• Ce diaporama est agrémenté de plusieurs versions instrumentales et de 2 versions chantées de la célèbre chanson de Stevie Wonder "Isn't She Lovely ?". Voici les interprètes dans l'ordre de leur passage : Jokko Peña (musicien et arrangeur synthétiseur électronique), Alexandra Ilieva (saxophone), Pat Levett (harmonica chromatique), Lorenza Pozza (chant), Vinai T (guitare électrique) et enfin Stevie Wonder lui-même, auteur de cette chanson. 

    La Tour del Far et la carrière de marbre d'El Comador depuis Tautavel.

    La Tour del Far et la carrière de marbre d'El Comador depuis Tautavel.

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    Avant d’effectuer ce circuit que j’ai intitulé « La Tour del Far et la carrière de marbre del Comador depuis Tautavel », je tiens à préciser qu’à cette célèbre tour à signaux, j’y étais déjà monté deux fois. C’était il y a quelques années maintenant. La première fois, nous y étions montés avec Dany au départ de Cases-de-Pène et je garde en mémoire l’aspect caillouteux à l’extrême de ce parcours. C’était en mai 2008 et c’est le petit reportage figurant toujours sur mon blog. L’année suivante, j’y étais retourné toujours avec Dany mais accompagné cette fois-là de ma belle-sœur Jeannie. Si je me souviens parfaitement d’elle, c’est grâce à une anecdote qui est restée dans un coin de ma tête. Alors que nous étions partis tous les trois pour un aller et retour depuis Tautavel, ma belle-sœur n’avait pas voulu monter jusqu’à la tour, préférant s’arrêter en bas au petit collet qui précède l’édifice. Alors bien sûr, Dany et moi trouvions dommage qu’elle soit montée jusque-là pour s’arrêter en si bon chemin alors que l’objectif était quasiment atteint. Nous lui avions demandé pourquoi elle s’arrêtait là, pensant sur l’instant à un gros coup de fatigue. Que nenni ! Et là, ma belle-sœur toujours très spirituelle, mystique et mystérieuse,  comme à son habitude,  commença à nous dire qu’il était inutile qu’elle monte plus haut car de là où elle se trouvait elle entendait des voix qui lui disaient de ne pas aller plus loin, sentait des forces qui la tiraillaient, nous disant qu’elle était en contact avec des êtres qui avaient eu un destin très fort en ce lieu, etc…etc… Dany et moi montâmes jusqu’à la tour et Jeannie qui n’avait plus bougée d’un pouce nous attendît gentiment assise sur son séant. N’ayant jamais vécu nous-mêmes ce type d’expériences, que nous qualifions la plupart du temps de «  sornettes », nous en restâmes là. En ce 23 octobre 2022, c’est donc avec ces plaisants souvenirs et sous un ciel malheureusement blafard que je me lance à nouveau sur ce parcours, espérant qu’aucun fantôme du passé ne viendra freiner mon envie de marcher. Le temps de trouver sur la D.9 un emplacement convenable pour ma voiture et la bonne direction de cette longue balade et me voilà déjà en marche. D9 ou avenue Louis Baixas,  direction le Musée de la Préhistoire où peu après un premier panonceau « Torre del Far 6km A/R 2h30 » se présente. Je continue vers l’amphithéâtre en plein air dit du Millénaire, puis c’est l’allée Victor Badia  et me voilà déjà sur l’étroit sentier filant vers  le vieux château. Or mis quelques fleurs et des  oiseaux retenant l’objectif de mon appareil-photo et les premières ruines de l’édifice médiéval cher à la famille Taillefer sont vite là. Le château étant plus loin sur la crête, j’abandonne l’idée d’y aller me contentant de plusieurs photos. Dans un décor de garrigue, le  sentier continue et devient caillouteux à l’extrême. Malgré les caillasses et la saison déjà bien tardive, quelques fleurs arrivent à y pousser. Je les recense. Or mis les paysages qui s’offrent au regard constituant 90% de mes photos, les fleurs représentent quasiment les 10% restant. Oiseaux, papillons, criquets, libellules et un petit coléoptère au doux nom de « Crache-sang », il me faudra attendre un peu ces autres photos naturalistes pour bouleverser quelque peu ces premiers chiffres. Quand à la Tour del Far dont j’ai lu le peu d’Histoire que l’on sait d’elle, je l’atteins après 1h45 de marche. Grandement déçu par cette météo opalescente ; alors que Météo France avait une fois encore annoncé un grand ciel bleu ; force est de constater que cette dernière lessive, rabote et réduit les panoramas à leur portion la plus congrue. Alors que je pense être tout seul, c’est donc empli de cette déception que je me hisse à l’intérieur de la « Torre » pour la toute première fois.  Mais là aussi je suis plutôt désenchanté car or mis un gros tube de pierres percé d’une petite ouverture et de la porte par laquelle je viens d’entrer il n’y a vraiment rien. Alors que je m’apprête à ressortir de le tour, quelle n’est pas ma surprise de constater qu’un groupe de  5 ou 6 autres personnes veulent y entrer. L’homme qui semble être l’accompagnateur me dit « on vous a vu entrer alors on veut faire pareil pour voir l’intérieur ! ». J’ai beau lui répondre « Il n’y a rien à voir », les voilà déjà partis à se hisser et à se faire la courte-échelle pour atteindre puis franchir  la porte d’entrée. Je les regarde faire avec désormais un sentiment de culpabilité espérant que l’entre eux ne se casse pas la figure. Par bonheur, tout se passe bien. J’aide les dames à redescendre et rassuré je poursuis mon chemin. Dans une zone d’éboulis, ce  dernier descend rudement vers le Puig d’en Paillat (ou Pallars selon les cartes). Il demande attention et donc lenteur. Bien que très rocailleuse et parfois carrément rocheuse, la suite du  sentier est plutôt simple et surtout bien indiquée car soit balisée en jaune soit agrémentée de cairns. A l’approche de l’ancienne carrière de marbre, il  suffit de penser à quitter ce chemin qui n’est autre qu’une variante du Tour des Fenouillèdes filant vers Estagel et passant de ce fait non loin du circuit que j’avais intitulé « Le Cimetière des Maures », nom pris à ce lieu dont le toponyme catalan  « El Cementiri dels Moros » continue d’être un mystère. Après le pique-nique longuement égayé par une Fauvette « inphotographiable » correctement , je repars contrarié que ce merveilleux petit oiseau ait constamment voulu préserver son « droit à l’image ». Grâce à 3 charmantes jeunes filles marchant quelques décamètres avec moi , j’oublie vite l’oiseau. Elles s’envolent elles aussi me laissant seul mais libre de marcher à ma guise et d'apprécier cette Nature que j'aime tant. La carrière est là,  blanche comme tout ce qui l’entoure car le marbre une fois réduit en poudre est un polluant pour la Nature et sans doute pour les hommes qui sont amener à l’avaler trop longtemps. On l’appelle aussi « Carbonate de calcium » et comme ses utilisations sont aussi nombreuses que ses inconvénients à l’extraire puis à le fabriquer, c’est dans le monde entier la guerre entre les industriels du secteur et les écolos. Ici, l’exploitation de celle d’El Comador est arrêtée depuis quelques années et c’est donc des bâtiments vides que je visite. Rien de folichon et seulement quelques tags retiennent mon attention. Je repars en direction des carrières essayant d’oublier cette défiguration de la Nature pour me consacrer seulement à elle ou du moins à ce qu’il en reste, c’est-à-dire à de rares fleurs, insectes et oiseaux, ce morne trio d’inséparables étant sans doute dans ce secteur bien plus en perdition qu’il ne l’est déjà partout ailleurs. La balade tire à sa fin. Par bonheur, ni près de la tour ni ailleurs,  je n’ai pas entendu de voix venant d’outre-tombe et seules mes chaussures de marche aux semelles complétement trouées par les innombrables caillasses ont eu à la fin le privilège de funérailles. Ainsi se termine cette balade, laquelle entre plaisirs et déceptions aura été mi-figue mi-raisin. Sa distance est de 10,2km pour des montées cumulées de 592m et un dénivelé de 398m entre le point le plus haut en altitude à la Tour del Far (498m) et le plus bas à Tautavel (100m), ces chiffres n'étant pas les miens mais étant issus d'un tracé enregistable que j'avais trouvé sur le Net. Carte IGN 2448 OT Thuir- Ille-sur-Têt Top 25.


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     Ce diaporama est agrémenté de différentes versions et morceaux de la musique d'Ennio Morricone "Le Clan des Siciliens", bande originale du film d'Henri Verneuil avec Jean GabinAlain Delon et Lino Ventura. Dans l'ordre de passage, la 1ere version est la bande originale du film intitulée "Il Clan dei Siciliani" par l'orchestre d'Ennio Morricone, la 2eme s'intitule "Tema Per Nazzari E Delon" et est notamment sifflée par Curro Savoy. La 3eme s'intitule "Dialogo N°2" et la 4eme est jouée par "The Danish National Symphony Orchestra".

    Le Tour des villages à la croisée des voies romaines depuis le col de la Perche

    Le Tour des villages à la croisée des voies romaines depuis le col de la Perche

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    Dans ce secteur entre Cerdagne et Haut-Conflent ; et sauf à gravir de hauts sommets (Cambre d’AzePuigmal par exemples) ; la plupart des randonnées consistent à aller de villages en villages. Parce que ma sœur que je n’avais plus vu depuis de longs mois venait nous voir ; crise de la Covid oblige ; et qu’elle avait envie de randonner, c’est une balade de ce type que j’avais prévue et même imaginée en ce mardi 16 août 2022.  Après avoir longuement analyser la configuration des terrains et des différents parcours proposés sur le Net ; notamment au départ ; et par le fait même qu’aucun des circuits proposés dans les topo-guides ne me satisfaisaient pleinement, j’avais décidé de concevoir mon propre « tour » et ce afin de ne pas passer 2 fois aux mêmes endroits.  C’est ainsi qu’est né ce « Tour des villages à la croisée des voies romaines depuis le col de La Perche ». Alors certes, ce circuit pédestre parcourt des chemins très souvent empruntés mais tel que je le présente ici ;  et sauf erreur de ma part ; je n’ai trouvé personne d’autre le proposant sur le Net. Il a donc ce petit aspect original qui je l’espère plaira au plus grand nombre. Si le titre est également original, c’est parce qu’il me paraissait compliqué d’y mettre tous les noms des villages traversés que sont « La Perche, Saint-Pierre-dels-ForcatsPlanès et La Cabanasse ». Je pourrais même y rajouter le minuscule hameau de La Cassanya. Finalement et par le fait même que le départ se situait au col de la Perche, frontière séculaire entre le Conflent et  la Cerdagne, il me paraissait plus logique d’évoquer les « voies romaines » puisqu’ici c’est une petite partie de ces ancestrales voies-là que nous allions cheminer au cours de cette journée. Oui, selon les historiens, et même si les Romains avaient été précédés d’autres peuplades, ils étaient bien les inventeurs de cette Via Confluentana et de cette Strata Cerdana (ou Ceretana) auxquelles je pense ici et que nous allions sans doute en partie parcourir. Et sans doute, y-avait-il une voie de moindre importance remontant le Capcir par la Vallée de l’Aude, le blason actuel mais très ancien de La Cabanasse en forme de « Y » et que l’on nomme pairle semble l’évoquer.  Au titre de preuve, Saint-Pierre-dels-Forcats est en Cerdagne alors que Planès qui se trouve seulement 2 à 3km plus loin et plus à l’est est déjà en Conflent. Idem pour la commune de Mont-Louis, qui elle, est au carrefour des 3 régions et que mon tracé va frôler à moins de 500m. Oui, ce titre me paraissait logique et donc approprié. Il est 9h15 quand sur un vaste parking terreux nous rangeons notre voiture au col de la Perche. Déjà beaucoup de voitures mais les emplacements libres sont encore nombreux. Le temps de nous équiper convenablement et nous ignorons tous les panonceaux de randonnées (G.R.10 et GRP Tour de Cerdagne) qui sont là.  Oui,  nous voilà déjà sur la D.33, le but étant d’aller chercher un chemin qui a pour nom « Cami del Bosquet » se trouvant sur la gauche 650m plus loin. Ce chemin doit d’abord nous amener à Saint-Pierres-dels-Forcats puis nous poursuivrons vers Planès par le G.R.10 avant de continuer vers la gare SNCF de la commune par un chemin PR.9 qui a pour nom générique le Tour des Villages. Ce dernier doit nous entraîner vers La Cassanya (La Cassagne) puis vers La Cabanasse puis nous terminerons à La Perche par le G.R.10. Voilà le programme ! Alors autant l’avouer, nous étions trois et tous les trois nous avons été ravis de ce parcours. Or mis un peu de pluie sur la fin, il a fait beau et tout s’est merveilleusement passé. Les décors sont très variés et quand on regarde les paysages, on  a très souvent un sentiment d’amplitude. Certes les hautes montagnes sont proches mais suffisamment lointaines pour contribuer à cette perception. Les panoramas, eux,  sont très souvent aériens et notamment sur cette partie de la Vallée de la Têt où il y a le magnifique Pont Gisclard sur lequel circule le Petit Train Jaune. N’oublions pas les différents villages et leurs patrimoines religieux, le plus souvent romans, car si ces chemins ont une origine romaine reconnue, n’oublions pas qu’au fil du temps ils sont devenus la Via Romànica ou Voie romane. Au Moyen-Âge, via le Conflent et la Cerdagne, cette voie partait du Roussillon et notamment de Perpignan  jusqu’au comté d’Urgell. Dans tous ces édifices religieux qui voyaient le jour, les architectes, bâtisseurs, tailleurs de pierre,  sculpteurs, créateurs, peintres-verriers, orfèvres et autres compagnons artistes pouvaient donner la pleine mesure de leur savoir et de leur talent. Malgré un grand nombre d’édifices restaurés, certaines de leurs œuvres sont encore bien visibles. Il faut simplement regretté que ces édifices soient le plus souvent fermés.  Quant à moi, je me suis vraiment régalé car il y avait une jolie flore et quelques oiseaux et papillons à recenser et à photographier. Oui, ce fut une belle journée pour nous trois ! Un seul petit regret peut-être, celui d’avoir souvent jouer à cache-cache avec le Petit Train Jaune, le petit « Canari » prenant plaisir à ne pas être au bon endroit au bon moment, c’est-à-dire suffisamment à découvert pour en garder quelques jolies photos. Cette randonnée a été longue de 12,8km pour des montées cumulées de 630m et un dénivelé de 301m, le point le plus étant situé à 1.311 m au pont sur la Têt et le plus haut à 1.612m au lieu-dit « Els Pastorals » juste avant d’arriver à Saint-Pierre-dels-Forcats. Cartes IGN 2249 ET Font-Romeu – Capcir et 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top25.


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  • Ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques du compositeur James Horner extraites de la bande originale du film "Légendes d'automne" (Legends of the Fall) d'Edward Zwick avec Brad Pitt, Anthony HopkinsAidan Quinn et Julia Ormond et tiré d'un livre de nouvelles de Jim Harrison. Ces musiques ont pour titre : "The Ludlows", "Off The War", "Alfred Moves To Helena""The Wedding" et "Goodbyes".

    Le Sentier du Baron et le Tambour de Sahorre depuis Sahorre.

    Le Sentier du Baron et le Tambour de Sahorre depuis Sahorre. 

