Eklablog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

jasse

Tour du Capcir - Etape 4 Les Bones Hores aux Bouillouses - Matemale

Publié le par gibirando

 

Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques d'Ennio Morricone qui ont pour titre "Malena", "Il Figlio E La Nostalgia", "Dedica" et "Federico E La Sa Solitudine". Les 3 dernières sont extraites de la compiltation intitulée "Relaxing Moments".

Tour du Capcir - Etape 4 Les Bones Hores aux Bouillouses - Matemale

Tour du Capcir - Etape 4 Les Bones Hores aux Bouillouses - Matemale

Tour du Capcir - Etape 4 Les Bones Hores aux Bouillouses - Matemale

Tour du Capcir - Etape 4 Les Bones Hores aux Bouillouses - Matemale

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

4eme étape – 14 septembre 2013 : du refuge des Bones Hores aux Bouillouses (2.019 m) à Matemale (1.500 m) soit 19,6 km pour un dénivelé de 689 m et des montées cumulées de 771 m. Point culminant à un collet proche du lac d’Aude au lieu-dit Malpas (2.185 m) – Point le plus bas à Matemale (1.496 m).

 

Comme imaginé hier soir, la nuit a été formidablement réparatrice. Je me suis endormi avec uniquement de belles images devant les yeux et aucun cauchemar n’est venu hanter mon sommeil. Après un réconfortant petit déjeuner, nous voilà fins prêts pour cette dernière étape vers Matemale, longue de 19,6 kilomètres selon mes calculs. Au programme, un peu de bitume sur la D.60 puis une « belle » montée jusqu’au Lac d’Aude dans le Malpas, un autre « mauvais passage » que j’espère plus praticable que celui du Madres. En tous cas, celui-ci, je ne le connais pas. Après le lac d’Aude, direction les Angles, en longeant le fleuve éponyme, en passant par le parc animalier et la station de ski du Pla del Mir. Là, direction Les Angles, courte visite de la partie la plus pittoresque de la commune car la plus ancienne puis descente vers le lac de barrage de Matemale puis vers le village où la voiture nous attend. Pour clôturer cette journée, Jérôme et moi avons prévu d’amener nos amis Cathy et Fred aux Bains chauds de Saint-Thomas qu’ils ne connaissent pas. En général, c’est une initiative toujours appréciée de tous après une longue randonnée. Voilà comment j’ai imaginé cette dernière étape après l’avoir analyser à maintes et maintes reprises. Avant de quitter ma chambre d’hôtel, je prends quelques photos des panoramas alentours mais un éblouissant soleil jette ses rayons aveuglants contre les vitres de la fenêtre. A coup sûr, mes photos seront minables mais tant pis et je préfère de très loin cet ardent soleil et ce ciel pur que les gros nuages gris et menaçants du premier jour. 8h 15, nous quittons les Bones Hores. Effectivement, un chaud soleil propulse déjà des rayons étincelants sur le barrage et les eaux de son lac bleuté. La journée s’annonce magnifiquement belle et j’en suis très heureux. Sans doute très chaude aussi, et peut-être même caniculaire et ça j’aime moins. L’itinéraire file sous le long et impressionnant mur de soutènement du barrage. De l’autre côté, nous hésitons quant à la suite du parcours. Il est vrai qu’au sein de quelques maisons et de plusieurs rues et ruelles, nous ne trouvons pas immédiatement le balisage. Il est pourtant là mais peu évident et c’est bien la D.60 qu’il faut emprunter. Quelques chevaux identiques à ceux de la Vallée du Galbe, c’est dire bruns et à crinières et queues blanches, errent sur la route à l’entrée du village. Ils paraissent gentils et donc moins sauvages. Avec un peu de d’appréhension néanmoins, nous leur lançons une main prudente pour les caresser. Pas de doute, ceux-là sont plus dociles et acceptent frontalement les câlins. Il y a longtemps déjà j’avais lu que ces chevaux étaient propres aux Pyrénées catalanes mais je ne jurerais pas qu’il s’agit de cette race-là. De toute manière, j’avais également lu que ceux de race « Pyrénées catalanes » étaient essentiellement élevés pour leur viande, alors en les regardant, je ne préfère pas y penser.  On laisse les chevaux à leurs errements et l’on poursuit la D.60. Dans un virage, un panonceau mentionne « Boucle du lac d’Aude » et pas d’hésitation, c’est bien par là comme l’indique le G.P.S de Jérôme et le mien. Un sentier entre immédiatement en sous-bois puis se poursuit dans une clairière. Il en est ainsi tout au long de cette « bonne » mais régulière déclivité où quelques trouées offrent de beaux panoramas en direction du Carlit et des autres sommets composant son massif.  