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bouillouses

G.R.10 Etape 3 Etang du Lanoux (2220m) - Bolquère (1629m)

Publié le par gibirando

LE REALISME : Qui s’assied au fond d’un puits pour contempler le ciel, le trouvera petit. Han Yu (écrivain chinois).

3eme JOUR MARDI 7 AOÛT 2001 -ETANG DU LANOUX (2220 m) - BOLQUERE (1629m)

G.R.10 Etape 3 Etang du Lanoux (2220m) - Bolquère (1629m)

Le Lac du Lanoux, un véritable écrin                                                        

Sept heures, nous émergeons difficilement de notre tube de toile, le soleil se cache encore derrière le Pic de la Grava. Malgré les difficultés à trouver du bois, je réussis à allumer un feu avec quelques brindilles et des herbes bien sèches. Nous faisons chauffer l'eau pour l'habituel "Cappuccino" du matin accompagné de pains aux chocolats et de brioches. Nous apprécions le silence et la quiétude de l'aube et profitons pleinement des merveilleux panoramas qui nous entourent.

Les crêtes du Portella d'Orlu nous font face. Tout à coup, dans la pénombre, la silhouette d'un isard se détache sur l'arête d'un piton. Un deuxième isard arrive, puis un troisième, puis un quatrième. Au fur et à mesure que le jour pointe, nous avons la chance d'en apercevoir tout un groupe sautant de rochers en rochers. Vite les jumelles ! Ils apparaissent puis disparaissent derrière les cimes que le soleil levant commence à illuminer. Ils réapparaissent un peu plus loin, broutant une herbe certainement rare à cet endroit mais mouillée d'une fraîche rosée. Quel spectacle !

Il est temps de partir pour la plus longue étape de notre voyage. Dany range les sacs et la tente pendant que je m'affaire à la vaisselle au bord d'une minuscule cascade. Un dernier regard pour vérifier si nous n'oublions rien et nous entamons la descente vers le Lanoux. Nous franchissons le petit étang du Lanoset. Quelques photos avec vues sur l'étang, et nous poursuivons notre route. Un panneau nous indique la direction du Portella d'Orlu, mais les traces blanches et rouges, présentes au départ, disparaissent brutalement. Avons-nous perdu le GR10 ? Un anglais qui campe à proximité des marécages nous fait remarquer plusieurs cairns. Est-ce le bon chemin? Pendant que Dany se renseigne auprès d'autres campeurs, je consulte le topo-guide. Pas d'inquiétude, nous sommes dans la bonne direction.

Après ces quelques minutes d'angoisse, nous apercevons la cabane du Rouzet, puis retrouvons le balisage qui s'oriente à l'Est vers une rampe herbeuse au fort dénivelé. La montée est terrible car il fait déjà très chaud et nos sacs ont la fâcheuse tendance à vouloir nous tirer vers le bas. Nous atteignons enfin le Col du Portella de la Grava. Quel soulagement ? De ce col jusqu'à Bolquère, nous savons pertinemment que nous n'aurons plus qu'un terrain plat et des descentes.

Par une pente terreuse très abrupte, nous filons vers l'Etang de l'Estanyol que nous apercevons tout en bas, grand comme un bassin. En sens inverse, quelques randonneurs peinent dans leur progression. A notre arrivée sur le plat, nous faisons une pose pour contempler de magnifiques chevaux de Mérens qui s'ébattent dans l'eau limpide de l'étang. Massifs, avec de grandes et belles crinières, ils semblent nous observer pendant que nous faisons notre toilette. Le temps d'une photo et nous repartons dans la grandiose et interminable vallée de la Grava, véritable paradis pour les vaches et les chevaux.

Il est midi, les pieds échauffés par les multiples descentes, nous décidons de nous arrêter à l'ombre de quelques pins pour déjeuner.

Les Bouillouses sont encore à plus d'une heure de marche. Sur notre mini réchaud, un riz cantonnais en train de cuire sera le bienvenu dans nos estomacs affamés. Une compote et quelques fruits secs viennent terminer ce frugal repas. Les pieds dans la fraîche et revigorante eau de la Grava, je fais la vaisselle pendant que Dany, allongée sur l'herbe tente de trouver un sommeil réparateur. Malheureusement, la route est encore longue et la sieste, il ne peut pas en être question aujourd'hui. Nous repartons et après une heure et demi de marche, nous arrivons au magnifique Lac des Bouillouses bordés de toute part d'une flore explosive où se côtoient pins, sapins, genêts, genévriers, roseaux et bouleaux.

Quel changement ! Après avoir marché deux jours sans rencontrer presque personne, nous sommes obligés, pour avancer, de slalomer entre des centaines de touristes qui déambulent en bordure du lac. Nous arrivons à proximité du barrage et faisons une halte pour tremper nos pieds endoloris dans l'eau fraîche d'une petite plage. Nous hésitons. Devons-nous repartir ou bien nous installer par-là ? Dans notre tente ou bien au refuge des Bonnes Hores ? La promiscuité de cette foule grouillante nous incite à partir. Nous traversons le barrage puis descendons sur quelques centaines de mètres la D.60.

Le GR10 oblique à droite, puis à travers des près et des bois, nous rejoignons le sentier qui longe l'étang de la Pradella. Nous croisons de gros chevaux et quelques poulains qui gambadent à travers cette généreuse végétation. Devons-nous camper par-là ? A cet endroit encore, l'abondance de touristes représente trop la société que nous voulions quitter en choisissant de faire cette randonnée. Une fois de plus, nous hésitons. Devons-nous prendre le télésiège tout proche qui va vers Font-Romeu ? Selon les renseignements recueillis, Bolquère est malgré tout à deux heures et demi de marche. Il est seize heures trente, le temps d'une pause café et notre décision est prise. Nous irons à Bolquère.

A la fin d'un interminable sentier forestier, tout en descente, nous rejoignons la D.10. Il est 19 heures, voilà onze heures que nous avons démarré du Lanoux. Par quelques raccourcis, nous entrons éreintés dans Bolquère pour nous diriger vers les deux auberges du village. Il est 20 heures, et il n'y a plus aucune chambre de disponible. Dany demande à un paysan si nous pouvons dresser notre tente dans son champ. Il lui répond d'une manière assez bourrue et elle essuie un refus. Un homme occupé dans son jardin potager nous conseille de sortir du village où dit-il, nous n'aurons aucune peine à trouver un pré où nous installer.

G.R.10 Etape 3 Etang du Lanoux (2220m) - Bolquère (1629m)G.R.10 Etape 3 Etang du Lanoux (2220m) - Bolquère (1629m)

 Campement au dessus du Lanoux, au loin le Carlit                         Arrivée au Col du Portella de la Grava

Nous sortons par la route goudronnée. Dans un virage, un chemin de terre semble se faufiler à travers champs. Nous l'empruntons. Il s'agit du sentier qui suit le parcours du "Petit Train Jaune" que nous ne tardons pas à apercevoir, une cinquantaine de mètres en contrebas. Nous remarquons un champ qui vient d'être fraîchement fauché. Quelques haies et trois meules de foin. Voilà l'endroit idéal où nous abriter ! Il était temps de nous arrêter. Nos pieds sont chauds et meurtris par tant d'heures de marche.

Les bretelles de nos sacs entament nos épaules. La tente est rapidement dressée. La nuit tombe et il n'est plus question de sortir le réchaud. Nous avalons hâtivement une salade de thon en conserves et une compote.

Le temps de regarder un dernier "Petit Train Jaune" redescendre à vide et nous sommes déjà blottis dans nos sacs de couchage. La journée a été terrible, douze heures sur les chemins ! Mais, nous n'y pensons déjà plus. Seules les images des magnifiques sites traversés demeurent dans nos têtes. Courbaturés, mais heureux c'est ainsi que nous nous endormons. Comme le dit une célèbre expression "demain sera un autre jour !".

 

G.R.10 Etape 3 Etang du Lanoux (2220m) - Bolquère (1629m)G.R.10 Etape 3 Etang du Lanoux (2220m) - Bolquère (1629m)

Au dessus du petit lac d'Estanyol

 Chevaux sauvages au lac d'Estanyol

 G.R.10 Etape 3 Etang du Lanoux (2220m) - Bolquère (1629m)G.R.10 Etape 3 Etang du Lanoux (2220m) - Bolquère (1629m)

La Vallée de la Grava, paradis des chevaux

 Déjeuner au bord de la Grava

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Tour du Capcir - Etape 3 Gîte Le Moulin à Rieutort - Les Bones Hores aux Bouillouses

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 6 musiques d'Ennio Morricone extraites d'une compilation intitulée "Relaxing Moment". Elles ont pour titre : "Tema Di Ada", "Infazia E Maturità", "La Spiaggia", "In Ogni Una Storia", "Tre Anni Fa Una Sera", "Il Figlio E La Nostalgia".

Tour du Capcir - Etape 3 Gîte Le Moulin à Rieutort - Les Bones Hores aux Bouillouses

Tour du Capcir - Etape 3 Gîte Le Moulin à Rieutort - Les Bones Hores aux Bouillouses

Tour du Capcir - Etape 3 Gîte Le Moulin à Rieutort - Les Bones Hores aux Bouillouses

Tour du Capcir - Etape 3 Gîte Le Moulin à Rieutort - Les Bones Hores aux Bouillouses

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

3eme étape – 13 septembre 2013 : du gîte Le Moulin à Rieutort (1.517 m) à l’hôtel-restaurant Les Bones Hores aux Bouillouses (2.019 m) soit 28 km pour un dénivelé de 887 m et des montées cumulées de 1.734 m. Point culminant au collet proche du lieu-dit La Muntanyeta (2.327 m) – Point le plus bas au pont de Les Moulines (1.440 m).