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    C’est un peu par hasard que j’ai découvert ce « Sentier du Baron au départ de Sahorre ». Un ami m’avait envoyé le tracé d’une autre randonnée beaucoup plus longue et beaucoup plus difficile mais au cours de laquelle la découverte du « fameux » Tambour de Sahorre restait possible. C’est donc par le biais de ce lieu insolite que j’ai découvert ce « Sentier du Baron » sur le Net. Avec un itinéraire très  bien expliqué, la distance et la difficulté paraissaient nous convenir à merveilles mais surtout le titre de cette balade intriguait le curieux d’Histoire et d’histoires que j’étais. En ce 10 août 2022, il est 9h45 quand nous rangeons notre voiture sur le parking de la mairie de Sahorre. Le temps de nous chausser convenablement et d’ harnacher nos sacs à dos et nous voilà déjà entrain de relire les informations du topo-guide que j’ai pris soin d’imprimer. Elles tiennent sur une feuille A4. Elles mentionnent de nous diriger vers le pont enjambant la rivière Rotjà. Là, sur la droite du pont, la suite est simple car parfaitement indiquée :  « Sentier du Baron -Thorrent – col de Fins ». Dans l’immédiat , le sentier est unique et il est donc impossible de se tromper. D’emblée les découvertes sont nombreuses et mon appareil-photo entre pleinement en action. Ces premiers clichés sont des citations, des présages que de sages et écologistes citoyens ont écrit sur des ardoises, ardoises qu’ils ont pris soin d’accrocher devant la façade de leur maisonnette. Un peu plus haut, le sentier s’élargit et quelques suspensions en bois flotté pendent aux branches de quelques arbres, démontrant si nécessaire que les gens du cru ont un goût prononcé pour les arts créatifs. Peu après, c’est l’église Saint-Etienne qui apparaît. Son chevet à abside demi-circulaire  et son clocher sont superbes avec quelques sculptures et de jolies ouvertures bien décorées. Ouverte, je ne peux m’empêcher d’aller la visiter malgré son intérieur dans un état bien avancé de décrépitude, ses extérieurs ne laissant peu augurer de tels problèmes. Malgré cela, rien ne semble avoir bougé et assez paradoxalement, elle conserve un grand nombre de statuettes, d’objets religieux, un bénitier, une chaire ainsi qu’un imposant lustre en verre blanc sans compter le mobilier. Depuis son porche, on aperçoit Sahorre en contrebas mais surtout un petit cimetière où quelques croix émergent au-dessus des hautes herbes. C’est ces herbes folles qui empêchent Dany de me suivre et non pas les croix du cimetière. Marcher dans l’herbe sans savoir où elle met les pieds, elle  n’aime pas ça. Elle a bien fait de ne pas me suivre car de nombreuses ronces s’égayent en rampant m’obligeant à des sauts d’obstacles imprévus pour éviter les griffures.  Jusqu’à Thorrent rien de vraiment notable,  or mis quelques vieux vestiges de l’exploitation du fer et des « électro hyper sensibles » habitant dans le secteur et préférant qu’on éteigne nos portables. Ils le font savoir à l’aide d’une pancarte que seul un aveugle ne pourrait pas voir. Du fait de cette monotonie, je me tourne vers la Nature car elle offre à mon appareil-photo quelques fleurs, papillons et de rares passereaux difficiles à immortaliser. Ces derniers sont le plus souvent des mésanges. L’arrivée à Thorrent s’effectue dans un silence de cathédrale et au milieu de vergers amplement chargés de fruits. Soudain, le silence laisse la place aux vociférations de deux chiens courant vers nous. Au fil de leur progression, leurs vociférations se transformant en de gais jappements, on comprend immédiatement qu’ils sont sans agressivité, le balancement ultra rapide de leurs queues étant une façon supplémentaire de nous montrer leur bonhomie. Nous leur rendons la pareille sous la forme de caresses dont ils ne semblent pas se lasser. Leur dose de câlins acquise, ils regagnent leurs pénates. Le silence est revenu. La statuette d’un bouddha semble vouloir confirmer cette paix intime régnant dans le hameau. Peu après, je me dis que c’est un vrai bonheur de trouver la chapelle Sainte-Croix ouverte. Son intérieur est pourtant d’une étonnante humilité. Pourtant, je me dis qu’après des dizaines de randonnées où tous les édifices religieux étaient constamment fermés, c’est presque « miraculeux » d’en trouver deux ouverts coup sur coup ! Saint-Etienne et Sainte-Croix, il faut remercier les élus de Sahorre et de Thorrent de ces belles initiatives. Dans cette dernière, il faut quand même y noter la présence d’une très belle Vierge à l’enfant en bois polychromé doré datant du 14eme ou 15eme siècle et des explications de restauration qui vont avec.  Enfin, il y a surtout cette pierre tombale dédiée à notre « fameux » baron ayant donné son titre de noblesse au sentier présentement réalisé. On peut y lire « Ici repose Jn (Jean) Aymar de Satgé (*), baron de Thoren, Seignr  (seigneur) Ht (haut) justicier d’Huytesa (lire Aytua) Py et Mantet décédé en son château le 31 juillet 1764 ». Après cette enrichissante visite, le sentier s’élève en laissant sur la droite une dernière maison. Sur la gauche, mais plutôt derrière nous,  le Massif du Tres Estelles esquisse ses premiers contreforts boisés. Ce pic des Tres Estelles, j’évite toujours de l’évoquer à Dany quand nous marchons, tant notre égarement de 2004 dans ce coin de montagne est encore un « cauchemar » gravé dans nos têtes. Un peu plus haut, un collet est atteint offrant une ample fenêtre sur le vallon constitué par le Correc de Lassada mais aussi vers Fuilla, ses veïnats et les petites « serres » environnantes. Le Massif du Coronat barre l’horizon. A partir d’ici la flore se fait plus diversifiée et de ce fait les papillons aussi. Un porche barricadé, mais estampillé 1909, indique le proche présence du château du « fameux » Baron mais une végétation exubérante m’oblige à louvoyer et faire preuve de malices pour parvenir à en figer une seule photo de son vieux donjon crénelé. Peu après la D.27 puis le col de Fins sont atteints. Son aire de pique-nique avec bancs et tables tombe à point nommé car pour Dany et moi  l’heure du déjeuner vient de sonner dans nos estomacs respectifs. Notre arrivée est simultanée avec celle de deux cavaliers et de leurs jolies montures sauf qu’eux auront la chance de « plateaux repas » directement amenés par pickup par un palefrenier. Après cet agréable entracte et le pique-nique terminé, il suffit de traverser la route pour continuer notre circuit. Le chemin s’élève en douceur et devient piste au sein d’une belle forêt de hauts conifères. Alors que depuis quelques semaines des mégafeux dévastent la forêt des Landes de Gascogne, avec Dany on ne peut s’empêcher de penser à cette éventualité. « Essayons de penser et de parler d’autre chose » lui dis-je. Une vue limitée d’Escaro,  la vision d’une petite caverne en forme de géode, mais sans cristaux,  puis celle d’une barrière étonnamment mentionnée « propriété privée » au sein même de la forêt finissent par nous faire oublier les incendies. Peu après, plusieurs panneaux mentionnant la proximité du fameux Tambour de Sahorre soulèvent un autre dilemme. « On y va ? » « On n’y va pas ? ». Un panneau mentionnant 40 minutes aller et retour rebute totalement Dany. « Vas-y tout seul, j’ai un peu mal aux hanches ! » me dit-elle. Et me voilà parti laissant Dany toute seule dans cette immense forêt mais n’oubliant pas de rajouter « ne bouges surtout pas ! ». Finalement et sans me presser,  il ne me faut que 20 minutes pour faire cet aller-retour, sachant que je n’ai pas trouvé immédiatement les barrières de rondins qui encadrent la fin du sentier y menant, un dernier panonceau directionnel n’étant pas selon moi idéalement placé ou bien a-t-il été déplacé ? Ce gros tonneau de bois appelé "tambour" n’était ni plus ni moins que le touret d’un treuil où un câble d’acier tractant des wagonnets de minerais de fer venait s’enrouler ou se dérouler selon les besoins. Je reconnais tout de même qu’un magnifique effort de restauration a été fait car l’ensemble avec son petit appentis adjacent a belle allure. Si à l’instant de cette découverte, l’exploitation du fer était bien dans ma tête, cette dernière n’avait pas oublié ma passion pour les oiseaux. C’est ainsi que par la fenêtre du petit local, il ne m’a fallu que 5  minutes pour photographier un pic épeiche et une sittelle-torchepot. Autant dire que ces photos-là étaient aussi chanceuses qu’inespérées. C’est donc vraiment ravi que je suis revenu vers Dany que j’ai vite retrouvée car elle avait déjà fait un petit bout du chemin dans ma direction. La suite du Sentier du Baron toujours bien balisée est simple, une bonne et large piste redescend vers Thorrent. Là, on retrouve le parcours pris à l'aller et ce, jusqu'à l'arrivée à Sahorre. Si au départ, j’ai eu la crainte qu’elle soit monotone, une incroyable variété de papillons ; très nombreux dans ce secteur ; et bien sûr les 2 églises ouvertes, sont venue annuler cette appréhension. Plus bas, le château de Thorrent (écrit Toren) étant désormais une ferme avec point de vente (Réseau Bienvenue à la ferme), nous n’avons pas hésité à nous en approcher. Non pas pour acheter car rien ne semblait fonctionner et de surcroît il n’y avait personne,  mais pour avoir un joli aperçu de ce bel édifice historique dont un pupitre (en partie effacé) nous raconte l’Histoire remontant à l’an 900. Les retrouvailles avec le hameau de Thorrent coïncidant avec quelques gouttes de pluie, nous avons été contraints de presser le pas et moi d’enfermer mon appareil-photo au fond de mon sac à dos. Par bonheur,  la pluie s’est arrêtée juste avant l’église Saint-Etienne me permettant ainsi de terminer le reportage de cette charmante balade. Quelques oiseaux, des fleurs et très nombreux papillons sont venus enjoliver ce superbe parcours en grande partie forestier. Il a été long de 8,9km, aller et retour au Tambour inclus, pour des montées cumulées de 710m et  un dénivelé de 457m, le point le plus bas étant Sahorre à 674m d’altitude et le plus haut au tambour à 1.131m. Carte IGN 2349ET Massif du Canigou Top25.

     

     

     

    (*) Jean Aymar de Satgé : On trouve un site personnel de généalogie l’évoquant et indiquant qu’il a été marié à une Lacroix Rose et qu’il a eu d’elle 2 fils prénommés Dominique et Jean-Cyr, enfants auprès desquels il a laissé respectivement ses seigneuries de Huytésa (Aytua) et Thoren (Thorrent). Pour en savoir plus, il m’a fallu chercher sur le Net et là on trouve surtout des informations sur le remarquable site de Jean Rigoli consacré à l’Histoire de Mantet (dont les Satgé ont été également les seigneurs) ainsi que quelques bribes de sa vie sur le livre « Monographie de Sahorre » de René Alquier. Dans ces textes-là ainsi que sur le site Geneanet, on le trouve le plus souvent prénommé Jean-Jacques et non pas Jean Aymar. Pourtant, il s’agit apparemment de la même personne. Toutefois, et malgré une généalogie plutôt riche et fournie, il semble que ce soit son petit-fils Cosme Thomas Bonaventure de Satgé, baron de Thoren qui ait laissé le plus de souvenirs dans l’Histoire de cette famille roussillonnaise. Extrait des Biographies Roussillonnaises de J. Capeille, sa vie rocambolesque car mouvementée nous est également contée dans le site Geneanet. N’hésitez pas à suivre les liens en cliquant dessus pour en savoir plus.


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  • Ce diaporama est agrémenté d'une musique du duo irlando-norvégien Secret Garden intitulée "Papillon". Il s'agit d'une version longue (extended)

    La Boucle "Minutes Papillons" d'Urbanya à Nohèdes ou le Circuit des Maisons saison 2.

    La Boucle "Minutes Papillons" d'Urbanya à Nohèdes ou le Circuit des Maisons saison 2.