Les parties plus boisées et les clairières se succèdent jusqu’à un plateau. Une fois arrivés sur ce "pla", le sentier zigzague au milieu de nombreuses tourbières. Ici, les fondrières sont légions mais on ne peut pas dire que le chemin soit mauvais pour autant et l’intitulé de Malpas, c'est-à-dire de « mauvais passage » ne me semble pas vraiment approprié, en tous cas pas sur la portion empruntée. Ici, et en terme de dangerosité, il n’y a aucune comparaison avec ce que nous avons connu au Clos Tort entre le Roc Nègre et le Madres. Le chemin semble descendre vers le lac d’Aude mais n’y descend pas vraiment et le contourne par la droite mais en balcon. Malheureusement, depuis ce balcon, de grands pins obstruent la vue et empêchent toute vision complète du lac. Toutefois, je trouve le coin formidablement joli et rafraîchissant et je me dis que ce lac, source de l’Aude, nécessitera une découverte plus approfondie lors d’une autre venue et d’une balade à programmer, avec peut être une ascension du Mont Llaret (2.376 m) et du Roc d’Aude (2.325 m) qui le dominent. J’ai déjà imaginé et inscrit cette randonnée dans mes tablettes mais sans jamais l’avoir encore programmée. Je me dis que ça viendra bien un jour ! Encore une petite descente dans une verte prairie puis le sentier se stabilise et devient vraiment très agréable car à peu près plane sur une bonne distance. On atteint un étrange bois de pins à crochets. Etrange car de nombreux arbres sont définitivement desséchés. Certains sont encore bien debout mais secs et ressemblent à de véritables squelettes. Ces squelettes, il y en a bien d’autres penchés les uns contre les autres. D’autres gisent à même le sol, telles d’immenses carcasses de géants qu’un monstre encore plus colossal aurait anéanties. Je me demande si la tempête Klaus ne serait pas passée par là en janvier 2009 comme elle était violemment passée dans le Vallespir avant que je n’envisage d'en faire son tour ? Dans ce bois de pins à crochets, la pente s’accentue puis les arbres disparaissent quelques minutes le temps au sentier de traverser un petit cirque verdoyant entouré de hautes falaises schisteuses rougeâtres. Puis le parcours se creuse et se transforme en de larges fondrières et l’on voit bien que lors de pluies diluviennes, le chemin devient torrent. Le sentier devient caillouteux et très pénible car les eaux qui ruissellent ont mis à nu des rochers et d’innombrables racines. Ces roches et ces racines sont lisses et glissantes et chacune d’entre-elles est un obstacle à enjamber ou à éviter. Heureusement cette mauvaise descente se termine sur un large chemin bien plus praticable. Nous sommes à la Jasse de Bernardi comme l’indique un panonceau tout près du refuge éponyme. Finalement, l’itinéraire aboutit sur une large piste forestière. Là, on coupe un étroit et insignifiant ruisseau sur une radier. Ce ruisseau, c’est l’Aude et j’ai du mal à imaginer que ce semblant de rivière d’à peine deux mètres de large et de quelques centimes de profondeur, c’est le même et large fleuve traversant tout un département et arrosant de grandes cités comme Quillan, LimouxCarcassonne ou Trèbes et se jetant dans la Méditerranée aux Cabanes de Fleury. Sa longueur de 224 km et sa puissance sont impensables vu d’ici. Et pourtant ? La piste terreuse devient moins agréable et plutôt lassante. Heureusement, en arrivant au Pla del Buc (Bouc), on se laisse facilement distraire par quelques chevaux que des éleveurs tentent de dresser. Le parc animalier est là et quelques animaux étant visibles à travers le grillage, ça permet d’oublier un peu la monotonie de cette piste forestière qui se termine à la station de ski du Pla del Mir. Là, et même si ce n’est pas et de loin, la cohue de l’hiver, c’est vraiment un retour évident à la civilisation. Les touristes sont déjà plutôt nombreux à cause du parc animalier et de certaines remontées mécaniques fonctionnant en été. Cette civilisation foisonnante et bruyante n’incite pas à un long arrêt, et du Pla del Mir, nous allons faire usage que des rudimentaires toilettes publiques. Elles sont là alors on en profite sans compter pour se rafraîchir à l’eau glacée de leurs robinets. Après le Pla del Mir, le sentier se poursuit en forêt et alors que personne ne s’y attend vraiment, Jérôme, sans prévenir, décide que l’heure du déjeuner est arrivée. Sans doute a-t-il la fringale ? C'est mon cas et je suppose que c'est aussi le cas de Cathy et Fred ? Alors bien évidemment, on stoppe à l’ombre des pins mais sans réel panorama à contempler. On reste là environ 20 minutes puis on repart, toujours dans cette forêt du Senescal où le sentier se faufile exclusivement en descente. La départementale D.32 filant vers les Angles se présente et en bordure de la route un petit panonceau indique clairement la suite du Tour du Capcir. Cette suite traverse la route bitumée et continue en face au travers d’un pré puis en lisière d’une pineraie de pins à crochets. Un deuxième panonceau Tour du Capcir se présente à nouveau : « Les Angles – 0h20  » et « Matemale – 2h15 ». Alors bien évidemment, on poursuit en direction des Angles sur un agréable sentier encadré de pierres sèches et filant la plupart du temps au milieu des prés. Au travers des pins, la cité apparaît très rapidement. Au même instant, le magnifique lac bleuté de Matemale apparaît sur la droite et en contrebas ainsi qu’une piste qui semble y mener. On poursuit encore vers les Angles que nous ne devrions pas tarder atteindre tant la cité semble désormais toute proche. Alors qu’on marche tous