sans doute était-il embroussaillé, nous n’avons pas retrouvé le sentier surligné en rouge sur la carte IGN qui descend vers l’aire de pique-nique et le magnifique petit plan d’eau de Fenouillet, aussi avons-nous trouvé préférable de poursuivre la D.9 jusqu’au lieu-dit « Pal Ficat » puis de tourner à gauche pour retrouver l’itinéraire. Ce nom de « Pal Ficat » rappelle très étrangement ceux de produits alimentaires pour chiens et chats, mais bien sûr ça n’a rien à voir, car en occitan, un « pal » est un poteau ou un pieu, quand à « Ficat », c’est, toujours en occitan, le participe passé du verbe « ficher » dans le sens de « planter » ou d’« enfoncer ». « Pal Ficat », c’est donc le lieu ou « le poteau ou le pieu était planté ». Aujourd’hui, vous n’y décèlerez aucun pieu ni poteau et seulement quelques ruines devant lesquelles il faut passer pour se diriger vers le deuxième château, c'est-à-dire le Castel Sabarda. Bien avant d’y arriver, vous aurez sans doute profité de la fraîcheur du limpide petit étang puis de celle du chemin verdoyant et ombragé qui passe au dessus du « Camping des Randonneurs » pour se diriger ensuite vers « Lou Prat del Rey » c'est-à-dire le « Pré du roi ». Bien qu’érigé au 5eme siècle à 520 mètres d’altitude, cet édifice est le plus saisissant des trois car il est situé sur un piton rocheux plutôt réduit dont il épouse parfaitement la forme. Dans un texte médiéval de 1109, Guillaume Peire, Vicomte de Fenouillet, fait hommage au Comte de Cerdagne pour son château et son rocher fortifié de « Samardana ».Les philologues s’accordent à penser que l’évolution de l’appellation « Samardana » a finalement donné naissance au nom de « Sabarda ». Les toponymistes, eux, sont très clairement d’accord pour dire que « Sabarda » a pour origine le mot « savart » ou « sabart » signifiant une « friche » ou une « terre inculte ». Les historiens pensent qu’une première tour a d’abord été construite, puis une deuxième un peu plus tard, reliées par une courtine, mur amplement percé et ruiné que l’on voit encore aujourd’hui et qui se trouve en surplomb du hameau principal de Fenouillet qu’on appele La Vilasse. Si Castel Fizel était chargé de défendre le nord, le Castel Sabarda, lui, était très clairement chargé de protéger le sud, l’ouest et l’est mais les deux châteaux n’étaient que les bases avancées d’un système défensif principal dont le commandement se trouvait au château Saint-Pierre, dernier objectif de notre balade. Pour s’y rendre, rien de plus simple, il suffit de poursuivre le chemin et en quelques minutes, nous voilà déjà à La Vilasse. Pour monter au château vicomtal de Saint-Pierre, il faut passer à gauche de l’église Saint-André et suivre les indications. Saint-Pierre est un vaste site très ruiné qui doit sans doute son hagiotoponyme à la création d’une abbaye monastique bénédictine antérieure ou en corollaire à celle du château autorisé par le comte de Besalu, le « terrible » Bernard 1er surnommé « Taillefer » alors vicomte de Fenouillet en 1011. Parmi toutes les ruines, on peut d’ailleurs découvrir l’abside d’une ancienne chapelle.  De plus haut des ruines, on a une vue totalement circulaire sur l’ensemble des « pechs », « sarrats » et autres collines et vallons alentours : Vallon de la Boulzane, Pech de Bugarach, Gorges de Saint-Jaume, Vallon d’Aigues-Bonnes, Pech de Fraissinet, Vallon de Tulla, Col de Boire, Sarrat Naout, Vallon de Fosse, etc….autant de lieux de balades déjà expliqués dans divers de mes articles. Bien évidemment, avec ce regard embrassant ces superbes panoramas à 360°, on comprend mieux le rôle stratégique que le château Saint-Pierre a pu avoir à des époques où la guerre était le lot quasi quotidien du pays Fenouillèdes. Ici se termine la découverte de nos trois objectifs du jour mais pour autant, notre randonnée n’est pas terminée car il nous faut encore rejoindre la voiture. Alors bien sûr, si vous ne connaissez pas les Gorges de Saint-Jaume, l’épilogue de cette balade sera un bonheur supplémentaire, tant ce défilé est pittoresque et rafraîchissant.  