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    Ce circuit pédestre que je vous propose ici, je l’ai intitulé  « La Boucle "Minutes Papillons" d'Urbanya à Nohèdes ou le Circuit des Maisons saison 2 ». Ce titre est bien évidemment à rapprocher de l’expression bien connue « minute papillon » (*) dont l’origine est incertaine et donc controversée. Vous noterez que j’ai mis volontairement un « S » à « minute » ainsi qu’à « papillon » car l’objectif premier de cette balade était de photographier un maximum de papillons et j’avais donc la certitude ; avant même de démarrer ; d’être contraint d’y consacrer de très longues minutes. Voilà pour l’explication de la première partie du titre. Ce circuit pédestre est né d'un inconvénient et d'une double motivation, inconvénient et motivations intrinsèques étroitement liées entre elles d'ailleurs. En ce dimanche 31 juillet, Dany étant partie pendant 3 jours au zoo de Beauval avec les petits-enfants, je n'ai pas de voiture pour m'échapper d'Urbanya. Voilà pour l'inconvénient. D'un autre côté, il est hors de question que je reste à la maison les bras croisés à attendre son retour et ce d'autant que la météo est annoncée comme très belle. Alors bien sûr, partir randonner depuis ma maison est ma première motivation. La seconde que j'ai un peu honte à divulguer est que cuisiner n'a jamais été mon fort. Je ne sais pas faire grand-chose devant un fourneau. Derrière non plus d'ailleurs ! Alors comment faire quand on se retrouve seul devant le dilemme d'être dans l'impossibilité de se préparer la moindre salade, le moindre panier-repas,  le moindre sandwich et que de surcroît on vit à Urbanya, petit village où il n'y a aucun commerce alimentaire pouvant palier à ce tracas ? Oui, je n’ai pas de pain pour faire un sandwich quand à faire une salade, encore aurait-il fallu que j’y réfléchisse avant ! Oui, comment faire ? Aller au restaurant ? Pourquoi pas après tout ? Mais il y a une triple condition : que la randonnée envisagée m'amène vers un restaurant et que ce dernier soit ouvert et enfin qu'il accepte ma venue. Or ici, quand on est à Urbanya, la seule solution est d'aller au restaurant de Nohèdes et que ce dernier soit ouvert. C'est le plus proche, le seul présent des deux vallées contiguës et l'an dernier j'avais fait de cette excursion au bistrot Cal Guillem un reportage intitulé «  le Circuit des Maisons  ». Voilà pour l’explication du sous-titre « le Circuit des Maisons saison 2 ».  Il est 8h30 du matin quand j'appelle le restaurant Cal Guillem pour réserver. Une homme très gentil me répond en disant qu'il accepte ma réservation mais si j'accepte de manger une pizza exclusivement. Il me précise qu’il ne fera que ça ce midi. J'accepte. Il rajoute que Guillem est parti faire la saison en Corse, qu'il est son père, qu’il se retrouve seul à gérer le resto et qu'il n'est pas certain qu'il pourra continuer ainsi tout l'été. Comprenant aisément les difficultés qu'il m'énumère, j'acquiesce à toutes ses demandes, le rassurant sur mon côté peu exigeant. Je lui précise simplement que je viens à pieds depuis Urbanya et que je serais chez lui entre 12h et 12h30. Il accepte me précisant qu'il attend un petit groupe mais qu'étant tout seul, je ne suis pas un problème. « Arrivez quand vous voulez » me dit-il. Cette  latitude très souple m’arrange. Elle m’arrange d’autant plus qu’outre le plaisir de flâner, l’objectif de photographier un maximum de papillons que je me suis fixé peut parfois nécessiter des délais conséquents car aléatoires. Si c’est probablement la meilleure saison, car aux papillons les plus classiques viennent s’ajouter les Satyrinae nettement plus saisonniers et dont les périodes d’apparitions sont souvent très limitées pour certains d’entre eux, les lépidoptères sont des animaux qui bougent et de ce fait, les photographier correctement reste une activité plus qu’hasardeuse. Certes je photographie régulièrement des papillons au cours de mes randonnées mais cet objectif-là d’en photographier le plus possible est tout de même très nouveau. Il va me falloir une concentration plus importante qu’à l’accoutumé et surtout être attentif à des petites choses comme observer certains végétaux même s’ils ne sont pas fleuris. Mais cette idée me rend heureux car elle me permet de marcher autrement qu’avec le seul plaisir d’aller déjeuner au restaurant Cal Guillem. Il est 9h20 quand je quitte la maison non sans avoir au préalable tout prévu pour nos 3 chats : croquettes, eau, litière propre et surtout ouverture de la chatière afin qu’ils soient libres d’aller et venir. Si les 2 chats de ma fille que sont Kiwwie et Sissi dorment encore, mon chat Flip lui a bien compris que j’allais partir. Il vient se frotter dans mes jambes et me regarde me préparer avec des yeux ronds et perçants. Je démarre à peine mais déjà une couleuvre à échelons et un lézard vert me surprennent dans la descente du chemin de Sarrat menant au bas du village. Si la couleuvre file et disparaît rapidement entre les pierres du chemin, le lézard vert est immobile et n'a pas l’air en forme. Je me dis qu’un prédateur ; probablement un chat ; a dû jouer avec lui puis l’a abandonné là à son sort. Il se laisse attraper mais gigote dans main et je me dis qu’il a encore quelques signes de vie plutôt encourageants. Sans doute a-t-il été fortement apeuré préférant faire le mort ?  Je l’emmène vers les vieilles ruines se trouvant derrière ma maison en me disant que là il sera plus en sécurité. Je redémarre seulement arrêté par quelques papillons déjà très matinaux et par des passereaux que sont les moineaux, les merles, les rougequeues noirs et les gobe-mouches, tous plutôt communs ici à  cette période de l’année. Malgré cette belle présence, je n'arrive pas à les photographier car ce matin ils ne tiennent pas en place. A ces derniers, viennent s’ajouter des  passereaux qui se déplacent en groupe depuis quelques jours et  que j’ai un mal fou à identifier. En ce moment, je les vois régulièrement autour de ma maison soit sur le figuier ou le buis soit entrain de picorer les abords du chemin car c’est là que toutes sortes de graines se rassemblent et notamment celles des amarantes et des pariétaires apparemment les plus nombreuses. Dans certains coins du chemin, feuilles et graines forment de petits polochons où de nombreux oiseaux granivores viennent se  vautrer et se goinfrer. Arrivant à photographier un spécimen près de l’église, je me mets en quête de chercher de quel oiseau il s’agit sur diverses applications de mon smartphone (Seek, Lens, etc….). Le mot « Linotte » revenant régulièrement, je finis par comprendre que ces oiseaux que j’aperçois sont tout simplement des Linottes mélodieuses. Si le plumage des mâles est souvent d’un beau rouge vif en période nuptiale, ici la plupart des oiseaux observés sont soit de juvéniles soit des adultes dans une période où leur plumage est déjà changeant et plutôt terne car grisâtre. On appelle cela le plumage éclipse. Finalement et malgré la satisfaction d’avoir identifié ces passereaux, je prends conscience qu’il faut que j’avance et surtout que je me suis fixé comme objectif de photographier les papillons en priorité. Mais avec mon appareil-photo autour du cou, c’est plus fort que moi, il faut que les clichés naturalistes et paysagers se succèdent. Avancer mais ne rien oublier de la Nature pour mon reportage me paraît toujours aussi important. Dès le départ de la piste DFCI CO60 montant vers le lieu-dit La Devèse, les papillons se font nombreux. Je n’ai aucune difficulté pour figer la plupart des espèces présentes. Comme les papillons sont souvent les mêmes, je me contente de 3 ou 4 clichés, ailes ouvertes ou fermées et arrête de photographier cette espèce-là. Ici, sur ce versant ubac du vallon, la végétation n’a pas encore totalement souffert de la sécheresse et quelques petits buissons encore bien verts me permettent de photographier quelques « géomètres nocturnes ». Au lieu-dit la Devèse, je bascule dans le vallon du Correc de la Coma et là débutent d’autres biotopes à la fois plus verdoyants au début puis plus boisés ensuite. Qui dit d’autres biotopes dit d’autres papillons ou bien pas de papillons du tout. Quand ce dernier cas se présente, notamment dans la sombre pessière, j’en profite pour allonger mes pas. Il me faut atteindre le col de Marsac pour retrouver le nombre de lépidoptères que j’escomptais et notamment des Mélitées et des Satyrinae. Tous ces papillons-là vont être bien présents sur ce sentier en balcon menant vers Nohèdes avec parfois de belles surprises comme un Chevron blanc et une Mélitée des Linaires, papillons plutôt rares par ici. Mais l’attraction de cette partie du parcours reste un magnifique Morio. Depuis 12 ans que je viens à Urbanya, c’est seulement le quatrième que j’aperçois dans ces montagnes, mais surtout le premier que je réussis à photographier très correctement. Quand à 12h15, j’entre dans Nohèdes et bien qu’ignorant le nombre exact de lépidoptères photographiés, je suis déjà bien enchanté de mon recensement. Au restaurant Cal Guillem, étant le premier client, je suis accueilli cordialement par Bernard. Comme de nouveau il évoque le départ de son fils Guillem en Corse pour la saison et qu’il semble un peu inquiet de cette situation qu’il ne pourra sans doute pas assuré tout l’été, je le mets immédiatement à l’aise en lui rappelant que c’est moi qui l’ai appelé ce matin depuis Urbanya pour réserver une table. Je lui confirme que je suis seul et disposé à déjeuner d’une pizza. Il paraît soulagé et m’installe à une table sur la terrasse ombragée. Avec ses lunettes rondes posées sur son  nez et son côté un peu précautionneux de prime abord, il me rappelle étrangement Dustin Hoffman dans le film « Papillon » jouant le rôle du timide faussaire Louis Delga  à côté de Steve McQueen qui lui tient le rôle d’Henri Charrière, le forte-tête prêt-à-tout. Enfin, quand la pizza « royale » arrive, force est d’admettre que la comparaison avec le faussaire marseillais s’arrête là. Ici, pas de fausse-note, la pizza est un vrai régal avec une pâte blanche un peu épaisse mais à la fois cuite à point et un peu croustillante. C’est comme ça que j’aime les pizzas ! Quant à la garniture, si ma légendaire gourmandise me l’autorisait, je pourrais presque qu’il y en a de trop ! Mais non, la pizza du gentil Bernard est parfaite et la bière blonde pression qui l’accompagne ne l’est pas moins. C’est à cet instant qu’un groupe de jeunes gens arrive accompagné d’un guide de la réserve naturelle. Aussitôt un brouhaha ambiant se met en place. Ayant un mal fou à suivre la moindre conversation, je finis par déconnecter pour m’enfoncer dans ma bulle « naturaliste ». Elle se présente sous les traits du petit écran de mon appareil-photo sur lequel je me mets en quête d’analyser tous les clichés déjà enregistrés. Je ne sors de cette torpeur que de longues minutes plus tard lorsque Bernard arrive les bras chargés de tranches de pastèques qu’il ne sait où déposer, toutes les tables de ses clients étant déjà amplement occupées par de multiples assiettes et plats de pizzas. Je lui propose de les mettre sur ma table qui est déserte depuis que j’ai fini ma pizza. Il dépose le tout sur ma table en me disant « servez-vous si ça vous chante ! ». Mais je refuse gentiment lui demandant par la même occasion « 2 boules de glace est-ce possible ? » « Oui », me répond-il. Après l’énumération de plusieurs parfums, mon choix se porte sur la vanille et le café. Bien que cette terrasse respire la jouvence et la convivialité, je languis de retourner vers plus de quiétude. J’ai fini ma glace, toutes les tranches de pastèque ont disparu de ma table et j’estime que le temps est venu de me remettre en route. Je remercie Bernard pour la qualité de son accueil et de sa cuisine, paye ma note et me voilà déjà dehors à errer sur la route principale du village. Quelques bruits provenant de la piscine m’incitent à aller voir, mais cette dernière est inoccupée et seules 2 jeunes filles jouent à la pétanque sur le terrain de boules mitoyen. Cette piscine me rappelle Mon Tour du Coronat de 2007 et mon arrivée au Presbytère lors de la 3eme étape où une « suite » m’avait été octroyée. En réalité, il s’agissait d’une chambre plutôt normale mais sans doute plus spacieuse que les autres avec un grand lit et une salle de bain privative. Ma fenêtre donnait directement sur la piscine où je pouvais voir les gens se baigner.  Là, en arrivant, j’avais raconté mon parcours pédestre depuis Jujols au patron du Presbytère qui m’avait aussitôt dit « allez-vous baigner à la piscine, cela vous fera le plus grand bien ! ». Mais j’avais refusé cette offre pourtant bien tentante car les bains avaient déjà largement jalonné ma journée : aspersion dans une baignoire réservée aux animaux bien avant le col du Portus, rafraîchissement dans la rivière d’Evol, puis bain dans l’Estany del Clot et enfin dans la rivière de l’Homme Mort. La baignoire de ma chambre avait été suffisante pour supprimer les poussières des derniers kilomètres de cette journée ô combien suffocante où j’avais réussi le tour de force jamais égalé ensuite de boire 7 litres d’eau ! Très naturellement, toutes ces vieilles pensées m’entraînent vers la ruelle Carrer Iglesi Sant Marti où se trouve l’entrée du presbytère. Mais 15 années ont passé et je ne retrouve rien de cette période et notamment pas cette enseigne en ardoise joliment peinte où un curé joyeux chevauchait un âne qui l’était tout autant. Un petit tour autour de l’église, un arrêt devant la devanture d’un marchand de légumes bio ; en réalité un garage ; et me voilà déjà entrain de m’élever vers l’itinéraire du retour vers Urbanya : Pujador dels Carboners, Carrer del Rocater, Carrer dels Caps de Bous. Comme souvent le féru que je suis de toponymes catalans prend plaisir à examiner ces signalétiques si évocatrices d’un passé disparu. Sous un  soleil de plomb, j’’enchaîne les ruelles à un train de sénateur, trouvant toujours une bonne raison pour flâner à outrance : un objet amusant, une fleur, un couple de moineaux et bien sûr des papillons. Quand je finis par atteindre le panonceau « Coll de la Serra », voilà déjà plus d’une demi-heure que j’ai quitté Cal Guillem. Dès le départ du sentier, un portail très rudimentaire constitué de bouts de cordes et de fils barbelés m’inquiète un peu. « J’espère qu’il n’y aura pas un troupeau et des patous » me dis-je au fond de moi. Je passe outre cet obstacle hétéroclite et chiant à l’extrême, autant pour le démonter que pour le remonter ensuite à l’identique. Tant bien que mal, j’ai refermé le portail derrière moi mais désormais je marche aux aguets d’un éventuel troupeau car par ici j’ai été confronté au moins deux ou trois fois  à des ovins ou caprins accompagnés de patous souvent très agressifs. Ils étaient d’autant plus agressifs que le berger semblait absent.  Je reste donc sur mes gardes, ce qui complique ma tâche d’être également attentif aux papillons et à la Nature en général. Mais ce versant « solana » de la vallée de Nohèdes a cet avantage d’être très dénudé en végétation et la vision lointaine en est d’autant plus facilitée. Quand finalement, j’atteins le col de la Serra, aucun patou n’est venu perturber mon ascension. Seul un « cagnard » de dingue m’a contraint à marcher lentement et à boire plus qu’il ne faut. Mes 2,5 litres d’eau emportés au départ sont désormais presque épuisés et je sais que rien ne viendra modifier cet état de fait. Par bonheur, sur ce flanc plutôt sec de la montagne, de nouveaux papillons sont venus s’ajouter à mon bestiaire photographique ainsi que quelques nouveaux passereaux. L’arrivée au col la Serra est à la fois synonyme d’ombres bienvenues et de basculement vers l’ubac d’Urbanya. Au milieu de la lande de genêt, il y a bien un orri pour m’abriter mais le premier pin venu a largement ma préférence. Je m’y allonge près de son tronc  puis m’y restaure de quelques fruits secs et biscuits que je fais descendre dans ma gorge avec une seule gorgée d’eau que le soleil a amplement réchauffée. Tout autour du pin, des fleurs sont encore bien présentes et attirent plusieurs papillons. Je ne repars qu’une demi-heure plus tard plutôt bien reposé et avec quelques fleurs et lépidoptères supplémentaires. Je franchis la crête séparant les deux vallées non sans mal car là aussi une clôture de fils de fer en tous genres; barbelés et autres ; agrémentée de fils électrifiés m’empêche d’atteindre la piste qui se trouve de l’autre côté. Bien que déjà bien déglinguée ; sans doute par d’autres randonneurs ; la clôture reste difficile à enjamber. Par bonheur, les fils électriques sont inopérants alors je tente le franchissement avec cette idée première de ne pas abîmer la clôture plus qu’elle ne l’est déjà. Après quelques tentatives infructueuses car le but est aussi de passer sans y laisser des balafres ou des bouts de vêtements, je réussis cet « examen de passage ».   La bascule  vers l’ubac de la Mata d’Urbanya me fait changer totalement de décors. Epaisse forêt de résineux et de feuillus, végétation plus verdoyante, fleurs nouvelles, papillons nouveaux mais aussi chevreuil, marcassins et nouveaux oiseaux viennent s’ajouter à la carte-mémoire de mon appareil-photo. Si les photos du chevreuil ne sont pas une réussite, quelques branches m’empêchant de faire une mise au point parfaite sur l’animal, les marcassins, eux, sont plus faciles à immortaliser. J’en compte au moins cinq mais parmi eux, il y en a deux carrément au milieu du chemin qui ne bougent pratiquement pas. Je fixe l’objectif de mon appareil-photo sur ces deux-là. De leur petit groin, ils fouissent sans cesse le sol là où passe le ruisseau Correc de Sant Estève. Seul problème, ils ne lèvent jamais la tête. Ici, ce n’est encore qu’un ru boueux mais cette gadoue semble parfaitement les satisfaire. Assez étonnamment, je ne vois aucun sanglier adulte. Pourtant, dès lors que les marcassins prennent conscience de ma présence, c’est une débandade impressionnante et bruyante qui se déroule devant mes yeux. Les adultes qui étaient cachés dans les genêts détalent et grimpent sur les premiers flancs du pic Lloset. Ils disparaissent dans les hautes fougères. Les petits, eux, partent en étoile, avant de se raviser et de comprendre que leur salut est de rejoindre leurs mères. Je ne bouge plus, me contentant d’observer ce spectacle désordonné et attendant que tout ce remue-ménage ait cessé. Un marcassin retardataire traverse le chemin, les  derniers grognements cessent mais j’attends encore un peu prenant conscience que j’ai amplement dérangé toute une famille qui cherchait un peu de fraîcheur et des ressources alimentaires pour leur progéniture. Quelques papillons viennent se ressourcer en sels minéraux et pour cela, ils viennent se jucher sur les tas de boue que les marcassins ont engendré. J’ai l’espoir que d’autres papillons arrivent mais la chaleur reste de mise et je décide de repartir. Un peu plus loin, j’emprunte un raccourci longeant une clôture. N’ayant plus d’eau, c’est une sage décision qui me fait gagner 2km environ. Un peu plus bas encore, je retrouve le Correc de Saint-Estève où des eupatoires à feuilles de chanvre poussent à profusion au sein de son lit. Ils sont des objectifs à ne pas ignorer car ces fleurs-là  sont de véritables aimants à  papillons. Après ce nouvel arrêt, je sais parfaitement que ma maison n’est plus très loin mais comme les photos naturalistes continuent d’être encore très nombreuses, j’en suis à me demander à quelle heure je vais terminer ? Je passe outre l’interdiction menant à la ferme à Philippe. Ce n’est plus Philippe qui la gère mais d’autres vachers que je ne connais pas mais je continue à faire comme par le passé. Après tout, je ne fais que randonner, marche avec prudence et quand des animaux se présentent,  ici des ânes ou des bovins, je m’écarte comme je l’ai toujours fait auparavant. Comme souvent l’arrivée à la ferme est synonyme de nombreux passereaux. Ils sont attirés par les dépôts de fumier et moi par leur génie à essayer d’éviter mon appareil-photo.   Finalement, il est 17h15 quand j’atteins la citerne du château d’eau et les pylônes et antennes dominant ma maison. Quelques derniers papillons sont là à chercher quelques fleurs à butiner. Un corbeau et un joli traquet sont juchés sur les antennes. Ils ne seront pas les derniers animaux immortalisés de cette journée ô combien tournée vers cette Nature dont je ne me lasse pas. Avec 66 lépidoptères photographiés, le bilan de cette journée « Minutes Papillons » est bien au-delà de ce que j’avais pu  imaginer et même si certaines photos ne sont pas parfaites, j’ai bien l’intention de les garder dans ma vidéo. Cette randonnée a été longue de  8,8 km, cette distance incluant mes errements dans Nohèdes. Le dénivelé est de 352 m entre le point le plus haut à 1.221 m au-dessus du col de la Serra et le plus bas à 869 m près de  l’église d’Urbanya. Les montées cumulées ont été de 881 m. Carte IGN 2348ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

    (*) Expression « Minute papillon » : Sur le site de çaminteresse.fr, on peut lire les explications suivantes : « L’origine de cette expression, apparue pour la première fois au XXe siècle, reste controversée. Pour certains historiens, il pourrait s’agir d’une allusion à ces jolis insectes volants qui, trop rapides, ne se posent jamais très longtemps. Une autre explication plus amusante attribue son origine aux années 1930 et à un serveur de café parisien nommé « Papillon ». Interpellé par des journalistes de son quartier qui fréquentaient régulièrement son établissement, il répondait chaque fois : « Minute, j’arrive. » Il aurait alors rapidement été surnommé « Minute Papillon ». Aujourd’hui, l’expression est employée pour signifier que l’on souhaite que son interlocuteur soit patient ». Le dictionnaire web « Wiktionnaire »,nous informe que cette expression a été reprise dans diverses œuvres littéraires quant à l’encyclopédie Wikipédia, elle cite le titre d’autres œuvres intitulées « Minute papillon » et précise que le café parisien cité plus haut serait le café du Cadran.


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  • Ce diaparama est agrémenté de plusieurs musiques du pianiste virtuose Sofiane Pamart. Extraites de son concert au Piano Day - Arte Concert, elles ont pour titre :  "La Havane", "Nara", "Seoul", "Ha Long Bay", "Medellin", "Chicago" et "Berlin".