 

Cette nuit, j’ai fait un rêve.  Je marchais sur la crête d’une montagne avec Blek le Roc et ses deux compagnons Roddy et le professeur Occultis, mais il y avait aussi Jérôme, ses deux amis Cathy et Fred mais également Dany, Carole ma fille, mon gendre JC et mon frère Daniel. Mes petits-enfants aussi. Oui, nous étions tous là sur cette crête et c’était clairement celle du Madres cheminée hier. Oui, nous marchions tous en ensemble, riant comme si une bonne humeur communicative s’était emparée de nous tous. Par contre, je ne me souviens pas comment ce rêve s’est terminé. Sans doute avait-il juste été là pour me faire démarrer cette journée avec enthousiasme. En me réveillant, et après le souvenir de ce rêve agréable, la première idée qui m’est passée par la tête a été de me dire : « nous sommes déjà à la moitié de ce Tour du Capcir et bon sang que le temps est vite passé ! » puis dans la foulée : « il faut que j’en profite un maximum ! ». En me levant, je me suis dirigé vers la petite fenêtre pour regarder le ciel. J’étais passablement déçu car il était plutôt blanc mais je ne voulais pas me mettre la pression inutilement car selon Alex, le propriétaire du gîte, aucune pluie n’était annoncée pour les 2 prochains jours. Alors, je suis parti sous la douche car il était 7h30 et nous avions commandé le p’tit déj pour 8 heures. Globalement, je me sentais en bien meilleure forme que les jours précédents et j’étais plutôt content car l’étape s’annonçait assez « phénoménale ». Mon tracé G.P.S que j’avais refait des dizaines de fois avec mon logiciel CartoExplorer m’avait toujours indiqué une distance de 28 kilomètres environ et des montées cumulées assez ahurissantes. Ahurissantes pour moi bien sûr et mes 64 printemps. Comme toujours, les calculs de Jérôme étaient un peu plus optimistes mais il faut dire que nous n’avions pas la même manière d’effectuer les tracés et pas le même logiciel non plus. Lui, ses tracés étaient plus directs alors que les miens étaient toujours plus nuancés et plus dans le détail. Alors je préférais me fier aux miens, et quand j’essayais de me souvenir d’une étape aussi longue lors d’un autre tour pédestre, deux étapes réalisées avec Dany revenaient à ma mémoire : « En 2004, 32 kilomètres entre le  Pont-de-Montvert et Florac lors d’une étape mémorable sur le Chemin de Stevenson ! ». Quant à la deuxième, c’était 12h30 de marche sur le G.R.10 en 2001, non loin de là, entre le lac du Lanoux et Bolquère. Si je parle en heure, c’est parce qu’à l’époque, je n’avais pas encore de G.P.S et bien sûr pas de logiciel cartographique. Avec le recul, j’avais estimé cette étape à environ 29 à 30 kilomètres et d’ailleurs, Dany l’avait terminée avec les plantes des deux pieds à vif !  Moi, par chance, je l’avais accompli sans aucun souci physique. C’était une autre époque, mon appareil photo était un argentique et j’avais 13 années de moins. Comme allais-je me comporter sur celle-ci ? Cette question m’avait turlupiné mais ce n’était plus le cas. J’avais décidé d’être positif. A 8h30, tout le monde est au rendez-vous du petit déjeuner et dans la salle à manger, une superbe table nous attend. Rien ne manque à l’appel et Sia et Alex se sont démenés sans compter pour satisfaire nos goûts et nos appétits respectifs. Cela est d’autant plus dommage que nous ne pouvons pas nous éterniser et qu’au bout de 20 minutes, nous sommes contraints de quitter cette table à regrets, le ventre rassasié pour quelques heures il est vrai. Les Bouillouses sont loin, et moi, je l’avoue, je pars un peu dans l’inconnu, même si certains tronçons de cette étape autour des Camporells et des Bouillouses n’ont plus aucun secret pour moi.  Nous saluons nos charmants hôteliers en les remerciant de leur excellent accueil et surtout sans oublier de leur dire que tout a été parfait à tous points de vue. En sortant du gîte, une fois encore, je fais l’amer constat d’une météo très mitigée. De gros nuages blancs et de grands pans de ciel bleu se partagent l’espace. Au loin, droit devant nous,  une grande étendue crayeuse chapeaute la vallée de l’Aude. Poussés par un « bon » vent frisquet, les nuages courent vers le sud et en l’espace de quelques minutes, le ciel est à même de changer du tout au tout. Soit nous sommes enveloppés d’une brume grisâtre et humide ou bien couronnés d’un ciel bleu d’une pureté presque absolue. A la sortie de Rieutort, nous reprenons la petite route empruntée hier,  mais cette fois dans le sens inverse. Au bout de quelques minutes, nous apercevons Jérôme ; qui a pris un peu d’avance et qui marche avec son G.P.S à la main ; quitter la route pour descendre dans une vaste prairie. Or mis un peu d’herbe couchée par endroits, indiquant que d’autres personnes sont déjà passées,  rien ne mentionne qu’il y ait là un itinéraire. Mais quelques centaines de mètres plus loin, nous atterrissons sur un chemin bien plus large dont le sol est nettement plus marqué par les passages. Ce chemin suit une longue ligne de poteaux électriques. Ces deux raccourcis nous évitent le bitume de la route et nous emmènent plus directement sur l’itinéraire du Tour du Capcir que l’on retrouve à hauteur du pont de la Polideta. Je reconnais immédiatement le parcours que nous avions emprunté 15 jours auparavant lors de notre tour du lac de Puyvalador avec Dany. Après le pont de la Polideta vient aussitôt celui des Molines. Des arches séculaires dont la tradition prétend qu’ils sont « romains » mais les historiens contestent cette idée. En réalité, aucune mention historique n’en fait état et de ce fait, personne ne sait vraiment les dater. Selon des spécialistes, les techniques de construction seraient plutôt moyenâgeuses. Si le premier pont a enjambé le rec del Cirerol descendant de Rieutort, avec celui des Molines nous enjambons le Galbe. Ce farouche torrent, nous allons devoir le suivre sur de nombreux kilomètres au sein même de la belle vallée portant bien évidemment son nom. Rappelons au passage que Rieutort ou plutôt Riutort en occitan signifie « rivière tordue », c’est dire si nos ancêtres attachaient déjà de l’importance à l’eau. Après, les ponts, un plaisant chemin creux car bordé de pierres sèches, nous entraîne vers le hameau d’Espousouille. Plaisant, car ce chemin est continuellement verdoyant et fleuri, de nombreux papillons y virevoltent, les décors sont très changeants et du torrent monte une constante fraîcheur bien agréable pour marcher. Les gazouillis d’innombrables passereaux et le rugissement du torrent se livrent une bataille de décibels. Quand les chants des oiseaux s’arrêtent, seules les pierres qui roulent au fond du lit du Galbe laissent entendre leur fracas. La première fois que je suis venu à Espousouille, ce qui m’a le plus frappé c’est bien sûr la splendeur de la Vallée du Galbe elle-même mais surtout la beauté et la densité de la forêt qui domine le village. Après les maisons du hameau au bout d’une verdoyante prairie,  des sapins à perte de vue se profilent devant nous. Une fois de plus, Espousouille semble désert et rien n’arrête notre marche en avant, or mis l’envie d’en prendre quelques clichés. Il ne nous faut que quelques minutes pour traverser le hameau qui est le dernier avant l’arrivée ce soir aux Bouillouses. Seul, un panonceau indicatif de randonnée à sa sortie réussit à nous ralentir mais il faut dire qu’il a la bienveillance de nous rafraîchir la mémoire et de remettre quelque peu les pendules à l’heure : « Refuge des Camporells- 4h40 » et « Lac des Bouillouses – 7h15 » ! Les dés sont jetés et ils ne nous restent plus qu’à marcher ! A vrai dire, je suis sans doute le seul à être impressionné par ces horaires. Comme à leurs habitudes, Cathy et Jérôme ont décidé d’élever la cadence et leur train de marche n’est pas le même que celui de Fred et surtout que le mien. Eux, que je qualifie de modernes, en sont déjà à prendre le T.G.V  de la randonnée pédestre alors qu’avec Fred, notre train à nous est plutôt celui d’un vieux « vapeur » aimant exagérément la flânerie. Un « train de sénateur » en quelque sorte, même si certains sénateurs détestent cette expression pourtant si appropriée parfois à cause de leurs façons si indolentes de se déplacer. Jean de la Fontaine ne l’avait-il pas reprise à son compte dans le lièvre et la tortue faisant allusion aux sénateurs de la Rome antique quant à leur marche lente et solennelle ? Les lièvres, ce sont Cathy et Jérôme. Fred et moi sommes les tortues, encore que pour Fred rien ne soit figé. Il aime bien s'attarder auprès de la Nature mais quand il le veut, il sait marcher vite lui aussi. Malgré ça, les écarts ne sont pas très importants car la piste est très bonne et d’une douce déclivité. De ce fait, nous tenons néanmoins le rythme et cela même en bavardant allègrement. Comme je l’ai supposé à Espousouille, la piste file magnifiquement au milieu d’immenses conifères et sur la gauche, on entend le Galbe chantonner mais en sourdine en raison de la distance qui nous en sépare. Par endroits, quand les grands arbres ont la louable attention de s’en écarter un peu, nous dominons le joli et rafraichissant petit torrent au milieu de quelques prés verdoyants. Au fur et à mesure que l’on s’avance dans la vallée, la chanson du torrent se fait plus précise et même plus tonitruante car plusieurs cascades successives font entendre leur fracas. Après le Cortal Pujol et en arrivant au croisement du Pont des Plans de l’Orriet, la piste rejoint le torrent. Ici, en raison de l’aplanissement du terrain, le Galbe perd toute sa vigueur et n’est qu’une banale rivière, sans aucune profondeur, aux eaux transparentes mais plutôt mollassonnes.  