tranquillement en file indienne, Jérôme, sans crier gare, quitte le sentier et se met à descendre illico en direction du lac de Matemale. Alors qu’il descend le pré, je le rattrape, l’arrête et l’interroge sur ses intentions. Il me dit que pour rejoindre Matemale, il ne trouve aucun intérêt à faire cette longue boucle menant aux Angles et qu’il a décidé de prendre ce raccourci afin de terminer au plus tôt et de pouvoir au plus vite aller prendre un bain à Saint Thomas. J’ai beau lui indiquer que nous avons tout notre temps, que le programme est prévu ainsi et que le vieux village des Angles mérite le détour, rien n’y fait, et il décide de poursuivre ce raccourci tout en descente. J’avoue que je suis un peu désabusé , non pas que je tienne à aller aux Angles, que je connais déjà, mais je trouve dommage que Cathy et Fred n’en profitent pas. Enfin, je me dis que c’est à eux trois de décider et comme Cathy et Fred semblent acquiescer le choix de Jérôme, je me plie et me rallie à la majorité. Cette descente inattendue traverse d’abord des prés, longe une pineraie puis file direct au milieu de tourbières asséchées. Dans ce dédale peu praticable car complètement bosselé, les mottes de laîches ont rapidement raison de mon genou droit. Pas de doute, voilà  une vieille tendinite qui vient de se réveiller. Finalement après avoir enjambé une clôture, nous retrouvons une piste bien plane et l’itinéraire du Tour du Capcir. Bien que je n’apprécie pas cette entorse à l'itinéraire initialement programmé, force est de reconnaître qu’il s’agit d’un vrai raccourci, nous ayant fait gagner au moins deux kilomètres et un temps de marche certain. La piste terreuse est tellement plane que je peux me permettre de compenser très facilement la tendinite qui vient de s’éveiller, me fait quand même un peu mal et de ce fait me fait légèrement claudiquer. La piste longe le lac puis s’en rapproche jusqu’à atteindre le centre équestre, la base nautique, la belle forêt de la Matte et enfin le barrage. Ici, je retrouve le petit circuit que j’avais réalisé en 2006 avec Dany et dont les objectifs principaux avaient été la Tour de Creu, la forêt de la Matte et le barrage. On traverse le barrage, ce qui nous permet d’avoir une vision certes synoptique mais presque à 360 degrés du parcours réalisé sur ce Tour du Capcir. D’ici, on peut presque en tournant sur nous-mêmes voir ou au pire imaginer les lieux cheminés.  Quelques dernières photos de notre groupe sur le barrage et l’arrivée n’est plus qu’à 1,6 km comme l’indique un tout dernier panonceau. Le sentier s’éloigne du barrage en descendant vers la centrale électrique, traverse un petit bout de prairie et aboutit sur l’asphalte surchauffé de la D.118 puis de la D.52. Si la canicule qui règne fait fondre l’asphalte, dégageant une odeur âcre, ce n’est pas cette effluve qui me chagrine le plus. Non, ce qui me chagrine, c’est que ce parcours se termine déjà. Je suis toujours attristé de voir se terminer ce que j’ai aimé, même si je sais me faire une raison. Sentiments confus, je suis à la fois triste d’en terminer et heureux d’avoir parcouru ce merveilleux Tour du Capcir. Comme sur tous les tours précédents que j’ai accompli, une ou deux étapes supplémentaires ne m’auraient pas dérangé. La D.52 nous amène directement à Matemale en longeant l’Aude qui n’est encore ici qu’un étroit ruisseau de deux à trois mètres de large tout au plus. Toutefois, son lit est plus profond et ses ondes plus vives, mais c’est sans doute normal au pied du barrage qui en déverse ses eaux. Un cheval blanc est là sur l’autre rive de la rivière. Il baisse la tête puis la relève et semble aussi déconcerté que moi selon les postures qu’il adopte. Il paraît vieux, à moins qu’il ne soit que seulement las de cette température quasiment caniculaire. Les maisons de Matemale sont déjà là, son étonnante « Campanette », étrange chapelle car étroite et toute en hauteur, telle une tour, sa belle église avec son clocher lombard en fer forgé et voilà quelles sont les dernières visions que je garderais ce merveilleux Tour du Capcir. Il se termine ainsi et sous un soleil magnifiquement radieux. Un dernier virage et le parking d’où nous sommes partis apparaît juste un peu plus haut. Ma voiture est encore là et on va tous pouvoir aller « piquer une tête » dans les bains chauds de Saint Thomas. Une eau très fraîche serait peut-être préférable ? Enfin, nous verrons bien ! Un chose est certaine : mon bonheur va encore se poursuivre pendant quelques heures. Enfin, c’est le cas pour moi. Ce bien-être, je suis conscient de le devoir à Jérôme et à ses amis qui ont accepté ce « challenge » de venir marcher avec moi. Je la dois à Blek le Roc qui est sorti de ma mémoire comme un beau papillon sort de sa chrysalide. Je la dois à ma mère qui n’aurait jamais imaginé l’impact que ce personnage de bandes dessinées aurait sur les vertus et les passions de mon existence. Alors c’est décidé, ce récit je vais l’intitulé « La Balade de Blek le Roc ou le Tour du Capcir en 4 jours.