Pour cela, il faut poursuivre la petite route bitumée qui descend vers le lieu-dit le Moulin où démarre le sentier des gorges. En réalité, ce sentier est commun à de multiples chemins et c’est par ici que passent le G.R 36, le Sentier Cathare et le Tour du Fenouillèdes. Dans la descente vers le moulin, un raccourci vous permet d’atteindre le sentier plus rapidement. Bien entendu, si vous souhaitez découvrir Fenouillet dans sa quasi intégralité, c’est également par là que vous pouvez rejoindre l’ensemble des autres hameaux ou lieux-dits à savoir le Roudouna, les Nautes, la Coume, les Bordes,  les Andrigotes et Aigues-Bonnes. Le sentier des gorges, lui, atterrit sur la D.9 à proximité de Notre-Dame de Laval. Rejoindre la voiture n’est plus qu’une simple formalité car il suffit de se diriger vers la vieille église, d’emprunter la porte de Notre-Dame de Douna Pa puis de descendre le petit chemin dit « des processions ». L’oratoire Sainte Anne est là et votre voiture aussi. Enfin la nôtre y était ! L’enregistrement « tracback » de la balade (enregistrement du tracé et d’un journal de route au cours de la marche) dans mon GPS a donné les chiffres suivants : distance accomplie 13 km200, dénivelé 247 mètres et montées cumulées 871 mètres. C’est donc une randonnée plutôt facile, réalisable en toutes saisons.  Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.


      

    Enregistrer


    votre commentaire

  • Ce diaporama est agrémenté de plusieurs versions de la magnifique musique du compositeur Max Steiner "Theme From A Summer Place" (le nom du film en français est "Ils n'ont que vingt ans") interprétée ici et successivement par Tom Conlon (guitare), Joanie Sommers (chant), Percy Faith et son orchestre (instrumental) Max Steiner (Instrumental Lounge Music), Jack Jezzro (Guitare) et Bobby Vinton (chant). 
    LES-CRETES-DE-SERRABONNE
    CRETESSERRABONNEIGN
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

    Pour quelqu’un qui comme moi s’intéresse un peu à la toponymie, c'est-à-dire à la science qui étudie les noms des lieux, le nom de « Serrabonne » signifiant la « bonne montagne », (mais il faut plutôt entendre la « belle crête ») est déjà en soit une invitation à une randonnée pédestre et à la contemplation. Alors bien sûr, si une balade pédestre aux Crêtes de Serrabonne se suffit à elle-même tant les panoramas à 360° y sont remarquables, je m’étais dit que tant qu’à y monter autant y monter pour découvrir tout ce qu’il y avait à voir. Et là bien sûr, je ne parle pas seulement des paysages naturels que l’on aperçoit de tous côtés allant du Massif du Canigou aux proches collines des Aspres en passant par les massifs du Madres et du Coronat, par les Corbières, la plaine de la Têt, par celle du Roussillon et quelques vues en sus sur les Albères, oubliant sans doute au passage quelques reliefs supplémentaires ou plus lointains. Non, outre ce chemin de ronde assez extraordinaire, il faut bien le reconnaître,  j’avais déjà depuis très longtemps entendu dire que les découvertes pouvaient y être nombreuses, très pittoresques et parfois même assez étranges. Comme toujours, je me suis aidé d’Internet pour affiner tout ça. C’est donc en ce 18 mars 2014, sous un soleil éclatant et printanier,  que j’ai démarré cette superbe randonnée du joli prieuré dont une visite à partir de Boule d’Amont a déjà été décrite dans ce blog. Mon objectif principal était de ne rien louper de tout ce que j’avais lu ou vu sur la toile et dans quelques bouquins feuilletés chez moi ou à la bibliothèque. J’étais donc paré avec en sus quelques notes dans mes poches et il ne me restait plus qu’à crapahuter vers ces crêtes pour découvrir toutes ces « choses » insolites qui m’attendaient bien sagement du côté de la Roque Rouge, du col des Arques ou du Roc de l’Amoriador. Il est 10 heures quand je gare ma voiture sur le parking du prieuré. Il n’y a pas foule et seule, un autre véhicule est déjà là. Au moment où je traverse l’esplanade déserte du prieuré pour suivre le panonceau « les crêtes, sentier de promenade »,  la réceptionniste arrive, accueillie par son chat qui, au seul bruit de son véhicule, accourt vers elle. Quelques photos du magnifique édifice roman et me voilà déjà entrain de grimper un petit sentier très rocailleux au milieu des pins, des chênes verts et des bruyères arborescentes. Le sentier est si évident que l’on oublie bien vite les marques de peintures multicolores traçant sans doute divers balisages. Quelques mètres plus haut, je