Les rayons du soleil frappent ses eaux limpides et les galets de schistes qui dorment au fond du lit renvoient des milliers de reflets d’or et d’argent, telles des flèches lancées vers le ciel, En arrivant au Refuge de la Jaceta (1.645m), nous marquons une pause. Il est déjà 11 heures et d’un même élan, nous estimons que le temps de grignoter un petit en-cas est arrivé. Un simple petit en-cas et seulement quelques minutes de pause car pour le vrai pique-nique ce n’est pas vraiment l’heure. Une table et des bancs de bois permettent de se reposer agréablement. Le refuge non gardé est très propre, spacieux et semble être une étape accueillante. Le lieu est charmant et plus ouvert sur les décors environnants, car ici la vallée est plus vaste, le lit du torrent très proche de l’itinéraire du Tour du Capcir. Après ce bref repos, on se remet en route. L’inclinaison se faisant plus sévère, je suis vite largué mais je monte à mon train et même si je ne marche pas aussi vite que mes acolytes, je continue à être en bien meilleure forme que le premier jour. Le chemin se stabilise et redescend de nouveau vers le lit du Galbe. La vallée s’élargit encore et droit devant les premiers névés apparaissent mouchetant de blanc les flancs du pic des Mortiers. Une nouvelle baraque, celle de la Jaca de la Llosa se présente mais personne ne s’y arrête. J’y lis très rapidement sur un panneau qu’elle est réservée en priorité aux bergers. Tout s’explique car ici, au bord et dans le lit même du Galbe, de nombreux et magnifiques chevaux sont là à faire le spectacle. La plupart broutent placidement l’herbe verdoyante en bordure du torrent. D’autres pataugent dans son lit. Quelques poulains restent accolés à leur mère, la tétant dès que l’occasion se présente. Mais si tous ces chevaux semblent paisibles, ils vivent à l’état sauvage et on se garde bien de tenter de les caresser. D’ailleurs, parmi eux, un semble tout particulièrement excité et  il a comme on dit,  « la danse de Saint-Guy ». Il se roule dans l’herbe les quatre fers en l’air, se relève soudainement puis part en courant, s’arrêtant net et recommençant les mêmes acrobaties un peu plus loin. Ce cadre somptueux avec ces superbes chevaux nous incite à prendre plusieurs photos souvenirs. Des photos où nous sommes tous les quatre, ce qui n’est pas arrivé si souvent depuis le départ, or mis au sommet du Madres. Après l’installation et le positionnement de nos appareils photo et la mise en fonction de nos retardateurs, les clichés sont « dans la boîte ». Mes compagnons s’éternisant avec les chevaux et la piste se transformant ici en une étroite et caillouteuse sente se mettant à monter, je me remets en route sans trop les attendre, prenant ainsi une petite avance. Cette avance, ils vont la rattraper avec une facilité si déconcertante, presque à vous dégoûter de marcher avec eux pour quelqu’un qui y prêterait trop d’attention. Si j’y prête cas, c’est plus par admiration et surtout sans jalousie, car bien au contraire, je suis très heureux de marcher avec ces trois jeunes gens. Néanmoins, j’arrive en premier sur le petit pont enjambant le Galbe et je les attends car ils sont déjà là à quelques mètres de moi en surplomb du torrent. En réalité, ce n’est déjà plus le Galbe mais le Correc dels Serrat Verds, un de ses affluents. A ma droite, arrive un autre petit torrent, affluent lui aussi, c’est le rec de la Pierre Ecrite, nom donné à ce ruisseau à cause d’une étonnante pierre gravée bien connue se trouvant dans ce secteur de la montagne. Une étrange pierre avec des gravures surprenantes que les spécialistes ont beaucoup de mal à attribuer et à dater. J’ai longtemps espéré la découvrir mais malheureusement, elle n’est pas sur l’itinéraire du Tour du Capcir, sauf à faire une entorse à notre étape déjà bien longue. Du petit pont, nous repartons comme un seul homme mais cet homme se coupe très rapidement, d’abord en deux, puis en trois, puis en quatre. Il faut dire que la déclivité est assez violente et n’a plus rien à voir avec celles que nous avons connues depuis le départ de Rieutort. Heureusement, la montée vers la Jasse des Formigues permet des vues nouvelles car plus aériennes et pour moi, ces vues sont synonymes d’arrêts photos. Qui dit photos, dit arrêts et qui dit arrêts, dits pauses. La « jasse », verdoyante prairie plutôt plane entourée de sapins, est un opportun palier pour reprendre mon souffle. Notre souffle. On le reprend d’autant mieux qu’un groupe de randonneurs, vétérans et hâbleurs, nous arrêtent pour bavarder et blaguer. Mon âge bien avancé parmi mes trois compagnons d’une autre génération devenant le sujet essentiel de ces gentilles mais équivoques plaisanteries. Les dames n'étant pas les dernières à me « chambrer » !  La suite de l’itinéraire ressemble très souvent à ce premier tronçon : une rude montée, un palier, une rude montée, un palier et ainsi de suite même si les décors sont parfois bien dissemblables. Dans cette montée, d’autres randonneurs nous accompagnent quelques temps et à bien y réfléchir, c’est bien la toute première fois que nous en voyons sur le même itinéraire que le nôtre. Oui, nous avons marché dans une quasi solitude depuis 2 jours. Ici, même si les chemins sont parfois bien différents, le dénominateur commun c’est l’eau. Il en coule de tous les côtés et d’inégales manières : petits torrents, ruisseaux tranquilles, arabesques liquides plus ou moins longues, tourbières spongieuses, flaques cristallines, minuscules cascades. Malgré la saison bien avancée, je cherche quelques fleurs à photographier mais elles sont plutôt rares dans ces milieux très humides. Je réussis néanmoins à en trouver quelques-unes, les plus nombreuses étant des Séneçons des Pyrénées et des Marguerites des Alpes, petite marguerite poussant dans les rocailles. Plus rares sont les Adénostyles, jolies fleurs roses poussant carrément les pieds dans l'eau, mais je suis certain que si j'avais le temps de chercher, je découvrirais bien d'autres fleurs. Mais aujourd'hui,  mon temps n'est pas à la découverte botanique et puis de toute manière, plus je m'élève et plus la minéralité occupe les lieux.  Cette difficile mais non moins agréable ascension se termine au pied de la Muntanyeta (2.436 m), la « Petite Montagne », sur un sentier au départ herbeux puis devenant caillouteux se transformant peu à peu en un pierrier essentiellement composé de petites caillasses. Nous sommes à plus de 2.320 mètres d’altitude et la plupart des hauts sommets environnants culminent à 2.600 ou 2.700 mètres. Tout autour, ce n’est qu’un magma impressionnant d’énormes rochers. Là, au sommet d’un collet, point culminant de la journée à 2.327 m, nous basculons sur un autre versant, celui des « Estanys des Camporells ». Ici, le terrain change du tout au tout passant d’une minéralité extrême à une steppe rase et herbeuse. Sur notre droite quelques hauts sommets servent de frontière avec l’Ariège et la Réserve Nationale d’Orlu. Avec ce col, l’heure du pique-nique est arrivée. En réalité, elle est arrivée depuis longtemps car il est déjà 13h30 passé et le premier joli coin sous la forme d’une mare aux eaux transparentes entourée d’une herbe verte et tendre recueille un accord unanime pour une halte. Pas de doute, nous sommes tous à l’unisson pour déposer nos chaudes carcasses sur l’herbe et les godillots de nos pieds dans ce lieu ô combien rafraîchissant. La mienne de carcasse est en tous cas assez lasse par les montées à répétition et réclame un peu de repos. Il est déjà 13h45 et si la première résolution a été de nous déchausser et de tremper nos pieds endoloris dans cette mare limpide, tenir les pieds bien longtemps dans cette eau glaciale relève de la prouesse ou de l'insensibilité. Tout le monde en conclut que déposer ses fesses sur l’herbe fraîche est bien plus agréable et opportun. On pique-nique tous d’un bel appétit, moi le premier et je suis d’autant plus joyeux que les grosses difficultés de la journée sont désormais derrière moi, même si l’arrivée est encore très lointaine. Alors que nous nous reposons, allongés sur l’herbe, soudain je m’aperçois que les sommets des deux Péric, petit et grand, dépassent de la ligne d’horizon et aussitôt, je me mets à penser à la dernière fois où j’étais venu aux Camporells avec Dany. Un triste souvenir. Nous étions partis de la station de ski de Formiguères et avions atteint les Camporells par la Serra de Mauri et en arrivant nous avions appris qu’une femme venait de chuter depuis le sommet du Petit Péric. Une chute de 2 à 300 mètres en contrebas qui nous avaient profondément choqués et attristés. J’avais été d’autant plus perturbé qu’en regardant mes photos, et notamment une d'entre-elles en rapproché, je m’étais aperçu que le corps de la défunte était visible au sein même des éboulis se trouvant sous le sommet. Quelques minutes après la tragédie, le groupe de randonneurs et d’amis accompagnant cette dame était arrivé au refuge dans un silence de cathédrale. Ils étaient tous complètement décomposés et atterrés par la chute de leur collègue à laquelle ils avaient assisté impuissants.  Gardien du refuge, bénévoles, secouristes, peloton de gendarmes de Haute-Montagne, de nombreuses personnes étaient partis vers les éboulis où se trouvait la malheureuse. Mais c’était déjà trop tard. On avait terminé cette balade, avec dans le ciel, le ballet incessant des hélicoptères qui étaient venus déposer les gendarmes puis chercher la défunte.  