 

Selon mes calculs et tel qu’expliqué ici, ce Tour du Capcir a été long de 79,6 km pour des montées cumulées de 4.556 m. Le point culminant a été Le Madres à 2.469 m. Après avoir accompli ce tour et grâce aux nombreux refuges gardés ou non gardés que j’ai pu observer, je me suis dit que ce parcours est parfaitement réalisable de diverses manières et donc avec divers points de départ. Il me paraît donc utile de vous donner la liste de ses principaux refuges dont vous trouverez aisément les caractéristiques sur Internet et auxquels il faudrait rajouter les gîtes d’étapes présents dans les différentes communes traversées ou approchées que sont Matemale, Puyvalador, Rieutort,  Fontrabiouse, Espousouille, Les Bouillouses, Les Angles et à un degré moindre sur le plan éloignement avec Odello, Réal, Vilanova et FormiguèresLes Estagnols au col de Sansa, la Maison pastorale du Pla de Gril, le refuge de la Font de la Perdrix, le refuge Oller, le refuge de Becet, les barraques de la Jacette et celle de Jasse de la Llosa, refuge des Camporells, refuge de la Balmette, abris de la Jasse de Bernardi et du Pla del Buc. Renseignez-vous bien sûr quant à leur utilisation possible et de quelle manière. Je fais volontairement abstraction de quelques orris habitables mais vous les trouverez sur l’excellent site : Pyrénées-refuges.com. Le site Refuges.info est également super ! A l'aide de ce récit et des renseignements fournis, vous n'aurez, je l'espère, aucun mal à marcher dans nos pas ! Ce récit est aussi fait pour ça !