retrouve les quelques roches en escaliers où, il y a quelques années, une amie s’était bêtement cassée une jambe, tibia et péroné, nécessitant ainsi un hélitreuillage d’urgence par l’hélico de la Sécurité Civile. Les paysages s’entrouvrent déjà. A l’altitude de 863 m selon mon GPS, de grandes roches plates et inclinées en surplomb d’un ravin m’arrêtent dans mon élan car j’y remarque sans peine un grand « A » gravé ainsi que des cupules et un croix peu évidente car patinée par les siècles. Est-ce des gravures rupestres ? Je ne sais pas car je ne me souviens pas avoir vu ou lu sur le Net des informations sur ces gravures-là. Quelques photos de ces trouvailles et je repars. Un peu plus haut, ce sont deux étranges tertres de pierres et de terre où rien ne pousse dessus qui attirent mon regard et me stoppent de nouveau dans mon ascension vers la crête. Buttes naturelles ou tumulus artificiels cachant un quelconque mystère ? Là aussi, rien ne transparaît de ces étranges amoncellements et mon questionnement reste entier. En tous cas, rien qui ressemble à un vieux défrichage ou à un épierrement pastoral. Ici, il n’y a pas de murets ni de terrasses et je ne comprends pas ce refus de la nature de vouloir laisser vierge ces monticules de pierres et de terre. Habituellement et selon la formule d’Aristote si souvent consacrée, « la nature a horreur du vide ».  En cherchant autour de ces tumulus, j’ai néanmoins trouvé, cachée dans les hautes bruyères, une petite cavité où je ne me suis pas trop aventuré ainsi qu’une grande pierre posée sur d’autres ressemblant très étrangement à un dolmen. Là aussi, ma carte IGN étant très muette à ce point précis et toutes mes recherches sur le Net et dans les bouquins ne m’ayant rien signalé de tels à cet endroit, l’apprenti archéologue que je suis repart des questions plein la tête. L’arrivée sur la crête et les grandioses panoramas qui s’y dévoilent, mettent un frein définitif à mes interrogations. J’enjambe une clôture et file sans tarder vers la droite en direction du Pic Ambrosi (981 m) et surtout vers celui de la Roque Rouge (1.015 m) où deux belles découvertes m’attendent. Dans la descente de la Roque Rouge, direction le Roc Grillère, c’est tout d’abord, cette très insolite et surprenante tête de dragon où à chaque instant, je m’attends à voir jaillir des flammes de son féroce naseau minéral. Moi, j’y vois une tête de dragon mais d’autres y voient la tête d’un cheval mythologique, enfin, les plus cartésiens y voient une sculpture montée de toutes pièces par quelques fantaisistes. Malgré des oreilles qui effectivement peuvent paraître un peu improbables, je préfère ne pas vérifier ce qu’il y a derrière ces supputations et rester avec mon regard de vieil enfant certains diront d'attardé mais je lui préfère le mot "candide". Néanmoins, et même si cette sculpture est mi-naturelle mi-factice, elle reste néanmoins incroyablement prodigieuse et l’on peut considérer son auteur comme un véritable artiste à la fois pour avoir eu cette idée et tant d’imagination mais aussi pour l’avoir concrétisée de manière aussi réaliste.  Peu après la tête du dragon et un peu plus bas encore, sur le replat entre les deux rocs, c’est un superbe et vieux puits à glace souterrain dans un état de conservation assez remarquable que je découvre. Si le trou d’aération sur le tertre est relativement dangereux car sans garde-fous, il s’agit, sans discussion aucune, d’un des plus beaux puits à glace qu’il m’ait été donné de découvrir, même s’il faut bien admettre que sa visite est peu évidente et demande hardiesse et prudence, la porte et le conduit menant à la chambre principale étant fort étroit et fort bas. Après ces belles découvertes, il est temps de rebrousser chemin, direction le col des Arques dont les définitions toponymiques sont bien trop multiples pour qu’on puisse ici en déterminer clairement l’origine. En effet, quand on sait que le mot « arque » du latin « arca » peut à la fois signifier une « forteresse », une « arche », un « arc architectural», un « coffre », une « caisse », une « citerne » ou bien encore une « auge », un « abreuvoir », un « ossuaire, un « caveau » ou un « cercueil », on imagine la difficulté qu’il y a à trouver un juste raisonnement dans ce lieu sommes toutes plutôt inculte et