Sans compter un étrange petit nuage, lequel dans un ciel très pur, était venu jouer un hallucinant ange gardien juste au dessus de la dépouille. Voilà ce que ces Péric me remémoraient. Une journée mémorablement triste et qui apostrophe longtemps. Heureusement la bonne humeur quasi permanente de Jérôme et de ses amis coupe court à mes pensées de cette triste journée. Après une heure de repos, on se remet en route et bien que j’essaie de penser à autre chose, j’ai un mal fou à oublier ce drame. J’ai d’autant plus de mal, qu’au fur et à mesure que l’on descend vers les Estanys et le refuge, la scène de la tragédie, c'est-à-dire le Petit Péric et ses éboulis se dévoilent à mes yeux. Je suis à la fois triste de ce terrible souvenir et très heureux de voir que Cathy, Fred et Jérôme apprécient à sa juste valeur ce cadre grandiose qui se dévoile peu à peu à leurs regards. Les petits étangs bleutés défilant sur notre droite les attirent comme des aimants. Il faut dire que la douce descente sur ce versant-là permet une découverte progressive et le plus souvent en surplomb des magnifiques lacs bleutés qui se succèdent ; Estany Llarge, Estany Gros, Estany del Mig et Estany de la Basseta ; et dans ce décor à la fois minéral mais par endroits très boisé, l’arrivée au refuge représente une véritable apothéose. Le refuge étant en complète réfection, nous ne jugeons pas  utile d’y entrer et nous partons nous reposer sur les berges du grand lac. Aujourd’hui, heureusement, aucun hélicoptère ne vient troubler notre placide repos et seuls de nombreux vautours fauves tournoient très haut dans le ciel. Après de multiples photos, nous longeons le grand lac puis nous arrivons à celui de la Basseta et en surplomb d’autres lacs magnifiquement bleutés mais plus petits. Ici aussi, de l’eau, il en coule de toutes parts et je suis ravi de voir que mes compagnons sont aussi enchantés que moi de marcher dans cette nature féerique. Après les petits « estanys », l’itinéraire devient un peu plus compliqué, car plus caillouteux mais surtout à cause de courtes montées et descentes qui se succèdent jusqu’au Pla des Carboneres puis encore jusqu’aux flancs de la Serra dels Alarbs. Là, avant la longue descente vers le refuge de la Balmette que je connais bien pour être venu faire l’ascension du Puig del Pam, une biche peu farouche a amplement les honneurs de nos appareils-photos. La distante qui nous sépare d’elle doit lui paraître suffisante car elle continue à brouter tranquillement tout en levant la tête de temps à autre pour nous observer sans crainte apparente. Qu’adviendrait-il de cette jolie biche si nous n’avions pas été uniquement des chasseurs d’images mais des chasseurs tout court ? Un appel téléphonique de Dany m’arrête dans la descente. Je m’arrête. Mes compagnons qui continuent disparaissent dans les bosses des prairies où paissent d’innombrables bovins et chevaux.  Il faut dire que cette descente avec des panoramas grandioses sur les montagnes, Péric et Carlit notamment, mais surtout sur le lac cobalt des Bouillouses est une vraie invitation à la flânerie. De plus, l’hôtel des Bones Hores, c’est à dire la ligne d’arrivée étant visible, on a d’ici une relative « bonne » idée de la distante restant à parcourir et donc pas vraiment envie de courir. Ce n’est donc que 20 minutes plus tard que je rejoins mes compères juste avant le refuge de la Balmette. Ils me font part de leur inquiétude de ne pas m’avoir vu arriver plus vite dans cette longue descente plutôt facile. Une fois les explications fournies,  nous profitons pleinement de la cabane et de ce lieu insolite où de nombreuses vaches déambulent au milieu d’étranges et dodus magmas granitiques.  Les deux sont des prétextes à plusieurs photos. Après cet arrêt improvisé près du refuge, nous prenons le sentier qui descend  vers les Bouillouses. C’est un sentier plutôt pénible car caillouteux à souhait et composé d’un véritable enchevêtrement de rochers, de bois et de ruisseaux. Heureusement, peu après, quelques vastes parties planes et herbeuses compensent cette laborieuse descente vers le lac de barrage. Peu après, je reconnais le sentier du célèbre GR.10 que nous avions emprunté avec Dany lors de la 3eme étape d'un mémorable Mérens-les Vals - Mantet. Mémorable car partir marcher 8 jours avec tente et bardas, c'était la toute première fois qu'on s'y risquait. Mémorable à cause des décors cheminés certes mais pour bien d'autres raisons et notamment celle de ne pas avoir pu terminer le parcours prévu à cause des plantes des pieds de Dany qui n'étaient devenues qu'ampoules à vif et rougeâtres. C'était en 2001. Le récit de cette longue, difficile mais merveilleuse pérégrination, je l'avais intitulé « Les Conquérants de l'Agréable », parodiant ainsi un livre que je venais de lire, celui du célèbre alpiniste Lionel Terray, « Les Conquérants de l'inutile ». Oui, bien incapables d'escalader la moindre paroi de montagne, Dany et moi trouvions bien plus agréables de cheminer autour d'elles en prenant soin de les éviter. Le G.R.10 était là pour ça. Une fois de plus, les souvenirs ressuscitent, même s'ils ne sont jamais vraiment morts et simplement oubliés. Un simple panonceau « Porteille de la Grave - GR.10 » a suffit ! Désormais, je reconnais très bien le petit sentier qui longe le lac. Il est malaisé lui aussi, car il ne cesse de monter et descendre jusqu’au barrage et après les nombreux kilomètres, il finit par « casser les pattes ». Il est d’autant plus difficile à cheminer qu’il est parfois caillouteux et que de très nombreuses racines grosses et lisses effleurant le sol nécessitent d’incessantes levées des pieds bien plus hautes que ne le serait la montée normale d’un escalier. Heureusement les belles mais rares vues sur l’immense lac compensent un peu la pénibilité de ce sentier. En arrivant aux Bones  Hores, je m’aperçois mais bien trop tard que j’ai perdu une polaire que Cathy m’avait prêtée. Sans doute s’est-elle détachée de mon sac à dos en restant accrochée à une branche ? Je suis tellement agacé que je suis disposé à faire demi-tour, mais Cathy m’en dissuade en me disant qu’elle n’en a pas vraiment besoin et qu’elle n’a pas beaucoup de valeur. Sans doute a–t-elle un peu pitié de moi après les nombreux kilomètres parcourus ? J’aurais fait de même. Autant l’avouer aussi, la vue du grand hôtel des Bones Hores est pour moi un réel soulagement pourtant je ne suis pas plus fatigué que ça. En tous cas, beaucoup moins que je ne l’appréhendais au départ ce matin. Je m’aperçois que j’ai bien récupéré de ma terrible méforme du premier jour. La dernière étape s’annonce donc sous d’excellents auspices. Non, si je suis satisfait d’en avoir terminé, c’est surtout parce que je m’étais fait un monde de cette très longue étape et que je l’avais considérée comme excessivement difficile, en tous cas la plus difficile des quatre. En réalité et après réflexion, la plus ardue a été la première avec cette « terrible » montée vers le col de Passeduc, mais avec il est vrai une condition physique déplorable par manque de sommeil et sans doute un stress au delà du raisonnable. Aujourd’hui tout ça a disparu et j’en suis heureux. Les « Bones Hores » est un grand et superbe hôtel et un rendez-vous presque obligé des randonneurs qui viennent marcher dans ce secteur du Capcir. La plupart grimpent vers le pic du Carlit, plus haut sommet des Pyrénées-Orientales au milieu des innombrables lacs et cette balade sur une journée est sans doute une des plus belles du département. Même si d’autres hébergements sont possibles autour du barrage, aucun n’a les potentialités et les possibilités d’accueil des Bones Hores. Tous les randonneurs que je connais et qui ont séjournés là, m’ont toujours donné des avis très positifs. Ici, on est très bien accueilli, on y dort et on y mange toujours très bien et je crois que c’est très clairement le cas pour nous aussi. Tout le monde a été enchanté de cette fin d’étape et cette nouvelle nuit à l’hôtel, après une si longue escapade, a été très bénéfique. Moi, j’ai été véritablement émerveillé de cette troisième étape. Elle est superbe. La Vallée du Galbe, la longue montée vers les Camporells, les estanys des Camporells et les Bouillouses, pour moi pas de doute, tout cette partie est un véritable petit Canada français. Un Canada, certes où je ne suis jamais allé, mais que j’ai vu à maintes et maintes reprises à la télé et qui ressemble parfois à s’y méprendre à ce coin paradisiaque du Capcir mais aussi bien sûr à ces décors qui jalonnaient les aventures de Blek le Roc. Aujourd’hui, Blek le Roc n’est pas revenu dans mes pensées et ma bonne forme physique y est certainement pour quelque chose. Voilà, les pensées que j’ai dans la tête à l’instant même où je pose ma tête sur l’oreiller.  Je suis certain que Blek le Roc aurait été enchanté de marcher avec nous aujourd’hui et de connaître la Vallée du Galbe,  les Camporells et les Bouillouses. Par contre, je ne sais pas s’il aurait apprécié les Bones Hores, lui que je n’ai toujours vu que dans des cabanes de trappeurs, des tepees indiens ou bien dans des fortins faits de rondins de bois. De nouveau, je m’endors avec ces songes d’enfants mais conscient tout de même qu’un autre rêve s’achève dès demain : celui d’avoir pu réaliser ce Tour du Capcir avec Jérôme et ses amis ! Après le Tour du Fenouillèdes en 2011, voilà un autre Tour du Bonheur qui va se terminer ! Dans ma tête à demi ensommeillée, mes pensées tourbillonnent de plaisir. Le passé et le présent s’entremêlent une fois encore mais aujourd’hui aucune tristesse ne vient les troubler. A bien y réfléchir, mais c’est très lointain maintenant, je ne me souviens pas avoir vu Blek le Roc dormir ou bien se reposer une seule fois ?

Cliquez sur le lien suivant pour passer à la 4eme et dernière étape

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Tour du Capcir - Etape 4 Les Bones Hores aux Bouillouses - Matemale

Publié le par gibirando

 

Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques d'Ennio Morricone qui ont pour titre "Malena", "Il Figlio E La Nostalgia", "Dedica" et "Federico E La Sa Solitudine". Les 3 dernières sont extraites de la compiltation intitulée "Relaxing Moments".

Tour du Capcir - Etape 4 Les Bones Hores aux Bouillouses - Matemale

Tour du Capcir - Etape 4 Les Bones Hores aux Bouillouses - Matemale

Tour du Capcir - Etape 4 Les Bones Hores aux Bouillouses - Matemale

Tour du Capcir - Etape 4 Les Bones Hores aux Bouillouses - Matemale

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

4eme étape – 14 septembre 2013 : du refuge des Bones Hores aux Bouillouses (2.019 m) à Matemale (1.500 m) soit 19,6 km pour un dénivelé de 689 m et des montées cumulées de 771 m. Point culminant à un collet proche du lac d’Aude au lieu-dit Malpas (2.185 m) – Point le plus bas à Matemale (1.496 m).

 

Comme imaginé hier soir, la nuit a été formidablement réparatrice. Je me suis endormi avec uniquement de belles images devant les yeux et aucun cauchemar n’est venu hanter mon sommeil. Après un réconfortant petit déjeuner, nous voilà fins prêts pour cette dernière étape vers Matemale, longue de 19,6 kilomètres selon mes calculs. Au programme, un peu de bitume sur la D.60 puis une « belle » montée jusqu’au Lac d’Aude dans le Malpas, un autre « mauvais passage » que j’espère plus praticable que celui du Madres. En tous cas, celui-ci, je ne le connais pas. Après le lac d’Aude, direction les Angles, en longeant le fleuve éponyme, en passant par le parc animalier et la station de ski du Pla del Mir. Là, direction Les Angles, courte visite de la partie la plus pittoresque de la commune car la plus ancienne puis descente vers le lac de barrage de Matemale puis vers le village où la voiture nous attend. Pour clôturer cette journée, Jérôme et moi avons prévu d’amener nos amis Cathy et Fred aux Bains chauds de Saint-Thomas qu’ils ne connaissent pas. En général, c’est une initiative toujours appréciée de tous après une longue randonnée. Voilà comment j’ai imaginé cette dernière étape après l’avoir analyser à maintes et maintes reprises. Avant de quitter ma chambre d’hôtel, je prends quelques photos des panoramas alentours mais un éblouissant soleil jette ses rayons aveuglants contre les vitres de la fenêtre. A coup sûr, mes photos seront minables mais tant pis et je préfère de très loin cet ardent soleil et ce ciel pur que les gros nuages gris et menaçants du premier jour. 8h 15, nous quittons les Bones Hores. Effectivement, un chaud soleil propulse déjà des rayons étincelants sur le barrage et les eaux de son lac bleuté. La journée s’annonce magnifiquement belle et j’en suis très heureux. Sans doute très chaude aussi, et peut-être même caniculaire et ça j’aime moins. L’itinéraire file sous le long et impressionnant mur de soutènement du barrage. De l’autre côté, nous hésitons quant à la suite du parcours. Il est vrai qu’au sein de quelques maisons et de plusieurs rues et ruelles, nous ne trouvons pas immédiatement le balisage. Il est pourtant là mais peu évident et c’est bien la D.60 qu’il faut emprunter. Quelques chevaux identiques à ceux de la Vallée du Galbe, c’est dire bruns et à crinières et queues blanches, errent sur la route à l’entrée du village. Ils paraissent gentils et donc moins sauvages. Avec un peu de d’appréhension néanmoins, nous leur lançons une main prudente pour les caresser. Pas de doute, ceux-là sont plus dociles et acceptent frontalement les câlins. Il y a longtemps déjà j’avais lu que ces chevaux étaient propres aux Pyrénées catalanes mais je ne jurerais pas qu’il s’agit de cette race-là. De toute manière, j’avais également lu que ceux de race « Pyrénées catalanes » étaient essentiellement élevés pour leur viande, alors en les regardant, je ne préfère pas y penser.  On laisse les chevaux à leurs errements et l’on poursuit la D.60. Dans un virage, un panonceau mentionne « Boucle du lac d’Aude » et pas d’hésitation, c’est bien par là comme l’indique le G.P.S de Jérôme et le mien. Un sentier entre immédiatement en sous-bois puis se poursuit dans une clairière. Il en est ainsi tout au long de cette « bonne » mais régulière déclivité où quelques trouées offrent de beaux panoramas en direction du Carlit et des autres sommets composant son massif.  Les parties plus boisées et les clairières se succèdent jusqu’à un plateau. Une fois arrivés sur ce "pla", le sentier zigzague au milieu de nombreuses tourbières. Ici, les fondrières sont légions mais on ne peut pas dire que le chemin soit mauvais pour autant et l’intitulé de Malpas, c'est-à-dire de « mauvais passage » ne me semble pas vraiment approprié, en tous cas pas sur la portion empruntée. Ici, et en terme de dangerosité, il n’y a aucune comparaison avec ce que nous avons connu au Clos Tort entre le Roc Nègre et le Madres. Le chemin semble descendre vers le lac d’Aude mais n’y descend pas vraiment et le contourne par la droite mais en balcon. Malheureusement, depuis ce balcon, de grands pins obstruent la vue et empêchent toute vision complète du lac. Toutefois, je trouve le coin formidablement joli et rafraîchissant et je me dis que ce lac, source de l’Aude, nécessitera une découverte plus approfondie lors d’une autre venue et d’une balade à programmer, avec peut être une ascension du Mont Llaret (2.376 m) et du Roc d’Aude (2.325 m) qui le dominent. J’ai déjà imaginé et inscrit cette randonnée dans mes tablettes mais sans jamais l’avoir encore programmée. Je me dis que ça viendra bien un jour ! Encore une petite descente dans une verte prairie puis le sentier se stabilise et devient vraiment très agréable car à peu près plane sur une bonne distance. On atteint un étrange bois de pins à crochets. Etrange car de nombreux arbres sont définitivement desséchés. Certains sont encore bien debout mais secs et ressemblent à de véritables squelettes. Ces squelettes, il y en a bien d’autres penchés les uns contre les autres. D’autres gisent à même le sol, telles d’immenses carcasses de géants qu’un monstre encore plus colossal aurait anéanties. Je me demande si la tempête Klaus ne serait pas passée par là en janvier 2009 comme elle était violemment passée dans le Vallespir avant que je n’envisage d'en faire son tour ? Dans ce bois de pins à crochets, la pente s’accentue puis les arbres disparaissent quelques minutes le temps au sentier de traverser un petit cirque verdoyant entouré de hautes falaises schisteuses rougeâtres. Puis le parcours se creuse et se transforme en de larges fondrières et l’on voit bien que lors de pluies diluviennes, le chemin devient torrent. Le sentier devient caillouteux et très pénible car les eaux qui ruissellent ont mis à nu des rochers et d’innombrables racines. Ces roches et ces racines sont lisses et glissantes et chacune d’entre-elles est un obstacle à enjamber ou à éviter. Heureusement cette mauvaise descente se termine sur un large chemin bien plus praticable. Nous sommes à la Jasse de Bernardi comme l’indique un panonceau tout près du refuge éponyme. Finalement, l’itinéraire aboutit sur une large piste forestière. Là, on coupe un étroit et insignifiant ruisseau sur une radier. Ce ruisseau, c’est l’Aude et j’ai du mal à imaginer que ce semblant de rivière d’à peine deux mètres de large et de quelques centimes de profondeur, c’est le même et large fleuve traversant tout un département et arrosant de grandes cités comme Quillan, LimouxCarcassonne ou Trèbes et se jetant dans la Méditerranée aux Cabanes de Fleury. Sa longueur de 224 km et sa puissance sont impensables vu d’ici. Et pourtant ? La piste terreuse devient moins agréable et plutôt lassante. Heureusement, en arrivant au Pla del Buc (Bouc), on se laisse facilement distraire par quelques chevaux que des éleveurs tentent de dresser. Le parc animalier est là et quelques animaux étant visibles à travers le grillage, ça permet d’oublier un peu la monotonie de cette piste forestière qui se termine à la station de ski du Pla del Mir. Là, et même si ce n’est pas et de loin, la cohue de l’hiver, c’est vraiment un retour évident à la civilisation. Les touristes sont déjà plutôt nombreux à cause du parc animalier et de certaines remontées mécaniques fonctionnant en été. Cette civilisation foisonnante et bruyante n’incite pas à un long arrêt, et du Pla del Mir, nous allons faire usage que des rudimentaires toilettes publiques. Elles sont là alors on en profite sans compter pour se rafraîchir à l’eau glacée de leurs robinets. Après le Pla del Mir, le sentier se poursuit en forêt et alors que personne ne s’y attend vraiment, Jérôme, sans prévenir, décide que l’heure du déjeuner est arrivée. Sans doute a-t-il la fringale ? C'est mon cas et je suppose que c'est aussi le cas de Cathy et Fred ? Alors bien évidemment, on stoppe à l’ombre des pins mais sans réel panorama à contempler. On reste là environ 20 minutes puis on repart, toujours dans cette forêt du Senescal où le sentier se faufile exclusivement en descente. La départementale D.32 filant vers les Angles se présente et en bordure de la route un petit panonceau indique clairement la suite du Tour du Capcir. Cette suite traverse la route bitumée et continue en face au travers d’un pré puis en lisière d’une pineraie de pins à crochets. Un deuxième panonceau Tour du Capcir se présente à nouveau : « Les Angles – 0h20  » et « Matemale – 2h15 ». Alors bien évidemment, on poursuit en direction des Angles sur un agréable sentier encadré de pierres sèches et filant la plupart du temps au milieu des prés. Au travers des pins, la cité apparaît très rapidement. Au même instant, le magnifique lac bleuté de Matemale apparaît sur la droite et en contrebas ainsi qu’une piste qui semble y mener. On poursuit encore vers les Angles que nous ne devrions pas tarder atteindre tant la cité semble désormais toute proche. Alors qu’on marche tous tranquillement en file indienne, Jérôme, sans crier gare, quitte le sentier et se met à descendre illico en direction du lac de Matemale. Alors qu’il descend le pré, je le rattrape, l’arrête et l’interroge sur ses intentions. Il me dit que pour rejoindre Matemale, il ne trouve aucun intérêt à faire cette longue boucle menant aux Angles et qu’il a décidé de prendre ce raccourci afin de terminer au plus tôt et de pouvoir au plus vite aller prendre un bain à Saint Thomas. J’ai beau lui indiquer que nous avons tout notre temps, que le programme est prévu ainsi et que le vieux village des Angles mérite le détour, rien n’y fait, et il décide de poursuivre ce raccourci tout en descente. J’avoue que je suis un peu désabusé , non pas que je tienne à aller aux Angles, que je connais déjà, mais je trouve dommage que Cathy et Fred n’en profitent pas. Enfin, je me dis que c’est à eux trois de décider et comme Cathy et Fred semblent acquiescer le choix de Jérôme, je me plie et me rallie à la majorité. Cette descente inattendue traverse d’abord des prés, longe une pineraie puis file direct au milieu de tourbières asséchées. Dans ce dédale peu praticable car complètement bosselé, les mottes de laîches ont rapidement raison de mon genou droit. Pas de doute, voilà  une vieille tendinite qui vient de se réveiller. Finalement après avoir enjambé une clôture, nous retrouvons une piste bien plane et l’itinéraire du Tour du Capcir. Bien que je n’apprécie pas cette entorse à l'itinéraire initialement programmé, force est de reconnaître qu’il s’agit d’un vrai raccourci, nous ayant fait gagner au moins deux kilomètres et un temps de marche certain. La piste terreuse est tellement plane que je peux me permettre de compenser très facilement la tendinite qui vient de s’éveiller, me fait quand même un peu mal et de ce fait me fait légèrement claudiquer. La piste longe le lac puis s’en rapproche jusqu’à atteindre le centre équestre, la base nautique, la belle forêt de la Matte et enfin le barrage. Ici, je retrouve le petit circuit que j’avais réalisé en 2006 avec Dany et dont les objectifs principaux avaient été la Tour de Creu, la forêt de la Matte et le barrage. On traverse le barrage, ce qui nous permet d’avoir une vision certes synoptique mais presque à 360 degrés du parcours réalisé sur ce Tour du Capcir. D’ici, on peut presque en tournant sur nous-mêmes voir ou au pire imaginer les lieux cheminés.  Quelques dernières photos de notre groupe sur le barrage et l’arrivée n’est plus qu’à 1,6 km comme l’indique un tout dernier panonceau. Le sentier s’éloigne du barrage en descendant vers la centrale électrique, traverse un petit bout de prairie et aboutit sur l’asphalte surchauffé de la D.118 puis de la D.52. Si la canicule qui règne fait fondre l’asphalte, dégageant une odeur âcre, ce n’est pas cette effluve qui me chagrine le plus. Non, ce qui me chagrine, c’est que ce parcours se termine déjà. Je suis toujours attristé de voir se terminer ce que j’ai aimé, même si je sais me faire une raison. Sentiments confus, je suis à la fois triste d’en terminer et heureux d’avoir parcouru ce merveilleux Tour du Capcir. Comme sur tous les tours précédents que j’ai accompli, une ou deux étapes supplémentaires ne m’auraient pas dérangé. La D.52 nous amène directement à Matemale en longeant l’Aude qui n’est encore ici qu’un étroit ruisseau de deux à trois mètres de large tout au plus. Toutefois, son lit est plus profond et ses ondes plus vives, mais c’est sans doute normal au pied du barrage qui en déverse ses eaux. Un cheval blanc est là sur l’autre rive de la rivière. Il baisse la tête puis la relève et semble aussi déconcerté que moi selon les postures qu’il adopte. Il paraît vieux, à moins qu’il ne soit que seulement las de cette température quasiment caniculaire. Les maisons de Matemale sont déjà là, son étonnante « Campanette », étrange chapelle car étroite et toute en hauteur, telle une tour, sa belle église avec son clocher lombard en fer forgé et voilà quelles sont les dernières visions que je garderais ce merveilleux Tour du Capcir. Il se termine ainsi et sous un soleil magnifiquement radieux. Un dernier virage et le parking d’où nous sommes partis apparaît juste un peu plus haut. Ma voiture est encore là et on va tous pouvoir aller « piquer une tête » dans les bains chauds de Saint Thomas. Une eau très fraîche serait peut-être préférable ? Enfin, nous verrons bien ! Un chose est certaine : mon bonheur va encore se poursuivre pendant quelques heures. Enfin, c’est le cas pour moi. Ce bien-être, je suis conscient de le devoir à Jérôme et à ses amis qui ont accepté ce « challenge » de venir marcher avec moi. Je la dois à Blek le Roc qui est sorti de ma mémoire comme un beau papillon sort de sa chrysalide. Je la dois à ma mère qui n’aurait jamais imaginé l’impact que ce personnage de bandes dessinées aurait sur les vertus et les passions de mon existence. Alors c’est décidé, ce récit je vais l’intitulé « La Balade de Blek le Roc ou le Tour du Capcir en 4 jours.

 

Selon mes calculs et tel qu’expliqué ici, ce Tour du Capcir a été long de 79,6 km pour des montées cumulées de 4.556 m. Le point culminant a été Le Madres à 2.469 m. Après avoir accompli ce tour et grâce aux nombreux refuges gardés ou non gardés que j’ai pu observer, je me suis dit que ce parcours est parfaitement réalisable de diverses manières et donc avec divers points de départ. Il me paraît donc utile de vous donner la liste de ses principaux refuges dont vous trouverez aisément les caractéristiques sur Internet et auxquels il faudrait rajouter les gîtes d’étapes présents dans les différentes communes traversées ou approchées que sont Matemale, Puyvalador, Rieutort,  Fontrabiouse, Espousouille, Les Bouillouses, Les Angles et à un degré moindre sur le plan éloignement avec Odello, Réal, Vilanova et FormiguèresLes Estagnols au col de Sansa, la Maison pastorale du Pla de Gril, le refuge de la Font de la Perdrix, le refuge Oller, le refuge de Becet, les barraques de la Jacette et celle de Jasse de la Llosa, refuge des Camporells, refuge de la Balmette, abris de la Jasse de Bernardi et du Pla del Buc. Renseignez-vous bien sûr quant à leur utilisation possible et de quelle manière. Je fais volontairement abstraction de quelques orris habitables mais vous les trouverez sur l’excellent site : Pyrénées-refuges.com. Le site Refuges.info est également super ! A l'aide de ce récit et des renseignements fournis, vous n'aurez, je l'espère, aucun mal à marcher dans nos pas ! Ce récit est aussi fait pour ça !

 

Nota : Au cours de ce Tour du Capcir, j'ai beaucoup pensé à ma mère car j'ai fini par comprendre que c'était bien grâce à elle que j'avais acquis cette passion pour la randonnée pédestre et la Nature. J'ai donc voulu lui rendre hommage au travers de ce poème. Elle est décédée en novembre 2014, un peu plus d'un an après.

 

Merci Blek le Roc et merci maman.

 

C’est maman en cachette qui achetait Kiwi,

Et qu’elle prenait soin de mettre dans mon lit.

Blotti dans la douceur des chaudes couvertures,

Je dévorais sans bruit le « Comics » d’aventures.

 

Il y avait Ranger, Zembla ou bien Zagor,

Mais de tous ces héros, Blek était le plus fort,

Parmi tous ces géants,  c’était ma préférence,

Je mettais dans ses traces les pas de mon enfance.

 

Blek était grand et fort et dur comme une table,

Mais il tenait pourtant au fond de mon cartable.

Dans mes jeunes années, il m’a tout inculqué,

L’honneur et le respect, l’esprit de liberté.

 

Je préférais le Blek et délaissais le Bled,

Et lui seul en français survenait à mon aide.

Et en ce jour encore, si j’ai le goût d’écrire,

Blek m’a offert aussi cette passion de lire.

 

Le trappeur intrépide pourchassait les Anglais,

Et il n’avait de cesse que de les déloger.

Sa principale action, faire de la résistance,

Et j’ai gardé de lui ce penchant de constance.

 

Du Nord de l’Amérique qu’ils voulaient dominer,

Sans partage, sans vergogne et trop d’autorité.

Blek ne pouvait souffrir cette morgue des Rouges

Et avec lui c’est sûr, il fallait que ça bouge.

 

Des français, des indiens, il était leur ami,

Fidèle à ses principes et au jeune Roddy.

Ces combats à poings nus durs comme des blocs,

C’était là la raison de son nom Blek le Roc.

 

Enfant j’ai adoré ce héros d’aventures

Qui m’a donné en sus le goût de la Nature,

Et si je lui dois tout à toutes les époques,

Je dis Maman merci et merci Blek le Roc

 

Fin du Tour du Capcir, lien pour retourner à la page d'accueil.

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La Boucle des Etangs du Carlit depuis Les Bouillouses.

Publié le par gibirando

 Le diaporama est agrémenté avec des musiques du compositeur allemand Oliver Heuss extraites de ses albums "Amerikas Naturwunder"

La Boucle des Etangs du Carlit depuis Les Bouillouses.

La Boucle des Etangs du Carlit depuis Les Bouillouses.


 

Parce que je n’ai pas été l’initiateur de cette « Boucle aux Etangs du Carlit » réalisée le 25 août 2019, je l’avais complètement oubliée dans ma chronologie. Pourtant, ce jour-là, j’avais fait en sorte de prendre les photos indispensables au reportage habituel de mon blog. Ce n’est donc que partie remise et voilà ci-après le récit de cette merveilleuse journée en famille. C’est Carole ma fille, presque sur un coup de tête, qui nous a invité à cette sortie capciroise. Alors bien sûr, il nous « faut tomber du lit », se préparer dare-dare afin d’être prêts pour démarrer tous ensemble vers ces merveilleuses Pyrénées qui nous attendent et que nous aimons tant. Tout ce passe comme prévu, mais malgré ça, il est déjà 11h quand on gare nos voitures sur le parking du Pla de Barrès. Là, à la belle saison, commence la route réglementée menant au site classé des Bouillouses. Le parking étant déjà bien plein, on s’inquiète un peu. Pourtant tout paraît bien rodé et en moins de 10 mn, nous voilà déjà dans la navette, un bus très confortable ; alors que la route ne l’est pas du tout ; direction le fameux barrage alimentée par la Têt depuis 1910. Une demi-heure plus tard, et bien que beaucoup chahutés à cause des nombreux virages, nous débarquons entiers et en bonne forme. Aussitôt, voilà notre petite équipe déjà à pied d’œuvre, filant en direction de l’hôtel-restaurant Les Bones Hores, car c’est là que commence l’itinéraire menant à nos futurs objectifs. Ici, et bien que de très nombreux souvenirs, plus ou moins récents, resurgissent en moi, je ne peux guère m’éterniser. Pourtant, et en essayant de me les remémorer, les 3 principaux reviennent chronologiquement presque naturellement. Il y a août 2001 où Dany et moi n’avions fait que passer lors d’une étape mémorable sur le G.R.10 entre Mérens-les-Vals et Mantet. Mémorable car ce périple avait duré 8 jours, mais surtout parce que cette étape entre le lac du Lanoux et Bolquère, bien trop longue, avait mis à vif les pieds de Dany. C’est d’ailleurs à cause de ça, que nous avions terminé à Mantet plutôt qu’à Prades comme initialement prévu. Puis en juin 2005, déjà ma fille et mon gendre JC avaient décrété de nous faire gravir le Carlit. Ce jour-là, si j’avais réussi l’ascension sans trop de problèmes, la descente sans doute trop rapide avait engendré dans mon crâne de terribles maux de tête. Alors je m’en souviens aussi parfaitement. Les étangs vers lesquels nous partons aujourd’hui, depuis le sommet du Carlit, je les avais décrit comme « une constellation de lacs dans une galaxie granitique ». Aujourd’hui, je tire néanmoins un constat : j’ai vieilli de 14 ans, depuis ma fille et mon gendre ont eu deux beaux enfants, et de ce fait et par bonheur, j’ai deux adorables petits-enfants de 11 et 9 ans qui m’accompagnent et marchent bien mieux que moi. Enfin, en septembre 2013, les Bones Hores nous avaient accueilli pour notre dernière soirée sur un incroyable Tour du Capcir (à paraître) réalisé en 4 jours avec mon fils Jérôme et un couple d’amis. Alors même si je ne m’arrête pas devant l’hôtel, je ne peux m’empêcher de l’immortaliser, car tout comme le barrage, cet hôtel est la représentation matérielle de tout ce passé à la fois si lointain mais encore si frais dans ma mémoire. Les seuls arrêts, je les consacre presque exclusivement à photographier les décors car si la faune et la flore sont un peu présentes, le rythme de marche qui m’est imposé par tous ces jeunes n’est pas celui que je pratique habituellement. Alors que nous en sommes à regarder des panonceaux,  mon gendre m’indique  qu’il a fait le choix d’une variante plus courte que celle des 9 ou 12 étangs. « Ça me conviendra très bien » lui dis-je en regardant le panonceau indiquant 2h30 pour les 9. D’emblée, comme l’itinéraire ne fait que monter, je me contente de suivre ce petit groupe de jeunes en essayant de ne pas me laisser distancer. J’y parviens mais aux prix d’efforts peu habituels pour moi. D’ailleurs, de temps à autres, j’éprouve la nécessité de quelques arrêts pour souffler un peu. Je ne suis pas le seul. Dany, elle, est dans une forme quasi-similaire à la mienne, mais nous avançons correctement et c’est bien là l’essentiel. Rien ne presse après tout car la balade est courte et puis il faut aussi penser aux enfants, peu habitués à marcher en altitude. Par bonheur, car la faim me tenaille, le premier estany, celui del Viver (ou Vivès), est décrété comme étant le lieu idéal d’un pique-nique. Tout le monde adhère à cette lumineuse proposition. Ici, je peux enfin me livrer à ma passion pour la photo naturaliste. Oh, ce n’est pas un zoo mais les quelques colverts et les dizaines de libellules noires qui occupent le rivage suffisent à mon bonheur. Prendre des couples de libellules qui ont décidé de s’unir n’est jamais facile. J’y passe du temps. Quand aux colverts, ils paraissent tous identiques et leurs plumages plutôt ternes pourraient laisser croire qu’il ne s’agit que de femelles. En réalité, quand on les observe plus précisément, on peut noter quelques modestes différences. Ils ont revêtu leur plumage d’éclipse, celui qui suit la période nuptiale, avec comme principale conséquence celle des mâles qui « perdent la tête » et leur merveilleuse couleur verte irisée. De plus, la quasi-absence de miroir alaire car invisible dans leur façon placide de barboter rend impossible la moindre évaluation de leur âge. De ce fait, il y a-t-il quelques jeunes canards parmi eux ? Difficile à dire ! Voilà à quoi je pense et m’occupe en dévorant mes sandwichs. Le pique-nique terminé, nous repartons. Le balisage est bon et la qualité du sentier très variable mais dans cette partie-là,  les petits lacs s’enchaînent assez rapidement : étang Noir, étang de la Coumasse et étang Sec. Malgré le rythme imposé, je continue à être aux aguets et si quelques oiseaux et papillons sont bien présents, dans l’immédiat, je n’immortalise que ces derniers, toujours les mêmes apparemment et de la famille des « Moirés ». Par bonheur, une centaine de mètres plus loin, un très beau Bec-croisé des sapins vient se poser au sommet d’un pin à crochets. Malgré qu’il soit un peu loin, je parviens néanmoins à le photographier car il est occupé à son déjeuner, consistant à picorer les aiguilles les plus jeunes. Il s’agit d’un mâle avec son beau plumage rouge. Après l’étang Sec, une longue ligne quasiment droite file vers l’étang de Bailleul. Selon mon bout de carte IGN, il faudrait monter le talus puis traverser le plateau pour aller voir les étangs Llat et Llong mais apparemment personne n’y semble décidé. Pourtant, ils ne me paraissent pas très loin. 300 ou 400 m tout au plus. Si j’étais seul, pas de doute, j’irais les voir mais aujourd’hui je suis le mouvement et ce d’autant que c’est moi qui ferme constamment la marche. Je ne parviens qu’à rattraper les autres car ma petite-fille Eulalie semble être tombée sous le charme des cairns qui jalonnent le sentier. A chacun des gros cairns, elle ajoute des pierres aux édifices et quand ils sont tout petits, elle prend un malin plaisir à les redresser presque intégralement. Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est peut-être ainsi qu’on attrape le virus de la randonnée pédestre. L’arrivée à l’étang de Bailleul est l’occasion d’une nouvelle pause où le petit torrent déversoir offre à tous la possibilité d’un bain de pied « fraîchement » réconfortant.  Moi, comme j’ai aperçu deux bergeronnettes grises courant sur la berge, je pars pour tenter de les photographier. J’y parviens à force de patience et parce que j’accepte de faire la moitié du tour de l’étang mais j’avoue que quelques fleurs communes à ce milieu humide sont plus faciles à immortaliser. Nous profitons aussi de cet arrêt pour finir nos casse-croûtes respectifs. C’est à cet instant que j’aperçois un couple, qui droit devant moi, est entrain de gravir les gros pierriers. Je les observe. Mais où vont-ils au juste ? Finalement, en regardant mon bout de carte, je comprends qu’ils ont choisi la ligne la plus droite pour rejoindre les autres étangs qui sont plus hauts : Castellà, d’En Gombau, Trebens et Sobirans. Nous repartons. L’étang de Bailleul étant amplement recouvert de très longues plantes aquatiques, j’en suis à me demander si cette prolifération n’est pas le début d’une inéluctable eutrophisation ?  Tout au cours du chemin, j’ai déjà remarqué pas mal de petites cuvettes complètement asséchées et je suis à peu près certain qu’il fut un temps où elles devaient héberger d’autres étangs aussi remplis que ceux que nous visitons. Jusqu’à l’étang de Les Dougnes, puis encore bien après, rien de notable, or mis une « grosse gamelle » sans gravité dans une descente menant à une petite passerelle. Ça fait rire les enfants Robin et Eulalie de me voir les « quatre fers en l’air », mais les adultes un peu moins. Ils s’inquiètent immédiatement de mon sort.  J’ai glissé sur une roche et suis  tombé sur le dos mais par bonheur mon sac a totalement amorti le choc. Je n’ai absolument rien. Je repars en me souvenant qu’après de très nombreuses chutes à répétition dont une plutôt grave, je ne suis plus tombé depuis une randonnée « très spéciale car orientée » qui m’avait mené au « conjurador de Serralongue » en février 2017. J’avais appelé cette randonnée qui m’avait été vivement conseillé par un inconnu rencontré à Urbanya « Les chemins ruraux de Serralongue depuis le Tech ». La magie de la conjuration avait bien fonctionné jusqu’à présent mais aujourd’hui une toute petite pierre granitique qui a glissé son mon pied droit est venu contrarier cet ordre qui semblait pourtant bien établi. Il faut dire que je l’ai un peu cherché car au lieu de suivre le sentier le plus fréquenté comme le faisait tout le monde, j’ai fait le choix de marcher au plus près du ruisseau qui lui est parallèle. Le ruisseau de la Bouque de Capcir il s’appelle et il fait le lien entre l’étang de Les Dougnes et celui del Viver. Par la force des choses, les pierres y sont plus humides mais moi je voulais voir si j’y apercevais des grenouilles dont je sais qu’elles sont présentes régulièrement. Alors ces grenouilles que je n’ai pas vu, m’ont-elles jetées un mauvais sort ? Je n’y crois pas une seconde même si je sais que depuis l’Antiquité, les grenouilles et les amphibiens en général sont considérés comme des êtres maléfiques. Au Moyen-Âge, le crapaud et surtout sa bave sont très souvent le composant préféré des potions magiques des sorcières. Les grenouilles, salamandres et autres tritons sont des animaux diaboliques. Mais le Moyen-Âge est loin et si l’Histoire, celles des sorcières notamment et les légendes m’intéressent, je garde les pieds sur terre. Enfin, pas toujours ! Et surtout quand les semelles sont détrempés ! D’ailleurs, la chance me sourit enfin avec une mésange huppée qui vient très gentiment se laisser photographier en se posant au sol à quelques mètres de moi. A hauteur de la passerelle en bois puis juste après, le cas d’étangs ayant subi une ancienne eutrophisation semble se confirmer avec deux ou trois zones amplement envahies presque uniquement par des tourbières. Elles doivent sans doute se remplir que dans le cas de très puissantes précipitations pluvieuses. Les étonnantes Linaigrettes et les jolies Parnassies des marais s’y complaisent. Apparemment, les Populages des marais et les Séneçons des Pyrénées semblent préférer le bord des ruisseaux.  Finalement, après la traversée d’un petit bois de pins à crochets et une nouvelle descente un peu scabreuse, nous retrouvons l’étang del Viver et ses colverts. Pas d’arrêt cette fois et juste le temps de quelques photos des volatiles simplement pour le plaisir. Comme c’est le dernier étang, par la force des choses, la suite et la fin de la boucle deviennent plus monotones. Pour moi, seul un lézard des murailles qui est écrasé comme une crêpe contre un rocher vient compléter mon court bestiaire photographique. J’en suis donc à chercher quelques fleurs oubliées à l'aller pour terminer en beauté. Comme il n’y a plus que des descentes et que les Bouillouses ne sont plus très loin, tous les randonneurs ; et ils sont nombreux à cette heure-ci ; semblent accélérer le pas. Parmi eux, un vieil homme, avec lequel j’entame une cordiale conversation, marche beaucoup plus lentement que tous les autres. Et pour cause ! Il a 84 ans et vient de gravir dans la journée le Carlit et ses 2.921,66 m avec son fils et son petit-fils.  « Chapeau bas ! » lui dis-je en apprenant cela puis voyant qu’il finit quand même bien fatigué et le pas un peu incertain car hésitant, je rajoute tant bien que mal un proverbe qui me vient  à l’esprit : « Ne vous pressez pas !  La lenteur arrive toujours au but alors que la précipitation s’empêtre souvent en chemin »,  avant très paradoxalement d’accélérer mes propres foulées pour rattraper le retard que j’ai pris sur ma petite famille. Il est 16 h tapantes quand nous arrivons aux Bones Hores. Estimant que nous le méritons bien, je propose que l’on prenne une boisson fraîche sur la terrasse de l’hôtel. A la fois histoire de se dessécher le gosier mais aussi de garder un souvenir mémorable de cette magnifique journée. J’ai gardé tous les autres en tête alors pourquoi pas celui-ci avec ma fille et mes deux amours de petits-enfants ? Malgré la foule qui se détend autour des nombreuses tables, il règne ici comme un immense flegme, une espèce de placidité ambiante. Un peu comme si les gens voulaient garder de leur journée ici, dans cette belle du Capcir, dans ce site exceptionnel des Bouillouses et du Carlit, une grande quiétude. Même les serveurs ne semblent jamais pressés. Pourtant quand je les observe, je m’aperçois qu’ils n’arrêtent jamais, se démenant en tous sens mais toujours avec une débonnaire jovialité. Ils ne nous restent plus qu’à rejoindre la navette et si ce matin nous avions fait le choix de passer sous la voûte du barrage, cette fois nous passons dessus. Force est de reconnaître que c’est bien plus beau. C’est donc avec de multiples coups d’œil et photos sur le superbe lac que nous finissons cette balade en famille. Le temps de quelques minutes passées à observer deux pêcheurs lançant leur cuillère à la limite du canal déversoir puis très vite les rares maisons des Bouillouses sont là. Deux navettes sont déjà présentes et c’est avec une belle discipline que tout le monde se plie à leur remplissage respectif en fonction de l’ordre des arrivées. Ainsi se termine cette très belle journée en famille. Oui, il avait raison Jean Ferrat « que la montagne est belle ! ». Telle que racontée ici, cette randonnée a été longue de 9 km pour des montées cumulées de 380 m. Le dénivelé est de 247 m entre le point le plus bas au départ des Bouillouses (1.992 m) et le plus haut sur le petit plateau de l’étang des Dougnes (2.239 m) Carte IGN 2249 ET Font-Romeu - Capcir Top 25.

Description et toponymies des étangs visités - Les lacs supérieurs des Bouillouses

  • Etang ou estany del Viver: Situé à une altitude de 2.139 m pour une superficie de 3 ha et une profondeur de 10 m, c’est le tout premier que l’on découvre sur cette boucle des étangs du Carlit. On le trouve parfois sous la dénomination de Le Vivé ou del Vivé.  La toponymie de ces mots est très simple car bien évidemment elle est à rapprocher du verbe français « vivre » qui a pour origine le latin « vivere ».  Il serait bien trop long d’énumérer ici tous les mots,  noms propres ou de familles qui en sont issus mais en voici quelques uns parmi les plus communs : Vivant, vivier, vivacité, vivoter, Vivès, Vivet, Vivien, Vivern, Vivo, Viviani, etc….Alors reste à savoir pourquoi l’étang porte-t-il ce nom ? On ne peut que faire des suppositions entre le fait qu’il aurait été un vivier à poissons pour les pêcheurs ou bien qu’il aurait été l’étang le plus vivant car son ruisseau est le plus proche de celui des Bouillouses par exemple. On peut je pense éliminer le nom d’une personne.
  • Etang Noir ou Estany Negre : Situé à une altitude de 2.140 m pour une superficie de 4,5 ha et une profondeur de 7 m, sa toponymie est tout simplement due à la couleur de ses eaux engendrée ici par une sombre forêt de sapins qui l’entoure et s’y reflète. Il faut noter que dans les Pyrénées, il y a d’autres lacs ou étangs portant ce même nom de « Negre » et notamment un autre tout proche des Bouillouses au lieu-dit Les Esquits. Pour le différencier du nôtre, ce dernier est parfois appelé Etang Noir d’en Bas. A ne pas confondre donc. 
  • Etang de la Coumasse : Situé à une altitude de 2.160 m pour une superficie de 4 ha et une profondeur de 10 m, sa toponymie d’estany « de la Comassa » signifierait « étang de la grande combe » (Source Wikipédia). On peut faire confiance à cette définition puisque le mot catalan « coma » signifie « combe » et que le suffixe « asse » à souvent une valeur augmentative. Dans la toponymie pyrénéenne, le mot ou nom propre « coume » qui signifie également « combe » est très présent.
  • Etang Sec ou estany Sec : Situé à une altitude de 2.140 m pour une superficie de 2 ha et une profondeur de 7 m, sa toponymie aurait pour origine un îlot rocheux d’une vingtaine de mètres carrés (Source Wikipédia). Toutefois, sa faible profondeur peut également laisser imaginer qu’il aurait connu, sinon une période de totale sécheresse, tout du moins un très bas niveau de ses eaux. Ce constat se vérifie par la couleur vert pâle de ses eaux que n’ont pas les autres étangs et que l’on peut aisément observer sur une vue aérienne (Géoportail).
  • Estany Llat : Situé à une altitude de 2.174 m pour une superficie de 10 ha et une profondeur de 14 m, ce lac constituait à la fin du 19eme siècle le centre d’un domaine piscicole affermé par les frères Aymar, pêcheurs professionnels (source Wikipédia). Sur les cartes IGN, une cabane portant ce nom est le témoignage encore présent de ce passé révolu. D’autres vestiges comme des sillons creusés pour déplacer les truites ou les saumons de fontaine sont encore visibles. Le mot catalan « Llat » signifie « large » et serait une contraction « cerdane » de « llarg » (large) et du mot « plat ». L’estany Llat serait donc large et plat, ce qu’il est en réalité si l’on en juge par l’écart de seulement 1 m entre ses altitudes nord/sud les plus opposées et sur une distance de plus de 300 m.
  • Estany Llong : Situé à une altitude de 2.184 m pour une superficie de 5 ha, son nom de « long » a pour origine ses mensurations : 500 m de long et 170 m de large. Avec un îlot rocheux en son centre et la couleur olivâtre mais plutôt claire de ses eaux, sa profondeur non mentionnée est probablement une des plus faibles de tous les lacs supérieurs des Bouillouses. Une photo aérienne sur Géoportail témoigne de ce constat et il paraît même coupé en deux par une végétation aquatique envahissante. Début d’une eutrophisation ? Je n’ai rien trouvé à ce propos.
  • Etang de Bailleul ou estany de Vallell : Situé à une altitude de 2.230 m pour une superficie de 1,5 ha, il est le plus petit des lacs visités lors de la réalisation de la boucle accomplie. Un peu comme l’étang Llong sa profondeur non mentionnée est probablement très faible. Envahi par de longues plantes aquatiques de surface, sa profondeur ne doit pas excéder 2 à 3 m. Encaissé entre deux crêtes rocheuses, sa toponymie de « Vallell » en catalan ou de « Bailleul » en français a forcément pour origine les mots « vallée » ou « vallon ».
  • Etang des Dougnes ou Estany de Les Dugues : Situé à une altitude de 2.243 m pour une superficie de 3,8 ha et une profondeur de 5 m, cet étang à la particularité de posséder deux déversoirs s’écoulant simultanément vers les bassins de l’Ebre et de la Têt. Cette particularité, il la doit à deux petits ruisseaux. Un premier qui a pour nom « Ruisseau de la Bouque (ou Boca) de Capcir » s’écoulant vers l’étang del Viver qui lui-même se déverse ensuite dans le lac des Bouillouses et donc dans la Têt et un second qui finit par prendre le nom de « Rec de l’Estany » mais seulement après s’être déversé successivement dans les étangs de Bailleul, Llong, Llat et Basses d’en Gombau. Au fil de son cheminement et de multiples ruisseaux affluents, le Rec de l’Estany change de dénominations mais leurs eaux communes finissent leur course dans la rivière d’Angoustrine, elle-même affluent du Sègre et donc sous affluent de l’Ebre, plus long fleuve exclusivement espagnol avec une longueur de 928 km. Selon le toponymiste Robert Aymard, le mot « dugues » ou « dougnes » en français ou « dourgues » en occitan signifierait « trou d’eau ». De très nombreux noms propres commençant ou contenant la racine « dou », ont un rapport avec l’eau (Les noms de lieux en France. Glossaire de termes dialectaux). C’est ainsi qu’en vieux breton le mot « dour » signifie « eau ». En occitan le mot « douts » ou « dotz » signifie « source ». Idem dans la toponymie gasconne où les mots « Doux », « Douch » ou « doutz » sont également une « source ». Et l’on pourrait allègrement rallonger ces exemples.
  • Le lac des Bouillouses : (encatalanEstany de la Bullosa ou de la Bollosa ) est un lac artificiel d'une superficie de 149 ha des Pyrénées, en Haut-Conflent, dans les Pyrénées-Orientales. Le mot catalan « bollosa » est probablement l'adjectif fabriqué « bullosa » dérivant de « bulli » et qui signifie « qui fait des bulles ». En effet, le lac des Bouillouses occupe la partie marécageuse appelée la Grande Bouillouse ou la Bouillouse sur certaines cartes anciennes. La Petite Bouillouse existe toujours, sur la Têt, à 200 m en aval du barrage, appelée « Bolloseta » sur les cartes IGN dans l'édition 2010. En 1896, Emmanuel Brousse mentionne la Bouillouse et la Bouillousette, et appelle les Bouillouses l'ensemble de ces deux lieux. Il ajoute que « la Bouillousette et surtout la Bouillouse sont d'immenses réservoirs naturels dans lesquels il serait facile de retenir les eaux ». (Extraits du site Wikipédia). Pour en savoir plus, rendez-vous directement vers l’encyclopédie libre en cliquant ici.  Le toponymiste pyrénéen Robert Aymard dans son livre « Toponymes Pyrénéens » y voit clairement un rapport avec le mot latin « bulla »  signifiant « bulle », le mot béarnais « boulhou » signifiant « bouillon » et le français « bouillonnant ».
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Le Pic Carlit (2.921m) plus haut sommet des Pyrénées-Orientales

Publié le par gibirando


Le diaporama est agrémenté de la chanson "Honky Tonk Women' interprétée par The Rolling Stones

Avec ses 2921 m, le Carlit est le plus haut mont des P.O mais pas le plus fréquenté, car les Catalans lui préfèrent le mythique Canigou. Mais il est sans hésiter le pic du département où les panoramas sont les plus insolites. De bas en haut, de droite à gauche, le chemin est une constellation de lacs dans une galaxie granitique. Le premier, le plus grand, est celui des Bouillouses (2000 m), enjambez-le pour trouver la sente qui part près des Bones Hores. Les traces jaunes qui signalent le "puig" sont faciles à trouver. En plus, partez sans crainte, à partir du printemps et selon l'enneigement, il y a peu de chance que vous soyez seul à grimper! Le sentier file au nord puis monte vite vers l'ouest en se faufilant dans un vallon. Il zigzague au milieu des "estanys" Nègre, del Viver, Sec, de la Commassa.  A 2200 m, vous atteignez un dôme et le Carlit se dévoile enfin, pas vraiment impressionnant d'ici. Par un petit pont, vous coupez un ru qui fait le lien entre les étangs de las Dugues et de Vallell au nord et Llong et Llat au sud. La sente est plus raide et contourne par la droite un piton rocheux. Vous atteignez un collet, d'autres lacs, et enfin un replat où vous pouvez souffler. A l'ombre du Tossal Colomer (2673 m), la rampe jonchée d'éboulis s'accentue encore. A 2598m, près d'un torrent, vous prenez conscience du chemin parcouru, de la beauté des paysages mais aussi du raidillon à escalader pour vaincre l'objectif. Ménagez vos efforts, grimpez en douceur, marquez bien vos appuis, tentez d'analyser les dangers potentiels (chutes de pierres, névés, etc...) cette dernière portion est plus technique mais ne nécessite pas un savoir-faire spécial. Soyez néanmoins prudents, j'ai vu des marcheurs chevronnés redescendrent sanguinolents! Bien sûr, il faut parfois vous aider autant de vos mains que de vos pieds mais le bonheur d'un spectacle grandiose est là tout près. Arrêts inclus, prévoyez la journée. Carte IGN 2249ET Font-Romeu Capcir Top 25.

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