 

Nota : Au cours de ce Tour du Capcir, j'ai beaucoup pensé à ma mère car j'ai fini par comprendre que c'était bien grâce à elle que j'avais acquis cette passion pour la randonnée pédestre et la Nature. J'ai donc voulu lui rendre hommage au travers de ce poème. Elle est décédée en novembre 2014, un peu plus d'un an après.

 

Merci Blek le Roc et merci maman.

 

C’est maman en cachette qui achetait Kiwi,

Et qu’elle prenait soin de mettre dans mon lit.

Blotti dans la douceur des chaudes couvertures,

Je dévorais sans bruit le « Comics » d’aventures.

 

Il y avait Ranger, Zembla ou bien Zagor,

Mais de tous ces héros, Blek était le plus fort,

Parmi tous ces géants,  c’était ma préférence,

Je mettais dans ses traces les pas de mon enfance.

 

Blek était grand et fort et dur comme une table,

Mais il tenait pourtant au fond de mon cartable.

Dans mes jeunes années, il m’a tout inculqué,

L’honneur et le respect, l’esprit de liberté.

 

Je préférais le Blek et délaissais le Bled,

Et lui seul en français survenait à mon aide.

Et en ce jour encore, si j’ai le goût d’écrire,

Blek m’a offert aussi cette passion de lire.

 

Le trappeur intrépide pourchassait les Anglais,

Et il n’avait de cesse que de les déloger.

Sa principale action, faire de la résistance,

Et j’ai gardé de lui ce penchant de constance.

 

Du Nord de l’Amérique qu’ils voulaient dominer,

Sans partage, sans vergogne et trop d’autorité.

Blek ne pouvait souffrir cette morgue des Rouges

Et avec lui c’est sûr, il fallait que ça bouge.

 

Des français, des indiens, il était leur ami,

Fidèle à ses principes et au jeune Roddy.

Ces combats à poings nus durs comme des blocs,

C’était là la raison de son nom Blek le Roc.

 

Enfant j’ai adoré ce héros d’aventures

Qui m’a donné en sus le goût de la Nature,

Et si je lui dois tout à toutes les époques,

Je dis Maman merci et merci Blek le Roc

 

Fin du Tour du Capcir, lien pour retourner à la page d'accueil.

Partager cet article
Repost0

La Carrière de talc de Caillau (1.645 m) depuis le col de Jau (1.506 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques jouées à l'harmonica qui sont successivement : "Michèle" par Robert Jassen, puis "A Star Is Born Theme", "Emmanuelle 2' et "Ben" par The London Starlight Orchestra.
CARRIERECAILLAUIGN