désertique. Les historiens et autres étymologistes ont donc procédé par logique et élimination pour obtenir des résultats qui ne sont que des postulats. C’est ainsi, que la présence d’un muret en pierres sèches entourant un petit dolmen ruiné dont la dalle de couverture est amplement gravée de croix et de cupules datant du néolithique a sans doute donné naissance au « Cimentiri dels Moros » ou « Cimetière des Maures ». Là aussi, par les aléas de l’accentuation ou de la prononciation, les « morts » sont-ils devenus les « Maures » ? L’Histoire ne le dit pas mais selon les légendes recueillies par Joan Amades, les « Mores » étaient également « de grands géants qui allaient par le monde, emportant leur maison avec eux : une dalle sur la tête, les deux autres sous les bras. A la nuit, pour s'abriter, il leur suffisait de s'accroupir : leur cabane était toute prête ». (extrait de Folklore - Revue d’Ethnographie méridionale- Tome XVII- 27e Année - N° 4- Hiver 1964). Comme dans de nombreux cas similaires où le « Maure » est mis en exergue, il faut rapprocher cette légende de celle de Roland, le pourfendeur des Sarrasins et des Arabes en général. Enfin, l’archéologue Jean Abélanet, grand spécialiste de la préhistoire du Roussillon a noté que tous les lieux de notre région où l’on retrouvait le patronyme « arca » semblent disposer d’un dolmen. Voilà sans doute, la meilleure des explications. Après cette jolie découverte, ma promenade sur les crêtes se termine par la visite d’un tout proche « orri effondré », dernier vestige historique certes mais bien plus récent celui-ci. Il me faut donc quitter la crête mais le plus beau des sites restant à découvrir, je prends un chemin qui part sur la gauche en direction de Camp de l’Homme Mort. Là, une barrière en empêche l’accès et sur une pancarte, je peux lire « parc à moutons, véhicules, motos et chiens interdits ». Ne me sentant aucunement concerné par ces interdits, j’ouvre la portail et m’engage sur un agréable chemin en balcon d’un vaste ravin. En réalité, si l’on regarde la carte IGN, ce n’est pas un seul mais de multiples ravins qui descendent en éventail tout au fond d’un immense vallon du nom de la « Castagnerède ». Quand au balcon lui-même, il arpente le Pla de las Eugues, c'est-à-dire "le plateau des juments".  Au regard de ce nom, on peut penser que ce lieu est propice aux rassemblements des chevaux lors de transhumances.  Si de magnifiques bouleaux blancs, des pins, des saules chargés de merveilleux chatons, quelques cuisants prunelliers et des genêts à balais jalonnent ce superbe sentier, on regrettera une fois encore que des écobuages mal maîtrisés se soient transformés en véritables incendies noircissant une ample partie des paysages. En tous cas, en arrivant par ce chemin, trouver le « fameux » Roc de l’Amoriador, vaste dalle entièrement ornée de gravures rupestres est vraiment un jeu d’enfant. Alors bien sûr, ayant lu le livre « Signes sans paroles » de Jean Abélanet, je suis moins subjugué que si j’avais découvert ce site sans cette lecture préalable mais néanmoins la fascination reste bien présente. Comment pourrait-il en être autrement en sachant que certains de nos ancêtres millénaires voire séculaires ont sans doute gravé la plupart de ces croix et sans doute aussi quelques motifs car pour de nombreux autres, je pense qu’on peut faire confiance à notre grand spécialiste de l’art rupestre quand il écrit en parlant de ce roc : « A l’évidence toutes ces gravures ne sont pas préhistoriques : une date en chiffres maladroits, 1873 ou 1813 et une autre inachevée, 181., nous rappellent qu’un certain nombre de gravures rupestres peuvent être le fait de bergers et qu’une fois patinées par quelques siècles d’exposition aux intempéries, ces gravures, qui reprennent souvent des motifs traditionnels, peuvent induire en erreur les meilleurs spécialistes. Plusieurs cruciformes du Roc de l’Amoriador, par leur technique et leur patine plus claire, doivent être d’âge préhistorique ; également, les motifs en fleuron ; quant au personnage marchant, avec son bonnet de grenadier, sa tunique à cinq boutons, son fusil à baïonnette, il évoque quelque fantassin du XVIIIe siècle ou un grenadier de l’Empire ; et, avec son sexe apparent, il constitue un excellent document d’ethnographie populaire. Comme la thématique de cette roche se démarque assez nettement de celle des autres sites rupestres catalans, nous nous interrogeons sur l’antiquité des autres motifs : la spirale…, l’oiseau et le quadrupède….,le signe en phi, le motif oculé et le signe en double arceau qu’on voit encore sur ce rocher ». Voilà la lecture que Jean Abelanet fait de ce roc et son témoignage et les quelques notes que j’ai dans une poche vont me servir à faire plus clairement la part des choses. Mais dans l’immédiat, il est l’heure de déjeuner et je m’installe confortablement sur l’herbe bien à l’abri d’une légère brise du nord qui s’est mise à souffler. Et là, salade en mains, c’est un autre grand spectacle qui débute sous mes yeux, car si l’oiseau de Jean Abelanet n’est qu’une pâle imitation d’une gravure rupestre, la vingtaine de grands volatiles qui tournoient devant moi, eux, sont bien réels, en chair, en os et en plumes. Une vingtaine de grands vautours fauves, marquage alaire pour certains d’entre eux, ont décidé d’imiter la Patrouille de France. Cette spectaculaire et « angoissante » représentation « ornithologique » va durer le temps du pique-nique et bien au-delà encore et elle ne se terminera qu’avec mon départ du Roc de l’Amoriador. Au fait « Amoriador » signifiant un « lieu frais et ombragé où l’on parque du bétail », les grands rapaces ne m’auraient-ils pas pris pour un éventuel et futur casse-croûte du style méchoui ? Peut-être, car bien que ces animaux soient souvent décrits comme uniquement nécrophages, j’ai lu qu’il n’était pas rare qu’ils s’attaquent à des troupeaux alors je suppose que s’ils ont vraiment faim…... Autant le dire, le retour vers le prieuré en passant par le col des Arques , celui de Saleig et celui de l’Aspic ne va pas être à la hauteur des multiples découvertes que j’ai faite jusqu’à présent. Seuls une vieille camionnette bleue Renault faisant office de cairn monumental va m’arrêter dans cette longue et fastidieuse descente. Comme souvent, mon numérique est là pour tenter de combler ce laborieux retour mais ici, aucune fleur nouvelle ne viendra garnir mon « herbier photographique » quant aux papillons et aux oiseaux, ils semblent avoir quasiment déserté le « Planell de la Roqueta » et c’est seulement à l’approche du prieuré que j’aurais la chance de photographier quelques oiseaux rares.  Mais je ne vais pas me plaindre,  car aujourd’hui j’ai eu mon lot d’oiseaux bien au delà de mes espérances car la photo animalière en général et ornithologique en particulier si elle requiert persévérance et patience, elle nécessite surtout d’avoir beaucoup de chance. Or aujourd’hui, de la chance, j’en ai eu beaucoup avec bien sûr les vautours fauves, mais également des rougequeues noirs à la pelle, une grive draine, un tarier pâtre, un coucou-geai, une sittelle-torchepot et un joli chardonneret. Après un épilogue assez sportif fait de petites montées et de descentes successives, j’avoue que l’arrivée au prieuré a été un vrai soulagement. Il l’a été d’autant mieux que le lieu est calme, reposant et incite à la méditation. Les tables et bancs d’une aire de pique-nique absolument déserte sont arrivés à point nommé pour prendre une collation, finissant ainsi les restes de mon casse-croûte que j’ai toujours tendance à emporter en trop grande quantité. Ce défaut étant la conséquence de multiples égarements plus ou moins gravissimes que j’ai connu dans le passé.  Il est 16h40. Arrêts inclus, je suis resté 6h30 sur les sentiers des Crêtes de Serrabonne parcourant ainsi 16 à 17 km, pour des montées cumulées de 1.120 mètres et un dénivelé de 486 mètres, le point culminant étant le Roc de l’Amoriador à 1.044 m d’altitude et le point le plus bas de cette balade étant à 558 m au fond du Correc del Vilar peu après le col d’Aspic. Une grande partie de cette balade étant peu ombragée, il est primordial d’emporter de l’eau en quantité suffisante, quant à l’équipement, les chaussures de randonnées à tiges hautes sont indispensables sur un terrain parfois caillouteux. Cartes IGN 2349 ET Massif du Canigou, 2449 OT Céret – Amélie-les-Bains- Palalda – Vallée du Tech et 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

    Enregistrer


    1 commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique