• Ce diaporama est agrémenté de 5 musiques interprétées par le célèbre groupe anglais des années 60 "The Shadows". Elles ont pour titre "Telstar", "Cavatina", "Driftin'", "Apache" et "Shadoogie".

    Les Berges de la Têt (Au bord de la Têt) depuis Les Estanyols (Bolquère)

    Les Berges de la Têt depuis Les Estanyols (Bolquère)

    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


     

    Si dans « Google recherche », vous tapez « les Berges de la Têt », il est peu probable que dans les premiers choix proposés, vous trouviez une randonnée pédestre. Et pour cause ! Il vous faudra rajouter Bolquère voire Les Estanyols, car c’est bien sur cette commune-là et de ce domaine skiable que démarre cette « Boucle Au bord de la Têt ». En venant de Mont-Louis, direction Font-Romeu, les Estanyols est le nom d’un petit lieu-dit marécageux situé à gauche de la D.618, à environ un kilomètre avant l’entrée de Bolquère. Notre ligne de départ, elle,  est à droite. Il y a un vaste parking, mais surtout un domaine forestier tout spécialement réservé aux sports de plein air que sont  la randonnée pédestre, le ski nordique et les raquettes, et ce même si en été on y rencontre bien sûr des trailers et des vététistes. Quand au crottin de cheval que l’on trouve régulièrement sur les pistes, il me laisse imaginer que l’équitation est également pratiquée, et ce malgré les quelques chevaux errants que j’ai pu apercevoir dans la forêt au cours de cette boucle.  Dès le départ, les renseignements, la direction  et le ton sont donnés : Boucle PR. 63 - Au bord de la Têt – 10 km - +220 m de dénivelé – 3 h – difficulté facile. La piste à emprunter est évidente et conjointe avec une autre boucle plus courte intitulée « le Sentier de la Transhumance ». Il y a également sur la carte une variante à cet itinéraire avec un tronçon intitulé le « Cami dels Capcinesos ». Il s’agit de l’ancien « Chemin des Capcinois », dont l’histoire de la Cerdagne nos apprend qu’il partait d’Eyne et remontait la Vallée de la Têt, portait au Moyen-Âge les noms de Strata Francisca Superior ou Via Redesa ou voie du Razès (*), mais j’avoue ne pas avoir emprunté ce tronçon, préférant la piste. C’est avec un autre groupe de randonneurs plutôt bruyants que nous démarrons cette jolie balade forestière. Nos godillots sur la piste terreuse mais surtout cette cacophonie font s’envoler une belle volée de pinsons picorant au milieu du chemin. Ils disparaissent dans les sapins mais quelques-uns restent photographiables. Cet arrêt photo a eu un double avantage : j’ai réussi de belles photos de plusieurs volatiles et nous avons été largué par le groupe « tapageur » et marchons désormais dans le silence de cette forêt communale de Bolquère. Quelques fleurs, de nombreux papillons pas toujours faciles à photographier à cause d’une petite brise, la suite du parcours vers la Têt est « naturellement » passionnante pour moi. Les carrefours de pistes et le balisage « Berges de le Têt » n’étant pas toujours bien présents, voilà  les seules gênes à cette flânerie plutôt paisible. Je résous ces problèmes avec l’application « IphiGénie » que j’ai récemment téléchargée sur mon smartphone. Moyennant un petit abonnement forfaitaire annuel, cette application situe instantanément votre position sur la carte IGN appropriée. Il suffit de savoir lire une carte et se diriger devient un jeu d’enfants. Après avoir traversé plusieurs jolies clairières, celle de la Cabane de la Jaca del Pas se présente. A cet endroit, quelques petits marécages et des tourbières sont les premiers signes lacustres de la Têt toute proche. Quand le fleuve se dévoile, il s’agit ici d’une modeste rivière d’une dizaine de mètres de large, d’une profondeur de quelques centimètres seulement où l’inclinaison du terrain et le débit de son courant engendrent une petit frise de surface. Il va en être ainsi jusqu’au Pla de Barrès et seuls les derniers paramètres ; pente et courant ;  modifient la vision que l’on a du fleuve, parfois miroir, parfois torrent. Le sentier longe constamment la rive droite. Il est donc facile à suivre et si des panonceaux sont encore là, seules les distances sont intéressantes : « Pla de Barrès par les Berges de la Têt -3,2 km – 0h50 ». Une rivière paisible ou pas, de nombreuses fleurs, des oiseaux constamment bien présents, toujours des papillons, quelques libellules en plus, une belle métairie perchée au sommet d’une butte rocailleuse sur la rive gauche ; du nom de la Borda sur la carte IGN ; un décor de sombres forêts autour de prairies, aucune déclivité,  tout est en place pour prendre beaucoup de plaisir à flâner mais aussi à s’arrêter très souvent pour observer cette Nature parfois indolente parfois plus sauvage. On s’arrête aussi quand une prairie nous offre de nombreux animaux ; chevaux et bovins ; entrain de pâturer, de ruminer ou de gambader.  Car si la forêt est omniprésente, il suffit de jeter un coup d’œil sur la carte IGN pour s’apercevoir que l’élevage et le pastoralisme ont toujours été très présents dans ce secteur et à commencer par cette vaste zone où l’on va tourner autour et qui s’appelle El Rasteller, c'est-à-dire Le Râtelier. Râtelier à animaux certainement ! Sinon on trouve aussi  El Corral (le Coral),  Els Abeuradors (les Abreuvoirs), la Prada (la Prairie), la Jaça del Pas (la Jasse du Passage), la Pleta Vella (la Bergerie Vieille), le Clot Fondo (l’Enclos Fondo).  A l’approche du Pla de Barrès, les touristes et baladeurs se font plus nombreux. Certains s’égayent dans la fraîche rivière, d’autres font « bronzette » sur ses berges. Dans tous les cas, et y compris pour nous, la Têt est la cible de tous les regards, de toutes les distractions et de toutes les activités. Parmi ces dernières, et au regard du nombre de personnes qui le pratiquent, le pique-nique semble faire partie des préférées. L’heure s’y prête. L’arrivée au Pla de Barrès et à son camping est synonyme de retour à la civilisation. Elle se présente sous les traits de nombreux campeurs où tous les moyens de campements se côtoient : tentes de toutes tailles, caravanes, vans mais surtout camping-cars en grand nombre. Par bonheur, l’itinéraire s’en éloigne, longe encore un peu la rivière puis un nouveau panonceau indiquant « Parking des Estanyols – 2,4 km -0h55 » met fin définitivement à cette superbe déambulation fluviale. Automatiquement et en quittant la Têt, cette fin de boucle devient essentiellement forestière et un peu plus monotone. Avec moins de flore et moins de faune, nos foulées se font naturellement plus rapides. De ce fait, le parking des Estanyols arrive bien plus vite que je ne le voudrais, car je finis toujours mes balades avec ce sentiment d’être passé à côté de quelque chose d’important. Ce sentiment est consécutif au fait que la photographie naturaliste comme je la pratique ; c’est-à-dire au jugé, et parfois même « à l’emporte-pièce » ; est souvent sujette à de nombreux ratés. Cette balade a été longue de 8,2 km pour des montées cumulées de 126 m et un très modeste dénivelé de 85 m. Le point le plus haut étant peu après la ligne de départ à 1.734 m et le point le plus bas à 1.649 m au bord de la Têt. Il faut rajouter qu'en hiver cette superbe balade peut s'effectuer en raquettes. Cartes  IGN 2249 ET Font-Romeu – Capcir et 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.

    (*) Cami dels Capcinesos : extrait du livre d’Henry Aragon « Petite Histoire des Stations thermales et climatiques de la Cerdagne », paragraphe consacré à SuperBolquère pages 65 et 66. Voici le lien.

     

     

    ..

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    3 commentaires
  • Toujours en hommage à Ennio Morricone, ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "Presentimento secondo", "Un Amico", "Tema di Ada", "Canone inverso primo", "Il Figlio E La Nostalgia" et "Notte Di Nozze".

    Les Gorges du Sègre depuis Llo

    Les Gorges du Sègre depuis Llo

    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


     

    En ce 13 juillet, nous avions décidé de partir en Cerdagne, et plus particulièrement dans le village de Llo que nous ne connaissions pas. Si le village est bien connu pour ses bains aux eaux chaudes sulfureuses, et bien que nous ne les avions pas totalement exclues, là n’était pas notre objectif premier. Non, nous visions plutôt « Les Gorges du Sègre », petite randonnée en boucle que j’avais découvert sur le topo-guide « Les Sentiers d’Emilie en Cerdagne et Capcir ». Si je dis « petite randonnée », c’est parce que le bouquin en indiquait les humbles caractéristiques de la manière suivante : « vous marcherez 2 h en tout ». Aucune distance n’était mentionnée mais on se disait que même en flânant beaucoup ; comme c’est souvent notre habitude ; nous y consacrerions qu’une petite partie de l’après-midi et ce, même en terminant par une visite du village à laquelle nous tenions beaucoup. Dans ce joli mais modeste dessein que nous envisagions, seules des prévisions météo mitigées nous laissaient perplexes quant aux nombres de  découvertes que nous pourrions réalisées. 9h, nous  quittons Urbanya, direction la Cerdagne. Il est 11 heures quand nous rangeons notre voiture sur le long parking à l’entrée du village. Comme prévu, le ciel est très mitigé. Si sous nos têtes le ciel est encore bien bleu, vers le nord, une impressionnante chape nuageuse coiffe l’horizon. Petit problème, on voit clairement que cette chape vient doucement vers Llo, c’est-à-dire vers nous. Que faire ? Il est encore tôt pour pique-niquer et avec un ciel risquant de devenir menaçant, peut-être est-il déjà trop tard pour se lancer dans « les Gorges du Sègre » ? Finalement, juste à côté du parking, un couple qui s’affaire autour d’un bassin,  d’un petit canal et d‘un potager nous intrigue puis nous distrait tellement que nous allons passer presque une heure à les observer. Mais que font-ils autour de ce bassin ? Sont-ils des aquaculteurs ? Élèvent-ils des truites comme le lieu pourrait nous le laisser supposer ? Non, le petit canal alimente le bassin et le potager et dans le bassin, il s’agit d’inattendus poissons rouges ! Le terrain leur appartient et le couple parait enjoué par ce bassin qu’ils ont creusé à la sueur de leur front. Ayant eu des bassins avec des poissons rouges et des carpes koï une grande partie de ma vie, je comprends leur engouement. Quand au potager, je connais le plaisir qu'il y a à voir pousser ses propres légumes, à les cueillir puis à s'en régaler. La conversation s’est installée et nous décidons de pique-niquer sur un petit muret qui jouxte le joli potager. L’endroit me convient d’autant mieux que quelques oiseaux sont de passages et s’arrêtent sur les arbres du parking. Je m’empresse de les photographier. Finalement, si les nuages entourent le village, le ciel n’est pas vraiment menaçant. Nous décidons de démarrer la balade prévue.  Il est presque midi. Malgré le coronavirus qui sévit encore, les touristes sont nombreux. Par bonheur, ils s’éparpillent vers des centres d’intérêts bien divers : bains, village, randonnées, simples promenades, pique-niques et peut-être même une via ferrata dont j’ignore si elle fonctionne. Notre itinéraire file vers les thermes aux bains chauds que le chemin laisse sur la droite. De ce chemin, on va seulement regretter qu’il soit trop longuement asphalté, mais pour tout le reste, rien à redire, c’est superbe. Dany oublie l’asphalte en marchant d’un bon pas. Moi, je l’oublie grâce à tout ce qu’il y a à photographier. Flore surtout mais aussi un peu de faune sous les traits de quelques papillons et de rares oiseaux. Bien trop fougueux, le Sègre (*) ne laisse que peu d’opportunités d’y déceler un animal. Pourtant, je réussis à y photographier un pic épeiche dans la végétation de son lit puis un autre passereau que je n’arrive pas à identifier sur l’instant. Il s’agit d’un accenteur mouchet mais la photo n'est pas géniale. Pas vraiment des animaux aquatiques mais dès le départ, j’ai photographié une jolie libellule dans un petit ruisseau affluent du Sègre. Ça sera la seule. Les papillons, eux, sont constamment bien présents. Comme toujours et parce que nos manières de marcher sont bien différentes, Dany est la plus frustrée, car elle est obligée de s’arrêter et de m’attendre. Elle « roumègue » un peu car elle préfère un rythme plus soutenu, mais pas trop car elle sait qu’aujourd’hui rien ne presse. Les gorges que le Sègre a creusées sont incroyablement hautes et impressionnantes et quand on les regarde au plus haut vers le ciel, elles forment comme un corridor céleste où des vautours fauves planent sans relâche. Avec leur envergure impressionnante et le façon de planer sans effort, ils semblent être les anges gardiens de ce couloir aérien. Sur la gauche, de hautes falaises aux roches acérées sont visibles alors que sur la droite on ne distingue qu’une épaisse forêt. Pourtant, un petit coup d’œil sur mon bout de carte IGN me permet d’y lire que le lieu-dit sur la gauche a pour nom « Roques Blanques », c'est-à-dire « Roches Blanches ». Cette dénomination, nous la comprendrons quand nous serons plus haut en altitude et en voyant ces roches blanches (enfin plutôt grises sous ce ciel gris !) et puis surtout en s’intéressant à la géologie de Llo dont Wikipédia nous dit qu’elle est « particulièrement riche » avec notamment du « calcaire, roche assez exceptionnelle en Cerdagne française ». Il faut savoir que ce secteur est surtout schisteuxDans cette géologie inhabituelle de Cerdagne, les émergences d’eaux souterraines sont nombreuses et celles qui jaillissent de la Fontaine de la Cayelle ont été remarquées depuis très longtemps. Cette fontaine est mentionnée à juste titre dans bons nombres d’ouvrages du 19eme siècle. Au titre d’un seul exemple ; mais il y en a bien d’autres ; voilà ce que l’on dit d’elle dans un livre de 1836 « Merveilles et beautés de la Nature en France » de Georges Bernard Depping : «  la Fontaine de Cayelle, qui s’accroît tous les jours une demi-heure et diminue ensuite, jaillit sur la montagne de Llo en Cerdagne. Cette crue journalière est toujours précédée d’un bruit souterrain plus distinct en été qu’en hiver ». Quand la fontaine se présente ; enfin je pense qu’il s’agit bien de celle-là ;  son écoulement est modeste et sans aucun bruit particulier. Apparemment, nous ne sommes pas dans la bonne demi-heure et il ne nous paraît pas opportun de l’attendre. Nous continuons. La pluie se met à tomber à l’instant même où sur la gauche, les parois rocheuses disparaissent pour laisser la place à de vertes prairies. Une bâtisse apparaît en son centre. C’est le bien nommé « Mas Patures » sur mon bout de carte mais « Paturas » sur les panonceaux et sur mon topo-guide. Par bonheur, la pluie ne dure pas mais un superbe arc-en-ciel vient chamarrer les décors.  Peu de temps après, une intersection puis une passerelle enjambant le torrent se présentent. Il faut ignorer cette dernière et lui préférer l’intersection en épingle à cheveux filant à gauche. Des panonceaux indicatifs rassurent les randonneurs. L’itinéraire longeant le Sègre se termine ici et celui des « Gorges du Sègre » file vers le Mas Paturas. Sur le topo-guide « Les Sentiers d’Emilie en Cerdagne et Capcir », il est indiqué « que la superbe bâtisse…..sera prétexte à une halte gourmande où vous pourrez déguster produits de la ferme et fromages de chèvre »,  alors bien évidemment nous sommes très surpris de n’apercevoir aucun panneau vantant ces produits du terroir. Non, il n’y a absolument rien ! Pas de pancartes d’accueil et pas âme qui vive. Alors bien sûr, ces absences ne sont pas des incitations à se diriger dans une habitation isolée, déserte et pas vraiment hospitalière de prime abord, et ce d’autant que le chemin se sépare en deux et celui conseillé pour Llo passe juste en dessous de la jolie ferme. Il faut se rendre à l’évidence, soit ces fermiers ne veulent pas être dérangés soit ils ne veulent pas de clients trop timorés. Nous le sommes. Nous continuons notre chemin, juste surpris par un chat qui détale des buissons une musaraigne entre les dents et des moutons très groupés qui broutent en contrebas. Le sentier s’élève en douceur mais magnifiquement au dessus de la vallée. On ne peut que regretter ce temps maussade. Toujours de plus en plus de fleurs et de papillons à photographier. Quelques oiseaux sont présents mais le plus souvent « inphotographiables » car trop remuants. Réussir une belle photo d'un volatile devient jubilatoire. Je jubile par intermittence. Un premier col rocheux se présente offrant à la fois une autre vision de cette géologie remarquablement saillante et déchiquetée mais aussi une belle vue sur la Vallée du Sègre et l’éperon rocheux où l’on distingue la vieille chapelle ruinée de Saint-Féliu de Castellvell de Llo. L’intersection menant à l’édifice religieux est vite là,  mais, une pluie fine reprenant du service, Dany préfère « jeter l’éponge » et poursuivre vers l’arrivée. J’y file tout seul sous ce petit crachin, mais là ô miracle quand je passe la porte de la vieille église, au dessus de laquelle trône la statue de Saint-Félix, la pluie s’arrête soudain et des bouts de ciel bleu apparaissent.  Peu après, il ne pleuvra plus. Dans l’immédiat, j’en profite pour photographier la chapelle sous tous ses angles, et comme sur ce piton rocheux du nom d’El Lladre, la faune et la flore sont également bien présentes, je m’y éternise plus qu’il ne faut. Haut-lieu de l'archéologie, je n'y trouve qu'une roche gravée d'une cupule, mais à vrai dire je ne cherche rien de préhistorique car c'est l'instant présent et la Nature qui m'intéressent. Oui, pas de doute, pour les oiseaux et les papillons que je poursuis sans cesse de mes passions, je suis ce Lladre catalan, c'est-à-dire en français ce « bandit de grands chemins ». Si le retour vers Llo est encore propice à la photographie naturaliste, la descente est suffisamment caillouteuse et scabreuse pour ne pas se consacrer qu’à ça. Cette pente réclame lenteur et prudence, ce qui ne fait pas le bonheur de Dany qui m’y attend à son extrémité. Le temps d’un petit en-cas et nous terminons par une belle visite de Llo, sa tour del Vacaro que l'on observe de loin, mais dans le contraste d'un étonnant ciel bleu, les vestiges de son château, ses jolies venelles mais regrettons que son église Saint-Fructueux soit close. Et dire que les dictionnaires donnent de ce « saint-là », ou plutôt de ce « mot-là », les définitions suivantes : « Qui donne des fruits. Qui procure un grand profit, un avantage, Qui donne un résultat utile ; fécond ». Tu parles ! Alors que le sentier d’Emilie donne comme sous-titre à cette balade « Au rendez-vous des sorcières », n’est-ce pas plutôt «Au rendez-vous manqués ? ». Non, nous n’avons pas vu de sorcières ! Non, nous n’avons pas goûté « aux fruits » de l’église Saint-Fructueux ; apparemment en cours de restauration ; pas plus qu’à ceux du Mas Paturas. Néanmoins, soyons honnêtes ! Nous avons pris un grand plaisir à marcher et à découvrir, et comme c'était le but recherché, nous ne faisons pas la fine bouche, même s'il est humain d'en vouloir toujours plus ! Cette balade, visites de Saint-Féliu et du village incluses, a été longue de 6,6 km. Les montées cumulées sont de 506 m. Le dénivelé est de 236 m entre le point le plus bas à 1.381 m à bas du parking et le premier collet juste après le Mas Paturas à 1.617 m. Carte IGN 2250ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25

     

    (*) Le Sègre : Vous trouverez sur Internet bons nombres d'informations intéressantes concernant la rivière Sègre. En voilà une que j'ai trouvée au cours de mes recherches. Elle a pour auteur, le célèbre journaliste et éditeur Adolphe Joanne, également président du Club Alpin Français pendant quelques années. Cette description très complète est extraite de sa « Géographie des Pyrénées-Orientales » de 1879 :  « La Sègre prend sa source au nord-ouest du Pic de Sègre, par plusieurs bras qui, en se réunissant, forment dès l'origine une rivière importante. Près de là est la fontaine intermittente de Cayelle. La Sègre suit d'abord la direction du nord-ouest, et, jusqu'à son débouché dans la plaine de la Cerdagne, coule profondément encaissée dans une gorge. Elle laisse à droite Llo, traverse, de l'est à l'ouest, une fertile plaine, couverte de champs de céréales et de gras pâturages, traverse Saillagouse, reçoit, à droite, la rivière d'Eyne, qui descend de l'étroite et pittoresque vallée d'Eyne, et passe à Eyne et à Estavar. Elle traverse, du nord-est au sud-ouest, l'enclave espagnole de Llivia, où elle recueille les eaux de l'Err, en sort au dessus de Caldegas, et quitte la France à Bourg Madame, au confluent de la Raour, rivière qui passe à Angoustrine et à Ur. Elle contourne, à droite , Puycerda, reçoit à gauche la Vanera, puis à droite , l'Aravo ,le plus fort de ses affluents français. Ainsi grossie, elle laisse à gauche Sanavastre , passe entre Isobol et Asonso , baigne à gauche les murs de la ville de Bellver . Après avoir reçu des deux côtés un grand nombre de petits affluents , elle traverse Martinet, où elle se grossit de la Llosa . Elle se dirige alors sensiblement vers le sud , passe au -dessous de la ville importante de la Seo d'Urgell, au delà de laquelle elle reçoit, à droite, l' Enbalire, et, après s'être grossie de la Noguera Pallaresa , de la Noguera Ribagorzana et de la Cinca , elle se jette dans l'Ebre au-dessous de Mequinenza, après un parcours de 300 kilomètres . L Èbre et la Sègre ainsi réunis vont se jeter dans la Méditerranée par plusieurs bouches au port du Fangal, bien au sud de Tarragone, après un parcours de 150 kilomètres à partir de leur confluent. » Vous noterez que Joanne emploie essentiellement le féminin alors que de nos jours on écrit "Le Sègre" et non pas "La Sègre". 