Je ne compte plus le nombre de fois où dans ce blog, j’ai évoqué la carrière de talc de Caillau et pourtant, en y regardant de plus près, je me suis aperçu que jamais je ne vous l’avais faite découvrir, ni dans un article, ni dans aucune de mes photos. Alors, avec cette petite balade à partir du Col de Jau (1.506 m), je répare cette lacune mais je l’avoue c’est un peu le hasard qui l’a voulu ainsi. En effet, en ce jour de janvier superbement ensoleillé, Dany et moi, nous étions partis avec l’idée première de faire l’ascension du « Pic Dourmidou en raquettes » mais si le soleil était très présent ce jour-là, sans doute l’avait-il été suffisamment les jours précédents pour qu’il n’y ait plus aucune trace de neige ni au sommet et encore moins sur ses flancs. En effet, quand nous arrivâmes au Col de Jau, notre objectif du jour ressemblait plus au pic débonnaire et pelé qu’on a l’habitude de voir en plein été qu’à cette grosse coupole blanchâtre où nous étions déjà venus faire des raquettes lors d’hivers précédents et qu’on est en droit d’attendre un 22 janvier ! Il faut reconnaître que voir le sommet de Dourmidou avec ses 1.843 mètres d’altitude ainsi que ses flancs sans la moindre plaque de neige est assez rarissime en cette saison pour être signalé. Depuis Perpignan, le déplacement jusqu’au Col de Jau étant conséquent et l’heure étant déjà bien avancée, il était donc important de prendre une décision rapide quand au choix à retenir : soit nous grimpions au Dourmidou sans raquettes, excursion qui ne semblait pas avoir la faveur de Dany soit nous options pour une autre solution. C’est ainsi qu’a germé le projet d’aller balader jusqu’à la carrière de talc de Caillau. Cette idée de découverte étant aussitôt entérinée, nous avons harnaché nos sacs à dos et avons pris immédiatement la piste forestière qui file en direction du refuge. Connaissant le parcours et la faible distance à parcourir, je savais que nous pourrions flâner plus que de raison et c’est donc avec un train de sénateur que nous partîmes à la découverte de l’ancienne carrière. Cette agréable flânerie à travers la superbe forêt de Lapazeuil fut, il est vrai, encore très ralentie par les nombreuses et importantes plaques de glace qui recouvraient la piste dans les endroits les plus ombragés. Plus nous avancions vers le refuge et plus les parties gelées et parfois même enneigées se faisaient plus courantes et pénibles d’autant que nous n’avions pas de crampons à glace sous nos chaussures et que nous avions cru bon de laisser nos raquettes dans le coffre de la voiture. Sur ce terrain extrêmement glissant, il nous fallut trois quarts d’heures pour atteindre le refuge dont je gardais personnellement un excellent souvenir pour y avoir séjourné en 2007 lors de mon inoubliable Tour en solitaire du Coronat. Je garde encore en mémoire et je dirais presque en bouche, les succulentes lasagnes qu’Armelle nous avait confectionnées ce soir-là et je me souviens en souriant avoir peu dormi à cause des ronflements assourdissants de mes compagnons de chambrée. Mais revenons à notre balade pour dire que la suite de notre marche en forêt ne fut guère meilleure même s’il est vrai que le tronçon qui surplombe la magnifique Jasse de Caillau est un peu plus ensoleillé. Plus nous montions vers la carrière et plus les petits névés de glace ou de neige étaient plus nombreux et plus épais. Aussi, avant de quitter la piste et de partir à la découverte de la carrière, nous avons profité d’un coin magnifiquement ensoleillé pour pique-niquer. Quand le casse-croûte fut avalé et l’heure de la visite de la carrière de talc arrivée, Dany trouva que le sentier qui y mène était bien trop verglacé et donc dangereux pour poursuivre. Nous avons bien tenté d’y accéder par les hauteurs en poursuivant la piste mais la carrière est inaccessible car elle a été complètement grillagée par mesures de sécurité. Laissant Dany au soleil, je partis donc tout seul à la découverte de la vieille carrière en longeant le petit ruisseau qui semble y prendre sa source en hiver. Ce ru parait finir sa course un peu plus bas dans la rivière de la Castellane. J’ai donc tenté l’aventure en suivant le filet d’eau dont les berges étaient de vraies patinoires et j’ai fini par atteindre l’ancienne mine d’extraction à ciel ouvert qui en cette saison, ressemblait à un véritable petit glacier. En voyant ce modeste cirque terreux jonché de rochers, de pierres, de bois et de glace, je ne pus m’empêcher de penser à un sérac en miniature tels qu’on peut en voir au pied de certains grands glaciers alpins. Devant ce décor âpre et difficile, on comprend mieux pourquoi, l’exploitation n’était possible qu’à partir des premiers beaux jours. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’évoquer dans ce blog, la carrière de talc de Caillau a toujours été étroitement liée avec le Domaine de Cobazet (*), situé un peu plus bas. Ici la société Chefdebien a commencé à extraire de la stéatite en 1885 mais il semble que le filon était déjà parfaitement connu et exploité bien antérieurement. La stéatite est une roche tendre composée presque essentiellement de talc, talc qui une fois mélangé à du sulfate de cuivre donne de la sulfostéatite cuprique. Cette poudre fabriquait dans l’usine Gibraltar de Prades était plus connue sous le nom de « Bouillie catalane » ou « Poudre Chefdebien ». Autant dire qu’à la fin du 19eme siècle, cette poudre tombait à pic, car en 1879, le mildiou de la vigne venait juste d’être identifié pour la première fois dans le vignoble bordelais. Cette poudre eut donc ses grandes heures de gloire car elle était censée lutter très efficacement contre le mildiou de la vigne et autres maladies cryptogamiques en général. Toutes ces informations, je les ai recueillies sur Internet dans la très intéressante Histoire de Mosset. Cette Histoire nous apprend que le talc aurait été exploité jusqu’à l’année 1972 et l’ensemble des activités de l’usine s’arrêta définitivement en 1975. Au cours de toutes ces années d’extraction, le transport du talc a été effectué de diverses manières vers des lieux de cette belle montagne qui sont devenus aujourd’hui des objectifs de balades. J’ai déjà eu l’occasion d’en décrire quelques-uns dans mon blog. Outre Caillau où se trouvent la carrière et l’ancienne maison des mineurs, aujourd’hui transformée en refuge pour randonneurs, le nom de ces lieux déjà décrits sont Canrec, Cobazet, Estardé et les cols de Tour ou de las Bigues. En effet, depuis la carrière, le talc traversait le superbe forêt de Canrec puis via le col de Tour partait jusqu’au lieu-dit Cobazet où se trouve la métairie. Ensuite via le col de Las Bigues, le talc filait jusqu’à Estardé où se trouvait une gare de transit. Depuis Estardé, le talc était ensuite acheminé vers Campôme à l’aide de bennes suspendues à des câbles. A Campôme, des charrettes tirées par des chevaux amenaient le talc jusqu’à la fabrique de poudres de Prades. Tous les moyens de transports ont été bons, mules, chevaux, bœufs, hommes, charrettes, mais très rapidement, un petit train tracté par une locomotive Decauville fit le trajet entre Cobazet et Estardé, puis la ligne fut mise en service jusqu’à la carrière. Au fil des années, le Baron de Chefdebien puis ses successeurs tentèrent de moderniser les infrastructures pour gagner du temps et transporter plus de minerais et ainsi d’autres moyens de transports plus récents et plus rapides furent mis en service. A Cobazet, on éleva de grands pylônes et par des systèmes de bennes suspendues à des câbles, le talc était descendu beaucoup plus rapidement vers la vallée de la Castellane au lieu-dit la Farga de Dalt (la Forge Haute). Là, le talc était réceptionné et des camions l’amenaient à l’usine de Prades. C’est ainsi que très rapidement la Gare d’Estardé ne servit plus à rien, tomba en désuétude et très rapidement en ruines. Quand on vient à la carrière de Caillau et dans ces lieux en général, il faut avoir une tendre pensée pour tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont travaillé dur et qui ont vécu cette difficile aventure de l’exploitation du talc. Il y eut une main d’œuvre très diverse (mineurs, cheminots, jeunes volontaires, prisonniers de guerre, immigrés,etc…)  et si vous avez envie d’en savoir plus, je vous recommande vivement la lecture des excellents récits de Monsieur Jean Llaury et de certains de ces collègues que vous trouverez dans plusieurs numéros du Journal de Mosset- JDM (Histoire de Mosset). Si comme moi et sans être un vrai spécialiste de la minéralogie, vous aimez bien garder quelques  "souvenirs" de vos balades, ici à la carrière de Caillau, vous pourrez, outre la stéatite, trouver quelques minéraux intéressants. Après la découverte de la carrière que je vous conseille d’approcher à une autre saison que celle que j’avais presque involontairement choisie, il suffit de reprendre le même chemin jusqu’au col de Jau. Selon mon GPS, cet aller-retour fait moins de 10 kilomètres pour un modeste dénivelé de 120 mètres. Si malgré mes conseils, vous devez y aller en hiver, comme ce fut le cas pour nous, pensez à vous munir de crampons à glace et éventuellement de raquettes si la neige est abondante. Monsieur Llaury et ses collègues proposent une autre balade en boucle pour se rendre à la carrière de Caillau et ils semblent d’ailleurs conseiller le printemps comme meilleure saison, car selon eux une magnifique flore très variée y est présente dans l’amphithéâtre même de la mine à ciel ouvert. Alors patientez encore un peu, le printemps arrive  ! Carte IGN 2249 ET Font-Romeu et 2248 ET Axat-Quérigut Top 25.

(*) Si l'histoire du Domaine de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.

Partager cet article
Repost0