     Le Circuit découverte de Clara à Taurinya

    Le Circuit découverte de Clara à Taurinya


     

    Cette boucle que j’ai intitulée « Le Circuit découverte de Clara à Taurinya », c’est dans une précipitation inhabituelle que nous sommes partis la réaliser. En effet, la veille encore, j’avais prévu de repartir vers la Cerdagne ; et Osséja en particulier ; où 11 jours auparavant nous venions d’accomplir un agréable « Circuit de 5 villages cerdans depuis Hix ». Ce changement soudain était dû au fait que je venais de lire dans l’Indépendant.fr que le massif forestier de La Vanera venait d’être fermé pour des risques trop importants d’incendie. Or c’est bien dans ce massif-là que j’avais prévu une randonnée. Alors que faire ? Deux arrêtés dans les municipalités concernées venaient d’être actés, le premier interdisant l’accès au massif forestier de la Vanera dans sa totalité et pour plusieurs semaines et le second pour restrictions provisoires de certaines utilisations de l’eau potable. L’article rajoutait que les incendies gigantesques ravageant la Gironde avaient marqué les esprits de plusieurs élus cerdans, ces derniers craignant que qu’une catastrophe identique se produise chez eux.  Alors oui que faire ? Par bonheur et par chance, l’excellent site Visorando est venu rapidement à ma rescousse avec cette randonnée entre Clara et Taurinya. Elle présentait l’avantage d’être peu éloignée d’Urbanya où nous résidions, d’être courte et plutôt facile et de surcroît j’en connaissais déjà quelques « bribes » accomplies lors d’une superbe randonnée intitulée « Les Balcons de Taurinya ». Il est 9h15 quand nous gârons notre voiture sur la place principale de Clara. Le temps de nous préparer puis d’aller voir si la jolie église Saint-Martin de Clara est ouverte et nous démarrons, celle-ci étant fermée. Quelques minutes pour trouver la ligne de départ se trouvant rue du Canigou et nous voilà vraiment partis. Nous traversons le village, direction le col de Clara. La piste ombragée car en sous-bois qui nous y amène est vite là, très bien balisée. Il faut néanmoins préciser que nous sommes sur un court tronçon d’une très jolie boucle pédestre de 150km qui s’intitule  « La Ronde du Canigou ». Outre les photos habituelles du chemin, je suis déjà en quête de la faune qui pourrait être visible. Très vite, cette faune visible prend les traits d’un moineau, d’une bergeronnette grise, d’un troglodyte et de quelques papillons assez communs que je réussis à photographier. Quant à la flore, outre de nombreux buddléias attirant divers papillons, le sous-bois recèle des astéracées toujours très difficiles à identifier. Enfin difficile pour moi ! Avant même d’arriver au col de Clara, une pancarte de Fédération Française de randonnée nous annonce une déviation provisoire. Je cherche à comprendre. Finalement n’ayant pas de tracé dans mon GPS, je suis contraint de mettre en œuvre l’application Visorando sur mon smartphone. Je comprends immédiatement que le plus court chemin pour descendre vers Taurinya est fermé. D’ailleurs en allant vérifier, je constate qu’il y a un ruban fermant le passage sur lequel figure la mention « FFRANDONNEE ». Pour atteindre Taurinya, il reste 2 solutions soit la piste DFCI soit le sentier filant vers le col de Jual. Le col de Jual faisant partie de l’itinéraire du retour, seule la piste DFCI me paraît possible si l’on veut réaliser une boucle et éviter ainsi un aller-retour toujours moins intéressant. Nous voilà donc partis sur cette piste imprévue où les fleurs se font plus nombreuses mais s’agissant assez souvent d’ombellifères, j’éprouve les mêmes difficultés que pour les astéracées pour leur donner un nom. Je les connais mal ! Les pinsons picorant la piste, eux, sont facilement reconnaissables. Plus compliqué  est de mettre un nom sur deux rapaces volant en circonvolutions.  Au sein de cette Nature que j’adore observer et photographier, seule une libellule jaune et noire me fait tourner en bourrique. Finalement ma patience aura raison de sa course longue et folle à trouver une aire d’atterrissage à sa convenance. Elle s’est posée et je peux l’immortaliser. Au sein de la forêt, quelques fenêtres s’entrouvrent sur Taurinya et ses alentours où le patrimoine architectural du secteur se fait jour : le site minier de Salverla tour de Corts et l’abbaye Saint-Michel de Cuxa. Dans cette déambulation plutôt tranquille, une première habitation nous laisse imaginer que Taurinya n’est plus très loin. Il n’en est rien. De nombreux kiwis s’échappant d’un jardin mal entretenu attirent nos convoitises mais il faut se faire une raison car quelques mois seront encore nécessaires avant de les déguster. Finalement, ce ne sont pas tant les jardins qui sont annonciateurs du village mais plutôt la route asphaltée qui supplante la piste terreuse. Après le Cami de Las Tartères, c’est le Cami del Canigou qui nous entraîne droit vers le village. Ici et même si administrativement c’est déjà la D.27, les rues sont restées les « camis » d’autrefois. Une fois encore et parce qu’elle est rapidement là, c’est l’église qui agit sur nous comme un aimant. Dédiée à Saint-Fructueux, il faut dire qu’avec son haut clocher-tour de style roman, elle est visible de très loin. Etant fermée, je me contente de lire ce qu’en dit un pupitre puis d’en faire le tour pour la photographier sous toutes les coutures pendant que Dany m’attend. Puis connaissant bien le lieu, je propose à Dany d’aller pique-niquer au bord de la Llitéra qui est peu éloignée. Aussitôt dit, aussitôt fait. Il suffit pour cela d’emprunter la petite ruelle qui se trouve à droite de l’église. Comme indiqué, elle mène à la Llitéra, mais également à un oratoire dédié à Saint Valentin ainsi qu’au col de Clara. C’est par là que nous aurions dû arriver à Taurinya, s’il n’y avait pas eu cette déviation provisoire. Grâce au pupitre lu, on apprend que les céramiques de l’oratoire sont l’œuvre de François Miró, cousin du célèbre Joan. François vécut ici et eut un certain succès dans les années 50, gagnant quelques grand prix pour ses céramiques. La rivière est paisible car il n’y a personne, aussi après le déjeuner, je n’hésite pas une seconde pour un bain de siège en caleçon. Compte tenu de la faible profondeur de l’eau, je ne peux m’offrir que ça ! Puis c’est dans cette tenue minimale et avec un certain succès….. auprès des papillons que je pars photographier la faune et la flore de La Llitéra. Je descends le cours d’eau et suis ravi du résultat obtenu. Après ce long entracte, il est temps de finir la visite de Taurinya puis de refermer cette boucle. Après une déambulation dans plusieurs ruelles et un café chez Domy, petite épicerie bien sympathique et ouverte à toutes les envies, nous rebroussons chemin. Nous réempruntons les Camis del Canigou et de la Tartères jusqu’à atteindre le pont sur La Llitéra. Là un panonceau « Tour du Canigou » est à suivre. Il y est mentionné « Llacères », ancien village pastoral en pierres sèches situé à 1.350 m d’altitude bien connu des randonneurs sportifs. Si dans l’immédiat c’est bien ce sentier qu’il nous faut suivre, nous n’irons ni jusqu’à Llacères (ou Llassères) et encore moins jusqu’au Canigou, nous contentant du modeste P.R menant jusqu’au col de Jual (ou Joual). Là, à 698m d’altitude, un sentier inégal menant à Clara prend le relais et devient piste quelques décamètres plus bas. Rien de folichon dans cette descente or mis des surprenantes gaillardes au bord du chemin et le Gorg de Las Toupines méritant le détour si vous aimez la baignade dans la Nature comme je peux l’aimer. Ne vous attendez pas à tomber sur une surface aquatique aussi spacieuse et aussi merveilleuse que le Gorg Estellat (lac de Nohèdes) ou le Gorg Negre (lac d’Evol) au pied du Massif du Madres. Non, en fait ce gorg-là est un simple vasque d’eau de 3m de profondeur, de 5 à 6m de long pour 2 à 3m de large creusée à même la roche par un étroit torrent du nom d’El Liscò. Baignez-vous seulement si vous constatez que l’eau de cette poche est suffisamment claire et se renouvelle constamment, ce qui était le cas ce jour-là. D’ailleurs, outre le fait qu’il y avait un filet d’eau en amont et un autre en aval, de très nombreux têtards, dont certains déjà bien constitués, se complaisaient dans cette mare certes un peu verdâtre mais pas vraiment envahie par des algues vertes ou au pire bleues. C’était donc un signe que l’eau était bien oxygénée. Si j’évoque toutes ces précisions, c’est parce quelques semaines plus tard, j’ai lu dans l’Indépendant.fr  que le Liscò était soupçonné de recéler des cyanobactéries. Alors prudence bien sûr ! Après ce nouvel et dernier entracte, la fin de la balade fut plus monotone. Une église et une mairie de Clara toujours fermées mirent fin à nos envies de découvertes supplémentaires. Finalement, avec des églises fermées tant à Clara qu’à Taurinya, ce circuit méritait-il son nom de «découverte » ? Oui, quand même tant ce parcours a été ludique et tant la Nature fut présente ! Un vrai livre de sciences naturelles ! Tel que réalisé et expliqué ici, visites et baignades incluses, il a été long de 7,6km pour des montées cumulées de 513m et un dénivelé de 166m entre le point le plus bas à 532m à Clara et le plus haut à 698 m au col de Jual.  Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.


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  • Ce diaporama est agrémenté d'une des bandes originales du film de Robert Zemeckis "Cast Away", en français "Seul au monde" avec Tom Hanks et Helen Hunt. La musique est du compositeur américain Alan Silvestri

    Le Circuit de 5 villages cerdans depuis Hix (Bourg-Madame).

    Le Circuit de 5 villages cerdans depuis Hix (Bourg-Madame).

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    Quand on cherche une randonnée à faire en Cerdagne, il est assez fréquent de trouver sur Internet des itinéraires allant de villages en villages, et ce, qu’elle soit pédestre ou à vélo. Seuls les noms des randonnées changent et bien sûr les distances plus longues en VTT :  tour des villages, circuit découverte, boucle, etc….C’est ainsi que j’ai découvert cette balade que j’ai personnellement intitulée « Le Circuit de 5 villages cerdans depuis Hix (Bourg-Madame) ». Si je n’ai pas retenu le mot « découverte » dans mon titre comme certains sites l’avaient fait, c’est parce que toutes les chapelles et églises (*) des 5 villages étaient fermées lors de notre passage. Or, pour avoir longuement potassé Internet avant de parcourir ce circuit pédestre, il faut bien reconnaître qu’elles constituent en grande partie l’essentiel du patrimoine ancien méritant absolument d’être vu. Malgré qu’elles soient presque toutes issues d’une architecture romane et qu’elles aient été remaniées, elles ont toutes leur propre originalité tant extérieure qu’intérieure. Quand à leur mobilier et décorum intérieurs, on y trouve un peu de tout mais beaucoup de choses de grandes valeurs car elles sont le reflet des siècles qu’elles ont traversés.  Alors c’est bien dommage de ne rien en voir mais c’est ainsi. C’était d’autant plus dommage que lorsqu’on va sur les sites de chacune des communes,  le patrimoine religieux est le plus souvent louangé. Il est même souvent le seul intérêt touristique à bénéficier de ces éloges. Alors ces villages à voir seront Hix, ligne de départ et quartier de Bourg-MadameOsséja et Palau-de-Cerdagne pour la France et Vilallobent et Age pour l’Espagne. Ces 2 derniers hameaux dépendant de la commune de Puigcerdà.  En effet, ce circuit a cette originalité de franchir la frontière entre les deux pays. Autre détail pour ceux qui ne connaissent pas la commune de Bourg-Madame et qui voudraient la visiter, sachez que l’église d’Hix, notre ligne de départ, est distante d’un kilomètre environ du centre-ville soit 2km aller et retour par la N116. Quant à Puigcerdà, il faut multiplier ce chiffre par 3 pour atteindre son centre. Il est 10h quand nous garons notre voiture près de l’église romane Saint-Martin d’Hix dont le vox populi prétend qu’elle serait une des plus jolies de Cerdagne. Elle daterait du Xème siècle et posséderait trois retables dont un particulièrement magnifique datant de 1738 du sculpteur catalan Paul Sunyer, frère du maître sculpteur Joseph Sunyer, si j’en crois ce que j’ai lu avant de venir. Il y aurait aussi des statuettes et des peintures de grande valeur en raison de leur ancienneté. Enfin, nous cherchons comment y entrer et s’il y a quelqu’un pour nous renseigner mais le hameau est totalement désert. Nous n’insistons pas et démarrons sans peine car en arrivant par la Nationale 116, nous avons remarqué des panonceaux directionnels. Nous les retrouvons et Osséja par le GR.36 (**), notre prochaine étape, est parfaitement mentionnée : « 2,7km – 1h05 ».  Nous réenjambons la « Nationale » et quelques foulées suffisent pour nous retrouver dans la campagne cerdane. C’est le Cami de Nervols nous annonce une plaque signalétique. J’espère que ce nom de « Nervols » n'a aucun rapport avec une quelconque « nervosité » à mettre en œuvre car ici ce n’est pas dans l’air du temps.  Un gros lézard se chauffe au soleil, des champs de céréales blonds à perte de vue, de jolies haies verdoyantes, quelques fermes très tranquilles, des paysans qui papotent en sourdine, des tracteurs et autres matériels agricoles plus ou moins imposants mais à l’arrêt, des chevaux en liberté mais immobiles ou couchés, tout ici incite à être indolent. En tous cas, dans cette déambulation qui reste à faire, rien n’incite à presser le pas, et ce d’autant que la météo est idéale pour ce faire. Si le démarrage offre encore quelques aspects de la civilisation, on les oublie vite et la campagne devient sauvage malgré les champs de céréales que l’on continue de longer. Il faut dire que ces derniers sont amplement occupés par de grands rassemblements de pinsons et de chardonnerets. Ils s’envolent à tire d’ailes au fur et à mesure que l’on avance. Les pinsons, eux, sont si abondants, qu’on les voit picorer en nombre au sein même du chemin, avançant au même rythme que nous dans leur quête à trouver pitance sans trop de problèmes. Dès la première intersection, on change de décors car la piste terreuse laisse la place à un étroit sentier verdoyant et le plus souvent ombragé. Un ru le longe et apporte un supplément de fraicheur. Comme toujours désormais, je recense les principales fleurs du sentier mais tentent aussi d’inventorier les oiseaux et les nombreux papillons dès lors qu’ils se posent. La chance me sourit avec un rapace mais surtout avec  un chevreuil sortit dont je ne sais où. Il traverse un pré en gambadant, s’arrête, repart en gambadant puis s’arrête de nouveau n’ayant plus aucun doute de notre présence malgré la bonne distance nous séparant de lui. Il est vrai que Dany m’ayant quelque peu distancé, je viens de l’appeler pour lui offrir ce joli spectacle. Si j’ai eu le temps de l’immortaliser, cette fois-ci  il détale dans le bois le plus proche. A l’instant où le sentier se transforme en une nouvelle piste terreuse, les champs de céréales refont leur réapparition. Cette piste s’élève doucement mais régulièrement jusqu’au premier quartier de la commune d’Osséja. Dans notre quête à nous diriger vers le centre-ville, la rue de Cerdagne bien balisée est la seule solution et ce, même si le GR.36 part dans une autre direction. Ce dernier laisse la place au GRP Tour de Cerdagne. Il est midi et nous prenons la décision de pique-niquer sur la place de Les Escoles Velles (les anciennes écoles). Certes, elle accueille le Monuments aux Morts mais il y a aussi une jolie fontaine très fleurie dont les sonorités et la fraîcheur sont des invitations à s’arrêter là. De plus, moineaux et pigeons semblent habituer à voir des visiteurs et à leur quémander quelques bouts de pain. Ils auront ce qu’ils demandent mais leur goinfrerie est telle que l’on est contraint de les modérer sans quoi nos petits sandwichs-triangles vont y passer.  Ils vont et viennent sans cesse autour de la fontaine se laissant tomber le plus souvent des toitures environnantes. Le pique-nique terminé et après un bref arrêt au Café de France le temps d’un délicieux expresso, Dany part vers le marché et moi vers l’église Saint-Pierre que j’espère voir ouverte. Nous sommes le 14 juillet, c’est jour de fête, et à cause des nombreuses guirlandes et des fanions accrochés au clocher volant à tous les vents, j’ai de bonnes raisons de penser qu’il n’y a aucun motif à ce qu’elle soit fermée. Aussi la déception est grande d’y trouver porte close. Je me contente d’en faire le tour mais ma déception est si grande que j’en oublie même de faire des photos. Quant aux marchands ambulants, ils en sont déjà à ranger leurs tréteaux et Dany est forcément déçue aussi. Nous continuons vers Palau-de-Cerdagne par la rue Saint-Roch puis par la rue du Marquis de Tilière. Entre les deux, il y a bien la petite chapelle Saint-Roch mais elle est également fermée. A Palau-de-Cerdagne, il en est de même de l’église Sainte-Marie. De ce fait, rien ne nous freine dans cette portion où la Nature se résume à de nombreux moineaux et à quelques fleurs sauvages ou échappées de jardins. Aussi, nous vivons un peu comme une délivrance, la sortie de Palau-de-Cerdagne et le retour à des décors plus champêtres. Après le pont sur La Vanera (Llavanera), un chemin très agréable file rectiligne vers Vilallobent. Il longe un instant un camping amplement arboré puis offre des panoramas plus amples car plus ouverts vers les plus hauts sommets des Pyrénées Catalanes. C’est dans une commune de Vilallobent déserte et silencieuse que nous entrons. Si silencieuse, que Dany habituée aux affluences du Perthus et de la Costa Brava me demande si nous sommes bien en Espagne. « Oui, nous sommes bien en Espagne » lui dis-je, lui précisant que le petit ruisseau que nous avons franchi il y a quelques minutes servait de frontière, et ce, si absolument rien de notable indiquait un changement de pays. Nous nous arrêtons bien évidemment devant l’église qui est si pittoresque avec son clocher-mur à deux baies typiquement préroman. Or mis, le porche de l’église qui n'est pas au même endroit, ce clocher-mur me rappelle étrangement celui de Saint-André de Belloc. Malheureusement fermée elle aussi, je fais le tour de la vieille chapelle mais toujours aussi désenchanté. Si le village est très beau avec ses superbes maisons en pierre aux toitures d’ardoises, il faut bien reconnaître que pour tout le reste c’est un incroyable « bled ». C’est à l’instant où nous pensons cela que nous tombons sur un français très sympa avec lequel nous papotons de la beauté mais de la tristesse du lieu. S’il reconnaît bien volontiers que Vilallobent est plutôt triste en cette saison estivale, il nous dit qu’en hiver le village est bien différent avec de nombreux touristes louant des maisons pour venir skier. Il finit par nous dire qu’il apprécie cette absence d’agitation et que s’il a acheté cette très belle maison avec pelouses et jardin arboré que nous contemplons avec convoitise c’est surtout pour ça. Nous repartons sur le bitume de la route par bonheur peu fréquentée par des voitures. Je continue à photographier fleurs, papillons et passereaux m’arrêtant seulement pour un bain de pieds rafraîchissant dans La Vanera. Puis la commune d’Age est là, bien différente de Vilallobent architecturalement parlant, mais avec des chalets luxueux qui ne laissent aucun doute quant à leur destination touristique. D’ailleurs de nombreux chantiers sont en cours et de ce fait nous retrouvons les bruits habituels d’une cité très active. Age tranche avec le silence de Vilallobent. Malgré le bruit ambiant, Dany décide que c’est ici que nous finirons nos casse-croûtes. Un banc est là bien à propos. Nous repartons par la partie la plus ancienne du village. Elle est plus calme et plus silencieuse. L’église Sant-Julia avec son cloche-mûr roman est également fermée mais Dany et moi sommes tellement captivés par l’état de santé calamiteux d’un pauvre chaton que nous ne prêtons guère attention à l'édifice. Le chaton vient vers nous pour réclamer pitance et par chance Dany est à même de lui donner des pâtes et quelques bouts de poulet d’une salade qu’elle n'a pas réussi à terminer. Avec un poil tout chiffonné et des plaies sur tout le corps, il est dans un état si piteux qu’il a même du mal à manger. Si j’ai souvent pour habitude de photographier les jolis chats que nous croisons en randonnée, j’estime que celui-ci est trop squelettique et trop amoché et surtout sans doute en fin de vie pour en faire un cliché utile. Nous repartons, désespérés mais en colère aussi nous demandant comment il est possible de laisser un être vivant sans soins et dans un tel état de désaffection. Au milieu d’un patchwork de champs céréaliers, une piste terreuse très rectiligne nous entraîne vers l’arrivée. Puigcerdà et Bourg-Madame que l’on aperçoit droit devant paraissent rassemblées en une seule et même commune. Comme souvent Dany presse le pas languissant sans doute d’en terminer alors que je traîne derrière elle en quête de dernières photos naturalistes. Papillons, une pie-grièche qui chante à tue-tête et de nombreux rapaces font les frais de ma passion. La civilisation est là avec sa vie grouillante et bruyante qu’il faut affronter. Route départementale, ligne du petit train jaune et Nationale 116 sont autant d’obstacles où la prudence est de mise. Tout redevient plus calme dès lors que la hameau d’Hix est atteint. L’église étant toujours fermée, je m’essaie à photographier ce qui me paraît intéressant de sa façade pendant que Dany part faire un petit tour au cimetière. Ainsi se termine cette jolie balade qui aurait pu être formidable « patrimonialement parlant » si toutes les églises avaient été ouvertes. Par bonheur, la Nature qui contrairement à l’Homme est innocente et n’a à priori pas peur des vandales, a bien compensé cette déficience. Comme expliquée ici, cette balade a été longue de 10,3km, cette distance incluant la visite des villages. Le dénivelé modeste est de 114 m entre le point le plus bas à 1.137m à la frontière entre Age et Hix et le plus haut à 1.251m à Osséja. Carte IGN 2250 ET Bourg-Madame  –  Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.

    (*) Les églises ou chapelles du parcours : Les églises et chapelles de ce circuit constituent l'essentiel du patrimoine architectural qui est à découvrir. Nous les avons toutes trouvé fermées et bien évidemment c'est une grosse déception de n'en voir que leurs parties extérieures. C'est un peu comme si nous partions à Paris visiter Notre-Dame et qu'une fois sur le parvis, on la trouve porte close. Alors sans doute que ces fermetures sont guidées par des problèmes de sécurité et on peut le comprendre, mais le désenchantement demeure car à côté de ça il ne reste que peu de choses culturelles ou ludiques à se mettre dans les yeux lors de ce circuit. Par bonheur, la campagne cerdane est très agréable à cheminer et à contempler, la flore et la faune n'étant pas égoïste en sujets à observer. Alors certes, pour les églises il y a peut-être des jours de visite, des messes, des concerts ou des clés à demander en mairie et que sais-je encore mais j'avoue que je n'ai pas suffisamment approfondi le sujet pour vous donner des renseignements de ce type. Je vous propose donc quelques liens, dont certains avec photos, vous permettant d'approcher un peu mieux les 6 édifices religieux mais aussi les communes jalonnant ce circuit :

    Eglise Saint-Martin d'Hix : lien1, lien2, lien3, lien4lien5, lien6, lien7, lien8lien9lien10lien11lien12lien13, lien14

    Eglise Saint-Pierre d'Osséja : lien1, lien2, lien3, lien4, lien5lien6lien7lien8lien9

    Chapelle Saint-Roch d'Osséja : lien1, lien2lien3

    Eglise Sainte-Marie de Palau-de-Cerdagne : lien1, lien2lien3lien4lien5, lien6lien7

    Eglise Sant-Andreu de Vilallobent : lien1, lien2lien3lien4lien5lien6lien7

    Eglise Sant-Julia d'Age : lien 1lien2

     

    (**) Le GR.36 : Le sentier de Grande Randonnée N°36 est long de 1.916 km (source Wikipédia). Il part de Normandie et plus précisément de Ouistreham dans le Calvados et se termine à Bourg-Madame, raison de ce court nota bene. En effet, il faut savoir qu'à Hix, départ de ce circuit que je vous propose ici, nous ne sommes à pied qu'à 1,2km et donc à 15mn du pont transfontalier sur le riu Rahur séparant Bourg-Madame de Puigcerdà. Ce pont constitue l'extrémité finale du GR.36. Ce pont est donc pour tous ceux qui accomplissent la totalité du GR.36 ; voire qu'une grande partie ; à la fois un objectif a atteindre mais aussi un symbole, symbole historique et fraternel certes mais surtout symbole de la persévérance. 


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  • Ce diaporama est agrémenté de la sublime musique du film de Claude Sautet "Les Choses de la vie" (avec Romy SchneiderLea Massari et Michel Piccoli) composée par Philippe Sarde. Le diaporama inclus successivement la "Bande originale du film", puis "La Chanson d'Hélène" interprétée par Patrick Fiori et Micheline Presle (paroles de Jean-Loup Dabadie et Michel Legrand) et une version instrumentale plus moderne de Bakinec Music.

    La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

     La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

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    Cette courte balade que j’ai intitulé « La Boucle autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya » mérite quelques explications que je mets en renvoi (*) au bas de ce récit afin de ne pas le surcharger plus qu’il ne faut. Quand je suis en villégiature à Urbanya, c’est-à-dire quasiment du mois d’avril ou mai jusqu’en septembre ou octobre, j’essaie constamment de trouver de nouvelles balades, de nouveaux terrains de jeux, de nouvelles raisons d’assouvir ma passion pour la marche et la Nature. Autant l’avouer, ce n’est pas toujours facile, sauf à s’éloigner toujours plus loin du village et de ma maison. Alors bien sûr, s’il m’arrive très souvent de m’éloigner de ma petite maison et de gambader hors des sentiers battus, il y a des jours où je recommence des boucles pédestres déjà faites des dizaines de fois. Avec ces 2km et des brouettes, ce petit circuit pédestre que je vous propose ici fait partie de ces boucles-là.  Ayant déjeuné tôt, il est 12h quand nous démarrons de notre maison, direction le bas du village et le chemin de l’église. En effet, plutôt que de monter vers le « Sarrat », ce qui aurait été plus logique au regard ce que j’écris en exergue de ce récit (*) , j’ai décidé de le réaliser à l’envers parce que tout simplement il est plus facile à expliquer et donc à réaliser dans ce sens.  Alors que Dany démarre sur les chapeaux de roue, je traîne déjà derrière elle bien captivé par le patrimoine d’Urbanya, quelques oiseaux, des papillons et des fleurs que je m’évertue à vouloir photographier. Elle rouspète un peu me rappelant constamment « mais tu l’as déjà photographié des centaines de fois ! ». Voilà déjà pas mal de temps que je ne lui réponds plus car elle sait parfaitement que chaque balade est pour moi totalement nouvelle. Nouvelle balade, nouvelle histoire à raconter, nouvelles photos et nouveau reportage sur mon blog. Oui, elle sait très bien que chaque nouvelle randonnée est pour moi une nouvelle péripétie suivant ainsi la Nature qui elle aussi est constamment dans un perpétuel changement. Oui, quand je marche, j’ai cette envie permanente de découvrir, d’observer, d’apprendre et d’essayer ensuite de colporter de mon mieux tout ce que j’ai découvert au travers de mes récits.  Elle sait tout ça parfaitement, alors pourquoi râler ? Après un bref détour jusqu’au calvaire qui a été récemment rénové et embelli, c’est au pied de l’église que nous empruntons la piste DFCI C060 qui sera notre principal fil conducteur. Nous l’emprunterons jusqu’à la quitter un peu plus haut et un peu plus loin et dès la première intersection rencontrée sur la droite. De toute manière, cette balade est plutôt courte et parler d’emblée de distances n’a que peu d’intérêt. Dans l’immédiat, après quelques virages, la piste terreuse se fait plus rectiligne, ce qui me permet de garder Dany en ligne de mire et de revenir sur elle dès lors que je me suis attardé pour mes multiples photos. Il va en être ainsi jusqu’à l’intersection citée ci-avant et une partie de cette boucle que je qualifierais « hors de la piste battue » (en bleu sur la carte IGN). C’est là en dessous que se situe sans doute « le Sarrat », colline allongée aux limites assez indéfinissables car désormais envahie par l’épaisse forêt presque essentiellement de feuillus. Le Sarrat et ses feuillus à droite et La Matte ; que j’ai déjà décrite dans ce blog ; avec ses résineux à gauche, voilà une description simpliste du terrain que la piste DFCI coupe en deux. Simpliste mais elle est quand même en grande partie la réalité.  Bien qu’il y ait diverses essences dans le Sarrat, les frênes sont les plus nombreux. Il est vrai qu’avec leurs « samares » qui s’envolent à tous les vents, ils ont un pouvoir très important de reboisement spontané. L'intersection de cette deuxième partie qui a consisté à quitter la piste DFCI C060 au profit du premier chemin se présentant sur la droite constitue le point culminant. On est à 1.060m d’altitude. Il faut emprunter ce chemin herbeux jusqu’à rencontrer une barrière métallique. Là, il faut partir à droite en longeant la clôture qui est la continuité de la barrière. Tout droit , il s’agit d’une impasse où il y a seulement des sources captées. Cette partie terminale étant un peu moins praticable, elle nécessite un peu plus d’attentions. Si ces précautions sont souvent incompatibles avec ma passion pour la photo naturaliste, la bonne connaissance des lieux me permet de savoir ce que je peux faire et où le faire. Cette clôture à droite est quasiment rectiligne. Il faut toujours la longer du côté droit en évitant surtout de ne pas trop s’en éloigner pour ne pas la perdre de vue. Ne pas la quitter permet de ne pas s’égarer dans les bois et surtout d’apercevoir sur la gauche et en contrebas le Correc de Saint-Estève, qui est un étroit ruisseau, affluent de la rivière Urbanya. Avant d’y parvenir, et si vous êtes curieux, vous ne manquerez pas d’observer les nombreuses terrasses qui occupent cette forêt, laquelle comme déjà indiquée, a été plantée dans le milieu des années 60. Les terrasses sont plus nombreuses à droite qu’à gauche de la clôture, ce qui tendrait à prouver que la « caminole » que nous empruntons était déjà peut-être un ancien sentier séparant des parcelles de différents propriétaires. L’ancien Chemin de Sarrat ? On peut le penser en observant une vue aérienne de 1953 sur Géoportail où on voit clairement un chemin monter en zigzags vers de longues terres apparemment cultivées. Avec quelques rares casots ruinés,  ces terrasses sont les seuls vestiges visibles de ce temps passé où les cultures vivrières permettaient au village de vivre en autarcie. Alors bien sûr, sur ce sentier pentu peu évident et parfois herbeux, soyez prudents. Quelques clôtures transversales seront à enjamber mais je vous rassure, elles ne sont pas (plus) électrifiées. Une fois parvenu au ruisseau qui arrive de la droite, débrouillez-vous pour l’atteindre et le traverser. Plusieurs caminoles y mènent. Un bon sentier est là qui démarre. Il est la suite logique du « Chemin de Sarrat » où se trouve ma maison. De toute manière, au bas de la descente, et malgré la dense forêt, vous apercevrez les premières maisons. Les plus visibles sont celles d’Alan West et de Pierre Goze, mes voisins que j’ai déjà cités. Au-dessus de leurs maisons, vous verrez apparaître deux hautes antennes mais aussi une citerne qui n’est ni plus ni moins que la château d’eau de la commune. Le drapeau catalan, la fameuse « senyera » y flotte au-dessus en permanence. Cet ensemble de constructions vous donnent une belle idée de la direction à suivre. Si vous avez bien suivi ces instructions, vous allez inévitablement atterrir sur « le Chemin de Sarrat ». Si je suis sur ma terrasse n’hésitait pas à venir me voir, sauf si c’est pour m’engueuler bien sûr parce que vous aurez galéré. Nous galérons aussi mais à la différence près est que nous connaissons parfaitement les lieux désormais. Dans le cas contraire, j’aurais toujours une bière, un jus de fruit, un  muscat ou un pastis à vous offrir. Le tout bien frais bien sûr ! Telle qu’expliquée ici, cette modeste balade est longue de 2,6km pour des montées cumulées de 203m et un faible dénivelé de 146m. Le point le plus haut se trouve à 1.016m à la fameuse intersection de la piste DFCI C060 avec le chemin cité plus avant dans le texte et le plus bas à l’église du village à 870m. C’est donc une balade plutôt facile, la seule difficulté résidant dans le suivi de la clôture et le retour en descente jusqu’au village. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