     


    4 commentaires
  •  

     Ce diaporama est agrémenté de 6 musiques d'Ennio Morricone extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "Giovanna & Féderico", "Forse Basta", "Presentimento secondo", "Un Amico (from Revolver)", "Tema Di Ada" et "Canone Inverso Primo".

    Le Circuit de la Tirounère depuis Saint-Paul-de-Fenouillet

    Le Circuit de la Tirounère depuis Saint-Paul-de-Fenouillet 

    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


     

    En été, quand la canicule règne mais que l’envie de randonner est toujours là, il y a deux manières d’aller à la recherche de la fraîcheur. Il y a celle consistant à monter en altitude ou bien celle résidant à trouver un point d’eau. C’est cette deuxième solution que j’avais choisie en allant vers le lieu-dit La Tirounère (*) à partir de Saint-Paul-de Fenouillet. La Tirounère est une résurgence d’eau souterraine située au fond de la rivière Agly à la sortie des Gorges de Galamus. Dans son livre « Les eaux souterraines des Pyrénées-Catalanes », le très éminent hydrologiste Henri Salvayre la décrit ainsi : « La résurgence de la Tirounère l'une des plus importantes « sources » après Font Estramar, jaillit dans le lit de l’Agly, sur sa rive droite en amont de St - Paul - de – Fenouillet ».  Haut-lieu de la spéléologie subaquatique, elle a été explorée par le célèbre spéléologue Robert de Joly en 1934 et depuis elle constitue un lieu très prisé pour tous les fanas de cette discipline. Depuis sa découverte, elle a été captée et fournit ainsi en eau potable une partie de la commune de Saint-Paul. Ses eaux se mélangeant à celle de l’Agly, vous avez déjà compris que mon but n’était pas d’aller faire de la spéléologie ;  j’en serais bien incapable ;  mais plus simplement une jolie balade et puis surtout d’en profiter très largement pour me rafraîchir. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de braver quelques interdictions. En effet, il faut savoir que La  Tirounère a été pendant quelques années un passage obligé sur les sentiers de Grandes de Randonnées que sont le Tour des Fenouillèdes, le GR.36 et le Sentier Cathare. Une passerelle métallique enjambant la rivière Agly en permettait le passage sans être dans l’obligation de se mouiller les pieds voire les jambes et au pire de prendre un bain. Malheureusement, en novembre 2014, elle a été emportée par des crues historiques qui atteignirent leur apogée les 29 et 30. Un projet de reconstruction est dans les cartons depuis plusieurs années mais apparemment un budget de financement manque à l’appel. Le passage par ce lieu est en principe interdit même si en été franchir à gué les  4 à 5 mètres de largeur de la rivière est très facile.  Voilà pour la présentation. Mon circuit démarre de la rue de la Paychere (**) où, parce que je suis seul, je réussis à garer ma voiture contre le mur d’une villa. De ces hauts murs, croulent des oranges et des trompettes rouges d’une jolie plante que l’on appelle bignone. Tout autour, c’est déjà un peu la campagne avec des meules de foin, des champs de luzernes et des vignobles. De la cité, je n’aperçois que les toitures et bien évidemment les monuments les plus hauts que sont le Chapître et le clocher de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul. Parce que je suis là aussi pour photographier la Nature, d‘emblée la chance est avec moi. Elle se présente sous les traits d’une minuscule vipère qui traverse la ruelle, de chardonnerets élégants car joliment colorés, d’une tarente se chauffant au soleil et de petits papillons. A cause de la saison et de la chaleur qui règne, la flore est rare voire déjà bien fanée. Néanmoins, je trouve quelques fleurs à immortaliser. Plus rien de notable jusqu’à un passage à niveau où circule le train rouge du Pays Cathare et du Fenouillèdes. Quand le train rouge passe, je suis déjà à plus de 200 m de la voie ferrée  et près d’un chenil où une meute de chiens de chasse vocifère aux moindres bruits de mes pas. Avec la chaleur qui règne, je comprends leur exaspération à être enfermés dans des baraques de tôles et de planches entourées de grillages. Quel être vivant accepterait de vivre dans des conditions si indignes ? J’apprécie ma liberté, et ce, d’autant plus après la période obligée de confinement que nous venons de vivre. Si les vignobles restent présents, la garrigue prend de plus en plus de place au rythme de mes pas. Les yeux aux aguets de tout ce qui pourrait se présenter, j’erre de droite à gauche sur ce chemin pourtant quasiment rectiligne, flânant comme jamais, mais avec ce sentiment de liberté que l’expression « prendre la clé des champs » reflète parfaitement. D’ailleurs, un coup d’œil sur mon bout de carte IGN vient magnifiquement me confirmer cette métaphore car le lieu-dit que je traverse s’appelle le Cami de Camps, c’est-à-dire le Chemin des Champs.  Les papillons se font plus présents mais leur petite taille semble inversement proportionnelle à la grande aridité des lieux. Pour l’avoir lu, je sais que les variations de taille voire de coloris chez les lépidoptères peuvent être fonction du climat, de la saisonnalité et de l’altitude. Ici le milieu plutôt sec semble être l’élément déterminant.  Seuls les Machaons et les Flambés, plutôt nombreux, semblent avoir une taille à peu près normale. Mon assiduité à photographier la faune me distrait au point d’en oublier que j’ai un itinéraire à suivre et voilà comment sur un simple aller retour, je fais un kilomètre de mieux ! Je reviens sur mes pas sans trop ronchonner car cet égarement m’a permis de photographier une remuante fauvette et un joli serin. Dans la garrigue, quelques rares pins, parsemés de-ci delà, sont les prémices des pinèdes de pins d’Alep qui ne tardent pas à arriver. Elles se succèdent au fil des premières vrais déclivités, déclivités qui prennent la forme de petites montagnes russes, le terme de « montagne » étant ici très exagéré, le mot « butte » étant plus approprié. Ces collines boisées sont le siège d’innombrables « cicadidés », c’est-à-dire des cigales, toujours très difficiles à photographier. Il faut une bonne vue pour arriver à les repérer sur les arbres où leur immobilité et leur mimétisme sont d’excellents camouflages, et puis surtout dès que l’on approche, elles s’arrêtent de chanter, démultipliant ainsi  la difficulté. Une fois de plus, il me faudra beaucoup de chance et surtout patienter avant de réussir une seule photo d’une unique cigale, et encore parce qu’une d’entre-elles a bien voulu s’envoler et se poser à quelques mètres de moi. Pourtant quel que soit le biotope le tintamarre qu’elles engendrent est extrême et il n’est entrecoupé que par les « tut tut tut » du petit train rouge que l’on entend de temps à autre dans le lointain désormais A l’approche du col de Lenti, la végétation change encore. Si les pins ne disparaissent pas totalement, c’est un maquis méditerranéen qui les supplante avec de nombreux arbustes. Chênes verts, arbousiers, cistes, bruyères arborescentes, filaires et redouls en constituent l’essentiel. Dans ces petits sous-bois, de larges fenêtres s’ouvrent de temps en temps sur d’abruptes collines de calcaire. Ces collines sont bien connues des passionnés de la varappe qui trouvent là des terrains de jeux d’une remarquable dimension, même si dans les Gorges de Galamus et à cause des chutes de pierres, cette activité est interdite car incompatible avec le canyoning  Dans ce décor karstique, la rivière Agly a creusé une belle échancrure dont les deux grosses bosses latérales ressemblent au dos d’un chameau géant : les Gorges de Galamus. C’est vers là-bas que je dois aller. Au col de Lenti (382 m), les panneaux directionnels et les intersections se succèdent sur quelques mètres et j’avoue que pendant un court instant, j’en suis à me demander quelle direction prendre vers la droite ? Pourtant, je suis passé ici en 2011 lors d’un mémorable Tour du Pays Fenouillèdes avec mon fils mais nous venions de Caudiès et allions à Saint-Paul. C’était simple car bien indiqué. J’en emprunte un petit tronçon, juste pour le plaisir de m’élever et de profiter ainsi de quelques panoramas. Reste à trouver le chemin de la Tirounère ? Mon GPS vient m’aider et finalement c’est bien le premier sentier descendant vers la droite qu’il me faut emprunter, même si un panneau mentionne et avertit du détournement consécutif à la destruction de la passerelle de La Tirounère. Après un étroit sentier tout en descente, un large chemin prend le relais. Une nouvelle fois, non loin du lieu-dit Borde del Rey, mon passage engendre les aboiements de quelques chiens que je pense séquestrés dans un chenil. En réalité, je me retrouve avec 4 chiens hurlant derrière moi, babines retroussées et crocs pointus bien visibles et de ce fait, peu engageants. Je cache mon bâton de marche dans mon dos, leur fais face mais n’en mène pas large. Finalement, ils doivent constater que je ne suis pas un sanglier, ils arrêtent très vite leurs hurlements et sur les quatre, trois repartent immédiatement dans le chenil. Le quatrième, un joli chien noir aux oreilles semi-tombantes reste tout seul puis pas du tout agressif et peu farouche semble vouloir me suivre. Alors que j’avance une main pour le caresser, il détale et disparaît. Ouf ! Je respire. Un semblant de silence revient car ici les cigales paraissent moins présentes. La route bitumée descendant vers la Tirounère se présente et dès lors je sais que mon objectif n’est plus très loin. Quelques centaines de mètres et il apparaît. De prime abord sous les traits d’une barrière avec la mention « propriété privée – défense d’entrer », barrière facile à franchir derrière laquelle se poursuit une grande allée bordée de vieux cèdres. Que faire ? Deux voitures sont garées à proximité de l’entrée. A gauche de la barrière, une pancarte annonçant "Un Sentier du Charbonnier" m'incite à la photographier, et ce, afin de l'inscrire sur mes tablettes. Sait-on jamais ! Sur ma droite et en contrebas, j’entends déjà le murmure de la rivière mais j’entends également des voix qui montent jusqu’à moi. Je ne vois pas d’autre issue alors je passe outre l’interdiction. Le lieu-dit La Tirounère est là comme l’indique un panneau de randonnée directionnel. Une longue bâtisse affiche une enseigne « Oxygen Aventure ». Un couple et 2 enfants sont assis autour d’une table de pique-nique mais sont sur le point de partir. Ils partiront peu après. Je me retrouve seul même si en aval j’entends encore quelques voix. Je visite en détail cette berge-là puis me décide à traverser la rivière sur une gravière. Au milieu de la rivière, j’ai de l’eau à hauteur du genou et la profondeur est donc d’environ 50 cm. Sur les galets moussus, ma seule crainte est de glisser avec mon appareil-photo, alors je m’aide de mon bâton de marche. Finalement, or mis cette appréhension, la traversée est simple et sans véritable risque, or mis celui de se retrouver le cul dans l’eau. Qu’en est-il en hiver ? Je ne sais pas. De toute manière, venir ici en hiver ne présente aucun intérêt. Je ne peux donc que vous le déconseiller. Je passe presque 2 heures sur cette rive, pique-niquant, visitant les lieux dans le moindre détail, me baignant à plusieurs reprises, me reposant et profitant de la fraîcheur ambiante et m’évertuant à photographier une faune variée. Elle est bien présente avec des insectes aquatiques, des libellules, des papillons, des lézards et quelques oiseaux dont les plus visibles sont des Bergeronnettes des ruisseaux et des Merles. Mais j’aperçois aussi des Bergeronnettes grises, des pinsons et une fauvette. Concernant le lieu lui-même, nul besoin d’être un spécialiste du captage de l’eau pour comprendre qu’il a été amplement aménagé pour ce faire. Un bac bétonné est suivi d’un seuil formé d’une petite chicane, le tout permettant de casser les éventuels débits trop importants de la rivière. La chicane forme une jolie petite cascade. L’ensemble est bien agencé avec des pare-fous, des échelles et un canal d’irrigation qui file parallèle à la rivière. La roche a été creusée et forme ainsi de petits tunnels où l’eau et les hommes peuvent circuler. C’est d’ailleurs par-là que je quitte les lieux, filant vers le lieu-dit Borde-Massé mais surtout préférant cette ligne droite rejoignant un large chemin plutôt que le sentier balisé des G.R qui se poursuit vers les hauteurs. Là aussi, j’enfreins quelques interdictions mais les endroits sont déserts, les champs en jachère et les quelques bâtis le plus souvent en ruines. Je retrouve le balisage du Tour du Fenouillèdes un peu plus loin et comme ce chemin est quasiment unique car parallèle à l’Agly, son cheminement est très simple. Dans ce cheminement m’amenant vers Saint-Paul, seuls quelques nouveaux oiseaux et de rares fleurs que je veux photographier s’allient à mon désir de prolonger au maximum cette belle journée. Saint-Paul est là, avec sa gare et son pittoresque petit train rouge filant vers d'autres bourgades. C’est sur cette jolie image de voyage que se termine mon propre voyage.  Quand je me le remémore, j’ai comme le sentiment d’avoir feuilleté un joli livre de sciences naturelles que j’ai beaucoup aimé. Cette balade a été longue de 9,300 km (égarements volontaires ou pas) pour des montées cumulées de 314 m et un dénivelé de 127m. Saint-Paul de Fenouillet à 255 m d’altitude est le point le plus bas et le col de Lenti (382 m) le plus haut. Carte IGN 2348 ET Prades - Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

    (*) Toponymie du nom "Tirounère" : Faut-il que je l'avoue, je n'ai rien trouvé sur Internet expliquant le nom "Tirounère", mais finissant par "ère", on peut seulement imaginer qu'il ait été mis au féminin. J'ai donc chercher avec "tiroun" et là,  j'ai constaté que ce nom apparaissait régulièrement dans la toponymie pyrénéenne et provençale. C'est ainsi que dans les Pyrénées, nous trouvons un "Tiroun de la Croux", un "Tiroun des Sorcières", un "Tiroun dès Oueilles", un "Tiroun Gran", un "Cap des Tirouns", une "Cabane du Tiroun, un lieu-dit "Tiroun" à Loubens en Ariège et des "Tirouns" parcelles cadastrales dans la commune de Bourréac dans les Hautes-Pyrénées. Si ces trouvailles ne m'ont guère plus avancé, Louis Saudinos dans son ouvrage "La toponymie du canton de Bagnères-de-Luchon" nous apprend qu'un "tiroun" peut-être tout à la fois un "mamelon rocheux", un "dôme", une "émergence ronde" mais aussi "un lac sert de bornage aux communes de Cirès, de Cathervielle et de Caubous". Ce lac est-il situé au sommet d'une "émergence ronde" ? Il ne le dit pas mais on peut le supposer, ce qui permettrait de confirmer qu'un "tiroun" est un "éminence ronde" en Pyrénées et qu'il est donc plus simplement une variante des mots "turon", "turrou ou "tyron" que l'on trouve de nos jours dans le lexique pyrénéen pour un sommet arrondi.

    En continuant mes recherches en Provence, j'ai appris que le mot "tiroun" au même titre que le mot "félibre" restaient des mystères. C'est ainsi qu'en lisant un article d'Alfred Jeanroy dans une revue "Romania" de 1894, on peut y lire ceci, extrait d'un texte qui s'intitule "MÉLANGES" : « Que de tres jour, tres niue, iéu noun vous retrouvère, Que. dins lou tèmple erias Que vous disputavias Emé li tiroun de la léi, Emé li sèt felibre de la lèi.»  Il rajoute « Le mot félibre, aussi inconnu du reste que le mot tiroun, ayant évidemment dans ce morceau le sens de « docteur de la loi » , fut acclamé par les sept convives, et l'Armana prouvençau, organe de la nouvelle école, proposé et fondé dans la même séance, l'Armana prouvençau per lou bèl an de Dieu 1855, adoubea e publica de la man di felibre, annonça à la Provence, au Midi et au monde que les rénovateurs de la littérature provençale s'intitulaient « félibres ». Alfred Jeanroy poursuit en disant qu'il pense que le mot "félibre" descend de l'espagnol "féligrés" signifiant "paroissien", "client de l'église" et en un mot un "fidèle". Toujours dans cette suite d'idée et pour le mot "tiroun", il émet "L'hypothèse d'une origine espagnole......" 

    Nous sommes loin bien sûr du "sommet arrondi pyrénéen" mais l'avantage d'avoir pris ce « chemin provençal » est qu'il m'a amené vers le très fameux "Félibrige" et à leur trésor cher aux Sept Primadié. Dans ce remarquable trésor, dictionnaire Provençal-Français, et pour faire bref, on y apprend qu'un "tiroun" c'est à la fois un "canard", "un fusil" ou "une corde", cette dernière explication ayant pour origine le verbe "tirer" en français et "tirar" en occitan, définitions que l'on retrouve dans l'occitan "tiron" et à laquelle on peut y rajouter "une lentille d'eau" que l'on appelle aussi "tirounado" en provençal. 

    Alors pour la "Tirounère", nous avons le choix ? "Un sommet arrondi ?". Il y en a bien un juste au dessus de la source, piton rocheux magnifique par ailleurs. Un canard ou plutôt une cane ou canette ? Pourquoi pas, ce n'est pas l'eau qui manque ! Une corde avec laquelle on tirait de l'eau de sa source ? C'est une idée ! Une lentille d'eau ? Voilà une explication qui a le mérite de correspondre à ce que l'on voit de nos jours ? Un endroit où les plantes aquatiques ne manquent pas !

    Enfin il y a des noms qui ne laissent pas indifférents et c'est le cas des mots basques "Ithuri", "iturri", "uthurri" signifiant fontaine ou source, "turusta" pour cascade. 

    Enfin, si quelqu'un connaît la solution, je suis preneur. Merci.

    (**) Toponymie du nom "Paychère" : Si le nom "tirounère" garde ses mystères, le nom "paychère" est plus facile à expliquer. D'ailleurs, j'ai trouvé l'explication peu loin de Saint-Paul de Fenouillet car dans un excellent site consacré à  Prats-de-Sournia et aux Fenouillèdes. Voici le lien. On peut y lire ceci  dans un article consacré aux Toponymes du Fenouillèdes : "Paissièra : ( Paychère, Paychèro ). Ce n’est pas un toponyme à proprement parler mais à Prats ce sont les veines nourricières du territoire. A lui seul le Rèc de la Farda en a compté 13. Ce terme désigne la prise d’eau et en Fenouillèdes avec la rigole d’amenée au champ, jardin ou pré. Considérant l’étendue de ce réseau, elles devaient avoir un nom pour les différencier." Cette thèse est d'ailleurs confirmée dans le remarquable site "Etymologie-Occitane.fr" où on peut lire qu'une Passièra est un « barrage de rivière, digue; chaussée d’un moulin; écluse, réservoir à poissons; .......Pansieire à Valleraugue (Gard) est  attesté en 2013 par mon petit-fils Aymerik, originaire du village.» Je vous laisse le soin d'aller sur le lien pour visionner la photo de cette "paychère" de Valleraugue dans le Gard. On y apprend qu'au 12eme siècle, elle était constitué d'échalas de bois lesquels mis les uns contre les autres formaient un barrage.


    2 commentaires
  •  

     Ce diaporama est agrémenté avec des musiques d'Ennio Morricone extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "La Califfa", "Tema d'Amore", "Il Colore Dei Suoi Occhi" et "I Remember You-Killer Tracks".

    Le Pic de la Serra (1.208 m) depuis Urbanya (856 m)

    Le Pic de la Serra (1.208 m) depuis Urbanya (856 m) 

    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


     

    Située dans le creux d’une vallée du Haut-Conflent, la petite commune d’Urbanya a pour les randonneurs un gros défaut. Ce défaut est, qu’au départ du village, aucun sentier, aucun chemin ne descend jamais. La seule voie qui descend, et encore, c’est la route bitumée D.26b. Si vous l’empruntez, elle vous mènera vers Bettlans, Conat puis Ria et Prades. Sinon au départ d’Urbanya et où que vous vouliez aller randonner, ça commence toujours par monter. Alors bien sûr, monter signifie que l’on va être confronté à divers échelons possibles, à diverses altitudes réalisables et selon les capacités physiques et sportives de chacun. Ici, tout autour du village, et pour effectuer une balade sur une seule journée, cette échelle des valeurs est vaste par le fait même que le village est situé à 856 m d’altitude et que le sommet le plus élevé atteignable en une longue journée est le Madres pointant son pic à 2.469 m. Par ce fait même, les objectifs sont innombrables et en choisir un ne pose donc aucun problème, or mis bien sûr si « monter » et « marcher » en sont pour vous.  C’est ainsi que pour la reprise d’après confinement de Dany, j’avais choisi le « Pic de la Serra » situé à l’altitude de 1.208 m. Ce sommet est un très modeste mamelon situé sur le flanc sud-est du Pic Lloset (1.371m). Avec ce dernier, le pic de la Moscatosa (1.457m) et le roc de Peirafita (1.535m), ils composent tous les quatre la crête frontière entre les communes d’Urbanya et de Nohèdes. Ce pic de la Serra est d’ailleurs si modeste, qu’il faut un certain recul pour constater qu’il est un véritable pic. Ce recul, on peut par exemple l’avoir au col de Marsac, ce  col constituant un jalon de cette balade. Pourtant, s’il est modeste, plusieurs raisons m’ont encouragé dans ce choix : des montées essentiellement par des pistes forestières, agréablement herbeuses assez souvent, l’assurance de traverser des décors variés (ubac avec une forêt de feuillus puis de résineux puis soulane avec des landes de genêts, puis sous-bois d’épicéas) garantie de pourvoir observer de beaux et amples panoramas, le gage d’une flore printanière encore bien épanouie et l’espoir d’apercevoir une faune que je soupçonne bien présente car plutôt très tranquille depuis quelques mois. Il est 13h quand nous démarrons. Dès le démarrage, cette faune se présente sous les traits de 2 couleuvres à échelons entrain de s’accoupler au pied de la maison de Moïra et Alan, nos voisins « so british » mais « so nice ». Nous observons les reptiles dans leurs ébats amoureux, ébats consistant à se tortiller en se frétillant mais vous dire laquelle est la femelle et lequel est le mâle, là j’avoue que c’est coton. Normal ! Rien ne ressemble plus à un serpent qu’un autre serpent ! On peut imaginer que le mâle est dessus comme souvent en pareil cas dans le monde animal, mais ici comment savoir qui est dessus et l’autre dessous dans ces étreintes torsadées permanentes ? Et vas-y que je m’enlace ! Et vas-y que je m’enroule ! Se trémousser devant nous n’a pas l’air de les gêner sauf lorsque du bout de mon bâton de marche, j’en titille un des deux. Là, celui que je viens de picoter ne semble pas d’accord mais redouble simplement sa trémulation. Finalement, trop de picotements c’est trop et il quitte sa moitié et part se réfugier dans le gros orifice d’un mur de pierres. Le second, sans doute surpris, de cette dérobade soudaine, ne bouge pas sur l’instant. Puis, constatant probablement qu’il lui manque quelque chose quelque part, il grimpe au mur et s’immobilise. L’instinct le pousse-t-il à se cacher ou bien a-t-il deviné que sa moitié était dans ce trou qui est si près de lui ? Il s’y précipite. Les deux couleuvres ayant disparu, il est temps de démarrer cette balade. Souhaitons aux deux partenaires qu’ils continuent leur batifolage et que de très nombreuses petites couleuvres à échelons naîtront de cette union. Elles sont si inoffensives pour l’homme malgré leur taille souvent impressionnante car pouvant atteindre 1,50 m voire parfois un peu plus. Malheureusement leur taille et la méconnaissance que l’on a de ces reptiles leur sont trop souvent fatales et il faut le regretter. Le chemin vers la ferme à Philippe s’élève constamment au milieu des genêts et comme Dany n’avance pas très vite, j’en profite pour tenter de photographier quelques oiseaux et une petite faune entomologique bien présente. Jolis papillons en composent l’essentiel même si je pourrais également photographier de très nombreux criquets. Je fais l’impasse de ces derniers car je perdrais trop de temps. La ferme est là et nous la traversons sous les aboiements rageurs mais peu belliqueux de deux chiens qui font leur travail de garde. Aucune vache aujourd’hui ce qui signifie qu’elles seront peut-être plus haut dans la montagne car ici c’est la liberté qui prime, pour nous bien sûr, mais y compris pour les bovins. Un peu de liberté avant l’abattoir, voilà la vie promise aux jeunes veaux des Pyrénées catalanes. Une vie pas longtemps très rose,  6 à 8 mois, pour une indication géographique protégée auxquels les professionnels ont donné le nom plutôt paradoxal de Rosée des Pyrénées. Après la ferme, la piste terreuse continue en zigzaguant. Elle commence à nous offrir des vues à presque 360 degrés. Village, forêts environnantes, Canigou, Pic Lloset ou del Torn, les beaux panoramas se succèdent. C’est ainsi que sur l’autre versant de la vallée, Dany avec sa vue infaillible aperçoit un gros sanglier dans un pré au-dessus du village. Quelques photos de l’animal et nous repartons. Une fois visionnées, les photos pas toujours très nettes à cause de l’éloignement, nous constaterons qu’il s’agit d’une laie accompagnée d’au moins deux tout petits marcassins. Cette femelle sanglier, depuis une grosse semaine, nous avons pris l’habitude de l’observer depuis notre maison, toujours au même horaire, entre 12 et 14 h. Le nez toujours enfoui dans les hautes herbes, elle a fait de ce grand pré son garde-manger. A hauteur du lieu-dit La Travessa, nous quittons la piste terreuse au profit d’un large chemin très herbeux et bien plus agréable à cheminer. Ici, on retrouve et on continue l’itinéraire déjà parcouru lors du Circuit de la Mata. C’est une portion de l’ancien Tour du Coronat.  Dans ce secteur, les petits oiseaux de la forêt sont plus présents. La période des amours n’est pas étrangère à cette présence. Pas facile néanmoins d’en immortaliser correctement. Si les criquets ont quasiment disparu, les papillons continuent à être présents mais ils sont souvent différents de ceux aperçus à un étage montagnard inférieur. Cette différence d’étage, on la constate à ce panachage permanent des différentes essences. A ce niveau,  les feuillus et les résineux se partagent encore  l’espace mais peu à peu les seconds ont tendance à s’approprier toutes les hauteurs. La piste forestière que l’on distingue parfois au sein de la Matte est très souvent la ligne de partage entre feuillus et conifères. A la côté 1181, il fut un temps où un panonceau directionnel indiqué plusieurs boucles dont celle vers le pic de la Serra. Il semble avoir disparu corps et biens, car malgré mes recherches, je ne l’ai plus retrouvé. A qui profites-ce « crime » ?  Ici, alors que nous stoppons au sommet d’une petite éminence rocheuse pour un peu de repos et la prise d’un en-cas, quelle n’est pas notre surprise d’apercevoir un chevreuil en contrebas. Il broute paisiblement et apparemment, il ne nous a pas vu ni entendu, occasion inespérée pour quelques belles photos de l’animal. Malheureusement sa perspicacité à deviner que nous sommes là est plus grande que notre faculté à rester invisible et silencieux. Il regarde vers nous fixement puis ayant compris qu’un prédateur était probablement là, il détale dans la sapinière. Les photos sont bien enregistrées et le cervidé malgré ses phobies de l’Homme aura son heure de gloire sur mon blog. Toujours aussi verdoyant, le chemin à suivre compose un angle droit et s’élève en douceur vers la crête sommitale. Sur cette crête, la forêt disparaît et le contraste est étonnant avec les décors traversés jusqu’à présent. Ici, sur le flanc du pic Lloset, les arbres sont rares et les quelques pins et arbustes plutôt chétifs. Au milieu d’une lande composée de genêts et des rosiers sauvages, le sentier descend vers le col de la Serra (1.200 m) puis juste après vers le pic éponyme. Il faut dire que sur cette crête, les écobuages ont très souvent meurtris la végétation et quelques genêts calcinés en gardent encore les stigmates. Par bonheur, le dernier écobuage paraît ancien, car les genêts sont magnifiquement fleuris, quant à l’orri situé au milieu du col, il disparait sous les ronciers alors que je l’ai connu, il y a quelques années, libéré de toute végétation. Le pic de la Serra (1.208 m), notre objectif est là. Il s’agit d’un modeste dôme sans grand intérêt particulier il faut bien le reconnaître.  Ses seuls attraits, ce sont les vues et les paysages qu’ils nous offrent. Le pic Lloset derrière nous, le Massif du Coronat sur notre droite et puis surtout ce panorama plongeant sur les vallées d’Urbanya et de Nohèdes séparées par cette longue échine qui semble disparaître au loin et comme par enchantement dans les arcanes des deux insondables ravines. Au bout et à droite, le Canigou très peu enneigé et donc un peu moins « fascinant ». Cette échine, il nous faut la descendre jusqu’au col de Marsac (1.056 m) sur un sentier pas toujours facile car peu emprunté par l’homme et donc peu débroussaillé et stabilisé. Ici, c’est plus souvent les ovins et les caprins qui sont amenés à le parcourir, alors bien sûr les « caminoles » qu’ils creusent s’agencent au gré de leurs toquades. Dany descend avec prudence et moi je mets à profit cette lenteur pour photographier les papillons très nombreux sur cette « solana ». Nouvel arrêt-goûter au col de Marsac puis nous retrouvons le sentier qui au travers d’un bois d’épicéas file vers le lieu-dit La Devesa. Dans la pénombre de ces sous-bois obscurs, l’essentiel est de ne pas perdre de vue les marques de peinture jaune et les nombreux cairns composant le balisage. L’important est de ne pas se précipiter et surtout d’avancer d’une balise à une autre car c’est la seule condition pour ne pas s’égarer dans cette « Llebreres » ou « Llabrères ». Dans ces lieux dont la toponymie nous apprend qu’ils sont « peuplés de lièvres » n’essayaient pas d’être plus rapide que ces derniers et soyez plutôt « tortues ». Quand la Devesa se présente, la piste forestière descendant vers Urbanya est déjà là. Cette magnifique balade se termine. Sur la terrasse de notre petite maison, nos deux fidèles chats Noxy et Zouzou ne sont plus là à nous attendre, disparus tous les deux à un mois d’intervalle en début d’année. Les retrouver au retour de nos balades était tellement devenu une habitude. Si nous en sommes toujours autant attristés, Flip le chat du vacher Philippe est venu prendre leur place et son immense gentillesse et ses « ronrons » compensent quelque peu ces douloureuses absences. Il en est de même pour Kiwwie, la chatte de notre fille qui dort sur notre lit mais rapplique en nous entendant arriver. Idem pour Rouquine qui vient réclamer pitance malgré son côté toujours aussi « sauvageonne ». En voilà une que nous avons réussi à piéger, à stériliser, que l’été nous continuons de nourrir mais qui est restée sauvage malgré toutes les attentions que nous lui portons au fil des jours. Oui, ici à Urbanya, la vie c’est un peu comme « une roue de la fortune » où les camemberts seraient des éléments de la Nature toujours différents.  On vit avec en permanence, en acceptant ce que le quotidien ou le hasard nous propose, ce que le familier ou le sauvage nous offre.  Un jour, nous sommes surpris par un animal, un autre jour c’est un nuage dans le ciel qui attise notre curiosité, le lendemain c’est un fabuleux clair de lune, une étoile filante, le ululement d’une chouette, le chant de détresse d’un pinson ou d’un merle en quête d’amour, le scintillement d’une luciole, le brame d’un cerf et que sais-je encore. Cette balade a été longue de 7,2 km pour des montées cumulées de 662m et un dénivelé de 365 m entre le point le plus élevé sur la crête juste avant le pic de la Serra et le village d’Urbanya à 856 m. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.


    2 commentaires
  •  

    Ce diaporama est agrémenté de la musique "Arrival of The Birds" de Jason Swinscoe, bande originale du film "The Crimson Wing : Mystery Of The Flamingos" en français "Les Ailes Pourpres : Le Mystère des Flamants" interprétée ici par The Cinematic Orchestra et le London Métropolitan Orchestra.

    Le Sentier du Pi del Rei depuis Ria et autres découvertes.

    Le Sentier du Pi del Rei depuis Ria et autres découvertes. 

    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


     

    5 juin 2020, 9h. Me voici à Ria, devant l’église Saint-Vincent pour ma toute première randonnée après cette astreignante période de confinement pour cause de Covid-19. Cette balade doit m’amener sur le « Sentier du Pi del Rei », un grand pin maritime que j’aperçois déjà au sommet de la colline. En raison d’un grand et incroyable ciel bleu, il se détache remarquablement sur une crête qu’ici on appelle « En Salabert ». « Remarquable », c’est le qualificatif qu’on lui attribue le plus souvent et qui engendre chez les randonneurs l’envie d’aller à sa rencontre. Outre ce pin que je dois découvrir, j’ai prévu une jolie boucle plutôt perso qui doit m’amener à Llugols puis à Conat et retour. Pour être franc, je n’ai pas voulu reprendre les deux tracés les plus connus de ce « Pi Del Rei » car celui allant seulement à Llugols et retour est plutôt court et le second consistant à revenir par Belloc après Conat est plutôt long. S’agissant d’une reprise après presque 3 mois d’inactivité, j’ai voulu trouvé un compromis entre ces deux versions, et de d’autant que LlugolsConat et Belloc, j’y suis déjà passé l’an dernier et à diverses reprises jadis. J’ai donc donné la préférence à un retour que je ne connais pas ou si peu. Dany qui devait m’accompagner m’a fait faux bond à la toute dernière minute. Elle a pris comme prétexte qu’elle n’a pas fini certains travaux de peinture qu’elle avait commencés dans notre petite maison à Urbanya. Ce qui est vrai. En réalité, lui ayant dit que je n’avais pas de tracé G.P.S, elle a eu peur que je parte à l’aventure. J’aime autant car ma crainte est que cette randonnée soit déjà trop longue pour elle. C’est donc en solitaire que je démarre cette balade, « pin » dans la tête, et tournant le dos à un majestueux Canigou encore un peu enneigé. C’est justement la route D. 26 filant direction Urbanya qu’il me faut emprunter au départ. Un panonceau jaune, couleur du balisage que je vais devoir suivre, est là indiquant « El Pi del Rei 1,7 km et 50 mn et Llugols 2,8 km et 1h30 ». Le village est quasi désert et seule une vieille dame portant un masque blanc me rappelle au souvenir de ce fléau viral que nous subissons avec crainte depuis déjà trop longtemps. Le village est donc plutôt silencieux et seule une tourterelle qui roucoule et quelques moineaux qui piaillent rompent la douce musique d’un canal qui s’écoule au bord de la route. Ces volatiles, le pin, le village, le Canigou et de bien jolies fleurs colorant les bas-côtés de la route sont déjà venus s’enregistrer dans la mémoire de mon appareil-photo. Comme toujours, ce dernier pend à mon cou en guise de troisième œil et de deuxième cerveau. Son but ? Ne rien oublier de cette balade ! Un second panonceau est déjà là et un balisage jaune peint sur un poteau m’incite à quitter la D.26. L’itinéraire descend puis file vers un pont enjambant la rivière Callau et un très bel oratoire. Les deux édifices sont dédiés à Saint-Sébastien dont mes lectures m’ont appris qu’il protégea efficacement le village durant l'épidémie de peste noire qui avait sévi au milieu du XIVe siècle. Quelques merles noirs et des bergeronnettes des ruisseaux cherchent pitance dans le torrent. Dans les arbres qui l’encadrent, quelques mésanges se poursuivent en quête d’une rencontre. Je passe quinze bonnes minutes sur le pont à observer tout ce joli monde et à essayer de les photographier. Finalement j’y parviens tant bien que mal et je peux repartir. Le sentier commence à s’élever. Sur ma gauche et en contrebas, une dame occupée à son superbe jardin potager me fait un signe de la main. Je lui réponds de la même manière y ajoutant mon pouce en l’air pour lui montrer que j’apprécie grandement les lieux et surtout son remarquable travail de maraîchère. Force est de reconnaître que mon potager d’Urbanya n’est pas aussi bien tiré au cordeau car mes sillons sont toujours tout tordus alors que les siens sont bien droits. Je repars non sans avoir photographier de magnifiques roses blanches fleurissant en grappes. Elles sont pour moi le symbole du printemps, de la liberté retrouvée et de cette lumineuse journée ensoleillée dont je compte bien profiter. Au sein d’une géologie schisteuse et argileuse, le sentier continue de grimper mais désormais dans une végétation typiquement méditerranéenne. Fleurs des garrigues, papillons à foison et quelques lézards que je m’évertue à vouloir photographier me font oublier qu’il y a une déclivité. Pourtant, de merveilleux panoramas sont constamment là pour me rappeler que je m’élève. Ils s’entrouvrent magnifiquement au dessus de la Vallée de la Têt et de son petit affluent le Callau. En observant toutes ces beautés qui m’entourent et tout particulièrement cette végétation exceptionnellement verdoyante et foisonnante, je me remémore que l’hiver a été tout particulièrement pluvieux subissant même plusieurs jours tempétueux. La tempête Gloria est passée par là, plus violemment encore qu’ailleurs, engendrant de multiples glissements de terrains et des routes emportées. Celle d’Urbanya à Ria que j’ai pris ce matin n’a pas été épargnée, loin s’en faut. Quant au sentier que j’emprunte, s’il est encore praticable, quelques petits glissements d’argile et de pierres sont visibles de-ci delà. Pourtant, quand en contrebas, je regarde cette grandiose vallée dominée par le Massif du Coronat tout parait en place et sans dommage apparent. Tout est si calme et si reposant aujourd’hui que j’imagine mal qu’une tempête ait pu sévir voilà quelques mois. De Ria jusqu’aux sommets les plus hauts, tout semble uniforme avec un moutonnement végétal extraordinaire où seuls quelques affleurements rocheux et de rares édifices parviennent à s’extraire. Une intersection se présente. De nouveaux panonceaux indiquent Llugols à gauche à 2,1 km et à 1h10 et El Pi del Rei à droite et à 30 mn pour 1 km. Je poursuis à droite vers le pin. Le sentier continue de s’élever. Au loin, dans un creux formé par de deux collines, je suis plutôt surpris d’apercevoir le Fort Libéria visité voilà 2 ans lors d’une autre randonnée. Je continue de flâner allant parfois de surprises en surprises. Elles se présentent tout d’abord sous les traits d’un Hémidactyle verruqueux avec ses grands yeux verdâtres exorbitants et son dos empli d’excroissances telles celles que l’on voit souvent sur de gros crapauds. Le temps d’une seule photo et il a déjà disparu. Quelques mètres après, c’est un étrange chêne vert qui stoppe ma flânerie. Si je suis censé aller découvrir un « pin remarquable », j’estime que ce vieux chêne vert n’est pas très loin de mériter cette dénomination. Avec sa superbe ramure aux branches multiples et très grosses, dont certaines noueuses et parfois totalement écorcées, il a un petit air de pieuvre géante. Oui, il mérite d’autant plus ce critère de « remarquable » qu’il est sans doute très vieux et que son tronc semble s’être extrait des énormes roches fracturées qui l’entourent. Guère plus loin, ce sont des vestiges en pierres sèches qui aiguisent ma curiosité. La lecture du livre de Jean Viallet « Ria-Sirach-Urbanya » me laisse supposer que je suis au lieu-dit En Salabert, lieu rempli d’étranges légendes locales si j’en crois l’auteur. Si les murets et les vieilles terrasses agricoles n’engendrent que peu des questions, il n’en est pas de même d’un édifice tout en rondeur. Orri à la toiture effondrée, four à chaux ou puits à glace ? Si j’ai une nette préférence pour la dernière alternative car j’ai déjà vu d’autres puits à glace, je ne suis pas un spécialiste. A l’instant où je quitte ce lieu, un beau lézard vert sort de sa tanière de pierres et se laisse gentiment photographier. Quelques minutes plus tard, une nouvelle intersection indique que le Pi del Rei est là, à gauche, à 250 mètres et à 10 mn, aller et retour. Tout droit, le sentier file vers le Pla de Vallensó. Je pars bien sûr en direction du « fameux » pin. Il est là, assez majestueux il faut bien le reconnaître, surclassant de toute sa stature tous les autres végétaux du voisinage. S’il est certes majestueux , il n’est pas spécialement esthétique, et ça il le doit à son tronc unique qui devient très rapidement bicéphale et ses nombreuses branches sèches qui mériteraient d’être coupées. Son houppier est quelque peu dégarni et penché ici vers le sud-est, caractéristiques propres aux pins maritimes qui sont confrontés à de vents multiples et forts venant du nord et de l’ouest. Lui, de « maritime », il n’a que le nom car la seule mer qu’il domine est totalement végétale. Avant de venir le voir, j’ai bien essayé de tout savoir de lui mais je n’ai absolument rien trouvé à son propos et en tous cas rien quant à sa toponymie (*). On ne parle de lui qu’à propos des randonnées qui mènent à lui. De ce fait, et compte tenu de ma curiosité, je me suis posé bien des questions. Pin du roi ou roi des pins ? Dans le premier cas, de quel roi s’agirait-il ? D’un des rois d’Aragon et de Majorque, digne successeur des comtes d’Arria qui sont nés ici ? Pourquoi ne pas lui attribuer directement le nom du roi en question ? Pin roi Jacques 1er ou II par exemple. Du dernier roi qui a régné en France et sur ce secteur du Conflent, c’est-à dire Louis-Philippe 1er de 1830 à 1848. Cela lui conférerait un âge avancé de 190 ans. C’est possible, si j’en crois ce que j’ai lu à propos des plus vieux pins maritimes qui pourraient vivre 500 ans et atteindre les 40 mètres de hauteur, ce qui ne me semble pas être son cas. De rois antérieurs comme Louis XVI ou Louis XVIII dans la fameuse branche des Bourbons ? (** ). C’est possible aussi si je me fie à l’énorme respect et à la fidélité que les Rianencs ont toujours eu à l’égard de cette lignée dont une sous-branche serait originaire d’ici.(**) Toutes les hypothèses peuvent être envisagées puisque rien n’existe à son sujet. Même l’historien Jean Viallet qui a pourtant beaucoup écrit sur Ria ne dit rien de lui, et en tous cas, je n’ai rien trouvé dans son livre Ria-Sirach-Urbanya aux Editions Notes d’Histoire. J’ai orienté mes recherches sur les sites recensant les « Arbres Remarquables de France » mais là aussi, il n’apparaît nulle part. A ce jour, seulement trois pins ont reçu le label de « remarquable » mais aucun n’est maritime. N’a-t-il pas les mensurations nécessaires à un classement en « arbre remarquable » ? C’est probable car des pins maritimes comme celui-ci, je pense qu’il y en a de très nombreux. En tous cas, j’en ai déjà vu ailleurs mais dans des boisements où ils n’étaient pas aussi solitaires. Il bénéficie donc de ce privilège d’être seul et très largement le plus grand de tous au faîte de cette colline. Si à juste titre, il pourrait être qualifié de « remarquable », il le devrait sans doute à son âge mais surtout à sa « remarquable » résistance. Résistance aux diverses maladies du pin, aux insectes xylophages très nombreux, mais aussi au fait qu’il a su résister à toutes les tempêtes qui ont sévi dans notre beau département. Résister à toutes les tempêtes alors qu’il dépasse très nettement la crête de cette colline où rien ou presque ne le protège des vents d’ouest et du nord, j’estime que c’est déjà un «remarquable » exploit. En décembre 1999, la tempête Martin a abattu un pin maritime, le pin Cazau, qui était considéré comme le plus vieux d’Aquitaine. Avec une circonférence de 4,95 m, les spécialistes lui donnaient l’âge avancé de 210 ans. Souhaitons-lui de résister encore très longtemps car force est de reconnaître que les dérèglements climatiques engendrent des catastrophes de plus en plus récurrentes, qu’elles soient météorologiques ou physiologiques. Je le photographie sous toutes les coutures, sous tous les angles et dans tous ses décors, dont le plus beau reste le Canigou enneigé. Comme je le fais toujours pour les arbres remarquables que j’ai pu observer, je photographie un maximum de messages gravés sur son tronc : ici simples initiales, dates ou petits dessins le plus souvent mais d’autres gravures sont moins lisibles voire incompréhensibles car les écorces se sont desquamées puis sont tombées. Je note que ces dernières sont parfois amplement perforées de petits trous et m’en inquiète. Hylésine ? Scolyte ? Bupreste ou autres ? Les possibilités d’être dévorer de l’intérieur par des insectes xylophages et d’en périr sont si nombreuses ! J’espère que les gens de l’ONF et les élus municipaux s’en inquiètent aussi ? Je ramasse une pomme en espérant y trouver des graines pour éventuellement les replanter, mais non la pomme est vide ou presque. Une deuxième idem. Une troisième a une ou deux graines mais loin d’être matures et surtout moisies. Au sol, il n’y aucune graine non plus. Des écureuils seraient-ils passés par là ou ai-je la malchance d’avoir trouvé que des cônes mâles ? Toutes mes questions à propos de cet arbre restent sans réponse. Il est temps de repartir. Un balisage bleu qui part du pied de l’arbre vert le nord-ouest m’incite à le suivre. De fil en aiguilles, ou plutôt d’orris en orris, je m’éloigne de mon itinéraire initial, celui qui était censé m’amener au Pla de Vallensó. A l’instant ou ce sentier « bleu » amorce une raide descente vers le vallon, j’estime qu’il est temps de faire demi-tour car j’ignore jusqu’où il peut me mener, même si je suppose fortement qu’il rejoint le sentier de Llugols ignoré ce matin. Etant parti la fleur au fusil, sans tracé GPS, et surtout sans ma carte IGN que j’ai oubliée, je préfère prendre cette option plutôt que de m’égarer. Je reviens sur mes pas et prend cette fois la direction du Pla de Vallensó. Le sentier s’élève en douceur avec toujours des édifices en pierres sèches, cortal et terrasses, laissant supposer une occupation d’antan. Il coupe un ruisseau, le Correc dels Colls, lui aussi amplement canalisés de pierres sèches par endroits. Il le longe puis s’en éloigne. Ici les lézards verts sont légions mais bien trop rapides pour que je parvienne à en photographier au moins un. Finalement, au lieu-dit la Creu d’En Barina, j’approche la piste terreuse qui fait le lien entre Prades et Llugols. Peu après, je la coupe et le sentier continue de s’élever en direction du Pla de Vallensó. Ici, dans une joli petite ravine, ce sont des fauvettes chantantes qui arrêtent ma progression. Il me faut dix bonnes minutes de patience pour réussir à en immortaliser une, et encore uniquement de très loin. Je passe ce temps à attendre le bon-vouloir des fauvettes à photographier quelques papillons, toujours très nombreux mais très perturbé par une brise qui s’est levée. Sur le sol pierreux du chemin, le passé se révèle avec les traces creusées par les roues de vieilles charrettes. Jadis, de très nombreuses sont passaient par là et il se dit même, que parmi leurs besognes le plus souvent agricoles, certaines rejoignaient l’ancienne carrière de Callau dans le cadre de l’exploitation industrielle du talc. Sachant où se situe cette carrière, je n’ai aucune peine à imaginer la pénibilité de cette besogne tant pour les hommes que pour les animaux tirant ces charrettes. Le Pla de Vallensó est là et se matérialise sous la forme d’un poteau directionnel indiquant 930 m d’altitude et Llugols à 20 mn et à 700 m. Je connais bien ce poteau déjà aperçu au cours d’autres balades dont celle qui m’avait mené sur le « Sentier d’Arletes » et à « la Roche gravée de Fornols ». C’est sous un impressionnant rassemblement de pinsons qui s’envole, que j’aperçois les premières toitures de Llugols. Réussissant à photographier un de ces volatiles, je lui trouve d’étranges couleurs ternes. Une femelle sans doute toujours moins colorée que le mâle. Ce hameau, je le connais par cœur. Je l’ai toujours découvert aussi désert et silencieux qu’aujourd’hui, sauf en 2007 lors de mon Tour du Coronat parce que des enfants jouaient sur des « carrioles » en criant leur bonheur. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer Nina et ses frères. Pas une âme qui vive une nouvelle fois même si des voix d’hommes sont perceptibles dans la forêt en contrebas. Je n’ose pas m’arrêter chez mon ami Mr. Naulin, d’abord par prudence à cause de l’épidémie qui sévit encore, mais aussi parce qu’il n’est pas encore midi et que j’estime que ce n’est pas un horaire décent pour arriver à l’improviste chez les gens. Je le regrette. Je repars mais la Nature m’arrête quelques mètres plus loin sur le seuil d’une autre maison déserte elle aussi. Je reste là assis quelques minutes sur le perron à regarder deux bousiers entrain de pousser une boulette toute sèche d’excrétions animales. Où ont-ils trouvé cette boulette ? En sont-ils les architectes ? Où vont-ils ? Que vont-ils faire de cette dernière ? Je les observe tout en me posant ces questions-là. Un escalier se présente et ils déboulent laissant échapper leur convoitise. Je me dis qu’à notre échelle, tomber d’une telle hauteur nous aurait été fatidique. Un des deux bousiers est tombé sur le dos et éprouve un mal fou à se rétablir. Pendant ce temps, l’autre est déjà parti à la recherche de sa « boulette » et il y parvient avec une facilité déconcertante. Finalement, l’autre le rejoint. Et les voilà repartis dans leur étrange labeur, labeur qui semble « gauche » dans la gestuelle mise en œuvre mais finalement la boulette avance bien plus vite qu’on ne pourrait le penser. Nouvel escalier, nouvelle chute, nouvelle recherche et nouvelle retrouvaille. Il est temps de décamper et de partir vers d’autres découvertes car je me suis promis d’aller visiter la chapelle de Las Monges que je ne connais pas malgré mes nombreuses venues ici. Je laisse les petits coléoptères coprophages à leur boulette me promettant de chercher sur Internet les réponses aux nombreuses questions que leur vision vient de soulever en moi. Je quitte le hameau fleuri de magnifiques capucines grimpantes parfois rouges parfois oranges et file vers la chapelle en question. Je n’ai aucun mal à la trouver car un panneau « Couvent de Las Monges » en indique la direction. Le sentier passe devant la Fontaine du Châtaignier (Font del Castanyer) puis s’élève. Si l’édifice est bien ruiné, les vestiges ne laissent planer aucun doute quant à son caractère religieux, le cœur de la nef et son abside étant encore bien visibles. L’Histoire nous dit que sa première mention écrite date de 1375, qu’elle a été utilisée comme église et comme couvent mais que son vrai nom serait Saint-Sernin d’Eroles. Seulement diverti par une mésange bleue et un gros criquet qui semble décidé à manger autant que moi, j’y pique-nique paisiblement, assis sur un large mur d’enceinte en surplomb de la forêt. Je quitte les lieux vers une suite que je connais par cœur. D’abord en direction de la chapelle Saint-Christophe puis d’un gros rocher qui la domine où quelques croix datant du néolithique sont visibles. Si je fais ces quelques foulées supplémentaires que je connais sur le bout des doigts, c’est essentiellement pour faire connaître au plus grand nombre de randonneurs ces lieux chargés d’histoire. Si quand on passe à Llugols, on a toujours ce sentiment « que la peste sévit encore depuis le 14eme siècle », ces quelques étonnantes découvertes sont des portions de vie plutôt inattendues. La suite vers Conat, je la connais également par cœur. Quelques soient les saisons, le sentier qui y mène peut être découpé en trois sections. La plus courte , ce sont d’abord les prés de Llugols où en cette saison les fleurs sauvages se livrent des duels de pétales multicolores. J’y surprend un beau sanglier mais la surprise semble encore plus grande pour lui. Il ne demande pas son reste. Puis, c’est la partie boisée qui s’appelle Les Teixoneres. Enfin, le sentier tout en balcon se termine sur la partie la plus « caillasseuse » dont la dénomination Les Esquerdes ne laisse planer aucun doute quant à son aspect rocheux, abrupt et ardu, les trois en même temps le plus souvent. Dans cette longue déambulation vers Conat, si mes pieds savent déjà où ils doivent se poser, mes yeux, eux, restent constamment sur le qui-vive d’une flore et d’une faune dont je sais qu’elles peuvent être surprenantes à chaque virage du chemin. Cette fois-ci, c’est un superbe lézard ocellé qui est proclamé « roi des Teixoneires ». Un petit bain dans une cuvette limpide du Correc de Sainte-Marguerite, puis je continue, la tête plus fraîche et les pieds quelque peu dégonflés. C’est bien la toute première fois que je vois autant d ‘eau dans ce modeste ruisseau. Après une heure de marche supplémentaire, Conat finit par arriver sous les traits d’une gentille demoiselle qui est assise au bord du torrent Callau. Elle est si jolie que j’en oublierais presque que nous devrions bavarder avec un masque. Nous blaguons un peu, puis finalement beaucoup trop, non pas à mon goût, mais à bien y réfléchir, car je suis encore très loin de Ria. Nous parlons de tout, de Conat où elle est en vacances, de ma balade, de randonnées en général, des découvertes que l’on peut faire dans les environs. Il me faut rompre cette sympathique conversation, et ce d’autant que je n’ai plus la moindre goutte d’eau dans mes deux gourdes et qu’il me faut impérativement trouver une fontaine. Une fois, la fontaine trouvée et les gourdes de nouveau pleines, j’accélère le pas pour sortir du village. Voulant absolument éviter le bitume de la route, j’ai décidé de suivre un sentier que j’ai emprunté voilà presque 20 ans. Par bonheur, il est encore parfaitement praticable et évite les sinuosités de la route, route qui par ailleurs a été emportée sur une belle portion par la tempête Gloria à la sortie sud de Conat. Des ouvriers y travaillent depuis plusieurs semaines. En évitant de prendre la route, j’évite de les déranger dans leur besogne, leur rendant sans doute service au passage. Ce sentier m’entraîne vers les Termanères où j’ai décidé d’emprunter la piste forestière qui file vers Belloc. Cette montée vers Sainte Croix commence à peser dans mes mollets. Chaque oiseau, chaque fleur nouvelle, chaque beau papillon non encore photographié sont autant de raisons de ralentir. De plus, sans carte et sans tracé GPS et connaissant très mal ce secteur, il me faut être vigilant à chaque panonceau Ria et surtout me souvenir de l’itinéraire que j’avais imaginé. Je sais qu’à Sainte-Croix, je dois redescendre vers Ria juste après la ruine d’une vieille chapelle. Quand une ruine se présente, rien ne me permet d’affirmer et même d’imaginer qu’il s’agit d’une ancestrale chapelle. Il ne s’agit que de vieilles pierres ceintes par une végétation inabordable. Par contre, il y a bien une intersection. Il me faudrait donc quitter la piste montant vers Belloc ici, mais j’éprouve quelques difficultés à trouver la suite ? Finalement et par bonheur, j’aperçois un minuscule panonceau « Ria » vissé à même un petit placard réservé à des compteurs électriques. « Ria » est quelque peu effacé mais le sentier est bien là, invisible au premier coup d’œil car bien embroussaillé. Il descend en forêt en longeant en partie le Correc de Santa Creu. Dans cette descente vers Ria presque constamment en sous-bois, et déjà un peu sombre à cette heure-ci, qu’elle n’est pas ma surprise de poser le pied sur le cadavre d’un gros canidé. Chien, chien-loup, loup ? Je ne sais pas vraiment dire ? La mort n’est pas suffisamment récente pour émettre un avis formel mais elle n’est pas très ancienne car le cadavre est peu envahi par la vermine et n’a pas une odeur putride très pestilentielle. Je prends deux photos du pauvre animal dont la puissante dentition ne m’apporte pas d’élément supplémentaire or mis l’assurance qu’il ne s’agit pas d’une renard et ce, malgré son pelage fourni, roux et blanc (***). Des renards morts, j’en ai déjà vu et celui-ci ne ressemble pas du tout aux précédents. Si ce n’est pas un renard ou un loup, de quelle espèce de chien s’agirait-il ? De surcroît que ferait-il là mort au beau milieu du chemin ? Il serait mort de quoi ? Comment, pour quelle raison ou par qui ? Une fois encore, cette balade aura soulevé en moi bien des questions. Apprendre, je marche aussi pour ça ! A tout prendre, j’aurais préféré rencontré un renard ou un autre canidé bien vivant comme cela m’est arrivé assez souvent. Rencontre avec un loup jamais vu jusqu’à présent ? Je ne sais pas ! Il parait qu’un loup isolé n’est pas très souvent dangereux car plutôt craintif, comme toute la faune en général face à l’homme, le pire des prédateurs. Aujourd’hui par exemple, j’ai été ravi d’apercevoir et donc de savoir que toutes les espèces de lézards ou presque sont bien présentes sur ce secteur même si le plus souvent ce ne sont que des visions furtives : lézard des murailles, lézard catalan, vert, ocellé, psammodrome, hémidactyle. Seule, la Tarente de Mauritanie et le lézard des souches n’ont pas été observés mais je ne doute guère de leur présence. Le sentier se termine sur les flancs de la Rocamenera d’En Gorner où justement je photographie mon premier lézard des murailles juste à côté d’une citerne. Puis je finis cette balade sur le désagréable asphalte de la bien longue avenue d’En Cassa menant vers le quartier de la Llisse. J’avais imaginé terminer par le canal éponyme mais des panneaux « danger, risques d’effondrements » en interdisent l’accès. C’est donc à regret que je termine sur le bitume cette belle et première balade d’après confinement. Au-delà des nombreuses questions qu’elle a soulevées, j’ai retrouvé le plaisir de marcher , de redécouvrir la Nature, de retrouver des lieux où j’avais passé jadis des instants merveilleux et notamment lors de Mon Tour du Coronat. Oui, j’attendais avec impatience cette balade. N’ayant pas enregistré de tracé GPS, j’estime la distance effectuée au cours de cette balade entre 12 et 14 km pour un dénivelé de 386 m entre le point le plus bas au départ de Ria (388 m) et le plus haut au Pla de Vallenso à 774 m.

    (*) Toponymie possible d’El Pi del Rei : Finalement, c'est un peu par hasard que dans le N°18 du journal de la commune de Ria-Sirach, j'ai pu lire "ce pin fut planté après le Traité des Pyrénées par le ministre des Eaux et Forêts de Louis XIV". Après le Traité des Pyrénées de 1659, on peut donc aisément imaginer que cette décision est consécutive à l'ordonnance de 1669 de Louis XIV et Colbert qui faisait la part belle à une vaste reforestation du royaume. Ce pin aurait donc à ce jour (16/09/2022) 353 ans ! Le roi en question serait donc Louis XIV ! Je vous laisse lire la suite que j'avais écrite juste après la randonnée mais ne gardez pas tout bien sûr !  A propos des arbres remarquables, voici ce que le journaliste et écrivain Adolphe-Laurent Joanne écrit en 1856 dans son recueil intitulé « Les Environs de Paris illustrés. Itinéraire descriptif et historique » : « …une foule d’arbres magnifiques que les touristes vont aujourd’hui admirer seraient restés inconnus. Dans le principe, on ne signalait guère que cinq ou six de ces arbres : Le Bouquet du Roi, Le Clovis, Henri IV et le Sully, la Reine Blanche, arbre du Bas-Bréau, incendié cet hiver (1856) par des imprudents qui firent du feu dans sa cavité, le Charlemagne et le Chêne des Fées ». Comme nous le voyons, au 19eme siècle, il n’était pas rare d’attribuer des noms de rois ou d’illustres personnages aux grands arbres, il est donc fort possible que le Pi del Rei date de cette époque et qu’il ne faille pas chercher ailleurs son appellation de « Pin du Roi ». Dans ce même livre, il évoque les fameux essais d’implantation du pin maritime dans les Landes au cours du 18eme siècle et leurs échecs successifs, à cause d’hivers trop rigoureux mais surtout par méconnaissance de cet arbre, peu présent en France avec quelques rares boisements, et donc fort méconnu à l’époque. Dans son livre « Traces du végétal » aux Editions Presses Universitaires de Rennes, Elisabeth Amblard nous rappelle que « Le pin symbolise la force et le pouvoir dont dispose le roi, mais, situé à côté d’un if, ce pouvoir devient une force du mal » car « l’if est un arbre aux feuilles et aux fruits toxiques ». Ici l’auteur fait référence au roi légendaire Marsile, ennemi juré de Charlemagne dans la « Chanson de Roland de Roncevaux ».


    (**) Ria, les rois et le pin : Dans son livre « Ria-Sirach-Urbanya », Jean Viallet évoque en de multiples occasions l’attachement que les Rianencs avaient depuis toujours pour leurs rois , et notamment aux 18 et 19eme siècle. Ainsi peut-on lire « Napoléon est vaincu, Louis XVIII montre sur le trône et voyez comme notre municipalité célèbre l’événement ». Cette phrase fait référence à une assemblée municipale du 30 octobre 1814 où les habitants de Ria par l’entremise de leurs représentants municipaux prêtent serment et jurent à Dieu de garder obéissance et fidélité au roi. Est-ce en cette occasion que les Rianencs ont planté cet arbre pour rendre hommage à Louis XVIII ? Là aussi c’est possible et l’arbre aurait 206 ans ! Cette fidélité au roi est très ancienne puisqu’elle a pour origine le fait que les comtes d’Arria, nés ici selon certaines versions, auraient de ce fait un lien direct avec la branche des Bourbons, famille aux multiples ramifications mais régnante en France et en Espagne. Ce lien, ils le tiendraient de Marguerite de Provence, reine de France car épouse de Saint-Louis ; mais fille de Raimond-Bérenger V de Provence, lui-même fils de Alphonse II de Provence, et lui-même fils Alphonse II roi d'Aragon, lui-même fils de Raimond-Bérenger IV de Barcelone. Ici, la branche dite de « Barcelone » est directement issue de Guilfred le Velu, né ici à Ria (légende ou réalité ?) et de son père Sunifred Ier de Barcelone. Assez paradoxalement, c’est Vauban sur ordre de Louis XIV qui a détruit le château ancestral de Ria où tout aurait commencé ! Allez comprendre ?

    (***) Le canidé mort de Sainte-Croix : Le 22 juillet 2020 et sur les conseils d'un ami, ancien de l'ONF, j'ai signalé l'animal au "Rézoloup" de l'ONCFS avec envoi des 2 photos que j'avais en ma possession. Un technicien s'est rendu sur le lieu pour lequel j'avais fourni les coordonnées. Finalement, il s'agissait d'un malinois de plus de 19 ans dont les propriétaires avaient signalé la disparition. L'animal est probablement mort de vieillesse voire d'épuisement à ne pas parvenir à retrouver son chemin. Les propriétaires ont pu faire leur deuil et ont apprécié que leur chien ait pu être retrouvé tant de semaines après sa disparition. Il faut noter que le malinois étant un lupoïde, c'est à dire un canidé dont les caractéristiques anatomiques évoquent celles du loup, la confusion avec ce dernier était donc logique. L'enquête a permis d'enlever la thèse d'un loup sur la commune de Ria-Sirach. Rianencs vous pouvez dormir tranquille, aucun loup ne se déguisera en grand-mère ! Par contre, je ne peux pas vous garantir du contraire !