    (*) Explications concernant le nom propre « Le Sarrat », en catalan « El Sarat » : Ce nom de « Sarrat » , vous ne le trouverez qu’assez rarement tout seul sur une carte IGN et ici à Urbanya c’est le nom qui a été donné à une simple petite ruelle. Cette simple petite ruelle, c’est celle où j’ai ma maison. En effet, à Urbanya, voilà déjà 12 ans que je possède une vieille maison de montagne (2eme moitié du 19eme siècle) au sommet d’une ruelle pentue qui s’intitule « Le Chemin de Sarrat ». Alors bien sûr, le mot « chemin » faisant souvent « tilt » dans la tête du randonneur très curieux que je suis, j’ai tenté à diverses reprises de comprendre pourquoi ce nom-là ? Pas simple ? Oui pas simple, car les informations écrites à propos de ce chemin sont inexistantes,  sauf peut-être à aller les chercher dans les vieilles archives du village. J’ignore d’ailleurs où se trouvent ces archives, le village ayant été pendant 10 ans ; de 1973 à 1983 ; rattaché à la commune de Ria-Sirach. D’ailleurs, le jeu en vaut-il la chandelle ? Je ne le pense pas car j’ai l’intime conviction que ce nom a pour origine une ancestrale tradition orale. De ce fait, il me paraît plus logique de chercher directement dans la linguistique. En effet, et comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire à propos d’autres randonnées, on sait très bien ce que signifie le mot catalan « sarrat ». Sur Internet, il y a pléthore d’informations toponymiques à son propos. En français et sur les cartes cadastrales, il est traduit le plus souvent en « serrat » et ce n'est pas moi qui le dis mais l’éminent géographe toponymiste Jean Becat. Voyez ce qu’il a écrit à propos des différents « sarrats » d’Urbanya (je devrais plutôt écrire d’Orbanyà) en cliquant sur ce lien. Alors étonnamment absent des dictionnaires français que signifie le mot « serrat » ? On le trouve dans le Larousse sans le « t » final et la définition qui nous est donnée est « montagne dans les pays de langue portugaise ».  Or mis l’aspect portugais, on n’est pas très loin de la définition « catalane » mais on chauffe.  En réalité et dans la linguistique géographique française ou pyrénéenne, il peut effectivement se traduire en « montagne » mais plus généralement de diverses façons comme une  ligne de crête, une sierra, une serre, un col, une colline, un  dôme, une éminence, un sommet, un coteau, un relief et donc une hauteur et que sais-je encore. Assez souvent c’est la région qui détermine elle-même sa propre définition. Ici une petite colline, là une longue crête et ailleurs un coteau. En occitan, il a parfois la même signification mais il peut-être aussi un enclos, un champ entouré d’un fossé voire un défilé étroit entre deux éminences.  Avec ce mot rien n’est simple. Toutefois,  ici à Urbanya et plus généralement en Catalogne et dans les Pyrénées, il avait jadis dans la bouche de ceux qui l’employaient une connotation plus simpliste. En effet, ce mot a pour origine une vieille racine occitane, « sar », signifiant « une terre allongée en altitude » quand à l’autre racine « ar », elle signifie « pierreux » (source La Dépêche.fr du 26/07/2011). « Le chemin de Sarrat » était donc le chemin permettant d’aller vers « des terres situées sur des hauteurs » et « pierreuses » le plus souvent. Plus tard, et pour être cultivées, ces terres ont été épierrées et très logiquement elles ont été soutenues par des terrasses dressées avec ces même pierres. De ce fait, leur forme allongée fut le plus souvent la règle et le nom alloué devint logique.  Ainsi le nom commun « sarrat » devînt le plus souvent un nom propre. Ce fut sans doute le cas ici à Urbanya comme ailleurs quand il est employé tout seul. Le berger montait son troupeau « Al Sarat » » et les habitants s’y rendaient également pour cultiver leur parcelle. Sur Géoportail, j’ai donc cherché sur de vieilles cartes aériennes si cette hypothèse tenait la route et là « bingo ! ». En effet, quand on regarde de vieilles cartes aériennes d’Urbanya, et notamment celles de 1950-1965, on s’aperçoit aisément que tout autour du village et dans ce secteur-là en particulier tout a beaucoup changé par rapport au présent. D’abord, « le chemin de Sarrat » était beaucoup long qu’il ne l’est de nos jours. Une carte proposée par « Esri World Topografic Map » le montre même montant dans la colline puis faisant une boucle se terminant en bas près du vieux cimetière. Cette boucle n’existe plus vraiment, même si l’accomplir reste encore possible en évitant les arbres et les arbustes. Mais plus clairement encore, une vue aérienne montre le chemin de Sarrat montant comme de nos jours puis continuant en zigzaguant vers des parcelles allongées et probablement cultivées justifiant pleinement sa toponymie (voir les 2 photos ci-dessous). On m’a également offert la copie d’une très vieille carte postale intitulée « Urbanya – Al Sarat » où l’on voit clairement cette colline pratiquement dépourvue de toutes hautes végétations. Il y a seulement quelques arbres au bord du Correc de Saint-Estève et clairement des zones plus claires bien délimitées qui sont sans doute des parcelles défrichées et donc cultivées. De quand date cette carte postale ? Je l’ignore car je n’ai qu’une photo. Ma maison qui date de la deuxième moitié du 19eme siècle est déjà là mais pas celles de mes voisins Alan West et Pierre Goze qui ont été construites dans une fourchette que j’estime allant des années 1955 à 1980 environ. Elle serait donc au mieux du début des années 50 voire bien antérieure. Une autre carte postale ; apparemment postérieure à la première ; laisse entrevoir le « Sarrat », derrière l’église Saint-Etienne, nettement plus envahi par la végétation. On y voit encore sur la droite quelques parcelles dépourvues de toute haute végétation, ce qui tend à prouver que des cultures étaient encore présentes. Quelques anciens du village, dont mon voisin Pierre Goze, me l’ont dit, la forêt actuelle a été plantée au milieu des années 60 et après un remembrement de différentes parcelles qui a débuté en 1964. Ceci est confirmé dans certains textes sur Internet dont Wikipédia. Il est donc fort probable qu’avant ces plantations d’arbres, certaines de ces parcelles aient été des champs de céréales ou des jardins potagers le plus souvent cultivées sur des côteaux en terrasses. Ces terrasses, ce sont les fameuses « feixes » catalanes constituées en pierres sèches et élevées de telle façon qu’elles permettent d’aplanir les sols et d’augmenter ainsi leur profondeur indispensable à la mise en culture et au stockage de l’eau. Ces terrasses sont encore bien visibles de nos jours. « Le Chemin de Sarrat » était donc utilisé pour se rendre sur ces lieux. Quelques autres hypothèses comme la présence de « serres vitrées ou plastifiées dans cette colline » ou bien « un chemin montant au pic de la Serra » se trouvant dans la même direction sont possibles mais aucune d’entre-elles ne m’a été précisée par les « anciens » du village. Alors bien sûr quand je vais me promener dans ce lieu désormais très boisé, je n’ai pas la prétention de cheminer dans les pas des anciens mais au moins cela me permet de marcher « moins idiot ». « Les Chemins de Sarrat » sont désormais légions. Ils sont le plus souvent tracés par des animaux qui circulent dans la forêt et qui y ont leurs habitudes. Qu’ils soient sauvages comme les cervidés, les renards ou les sangliers, ou pas comme les chevaux ou les bovins, ce sont eux qui tracent désormais les sentiers. Les animaux sauvages ont leurs couloirs mais la peur des hommes les oblige à en changer, engendrant ce que l’on appelle des « caminoles » ; nom en jargon pyrénéen donné à des sentes très étroites tracées par des animaux qu’ils soient sauvages ou pas. Cette crainte démultiplie le nombre de sentes au sein de la forêt. Les chemins d’antan, eux, ont disparu sous une végétation qui a repris ses droits car on sait tous que la Nature a horreur du vide. Le « Chemin de Sarrat » se résume désormais à une ruelle.


    La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya                           Le Chemin de Sarrat en 1953La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

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  • Ce diaporama est agrémenté de 4 grands succès du groupe anglo-autralien The Bee Gees. Ils ont pour titre : "Too Much Heaven", "Heartbreaker", "How Deep Is Your Love" et "Alone (version incomplète)"

    Le Chemin des Orrys de Ria à Llugols et le Pi del Rei.

    Le Chemin des Orrys de Ria à Llugols et le Pi del Rei.

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    Si je devais m’amuser à recenser tous les villages des Pyrénées-Orientales et le nombre de fois que je les ai traversés lors de mes randonnées pédestres, je suis certain que le minuscule hameau de Llugols ferait partie des tout premiers. Je ne compte plus le nombre de fois où j’y suis passé (*), et de ce fait, je garde de lui de très nombreux souvenirs bien agréables. Pourtant, assez paradoxalement, le sentier au départ de Ria que nous avons emprunté pour cette randonnée et qui apparemment s’intitule « Le Chemin des Orrys », je ne le connaissais pas. En tous cas, c’était la toute première fois que je le cheminais dans son intégralité car j’en avais seulement accompli un tout petit bout lors d’une autre balade que j’avais intitulée « Le Sentier du Pi del Rei depuis Ria et autres découvertes ». Avant de faire cette nouvelle balade vers Llugols (***) et parce que je voulais savoir si ce chemin avait un nom, j’ai tenté de savoir un maximum de choses à son sujet. De fil en aiguille, j’ai donc lu pas mal de textes anciens ou contemporains sur le Net. Finalement, si j’ai appris son nom  de « Chemin des Orrys » et qu’il a été reconnu d’intérêt communautaire ; comme bien d’autres sentiers de randonnées du Conflent ; ce n’est pas les informations les plus significatives que j’ai retenues.  Certes, il s’agit d’un ancien chemin muletier ancestral, certes il est reconnu d’intérêt communautaire, c’est à dire qu’il est désormais géré, aménagé et entretenu par la Communauté de Communes Conflent Canigó, mais ces quelques données ne me disent pas grand-chose de son Histoire passée. C’est donc ce que j’ai lu des événements, des usages et des traditions populaires qui m’a permis de bien mieux comprendre l’origine et l’usage qui était fait jadis de ce sentier.  C’est ainsi que j’ai appris qu’il avait été régulièrement emprunté au fil des siècles pour se rendre en pèlerinage à la vieille chapelle romane Saint-Christophe de Llugols. Dans la bouche des pèlerins catalans qui se réunissent pour l’Aplec de Llugols, il a toujours été le plus souvent « le Cami de Sant Cristofol » et ce, depuis très longtemps. La chapelle datant du 11eme siècle selon les historiens, il est important de savoir que pendant une très longue période, le Conflent ; et toute l’Europe plus globalement ; a subi toute une série de pandémies de pestes. Si l’origine et les causes de ces épidémies à répétition sont longtemps restaient des mystères, il faut savoir qu’elles ont commencé en 1348 puis se sont poursuivies en 1381, 1397, 1410 et 1429. Il y aura une autre peste également très meurtrière en 1652Llugols ; comme de très nombreux hameaux, villages et villes de Catalogne ; n’échappe pas à ces nombreuses périodes calamiteuses. A cette époque, les habitants des villages isolés vivent le plus souvent en  totale autarcie et c’est donc dans ces moments-là que les sentiers comme celui-ci justifient pleinement leurs existences car les routes et les pistes pour les joindre n’existent pas encore. Llugols n’échappe pas à ces règles. Llugols, comme les autres hameaux, est déserté car abandonné par ses quelques habitants. Les villageois redescendent dans la vallée de la Têt ; vers Prades, RiaVillefranche-de-Conflent ou d’autres cités ; par ce sentier qui demeure le plus court chemin quand ils veulent quitter Llugols et ses alentours.  Dès lors que les épidémies disparaissent, le sentier retrouve un autre intérêt, celui des ouailles de la chapelle romane Saint-Christophe qui viennent la visiter lors des pèlerinages. Bien évidemment , il a servi aussi à tous les métiers agro-pastoraux, manuels, sédentaires et ambulants ; et Dieu sait si jadis ces petits métiers étaient nombreux. Voilà pour la « grande Histoire » de ce petit sentier qui aurait peut-être mérité le nom de « Chemin de Saint-Christophe » plutôt que celui « des Orrys », sans doute décerné par des contemporains. Car certes il y a quelques orrys (ou orris (**)) disséminés dans ce secteur mais on n’en découvre pas vraiment au bord du sentier comme on le verra plus loin. A moins, que le terme « orry » ne soit pas seulement la cabane par encorbellement de pierres sèches comme on l’entend le plus souvent de nos jours mais plutôt la jasse pyrénéenne dans sa globalité avec terrains, constructions et clôtures, c’est-à-dire le lieu où se passe l’essentiel de l’estive. Là, le nom se justifie un peu plus car la pierre sèche est partout très présente au bord du sentier.   Il est 8h45, quand nous démarrons du parking de Ria proche de l’église Saint-Vincent. Quelques fleurs au bord de la route, un cactus cierge géant et de nombreux moineaux attirés par des boules de graisse font les frais de premiers clichés. Nous remontons la route D.26 dite de Conat jusqu’à un panonceau précisant  « Llugols 2,6 km et 1h25 et El Pi del Rei 1,5 km et 45 mn ». En ce 23 juin et à cette heure plutôt matinale , ce qui me surprend c’est le bruit que font déjà les cigales. On se croirait en plein mois d’août dans une pinède provençale.  Est-ce une des causes du réchauffement climatique, de la chaleur et de la sécheresse inhabituelles régnant depuis des semaines ? On est en droit de le craindre ! Nous traversons le pont dit de Saint-Sébastien où la rivière Callau et les oiseaux qui la fréquentent m’arrêtent pendant quelques minutes. Je n’y décèle qu’une bergeronnette des ruisseaux occupée à chercher pitance et que je réussis à photographier. Il y a également un Merle noir mais il disparaît à l’abri des regards. Paradoxalement, ce sentier « des Orrys » en direction de Saint-Christophe de Llugols démarre avec un oratoire en hommage à un autre saint. Il s’agit de Saint-Sébastien, martyr qui selon la légende aurait évité que la peste noire se propage à Ria alors qu’elle sévissait partout ailleurs au milieu du 14eme siècle. Notons tout de même qu’au sein de cet oratoire, Saint-Christophe est également en bonne place avec une petite statuette le représentant portant l’enfant Jésus. Alors que le sentier s’élève régulièrement, je suis déjà aux aguets « photographiques » de la flore et de la faune. Mais sur ce sentier, la sécheresse étant déjà passée avant moi, j’ai le sentiment de perdre mon temps. En effet, en ce début de parcours, or mis des cigales très bruyantes mais le plus souvent invisibles, la faune paraît absente. Quant à la flore, elle se résume à de rares Psoralées encore fleuries et à quelques buissons de clématites peu fournis en fleurs pour l’instant. Si je reste aux aguets, de crainte de passer à côté d’une Nature qu’il y aurait à découvrir et à photographier, les paysages et les panoramas qui se dévoilent compensent un peu toutes ces carences. Finalement, le sentier, tout en balcon sur le vallon du Callau est loin d’être désagréable et quand Llugols se présente, si très étonnamment je n’ai pas découvert d’orrys mais seulement les « feixes » d’anciennes cultures et quelques murs ruinés d’anciens petits habitats, le résultat de mes photos naturalistes est somme toute plutôt satisfaisant. En effet, un moineau, la bergeronnette du pont, une libellule et un rapace et plusieurs papillons sont venus s’enregistrer dans la mémoire de mon appareil-photo. Si les cigales et leur bruyante cymbalisation continuent d’emplir l’espace et nos oreilles de leurs frénétiques décibels, elles restent invisibles.  La chance d’en voir une et de la photographier viendra peu après. Dans l’immédiat, Llugols est là et nous pouvons nous consacrer à sa visite car si Dany est déjà venue, elle est loin de tout connaître du hameau.   Après un courte visite dont je lui fais remarquer les maisons en pierres de schistes du cru mais que les géologues appellent « schiste d’Urbanya », je l’emmène d’abord vers l’ancien Couvent des Monges, plus connu dans les textes comme étant la chapelle ruinée de Saint-Sernin d’Eroles. Puis nous revenons sur nos pas pour piqueniquer à la chapelle Saint-Christophe. Au passage, nous observons la Font du Castanyer. Elle doit son nom à la présence d’un gros châtaignier qui lui fait face mais que j’ai toujours vu mort. Par bonheur, des amoureux de la Nature ont eu la belle idée d’en planter un autre. Puis la chapelle Saint-Christophe est là et avec elle l’heure du déjeuner a sonné. Nous y mangeons d’un bon appétit avant de grimper vers le roc qui la domine où se trouvent plusieurs jolies croix gravées qui dateraient du néolithique au même titre que toutes celles très nombreuses qui se trouvent dans ce secteur du Pla de Vallenso. Après presque une heure, nous repartons un peu déçus d’avoir trouvé une fois de plus la chapelle Saint-Christophe fermée. Que faut-il faire pour y entrer ? Venir le jour du fameux pèlerinage du nom d’Aplec qui se tient en général au début du mois de juillet ? Sans doute ! Enfin chaque fois que je suis venu ici, je me suis toujours dit la même chose « quel dommage de la trouver fermer et d’être dans l’impossibilité de voir son beau retable ! » Il est désormais mangé par les termites et a nécessité un traitement insecticide spécial ai-je appris très récemment ! Il faudra que je me décide à venir le jour où se tient l’Aplec ! Après tout Urbanya n’est pas très loin. Parce que Dany commence à avoir mal aux hanches, plutôt que de poursuivre le sentier qui monte vers Montsec et le Pla de Vallenso, je fais le choix de revenir vers le village et d’emprunter la bonne piste qui permet de retrouver un peu plus loin le sentier qui descend vers le Pi del Rei. Ce n’est pas plus long mais c’est bien meilleur en terme de qualité de terrain à cheminer. Si je passe par là, c’est parce que Dany ne connaît pas le Pi del Rei, ce fameux Pin du Roi qui aurait été planté sur les recommandations du ministre des eaux et Forêts de Louis XIV (source Bulletin municipal de Ria-Sirach N°18). Toutefois, dès lors que l’on atteint le panonceau indiquant l’arbre remarquable, les 500 m aller et retour que l’on doit encore cheminé pour aller le voir et les 20 minutes que l’on est censé mettre sont pour elle totalement démoralisateurs. C’est dire si elle souffre à cet instant précis. Il me faut donc la convaincre que ces chiffres sont totalement faux et que c’est bien plus court pour l’atteindre pour qu’elle accepte de venir le voir. En plus c’est vrai ! Elle accepte et je l’accompagne. Quelques photos-souvenirs au pied de l’arbre et je n’insiste pas plus car je vois bien qu’elle languit d’en finir. Bien que je sache que 3 beaux orris à encorbellement sont dans ce secteur et peu éloignés, je ne l’oblige pas à venir les voir. Priorité à la souffrance de Dany me dis-je. Comme toujours en pareil cas, elle terminera cette balade bien avant moi, occupé que je suis à prendre constamment des photos. Pendant qu’elle part vers la voiture, ma dernière découverte et mes dernières photos seront consacrées au puits à glace de Ria, sans doute un des plus beaux du département car remarquablement conservé. Dommage que son accès au milieu des ronces et des orties soit plutôt difficile, qu’il soit bien trop envahi par une dense végétation et que l’on manque de recul pour que l’on s’en fasse une complète idée. Tous ces inconvénients empêchent de le photographier correctement. Enfin, il n’y a pas de glaces à aucun parfum et pour le gourmand que je suis c’est sans doute son pire défaut ! Ah ! Ah ! Ah ! Ainsi se termine cette belle balade. Elle a été de longue de 7,5km telle que décrite ici. Le dénivelé est de 358m entre le point le plus bas à 385m au départ de Ria et le plus haut à 743m à la chapelle Saint-Sernin d’Eroles. Les montées cumulées ont été de 625m. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.         

    (*) Autres randonnées passant à Llugols ou s'en approchant :             

     

    (**) Orry ou orri ? : Selon les toponymistes, ce mot aurait pour origine le mot latin « Horreum » désignant à l’époque romaine un entrepôt de marchandises au sens large mais le plus souvent un simple grenier à grains. Un bel exemplaire d’Horreum de cette époque dite « antique » est encore visible au centre de Narbonne, ville portuaire et donc ô combien commerciale à cette période. Pourquoi voit-on ce mot « orry » ou « orri » écrit de deux manières différentes ? La question reste entière tout comme l’exacte signification des mots selon les régions pyrénéennes. Lieu aménagé pour un pâturage dans la montagne ou cabane en pierres sèches ? Les deux semblent valables et avoir leurs propres vérités.  Notons toutefois qu’avec le « Y » à la fin, en faisant abstraction du nom de famille et de la commune française d’Orry-la-Ville, on le trouve presque essentiellement dans le département des Pyrénées-Orientales avec 2 pics de l’Orry. Un à 2.561m d’altitude dominant Prats-Balaguer et son refuge de l’Orry dans la vallée de La Ribérole parfois appelée Vallée de l'Orry et l’autre à 2.040 m d’altitude avec sa fontaine, son « planell » (replat) dominant Mantet. Quant aux diverses cabanes en pierres sèches portant ce nom il va sans dire qu’on ne les compte plus. Notons aussi que sur les cartes IGN les plus récentes le nom « Orry » a le plus souvent laissé la place à « orri ». Normal ? Oui, semble-t-il ! C’est ainsi que le géographe Roger Brunet dans son livre « Trésor du terroir. Les noms de lieux de la France » écrit ceci : « L'orri (inutilement enjolivé en orry) a la même fonction, surtout dans le reste des Pyrénées. Un orri comprend terrain, clôtures et constructions ; il peut avoir des formes complexes, avec abris spécialisés pour la traite, les fromages, voire les poules ou le cochon quand chacun montait tous ses biens à l'estive. Le terme orri et son diminutif orriet abondent dans les lieux-dits. » Le nom sans le « Y » mais avec un « I » est finalement confirmé par les plus grands spécialistes de la pierre sèche qui l’écrivent toujours ainsi comme Christian Lassure (Les noms de cabanes en pierres sèches) ou Jean Tosti (Cabanes en pierres sèches dans les Pyrénées-Orientales) pour ne citer que les études les plus accessibles sur Internet. Gardons toutefois le « Y » dans le cas très précis de cette randonnée puisque c’est clairement le nom qui a été donné à ce chemin par la commune de Ria.

    (***) Ria et Llugols : J'aurais bien voulu développer quelques connaissances que j'ai à propos de Ria-Sirach et Llugols mais à quoi bon car un vrai spécialiste de la commune l'a fait avant moi, bien mieux que je n'aurais pu le faire et plus complètement aussi. Il s'agit de Roger Figols dont vous trouverez le remarquable site Internet en cliquant sur ce lien. Tout y est et tout ou presque est dit. Concernant Llugols, un autre lien est très intéressant, c'est celui dédié au hameau dans le site consacrée aux Pyrénées-Orientales. Je vous donne le lien. Enfin et comme complément d'informations, voici ce que j'ai lu dans un article de «L'Indépendant» publié le 9 décembre 2011 sous la signature de Valérie Pons qui rappelle certaines revendications des habitants de Llugols : 

     « Le hameau de Llugols -(mentionné en 979, une chapelle romane y fut construite au XIe siècle et comptait 18 feux en 1222)- se situe sur la commune de Ria; l'accès se fait par une piste muletière praticable seulement à pieds depuis la sortie de Ria sur la route de Conat. Le départ de ce chemin est marqué par une petite chapelle qui, dit-on, signale l'endroit où la peste qui détruisit la population du hameau en 1652 s'arrêtât. Une piste de 4 kms praticable en voiture part depuis le carrefour entre le lycée et l'hôpital sur la route de Catllar. Depuis le fléau de 1652 le hameau était abandonné et les maisons tombèrent en ruine. La chapelle fut rachetée en 1677 par la paroisse de Ria, un ermite était signalé dans ce lieu en 1688 et les premiers aplecs commencèrent en 1841 se célébrant jusqu'à nos jours le 1er samedi de juillet. Le hameau de LLugols a pour protecteur St Christophe et la chapelle lui est dédiée;   à l'intérieur se trouve un superbe retable baroque avec la représentation du saint patron de la chapelle.  Trois statues de la chapelle se trouvent sous bonne protection au Trésor de l'église de Prades (1er étage en vitrine)  et font l'admiration des historiens d'art avec : une vierge romane XIII ième siècle, une vierge gothique XIVe et St Christophe baroque XVIIIe (Jeanne Camps). De 1930 à 1968, le berger André Monells y réside au lieu-dit « la caseta » durant la bonne saison avec son troupeau. Fin des années 1970 de nouveaux arrivants commencent à y vivre et à restaurer les maisons. Actuellement 6 familles occupent le hameau de Llugols (élevage, miel, gîte d'étape,...) soit une vingtaine de personnes. C'est la piste praticable en voiture qui aujourd’hui est l'objet des revendications des habitants. D'une longueur de 3km700, cette piste DFCI (Défense contre l'incendie) traverse les communes de Prades, Catllar et Ria sur sa plus grande partie. Difficilement carrossable elle est entretenue par la Communauté de communes à hauteur de 1000€ par an et la mise aux normes sur une largeur de 6 mètres exige un coût prohibitif que ne peut assumer la mairie de Ria.»

    Il semblerait que depuis la piste a été effectivement agrandie sans doute au bonheur des habitants de LLugols mais au déplaisir de nombreux protecteurs de l'environnement qui se plaignent d'une destruction des paysages. Décidément, c'est bien difficile de satisfaire tout le monde dans notre beau pays ! Si nous pouvions faire en sorte qu'il reste beau tout en rendant tout le monde satisfait ça serait l'idéal ! 

      


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    Ce diaporama est agrémenté de plusieurs chansons des Beatles en hommage à John Lennon et George Harrison disparus tous les deux bien trop jeunes. Dans l'ordre de la vidéo, voici leurs titres et leurs interprétes : "Here, There and Everywhere" par un groupe composé de Jeremy Savo (guitare), Rachel Andie (chant) et Sean Youngman (handpan) puis par Orquestra Ouro Preto (instrumental), "This Boy" par le groupe The Brugboys (chant), "Let It Be" par Matt Hylom (chant et guitare), "Something" par Paul McCartney, Eric Clapton et une pléiade d'artistes en live, "For No One" par Mike Massé (chant et piano) et "Blackbird" par Orquestra Ouro Preto (version incomplète).

    La Boucle du Col de Marsac (1.056m) depuis Urbanya (856 m)

    La Boucle du Col de Marsac (1.056m) depuis Urbanya (856 m)

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    Cette « Boucle du Col de Marsac (*) depuis Urbanya » est sans doute la randonnée pédestre la plus élémentaire que je connaisse au départ du village. Elle est en tous cas une des plus courtes si l’on veut rester dans le domaine d’une vraie randonnée pédestre. Oui, c’est une véritable randonnée et pas vraiment une promenade de santé. Elle s’adresse donc à tous ceux qui viennent à Urbanya, qui ont le désir de marcher sans pour autant y passer la journée, sans pour autant avoir envie de se lancer dans de longues distances ou dans des dénivelés désespérants. Selon la condition physique de chacun, il ne vous faudra qu’entre 1h30 et 2h30 pour l’accomplir voire plus, si tout comme nous vous flânez à outrance. Ce col de Marsac, à 1.050 m d’altitude, que l’on trouve parfois écrit Marçac (aussi bien en catalan qu’en occitan) sur des panonceaux directionnels, je l’ai déjà évoqué à diverses reprises (**). Normal, car depuis des siècles, il constitue un passage essentiel pour les hommes. A cause de nombreuses roches gravées et des nombreux dolmens retrouvés dans ce secteur, d’éminents archéologues admettent que des lieux de passage existaient déjà au néolithique dans ce secteur de la montagne. Plus tard, le col de Marsac a permis la liaison entre les communes d’Urbanya, de Nohèdes et de Conat. Avant que la route D.26 ne soit créée, c’est par là que passait un sentier muletier reliant les 3 communes. Ce sentier existe toujours même si certains bergers se le sont en partie accaparé (voir ma randonnée intitulée Le Sarrat de Marsac (1.088 m) et les Cortalets depuis Urbanya (856 m)). D’ailleurs, il suffit de regarder une carte IGN pour constater que de nos jours,  le col est situé pile-poil sur la limite administrative séparant les 3 communes. Outre le col, il y a également un roc de Marsac à 20m au-dessus et à 1.056m d’altitude ainsi qu’un serrat, même si ces deux notions ont peu à peu disparu des nouvelles cartes géographiques. Le départ vers le col s’effectue de l’église d’Urbanya où il faut emprunter la piste DFCI C060. Elle s’élève doucement et de manière plutôt rectiligne jusqu’à un large virage en épingles à cheveux. Là, sur le côté gauche, le virage domine un vallon du nom de La Devesa sur la carte IGN. Ce vallon est parcouru par un ruisseau du nom de « Correc de La Coma » et au-dessus et en face vous apercevez un bois d’épicéas et tout autour des forêts de feuillus et de diverses essences.  Si je vous précise tout cela c’est parce que la suite du chemin passe au sein de ce bois d’épicéas que je cite mais qu’il y a 2 manières de l’atteindre. La première est de suivre le balisage jaune qui part du virage de La Devesa même et monte à gauche dans les genêts. J’y galère régulièrement sans doute parce que les genêts s’étoffent en volume et que des débroussaillages réguliers devraient y être faits mais ne le sont pas toujours ! Enfin je pense ! La seconde, celle que je choisis personnellement est de descendre vers le vallon par un petit goulet rocheux que vous n’aurez aucun mal à trouver. Il atterrit sur un sentier herbeux qu’il faut poursuivre jusqu’au ruisseau. En réalité un ru au regard de sa taille. Là, il suffit de remonter ce ru vers la droite jusqu’à atteindre sur la gauche des bas murets en pierres sèches qui l’encadrent  Inévitablement, vous allez tomber soit sur la suite du balisage jaune cité ci-dessus, et qu’il va falloir suivre, soit sur une rampe constituée de pierres sèches montant dans la pessière.  Là,  dans le sombre sous-bois, les marques de peinture jaune du balisage se font plus présentes. Ne les perdez jamais de vue et si c’est le cas revenez jusqu’à la marque jaune précédente. De nombreux cairns s’ajoutent à cette signalétique et viennent faciliter la marche à suivre. Il va en être ainsi jusqu’à atteindre le col de Marsac. Il est donc important d’avancer en gardant à l’esprit que le balisage est très important.  Dans le cas contraire, vous risquez de vous perdre dans ce bois pas toujours facile à cheminer. Peut-être aurez-vous la chance d’apercevoir un cervidé voire plusieurs ou une harde de sangliers, ces animaux fréquentant souvent les lieux, or période de chasse notamment. Moi, s’il m’arrive d’en voir et d’en photographier régulièrement, le plus souvent les oiseaux, les papillons et les fleurs suffisent à combler de bonheur le passionné de Nature et de photos naturalistes que je suis. Au col de Marsac, il ne faut pas hésiter de gravir la petite butte car elle permet de bénéficier d’incroyables panoramas malgré la modeste élévation. Ici à la côte 1.056 de la carte IGN, c’est à 360° que les principaux massifs montagneux environnants se dévoilent : le tout proche et très boisé Mont Coronat bien sûr, le Madres et le Canigou en sont les principaux car les plus hauts en altitude. Ils sont tous entrecoupés d’une géologie étonnante car constituée de ravines, de vallées et de gorges plus ou moins profondes et encaissées, elles-mêmes dominées par des pics un peu moins hauts que ceux cités précédemment :  Serra, Lloset, Moscatosa, Portepas, Torrelles, Torn, RocaterGran et Jornac. Autant de sommets où j'ai pris plaisir à m'élever car avec une Nature sans cesse renouvelée et des panoramas jamais pareils selon les différentes saisons. Une multitude de rus qu’on appelle « correcs », de ruisseaux, de torrents, de rivières canalisent toutes les eaux pluviales, eaux finissant leurs courses tout en bas dans la vallée et dans le fleuve Têt. Pour la suite du parcours, il suffit de prendre la piste qui part vers le nord-ouest, direction le pic de la Serra que l'on a aperçu depuis le roc. Elle longe une clôture se trouvant à main gauche, s’en éloigne un peu vers la droite, continue un peu de monter et parvient à un nouveau collet. Là, à cette intersection de deux pistes, il faut prendre la piste à droite qui redescend un peu.  Celle de gauche étant celle de l’ancien tracé du « Tour du Coronat » permettant d’accomplir la randonnée que j’avais intitulée « Le Circuit de la Matte ». La large piste sur laquelle vous vous trouvez va vous permettre de revenir très facilement à Urbanya, la seule difficulté étant de retrouver la piste DFCI C060 partant à droite à la prochaine intersection. Si vous avez un doute, sachez que cette intersection où il faut prendre à droite est agrémentée d’un panneau estampillé « Forêt domaniale d’Urbanya ». Comme indiqué en préambule, il ne vous faudra guère plus de 2 heures pour accomplir cette jolie boucle très représentative des décors et de la Nature que l’on peut trouver tout autour du vallon d’Urbanya.  A titre d’exemple, le jour de cette balade, nous avons eu la chance d’apercevoir un chevreuil puis lors du retour une biche. Nous avons également observé de très nombreux rapaces mais aussi une couleuvre et un triton dans le Correc de Coma. Quant aux oiseaux, papillons et fleurs, il suffit de regarder ma vidéo pour être convaincu de leur belle présence en cette saison printanière. Au lieu-dit les Llebreres, à la limite du bois d’épicéas et des feuillus, j’ai été agréablement surpris de constater un nombre incroyable de mésanges et quelques rougequeues noirs. Concernant les mésanges, toutes celles que l’on peut trouver ici étaient présentes : charbonnière, huppée, nonnette, longue queue et noire. Plus haut, du col de Marsac et en longeant la clôture montant vers le pic de la Serra beaucoup de fauvettes étaient visibles. Sur la piste du retour, j’ai également aperçu merles, geais, bruants et pinsons, c’est dire si une avifaune était présente , ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas car en France et ici aussi les oiseaux sont en nette régression. Comme expliquée ici, cette balade a été longue de 6,6km pour des montées cumulées de 458m et un dénivelé de 225m. En effet, le point le plus haut n'est pas le roc de Marsac à 1.056m d'altitude mais l'intersection des chemins (GRP Tour du Coronat et la Matte) à 1.081m. Le plus bas est à Urbanya à 856m. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

    (*) Marsac : Le toponyme « Marsac » est assez bien connu car assez courant. Plusieurs communes françaises portent ce nom quant aux lieux-dits ils sont légions. En plaisantant, je pourrais presque dire « normal »  puisqu’ une majorité des linguistes toponymistes s’accordent sur le fait que ce mot serait issu des anthroponymes « Martius » ou « Marcius » d’origine romaine et plus tard gallo-romaine. A l’antiquité, ces noms de famille étaient plutôt répandus et pour s’en convaincre il suffit de lire l’article de Wikipédia consacré au nom « Marcii ». Bien évidemment et s’agissant des Romains, ces noms de famille seraient étroitement liés à la mythologie et ici en l’occurrence au dieu Mars.

    (**) Randonnées déjà proposées passant par le col de Marsac :


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  • Ce diaporama est agrémenté des 3 plus gros succès du groupe américain de rock Chicago. Ils ont pour titre "If You Leave Me Now (A)? "Hard to Say I'm Sorry (B) et "Get Away"(C) et sont interprétés ici par divers artistes de grand talent dans leur catégorie.Dans l'ordre d'écoute, Alex Montana (A/saxophone), le groupe russo/ukrainien Léonid and Friends (B et C/ chant) avec la voix admirable de Serge Tiagnyriadno parti combattre au côté de l'Ukraine après l'invasion russe de février 2022, le groupe Flamenco Guitar Masters (A/guitare), Jason Dertlaka (B/chant) et Léonid and Friends (A/ chant)


     

    Parmi tous les sommets couronnant la Vallée d’Urbanya, le Puig del Rocater (*) n’est pas le plus haut et donc pas le plus couru par les randonneurs. En effet, avec ses 1.601 m d’altitude, il n’arrive qu’en 3eme position après les 1.798 m du Pic de Portepas et les 1.632 m du Pic de Tour (ou del Torn), deux sommets également très intéressants à gravir et déjà gravis antérieurement. Par contre, il présente deux particularités que les deux autres n’ont pas : il est de très loin le plus fleuri et le plus rocheux, ces deux caractéristiques étant intimément liées. En effet, le sommet est amplement composé de roches granitiques et donc riches en silice où les genêts purgatifs se complaisent. Au printemps, ces genêts lumineusement fleuris forment de grosses touffes serrées les unes aux autres et de ce fait, le Puig del Rocater est visible de très loin. Il est donc bien visible d’Urbanya et donc de chez moi, les fleurs jaunes contrastant avec les arbres ; feuillus et pins plus sombres ; qui l’entourent. C’est grandement cette vision qui a motivé cette envie d’aller le voir de plus près à cette époque de l’année, même s’il y a déjà pas mal de temps que je ne me suis plus confronté à une telle distance doublée d’un tel dénivelé. En ce 21 mai, il est 7h30 quand je quitte la maison. Dany étant partie à Montauban pour 3 jours voir ma petite-fille qui a une compétition de natation synchronisée, j’ai toute la journée devant moi. D’ailleurs, à l’instant même de démarrer, je suis longuement arrêté par une incroyable quantité de passereaux, lesquels viennent se régaler des cerises déjà bien mûres. Merles, moineaux, fauvettes, pic épeiches, pinsons et geais sont les principaux gloutons à occuper le cerisier d’Alix, ma gentille voisine. Accoudé à une balustrade et appareil-photo en mains, j’ai devant les yeux l’incroyable spectacle d’un va-et-vient quasi-permanent. Au bout d’un quart d’heure et après de nombreuses photos plus ou moins réussies, je démarre vraiment, direction le bas du village puis le chemin de Saint-Jacques. Après les oiseaux, ce sont les fleurs sauvages, de nombreux papillons et de jolis paysages qui viennent s’ajouter à la mémoire de mon appareil-photo. A hauteur du Serrat de l’Homme, je quitte le chemin principal pour un sentier secondaire partant à gauche et s’élevant au-dessus du lieu-dit Coubère (Cubera). Si les paysages se font plus amples et surtout plus aériens, le sentier bien trop embroussaillé ne me laisse que peu d’occasions de les observer à ma guise. Cette dense végétation me gêne également dans mon désir de vouloir photographier convenablement les passereaux qui s’y complaisent, toujours très présents dans ce secteur. Je les vois mais les immortaliser reste très difficile. Je me rattrape avec de plus en plus de fleurs et de jolis papillons qui se régalent à butiner principalement les buissons de thym déjà très fleuris. De ces denses et terribles broussailles où les genêts, ronciers, prunelliers et cistes se livrent une rude bataille, j’en ressors le plus souvent les bras égratignés quand ce n’est pas carrément sanguinolents. Si le pantalon long me protège les jambes, je m’apercevrais bien plus tard qu’il ne m’a pas totalement protégé des nombreuses tiques que l’on rencontre en cette période de l’année. De cette galère broussailleuse, où seules mes photos naturalistes et un chevreuil que je réveille m’apporte un peu d’agrément,  il va en être ainsi jusqu’à atteindre la bonne piste au lieu-dit Serrat de Miralles. Voilà qu’enfin, je peux prendre un peu de repos en profitant d’un panorama grandiose où le Massif du Canigou emplit une bonne partie de l’horizon. Après plusieurs gorgées d’eau, une barre de céréales et quelques fruits secs, le temps est venu de repartir en direction du Col de les Bigues. Comme souvent, et sans que je m’en explique la véritable raison, les papillons virevoltants sont nombreux sur cette piste. Est-ce l’étage montagnard qui leur convient ? Est-ce la diversité des végétaux ? Je ne sais pas ! Si cette fois ils sont nombreux, les différentes espèces ne sont pas d’une grande variété et les plus visibles sont de très loin les Satyres (mâles) ou les Mégères (femelles), en latin « Lasiommata megera ». Après quelques photos de ces derniers, je me consacre uniquement aux autres, ce qui me procure l’avantage d’avancer bien plus vite. Outre les papillons, je consacre les autres arrêts à de très nombreux oiseaux visibles dans le maquis en contrebas. Finalement seuls un rare Torcol fourmilier et un Accenteur mouchet sont immortalisés correctement. Néanmoins, dans cette propension à vouloir à tout prix observer la faune, le clou du spectacle reste un gros sanglier solitaire. A cause de tous ces ralentissements, il est quand même 10h30  quand j’arrive au Col de Les Bigues. Déjà 3 heures que j’ai quitté la maison et malgré la précocité de l’heure mon estomac réclame du solide.  L’heure du déjeuner vient de sonner et une copieuse salade de riz, concoctée par Dany avant son départ, attend au fond du sac à dos que je veuille bien m’occuper d’elle. Alors que je m’installe avec le ravier de salade sur les genoux, je m’aperçois que j’ai oublié les couverts. Seul un « Opinel » inapproprié en la circonstance gît dans une poche. Comment faire ? Je décide de commencer par manger une petite compote de pomme dont le pot me servira de cuillère. Une cuillère plus que rudimentaire, il faut bien le reconnaître. Ce n’est pas une solution top mais ça fonctionne et peu à peu ma salade de riz finit par perdre la moitié de sa quantité originelle. Mon estomac est satisfait. Je range l’autre moitié de la salade de riz, conserve précieusement le petit pot de compote et assis sur un tronc, je me mets à « bayer aux corneilles ». En réalité, la corneille ressemble plutôt à une Buse variable volant très haut. Elle passe au-dessus de moi en effectuant des cercles de plus en plus grands puis disparaît. Devant mon appareil-photo, elle est aussitôt remplacée par une mouche qui elle a une nette préférence pour les vols stationnaires. Finalement la mouche est plus facile à immortaliser que la buse. Je range correctement mon sac à dos car la distance à parcourir est encore longue et il vaut mieux que les aliments restants soient conserver parfaitement pour la suite du parcours. Je repars direction le Col del Torn.  Peu après, j’emprunte à droite un large layon qui s’élève vers la Serrat de la Font de la Barbera (1.549 m). Alors que je passe devant deux bornes délimitant sans doute les communes d’Urbanya et Mosset mais aussi la forêt domaniale ; raison faisant qu’il y en a deux, une à côté de l’autre; j’aperçois un chevreuil qui traverse gentiment le layon. Bien qu'un peu surpris, j’ai quand même le temps de m’accroupir derrière un pin à crochets avant qu'il ne me voit.  En effet, ici c’est habituellement beaucoup plus haut vers le sommet du serrat que j’en ai toujours aperçu. Il ne m’a pas vu mais m’a sans doute entendu car il s’arrête cherchant du regard ma présence. Caché derrière le pin, si je peux le photographier, ma position pour ce faire n’est pas des plus confortables. De plus, j’ai peur qu’il ne me voit car je vois bien que sa tête est un véritable périscope. Quant à la distance qui nous sépare, elle est d’au moins une cinquantaine de mètres voire peut être un peu plus. Finalement, il repart aussi tranquille qu’il est arrivé, retraversant la layon et disparaissant dans le bois. De mon côté, quelques photos ont été prises mais peu géniales car sans doute avec un peu de « tremblote ». Je me remets en route au milieu du layon. Si je connais bien ce layon pour l’avoir emprunté à plusieurs reprises et en diverses saisons , ça reste la partie la plus sévère du parcours que j’ai imaginé. Si la distance d’un peu plus d’un kilomètre reste modeste, la pente moyenne est de 16% mais certains tronçons sont pentus à 46%. A 73 printemps, mon souffle est mis à rude épreuve et mon cœur qui bat la chamade réclame des pauses de plus en plus rapprochées. Finalement, quand j’arrive au sommet, je suis très heureux de retrouver cette clairière verdoyante où j’ai très souvent aperçu des cervidés. Au lieu de me reposer et de penser à mon palpitant, je marche le long des pins, plus enclin à vérifier si cette tradition va se vérifier, ce qui tend à prouver que je ne suis pas trop en souffrance. Mais cette fois-ci, la coutume me fait défaut. Pas de cervidés et seulement quelques jolies fleurs, des papillons et un bruant fou qui viennent s’ajouter à mon inventaire du jour. Quant à l’arrivée au pied du Puig del Rocater, elle pourrait être décevante et surprendre le randonneur ignorant du lieu, mais je connais trop bien l’endroit pour avoir ces états d’âme. Ici, le sommet, dont la base est en grande partie masquée par des arbres semble à priori difficilement accessible car il n'y a plus de chemin. De plus, il est bien moins captivant qu’il ne l’est depuis Urbanya. Pourtant, je sais qu’il suffit de louvoyer au travers de ce petit bois pour se retrouver face aux premiers rochers et à la multitude de genêts purgatifs qui s’y cramponnent joliment. Les innombrables buissons de genêts, tout comme les rochers, ont ici la même forme en boule donnant à cet endroit une espèce de moutonnement végéto-minéral dont l’ondoiement jaune, blanc et vert est un attrait supplémentaire.   Finalement, et même si la prudence est de mise, la courte grimpette jusqu’au sommet s’avère bien moins compliquée qu’on ne l’imagine au départ. Ce sommet est un superbe mirador où seule la vue vers le domaine de Cobazet reste obstruée, les pins à crochets très serrés les uns aux autres formant derrière le pic une barrière quasi-impénétrable. Outre l’alégresse d’être arrivé au sommet et d’avoir les pieds dans ce « jaune flamboyant », je ne me lasse pas de ce spectacle grandiose à plus de 180°.  De droite à gauche et de gauche à droite, et comme un guetteur cherchant un éventuel adversaire,  je scrute du regard tous les paysages et leurs moindres recoins. Cet ample panorama est constitué par les sommets du Canigou, du Coronat, de l'Escoutoude la Pelade et du Madres formant l’horizon, et bien plus près il y a les vallons d’Urbanya et de Nohèdes et tous ses ravins et ses sommets alentours que j'aperçois : MarsacSerra, Lloset, Moscatosa, Torrelles, Portepas, Gran. Tous ces pics, grands ou petits, hauts ou moins hauts, je les ai déjà gravi et pourtant assez paradoxalement, je suis très heureux d'être là au sommet de Puig del Rocater malgré son altitude bien plus modeste que certains autres. L'âge sans doute qui me fait prendre conscience que je monterai beaucoup moins haut désormais. Ce n’est qu’une demi-heure plus tard, que je me décide à quitter ce merveilleux Puig del Rocater, direction le col del Mener (ou Maner) (1.563 m) qui est dans la continuité mais un peu plus bas vers l’ouest. Ici aussi une verdoyante clairière s’entrouvre. De nombreuses mésanges noires y volettent d’un pin à crochets à un autre et comme je tente de les photographier, je cours dans la clairière d’un arbre à un autre sans me rendre compte du ridicule de la situation. Par bonheur, je suis seul à m’apercevoir de cette grotesque course poursuite. L’aspect grotesque disparaît de mes pensées dès lors que cette « chevauchée » finit par s’avérer payante avec une photo quelque peu correcte. Je quitte les lieux en me rappelant que c’est ici dans un four à chaux du Serrat del Mener que les corps des gardes-forestiers Gaudérique Fabre et Jean Serrat ont été découvert le 5 août 1806 (source histoiredemosset.fr) , soit 14 jours après leur assassinat par des braconniers le 21 juillet. La croix d’un calvaire en leur hommage est encore présente un peu plus bas au col del Torn. Les restes du four à chaux restent introuvables malgré les 15 minutes que je passe à le chercher. Ce n’est pas la première fois. Tant de temps a passé ! Et puis les flancs du pic del Torn sont vastes ! Je me remets en route. Un large chemin herbeux et bourré de fleurs descend vers le col del Torn où je m’arrête pour une seconde pause déjeuner. Je profite de cette pause pour analyser le chemin qu’il me reste à accomplir. Finalement, je décide d’abandonner l’idée de redescendre vers Urbanya par la piste la plus classique et choisis un parcours hors sentier qui est censé suivre le Correc du Col del Torn. Je ne le connais pas mais en observant la carte IGN, je m’aperçois qu’il s’agit d’un remarquable raccourci qui rejoint une piste puis un sentier que j’ai emprunté à de multiples reprises permettant d’atteindre le lieu-dit l’Orriet. Cette fois, je range mon sac sans trop d’application, coupe la piste et me voilà lancé dans cette descente inconnue. Finalement, je trouve le Correc du Col del Torn bien plus vite que je ne l’aurais cru. Au début, ce n’est qu’un mince filet d’eau alimenté par une multitude de sources bourbeuses dont il est difficile d’extraire laquelle est la plus capitale et donc la principale. Un coup à gauche, un coup à droite, je longe le ruisselet sans trop de problèmes jusqu’à ce qu’il se creuse bien trop profondément. Là, mais sans le perdre de vue, je choisis de m’en éloigner sur sa rive gauche bien plus praticable. Désormais, or mis de temps à autre quelques caminoles empruntées par des animaux, il n’y a plus vraiment de sentier. Je slalome au sein de genêts et de fougères dont les buissons sont autant de plots qu’il me faut éviter. Dans ce dédale végétal et à cause de leurs épines et de leurs longues tiges, les rosiers sauvages sont les plus diaboliques à esquiver. Parfois, la végétation est si dense et si haute que chaque foulée réussie me procure comme le sentiment d’une extirpation salutaire. Il en sera ainsi jusqu’à atteindre la piste espérée. Entre temps, mes seuls plaisirs auront été de tomber sur quelques superbes Narcisses des poètes, des vestiges d’un agro-pastoralisme d’antan et un orri en très bon état où une colonie de petits rhinolophes a élu domicile.  Là, à droite de la piste,  commence un autre parcours hors des sentiers battus mais celui-ci ne m’est pas étranger. Une fois encore, je reste à gauche du Correc du Col del Torn et je descends en essayant de trouver le sentier le plus souvent emprunté. Mais le printemps a déjà rempli son œuvre d’embroussaillement et trouver l'itinéraire idéal reste peu évident. L’intersection avec le Correc de Gimelles est synonyme de fin définitive de cette bataille pacifique que je mène contre la végétation depuis ce matin. Une bonne sente mi-herbeuse mi-rocheuse démarre en continuant à longer le Correc du Col del Torn mais peu après l’imposante ruine de l’Orriet, il conflue avec la rivière Urbanya. A l’intérieur de la ruine, et alors que je sais que des mésanges charbonnières y nichent régulièrement,  cette fois-ci j’y surprend un mulot mais le temps d’une seule photo puis il disparaît. La rivière étant peu éloignée, j’y descends pour me rafraîchir un peu mais surtout avec l’intention d’y tremper mes pieds dont les plantes commencent à être bien échauffées. Finalement, après avoir ôté chaussures, chaussettes et pantalon, j’opte pour une fraîche et rapide trempette intégrale car dans le plus simple appareil.  Quelques fleurs nouvelles et des papillons viendront compléter les photos naturalistes déjà très nombreuses de cette jolie balade très souvent et trop souvent au plus près de la végétation ! L’arrivée à la maison par le pentu chemin de Sarrat finit de me tétaniser les jambes. Un écureuil sur le cerisier d’Alix m’apporte une dernière joie photographique.  Il est 16h30. Voilà 9h que la Nature me supporte. Cette randonnée a été longue de 12,7km pour un dénivelé de 733m. L’altitude la plus haute est située 1.601 m au Puig del Rocater et la moins haute à 868 m à Urbanya. Malgré des douches journalières, c’est une cinquantaine de tiques minuscules comme des têtes d’épingles dont il me faudra me dépouiller dans les heures et jours suivants. Comme quoi, la randonnée pédestre nécessite constamment que l’on soit méticuleux….au point d’être obligé de « chercher la petite bête ! » En cette saison printanière et jusqu’en novembre, pensez à vous équiper d’un produit répulsif anti-tiques et de vous en appliquer sur la peau y compris sur les parties couvertes par les vêtements (**).   Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

    (*) Rocater : Après quelques brèves recherches sur Internet, il semble que le mot « rocater » soit un vieux mot catalan rarement employé de nos jours mais que l’on trouve néanmoins dans de rares ouvrages spécifiques à la Catalogne. Si je dis « vieux » c’est parce qu’il apparaît par exemple dans un Capbreu du 10 juillet 1644 et que malgré une traduction en français le mot « rocater » a été conservé tel quel ne trouvant sans doute pas un équivalent français convenable. C’est ainsi que « l’Institut d’Estudis Catalans » conjointement avec « l’Institucio Francesc de Borga Moll » précise dans son « Diccionari català-valencià-balear » que le mot « Rocater » que l’on peut orthographier « roqueter » donne les définitions suivantes « 1. - Era un roqueter sembrat de claps de garrigues », « 2. - Roca petita que surt a un pla de terra » dont les traductions françaises sont « 1. C’est un rocher semé de taches broussailleuses », 2.Petit rocher qui émerge sur un terrain plat ». Il faut bien reconnaître que concernant le Puig del Rocater, ces 2 explications sont on ne peut plus conformes à la réalité que l’on constate sur le terrain. J’ai noté enfin que le mot « rocater » est en catalan aussi bien employé comme nom que comme adjectif. On peut donc le traduire plus simplement en « rocaille ou rocailleux », et en « rocher ou rocheux ». Il s’agit également d’un nom de famille que l’on trouve surtout aux Etats-Unis mais également en Catalogne nord (française et espagnole). Enfin, outre le Puig (pic) del Rocater, le toponyme est également présent à Castelnou (correc/ruisseau), Nohèdes (carrer/rue), Reynes (castell/château).

    (**) Ces conseils que je vous donne, je ne les ai pas suivis et un test à la maladie de Lyme effectué quelques mois plus tard s’est avéré positif (Borréliose). N’ayant pas de signes cliniques de la maladie (enfin pour l’instant), cela signifie que j’ai été en contact avec une Borrelia (tique) mais que la maladie n’est pas devenue active. En l’occurrence,  ce sont les anticorps engendrés lors du contact qui auraient créé cette positivité. Alors méfiance quand même ami(e)s randonneuses et randonneurs !


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