    2 commentaires
  • Ce diaporama est agrémenté de la merveilleuse musique "Cavatina" de Stanley Myers jouée ici et successivement par Gheorghe Zamfir (flûte de pan) puis par le guitariste Al Marconi dans une version arrangée personnelle mais extraite de la bande originale du film "The Deer Hunter" (Voyage au bout de l'enfer) de Michael Cimino.


    Le Circuit de l'Anse de Paulilles depuis la plage de Bernardi (Port-Vendres).

    Le Circuit de l'Anse de Paulilles depuis la plage de Bernardi (Port-Vendres).

    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour une plein écran.


     

    Le lendemain de cette journée à l’Anse de Paulilles et donc de ce très joli petit circuit effectuée le 2 février dernier, voilà ce que j’écrivais sur ma page Facebook avec quelques belles photos à l’appui :

    « Hier, et après la tempête Gloria, c'était une journée estivale à la gloire du soleil et de la chaleur. A l'Anse de Paulilles où nous étions partis pique-niquer puis balader, il y avait un monde fou. Un monde fou qui profitait bien de la plage, des petites criques tranquilles aux eaux limpides, des bains de soleils et parfois même, et pour les plus courageux, des bains tout courts. Parti la fleur au fusil, sans maillot ni serviette, j'ai longuement regretté de ne pas faire partie de ces derniers. Peut-être ce monde fou et un peu fou profitait-il comme nous du dérèglement climatique ? Avec plus de 30° au thermomètre, on est en droit de penser que pour un 2 février ce n'est pas très normal ! Dans les petits raidillons, les randonneurs suaient sang et eau, les oiseaux marins ou non marins semblaient apathiques, en pleine garrigue des massifs de fleurs et de flamboyants ajoncs et mimosas me faisaient regretter d'avoir cru un jour que j'avais pu avoir la main verte. Sur le chemin du retour, un demi-pression port-vendrais arriva à point nommé pour mettre fin à cette pépie qui avait eue raison de nos gourdes remplies seulement d’un litre d'eau fraîche. Oui, quelle belle journée nous avons passée !!!! »

    Depuis, des événements tragiques et mondiaux se sont précipités à cause de ce fameux fléau viral auquel les scientifiques ont donné le nom de « Covid-19 », acronyme anglais de COronaVirus Infectious Disease 2019, (Source Wikipédia). En français, “Maladie infectieuse au Coronavirus 19”. Sorti de la ville chinoise de Wuhan, à ce jour encore, on ignore comment ce virus a pu si soudainement apparaître et se propager jetant toute la planète dans le pire des cauchemars. Afin de nous protéger, une période de confinement a été mise en place par nos gouvernants, période de confinement encore en cours à l’instant où j’écris ces quelques lignes. Alors bien sûr, à l’instant où j’ai réfléchi à cet article et quand je regarde derrière moi, je me dis que nous avions bien fait de profiter de cette magnifique journée d’hiver. Oui, en disant que nous vivions dans un monde de fous, je ne croyais pas si bien dire. Si sur le plan climatique, le monde est effectivement devenu de plus en plus fou, qui aurait pu imaginer qu’une pandémie virale telle que celle que nous vivons vienne s’y ajouter ? Non personne, n’aurait imaginé un « cataclysme » d’une telle ampleur, si rapide dans sa contagiosité et si désastreux dans ces effets sur l’humanité toute entière, tant sur le plan sanitaire qu’économique ou sociétal. Oui, profiter de l’instant présent, des bons moments, des superbes journées ensoleillées, voilà que nous en rêvons aujourd’hui car force est d’avouer que ce virus ne nous laisse que peu de répit. Pas de répit dans nos têtes, ni dans nos cœurs et encore moins en terme d’horizon quel qu’il soit ! Du matin au soir, nos pensées sont devenues « virales » et si un espoir demeure, c’est avant tout de voir le disparaître à jamais afin de retrouver notre vie antérieure ! C’est d’abord cet espoir que m’incite à écrire cet article, car cette petite boucle pédestre est si merveilleuse que je n’ose même pas imaginer que plus personne ne l’accomplira jamais. Alors, je la propose pour ça.

    A Paulilles, site classé depuis l'aménagement de l'ancienne usine d'explosifs Nobel, le départ s’effectue de l’extrémité de la plage de Bernardi. Là, un panonceau précise qu’il s’agit du « Sentier du littoral » filant vers la plage de Balanti en 15 mn, vers le phare de Béar en 50 mn et vers Port-Vendres en 1h45. De ces 3 destinations, aucune ne servira vraiment de jalons à notre propre circuit, même si la première et la deuxième seront des centres d’intérêts amplement visuels. Le sentier, s’il est bien balisé et donc assez simple car il est longuement parallèle à la côte rocheuse, il n’en demeure pas moins que certains secteurs nécessitent du souffle, de l’attention et parfois même une grande prudence. Si la beauté des lieux oblige à de nombreux arrêts, la stèle d’un jeune pompier mort en service commandé et les hommages qui lui sont rendus nous rappellent que la Nature que l’on aime est fragile et que les hommes qui se battent pour la préserver, parfois au péril de leur propre vie, méritent le plus profond respect. Dès lors que le cap, le phare et le sémaphore de Béar sont en vue, il faut descendre puis remonter comme si nous allions nous y rendre. Là, et dès lors qu’un pinacle est atteint, espèce de plateforme terreuse et rocheuse, il faut retourner d’où on vient en empruntant une étroite sente qui part à gauche, laquelle cette fois reste très éloignée de la côte. Garrigue méditerranéenne, chênes verts et lièges, petites pinèdes, vignobles en pente, terrasses en pierres sèches, ce sentier finit par parvenir jusqu’à une piste beaucoup plus large. Entre vignes et mimosas, petits cabanons planqués dans des pinèdes, la piste assez longiligne se poursuit jusqu’à un casot tout en ciment. Une plaque en hommage à un certain Jean-Claude Le Parco y est apposée et on peut bien évidemment supposer qu’il fut l’heureux utilisateur de ce coin à la fois si sauvage et si magnifiquement merveilleux dans ses décors. Là, entre une vigne et un très mauvais muret composé d’amas de pierres sèches, on emprunte une piste qui descend droit vers l’anse de Paulilles, Tout au bout, le chemin tourne à droite et longe une haie de cyprès. Ces cyprès sont amplement occupés par quelques passereaux et notamment par des étourneaux qui de très loin sont les moins craintifs. S'ils quittent les cyprès à notre approche, c'est pour mieux nous observer depuis des câbles électriques. Les autres s'envolent et partent dans les vignes ou la garrigue. Je passe de longues minutes à tenter de photographier tous ces oiseaux. Entre échecs et réussites, ces tentatives se soldent avec 4 ou 5 photos plus ou moins réussies. La suite et la fin vers la plage de Bernardi devient d’une grande évidence. Ainsi se termine cette courte mais ô combien magnifique balade. Moi, qui suis venu tant et tant de fois à Paulilles, quelles que soient les saisons, pour y pratiquer la chasse sous-marine ou bien pour venir y pêcher à la canne à soutenir ou au lancer, jamais je n’avais pris autant de plaisir à  y venir pour marcher. Pourtant dieu sait, si je marchais aussi, avec mon attirail de pêche à la ligne ou sous-marine, cette dernière toujours rehaussé d’une ceinture de plomb de 9 kg, indispensable à ma flottaison aquatique car habillé de néoprène. Je suppose que l’âge aidant, et par la force des choses, les passions changent avec le temps. Il fut une époque où je prenais plaisir à extraire de leur milieu aquatique si merveilleux, de jolis (et bons) petits poissons, et des moins petits aussi. Mais aujourd’hui cette passion a quasiment disparu au profit de la seule marche à pied. De surcroît, je rechigne désormais à faire mal à la moindre « petite bête », alors à un poisson, je ne sais pas si je pourrais de nouveau ? Cette petite balade a été longue de 3,7 km pour des montées cumulées de 212 m. Le dénivelé très modeste est de 85 m, cette altitude sur la carte IGN étant matérialisée à l’endroit même où se situe le casot cité ci-dessus. En été, et malgré la distance plutôt modeste, il est impératif d’emporter de quoi bien s’hydrater. N'oubliez jamais que ce n’est pas la distance à parcourir qui fait la beauté d’une randonnée mais les beautés que l’on y perçoit et les plaisirs que l’on en retire. Carte IGN 2549 OT Banuyls-sur-Mer  - Côte Vermeille – Col du Perthus Top 25.


    1 commentaire
  • Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques interprétées par Léo Rojas (Flûte de pan). Elles ont pour titre : "El Condor Pasa", "The Last Of Mohican", "Celeste" et "Le Berger Solitaire"

    La Serre de l'Artigue del Baurien (566 m) depuis Saint-Paul-de-Fenouillet.

    La Serre de l'Artigue del Baurien (566 m) depuis Saint-Paul-de-Fenouillet.

    Pour agrandir les photos, cliquez dessus.2 fois pour un plein écran.


     

    9 janvier 2020. 10H30. Nous voilà Dany et moi à Saint-Paul-de-Fenouillet au départ d’une balade pédestre qui doit nous mener au sommet de « la Serre de l’Artigue del Baurien », dénomination bizarroïde d’une modeste colline culminant à 566 m d’altitude.  Comme toutes les collines de ce secteur, elle constitue une petite partie de ces échines calcaires encadrant ce remarquable couloir, lesquels sur une trentaine de kilomètres, forment le singulier synclinal du Fenouillèdes, très souvent appelé aussi Synclinal de Saint-Paul. Grosso modo, ce synclinal va de Caudiès-de-Fenouillèdes jusqu’à Cases-de-Pène. En géologie, un synclinal étant un pli concave, c'est-à-dire un « creux », cette « serre » où nous allons est un « anticlinal ». Quand vous saurez que le creux est occupé par les couches géologiques les plus récentes, les différentes collines qui l’encadrent en sont les parties visibles les plus anciennes. Ici, elles datent de la période qu’on appelle « crétacé inférieur » et de l’étage géologique qu’on appelle Aptien, c'est-à-dire qu’elles auraient vu le jour entre -125 et -113 millions d’années. Une colline ayant par la force des choses deux versants, ici cette  « Serre de l’Artigue del Baurien » domine la vallée de Maury d’un côté et celle de l’Agly de l’autre. Et si il y aurait encore beaucoup à écrire à son sujet, et notamment en terme de sismicité (*), voilà en résumé ce que l’on peut dire de cette « serre » sur le plan géologique. A la fin de ce récit, j’évoquerai également la toponymie de cette appellation assez insolite (**). Pour le reste, voilà déjà 2 mois, et depuis le court « Sentier du Vigneron » réalisé à Leucate, que Dany et moi attendons ce jour-là. Quelques petits « bobos » récalcitrants nous ont contraints à stopper conjointement nos balades pédestres. C’est donc une reprise que nous attendons avec une belle impatience. Si je connais un peu cette « serre », pour l’avoir côtoyée en 2011 lors d’un mémorable Tour du Pays Fenouillèdes avec mon fiston, seule la partie du chemin allant jusqu’à Lesquerde est commune avec le tracé que j’ai envisagé aujourd’hui. Une autre partie est également commune avec un circuit qui s’intitule « Géologie et anciennes mines », mais je n’en connais que peu de choses et tout juste l’entrée barricadée d’une mine de gypse, mine encore en fonctionnement et qui possède une histoire que je vous conte en annexe (*). Comme je le fais régulièrement, j’ai, sur Internet, tenté de découvrir l’Histoire de ce secteur, mais pour être franc or mis l’exploitation minière, il y a peu de choses. Il faut dire que depuis fort longtemps, les mines et carrières sont la principale richesse de l’endroit, et encore de nos jours. Fer, gypse, cuivre mais aussi manganèse, antimoine, alquifoux et plombagine, voilà les différents gisements pour lesquels des concessions ont été demandées dès le 19eme siècle, nous apprend le remarquable site Internet Santpanhols.fr. Pourtant la présence de 2 oppidums romains à Lesquerde, dont un situé sur la serre, tout près de l’ancienne mine de fer, laisse imaginer une présence beaucoup plus ancienne, mais sans doute avec un intérêt minier elle aussi. L’Histoire de village contée par Jean Tosti affermit cette thèse d’une présence romaine et atteste de mines de fer exploitées dès 1759. Je ne suis pas un spécialiste, loin s’en faut, mais d’autres recherches m’ont appris que la géologie est en réalité bien plus complexe avec également d’autres minerais comme le quartz, la limonite, l’hématite, la pyrite, l’oligiste et la chalcopyrite au sein de roches encaissantes comme le calcaire, le granite et la mylonite. Ces lectures très intéressantes au demeurant, puis une analyse assez poussée de la carte I.G.N et de sa vue aérienne m’ont laissé imaginer deux ou trois parcours pédestres possibles. Quand nous démarrons cette balade, rien n’est donc encore figé à ce propos et j’ai enregistré dans mon GPS, le tracé des différents scénarios. Il est donc 10h30 quand nous garons notre voiture, rue de Lesquerde, pile-poil devant les bureaux de la Communauté des Communes Agly-Fenouillèdes. Le démarrage est très simple puisqu’il suffit de suivre la rue en question jusqu’à une déchetterie puis de poursuivre le balisage jaune et rouge du GRP Tour du Fenouillèdes. Or mis quelques oiseaux qui m’occupent et que je tente de photographier, il n’y a rien bien de notable sur cette partie. Il y a bien une biscuiterie Brosseau, mais elle est fermée, et de ce fait je ne peux que supposer qu’elle fabrique ou fabriquait les fameux et délicieux croquants de Saint-Paul. Sur la droite, si la serre est déjà bien visible avec ses différents pylônes de télécommunications, elle ne donne qu’un petit aperçu de ce qui nous attend car c’est sur l’autre versant que nous y grimperons. Dès lors que le chemin entre dans une garrigue typiquement méditerranéenne, la végétation est si haute et si engainante  que toute vision disparaît et il faut donc attendre l’approche du col de Lesquerde pour que s’entrouvre la vallée de Maury. Si le panorama est beau, il reste néanmoins gâché par un ciel un peu trop laiteux et des pylônes et câbles à haute tension qui s’invitent au beau milieu des décors. L’arrivée au col qui devrait grandiose sous un ciel très clair n’est guère plus géniale sous cette lactescence qui blanchit tout.  Lesquerde, vallée de l’Agly, pays Fenouillèdes et Massif du Canigou, d’ici tout paraît décoloré. A la limite, et assez paradoxalement, seule la «  Serre de l’Artigue del Baurien » , dont le calcaire est pourtant très blanc,  offre un très beau contraste sous un ciel bleu bien plus prometteur. La promesse sera en partie tenue et ce voile blanchâtre disparaîtra quelque peu. Quelques photos au col et nous poursuivons le sentier désormais tout en descente. Dany étant souvent devant moi, je la préviens à l’avance de quelques passages délicats car très caillouteux, très pentus ou très ravinés, et parfois les deux ou trois à la fois. Dans un ciel à l’aplomb devenu soudain très bleu, deux vautours fauves viennent faire le spectacle. Comme il est impossible, voire très dangereux, de marcher et de regarder en l’air nous stoppons pour les observer. Emportés par des ascendances thermiques, il s’élèvent peu à peu jusqu’à disparaître de notre vue. Nous repartons. Dans le silence ambiant, quelques chants d’oiseaux m’incitent à rester aux aguets. Grives, fauvettes et tariers se laissent repérer mais pas toujours photographier. Il faut de la patience et beaucoup de chance. Connaissant déjà ce parcours, je sais qu’il est préférable d’éviter le bitume de la D.19 pour atteindre Lesquerde.  C’est chose faite assez simplement, car contrairement à la vieille carte I.G.N dont je détiens un bout, l’itinéraire évitant l’asphalte est parfaitement balisé. Si Lesquerde est vite là, avec ses très belles villas récentes puis ses ruelles aux maisons parfois si colorées,  c’est au préalable ce gros rocher noir omniprésent dominant le village qui marque les esprits. Il s’agit d’un monolithe de fer dont le poids serait estimé à 10.000 tonnes et dont les spécialistes le qualifie soit de limonite ou d’hématite brune, y rajoutant parfois le mot « brut ». Je sais que mon parcours doit y passer mais comme il est déjà 12h30, nous stoppons pour pique-niquer. Devant la mairie, des bancs sont là bien à propos. ¾ h plus tard, nous repartons par la rue principale puis par la bien nommée rue du rocher. Le rocher est vite atteint et si une photo-souvenir à son pied est bien entendu inévitable, force est de reconnaître qu’il est bien moins impressionnant sous cet angle-là. Il faut dire qu’une fois encore, mais pourtant sans chercher, j’y aperçois deux yeux et un nez en trompette. Ça devient une habitude de voir des visages dans les roches ! Alors bien sûr, et vu comme ça, comment ne peut-il pas perdre de sa superbe !?  Une fois encore, nous repartons. Cette fois, la piste est là et elle s’élève en zigzaguant jusqu’au sommet de la serre, à l’endroit même où les nombreux pylônes  lancent leurs hautes flèches dans un ciel bleu et pur. Dans cette montée, un vautour nous accompagne encore bien plus curieux que ceux de ce matin. Au fil de l’élévation, les panoramas se dévoilent, sur le village certes, mais aussi sur une très belle partie du pays Fenouillèdes. L’entrée d’un vieux tunnel, obstruée par la végétation et quelque peu occupée par de grosses toiles d’araignées, nous rappelle l’exploitation minière d’antan. J’ai lu que ce tunnel, construit en 1908, avec une galerie longue de 560 m et traversant la « serre », permettait aux mineurs venant de Saint-Paul de parvenir plus facilement à Lesquerde et vice-versa. Le minerai était extrait grâce à un petit chemin de fer. Ici tout s’est arrêté. Le tunnel en 1930 et l’exploitation totale dans les années 50/60, alors qu’au loin, du côté de Lansac sans doute, quelques fumerolles blanchâtres s’élèvent au dessus d’un parc éolien. Querelles de l’Ancien et du Moderne, si  on est très loin de la l’Académie Française et de la création artistique, le débat n’est peut-être pas clos pour tout le monde. Carrières à ciel ouvert et éoliennes font souvent l’objet de querelles environnementales. En zoomant avec mon appareil-photo, je constate qu’il s’agit d’une usine bien en activité, car probablement de feldspath ce qui expliquerait la fumée blanche.  Le sol sous nos pieds, lui, est jonché de cailloux ferreux. Il suffit de se baisser pour en ramasser des rouges ou des gris, parfois creusés de petits trous, mais toujours très lourds par rapport à une autre petite pierre ordinaire de taille équivalente. Finalement à l’approche de la crête, cette modernité dont je parle se présente sous les traits des fameux pylônes que l’on aperçoit depuis ce matin comme autant de mires à atteindre. A quoi servent-ils ? Aux communications je suppose, mais ne m’en demandez pas plus, car ici protection oblige, tout est clos ! Quand aux indications ne les cherchez pas, il n’y en a pas ! C’est sans doute « top secret ! »  D’ailleurs, et alors que nous sommes pile-poil en dessous, ce ne sont pas eux qui nous intéressent au premier chef mais les merveilleux panoramas qui nous imaginons dès lors que nous serons parvenus à la crête sommitale. Nous y grimpons puis une fois atteinte, nous restons là quelques minutes comme scotchés devant ce spectacle si aérien, spectacle pourtant encore un peu altéré par cette brume laiteuse toujours présente autour de nous. Assis à l’aplomb d’un à-pic impressionnant nécessitant attention et même prudence, j’ai un peu le vertige. Je m’assieds et Dany s’accroche à moi, sans doute prise elle aussi par cette même sensation d’ivresse de l’abîme. Tout comme moi, je ne la sens pas rassurée, alors je lui propose de redescendre afin que nous allions au véritable sommet, situé un peu plus loin et à 566 m d’altitude. Elle descend mais refuse ma proposition préférant m’attendre à l’ombre d’un grand chêne vert. Alors j’y vais seul, poursuivant la piste et découvrant à la fois un mirador destiné à la surveillance contre les incendies et deux bornes géodésiques. La crête est plus spacieuse, plus rassurante et offre de bien meilleures vues sur le synclinal côté Caudiès et sur Saint-Paul.  Mais comme Dany m’attend, je ne m’éternise pas. A l’instant de se retrouver, ici se pose la question du retour. Je propose à Dany d’aller voir l’ancien chemin des mineurs qui en principe se trouve plus bas sur la piste au détour d’un virage. Ce chemin, dit des Mineurs ou de la Mine, je ne le connais que par les lectures que j’en ai faites, quelques photos peu parlantes et une vue aérienne sur Géoportail. Autant dire rien ! Le chemin est assez simple à trouver mais je passe néanmoins devant et demande à Dany de rester à distance. J’amorce la descente, d’abord sur un étroit sentier puis sur un chemin très caillouteux mais qui s’élargit dès lors que j’atteins l’autre versant, c'est-à-dire celui où se trouvent les falaises les plus abruptes. Depuis la crête, qui imaginerait qu’il y ait un chemin ici ? Voilà la première réflexion qui me vient à l’esprit à l’instant où j’amorce la descente. Pourtant, et à ma grande surprise, j’entends des voix qui arrivent d’un peu plus bas ? Alors je stoppe et j’attends. Deux jeunes femmes arrivent vers moi. Quelques minutes plus tard, elles sont suivies de deux messieurs beaucoup âgées qu’elles, dont un qui semble complètement éreinté et à bout de souffle. Dany qui est resté là-haut sur la crête  m’appelle et je lui conseille de ne pas bouger et de m’attendre. La conversation s’installe avec le petit groupe. Ils arrivent de Saint-Paul. Ma première question portant bien évidemment sur la qualité de ce chemin des mineurs, l’homme le plus âgé, celui là même qui est encore très essoufflé s’empresse de me répondre. « Le chemin n’est qu’une succession de caillasses et d’éboulis pendant un bon bout de temps » me dit-il. « Il est donc instable ? » lui dis-je. «  Oui, c’est ça, il est très instable et j’ai eu du mal à progresser » me répond-il. « Pensez-vous que ma femme qui a une prothèse totale du genou puisse l’emprunter sans crainte en descente ? ». Et là, c’est presque en cœur qu’ils s’exclament « non surtout pas ! ». « J’ai 82 ans, j’ai pris ce chemin des dizaines de fois mais je crois que c’est la dernière fois que j’y viens car il est de plus en plus mauvais » rajoute le vieil homme encore bien haletant. « Tu vieillis ! » lui dit une des deux jeunes femmes. Je les remercie tous et sans aucune hésitation, je rebrousse chemin. Ce n’est pas aujourd’hui que je découvrirais ce chemin des mineurs mais je ne suis pas inquiet car je sais qu’une autre issue possible est enregistrée dans mon GPS. Nous redescendons vers Lesquerde. Finalement le chemin permettant d’effectuer une petite boucle est vite là. Il est commun avec l’itinéraire « Géologie et anciennes mines » et d’ailleurs quelques mètres après la bifurcation obligatoire, des vestiges sont très vite là : maisons des mineurs, trémie, ancienne structure supportant des wagonnets, etc….Sur ce parcours, nous n’avons pas l’impression d’avoir perdu au change. Enfin, je n’en sais rien ! Si nous poursuivons cette boucle, qui est bien balisée d’une couleur jaune, je garde toutefois mon GPS allumé car bien évidemment il ne nous faut pas redescendre sur Lesquerde mais remonter vers le col éponyme. Un cairn bien placé au bon endroit nous y aide allègrement. Le col de Lesquerde arrive à point nommé, et si nous y finissons avec plaisir les restes de nos collations, c’est parce que sur notre droite un parapentiste vient de prendre son envol depuis la Serre de l’Artigue del Baurien et que sur notre gauche, un vautour a décidé de faire de même. Finalement, le parapentiste reste seul en l’air car le vautour file se poser au sommet du Causiel, suite logique et rocheuse du pinacle aux pylônes.  Le retour vers Saint-Paul s’effectue sans souci mais sous un ciel carrément plombé au dessus de la commune. Rien de vraiment notable, or mis quelques amandes à glaner que Dany découvre au détour du chemin,  et pour moi, une corneille qui a décidé de jouer avec mes nerfs et mon appareil-photo au sommet d’un pylône à haute tension. Si cette boucle se termine en principe devant les bureaux de la Communauté des Communes Agly-Fenouillèdes où se trouve notre voiture, nous ne prenons que le temps d’y déposer nos sacs à dos dans le coffre et de chausser des tennis plus légères.  Sur un coup de tête, nous venons de décider que la balade se poursuivrait encore par une copieuse visite de la cité dédiée à l’apôtre des Gentils.  Dans ce dédale de petites ruelles bien sympathiques, on regrette de ne pas pouvoir approcher de plus près le fameux « chapitre « , et ce pour cause de très importants travaux de restauration. Oui dommage de ne pas pouvoir se faire une meilleure idée de ce magnifique monument historique, le plus emblématique car le plus symbolique du pays Fenouillèdes ! Ainsi se termine cette très belle journée que nous languissions depuis plus de 2 mois. La finir sans aucun bobo ajoute à notre bonheur.  Telle qu’expliquée ici, mais hors visite de Saint-Paul, cette balade a été longue de 11,3 km pour des montées cumulées de 850 m.  Le dénivelé est de 301 m entre la ligne de départ à 265 m et la borne géodésique de la « Serre de l’Artigue del Baurien » à 566 m. Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet et 2248 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

    (*) Carrière de gypse de Lesquerde et sismicité : Le site de la commune de Lesquerde nous apprend que cette carrière souterraine est encore en activité, activité confirmée par Jean Tosti qui sur son site, rajoute que c’est la société Bournet qui l’exploite, extrayant 30.000 tonnes de minerais par an. Elle est la dernière et la seule des Pyrénées. Le gypse, déjà utilisé pendant l’antiquité et notamment pour les statues, est aussi connu sous l’appellation de « pierre à plâtre ». Le site Wikipédia nous apprend que les anciens plâtriers la désignaient sous le vocable de « pierre de lune ». L’Histoire du Chapitre de Saint-Paul (Le chapitres et les gypseries) nous révèle que vers 1660, le maître-gipier Jean Sabatier a largement utilisé le gypse (guich) de Lesquerde pour la réalisation de très nombreuses décorations de la collégiale, gypseries qui ont pas mal souffert lors d’un séisme survenu en 1996.  Or, la lecture d’un article du 21/12/2012 sur le site de Médiapart explique que ce même séisme du 18 février 1996 a eu pour épicentre cette fameuse carrière de gypse de Lesquerde. Encore plus fort, avec 5,6 de magnitude et située à 7 km de profondeur,  il s’agirait selon le RéNaSS, Réseau National de Surveillance Sismologique de la plus puissante magnitude jamais enregistrée en France. Cette information a brièvement été reprise sur le site Agora Vox. Si ce séisme et ses répliques vous intéressent, sachez que l’Association Française du Génie Parasismique a rédigé un rapport de 116 pages à ce propos accessible sur Internet. Il précise que « l’épicentre instrumental et macrosismique semble bien localisé dans le secteur de Saint-Paul-de-Fenouillet-Lesquerde, les premières répliques analysées se situeraient plus au sud près de Saint-Arnac, Feilluns et Ansignan. L’ensemble de ces villages a par ailleurs fortement ressenti l’événement principal ». Voilà ce que l’on peut dire de cette carrière de gypse, même si or mis ces quelques articles, jamais aucune publicité ne l’a véritablement présentée comme l’épicentre du séisme le plus puissant jamais enregistré en France. Précisons tout de même que ce séisme n’a fait aucune victime et apparemment pas perturbé l’exploitation du gypse. Enfin et pour conclure, rappelons que cet endroit est situé non loin de la frontière entre les plaques tectoniques Eurasienne et Ibérique qui ont, il y a -65 millions d’années, initié la création des Pyrénées. Les deux plaques s’affrontant et coulissant l’une sous l’autre, elles engendrent des tensions occasionnant de nombreuses failles dont celle qui a pour nom « Faille Nord-Pyrénéenne » allant grosso-modo de Saint-Paul-de-Fenouillet jusqu’au Cap Breton.

    La Serre de l'Artigue del Baurien (566 m) depuis Saint-Paul-de-Fenouillet. 

    Carrière de gypse de Lesquerde photographiée en 2011 lors d'un Tour du Pays Fenouillèdes et épicentre du plus violent séisme connu en France (cliquez sur la photo pour l'agrandir)

    (**) Toponymie de la « Serre de l’Artigue del Baurien » : J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer l’origine du mot « serre ». De l’occitan « sèrra », elle désigne une colline de forme allongée voire plus simplement une ligne de crêtes. On retrouve cette origine dans les mots « sierra » en espagnol et en castillan et « serra » en Italie,  mais également dans les mots « serra », « serrat » ou « sarrat » en catalan. On le trouve également dans le mot « serres » au pluriel ainsi que dans le mot « serrade » pour un chemin longeant une ligne de crêtes. Au singulier ou au pluriel, il s’agit aussi d’un nom propre ou de famille plutôt répandu. Ici pas de doute, il s’agit bien d’une colline de forme allongée. Concernant le mot « l’Artigue » ou « Lartigue », tous les toponymistes sont également d’accord pour lui attribuer une signification identique, même si selon les régions quelques nuances peuvent exister. Alors pas de doute, il s’agit bien d’une surface défrichée ou d’un terrain labouré pour les rendre cultivable. Une commune près de Saint-Gaudens porte ce nom de « Artigue », du prélatin « artica » et du gascon « artiga » nous précise le site Wikipédia. Idem avec plusieurs lieux, communes et personnages portant ce même nom au singulier ou au pluriel « Artigues ». Dans le livre « Les toponymes pyrénéens » de Robert Aymard, les nuances sont excessivement nombreuses et en faire la liste complète serait bien trop long. En voilà quelques unes : Articaut, Artiès, Artigal, Artigala, Artigalet, Artigou, Artiguette, Lartigau, etc….quand aux définitions en français, ça va de la clairière à la défriche, en passant par un terrain dénudé ou une parcelle déboisée. Ces différents et nombreux toponymes s’expliquent par le fait même que l’on imagine une origine quasi commune dans toutes les langues ;  gascon, occitan, provençal, ibère, basque, catalan ; avec peut-être un étymon originel « artika » (Etymologie occitane). Reste enfin à expliquer le mot « baurien »  que l’on pourrait croire assez simple mais qui est de très loin le moins documenté. Si je dis simple, c’est tout simplement parce que dans les parlers occitans le « B » et le « V » sont identiques et ne sont qu’une question de prononciation. A partir de ce concept, on imagine aisément qu’un « baurien » pourrait être en réalité un « vaurien », c'est-à-dire en français et selon le Larousse « une personne sans aucune valeur morale » voire « un enfant malicieux et indiscipliné ».  Pourtant, selon plusieurs toponymistes, ce n’est pas par là qu’il faut chercher une explication mais plutôt dans le mot « baure », de la racine occitane « vaur » signifiant « ravin » ou « gouffre ». Du gaulois « bawa » ou « baua » signifiant « boue », la « baure » devient parfois « boeyre » ou « bouère » en gascon, « bouirex » en Ariège ou «Bouerzy » en Béarn et « Baurien » en Roussillon nous explique Robert Aymard dans son ouvrage consacré à l'« Hydronymie pyrénéenne ». Selon  ce dernier, une « baure » serait donc en Roussillon un endroit boueux en montagne. Il faut bien reconnaître que cette dernière explication ne paraît guère plausible dans un endroit aussi sec et rocailleux que cette « Serre de l’Artigue del Baurien ». Mais les temps ont pu changer. Dans le même sens, on trouve un col de "Boire" près du hameau de Vira dans la forêt de Boucheville.

    Alors cette « Serre de l’Artigue del Baurien » faut-il la traduire comme :

    • la colline du terrain labouré (ou défriché) d’un vaurien ?
    • la colline du terrain labouré (ou défriché) près du ravin ?

    Est-ce bien dans ces hypothèses-là qu’il faut continuer à chercher ? A moins que la vérité surgisse soudain d’un gouffre ?


    1 commentaire
  •  Le diaporama est agrémenté avec des musiques du compositeur allemand Oliver Heuss extraites de ses albums "Amerikas Naturwunder"

    La Boucle des Etangs du Carlit depuis Les Bouillouses.

    La Boucle des Etangs du Carlit depuis Les Bouillouses.


     

    Parce que je n’ai pas été l’initiateur de cette « Boucle aux Etangs du Carlit » réalisée le 25 août 2019, je l’avais complètement oubliée dans ma chronologie. Pourtant, ce jour-là, j’avais fait en sorte de prendre les photos indispensables au reportage habituel de mon blog. Ce n’est donc que partie remise et voilà ci-après le récit de cette merveilleuse journée en famille. C’est Carole ma fille, presque sur un coup de tête, qui nous a invité à cette sortie capciroise. Alors bien sûr, il nous « faut tomber du lit », se préparer dare-dare afin d’être prêts pour démarrer tous ensemble vers ces merveilleuses Pyrénées qui nous attendent et que nous aimons tant. Tout ce passe comme prévu, mais malgré ça, il est déjà 11h quand on gare nos voitures sur le parking du Pla de Barrès. Là, à la belle saison, commence la route réglementée menant au site classé des Bouillouses. Le parking étant déjà bien plein, on s’inquiète un peu. Pourtant tout paraît bien rodé et en moins de 10 mn, nous voilà déjà dans la navette, un bus très confortable ; alors que la route ne l’est pas du tout ; direction le fameux barrage alimentée par la Têt depuis 1910. Une demi-heure plus tard, et bien que beaucoup chahutés à cause des nombreux virages, nous débarquons entiers et en bonne forme. Aussitôt, voilà notre petite équipe déjà à pied d’œuvre, filant en direction de l’hôtel-restaurant Les Bones Hores, car c’est là que commence l’itinéraire menant à nos futurs objectifs. Ici, et bien que de très nombreux souvenirs, plus ou moins récents, resurgissent en moi, je ne peux guère m’éterniser. Pourtant, et en essayant de me les remémorer, les 3 principaux reviennent chronologiquement presque naturellement. Il y a août 2001 où Dany et moi n’avions fait que passer lors d’une étape mémorable sur le G.R.10 entre Mérens-les-Vals et Mantet. Mémorable car ce périple avait duré 8 jours, mais surtout parce que cette étape entre le lac du Lanoux et Bolquère, bien trop longue, avait mis à vif les pieds de Dany. C’est d’ailleurs à cause de ça, que nous avions terminé à Mantet plutôt qu’à Prades comme initialement prévu. Puis en juin 2005, déjà ma fille et mon gendre JC avaient décrété de nous faire gravir le Carlit. Ce jour-là, si j’avais réussi l’ascension sans trop de problèmes, la descente sans doute trop rapide avait engendré dans mon crâne de terribles maux de tête. Alors je m’en souviens aussi parfaitement. Les étangs vers lesquels nous partons aujourd’hui, depuis le sommet du Carlit, je les avais décrit comme « une constellation de lacs dans une galaxie granitique ». Aujourd’hui, je tire néanmoins un constat : j’ai vieilli de 14 ans, depuis ma fille et mon gendre ont eu deux beaux enfants, et de ce fait et par bonheur, j’ai deux adorables petits-enfants de 11 et 9 ans qui m’accompagnent et marchent bien mieux que moi. Enfin, en septembre 2013, les Bones Hores nous avaient accueilli pour notre dernière soirée sur un incroyable Tour du Capcir (à paraître) réalisé en 4 jours avec mon fils Jérôme et un couple d’amis. Alors même si je ne m’arrête pas devant l’hôtel, je ne peux m’empêcher de l’immortaliser, car tout comme le barrage, cet hôtel est la représentation matérielle de tout ce passé à la fois si lointain mais encore si frais dans ma mémoire. Les seuls arrêts, je les consacre presque exclusivement à photographier les décors car si la faune et la flore sont un peu présentes, le rythme de marche qui m’est imposé par tous ces jeunes n’est pas celui que je pratique habituellement. Alors que nous en sommes à regarder des panonceaux,  mon gendre m’indique  qu’il a fait le choix d’une variante plus courte que celle des 9 ou 12 étangs. « Ça me conviendra très bien » lui dis-je en regardant le panonceau indiquant 2h30 pour les 9. D’emblée, comme l’itinéraire ne fait que monter, je me contente de suivre ce petit groupe de jeunes en essayant de ne pas me laisser distancer. J’y parviens mais aux prix d’efforts peu habituels pour moi. D’ailleurs, de temps à autres, j’éprouve la nécessité de quelques arrêts pour souffler un peu. Je ne suis pas le seul. Dany, elle, est dans une forme quasi-similaire à la mienne, mais nous avançons correctement et c’est bien là l’essentiel. Rien ne presse après tout car la balade est courte et puis il faut aussi penser aux enfants, peu habitués à marcher en altitude. Par bonheur, car la faim me tenaille, le premier estany, celui del Viver (ou Vivès), est décrété comme étant le lieu idéal d’un pique-nique. Tout le monde adhère à cette lumineuse proposition. Ici, je peux enfin me livrer à ma passion pour la photo naturaliste. Oh, ce n’est pas un zoo mais les quelques colverts et les dizaines de libellules noires qui occupent le rivage suffisent à mon bonheur. Prendre des couples de libellules qui ont décidé de s’unir n’est jamais facile. J’y passe du temps. Quand aux colverts, ils paraissent tous identiques et leurs plumages plutôt ternes pourraient laisser croire qu’il ne s’agit que de femelles. En réalité, quand on les observe plus précisément, on peut noter quelques modestes différences. Ils ont revêtu leur plumage d’éclipse, celui qui suit la période nuptiale, avec comme principale conséquence celle des mâles qui « perdent la tête » et leur merveilleuse couleur verte irisée. De plus, la quasi-absence de miroir alaire car invisible dans leur façon placide de barboter rend impossible la moindre évaluation de leur âge. De ce fait, il y a-t-il quelques jeunes canards parmi eux ? Difficile à dire ! Voilà à quoi je pense et m’occupe en dévorant mes sandwichs. Le pique-nique terminé, nous repartons. Le balisage est bon et la qualité du sentier très variable mais dans cette partie-là,  les petits lacs s’enchaînent assez rapidement : étang Noir, étang de la Coumasse et étang Sec. Malgré le rythme imposé, je continue à être aux aguets et si quelques oiseaux et papillons sont bien présents, dans l’immédiat, je n’immortalise que ces derniers, toujours les mêmes apparemment et de la famille des « Moirés ». Par bonheur, une centaine de mètres plus loin, un très beau Bec-croisé des sapins vient se poser au sommet d’un pin à crochets. Malgré qu’il soit un peu loin, je parviens néanmoins à le photographier car il est occupé à son déjeuner, consistant à picorer les aiguilles les plus jeunes. Il s’agit d’un mâle avec son beau plumage rouge. Après l’étang Sec, une longue ligne quasiment droite file vers l’étang de Bailleul. Selon mon bout de carte IGN, il faudrait monter le talus puis traverser le plateau pour aller voir les étangs Llat et Llong mais apparemment personne n’y semble décidé. Pourtant, ils ne me paraissent pas très loin. 300 ou 400 m tout au plus. Si j’étais seul, pas de doute, j’irais les voir mais aujourd’hui je suis le mouvement et ce d’autant que c’est moi qui ferme constamment la marche. Je ne parviens qu’à rattraper les autres car ma petite-fille Eulalie semble être tombée sous le charme des cairns qui jalonnent le sentier. A chacun des gros cairns, elle ajoute des pierres aux édifices et quand ils sont tout petits, elle prend un malin plaisir à les redresser presque intégralement. Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est peut-être ainsi qu’on attrape le virus de la randonnée pédestre. L’arrivée à l’étang de Bailleul est l’occasion d’une nouvelle pause où le petit torrent déversoir offre à tous la possibilité d’un bain de pied « fraîchement » réconfortant.  Moi, comme j’ai aperçu deux bergeronnettes grises courant sur la berge, je pars pour tenter de les photographier. J’y parviens à force de patience et parce que j’accepte de faire la moitié du tour de l’étang mais j’avoue que quelques fleurs communes à ce milieu humide sont plus faciles à immortaliser. Nous profitons aussi de cet arrêt pour finir nos casse-croûtes respectifs. C’est à cet instant que j’aperçois un couple, qui droit devant moi, est entrain de gravir les gros pierriers. Je les observe. Mais où vont-ils au juste ? Finalement, en regardant mon bout de carte, je comprends qu’ils ont choisi la ligne la plus droite pour rejoindre les autres étangs qui sont plus hauts : Castellà, d’En Gombau, Trebens et Sobirans. Nous repartons. L’étang de Bailleul étant amplement recouvert de très longues plantes aquatiques, j’en suis à me demander si cette prolifération n’est pas le début d’une inéluctable eutrophisation ?  Tout au cours du chemin, j’ai déjà remarqué pas mal de petites cuvettes complètement asséchées et je suis à peu près certain qu’il fut un temps où elles devaient héberger d’autres étangs aussi remplis que ceux que nous visitons. Jusqu’à l’étang de Les Dougnes, puis encore bien après, rien de notable, or mis une « grosse gamelle » sans gravité dans une descente menant à une petite passerelle. Ça fait rire les enfants Robin et Eulalie de me voir les « quatre fers en l’air », mais les adultes un peu moins. Ils s’inquiètent immédiatement de mon sort.  J’ai glissé sur une roche et suis  tombé sur le dos mais par bonheur mon sac a totalement amorti le choc. Je n’ai absolument rien. Je repars en me souvenant qu’après de très nombreuses chutes à répétition dont une plutôt grave, je ne suis plus tombé depuis une randonnée « très spéciale car orientée » qui m’avait mené au « conjurador de Serralongue » en février 2017. J’avais appelé cette randonnée qui m’avait été vivement conseillé par un inconnu rencontré à Urbanya « Les chemins ruraux de Serralongue depuis le Tech ». La magie de la conjuration avait bien fonctionné jusqu’à présent mais aujourd’hui une toute petite pierre granitique qui a glissé son mon pied droit est venu contrarier cet ordre qui semblait pourtant bien établi. Il faut dire que je l’ai un peu cherché car au lieu de suivre le sentier le plus fréquenté comme le faisait tout le monde, j’ai fait le choix de marcher au plus près du ruisseau qui lui est parallèle. Le ruisseau de la Bouque de Capcir il s’appelle et il fait le lien entre l’étang de Les Dougnes et celui del Viver. Par la force des choses, les pierres y sont plus humides mais moi je voulais voir si j’y apercevais des grenouilles dont je sais qu’elles sont présentes régulièrement. Alors ces grenouilles que je n’ai pas vu, m’ont-elles jetées un mauvais sort ? Je n’y crois pas une seconde même si je sais que depuis l’Antiquité, les grenouilles et les amphibiens en général sont considérés comme des êtres maléfiques. Au Moyen-Âge, le crapaud et surtout sa bave sont très souvent le composant préféré des potions magiques des sorcières. Les grenouilles, salamandres et autres tritons sont des animaux diaboliques. Mais le Moyen-Âge est loin et si l’Histoire, celles des sorcières notamment et les légendes m’intéressent, je garde les pieds sur terre. Enfin, pas toujours ! Et surtout quand les semelles sont détrempés ! D’ailleurs, la chance me sourit enfin avec une mésange huppée qui vient très gentiment se laisser photographier en se posant au sol à quelques mètres de moi. A hauteur de la passerelle en bois puis juste après, le cas d’étangs ayant subi une ancienne eutrophisation semble se confirmer avec deux ou trois zones amplement envahies presque uniquement par des tourbières. Elles doivent sans doute se remplir que dans le cas de très puissantes précipitations pluvieuses. Les étonnantes Linaigrettes et les jolies Parnassies des marais s’y complaisent. Apparemment, les Populages des marais et les Séneçons des Pyrénées semblent préférer le bord des ruisseaux.  Finalement, après la traversée d’un petit bois de pins à crochets et une nouvelle descente un peu scabreuse, nous retrouvons l’étang del Viver et ses colverts. Pas d’arrêt cette fois et juste le temps de quelques photos des volatiles simplement pour le plaisir. Comme c’est le dernier étang, par la force des choses, la suite et la fin de la boucle deviennent plus monotones. Pour moi, seul un lézard des murailles qui est écrasé comme une crêpe contre un rocher vient compléter mon court bestiaire photographique. J’en suis donc à chercher quelques fleurs oubliées à l'aller pour terminer en beauté. Comme il n’y a plus que des descentes et que les Bouillouses ne sont plus très loin, tous les randonneurs ; et ils sont nombreux à cette heure-ci ; semblent accélérer le pas. Parmi eux, un vieil homme, avec lequel j’entame une cordiale conversation, marche beaucoup plus lentement que tous les autres. Et pour cause ! Il a 84 ans et vient de gravir dans la journée le Carlit et ses 2.921,66 m avec son fils et son petit-fils.  « Chapeau bas ! » lui dis-je en apprenant cela puis voyant qu’il finit quand même bien fatigué et le pas un peu incertain car hésitant, je rajoute tant bien que mal un proverbe qui me vient  à l’esprit : « Ne vous pressez pas !  La lenteur arrive toujours au but alors que la précipitation s’empêtre souvent en chemin »,  avant très paradoxalement d’accélérer mes propres foulées pour rattraper le retard que j’ai pris sur ma petite famille. Il est 16 h tapantes quand nous arrivons aux Bones Hores. Estimant que nous le méritons bien, je propose que l’on prenne une boisson fraîche sur la terrasse de l’hôtel. A la fois histoire de se dessécher le gosier mais aussi de garder un souvenir mémorable de cette magnifique journée. J’ai gardé tous les autres en tête alors pourquoi pas celui-ci avec ma fille et mes deux amours de petits-enfants ? Malgré la foule qui se détend autour des nombreuses tables, il règne ici comme un immense flegme, une espèce de placidité ambiante. Un peu comme si les gens voulaient garder de leur journée ici, dans cette belle du Capcir, dans ce site exceptionnel des Bouillouses et du Carlit, une grande quiétude. Même les serveurs ne semblent jamais pressés. Pourtant quand je les observe, je m’aperçois qu’ils n’arrêtent jamais, se démenant en tous sens mais toujours avec une débonnaire jovialité. Ils ne nous restent plus qu’à rejoindre la navette et si ce matin nous avions fait le choix de passer sous la voûte du barrage, cette fois nous passons dessus. Force est de reconnaître que c’est bien plus beau. C’est donc avec de multiples coups d’œil et photos sur le superbe lac que nous finissons cette balade en famille. Le temps de quelques minutes passées à observer deux pêcheurs lançant leur cuillère à la limite du canal déversoir puis très vite les rares maisons des Bouillouses sont là. Deux navettes sont déjà présentes et c’est avec une belle discipline que tout le monde se plie à leur remplissage respectif en fonction de l’ordre des arrivées. Ainsi se termine cette très belle journée en famille. Oui, il avait raison Jean Ferrat « que la montagne est belle ! ». Telle que racontée ici, cette randonnée a été longue de 9 km pour des montées cumulées de 380 m. Le dénivelé est de 247 m entre le point le plus bas au départ des Bouillouses (1.992 m) et le plus haut sur le petit plateau de l’étang des Dougnes (2.239 m) Carte IGN 2249 ET Font-Romeu - Capcir Top 25.

    Description et toponymies des étangs visités - Les lacs supérieurs des Bouillouses

    • Etang ou estany del Viver: Situé à une altitude de 2.139 m pour une superficie de 3 ha et une profondeur de 10 m, c’est le tout premier que l’on découvre sur cette boucle des étangs du Carlit. On le trouve parfois sous la dénomination de Le Vivé ou del Vivé.  La toponymie de ces mots est très simple car bien évidemment elle est à rapprocher du verbe français « vivre » qui a pour origine le latin « vivere ».  Il serait bien trop long d’énumérer ici tous les mots,  noms propres ou de familles qui en sont issus mais en voici quelques uns parmi les plus communs : Vivant, vivier, vivacité, vivoter, Vivès, Vivet, Vivien, Vivern, Vivo, Viviani, etc….Alors reste à savoir pourquoi l’étang porte-t-il ce nom ? On ne peut que faire des suppositions entre le fait qu’il aurait été un vivier à poissons pour les pêcheurs ou bien qu’il aurait été l’étang le plus vivant car son ruisseau est le plus proche de celui des Bouillouses par exemple. On peut je pense éliminer le nom d’une personne.
    • Etang Noir ou Estany Negre : Situé à une altitude de 2.140 m pour une superficie de 4,5 ha et une profondeur de 7 m, sa toponymie est tout simplement due à la couleur de ses eaux engendrée ici par une sombre forêt de sapins qui l’entoure et s’y reflète. Il faut noter que dans les Pyrénées, il y a d’autres lacs ou étangs portant ce même nom de « Negre » et notamment un autre tout proche des Bouillouses au lieu-dit Les Esquits. Pour le différencier du nôtre, ce dernier est parfois appelé Etang Noir d’en Bas. A ne pas confondre donc. 
    • Etang de la Coumasse : Situé à une altitude de 2.160 m pour une superficie de 4 ha et une profondeur de 10 m, sa toponymie d’estany « de la Comassa » signifierait « étang de la grande combe » (Source Wikipédia). On peut faire confiance à cette définition puisque le mot catalan « coma » signifie « combe » et que le suffixe « asse » à souvent une valeur augmentative. Dans la toponymie pyrénéenne, le mot ou nom propre « coume » qui signifie également « combe » est très présent.
    • Etang Sec ou estany Sec : Situé à une altitude de 2.140 m pour une superficie de 2 ha et une profondeur de 7 m, sa toponymie aurait pour origine un îlot rocheux d’une vingtaine de mètres carrés (Source Wikipédia). Toutefois, sa faible profondeur peut également laisser imaginer qu’il aurait connu, sinon une période de totale sécheresse, tout du moins un très bas niveau de ses eaux. Ce constat se vérifie par la couleur vert pâle de ses eaux que n’ont pas les autres étangs et que l’on peut aisément observer sur une vue aérienne (Géoportail).
    • Estany Llat : Situé à une altitude de 2.174 m pour une superficie de 10 ha et une profondeur de 14 m, ce lac constituait à la fin du 19eme siècle le centre d’un domaine piscicole affermé par les frères Aymar, pêcheurs professionnels (source Wikipédia). Sur les cartes IGN, une cabane portant ce nom est le témoignage encore présent de ce passé révolu. D’autres vestiges comme des sillons creusés pour déplacer les truites ou les saumons de fontaine sont encore visibles. Le mot catalan « Llat » signifie « large » et serait une contraction « cerdane » de « llarg » (large) et du mot « plat ». L’estany Llat serait donc large et plat, ce qu’il est en réalité si l’on en juge par l’écart de seulement 1 m entre ses altitudes nord/sud les plus opposées et sur une distance de plus de 300 m.
    • Estany Llong : Situé à une altitude de 2.184 m pour une superficie de 5 ha, son nom de « long » a pour origine ses mensurations : 500 m de long et 170 m de large. Avec un îlot rocheux en son centre et la couleur olivâtre mais plutôt claire de ses eaux, sa profondeur non mentionnée est probablement une des plus faibles de tous les lacs supérieurs des Bouillouses. Une photo aérienne sur Géoportail témoigne de ce constat et il paraît même coupé en deux par une végétation aquatique envahissante. Début d’une eutrophisation ? Je n’ai rien trouvé à ce propos.
    • Etang de Bailleul ou estany de Vallell : Situé à une altitude de 2.230 m pour une superficie de 1,5 ha, il est le plus petit des lacs visités lors de la réalisation de la boucle accomplie. Un peu comme l’étang Llong sa profondeur non mentionnée est probablement très faible. Envahi par de longues plantes aquatiques de surface, sa profondeur ne doit pas excéder 2 à 3 m. Encaissé entre deux crêtes rocheuses, sa toponymie de « Vallell » en catalan ou de « Bailleul » en français a forcément pour origine les mots « vallée » ou « vallon ».
    • Etang des Dougnes ou Estany de Les Dugues : Situé à une altitude de 2.243 m pour une superficie de 3,8 ha et une profondeur de 5 m, cet étang à la particularité de posséder deux déversoirs s’écoulant simultanément vers les bassins de l’Ebre et de la Têt. Cette particularité, il la doit à deux petits ruisseaux. Un premier qui a pour nom « Ruisseau de la Bouque (ou Boca) de Capcir » s’écoulant vers l’étang del Viver qui lui-même se déverse ensuite dans le lac des Bouillouses et donc dans la Têt et un second qui finit par prendre le nom de « Rec de l’Estany » mais seulement après s’être déversé successivement dans les étangs de Bailleul, Llong, Llat et Basses d’en Gombau. Au fil de son cheminement et de multiples ruisseaux affluents, le Rec de l’Estany change de dénominations mais leurs eaux communes finissent leur course dans la rivière d’Angoustrine, elle-même affluent du Sègre et donc sous affluent de l’Ebre, plus long fleuve exclusivement espagnol avec une longueur de 928 km. Selon le toponymiste Robert Aymard, le mot « dugues » ou « dougnes » en français ou « dourgues » en occitan signifierait « trou d’eau ». De très nombreux noms propres commençant ou contenant la racine « dou », ont un rapport avec l’eau (Les noms de lieux en France. Glossaire de termes dialectaux). C’est ainsi qu’en vieux breton le mot « dour » signifie « eau ». En occitan le mot « douts » ou « dotz » signifie « source ». Idem dans la toponymie gasconne où les mots « Doux », « Douch » ou « doutz » sont également une « source ». Et l’on pourrait allègrement rallonger ces exemples.
    • Le lac des Bouillouses : (encatalanEstany de la Bullosa ou de la Bollosa ) est un lac artificiel d'une superficie de 149 ha des Pyrénées, en Haut-Conflent, dans les Pyrénées-Orientales. Le mot catalan « bollosa » est probablement l'adjectif fabriqué « bullosa » dérivant de « bulli » et qui signifie « qui fait des bulles ». En effet, le lac des Bouillouses occupe la partie marécageuse appelée la Grande Bouillouse ou la Bouillouse sur certaines cartes anciennes. La Petite Bouillouse existe toujours, sur la Têt, à 200 m en aval du barrage, appelée « Bolloseta » sur les cartes IGN dans l'édition 2010. En 1896, Emmanuel Brousse mentionne la Bouillouse et la Bouillousette, et appelle les Bouillouses l'ensemble de ces deux lieux. Il ajoute que « la Bouillousette et surtout la Bouillouse sont d'immenses réservoirs naturels dans lesquels il serait facile de retenir les eaux ». (Extraits du site Wikipédia). Pour en savoir plus, rendez-vous directement vers l’encyclopédie libre en cliquant ici.  Le toponymiste pyrénéen Robert Aymard dans son livre « Toponymes Pyrénéens » y voit clairement un rapport avec le mot latin « bulla »  signifiant « bulle », le mot béarnais « boulhou » signifiant « bouillon » et le français « bouillonnant ».

    1 commentaire
  •  

    Ce diaporama est agrémenté de la chanson et musique "Lettre à France" de Michel Polnareff, paroles de Jean-Loup Dabadie. Elle est successivement interprétée ici par Ubem Music (instrumental), Clem (chant), Thierry Danneau (harmonica), Trio Quentin Degem, Alex Lecuyer, StefNsing (chant), Zazapat (harmonica)

    Le Sentier pédestre sur les hauteurs de Collioure depuis Collioure

    Le Sentier pédestre sur les hauteurs de Collioure depuis Collioure 

    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


     

    C’est sur le site Visorando et en tapant « Collioure » dans la rubrique « recherche » que j’ai trouvé cette balade sous l’intitulé « Notre-Dame de Consolation, le Fort Saint-Elme et le moulin à huile » dont l’auteur est mentionné sous le pseudo « lemarcheur65 ». Alors bien sûr merci à lui. Voulant trouver une appellation plus compacte avec le nom « Collioure », j’ai d’abord eu l’idée d’appeler cette balade « les Balcons de Collioure », mais cette locution étant déjà très prisée sur le Web dans le secteur de l’immobilier, je me suis dit « à quoi bon mettre une dénomination déjà si usitée ? » puis « ne serais-je pas mieux référencé sur le Web en mettant autre chose ? ». Finalement, ma préférence est allée vers un concentré de l’idée que j’avais eue de ce joli circuit : «  Le Circuit pédestre sur les Hauteurs de Collioure ». J’ignore si je serais bien référencé mais l’appellation me plaît bien. D’abord, elle élimine le mot « balcon » trop utilisé puis l’idée de savoir s’il y a un seul balcon ou plusieurs. En tous cas, des hauteurs, pas de doute, il y en a plusieurs. Elles tournent autour de Collioure et ont pour nom « Consolation », « coll de Mollo », « puig de les Daines », « coll d’En Raixat », « fort Dugommier » et « fort Saint-Elme ». Ces noms-là sont ceux qui apparaissent sur la carte IGN, noms que coupe le tracé de ce circuit. Enfin, le nom « Collioure » est bien là et surtout pas de surprise, tout le monde comprendra immédiatement qu’il s’agit d’un circuit à faire à pied. Certains diront peu importe le nom et ils auront raison. En effet, l’essentiel est que cette boucle est vraiment superbe, et de surcroît un peu sportive, avec des panoramas exceptionnels en direction de la Côte Vermeille. Au départ et suivant à la lettre les consignes de Visorando, nous garons notre voiture sur la  route du Pla de Las Fourques, le long du camp militaire. Nous sommes le 26 septembre, il est 9h30 et de nombreuses places de parking sont toujours disponibles. Qu’en est-il en plein été ? Je l’ignore mais je suppose que trouver une place doit être coton. L’été, c’est toujours comme ça à Collioure tant la cité balnéaire est prisée par les touristes. Nous démarrons en descendant la route. Par précaution, j’ai allumé mon GPS dans lequel le tracé du circuit est enregistré. Dans l’immédiat, je me fie surtout à la lecture du topo de Visorando. Comme indiqué, nous tournons à droite avenue du Mirador et descendons jusqu’à la place du Marché. Nous la traversons et filons direct vers ce que nous pensons être la bonne continuité, c’est à dire la rue des Palmiers. Devant l’hôtel Casa Païral, nous hésitons car la rue des Palmiers est mentionnée dans une petite allée qui est perpendiculaire à celle où nous nous trouvons. Nous demandons notre chemin à une jeune dame qui s’empresse de nous demander où l’on veut se rendre. « A Notre-Dame de Consolation » lui dis-je. « Oui, vous pouvez effectivement y aller par là » nous répond-elle en nous montrant du doigt la direction à suivre, ajoutant aussitôt « allez tout droit, continuez en longeant le ruisseau asséché puis quittez-le dès lors que vous verrez des escaliers sur votre droite. Dans le lotissement, vous trouverez des indications  ». « C’est simple, vous verrez » rajoute-t-elle pour nous rassurer définitivement. Nous la remercions de sa gentillesse et nous voilà partis. Si au regard du nombre de voitures garées, je finis par comprendre que la partie cimentée du ruisseau, c’est sans doute aussi la rue des Palmiers, la partie asséchée non cimentée arrive très vite. Par bonheur, une allée surélevée bien pratique longe le ruisseau sur sa droite. Sans doute encore plus pratique les jours de fortes pluies. C’est bien le ruisseau le Douy (el Dui) mentionné sur le topo. D’ailleurs, d’autres mentions du topo apparaissent au fil de notre cheminement : passage sous la voie ferrée puis sous la route d’Argelès, J’éteins le GPS bien inutile ici. Seuls des décors originaux, quelques fleurs, une bergeronnette et un chat très câlin que je veux photographier viennent perturber ce cheminement plutôt « cool » et le plus souvent sous l’ombrage d’une végétation envahissante. Les escaliers puis le lotissement sont là et si nous en sommes à chercher le fameux balisage jaune, un panneau signalétique « Chemin de Consolation » vient le remplacer très efficacement. Quelques mètres plus loin, des panonceaux directionnels de randonnées finissent de nous rassurer complètement : « N.D de Consolation – 1,5 km – 0h20 ». Après un premier oratoire dédié à Saint-Jacques et même si le chemin peut paraître simple, le balisage jaune n’est pas toujours aussi visible qu’on le souhaiterait et notamment au niveau des premières intersections. Quant au topo, je le trouve parfois un peu trop détaillée et donc un peu « pesant » dans ce sens. Je rallume mon GPS et il pallie à ses menus inconvénients. L'itinéraire passe sous l'immense et impressionnant viaduc de la N.114. Parce que je suis constamment aux aguets d’une faune et d’une flore quasiment aux abonnés absents, Dany m’attends à chaque intersection. Dans cette quête, seul un rapace tournoyant dans le ciel et quelques fauvettes souvent trop rapides font réagir mon appareil-photo, surtout habitué jusqu’à présent à photographier les décors. Un deuxième oratoire dédié à Sainte-Thérèse puis des panonceaux directionnels bien présents nous amènent sans trop de problèmes jusqu’à Notre-Dame de Consolation sur un chemin qui ne cesse de m’interroger. Que ce chemin soit de croix, de processions ou de pèlerinages ; probablement les trois ; je le trouve très surprenant dans sa conception. Avant de venir, j’ai lu quelques informations indiquant que jadis les femmes des marins pêcheurs montaient prier à Notre-Dame de Consolation mais pourquoi ce chemin de croix qu’elles empruntaient est-il aussi disparate dans la manière dont il a été conçu ? Dallé au début, puis cimenté ensuite, il est tour à tour, encadré sur sa gauche d’un tout petit muret agrémenté d’un simple grillage, vieux grillage envahi le plus souvent par des vignes sauvageonnes et des plantes grimpantes. Puis, juste après, il y a un muret en briques rouges, légèrement plus haut que le premier, mais enrichi de piliers aux intervalles irréguliers, piliers dont je me demande quelle utilité ils pouvaient bien avoir sauf pour deux d’entre-eux supportant encore un vieux portail rongé par la rouille et le temps ? Chose encore plus étrange, ce portail s’ouvre sans aucun intérêt évident sur un vignoble en terrasses. Oui, pourquoi autant de disparités et de singularités sur ce chemin de croix ? Avaient-elles une signification voire une valeur pour les personnes qui l’empruntaient ? Oui, ce chemin de croix me laisse songeur et comme je suis curieux, j’aimerais savoir pour comprendre ! Sur sa droite, rien de spécial or mis un haut mur de pierres sèches et une végétation qui a repris ses droits depuis fort longtemps. Je ne saurais jamais ? A Notre-Dame de Consolation, or mis de nombreux animaux dans une basse-cour, tout le reste paraît désert. Par bonheur, la chapelle est ouverte et nous en profitons pour la visiter. Sans jeu de mots, voilà notre vraie consolation ! En effet, trouver une chapelle ouverte est si rare dans le département ! 10 minutes plus tard, nous repartons sans avoir vu quiconque. Ici, des panonceaux directionnels et le balisage étant bien présents, trouver la suite de l’itinéraire devient très simple. Un sentier hyper caillouteux s’élève sèchement et emballe pour la première fois de la journée nos palpitants réciproques. Voilà pour Dany et moi où commence notre vrai chemin de croix. Sans rien nous dire, Dany et moi prions déjà pour qu’il ne soit pas trop long. Il se termine 600 à 700 m plus haut sur la D.86. Dany un peu exténuée par l’effort décrète que l’heure du pique-nique est arrivée. Je ne rechigne pas à casser la croûte ici tant la croûte terrestre, elle, a dessiné de biens belles choses devant nous. Les panoramas amples et éblouissants sur la Grande Bleue et la Côte Vermeille sont de vrais merveilles. C’est si c’est beau que nous ne sommes même pas étonnés de partager ces merveilles avec un couple de chinois en visite dans notre beau département. Comme je le fais moi-même, les chinois n’ont de cesse de photographier toutes ces beautés se dévoilant à leurs regards, lui avec un appareil photo au puissant objectif et elle avec son smartphone. Les selfies des deux touristes viennent conclure cet arrêt près d’un rocher où nous nous sommes perchés. Avant de remonter dans leur voiture, ils nous observent fixement comme si nous étions des êtres suprêmes au sommet de la mythique « Montagne de l’âme ». Ils sont partis. La solitude revient et nous déjeunons dans le silence, seulement troublée par quelques voitures passant derrière nous sur la route. Au moment de redémarrer, je constate que le sommet du rocher où nous nous trouvons est orné d’un bouquet de fleurs artificielles, bouquet qui a été planté entre deux feuilles de schistes. Sans le savoir, nous étions probablement assis sur un cénotaphe. Je finis par comprendre pourquoi les chinois nous observaient avec tant d’insistance. Ils regardaient le bouquet de fleurs et s'interrogeaient quant à sa présence et peut-être à la nôtre juste à côté ? Jusqu’au col de Mollo, la suite de l’itinéraire est très simple car il suffit de descendre la route. Par contre, les arrêts se succèdent aux arrêts. D’abord parce qu’il y a quelques fleurs au bord de la route que je m’évertue à photographier, fleurs plutôt insolites car nombreuses ici mais en règle générale plutôt rarissimes dans le reste du département.  C’est le cas de la Scille d’automne et de la Linaire d’Italie. De surcroît, j’ai également photographié un pied d’Ail des collines bien en fleur, mais j’ai beau m’évertuer à chercher d’autres fleurs, je n’en trouve pas d’autre. C’est assez bizarre car en général cet ail se rencontre sous la forme de massifs toujours disséminés sur d’amples périmètres. Est-ce trop tard ou trop tôt dans la saison ? Le Casot d’en Frère se présentant en surplomb de la combe de Taillefer (Tallaferro), j’arrête là ma recherche et ce, d’autant qu’un lézard se prélasse en plein soleil. Il détale en me voyant mais le soleil est si engageant que quelques secondes suffisent pour qu’il sorte de son trou. Nous repartons. Quelques mètres plus loin, un oiseau immobile défie l’objectif de mon appareil-photo. La chance est avec moi ! Au col de Mollo, croisement de routes mais aussi de chemins, j’hésite quand à la direction à prendre. Finalement, je me fie à un cocktail d’indications ; panonceaux, topo et tracé GPS ;  et nous trouvons assez facilement la suite de l’itinéraire qui part à gauche sur un large chemin qu’il faut très rapidement quitter pour un sentier entrant dans la garrigue. Sur quelques mètres, le sentier longe un grillage un peu désuet, grillage qui est censé clôturer cette même garrigue d’un vignoble en espaliers. Nous sommes sur le bon sentier. Il s’élève assez rudement vers le sommet du puig de les Daines où, à 333  m d’altitude, se trouve une borne polygonale. C’est le point culminant de ce circuit. Bien qu’apparemment, cette borne ne soit pas numérotée, elle me rappelle étrangement celles qui servaient à délimiter les domaines militaires aux 17 et 18eme siècles.  Les forts militaires, Dugommier et Saint-Elme, étant là, pas très loin et juste un peu plus bas, on peut raisonnablement penser que c’est le cas.    Le sentier étant unique, la descente reste aussi simple que l’était la montée. Les panoramas se font plus grandioses grâce à une vision encore plus ample de la Côte Vermeille.  Port-Vendres se dévoile. On atteint un premier replat où une large piste arrive de la droite. Un petit coup d’œil sur mon bout de carte et nous ignorons cette piste au profit d’un sentier qui se poursuit encore tout droit et toujours en descente. Dans cette partie, les élévations en pierres sèches se font plus nombreuses sans pour autant que l’on puisse toujours leur trouver de pertinentes interprétations. Criquets, papillons et quelques nouvelles fleurs aiguisent mon attention, mais en raison de la mauvaise qualité du sentier, la vigilance reste de mise. Au coll d’en Raixat, nous débouchons sur une nouvelle esplanade mais sans aucun souci, le GPS nous oriente sur la route bitumée se dirigeant vers le Fort Dugommier. Ici, les vendangeurs sont à l’œuvre et si nous les observons quelques minutes, c’est essentiellement parce que nous sommes en admiration du travail si difficile et  si pénible qu’ils accomplissent sur ces vignobles si pentus.  Le fort étant fermé pour cause de travaux de restauration, on ne s’éternise pas. Devant son portail, on délaisse l’asphalte au profit d’un sentier que l’on trouve en enjambant un simple petit muret. Ce chemin file droit en direction du fort Saint-Elme offrant encore et toujours des vues de plus en plus sublimes sur la baie de Collioure. Au regard du petit train qui déverse des touristes à l’entrée du fort, je demande à Dany si elle veut visiter son musée. Connaissant son peu d’entrain pour les vieilles pierres et plus généralement pour les  « choses militaires », sa réponse  « vas-y si tu veux, je t’attendrais dehors » ne me surprend pas. Nous continuons. D’abord en suivant la direction du panonceau « 1 km – 15 mn- Collioure par Coma Xeric » mais en quittant aussitôt ce sentier au profit d’un autre qui part à droite et file sous le fort en direction du Moulin à huile que nous avons dans la ligne de mire depuis quelques temps déjà. Ce moulin dont l’histoire nous est brièvement contée sur une pancarte est l’occasion d’un arrêt bien mérité un peu plus long car la chaleur s’est accentuée.. Collioure est vite là, et plus longue encore est la pause que nous marquons sur la plage de la Balette. Quand on a 70 printemps au compteur des plaisirs et activités aquatiques, comment résister à une eau d’abord si bleue de loin, puis si claire et si calme de près ; et tout compte fait pas si fraîche que ça ? Cette balade se termine par la partie que nous connaissons le mieux de Collioure, à savoir l’esplanade de la plage de Port d’Avall, avec son carrousel, puis avec les quais tournant autour des fortifications du château Royal jusqu’à celui de l’Amirauté. Le centre ville est là avec sa place du marché puis son avenue du Mirador. Il ne nous reste plus qu’un tout petit effort à accomplir pour retrouver notre voiture laissée sur les hauteurs de Collioure sur la route du Pla de Las Fourques. Eh oui, que voulez-vous, Collioure, anciennement Caucolibéris, c'est-à-dire le port d’Illibéris, ou « port de la ville neuve » selon la traduction appropriée, (A la recherche d’Illibéris, J.Margail- Annales du Midi  Année 1938  50-198  pp. 157-199 ) ayant été édifiée à l’altitude zéro, où que l’on marche ; or mis d’aller se baigner dans la Méditerranée ; on est constamment confronté à se mesurer à des hauteurs. Il ne faut surtout pas les redouter car elles offrent le plus souvent des panoramas incroyablement beaux sur la cité des peintres, berceau du fauvisme. Cette balade telle qu’expliquée ici a été longue de 9k900 pour des montées cumulées de 675 m et un dénivelé de 333 m. Encore merci à « lemarcheur65 » ! Carte IGN 2549 OT Banyuls-sur-Mer – Côte Vermeille – Col du Perthus Top 25.

     

     

     


    2 commentaires
  • Ce diaporama est agrémenté de 6 chansons en hommage à Claude Nougaro figurant sur son disque posthume "La Note Bleue" avec dans l'ordre "Eau douce" chanté par le Trio Stéphanie,Antoine,Stéphane, "Les Mots""Fleur Bleue" et "Bonheur" chantées par Claude Nougaro, "Dansez Sur Moi" chanté par Nathalie Dessay et enfin pour terminer un bref morceau de "Tu Verras" en Instrumental.

    Le Tour de Saint-Michel de Cuxa depuis l'abbaye

    Le Tour de Saint-Michel de Cuxa depuis l'abbaye

    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


     

    « Bucolique », voilà l’unique mot qui est venu à nos lèvres en terminant ce « Tour de Saint-Michel de Cuxa ». Nous sommes le 4 septembre 2019, nous avons démarré à 10h et il est à peine 14h30. Ce matin, avec Dany, nous avons décidé de quitter pour quelques heures notre villégiature d’Urbanya afin de consacrer la merveilleuse journée qui se profile à cette balade pédestre plutôt facile que nous ne connaissons pas. « Facile », c’est d’abord le premier mot qui a retenu notre attention sur le site « Tourisme-Canigou.com » où j’ai trouvé cette boucle. La distance mentionnée pour 7 km et la possibilité de télécharger un tracé dans mon GPS sont venues définitivement nous convaincre qu’il fallait y aller, mais en prévoyant un pique-nique afin de bien profiter du ciel bleu et du soleil déjà bien présents. Alors bien sûr, et par bonheur, cette courte et facile randonnée ne se résume pas au mot « bucolique », dont la définition du Larousse n’est d’ailleurs pas tout à fait la nôtre. Il y a bien d’autres choses à découvrir. Pour ceux qui ne la connaissent pas, il y a bien évidemment l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa, joyau de l’art roman, dont une visite peut très facilement être couplée à ce petit tour.  Dany et moi la connaissons déjà et de ce fait, nous en ferons l’impasse. Il y a aussi le Canal de Bohère, dont le cheminement à diverses reprises, le plus souvent sous les charmilles, est venu constamment dédicacer cet aspect « bucolique », c’est-à-dire, certes « pastoral ou champêtre » comme le précise le Larousse, mais également frais, doux, calme, paisible, tranquille ou olympien mais aussi poétique, charmeur, enjôleur, fascinant et merveilleux à la fois.  Quand on aime comme nous avons aimé, les qualificatifs ne manquent pas ! Les vôtres seront peut être différents ? Et puis bien d’autres aspects de notre patrimoine jalonnent encore le parcours, parcours au cours duquel la Nature a été, pour mon plus grand bonheur, omniprésente. Omniprésente bien sûr, si on se donne la peine et le temps de l’observer sans trop presser le pas ! Je précise que sur un circuit tel que celui-ci, presser le pas ne doit pas être le but sauf à être du coin et à faire son footing quotidien. Il est 10h quand nous démarrons du parking de l’abbaye. Tout est déjà très calme. Il n’y a que trois voitures Aucun mouvement devant l’entrée. Nous filons derrière l’édifice religieux en suivant les mentions d’un premier panonceau indiquant « Codalet par Noguerol - 3km – 1h05 ». On quitte très vite le bitume de la D.27 filant vers Taurinya au profit d’un large chemin herbeux continuant tout droit et traversant des vergers. Sur notre droite, le pic du Canigou s’élève magnifiquement au-dessus d’autres sommets un peu moins hauts le ceinturant. Derrière nous, l’abbaye dévoile d’autres parements. De très nombreux moineaux et rouge-queues noirs les occupent. Je tente de les photographier. Moi, je connais bien ce chemin qui constituait déjà un petit bout des « Balcons de Taurinya », balade effectuée en février 2013. Je m’en souviens très bien car Dany, fatiguée, avait, à cet endroit même, préféré rejoindre Taurinya par la route. J’avais terminé ces « Balcons de Taurinya » tout seul. Aujourd’hui, nous cheminons à deux et en ce début de balade, j’apprécie à sa juste valeur le fait qu’elle me laisse le temps de photographier les oiseaux très nombreux ici qui occupent les vergers. Je suppose qu’ils se régalent de très nombreuses pêches qui jonchent le sol ou bien des insectes ainsi attirés. Je profite pour ramasser deux pêches qui sont encore très saines mais à terre. Je les mets dans mon sac à dos en guise de dessert puis nous repartons. A l’entrée du sous-bois qui se présente, nous hésitons entre un balisage blanc et rouge type G.R et un blanc et jaune. Finalement et au regard du tracé que j’ai enregistré dans le GPS, nous choisissons ce dernier filant vers la chapelle Saint-Pierre d’Orseolo qui se trouve à proximité. Enfin le mot « chapelle » est un bien grand mot car en vérité il ne s’agit que de rares ruines qui affleurent du ras du le sol. Guère plus parlante mais plus jolie est la stèle qui a été élevée en hommage à ce « Pietro I Orseolo », doge de Venise au Xème siècle dont l’Histoire rocambolesque de sa vie puis celle à titre posthume méritent d’être connues. Nous repartons et quelques mètres plus loin, le chemin amorce un demi-tour complet avec toujours l’indication « Codalet par Noguerol – 0h55 – 2,5 km ». Quelques mètres après, nous découvrons un beau siphon d’où jaillit un impressionnant jet bouillonnant. Inutile d’être un ingénieur en génie civil pour comprendre que le canal de Bohère étant en bas, cet appareillage fut imaginé pour faire gravir à l’eau cet obstacle que constituait la colline. L’histoire nous révèle que la réalisation eut lieu en 1950 par les Ets Fondeville donnant au canal de Bohère une meilleure efficacité. Le lieu est certes rafraîchissant mais également très beau car il offre de jolies vues sur le vallon de La Llitera ainsi que sur l’abbaye et ses dépendances mais aussi sur le Massif du Canigou et les autres « serres » environnantes. Quelques photos du siphon (*) et nous repartons sous les chênes verts en longeant le canal sur sa rive gauche.  De temps à autre, une fenêtre s’entrouvre sur les vignobles et les vergers situés en contrebas ou bien sur des décors plus lointains où j’arrive à situer parfois d’autres lieux de balades. Dès lors qu’une intersection se présente, il faut tourner à gauche délaissant ainsi le canal qui lui continue sa route dans le sens opposé. C’est le fameux chemin de Noguerol ou Nogarol cité sur les panonceaux. Très rectiligne, il faut constamment le poursuivre jusqu’à atteindre le centre de Codalet et ce quelque soit son profil : chemin, route bitumée, voie sans issue pour les véhicules, escaliers ou rampe bétonnée. Il finit sa course sur la Route de Saint-Michel. Le centre est là tout près, avec son église Saint-Félix dont le clocher sert de mire. Outre l’église, vous prendrez plaisir comme nous l’avons fait à flâner dans les ruelles adjacentes. De nombreuses maisons sont belles, parfois anciennes et méritent une certaine attention, tout comme l’imposante mairie et son étonnante échauguette pointue qu’on appelle poivrière. Il y aussi une vieille tour crénelée, vestige de fortifications médiévales dont l’historien Jean Tosti nous apprend qu’elles ont été rasées en 1346 : « En 1346, à l'issue de la guerre ayant opposé Jaume III de Majorque à Pere III d'Aragon, ce dernier ordonna de raser les fortifications du village, coupable d'avoir soutenu le roi de Majorque ». Dans cet inventaire codalétois, il ne faut surtout pas oublier la maison où résida Marie-Thérèse Camps, juste parmi les Nations selon la formule consacrée, formule amplement justifiée pour avoir sauver une famille juive au péril de sa vie en 1944. Une jolie plaque en céramique d’art lui est consacrée. D’ailleurs, des jolies plaques émaillées de beaux dessins, nous en découvrirons plusieurs dans Codalet au cours de cette balade. C’est sur un banc de la placette située entre la mairie et la rue du Canal que nous déjeunons. Une fenêtre s’ouvre et un homme apparaît. Il nous demande très gentiment si tout va bien pour nous. Je lui réponds  « Oui, tout va super bien ! » L’homme semble satisfait de la réponse. Quand un peu plus loin, juste après le passage à niveau de La Llitera, nous le reverrons au volant de sa voiture, il nous apprendra qu’il est le maire de Codalet. Super sympa et nous voyant hésiter quand au chemin à prendre, il nous indiquera très gentiment le bon itinéraire. Dans l’immédiat, c’est par la rue du Conflent que nous sortons de Codalet, La voie ferrée Perpignan-Villefranche va à sa manière nous servir de Fil d’Ariane. En quelques minutes, nous allons en avoir différents aperçus. Une vue aérienne d’abord, avec un pont enjambant le ruisseau de la Llitera et la D.27a , puis on y passe dessous jusqu’à atteindre le passage à niveau indiqué précédemment. Entre les deux, mais surtout dans le secteur du ruisseau de la Llitera, ma curiosité « photographique » aura été quelque peu aiguisée par plusieurs oiseaux et quelques fleurs dont une à laquelle il me sera difficile de donner un nom malgré des recherches plutôt poussées sur le Net. Finalement et parce qu’on trouve tout (ou presque tout) sur le Web, je finirais par découvrir qu’il s’agit d’une plante de l’est des Etats-Unis qui a pour nom latin « Hibiscus laevis ou militaris », nom commun français « Hibiscus des marais » mais dont la traduction en français de son nom anglais « halberd-leaf rosemallow » ou « halberd-leaf hibiscus » est plus parlante en « Hibiscus à feuilles en hallebarde ». Autant vous dire que quand je cherche longtemps et que je finis par trouver, c’est assez jouissif. Après cette étonnante découverte et quelques autres, l’itinéraire s’éloigne de nouveau de la civilisation. Le balisage toujours très bon nous entraîne vers la chapelle Saint-Jean de Dosserons dans des décors très champêtres. Ici, l’eau s’écoule un peu partout, le plus souvent dans des petits canaux d’irrigation mais parfois même au milieu du sentier. Alors que la France entière souffre d’une terrible sécheresse, je ne peux m’empêcher de penser « quel gaspillage ! », quand je vois comme ici beaucoup d’eau partir n’importe où. Quand la chapelle se présente,  étant entièrement clôturée de hautes grilles, je ne peux prendre que quelques photos au travers de ces dernières. Je me dis « quel dommage ! » La suite de l’itinéraire, très rectiligne, se poursuit aux milieux des pêcheraies. De temps à autres, Dany qui s’est mise dans la tête de vouloir faire de la compote, essaie avec son bâton de marche de chaparder quelques  pêches qui sont à terre au plus près du grillage. Pas facile et ce d’autant que le grillage semble le plus souvent électrifié. Quoiqu’il en soit, ses arrêts me permettent de la rattraper car moi je suis surtout occupé à stopper pour photographier quelques fleurs mais surtout d’innombrables papillons. Des Satyrinaes et des Azurés presque essentiellement. Finalement, les pêcheraies se terminent à l’instant même où l’itinéraire entre dans une chênaie. Ici, on retrouve le canal de Bohère. Mais comme il coupe le sentier transversalement, on continue toujours tout droit comme l’indique d’ailleurs un panonceau. Le dénivelé s’élève un peu et le chemin devient un véritable sentier muletier très pierreux et encadré de pierres sèches. De jolies vues se dévoilent sur Ria-Sirach, le plateau d’Ambouilla, le Mont Coronat et le Pla de Vallenso ou Balencou. A l’instant où l’extrémité de la montée est atteinte ; d’autres jolies vues se font jour vers l’abbaye et le Massif du Canigou. On amorce une courte descente sous un pylône THT mais très vite de nouvelles indications nous envoient à gauche vers le canal de Bohère. Ici, l’eau s’écoule plus paisiblement mais les ouvrages en béton ; pont, écluse, siphon, canaux secondaires ; semblent plus nombreux. On retrouve l’aspect « bucolique » tout au long du canal. Nous fiant à notre tracé GPS, on délaisse le canal, qui poursuit sa route, au profit d’une piste parallèle au ruisseau de La Llitera. Plus bas, une passerelle enjambe le ruisseau et le parking de l’abbaye est bientôt là. La balade est finie. Dany qui n’a pu chaparder que 5 ou 6 pêches part derrière l’abbaye pour voir si elle peut en trouver d’autres. Moi, attiré par d’innombrables passereaux qui occupent un immense noyer, j’entre dans le jardin de l’édifice religieux pour tenter quelques photos ornithologiques. Quand finalement je la rejoins, elle a rempli deux gros cabas de courses avec l’autorisation de personnes chargés de la récolte. Elle est heureuse d’avoir sa compote. Cette magnifique randonnée est vraiment finie. Alors je lui demande « comment l’as-tu trouvée cette balade ? » « Bucolique » me réponds-elle. Telle qu’expliquée ici, elle a été longue de 7,8 km, visite de Codalet incluse. Les montées cumulées se sont élevées à 325 m. Entre le point le bas (route D.27a à 358 m) et le plus haut (au dessus de Clos de Rohade à 558 m, le dénivelé est de seulement 200 m environ. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

    (*) Photos du siphon dit de Codalet : En préparant cette balade et comme je le fais la plupart du temps, j'analyse le tracé sur des sites dédiés ou bien sur des sites Internet amis. Ce fut le cas ici. Lors de cette analyse, j'avais remarqué sur un site, une photo du siphon dit de Codalet sur laquelle apparaissait une pancarte sur laquelle je n'avais pu lire que le titre "Codalet, la porte de Vall de Cuixà-Siphon du Canal de Bohère". Or lors de notre balade, je n'ai pas aperçu cette pancarte qui d'ailleurs n'apparaît sur aucune de mes photos. Avait-elle disparu ? Avait-elle été changée de place ? Etait-elle envahie par la végétation au point qu'on ne l'ait pas vu ? Je n'ai pas de réponse à ces questions. Toujours est-il que nous ne l'avons pas remarquée. Dommage car curieux de tout, j'aime bien découvrir mais apprendre en même temps et l'histoire de la création et de la réalisation de ce siphon si remarquable m'intéressait. C'est donc grâce à Patricia du site "A Pied dans le 66" que j'ai pu lire la totalité de ce qui était écrit sur cette ludique pancarte. Je l'en remercie très sincèrement et comme je ne veux pas priver ceux que ça peut intéresser également, voilà cette photo ci-dessous. Cliquez dessus pour lire son contenu. 

    Le Tour de Saint-Michel de Cuxa depuis l'abbaye

    Photo aimablement fournie par Patricia du site "A Pied dans le 66"


    4 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique