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Le Pic Dourmidou en été (1.843 m) depuis le col de Jau (1.506 m)

Publié le par gibirando

Diaporama sur la musique "Longtime" de Reman

Le Pic Dourmidou en été (1.843 m) depuis le col de Jau (1.506 m)

Le Pic Dourmidou en été (1.843 m) depuis le col de Jau (1.506 m)

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Savez-vous qu’en allant gravir le pic Dourmidou (*) vous montez dans un dortoir ? Original non ? Et pourtant c’est la vérité, sauf que les puristes de la toponymie rajouteront qu’il s’agit d’un «  dortoir pour animaux ». Eh oui ! « Dourmidou » en occitan et « Dormidor » en catalan signifie « dortoir » et on peut étendre la traduction à tous les lieux destinés au sommeil : chambre à coucher, chambrée, chambrette. En ce 18 août 2016, c’est le modeste challenge que Dany et moi nous sommes fixés : grimper au Dourmidou. Sans tente et donc sans l’idée d’aller y dormir, encore que par grand beau temps et sans vent, l’idée ne doit pas être si saugrenue que ça.  Ce n’est pas le cas en ce moment. Depuis Urbanya, nous sommes descendus sur Prades puis nous avons pris le route de Mosset et filons vers le col de Jau avec un seul but : partir gambader en montagne. Notre choix c’est porté sur le pic Dourmidou, à cause de sa proximité depuis Urbanya et du peu de temps que nous voulons consacrer à la marche aujourd’hui car en ce moment la météo est capricieuse. Le Dourmidou est une montagne très arrondie et à la végétation rase que les anciens appelaient « Tuc ». Rien à voir avec le gâteau d’apéritif bien connu, ce mot gascon, et donc occitan, présentant l’avantage de définir en une seule syllabe une hauteur arrondie dans un paysage plat.  Une bosse tout simplement. « Tuc de Dourmidou » disait-on ou écrivait-on alors au 19eme siècle. La veille, il y a eu de très violents orages et après Mosset, quelle n’est pas notre surprise de constater que le bitume de la route devient de plus en plus vert, un peu comme si l’on avait passé une tondeuse sans ramasser l’herbe coupée.  En réalité et y regarder de plus près, il s’agit d’innombrables feuilles que la violence d’une pluie de grêlons a mâchouillé et mis à terre.  Quelques virages plus tard, l’étonnement s’amplifie encore d’un cran, car dans les endroits les plus ombragés il y a d’épais névés. Notre arrivée au Col de Jau confirme ce que nous pensons : « ce n’est pas de la neige, mais d’énormes grêlons que le vent a amoncelé sous forme de petites congères ». Sur les pelouses, toutes les ornières ombragées sont remplies de ces amas de glace. Malgré la quinzaine d’heures qui s’est écoulée depuis et un soleil bien présent, certains grêlons ont encore la taille d’une balle de ping-pong. Nous nous mettons en route, non pas par le chemin classique et un peu barbant consistant à suivre la clôture rectiligne se terminant au sommet du Dourmidou mais en tentant de refaire le même itinéraire que nous avions emprunté lors de notre dernière ascension. C’était il y 10 ans. En mars 2006 exactement. Nous avions entrepris de monter en raquettes au sommet en effectuant une boucle pour profiter au maximum d’une neige immaculée.  Nous ouvrons un portail donnant sur un enclos dans lequel quelques chevaux nonchalants se serrent les uns aux autres. Ils paraissent tenir un conciliabule à moins qu’ils ne dorment debout car aucun ne se retourne malgré notre présence. Un seul se tient à l’écart des autres dans une attitude très étonnante et cocasse. Il se roule par terre les quatre fers en l’air comme quelqu’un qui est « mort de rire ». Une photo de ce moment « rare » et on laisse le « dada gaga » à ses délires en empruntant la piste herbeuse qui file vers l’ouest. Elle est parallèle à la D.84 et file vers le lieu-dit la Devèse sur la carte où elle se termine. Je suis assez surpris car les fleurs sont rares mais les papillons plutôt nombreux, sans doute grâce à la clémence de la météo aujourd'hui. Le secteur du Dourmidou est très prisé des botanistes pourtant les fleurs se résument à quelques chardons et carlines et aux roses callunes, de loin les plus nombreuses. Sans doute, la saison est-elle déjà trop avancée. La plupart des papillons qui volètent ont clairement soufferts eux aussi des orages de grêle. Leurs ailes sont meurtries et leurs couleurs sont devenues ternes. La plupart, les ailes déchiquetées ne méritent pas une photo. Je sélectionne. Le chemin entre assez vite dans un bois de grands conifères, se met à tourner vers le nord avant de se terminer dans un fatras de gadoue et de branches cassées. Il y a un ru boueux qui s’écoule au milieu de tout ça. Je ne reconnais plus le parcours pris il y a 10 ans en raquettes. Nous enjambons le monceau de branchages et continuons sur un sentier plutôt évident qui finalement sort très rapidement du bois. Devant nous, il y a une lande assez pentue mais à la végétation rase et après un coup d’œil sur mon bout de carte IGN, je prends la décision de la traverser en diagonale mais tout en montant sur la butte qui se trouve sur notre droite. Un chevreuil qui devait dormir dans des genêts se lève brusquement et s’enfuit en direction de  la forêt qui se trouve en contrebas. Au vol, je réussis à le photographier avant qu’il ne l’atteigne. C’est marrant car à cet instant, je me mets à penser au « dortoir pour animaux » et je me demande si d’autres chevreuils y dorment encore à  cet instant. Au milieu des callunes fleuries, des ras genévriers et myrtilliers, la marche est néanmoins peu aisée et en tous cas, elle l’est beaucoup moins qu’avec la neige et les raquettes. Le paysage qu’on pense pelé et facilement praticable de loin est trompeur quand on a les pieds dans cette végétation compacte. Un vautour fauve vient aux nouvelles mais poursuit son chemin vers des carcasses moins animées que les nôtres. Au fur et à mesure que l’on s’élève, les vues s’entrouvrent sur un large vallon descendant des premiers flancs du Dourmidou. Au plus haut de la butte, nous tombons sur une sente clairement tracée par les nombreux troupeaux qui fréquentent les lieux. On les appelle parfois « caminoles ». Dans les endroits glaiseux et encore humides, on y distingue clairement les empreintes de nombreux sabots mais ceux aussi de quelques pas humains. C’est encourageant. Sur une belle distance, le cheminement devient aussitôt plus facile mais à force de rencontrer d’autres sentes aussi étroites les unes que les autres, on ne sait plus laquelle il faut emprunter. Dany décide de continuer l’ascension, c'est-à-dire vers l’est,  alors que je suis plutôt partisan de partir vers le nord. Je sais qu’en partant plein est, nous retrouverons très vite et inévitablement les clôtures que j’ai voulu éviter au départ. De plus, et au regard de la configuration du terrain, en partant vers le nord, je sais que d’autres panoramas sur l’Aude se dévoileront bien plus vite et plus amplement sur les plus proches d’entre eux. On se sépare, mais je garde toujours un œil sur elle, montant doucement mais sûrement en diagonale. Je vois que peu à peu elle fait de même et finalement à force d’avancer plutôt à l’oblique, nous nous retrouvons un peu plus haut sur un chemin bien plus large. Compte tenu des profondes ornières, nous n’avons aucune peine à imaginer que des véhicules à moteur l’ont empruntée avant nous. Sans doute des tracteurs ou des véhicules tout terrain. Nous passons au pied d’une zone rocheuse occupée par des passereaux. Je me mets aussitôt en quête de les photographier et la première tentative est la bonne car apparemment les roches et les quelques genévriers qui y poussent à proximité constituent leur habitat. Ils ne semblent pas vouloir s’en éloigner. Ce sont tous des Tariers.  Le terrain s’aplanit enfin et on choisit une fois encore la sente la plus évidente. Elle tourne vers l’est, continue sur le plat puis descend un peu avant de s’élever nord-est et très clairement le plus directement possible vers le sommet qui est droit devant nous. Ici, la montagne est une mer mauve colorée par les innombrables callunes. Quelques animaux blancs, groupés en troupeau, s’y détachent au loin, pas plus grands que des têtes d’épingles. Pourtant, dans cette flore qu’on pourrait penser essentiellement violine et rose, j’y découvre un plant de callunes blanches (**), variété jamais observée jusqu’à ce jour. On s’engage dans cet océan végétal sur des caminoles qui partent en tous sens mais c’est trop vite oublier que les flancs de cette montagne,  que nous avions gravi en raquettes sans qu’aucune végétation ou presque nous gêne,  sont coupés de quelques ruisseaux et donc jonchés de tourbières voire de zones carrément marécageuses. Pour avancer, ça devient parfois une vraie galère. Un parcours du combattant dans le pire des cas. Des chevaux, eux, y gambadent pourtant sans aucune difficulté. A force de marcher dans la flotte et la boue, d’enjamber de petits ruisseaux, de contourner des sources ou de simples résurgences que les pluies d’hier ont engendrées, de se fourvoyer dans les fondrières et les mottes de laîches, nous déviions peu à peu de l’itinéraire le plus direct. Finalement, à moins d’un kilomètre du but ultime qu’est le sommet du Dourmidou, la fameuse clôture, à laquelle par entêtement j’ai voulu échapper, est là à quelques mètres seulement. Nous l’enjambons et la suivons désormais mais Dany en a « plein les pattes » et décide que l’heure du déjeuner a sonné. Pour elle, elle est d’autant plus arrivée que le ciel s’est obscurci de gros nuages gris. Ils arrivent du Massif du Madres et de celui du Coronat poussés par un modeste carcanet. Au loin, quelques nuages en panache s’échappent du pic du Canigou, un peu comme si un Indien procédait à des signaux de fumée. Au dessus de nous et dans un ciel coupé en deux ; azur vers le Dourmidou et gris vers le col de Jau, des rapaces tournoient dans le ciel en poussant des cris aigus. Il y en a clairement de deux espèces différentes. Une buse variable sans doute car d’un brun plutôt sombre et l’autre probablement un milan royal car bigarrée de marron et de blanc. Les deux font des vols stationnaires à peu de distance l’un de l’autre et c’est le meilleur moment pour les photographier avec des clichés rapprochés et en rafales, en croisant les doigts qu'il y en est quelques uns de bons.Tout en mangeant, Dany m’avoue qu’elle n’ira pas plus loin. Un peu par crainte d’un « rouchat » et beaucoup par fatigue. Je n’insiste pas. Je lui demande de m’attendre, de garder mon sac à dos et je pars pour un rapide aller retour vers le sommet. Là-haut, à 1.843 m d’altitude, je découvre le gros cairn matérialisant le pinacle. Je ne lambine pas. Le temps de jeter un coup d’œil à 360° et de prendre deux ou trois photos et je redescends à tout berzingue sous un ciel qui se gâte de plus en plus avec de gros nuages gris qui se rapprochent. J’ai quand même pris le temps d’observer bon nombre de lieux déjà cheminés : Pech de Bugarach, des Escarabatets, de Fraissinet, Pelade, Sarrat Naout, Pic Roussillo, pour ne citer que les plus remarquablement visibles sur les flancs nord-est. Je retrouve Dany. Nous amorçons la descente en suivant « l'interminable » clôture et sans pratiquement s’arrêter. Je ne met le frein que pour quelques photos : fleurs, papillons, oiseaux, bovins et paysages en pensant qu’ils seront toujours les bienvenus dans mon futur diaporama. Sur le parking du col de Jau, pendant que Dany s’emploie à son activité préférée qu’est la conversation, ici avec un couple de touristes, je pars pratiquer une des miennes, la photo.  Fleurs, stèle, croix pattée sur une roche et encore et toujours des papillons que la menace d’orage ne semblent pas effrayer. Alors, j’ai envie de leur crier « partez, sinon vous ne résisterez pas à un autre orage de grêlons ! » mais ils sont trop occupés à butiner. Alors nous laissons les papillons à leur aventureux butinage et quittons le col de Jau, direction Urbanya où nous passons les vacances. Sans doute, savent-ils déjà que la grêle ne retombera pas de sitôt !  N’ayant pas d’informatique à Urbanya, je n’ai pas pu réaliser de tracé G.P.S, l’itinéraire proposé sur la carte I.G.N n’est donc qu’approximatif. Je précise toutefois avoir fait en sorte qu’il soit le plus proche de la vérité en visionnant des vues aériennes sur Géoportail et en réalisant le tracé à partir de ces observations. Je considère que le parcours réalisé est long d’environ 8 à 9 km pour un dénivelé de 337 mètres (1.506/1.843). Les montées cumulées sont estimées à 540 mètres. Cartes I.G.N 2248 ET Axat – Quérigut – Gorges de l’Aude – 2348 ET Prades – St-Paul-de-Fenouillet et 2249 ET Font-Romeu – Capcir Top 25.

 

(*) Le « Dourmidou » ou « Dourmido » c’est également le « Dormidor » , dénomination que l’on retrouve du côté de Matemale avec le pic et le col del Dormidor à respectivement 2.042 m et 1.939 m d’altitude. Tous sont des déverbatifs du verbe « dormir » signifiant un « dortoir » et ça quelque soit les langues,  ici catalanes ou occitanes en l’occurrence. L’explication retenue pour ce sommet est qu’il s’agirait d’un dortoir pour animaux. « C’est le sommet où se repose le bétail en estive. Là- haut, des clôtures frontières contiennent en pâturage les bovins qui ont tendance, sous le soleil, à se regrouper sous les rares végétations » peut-on lire dans le numéro 61 du Journal des Mossétans (toponymie du nom « jau » dans ce même numéro) que l’on trouve sur le Net. Il faut savoir que le Dourmidou constituait aussi un lieu de passage et donc de repos pour les troupeaux qui se rendaient en estive vers le Massif du Madres, vers la Jasse de Callau ou vers Cobazet peut-on lire dans un autre vieux texte. C’est encore le cas de nos jours au regard de ce que j’ai pu lire.

(**) Callune blanche (Calluna vulgaris) : Si j’en crois le site Tela botanica, le réseau de la botanique francophone et bible des botanistes internautes, la callune blanche n’est pas censé exister à l’état sauvage. Pourtant de nombreux plants ont déjà été observés un peu partout en France. Le plus souvent, ces quelques pieds sont aperçus au milieu d’une population mauve ou rose et de ce fait, les avis sont partagés entre albinisme, accident génétique et mutation spontanée. En tous cas, pas de doute, le pic Dourmidou recèle cette jolie rareté. Il faut simplement espérer que les nombreux animaux domestiques ou sauvages qui fréquentent cette montagne ne les dévoreront pas car la callune est un fourrage naturel.

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Le Refuge de Callau (1.537 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques du groupe Secret Garden qui ont pour titres et sont successivement interprétées par "The Song From The Secret Garden" par Stjepan Hauser (violoncelle) et Filip Sljivac (piano), "Sometimes When It Rains", "Illumination" et "Home" par Secret Garden et " The Song From The Secret Garden" par Tuấn Huy
REFUGE-DE-CALLAU
REFUGECALLAUIGN
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Urbanya. Lundi 13 avril 2015. 7h30. La première image que j’ai à mon réveil c’est celle d’un ciel bleu azur sans nuage alors que je fais face à un Canigou superbement enneigé. Voilà deux jours que je bosse comme un malade pour remettre en forme mes modestes jardins potagers que des travaux de réfection de ma façade ont laissé complètement pitoyables.  C’est la seule manière que j’ai trouvée pour tenter de rattraper l’arrivée du printemps. Travaux de terrassements, terrasses en espaliers avec murets en pierres sèches, bêchage, épierrement et désherbage, préparation des sillons, etc….tout est presque fin prêt pour recevoir les plants et les graines déjà choisies. Aujourd’hui, j’ai décidé de faire un break et de partir randonner. Une grande et belle balade comme je les aime, en pleine nature, au cours de laquelle je vais côtoyer de superbes forêts, des prairies verdoyantes, des petits ruisseaux aux eaux limpides avec cet espoir intense d’approcher la faune sans trop la déranger. Une balade en solitaire et donc dans le calme, la sérénité, sans stress et avec mon flegme habituel, qui par habitude, guide mes pas. En raison de douleurs persistantes aux hanches et de la distance que j’ai décidé de parcourir, pas question pour Dany de m’accompagner alors qu’il lui faudrait accomplir plus de 28 kilomètres pour réaliser cette boucle que j’ai programmée jusqu’au Refuge de Callau en passant par le col de Tour, Canrec et les flancs de la Rouquette. Bien sûr, rejoindre le Refuge de Callau à partir d’Urbanya, ce n’est ni la plus simple ni la plus courte des manières mais je sais ce qui m’attend. En réalité, je suis venu de multiples fois à Callau (**) mais le plus souvent à partir du col de Jau et la dernière fois, c’était ce « fameux » 29 septembre 2012 lors de la « Marche pour la libération du Madres » dont le propriétaire Groupama voulait interdire l’accès. Depuis, et or mis le fait que Groupama ait fait marche arrière puis ait accepté de laisser libre l’accès à son immense domaine montagnard de 2.000 hectares, j’avoue que je n’ai plus vraiment de nouvelles ni du collectif qui s’est crée autour de ce mouvement et encore moins du refuge dont je sais qu’il est fermé depuis quelques années. D’après un article lu dans le Journal de Mosset, il n’est, paraît-il, plus aux normes européennes. Ah l’Europe ! Ah les normes ! Voilà deux sujets sur lesquels il y aurait tant à dire et à débattre ! Moi, la seule fois où j’ai logé et mangé au Refuge de Callau, c’était lors de « Mon Tour du Coronat » de l’été 2007 et le moins que je puisse en dire, c’est que j’en garde un souvenir « fabuleusement » impérissable. Alors, les normes, j’avoue que je m’en fous un peu et en randonnée, loin s’en faut, il m’est arrivé de dormir dans des lieux bien plus exécrables que celui-là. C’est assez marrant mais quand je repense au Refuge de Callau aujourd’hui, deux anecdotes cocasses me reviennent en mémoire : les délicieuses lasagnes d’Armelle, la gardienne du refuge et les chevaux de la Jasse. Alors attention, je précise que ces anecdotes n’ont absolument rien à voir avec la « fameuse » fraude  à la viande de cheval de 2013 dans laquelle des lasagnes étaient concernées. Non, dans mes anecdotes, les pâtes et les équidés sont bien dissociés les uns des autres. Concernant, les lasagnes, ce 16 août 2007, j’avais soupé avec un groupe de randonneurs de l’organisateur pyrénéen « Natura » et je me souviens que tout le monde les avait tellement trouvées bonnes que nous étions tous là à réclamer du « rabiot » avec une farouche exaltation.  Les deux grands plats que la fille d’Armelle nous avait apportés s’étaient avérés insuffisants pour nos ventres affamés mais surtout à priori très gourmands. Ces lasagnes avaient un petit « je ne sais quoi » de plus que je n’avais jamais connu auparavant même quand je les comparais à celles que ma mère préparait et qui était pourtant un vrai et grand cordon bleu quant il s’agissait de concocter des « farcis ». La plupart des autres convives avaient dit la même chose. Concernant l’anecdote des chevaux, quand depuis Nohèdes, j’étais arrivé à la Jasse de Callau dans l’après-midi, j’avais cru bon de prendre un raccourci à travers prés et là, par je ne sais quel mystère, j’étais entré dans un grand enclos et m’étais retrouvé au beau milieu de chevaux et de bovins. Alors que je traversais tranquillement cet enclos,  j’avais été coursé d’abord par une vache puis pas deux chevaux qui n’avaient pas l’air d’apprécier ma présence sur leur territoire et ce n’est que de manière in extremis que j’avais pu enjamber la dernière clôture me séparant d’eux. Avec mon volumineux et lourd sac à dos, je crois que jamais je n’avais couru aussi vite et quand le lendemain matin, j’avais raconté mes tribulations à un sympathique maquignon avec lequel j’avais pris le petit déjeuner, il m’avait gentiment reproché mon intrusion dans l’enclos mais n’était pas certain que les chevaux en voulaient à mon intégrité physique. Selon lui, j’avais eu la frousse tout simplement.  Mais revenons à ma balade car comme l’écrivait si bien Pierre Plas dans « Les Cavaliers des Madres * » à propos du « Refuge de Callau » « la radieuse matinée… dissipe les nostalgies qui m’ont assailli…hier soir. L’air est si pur et limpide que je pourrais dénombrer les arbres à l’orée de telle lointaine clairière ou les plus fines aiguilles de roc sur tel sommet qui me domine. Les prairies sont étoilées de fleurs aux couleurs éclatantes ». Pour toutes ces jolies raisons et bien d’autres encore, il est temps que je me mette en route. Je quitte Urbanya, direction le col de Tour par la piste habituelle, celle qui monte par le Cami de las Planes depuis le village. C’est bien plus court pour moi pour rejoindre l’ancien tracé du Tour du Coronat même si je sais que je me dois de respecter la ferme qui se trouve un peu plus haut et surtout les bovins qui l’occupent en général. D’ailleurs, Philippe le vacher est là, déjà au labeur, et après avoir « taillé la bavette », il me met en garde contre les vaches qui allaitent encore leurs tout jeunes veaux et que je risque de rencontrer un peu plus haut sur la piste. Les cerisiers chargés de fleurs colorent le chemin. Ces fleurs blanches et celles flamboyantes des genêts attirent les abeilles et une nuée de papillons multicolores. Je voudrais bien les photographier tous mais plusieurs échappent à ma sagacité et à l’objectif de mon numérique. Plus haut, en coupant le Correc de Saint-Estève, effectivement et comme l’avait prédit Philipe, je tombe nez à nez avec trois jeunes veaux qui pataugent dans la gadoue mais heureusement leurs mères ne sont pas là. Je passe donc sans encombre et je prends même le temps de photographier quelques bruants fous peu craintifs qui picorent le sol en quête de quelques graines. Des papillons, des oiseaux et des fleurs printanières, je vais encore en avoir mon lot visuel et photographique aujourd’hui et quand j’atteins le panneau « Domaine de Cobazet », j’ai mis presque deux heures pour parvenir jusqu’ici.  Malgré mes arrêts photographiques quasi incessants, je suis plutôt satisfait d’être déjà là. Après la piste terreuse et sèche, qu’elle n’est pas ma surprise de constater qu’ici, au col de Tour, subsistent quelques « bonnes » plaques de neige. Mais tant pis, pour rejoindre Callau, je décide néanmoins d’emprunter la piste dite de « Canrec » plutôt que celle que l’on appelle  « piste du chemin de fer minier » qui reliait en son temps, la carrière de talc de Callau au Domaine de Cobazet puis à la gare d’Estardé. Je connais bien ces deux pistes DFCI, mais je sais que celle de Canrec permet des vues bien plus grandioses et lointaines alors que l’autre circule essentiellement en sous-bois. Alors autant en profiter car à l’instant même où je m’octroie une brève pause et un frugal en-cas, je constate que quelques petits cumulus passent au dessus de ma tête. Ce sont les premiers depuis ce matin et bien qu’ils n’aient aucun aspect inquiétant, poussés qu’ils sont pas une « gentille » tramontane, je constate qu’ils vont grossissants et se font plus nombreux au fil du temps. Je décide de me remettre en route. Effectivement, la neige se fait plus présente au fur et à mesure que je monte vers Canrec et la Rouquette et parfois, sur les portions les plus ombragées, la piste est complètement obstruée par de larges névés. Parfois, poussés par le vent, ces névés se sont transformés en épaisses congères et se frayer un chemin devient plus compliqué sur ces hautes plaques glacées. A chaque fois je réussis à passer, même si très souvent mon bâton de marche est une aide précieuse pour ne pas tomber sur ce terrain glissant et incertain. Sans crampons ou raquettes, il est même parfois très périlleux, d’autant qu’ici je suis seul  au monde et donc conscient de cette situation critique qui peut rapidement tourné à l’aventure voire au désastre si un accident vient à  se produire. Mais à chaque fenêtre qui s’entrouvre, le spectacle reste fabuleux car somptueux où que je regarde. Ce spectacle m’incite à poursuivre malgré les plaques de neige de plus en plus larges et épaisses. J’embrasse superbement la majestueuse et immense forêt où les bruns et les verts se partagent clairement les espaces. Les bruns se sont les feuillus encore dépourvus de leurs feuilles en cette saison et les verts se sont les résineux plus majoritaires au fur et à mesure que l’altitude s’élève. Ces couleurs contrastent avec les roux  des collines environnantes dominant la vallée de la Castellane. Parfois, j’ajuste mes jumelles pour tenter de voir bien plus loin encore mais l’horizon reste flou car opaque, bouché qu’il est par une écharpe brumeuse blafarde. Je devine néanmoins quelques sommets piémontais comme la Serre de Sournia ou Força Réal. Derrière, c’est la Méditerranée. Plus près, je reconnais quelques objectifs de balades comme le pic del Rossello et encore plus près le Dourmidou, lequel tacheté de quelques blancs névés, prend des airs de gros panda ventru. Après ces vues sur la Vallée de la Castellane, la piste, toujours magnifiquement bordée de sapins,  file en direction de la Rouquette. Pour moi, pas de doute, je suis au Canada. Alors que je tente de photographier un oiseau au sommet d’un sapin, j’aperçois à l’instant même et en contrebas, une biche qui traverse une clairière. Jolie vision mais bien trop fugitive à mon goût. La piste bifurque à 90° en atteignant le Correc de Canrec, ruisseau ô combien ardu à enjamber en cette saison à cause de la neige et de son débit plutôt rapide. Plutôt que de chercher à éviter l’eau avec un équilibre instable et risqué, je prends la décision de me mouiller un peu les pieds. Quelle n’est pas ma surprise de constater des milliers d’œufs de grenouilles dans les fossés adjacents remplis d’eau glacée et parfois même de neige. Avec ces œufs noirs amalgamés en grappe ressemblant à du caviar, pas de confusion possible avec ceux des crapauds car ces derniers sont, paraît-il, toujours pondus en chapelets. Mais ici, pas de grenouille et je poursuis vers la Rouquette et vers Callau. Plus loin, un cairn au bord de la piste forestière me rappelle à mes vieux souvenirs du Tour du Coronat. Je suis sur le point de quitter la piste au profit d’un petit sentier qui descend dans un bois quand je m’aperçois qu’il y a deux isards couchés dans la neige à une trentaine de mètres de l’autre côté. Alors que je m’apprête à entrer dans le sous-bois, je me baisse pour éviter d’être vu mais un des deux isards m’a déjà repairé et il s’est soulevé. Le temps d’ajuster mon appareil-photo et je les vois disparaître derrière un bosquet. Je traverse la piste en courant mais il est déjà trop tard. Ils ont disparu. C’est marrant parce qu’en 2007, c’est déjà en voulant suivre un isard que ce dernier m’avait entraîné dans un autre raccourci non loin d’ici. Un peu déçu, j’emprunte le raccourci mais en rejoignant la piste tout près de la carrière de talc, je suis de nouveau stupéfait par une multitude de minuscules grenouilles qui émergent de l’eau ô combien glacée et neigeuse des fossés. En surface, ce sont les plus petites qui pointent leurs grands yeux écarquillés, leur bouche rieuse et leur dos brun verdâtre. Leurs nez semblent même glacés. Avec cette image, je me souviens que ma mère disait que quand la grenouille monte à l’échelle du bocal pour mettre le nez hors de l’eau c’est que le temps va être sec. Aujourd’hui, sec et très froid sans doute ? Mais, je ne sais pas si cette théorie est vérifiable car au fond, à travers l’eau très limpide, j’en aperçois des plus grosses mais avec cette fois la peau plus claire, grise ou rousse et certaines tachetées et avec des pattes palmées bleutées. Je surprends tout ce joli petit monde amphibien qui semble vivre très paisiblement dans cette eau hyper gelée. Mais comment font-elles pour résister à ce froid que les températures nocturnes doivent encore fortement accentuer ? Quand avec le bout de mon bâton,  je pique la surface de l’eau, toute cette faune batracienne détale, certaines grenouilles s’enfouissent sous les feuilles et dans la vase du fond et d’autres plus étonnamment, partent se réfugier sous la couche neigeuse recouvrant le fossé. Au moment où je m’apprête à quitter mes « bestioles », un grand bruit me fait sursauter car une lourde congère accrochée à un pin vient de choir dans le fossé à l’endroit même où je venais d’apercevoir les grenouilles. Auront-elles survécu à cette avalanche de neige glacée? Quelques minutes plus tard, me voilà en surplomb de la Jasse de Callau. Aujourd’hui pas de vaches ni de chevaux, tout est éperdument dépeuplé. Seule une buse solitaire plane sur la désertique prairie. Quand aux lasagnes d’Armelle, je ne me fais aucune illusion et je ne suis pas près d’en manger de nouvelles ! Le refuge est là, presque intact et similaire à mes dernières et lointaines venues. Les tôles ondulées de la toiture sont-elles un peu plus rouillées ? Je ne le pense pas. Je regarde avec effarement, le tronc desséché d’un immense sapin dont la cîme est tombée à quelques mètres à peine de la porte d’entrée. A côté de cette porte, toujours les mêmes jolis panonceaux de bois : « Refuge de Callau – Alt.1.537 m- Buvette – Nuit- Pt.déj » et un numéro de téléphone désormais bien inutile. Je me marre en pensant qu’on aurait pu rajouter « excellentes lasagnes ! ». Que serait-il advenu si ce sapin était tombé sur la toiture ? Je pars vers la cabane servant d’étable aux animaux et à nouveau les souvenirs de mon Tour du Coronat ressurgissent. En 2007, je me souviens y avoir photographié un gentil petit ânon qui adorait les caresses mais il y en avait un deuxième mais celui là était plutôt ombrageux et quand je m’approchais de lui pour le photographier, il semblait agacé et il tournait systématiquement la tête. De ce fait, je n’ai de souvenirs photographiques que du premier. En approchant de la Castellane, je m’aperçois qu’une chose a néanmoins changé, le petit pont de bois enjambant la rivière n’est plus là. Sans doute emporté par les flots, il ne reste plus que les profilés métalliques. Quand je regarde ces longues traverses, je me demande même si ce ne sont pas les vieux rails de l’ancienne voie ferrée qui apportait le talc de la carrière vers Cobazet. Tout part à l’eau donc ? Plus je regarde ce refuge et plus je suis triste et j’ai du mal à comprendre que l’on ne trouve pas les quelques centaines de  milliers d’euros pour le rénover, le remettre aux normes et lui rendre une nouvelle vie. A y réfléchir, il en a tant connu des vies antérieures parfois heureuses et d’autres bien plus ténébreuses : lieu de résidence des ouvriers avec cantine et couchages lors d l’exploitation du bois et du talc, haut-lieu de la résistance maquisarde pendant la guerre, repaire de courageux rebelles souhaitant échapper au Service du Travail Obligatoire (S.T.O), aventures des bergers et des éleveurs partant en transhumances vers le Madres mais aussi rendez-vous des maquignons, des cavaliers, des randonneurs et des amoureux de la nature en général. Ne venez pas me dire que Groupama et le Conseil Général n’ont pas les moyens financiers de restaurer ce « monument historique » mais le problème c’est qu’aujourd’hui, on ne veut plus mettre de l’argent dans un projet sans la certitude d’un retour profitable et rapide sur investissement.  Aujourd’hui, il faut impérativement gagner beaucoup d’argent et moins ça prend de temps et mieux c’est. Mais ici, il n’y a pas grand-chose, il ne  passe aucun chemin de grande randonnée et quand dans les années 70 on a échafaudé un téléski et un parcours de ski de fond, tout le monde s’est immédiatement vanté que la station de Jau-Mosset était la plus petite du monde.  Alors comment peut-on espérer réussir lorsque dès l’origine on pose un regard négatif à propos d’un projet ? On a même tenté de créer un centre touristique de montagne ici au refuge avec alimentation et organisation de balades mais rien n’a réussi à s’inscrire dans la durée. Enfin, il y a quelques années, on a crée un agréable sentier d’interprétation dit « Sentier des 5 sens » et là, très bizarrement, on a évité de le faire passer par le refuge pourtant tout proche. Alors volonté délibérée ou vues divergentes entre les principaux acteurs économiques ? Il est clair que ce refuge n’intéresse que peu de gens ou peut-être uniquement des vieux nostalgiques ou amoureux de la nature comme moi diront certains. Je quitte le refuge, direction la petite cabane de berger de la Jasse où je vais finir mon casse-croûte. Les vues y sont plus amples et donc plus belles qu’au refuge. Je tombe sur une stèle que je ne connaissais pas en hommage et avec la photo d’un certain Thierry dit Galinette. Avec son béret et entouré d’animaux, je suppose que Thierry était un pastoureau, habitué de Callau et tout particulièrement un amoureux de ces lieux et des animaux dont il devait s’occuper avec gentillesse et passion. Une buse plane dans le ciel et assure les spectacle. Dès le pique-nique terminé, je reprends la piste, cette fois, c’est bien celle dite du « chemin de fer ». Elle file vers le col de Tour au milieu d’une belle et grande hêtraie. Dès le départ et alors que je surplombe encore la prairie, je surprend un joli chevreuil en contrebas. Pendant que je le photographie, il m’observe fixement avec ses grands yeux de biche et je me demande qui est le plus surpris de nous deux : lui ou moi ? Au bout de plusieurs longues minutes qui m’ont permis de le photographier au mieux, il se retourne tranquillement et continue de paître en m’ignorant. Comme toujours, je me dis « quelle chance il a  » que je ne sois qu’un chasseur d’images ! En aura-t-il autant la prochaine fois qu’il rencontrera un autre être humain ? Après le chevreuil, c’est de nouveau les grenouilles qui remplissent mon retour vers Urbanya. A chaque ruisseau traversé, aussi bien dans celui de Canrec que dans celui de Rocamaura,  je vais en voir et en photographier une belle quantité. Ici, les grenouilles détalent un peu dans tous les sens et les grappes d’œufs sont phénoménales. Je me dis qu’il est dommage que ces œufs ne soient pas aussi comestibles et aussi réputés que le caviar car avec tout l’argent récolté, on aurait pu aisément se payer la rénovation du refuge. Mais non, je rêve car j’ai entendu dire que la gélatine entourant les œufs de grenouilles était toxique. Dommage ! Le col de Tour est déjà là et plutôt que de redescendre par la piste prise ce matin, j’emprunte celle qui file vers le col de Les Bigues. Dans le ciel, plusieurs vautours tournoient en de amples circonvolutions. Ils n’ont rien d’effrayant or mis le fait qu’ils semblent descendre à chaque tour nouveau. Disparu depuis ce matin, le Canigou réapparaît dans sa blanche splendeur même si quelques gros nuages le couronnent dans sa partie la plus haute. J’adore cette piste avec ses vues imprenables et plongeantes sur le Vallon d’Urbanya et le village et avec ses panoramas immenses et circulaires vers le Coronat, le Madres, le pic de Tour et le Canigou. Au col de Les Bigues, j’emprunte la piste DFCI CO57. Elle est encadrée d’une clôture mais en atteignant une autre clôture perpendiculaire à la première, je décide de suivre le sentier qui descend et la longe. D’un côté, le ravin du Correc del Menter plutôt boisé et de l’autre, les Escocells, ample « serrat » essentiellement recouvert de cistes, de genêts et de buissons épineux.  C’est le retour le plus direct que je connaisse pour rejoindre Urbanya même si cette longue descente réclame vigilance et prudence car le sentier est terreux, parfois très caillouteux et souvent traversé de quelques ronces rampantes et donc traîtres car on a vite fait de s’y emmêler les pieds . Depuis le col de Les Bigues, je vais mettre exactement une heure pour rejoindre la rivière Urbanya non loin de la cascade. Il faut dire que quelques jolis passereaux jouant à cache-cache dans les futaies et avec l’objectif de mon numérique n’ont cessé de me ralentir. Le bord de la rivière me réserve de nouvelles surprises fauniques et  floristiques mais le village et ma maison sont déjà là. Sur ma terrasse, mon GPS affiche plus de 28 kilomètres pour l’itinéraire que je viens d’accomplir. 28,680 km pour être exact. Les montées et les descentes cumulées sur mon logiciel s’affichent pour 2.200 mètres et le dénivelé a été de 872 mètres, le point le plus bas étant bien sûr Urbanya à 860 mètres d’altitude et le plus haut se situant à 1.732 mètres à Canrec juste après le croisement de la piste et du Correc dans leur partie la plus haute. Ma longue balade vers Callau est terminée. Y retournerais-je un jour ? Je ne sais pas mais comme j’adore ce secteur du Haut-Conflent, il y a de fortes probabilités que j’y revienne même si le refuge reste à jamais fermé. Je ne l’espère pas bien sûr et s’il venait à rouvrir, il serait pour moi, une belle et agréable étape vers des horizons un peu plus lointains pour des balades à faire sur 2 à 3 jours. Je suis un cow-boy sans cheval et donc pédestre, mais je me reconnais néanmoins dans le texte suivant que j’ai à nouveau chipé dans  « Les cavaliers des Madres* ». Celui-ci est extrait de la nouvelle « Le rêveur d’Amérique » : « Le rideau frémit. Il se lèvera bientôt sur une scène immense, celle du Far West, ou j’irai, entre prairies et montagnes, entre déserts et rivières, faire moisson de mes rêves anciens. Je tiendrais alors mon journal de voyage. Mais je suis déjà dans le théâtre, tel un spectateur en avance. » Très exceptionnellement 3 cartes IGN top 25 peuvent s’avérer utiles sur le parcours décrit ici. Les voilà ci-après : Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet – Carte IGN 2248 ET Axat – Quérigut – Gorges de l’Aude – Carte IGN 2249 ET Font-Romeu - Capcir Top 25.
 
(*) « Les cavaliers des Madres, Cowboys des Pyrénées-Orientales et autres récits » de Pierre Plas aux Editions Mon Petit Editeur 2012.
 
 
Nota : Il faut noter que le nom du refuge « Callau » ayant sans doute pour signification « caillou » ou « caillasse » s’écrit parfois « Caillau », « Calhau » voire « Caillaou » qui est la meilleure façon de le prononcer paraît-il. En tous cas, c’est de cette manière qu’il est prononcé du côté de Mosset. Moi, je m’en suis tenu à l’orthographe aperçue sur le lieu même du refuge et que je retrouve également sur la carte IGN. Pas loin de Mosset, mais du côté de Conat cette fois, on trouve également une rivière du nom de Callau ou Caillan, affluent du fleuve La Têt. Plus globalement, ce nom de « Callau » signifie « sol pierreux » (Jean Llaury).

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Si Cobazet m'était conté.......

Publié le par gibirando


Le récit que vous allez lire ci-après est l'histoire de Cobazet, domaine forestier situé dans la Haut-Conflent au pied du Massif du Madres entre la Vallée de la Castellane et celle d'Urbanya. Dans la Vallée de la Castellane, le village le plus emblématique est celui de Mosset,  inscrit parmi les plus beaux villages de France et ce récit est le résultat d'un magnifique travail de recherche et de rédaction effectué par un vrai mossétan. Ce mossétan, c'est Julien PUJOL, agriculteur, randonneur émérite, amoureux fou de son pays catalan et fervent adepte du yoga depuis de très longues années. C'est d'ailleurs par l'entremise d'une association de yoga que j'ai connu Julien, les randonnées pédestres nous ont bien évidemment naturellement rapprochés, nous avons appris à nous connaître et avec la gentillesse qui le caractérise, Julien m'a transmis ce récit et m'a autorisé à le publier dans mon blog "Mes Belles Randonnées Expliquées". Je ne peux bien évidemment que l'en remercier. D’abord parce que j’aime l’histoire mais surtout parce que tout comme lui je suis tombé éperdument amoureux de ce coin de montagne…….

Si Cobazet m’était conté…..
Je ne suis pas écrivain, je ne suis pas historien, je suis tout simplement un agriculteur qui a travaillé la terre pendant plus de 45 ans et étant toujours aussi amoureux de cette terre catalane qui m’a vu naître, je n’ai pas pu refuser à Amaury, notre ami ardéchois, le fait de coucher sur le papier quelques témoignages, quelque partage sur le vécu concernant le domaine de Cobazet, situé dans cette belle vallée de la Castellane, entre le Col de Jau et le si pittoresque village de Mosset, bien en face de notre Canigou. C’est pour cela que j’ai fait appel à la tradition orale avec les anciens qui ont sué sang et eau dans ces montagnes, avec tout ce que cela induit d’erreurs quant à des interprétations diverses pour le même évènement puisque la mémoire populaire n’a pas toujours la rigueur de l’histoire !!
Cobazet se prononce en catalan « coubazètt », ceci bien sûr en rapport avec la « cova » qui signifie « grotte », sous-entendant que sur les lieux, il y avait des avens qui ont été comblés par la suite et le « v »qui figure encore sur certaines cartes avec la dénomination « Covazet » devient « b » de par les mystères de la linguistique ! Le domaine de Cobazet, dont le propriétaire actuel est Groupama, décline bien en remontant le temps, l’économie agricole de cette vallée : c’était  de l’élevage et des cultures vivrières, puis l’exploitation de la forêt et enfin l’exploitation de la carrière de talc.
La première interrogation, à l’arrivée sur le corps de ferme du domaine se pose dès le seuil, à l’entrée du corps d’habitation : sur une pierre de granit sont gravés deux noms et une date : « PARES, LAVILA, 1862 ». Cette date permet de présumer que ce sont ceux qui ont été les constructeurs ou au moins les habitants de cet édifice (les métayers ?). Puisque cela portait le nom de « Métairie de Cobazet » et quelques recherches nous conduisent à Jean Parès, enfant de Mosset, qui nous donne la probable origine de cette pierre gravée : elle repose sur l’analyse des familles Lavila et Parès au 19ème siècle mais sans pouvoir remonter avec précision sur la date exacte de la construction de l’édifice : dans la suite du récit nous essayerons d’établir un lien entre ces familles et le propriétaire des lieux en 1862, Rémi Jacomy. La bâtisse était délabrée lors de son achat et il avait chargé un de ses commis, Louis Lavila, de procéder à sa rénovation. Celui-ci choisit un maçon marié à une de ses cousines Françoise Lavila, née Parès et nous pensons qu’il a voulu honorer ses beaux-parents en gravant leur nom dans le roc. Quant aux origines des habitants de la bâtisse, une voie sur laquelle je m’étais engagé s’est révélée être fausse : à savoir qu’un dénommé Jean-Baptiste Vila, marié en 1810 avec Anne-Marie Parès, possédait, au lieu dit Cobazet, une terre de 2 hectares (erreur suite confusion de noms entre Lavila en un seul mot et La Vila).
Revenons aux origines de propriété : une vaste propriété rurale dite « montagnes de Mosset » en nature de pacages, bois et forêt de pins, sapins, hêtres et chemins d’exploitation pour une superficie d’environ 1894 hectares ainsi que le domaine de Cobazet, composé d’une maison de maître, de granges et d’écuries, de champs, et de près pour un ensemble d’environ 91 hectares appartenait, entre autres propriétés, dont le site dit « le Caillau », jusqu’e 1861, aux descendants de la seigneurie du Marquis d’Aguilar. Cette famille, depuis 1675, régnait sur le territoire de Mosset jusqu’à la révolution de 1789.
Comme les descendants des d’Aguilar avaient émigré en Espagne en 1793, leurs biens ont été nationalisés et revendus aux enchères. Seuls la forêt et les vacants y ont échappé. Ils ont été attribués à Jean Gaspar d’Aguilar qui avait émigré bien avant la révolution. La commune de Mosset s’est opposée énergiquement à cette décision par voie de justice. Elle s’est ruinée en d’interminables procès jusqu’en 1811.
Localement, les délits forestiers sont de plus en plus fréquents. En 1806, les deux gardes forestiers de d’Aguilar sont assassinés au lieu dit Ladou. Leurs cadavres sont retrouvés deux semaines plus tard enfouis dans un four à chaux au Coll del Torn. Après enquête et jugements, le bilan est de sept inculpations : deux acquittements, quatre condamnations à 20 ans de fer à Rochefort et un fuyard.
A la suite des évènements qui s’ensuivirent, les héritiers revendirent ces biens précisés à celui qui fut un grand acteur du monde économique catalan dans les années 1860-1883, le maître des forges Rémi Jacomy qui était le gérant de la Société des Forges de Ria. C’était un véritable capitaine d’industrie qui fut le promoteur d’une dizaine de haut fourneaux à bois et ceci explique l’achat du domaine de Cobazet pour l’exploitation de ses forêts pour la fourniture du bois et du charbon de bois nécessaire à son industrie.
Le débardage se faisait alors par ce qu’on appelait « le chemin des Traginers » Le Caillau – Cobazet – le col d’el Torn – le col de las bigues – Estardé. Par la suite nous verrons que c’est toujours sur cette rive droite de la Castellane que fut construite la ligne de chemin de fer. C’est ce qui s’appelait alors « le trajet libre » entre le col de Jau et Prades, de par une convention passée entre Jacomy et la commune de Mosset : « Monsieur Jacomy autorise la commune de Mosset et ses habitants à passer à pied, à cheval et en voiture sur le chemin qu’il a tracé sous la condition, à moins d’autorisation spéciale, d’y passer avec des troupeaux, du minerai ou du charbon de bois » (concurrence oblige !).
Cette convention (Jugement du 16 Juillet 1861) met fin au conflit qui oppose la communauté de Mosset aux d’Aguilar depuis des siècles. On sait que les habitants pouvaient prélever du bois de chauffage et de construction et défricher les vacants sur tout le territoire de la baronnie. Ce droit global sur tout le territoire est transformé par cantonnement : Jacomy est affranchi de toute servitude sur la partie haute de la forêt (sauf le droit de passage indiqué ci-dessus). La commune devient propriétaire des vacants et de la partie basse de la forêt, c’est-à-dire, grosso modo, de tout ce qui est au-dessous d’une ligne qui va du col de Jau à Estardé.
Ensuite l’évolution technique et économique fait que les sociétés de Rémi Jacomy sont en faillite en 1882 et tous ses biens sont finalement vendus aux enchères en 1883.
Commence alors une autre aventure pour les habitants de la vallée de la Castellane : précédemment, c’était l’exploitation du bois de ses forêts qui primait. Avec l’achat, le 4 juin 1883 par le Baron de Chefdebien c’est la grande aventure de l’exploitation de la carrière de talc qui commence. Le talc, tiré de cette roche tendre appelée « stéatite » servait aux usines de Chefdebien pour élaborer, en tant que matériau de charge, la fameuse poudre cuprique CCD (carbonate de cuivre déployé) utilisée pour combattre le mildiou. Plus tard l’arrivée des fongicides de synthèse fit tomber celle-ci dans l’oubli, mais pendant des décennies ce furent, avec le soufre pour combattre l’oïdium, les produits vedette de la pharmacopée viticole !
Commence alors l’éreintant travail de la mine : dans le journal des Mossétans, nous suivons l’évolution de ce chantier. Qui étaient ces travailleurs de la carrière de talc, ces mineurs qui provenaient de Mosset de Campôme mais aussi des Italiens et des Espagnols ? De 4 à 7  ouvriers en 1887, ils sont de 14 à 20 en 1900 et une quinzaine en 1937. Voici rapidement esquissées leurs conditions de travail. Ils travaillaient du lundi matin 6 heures jusqu’au samedi soir 18 heures. Ils passaient donc le dimanche à Mosset qu’ils quittaient à pied le lundi vers 2-3 heures du matin pour arriver à Cobazet. Là, une petite locomotive à vapeur dont nous reparlerons les amenait au Caillau qui servait alors de dortoir et de cantine, par conséquent, le Caillau portait le nom de « maison des mineurs » (à l’inverse des bâtiments de Cobazet, dont on ne trouve pas l’année de construction, cette « maison des mineurs », fut construite en 1870). Ces mineurs étaient soumis à de conditions de travail draconiennes, un quart d’heures de retard à l’arrivée sur le chantier et c’était la perte d’une demie journée de salaire.
Ils extrayaient ce minerai, la stéatite, et le chargeaient sur des wagonnets tirés par les vaches, sur la voie ferrée à voie étroite qui l’amenaient au Caillau, ensuite c’étaient les chevaux ou  des mulets qui prenaient le relais pour l’amener à Estardé. Par la suite, le Baron s’équipa de cette petite locomotive à vapeur fabriquée par Decauville et qui fut pompeusement baptisée « stéatite ». En 1950 la carrière fut fermée et elle fut rapatriée aux établissements de Chefdebien à Perpignan puis vendue à la ville de Perpignan en 1954.
Le talc était transporté à Prades par la route sur les chariots tirés par des bœufs. Le baron de Chefdebien a expérimenté plusieurs autres moyens de transport, sans succès, par plan incliné au-dessus de Campôme, puis par câble entre Cobazet et la Forge haute jusqu’en 1950 environ.
Etienne Margaill, ancien mineur, mémoire vivante de ce qui fut la grande aventure de la carrière de talc, a les yeux qui brillent lorsqu’il évoque la descente vers l’Estardé, juché sur la cargaison de ces wagonnets tirés par un mulet et dont on pensait qu’ils allaient verser d’un moment à l’autre dans le ravin, car les déraillements étaient monnaie courante, ainsi que le relate un rapport de la gendarmerie de Prades lorsqu’un ouvrier fut blessé après une chute alors que le préposé au serre-frein n’était pas intervenu assez tôt !!!
Les mineurs de cette carrière de talc vécurent des moments très forts au cours de la guerre 39-45. Pour échapper au STO (service travail obligatoire) beaucoup de jeunes gens s’embauchaient comme mineurs, ce qui les dispensait de partir en Allemagne, et ipso facto beaucoup faisaient partie du maquis. Plusieurs de ces maquis cohabitaient dans la région du col de Jau, et le 12 août 1944 il y eut une rencontre, au Caillau, entre les différentes sensibilités des mouvements de la Résistance pour mettre au point le programme de la Libération. Y étaient, entre autres, les guérilleros FT¨P (Francs-tireurs et partisans) qui vivaient à la Moulinasse, en bas du col de Jau, après leur départ de Valmanya à la suite de l’attaque du village par les Allemands et c’étaient des combattants redoutables qui s’étaient endurcis au combat pendant la guerre d’Espagne.
Ici, il convient de relater le drame arrivé au curé de Mosset, Isidore Pailler. Ce prêtre, d’origine espagnole, et soupçonné de sympathies franquistes, fut abattu à la Moulinasse et non au Caillau comme la vox populi le relate parfois : quelles en sont les raisons ? Des Mossetans livraient des vivres aux maquisards, ce prêtre, embusqué derrière la moustiquaire, prenait les noms, pour cela il fut arrêté et amené à la Moulinasse. Là, les avis divergent, certains disent qu’il fut jugé sommairement et fusillé et d’autres parlent « d’accident » !! Il aurait été confié à la garde d’un jeune maquisard, aurait tenté de s’enfuir et abattu au cours de cette tentative… Aucune guerre n’est propre !!!
A la fin de la guerre, ce fut la Société des mines de Carmaux, qui continua quelques temps l’exploitation de la carrière mais, en Ariège, à Luzenac une autre carrière de talc signait l’arrêt de mort du Caillau et ce fut la fin du talc de la Castellane, un bail emphytéotique de 99 ans ayant été signé, ceci bien sûr pour éviter toute concurrence.
En 1956, La famille de Chefdebien décide alors de vendre le domaine. Celui-ci fut proposé à la Mairie de Mosset. Le conseil municipal se réunit  et c’est par une seule voix de différence à la suite du vote que cet achat fut refusé ! Ce fut alors la Caisse Centrale des Assurances Mutuelles Agricoles qui s’en porta acheteur (tout organisme d’assurance se doit d’avoir dans son patrimoine de quoi pouvoir répondre aux éventuels sinistres). Ce fut le Directeur Général, Monsieur Jacques de ROQUELAURE qui mena toute l’affaire et fit attribuer 3 parts  aux caisses locales de Prades, d’Ille et de Vinca et ipso facto, ce fut la caisse départementale qui en devint le gérant. Ce fut d’abord l’exploitation des forêts par l’ONF, qui fut ensuite confiée à la COFOPYR pour revenir à l’ONF, celle-ci particulièrement efficace pour la gestion de la chasse. Il convient de signaler que grâce, entre autres, à Jean Maurice MESTRES, il y a une excellente collaboration entre les chasseurs et le propriétaire des lieux.
Par contre, un autre bail emphytéotique avait été signé entre Groupama et la Mairie de Mosset  pour les bâtiments du Caillau et une petite bande de terre y attenant, ceci pour la somme de 1euros par an. Ceci étant une côte mal taillée, l’Assemblée Générale du 30 octobre 1998, sous la Présidence de Roger PAILLES, décidait de vendre le refuge du Caillau à la commune de Mosset.
Voici rapidement brossé l’historique du domaine de COBAZET, cette perle de notre pays, très chère aussi bien aux habitants de Mosset, qu’à tous les catalans ainsi qu’aux amoureux de nature et de randonnées et j’espère que nous ne verrons jamais des capitaux étrangers venir s’en emparer !!!
Merci à Etienne MARGAILL, Jean PARES, Jean-Maurice MESTRES, Pierre CAILLIS dont je n’ai fait que retracer les paroles ou les écrits.
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Libérer le Madres, nous y étions !

Publié le par gibirando

Ce court diaporama est agrémenté de la chanson "Libertango" du compositeur Astor Piazzolla. Elle est interprétée ici par l'accordéonniste Marcin Wyrostek accompagné de l'Academic Symphonic Orchestra in Katowice (Pologne) dirigé par Sebastian Perlowski. (Version incomplète).

 LIBERER-LE-MADRES
LE-MADRES-LIBERE
Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

A l’appel du Collectif pour « Libérer le Madres », j’étais ce samedi 29 septembre 2012 au col de Jau puis au Refuge de Caillau ! A 9h15 et donc en retard il est vrai, ce qui ne m’a pas permis d’assister aux discours des élus et organisateurs et de partir randonner vers le sommet du Madres ou au pic de la Rouquette. Il faut dire que ce retard auquel il a malheureusement fallu que j’ajoute le temps exécrable qui régnait dans le secteur n’ont pas été propice à courir derrière les plus rapides et les plus courageux des participants qui avaient démarré beaucoup plus tôt que moi. Les quelques « fâcheuses » expériences dont une déjà vécue dans ce secteur de la Glèbe par temps de brouillard m’ont appris à être prudent en montagne et l’âge aidant…j’ai préféré renoncer à tenter cette aventure tardive. Alors oui, j’y étais mais pas question d’en faire une affaire personnelle même si  d’un autre côté, j’y trouvais bien sûr un intérêt fortement personnel. Comme vous le savez, je suis un fou de randonnées et je possède depuis peu une petite maison à Urbanya alors bien évidemment une interdiction de marcher sur ces territoires de Cobazet (*) et du Madres aurait été dramatique pour moi car c’est une vaste partie de « mon » domaine habituel de marche qui aurait été amputé.  Alors je rectifie : « Nous y étions ! » car selon l’Indépendant, c’était plus de 500 personnes qui avaient fait le déplacement malgré des prévisions météo désastreuses (qui se sont avérées justes !) et un revirement de dernière minute du Président de Groupama qui, la veille même de la marche programmée, avait annoncé sa propre « marche ». La sienne, c’était une marche arrière si tardive et si inattendue que peu de gens y ont cru vraiment. Nombreux et moi le premier ont pensé qu’une fois de plus Monsieur Cornut-Chauvin nous « baladait » encore. J’ai donc profité de cette journée pour rencontrer quelques personnes très sympathiques et pour aller faire un tour à la mine de talc car après tout c’est bien ici que tout a commencé. Et plutôt que de vous relater cette histoire, je vous conseille à ce propos d’aller lire un communiqué signé Anne-Marie Delcamp paru sur la page Facebook d’Unitat Catalana.

Au moment où je laissais ma voiture au col de Jau pour partir vers le Refuge de Caillau,  j’ai entendu deux détonations de fusils de chasse venant da la vallée de la Castellane et j’ai aussitôt pensé aux animaux qui avaient  « trinqués ». Puis, dans la foulée suivante, je me suis dit que le domaine n’était apparemment pas interdit à tout le monde. En arrivant au refuge, j’ai constaté qu’il y avait une majorité de randonneurs et d’amoureux de la nature et j’ai donc été très surpris d’apprendre que parmi les participants, certains chasseurs s’étaient également mobilisés. Ne connaissant pas grand-chose à la chasse mais après les coups de feu entendus , j’en ai conclu qu’il y avait sans doute « chasseurs » et « chasseurs » et mon étonnement fut encore plus grand tant je pensais que les intérêts des chasseurs et des randonneurs étaient diamétralement divergents. Moi, je vais plus souvent à la montagne pour ce qu’elle est c'est-à-dire pour la beauté de ses paysages, de sa flore et de sa faune et bien moins pour ce qu’elle possède même si de tant à autre récolter des fruits rouges pour faire des confitures ou ramasser des champignons sont d’agréables moments de bonheur. Par contre, marchant très souvent tout seul, il m’arrive parfois de croiser ou de surprendre des animaux dont il faut bien reconnaître qu’ils ont une phobie prodigieuse de l’homme. Et là, force est de reconnaître que la chasse y est sans doute pour beaucoup. Les périodes de chasse sont-elles sans doute beaucoup trop longues et même si certaines prises sont limitées et fortement réglementées, les animaux, eux, ne le savent pas et ils ont depuis longtemps inscrits dans leur gêne cette peur de l’humain.

Je rêve donc, pour mes petits-enfants, qu’il n’y ait plus d’espaces privés à la montagne et qu’il n’y ait jamais plus d’interdiction de randonner. Je rêve pour eux d’un Conservatoire de la Montagne comme il existe déjà un Conservatoire du Littoral….mieux, je rêve pour cette contrée du Madres d’un petit espace entièrement préservé et réservé à la flore et la faune, une espèce de petit parc «Yellowstone » à la française où les « grands » animaux et les plus petits aussi n’auraient plus jamais peur de l’homme….

C’est si bon de rêver !!!

Liens intéressants :

Pétition pour libérer le Madres 

Mosset, le collectif communique 

Article de l'Indépendant-Le Madres libéré !

(*) si l'histoire du Domaine de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.

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Le Pic del Rosselló (1.314 m) depuis Mosset (700 m)

Publié le par gibirando



Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons de Patricia Kaas extraites de son album "Piano Bar". Elles ont pour titre : "Les Moulins de Mon Coeur", "The Summer Knows (Un Eté 42)", "Syracuse" et "I Wish Love You (Que Reste-t-il de nos Amours)".
LE-PIC-DEL-ROSSELLO
PICROSSELLOIGN

Le Pic del Rosselló que certains écrivent Pic del Roussillou en se référant à la phonétique catalane, c’est bien évidemment en français le Pic du Roussillon. Je ne vais pas développer ici, l’histoire de l’origine du mot « Rosselló », c'est-à-dire son étymologie, ce n’est pas le but de ce blog et d’autres l’on fait depuis bien longtemps et bien mieux que je ne pourrais le faire moi-même. Toutefois il est intéressant de noter qu’avant de devenir Rosselló, puis Roussillon, ce mot est apparu pour la première fois sous la forme « Ruskino » puis « Ruscino » en latin, patronyme désormais très connu depuis les fouilles et la découverte d’un site archéologique qui a révélé une cité antique au village de Château-Roussillon, tout près de Perpignan. Tout le monde est à peu près d’accord pour dire que l’origine du préfixe « rus » signifie « tête » « front » voire même « capitale » quand au mot « kino » , les avis sont plus partagés entre « golfe » ou parfois même « colline ».  Alors, une chose est quasiment certaine c’est que ce nom-là a été alloué pour la première fois pour désigner la tête ou le front d’une colline c'est-à-dire une butte ou un promontoire, ce qui correspond parfaitement au lieu même où se trouve les vestiges romains de Ruscino. Ce promontoire domine la plaine, plaine qui elle-même a fini par prendre le même nom de Roussillon. La colline Roussillon domine la Plaine du Roussillon et il en est de même pour le Pic del Rosselló, promontoire qui domine lui aussi la Plaine du Roussillon. Alors, ce nom de Rosselló a-t-il-été donné au pic parce qu’il s’agissait d’un promontoire ou bien parce qu’il embrassait la Plaine du Roussillon ? La question mérite d’être posée, mais il me paraissait important d’apporter ces quelques précisions. En tous cas, notre objectif du jour est bien lui aussi une élévation mais il faut avouer qu’en randonnée, c’est très souvent le cas. En général, allez savoir pourquoi, les randonneurs n’aiment pas trop les terrains plats ? Au regard du nom donné à ce sommet, ceux qui ne le connaissent pas pourraient en déduire qu'il s'agit d'un pic parmi les plus importants du département. Non, ce n'est pas vraiment le cas car avec ses 1.314 mètres d’altitude, il est un sommet du Haut-Conflent plutôt modeste. Il n'en demeure pas moins intéressant à gravir car il s'agit d'un superbe belvédère à 360° sur une immense partie du Conflent, de la Plaine du Roussillon et parfois bien plus loin encore jusqu'à la Méditerranée si par bonheur, le temps est très clair. Pour couronner le tout, cette jolie balade démarre de Mosset, qui a été classé parmi les plus beaux villages de France mais qui ne l'est plus à ce jour. Pourquoi a-t-il perdu ce label ? Je l'ignore mais pour moi ça ne change rien à sa beauté ! Outre ces aspects-là, il y a tout de même quelques découvertes très intéressantes et insolites à faire au cours de cette randonnée comme par exemple ces ancestraux « cortals » en ruines  qui jalonnent le parcours à un point tel que le versant sud du Pic del Rosselló a été dénommée « Els Cortalets ». Toutefois, dans cette montagne, il y en a tellement un peu partout de ces cortals oubliés, qu’il faudrait presque organiser une balade spéciale de plusieurs jours pour partir à leur découverte et espérer les voir à peu près tous. Il y a aussi ces étonnants chaos granitiques aux formes parfois bizarres que j’avais déjà évoqué lors d’une autre balade qui depuis Mosset nous avait amené au Roc des Quarante Croix et enfin, il y a quelques vestiges d’un passé plus ou moins ancien : dolmens, « clauses », « feixes », orris et roche gravée. Le départ s’effectue de la même manière que pour le Roc des Quarante Croix, on laisse sa voiture sur un des parkings proche de la Tour des Parfums et on démarre devant celle-ci. De l’autre côté de la rue, on aperçoit à une vingtaine de mètres sur la gauche, un panonceau jaune donnant la direction de notre objectif du jour : « N°9-Pic del Rosselló-5h ». On démarre par quelques escaliers qui nous entraînent vers le haut du village en direction d’un grand pylône que l’on aperçoit aisément en levant la tête. On passe devant un vieux lavoir, on poursuit tout droit par une rampe que longe un caniveau où s’écoule un fougueux ruisseau qui, plus haut et sur la droite, surgit violemment d’un ouvrage ressemblant à une source captée. Le bitume abandonne la place à une large piste terreuse que l’on délaisse très rapidement au profit d’un petit sentier qui part à droite et monte en zigzaguant vers le pylône. Les premières vues sur le Canigou, Mosset, la splendide Vallée de la Castellane, les forêts et les montagnes environnantes se dévoilent magnifiquement. Peu après le pylône, on retrouve la large piste de terre. On peut soit l’emprunter vers la droite soit raccourcir l’itinéraire grâce à un sentier plus étroit qui s’enfonce tout droit dans une chênaie. On découvre ici, notre premier cortal ou plutôt une vraie demeure sur deux étages dont les murs sont encore bien debout. Plus haut, on retrouve une nouvelle fois la piste. On la continue et on arrive devant une grande étable moderne où quelques vaches nous regardent passer anxieusement. En bordure de la piste, de nouveaux vestiges se révèlent : vieilles ruines abandonnées à jamais et un petit dolmen notamment. La déclivité continue à s’élever mais comme c’est en douceur, elle ne nécessite pas d’efforts particuliers. Avec une imagination fertile, les premiers gros chaos granitiques attisent nos regards car on est toujours en quête d’y trouver des formes singulières voire extraordinaires. D’autres blocs rocheux ont des formes plus évidentes comme ce gros « zizi » déjà découvert précédemment ou bien cette « tête de loup » qui regarde le ciel. Tout en montant vers le Cortal Gravàs, on se retourne et on prend le temps d’observer tous ces blocs et ces amas rocheux et on tente encore d’y deviner un bestiaire insoupçonné : ours, dinosaure, éléphant, tortue ou escargot géant, enfin tout ce qui a une grosse échine arrondie peut être concevable. Le Massif du Madres encore enneigé sert de toile de fond à ces somptueux décors minéraux plantés là, comme immuables, dans le maquis et les pelouses rases. On est sur le point de passer devant le Cortal Gravàs mais comme plusieurs chiens viennent vers nous en aboyant de manière très dissuasive, on préfère emprunter le sentier qui passe derrière les habitations. Ici, loin de tout, et sans doute grâce à quelques passionnés de la nature sauvage, la vie pastorale semble avoir résisté. Un chalet de bois côtoie quelques caravanes, plus loin un grand hangar jouxte un vieux cortal en ruines et tout autour quelques puissants chevaux gambadent en liberté sur les pelouses et dans les buissons d’épineux. Le Pic du Rosselló essentiellement écrasé jusqu’à présent fait tout à coup le dos rond dans un paysage de terres brûlées. Le sentier se faufile au milieu de petits genêts et dans des landes de fougères roussies et fanées par l’hiver. Sur la droite, on entend se rapprocher le murmure d’un petit torrent, il s’agit du Correc d’en Fabra et quand on passe sous l’ombrage de quelques pins, un ruisseau aux reflets bleus et aux eaux limpides est là, juste devant nos pieds. Nos pieds échauffés qui ne demandent qu’une chose : un peu de fraîcheur. Nous allons être servis et nos orteils vont dire instantanément « stop » à cette eau polaire car au lieu de la fraîcheur espérée c’est une eau glaçante qui s’écoule directement de quelques grosses plaques de neige qui fondent sur le Pla de Closa que nous venons d’atteindre. Ici, en enjambant le ruisseau, on a le sentiment d’être passés dans un autre monde. Le contraste est étonnant car après l’aridité de la « solana », La Closa ou Clause, signifiant « enclos », est un véritable petit paradis avec ses mouillères et ses pinèdes, ses collines boisées de résineux et de quelques bouleaux blancs et surtout avec ses prairies verdoyantes où au milieu coule ce rafraîchissant ruisseau. Même si notre itinéraire s’en éloigne, on a automatiquement envie d’y aller et d’y faire un halte et ça tombe bien car l’heure du pique-nique est arrivée et ça tombe d’autant mieux que l’on peut y découvrir, au beau milieu du pré, une étrange pierre granitique à semi-enfouie dans la terre. Elle est gravée d’une croix et de signes malheureusement incompréhensibles pour les novices en archéologie que nous sommes. Comme souvent, et à l’aide d’Internet, j’avais, avant le départ, pris la peine de m’interroger sur les éventuelles trouvailles de ce parcours et c’est ainsi que j’avais découvert cette mégalithe dont on disait qu’il s’agissait peut-être d’une pierre tombale en raison de sa forme tabulaire triangulaire et de la grosse croix profondément gravée en son centre. Ils restaient à déchiffrer les autres signes gravés sur un côté dont certains ressemblent à des lettres. Personnellement, j’ai cru y lire, après grossissement et filtrage Photoshop d’une de mes photos, ce qui ressemble au mot « ASTOR » et qui en catalan est un épervier, oiseau très commun dans les parages et dont en français, on a tiré le mot « autour ». Néanmoins, j’ai un doute à ce propos et je pencherais plutôt pour le nom « PASTOR » très répandu depuis des lustres dans la généalogie de Mosset et qui est aussi «le  pâtre ou le berger catalan ». Il est vrai aussi que je n’ai pu deviner qu’un court fragment des écritures. Dans le prolongement de cette « table mystérieuse », d’autres roches en partie enfouies sont alignées sur quelques dizaines de mètres et coupent le pré en deux. Je n’y ai pas remarqué de gravures. Alors est-ce aussi des pierres tombales et donc d’un véritable cimetière qu’il s’agit ou bien plus simplement de vieilles clôtures que le ruisseau et la terre meuble du terrain ont fini par ensevelir au fond de cette cuvette ?  En tous cas, le mystère reste entier et comme il fallait bien se remettre en route vers notre vrai objectif du jour, je me dis que je n’ai peut-être pas pris toutes les photos indispensables à une recherche approfondie plus sérieuse de ce site mystérieux. Voilà en tout cas, une bonne raison de revenir dans ce petit Eden ! On quitte la fraîcheur des herbages de la Closa pour les pentes ensoleillées du Pic del Rosselló où on retrouve très rapidement la chaleur accablante du chemin. Nous ne sommes que fin mars et pourtant cette chaleur, on la sent monter inexorablement le long de nos jambes et le dénivelé même modeste se fait sentir. On finit par quitter la piste pour se diriger directement vers le sommet vers ce que je crois être une croix de bois. A son approche, je m’aperçois qu’il s’agit en réalité d’un petit pin rabougri dont les branches ont été écartelées et « déplumées » par les vents violents qui sévissent ici. Mais le sommet est tout de même là, avec sa borne et son antenne solaire et en raison des panoramas à 360° que l’on peut y observer, on y fait une nouvelle halte agréablement délassante. D’ici, c’est une véritable ronde de paysages qui défilent et comme souvent, on essaie de retrouver les lieux de nos dernières randonnées effectuées, alors je sors les jumelles : Pays de Sault, CorbièresFenouillèdes ( ah oui voilà le Sarrat Naout !), Roussillon, Canigou (oui, c’est là-bas, Saint-Martin-du-Canigou !), Conflent, Madres (elle est par là-bas la carrière de Caillau !), Capcir, etc… Je reconnais avec ravissement certains chemins empruntés et une immense partie des paysages traversés lors du Tour des Fenouillèdes réalisé avec mon fils en septembre dernier. L’objectif a été vaincu et cette fois-ci, il est temps de redescendre vers Mosset car une nouvelle fois, nous avons flâné plus qu’il ne faut. En raison, de la profusion de pistes, je sors mon GPS dans lequel j’ai enregistré le tracé du jour. Il nous entraîne tout bonnement plein est vers une piste principale puis à un croisement où se trouvent un bel orri et une source captée près d’un cortal en ruines. Je regarde ma carte IGN, tous ces édifices sont bien là, il s’agit du Cortal Queraut non loin du Roc des Iules, petits mille-pattes noirs appréciant les lieux humides, ce qui est le cas ici ! Là, devant l’ancienne bergerie en ruines, on retrouve le balisage jaune qui file puis descend vers Mosset dans des décors sans cesse renouvelés. Ici, les vues sur le Canigou enneigé sont extraordinaires. Là, entre landes, chaos granitiques, cortals oubliés, bois et parfois pelouses, il faut suivre avec attention les marques peintes en jaune pas toujours évidentes à discerner. Après un nouveau cortal et la descente d’un sentier très raviné, on aboutit sur un « pla » herbeux où paissent quelques vaches. De toute évidence, on est ici à la croisée de plusieurs chemins car quelques cairns partent aussi bien à droite qu’à gauche. Par erreur, nous prenons à gauche le chemin qui descend vers Molitg-les-Bains avant de nous raviser et de partir à droite, grâce, il faut bien le dire, à notre GPS. Dans la descente, le sentier désormais évident entre dans un bois de petits chênes pubescents aux feuilles encore roussies. Ce sentier nous amène sans problème jusqu’à Mosset dont on a de magnifiques vues aériennes bien avant d’y arriver. Quelques derniers lacets lassants, lassitude que je comble aisément en cherchant quelques fleurs pour mon herbier photographique. Le village est enfin là, perché qu’il est sur sa petite éminence, alors un dernier dénivelé s’impose pour retrouver notre voiture près de la Tour des Parfums. Ouf ! La boucle se referme après un peu plus de 17 kilomètres parcourus pour un dénivelé total de 645 mètres environ. Un conseil : cette randonnée est à faire avant ou après les canicules de l’été. Cartes IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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La Carrière de talc de Caillau (1.645 m) depuis le col de Jau (1.506 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques jouées à l'harmonica qui sont successivement : "Michèle" par Robert Jassen, puis "A Star Is Born Theme", "Emmanuelle 2' et "Ben" par The London Starlight Orchestra.
CARRIERECAILLAUIGN

Je ne compte plus le nombre de fois où dans ce blog, j’ai évoqué la carrière de talc de Caillau et pourtant, en y regardant de plus près, je me suis aperçu que jamais je ne vous l’avais faite découvrir, ni dans un article, ni dans aucune de mes photos. Alors, avec cette petite balade à partir du Col de Jau (1.506 m), je répare cette lacune mais je l’avoue c’est un peu le hasard qui l’a voulu ainsi. En effet, en ce jour de janvier superbement ensoleillé, Dany et moi, nous étions partis avec l’idée première de faire l’ascension du « Pic Dourmidou en raquettes » mais si le soleil était très présent ce jour-là, sans doute l’avait-il été suffisamment les jours précédents pour qu’il n’y ait plus aucune trace de neige ni au sommet et encore moins sur ses flancs. En effet, quand nous arrivâmes au Col de Jau, notre objectif du jour ressemblait plus au pic débonnaire et pelé qu’on a l’habitude de voir en plein été qu’à cette grosse coupole blanchâtre où nous étions déjà venus faire des raquettes lors d’hivers précédents et qu’on est en droit d’attendre un 22 janvier ! Il faut reconnaître que voir le sommet de Dourmidou avec ses 1.843 mètres d’altitude ainsi que ses flancs sans la moindre plaque de neige est assez rarissime en cette saison pour être signalé. Depuis Perpignan, le déplacement jusqu’au Col de Jau étant conséquent et l’heure étant déjà bien avancée, il était donc important de prendre une décision rapide quand au choix à retenir : soit nous grimpions au Dourmidou sans raquettes, excursion qui ne semblait pas avoir la faveur de Dany soit nous options pour une autre solution. C’est ainsi qu’a germé le projet d’aller balader jusqu’à la carrière de talc de Caillau. Cette idée de découverte étant aussitôt entérinée, nous avons harnaché nos sacs à dos et avons pris immédiatement la piste forestière qui file en direction du refuge. Connaissant le parcours et la faible distance à parcourir, je savais que nous pourrions flâner plus que de raison et c’est donc avec un train de sénateur que nous partîmes à la découverte de l’ancienne carrière. Cette agréable flânerie à travers la superbe forêt de Lapazeuil fut, il est vrai, encore très ralentie par les nombreuses et importantes plaques de glace qui recouvraient la piste dans les endroits les plus ombragés. Plus nous avancions vers le refuge et plus les parties gelées et parfois même enneigées se faisaient plus courantes et pénibles d’autant que nous n’avions pas de crampons à glace sous nos chaussures et que nous avions cru bon de laisser nos raquettes dans le coffre de la voiture. Sur ce terrain extrêmement glissant, il nous fallut trois quarts d’heures pour atteindre le refuge dont je gardais personnellement un excellent souvenir pour y avoir séjourné en 2007 lors de mon inoubliable Tour en solitaire du Coronat. Je garde encore en mémoire et je dirais presque en bouche, les succulentes lasagnes qu’Armelle nous avait confectionnées ce soir-là et je me souviens en souriant avoir peu dormi à cause des ronflements assourdissants de mes compagnons de chambrée. Mais revenons à notre balade pour dire que la suite de notre marche en forêt ne fut guère meilleure même s’il est vrai que le tronçon qui surplombe la magnifique Jasse de Caillau est un peu plus ensoleillé. Plus nous montions vers la carrière et plus les petits névés de glace ou de neige étaient plus nombreux et plus épais. Aussi, avant de quitter la piste et de partir à la découverte de la carrière, nous avons profité d’un coin magnifiquement ensoleillé pour pique-niquer. Quand le casse-croûte fut avalé et l’heure de la visite de la carrière de talc arrivée, Dany trouva que le sentier qui y mène était bien trop verglacé et donc dangereux pour poursuivre. Nous avons bien tenté d’y accéder par les hauteurs en poursuivant la piste mais la carrière est inaccessible car elle a été complètement grillagée par mesures de sécurité. Laissant Dany au soleil, je partis donc tout seul à la découverte de la vieille carrière en longeant le petit ruisseau qui semble y prendre sa source en hiver. Ce ru parait finir sa course un peu plus bas dans la rivière de la Castellane. J’ai donc tenté l’aventure en suivant le filet d’eau dont les berges étaient de vraies patinoires et j’ai fini par atteindre l’ancienne mine d’extraction à ciel ouvert qui en cette saison, ressemblait à un véritable petit glacier. En voyant ce modeste cirque terreux jonché de rochers, de pierres, de bois et de glace, je ne pus m’empêcher de penser à un sérac en miniature tels qu’on peut en voir au pied de certains grands glaciers alpins. Devant ce décor âpre et difficile, on comprend mieux pourquoi, l’exploitation n’était possible qu’à partir des premiers beaux jours. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’évoquer dans ce blog, la carrière de talc de Caillau a toujours été étroitement liée avec le Domaine de Cobazet (*), situé un peu plus bas. Ici la société Chefdebien a commencé à extraire de la stéatite en 1885 mais il semble que le filon était déjà parfaitement connu et exploité bien antérieurement. La stéatite est une roche tendre composée presque essentiellement de talc, talc qui une fois mélangé à du sulfate de cuivre donne de la sulfostéatite cuprique. Cette poudre fabriquait dans l’usine Gibraltar de Prades était plus connue sous le nom de « Bouillie catalane » ou « Poudre Chefdebien ». Autant dire qu’à la fin du 19eme siècle, cette poudre tombait à pic, car en 1879, le mildiou de la vigne venait juste d’être identifié pour la première fois dans le vignoble bordelais. Cette poudre eut donc ses grandes heures de gloire car elle était censée lutter très efficacement contre le mildiou de la vigne et autres maladies cryptogamiques en général. Toutes ces informations, je les ai recueillies sur Internet dans la très intéressante Histoire de Mosset. Cette Histoire nous apprend que le talc aurait été exploité jusqu’à l’année 1972 et l’ensemble des activités de l’usine s’arrêta définitivement en 1975. Au cours de toutes ces années d’extraction, le transport du talc a été effectué de diverses manières vers des lieux de cette belle montagne qui sont devenus aujourd’hui des objectifs de balades. J’ai déjà eu l’occasion d’en décrire quelques-uns dans mon blog. Outre Caillau où se trouvent la carrière et l’ancienne maison des mineurs, aujourd’hui transformée en refuge pour randonneurs, le nom de ces lieux déjà décrits sont Canrec, Cobazet, Estardé et les cols de Tour ou de las Bigues. En effet, depuis la carrière, le talc traversait le superbe forêt de Canrec puis via le col de Tour partait jusqu’au lieu-dit Cobazet où se trouve la métairie. Ensuite via le col de Las Bigues, le talc filait jusqu’à Estardé où se trouvait une gare de transit. Depuis Estardé, le talc était ensuite acheminé vers Campôme à l’aide de bennes suspendues à des câbles. A Campôme, des charrettes tirées par des chevaux amenaient le talc jusqu’à la fabrique de poudres de Prades. Tous les moyens de transports ont été bons, mules, chevaux, bœufs, hommes, charrettes, mais très rapidement, un petit train tracté par une locomotive Decauville fit le trajet entre Cobazet et Estardé, puis la ligne fut mise en service jusqu’à la carrière. Au fil des années, le Baron de Chefdebien puis ses successeurs tentèrent de moderniser les infrastructures pour gagner du temps et transporter plus de minerais et ainsi d’autres moyens de transports plus récents et plus rapides furent mis en service. A Cobazet, on éleva de grands pylônes et par des systèmes de bennes suspendues à des câbles, le talc était descendu beaucoup plus rapidement vers la vallée de la Castellane au lieu-dit la Farga de Dalt (la Forge Haute). Là, le talc était réceptionné et des camions l’amenaient à l’usine de Prades. C’est ainsi que très rapidement la Gare d’Estardé ne servit plus à rien, tomba en désuétude et très rapidement en ruines. Quand on vient à la carrière de Caillau et dans ces lieux en général, il faut avoir une tendre pensée pour tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont travaillé dur et qui ont vécu cette difficile aventure de l’exploitation du talc. Il y eut une main d’œuvre très diverse (mineurs, cheminots, jeunes volontaires, prisonniers de guerre, immigrés,etc…)  et si vous avez envie d’en savoir plus, je vous recommande vivement la lecture des excellents récits de Monsieur Jean Llaury et de certains de ces collègues que vous trouverez dans plusieurs numéros du Journal de Mosset- JDM (Histoire de Mosset). Si comme moi et sans être un vrai spécialiste de la minéralogie, vous aimez bien garder quelques  "souvenirs" de vos balades, ici à la carrière de Caillau, vous pourrez, outre la stéatite, trouver quelques minéraux intéressants. Après la découverte de la carrière que je vous conseille d’approcher à une autre saison que celle que j’avais presque involontairement choisie, il suffit de reprendre le même chemin jusqu’au col de Jau. Selon mon GPS, cet aller-retour fait moins de 10 kilomètres pour un modeste dénivelé de 120 mètres. Si malgré mes conseils, vous devez y aller en hiver, comme ce fut le cas pour nous, pensez à vous munir de crampons à glace et éventuellement de raquettes si la neige est abondante. Monsieur Llaury et ses collègues proposent une autre balade en boucle pour se rendre à la carrière de Caillau et ils semblent d’ailleurs conseiller le printemps comme meilleure saison, car selon eux une magnifique flore très variée y est présente dans l’amphithéâtre même de la mine à ciel ouvert. Alors patientez encore un peu, le printemps arrive  ! Carte IGN 2249 ET Font-Romeu et 2248 ET Axat-Quérigut Top 25.

(*) Si l'histoire du Domaine de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.

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La Métairie de Cobazet (1.536 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando


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Une fois encore, c’est à partir de mon village fétiche d’Urbanya que je vous propose cette belle et longue balade à la Métairie de Cobazet (*). Cobazet est un lieu magnifique avec son pasquier entouré de superbes forêts, mais le corps de ferme, lui, est un bâtiment privé qui ne se visite pas. Alors, on y va uniquement pour le plaisir des yeux et celui de se retrouver pour pique-niquer dans un cadre enchanteur et verdoyant. Sur les pancartes qui délimitent le domaine forestier privé, appartenant désormais à la société Groupama, il est écrit « Cobazet » mais  sur certains documents, vous trouverez parfois les noms de « Coubazet », « Coubezet » ou « Covazet ». Sur de vieilles cartes IGN la désignation de « Covaset » est parfois présente et sa toponymie ne fait aucun doute, si je la traduis par le patronyme des « Sept cavernes » ou des « Sept grottes ». En effet, en catalan, une « cova » est une caverne ou plus simplement une grotte et « set » c’est tout simplement le chiffre « sept ». Alors, si je crois savoir qu’à proximité de la Métairie, plusieurs avens ont été découverts, j’ai également appris qu’ils auraient été obstrués depuis, sans doute par mesure de sécurité. Mais je l’avoue, je n’en sais guère plus car je ne suis ni géologue et encore moins spéléologue. Alors, en ce magnifique samedi d’automne, mais où la chasse était malheureusement ouverte, plutôt que de prendre le risque de partir en forêt à la recherche d’hypothétiques cavités, j’ai préféré ce jour-là, marcher gentiment sur des pistes forestières, sous un ciel cristallin et en écoutant fébrilement les détonations des fusils et les aboiements des chiens. Cela a largement suffit à mon bonheur. Le départ d’Urbanya est identique à celui que j’avais décrit dans un article précèdent consacré au Pic de Portepas, mais avec une différence importante, c’est que nous allons cette fois-ci poursuivre le Tour du Coronat jusqu’au col de Tour ou del Torn (1.536 m). Ce col, qui est à la croisée de multiples chemins, nous allons tout simplement le traverser en ignorant toutes les autres pistes ou sentiers qui partent à droite ou à gauche. D’ailleurs, et même si aucun balisage ne le laisse supposer, ni sur le terrain ni sur les cartes, cet itinéraire, c’est toujours celui du Tour du Coronat qui se poursuit jusqu’à Llugols, Conat, Jujols, Nohèdes et finit par faire le tour de ce joli massif. Lors d’une autre randonnée à la Gare d'Estardé, j’ai déjà évoqué l’exploitation du talc et bien il faut savoir que ce trajet n’est autre que celui qu’empruntait au temps jadis, la petite locomotive « Decauville » tractant quelques wagonnets remplis de minerais en provenance de la carrière de stéatites de Caillau. La Stéatite, c’est le nom d’une la roche très tendre essentiellement composée de talc mais ce fut aussi le nom que l’entreprise « Decauville » donna à la petite locomotive. Pour ne pas marcher idiot, avant même cette randonnée, je me suis intéressé à l’Histoire de ces lieux et c’est ainsi que j’ai appris que cette carrière de talc appartenait, tout comme la Métairie de Cobazet et 1851 hectares de la montagne de Mosset, au Baron Fernand de Chefdebien. En juin 1884, il venait d’en faire l’acquisition aux enchères effaçant ainsi le passif de 367.400 francs d’un certain Rémy Jacomy. Ce Rémy Jacomy était bien connu dans notre beau département puisqu’il était le principal maître de forges des Pyrénées-Orientales et le fondateur de plusieurs sociétés métallurgiques et minières. Il détenait lui-même tous ces biens pour les avoir achetés en 1860 au précédent propriétaire, un certain Monsieur Jean Aymar Delacroix, Marquis d’Aguilar, descendant des derniers seigneurs de Mosset. Mais pour en revenir à notre randonnée, si vous prêtez attention et sans parler des vestiges de quelques infrastructures de l’exploitation du talc dont les murs encore debout sont parfaitement visibles à Cobazet, vous remarquerez par endroits et sur la gauche du chemin, le terre-plein qui supportait la voie dont les rails de 60 cm de largeur en faisait à l’époque un des chemins de fer parmi les plus étroits de monde. Certaines ruines et vestiges sont enfouies sous la végétation, mais en cherchant bien, il est possible de  retrouver quelques vieux souvenirs, wagonnets, bouts de câbles ou de tôles, machines rouillées par le temps, clous ou bouts de ferrailles divers de cette aventure industrielle. J’ai appris que les premiers rails furent posés en 1886 entre la carrière de Caillau et la gare d’Estardé sur une longueur de 13 kilomètres environ. L’activité s’arrêta lors de la guerre de 1914 et les installations furent démontées pour les besoins de l’armée. Après la guerre, l’activité redémarra de plus belle, toujours équipée de la petite locomotive. Dans les années 30, l’activité atteint son apogée. Il faut dire que tous les moyens étaient bons pour faire du rendement, réduire les distances et par là même les délais. C’est ainsi qu’à Cobazet, on éleva un pylône de plus de 36 mètres de hauteur pour la mise en œuvre d’un téléphérique dont les wagonnets descendaient directement vers une forge de la Vallée de la Castellane, distante de 2 kilomètres seulement. C’’était toujours ça de gagné par rapport à l’éloignement que constituait un passage par le col de Jau ou la gare d’Estardé ! Au fil du temps, les vieilles charrettes tirées par des « percherons » amenant le talc à l’Usine Chefdebien de Prades furent remplacées par des camions. Plus tard, la vieille « Steatite » fut remplacée par un locotracteur électrique car les équipements, train et téléphérique, servaient bien sûr pour le talc mais également aux autres activités de Cobazet en particulier (balles de foin, produits agricoles, etc.…) et de la montagne en général (grumes de bois, matériels de scieries, etc.…). En 1943, plusieurs groupes de maquisards vont investir ce secteur de la montagne. Bien qu’étant indépendants les uns des autres et sous la direction de différents chefs, l’Histoire retient tous ces groupes sous la dénomination commune de « Maquis du Col de Jau ». Certains de ces groupes vont se former autour des sites miniers et agricoles de Caillau et Cobazet et avec la bienveillance du directeur et du contremaître de l’entreprise Chefdebien, de nombreux résistants, S.T.O et guérilléros espagnols vont être planqués au sein même des différents bâtiments. Vers 1950, avec des moyens plus modernes et plus rapides pour transporter directement le talc depuis la carrière jusqu’à l’usine de Prades, le petit train, devenu obsolète, s’arrêta définitivement et l’ensemble du matériel ferroviaire fut voué au ferraillage. L’activité industrielle qui, à partir du talc, consistait à fabriquer de la « Poudre Chefdebien », espèce de « bouillie bordelaise à la sauce catalane » censée combattre le mildiou et les autres maladies de la vigne, se poursuivit jusqu'au début des années 70. L’activité s’arrêta définitivement sans doute par manque de profitabilité, car il faut savoir que la carrière de Caillau étant située à 1.600 mètres d’altitude, les ouvriers ne pouvaient pas raisonnablement travailler les mois d’hiver dans la montagne enneigée. La bâtisse de Caillau qui avait servi de baraquement pour les ouvriers de la carrière fut transformée en 1984 en refuge pour randonneurs. Voilà pour l’histoire tumultueuse de ce joli coin de montagne désormais redevenu paisible et silencieux or mis quand les chasseurs sont de sortie. Quand on arrive à Cobazet depuis le col de Tour, les vues se dévoilent magnifiquement vers le Col de Jau, sur la Vallée de la Castellane, sur l’ensemble des montagnes environnantes (Madres, Bernard Sauvage, Dourmidou, Serra d’Escales, Roussello, etc.…) et sur l’immensité des superbes forêts où en automne les teintes des feuillages des différentes essences s’entremêlent et créent un véritable océan végétal aux couleurs chatoyantes. Mais l’image la plus belle est sans doute cette vue dominante depuis le chemin et par-dessus les sapins, de la métairie elle-même. Avec ses grands murs blancs, la grande bâtisse contraste étonnamment avec son pré verdoyant, ses grands cèdres sombres et ses pins noirs qui l’entourent et ce lavis de montagnes roussâtres qui ferme l’horizon. Même si en automne, on ne peut pas resté insensible aux couleurs de la forêt, c’est à mon goût au printemps et en été, quand la luminosité atteint son zénith, que les prés et les chemins se parent de mille fleurs, que Cobazet incarne un des plus beaux décors naturels qu’il m’a été donné d’observer lors d’une randonnée. Sur le coup de midi quand le vacarme des armes et des chiens a cessé et que le calme est revenu, j’ai aperçu une biche. Immobile, elle semblait m’observer avec ses grands yeux et au fond de moi, je me suis dit qu’elle avait beaucoup de chance que je ne sois qu’un « chasseur d’images » ! Après cette jolie vision, j’en ai profité pour casser la croûte avec devant les yeux ce panorama prodigieux sur le pasquier de Cobazet. Puis pour trouver un peu de repos, je suis parti m’allonger sur une pelouse non loin de la métairie. Un daguet est passé à toute vitesse sans me voir brisant furtivement le silence de cathédrale dans lequel j’avais sombré. Il a sauté les clôtures du pré où paissaient d’énormes taureaux puis a disparu dans la forêt. C’est marrant car en regardant ces puissants taureaux, je me souvenais avoir lu dans l’Histoire de Mosset sur Internet, qu’au 19eme siècle, les taureaux de Cobazet participaient déjà à des concours de beauté. Du coup, ils étaient très appréciés de tous les éleveurs du coin qui n’hésitaient pas à envoyer leurs plus belles vaches et génisses pour la reproduction. En observant ces puissantes bêtes, j’ai immédiatement pensé que si l’industrie minière du talc et du fer avait périclité, cette tradition pastorale, au moins, avait l’air de s’être perpétuée dans le temps. En début d’après-midi, la nature ayant complètement repris sa quiétude et ses droits, je me suis remis en route, moins anxieusement que le matin, et j’ai eu la chance d’observer deux chevreuils qui, il est vrai, paraissaient un peu désorientés et méfiants par les battues du matin. Cette méfiance ne m’a pas permis de les photographier comme je l’aurais voulu mais pour moi, c’était déjà un grand bonheur en soi d’avoir pu les observer encore debout sur leurs quatre pattes. Après la Métairie de Cobazet, le chemin à prendre est celui qui descend à gauche du grand pré. Il passe au milieu des clôtures, tourne à droite en continuant de longer le pacage et entre dans la forêt en direction de la Coma d’en Beget. Au premier carrefour suivant, on poursuit tout droit la piste DFCI N°C052. Cette piste monte légèrement et permet d’apprécier de splendides vues lointaines sur une belle partie du Conflent, ses crêtes frontières avec le pays Fenouillèdes et toute la Plaine du Roussillon. A nos pieds, s’étale l’éblouissante forêt du domaine. Si le temps est clair, c’est la Méditerranée qui par endroits se dessine à l’horizon. Puis à l’approche du Col de les Bigues (des Vigues), le Canigou apparaît majestueux derrière la modeste Serrat Grand et le clairsemé Bois d’Estardé. Au col, si tous les sentiers et chemins qui descendent vers Urbanya sont débroussaillés (ça arrive !), vous aurez l’embarras du choix. Moi, j’ai voulu changer un peu et j’ai, cette fois-ci, emprunté un large chemin qui file à droite, en dessous et parallèlement à celui qui retourne vers le col de Tour. Bordé de clôtures, il faut l’emprunter sur 750 mètres environ en regardant en permanence le côté gauche afin de remarquer un petit sentier caillouteux qui descend perpendiculairement au premier en suivant lui aussi une autre clôture. Le retour vers Urbanya est d’une simplicité enfantine puisqu’il suffit pour rejoindre le village de longer cette longue clôture. Avec plus de 2 kilomètres, cette descente va vous paraître sans doute bien fastidieuse mais sachez que ce petit sentier qui longe par la gauche le Ravin du Correc del Menter (Manté),est, lorsqu’il est bien débroussaillé, le plus court et le plus rapide itinéraire pour retrouver sa voiture. Depuis le parking d’Urbanya situé à 856 mètres d’altitude, il faut estimer cette boucle à une vingtaine de kilomètres environ. Le point culminant de cette randonnée étant le col de Tour à 1.536 m c’est un dénivelé de 680 mètres que l’on accomplit en réalisant ce magnifique et très facile circuit. Bien que la plupart des randonneurs soient attentifs à l’égard de la nature, dans le cas de Cobazet, il n’est peut-être pas inutile de rappeler qu’ici on traverse une propriété privée et qu’il faut être respectueux des lieux mais aussi des consignes et interdictions mentionnées à l’entrée du domaine. Lors des périodes de chasse, il est fortement recommandé de revêtir un gilet de sécurité fluo comme en portent eux-mêmes les chasseurs. Cartes IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet puis 2249 ET Font-Romeu-Capcir Top 25.
 
(*) Si l'histoire de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.

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La Gare d'Estardé (1.213 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando

Ce diaporama est enjolivé avec plusieurs interprétations étonnantes de la chanson et musique folk "500 miles", en français "Et j'entends siffler le train" bien connue car chantée avec succès par Richard Anthony. Ici, elle est successivement interprétée en anglais par un trio japonais formé de Junko Yamamoto (chant) accompagné du groupe Red Bird, puis en français par le duo Yoan Garneau et Isabelle Boulay, puis en anglais par un trio composé de Justin TimberlakeCarey Mulligan et Stark Sands (bande originale du film Inside Llewyn Davis), puis en français par Serge Gainsbourg, les quelques secondes finales étant jouées à l'harmonica par Thierry Danneau.

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« Partir randonner vers un gare, n’est pas commun ! »  Voilà, ce que la plupart d’entre vous se diront en lisant le titre de cet article : « La Gare d’Estardé depuis Urbanya ». Il faut dire que cette gare d’Estardé (Estarder sur les cartes, voir la toponymie(**) à la fin de cet article) n’est pas une gare comme les autres, ici aucun voyageur n’attend sur le quai.  D’ailleurs, à dire vrai, si cette gare a bien existé et fonctionné au siècle précédent, aujourd’hui, il n’en reste que des ruines, vestiges de l’exploitation du « fameux » talc de Callau. Grâce à un petit train composé de plusieurs wagonnets, le talc était acheminé depuis la carrière de Callau (1.635 m), via Cobazet (1.419 m) (*),  jusqu’à la gare d’Estardé (1.213 m) où il était ensuite descendu par téléphérique vers la forge de Mosset grâce à des bennes suspendues à des câbles aériens. Le minerai prenait alors la route vers une usine de broyage de Prades qui le transformait en poudre. Ce talc mélangé à du sulfate de cuivre servait essentiellement de fongicide en agriculture pour le  traitement des maladies cryptogamiques. Cette poudre est connue sous le nom de « bouillie bordelaise ». La gare d’Estardé a également été utilisée comme plate-forme dans le transit de grumes en provenance des scieries et pour d’autres usages comme l’acheminement de balles de foins car la métairie de Cobazet, qui appartenait au baron Fernand de Chefdebien, tout comme la carrière de talc et la montagne de Mosset toute entière, était toute autant réputée pour l’exploitation de sa forêt que pour ses prés où ses fenaisons occupaient un grand nombre de Mossetans à la saison des moissons. (Pour en savoir plus sur cette époque, je vous conseille le merveilleux et riche  site consacré à l’histoire de Mosset :  http://www.histoiredemosset.fr/index.html . Si aujourd’hui, la gare d’Estardé n’est qu’un prétexte à une très belle randonnée qui va alterner balade en sous-bois et grandioses panoramas sur tout le Roussillon et le Conflent, il paraît qu’à l’époque, ce chemin par Estardé était très pratiqué par les filles et les garçons de Mosset. Ils faisaient des kilomètres à pied à travers la montagne pour aller danser à Urbanya les jours de fêtes et c’était l’occasion de faire la connaissance d’un futur conjoint ou d’une épouse et d’éviter ainsi les mariages consanguins. Le départ s’effectue du village d’Urbanya (856 m) où on laisse sa voiture sur le grand parking à l’entrée du village. Le but premier étant de rejoindre le col des Vigues (1.359 m), situé 500 mètres plus haut, on enjambe le petit pont sur le torrent Urbanya, on passe devant la mairie et arrivé à la place du Cadran Solaire, on tourne à droite pour monter vers la place de l’Aire del Touronge. On poursuit tout droit en direction du Chalet, propriété privée qu’on laisse à gauche pour monter tout droit dans la montagne. On rejoint très rapidement un gros cairn où démarre un sentier très bien entretenu et qui va l’être malheureusement beaucoup moins au fur et à mesure que l’on grimpe. Parfois balisé en bleu, on ne suit pas ce balisage  très ancien mais on reste bien à droite en surplomb d’une ravine dans laquelle de toute manière à va finir par descendre. On atteint un petit bois et on traverse un ru boueux (Correc de la Serre des Vigues) que l’on longe par la gauche et parfois, au milieu de branches mortes jusqu’à atteindre un panneau de bois indiquant « Las Vigues ». Là on remonte sur la berge droite du petit ravin et l’on retrouve le sentier bien mieux débroussaillé qui zigzague au milieu d’un immense champ de cistes à feuilles de lauriers. Cette plante d'un vert tendre a grandement colonisé les contreforts de cette colline et il suffit de regarder le paysage pour s’en convaincre. Urbanya s’éloigne, le Mont Coronat, le Canigou et la Madres apparaissent, le dénivelé se durcit mais on finit par atteindre un chemin clôturé beaucoup plus large où plusieurs solutions pour atteindre le col des Vigues se présentent. Trois directions peuvent être prises, mais je vous conseille de prendre celle qui part à droite car incontestablement c’est  la moins embroussaillée aujourd’hui. Personnellement, j’ai prise celle de gauche pour monter et j’ai pas mal galéré à travers les hautes fougères et quelques basses ronces mais je suis finalement arrivé au col en partie grâce au tracé inscrit dans mon GPS. Quand au chemin qui continue tout droit, il paraît embroussaillé dès le départ et je ne m’y suis pas aventuré. Après cette longue (3.500 m) et rude montée, on atteint une grande esplanade clôturée et barrée d’un grand portail, c’est le col des Vigues. On pousse le portail et on entre dans le vaste domaine de Cobazet qui est une propriété privée mais dont l’accès des chemins forestiers ne semble pas interdit à la randonnée pédestre. Par contre, il faudra respecter les consignes affichées à savoir : ne pas ramasser les champignons, ne pas faire de feu, être conscient que parfois on partage ce domaine avec les chasseurs ou des professionnels de la forêt, etc.….  Pour effectuer mon circuit et aller à la gare d’Estardé, on prend la large piste forestière qui file à droite et descend légèrement plein est.  Cette piste s’étire à gauche de la Serrat Gran puis de la Serrat Miralles et enfin de la Serrat d’Estardé dans des paysages sans cesse renouvelés. Au gré de quelques trouées dans la végétation, on aperçoit depuis la piste, le village de Mosset et les contreforts de collines qui dominent la vallée de la Castellane avec son point culminant le Pic del Rossillou. Après, 3,5 kms au sein du Bois d’Estardé, on atteint un carrefour de chemin où sur la droite on aperçoit un nouveau portail et un nouveau panonceau Domaine de Cobazet. Les vestiges de la gare d’Estardé sont là, à quelques mètres avec un panorama à couper le souffle sur la vallée de la Têt et le Roussillon tout entier jusqu’à la Méditerranée. Sur la droite, le massif du Canigou se dévoile dans toute sa splendeur et dresse son magnifique sommet blanc bleu dans un ciel étrangement coloré de la même manière. A nos pieds, l’immense et dénudé Pla de Balençou qui descend vers la plaine et plus bas, d’amples vues aériennes sur les toits rouges de Cattlar et Prades. Endroit idéal pour déjeuner, on ne se lasse pas de ce décor majestueux qu’il faut néanmoins quitter pour poursuivre le parcours. Il faut rebrousser chemin et prendre la piste que l’on a délaissé au carrefour. Même si vous ne retrouvez pas le fameux balisage jaune et rouge propre aux G.R.de Pays, sachez que vous êtes ici sur le Tour du Coronat que j’ai réalisé dans son intégralité en 2007 : http://gilbert.jullien.pagesperso-orange.fr/DES_MERVEILLES0.htm. Le large chemin file d’abord plein ouest puis au gré des virages, remonte vers le nord dans une splendide forêt où une multitude d’essences (pins, sapins, hêtres, frênes, chênes, cerisiers, merisiers, houx, sorbiers, érables, châtaigniers, noisetiers, j’en passe, etc..) se côtoient et se mélangent dans une parfaite harmonie.  J’y ai même rencontré deux espèces de pommiers différents aux petites pommes délicieuses et juteuses ! En automne, à l’aspect agréable d’une marche en forêt s’ajoute le plaisir des yeux grâce à tous ses feuillages aux couleurs bigarrées. A lieu-dit la Soulane (Solana), vous pourrez délaisser le chemin un instant pour partir à la découverte des ruines d’un immense cortal. Ici, au milieu des églantiers, des ronces et des aubépines, les vues s’ouvrent de nouveau sur des paysages plus lointains et sur l’immensité de la belle forêt domaniale. Aujourd’hui, la nature a repris ces droits de manière anarchique et on imagine avec peine qu’il y a seulement quelques décennies des gens vivaient ici dans cette ferme, isolés de tout et de tous, au milieu de jardins potagers et d’une basse-cour ou bien labourant leurs champs et fauchant leurs prairies. Après la Solana, la piste bifurque vers l’ouest et arrive à la croisée de deux chemins. On prend la piste DFCI CO13BIS qui monte à gauche et tourne très rapidement dans un virage en épingle à cheveux. 150 mètres plus loin, la piste DFCI CO52 se présente et  traverse un autre carrefour. Pour la présente boucle, on choisit de partir à gauche mais on peut également préférer celle de droite qui file vers la ferme de Cobazet et le col de Tour mais cela constitue une variante plus longue d’environ 7 kilomètres. La piste choisie s’élève et on atteint le point culminant du circuit à 1.410 mètres dans une végétation moins élevée  faite de landes, de petits feuillus et de quelques conifères. Cette végétation plus clairsemée laisse entrevoir de nouveaux panoramas vers la vallée de la Castellane, le pic Dourmidou, la Serre d’Escales et toujours sur la droite des paysages sublimes sur la Plaine du Roussillon et le Massif du Canigou. La piste redescend et retrouve le col des Vigues. On pousse le portail et on choisit cette fois, la piste qui part à gauche et que je vous décrivais plus haut comme étant l’itinéraire le plus praticable. On poursuit sur 1.200 mètres jusqu’au Clot del Baro sur la carte et là on descend à droite au milieu des fougères et des cistes sur un large chemin débroussaillé. Ce chemin qui descend raidement dans un véritable nuancier de couleurs, on ne va pas plus le quitter jusqu’à retrouver le sentier pris à l’aller et qui dégringole vers Urbanya.  Arrêts inclus, j’ai mis environ 7 heures pour effectuer cette boucle d’un peu plus de 20  kilomètres  mais on peut raisonnablement la réaliser en 5 heures car, comme toujours, j’ai pas mal flâné et en plus, j’ai été, dans la montée vers le col des Vigues, ralenti par les hautes broussailles. Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25.

(*) Si l'histoire du Domaine de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.

(**) Toponymie d'Estardé :

Vous retrouverez la toponymie d'Estardé et la plupart des lieux-dits du secteur sur le lien suivant : http://www.histoiredemosset.fr/archivespdf/balade07.pdf Cette explication a été donnée par le célèbre linguiste catalan Joan Marti i Castell. Toutefois, d'autres explications pourraient être plausibles et la première qui vient à l'esprit est la locution catalane ou espagnole "Es tardé !" signifiant "Il est tard". Il faut savoir que cet endroit à toujours été un lieu de forts passages entre la vallée de la Castellane (Mosset) et celles de Conat ou d'Urbanya/Nohèdes. Il fut un temps où il n'était pas rare que les personnes circulent à la tombée du jour voire la nuit, cette expression est-elle restée dans les mémoires car le lieu étant situé à un col, il était d'usage de marquer une pause à cet endroit-là ? Oui, c'est une explication possible. Autre possibilité, lieu où aurait été aperçue une Outarde, estardoun en provençal et ostarda en occitan.

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Le Sentier forestier des cinq sens, Cobazet et la forêt de Mosset (1.539 m)

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de la chanson "Sensualité" interprétée par Axelle Red.
 Le Sentier forestier des cinq sens et la forêt de Mosset (1.539 m)

Le Sentier forestier des cinq sens et la forêt de Mosset (1.539 m)

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

 

Avant d’emprunter ce "Sentier de découverte des 5 sens" et de les mettre en éveil ; vos cinq sens ; il vous faudra impérativement en avoir un sixième, celui d’avoir le « bon sens » d’acheter le petit guide intitulé « Mosset-Sentier forestier des cinq sens » réalisé par l’Office National des Forêts (voir sa couverture à la fin de ce récit). Pour cela, il vous en coûtera 3 euros auprès de la Tour des Parfums à Mosset mais sans cette brochure vous marcherez certes dans la très belle forêt de Mosset mais sans comprendre en aucune manière la signification des douze bornes qui jalonnent le chemin. Les cinq sens (vue, odorat, ouïe, goût, toucher) seront d’autant mieux sollicités que le beau temps sera de la partie. C’est pour cette raison que je conseille fortement de faire cette courte mais superbe balade du printemps à l’automne mais dans tous les cas et de préférence sous un soleil radieux et un ciel d'azur. Par grand beau temps, les paysages sont toujours plus colorés, la forêt est magnifiquement verte, odorante à souhait, délicieusement sonore du gazouillis des oiseaux, du bourdonnement des insectes ou du ruissellement des « correcs ». A la bonne saison, vos doigts rougiront sous l’agréable cueillette des fraises et des framboises sauvages, des mûres ou bien des myrtilles. Le soir en rentrant à la maison, vos omelettes n’attendront pas bien longtemps les cèpes, morilles et autres lactaires qui poussent dans cette épaisse forêt. Comme je vous l’ai dit cette randonnée est plutôt courte et en 2 où 3 heures au maximum vous aurez accompli le sentier d’interprétation. C’est la raison pour laquelle, j’ai agrémenté le circuit initial d’une longue course vers la métairie de Cobazet (*) (photo) et le col de Tour à la fois pour les sublimes perspectives à découvrir mais aussi pour mieux remplir une journée et rendre cette sortie plus sportive. Ma boucle présente donc l’avantage d’inscrire, sans que cela soit une obligation, le « Sentier de découverte des cinq sens » dans un itinéraire où la connaissance de la forêt de Mosset sera plus complète et plus grandiose, car on monte dans d’autres étages et de ce fait les panoramas se font bien plus nombreux de toutes parts ! Au départ, vous aurez le choix entre laisser votre voiture au bord de la D.14 qui va de Mosset au col de Jau ou bien emprunter sur 2 kilomètres la piste jusqu’au parking du « Sentier de découverte des cinq sens ». De toute façon,  au départ et sur la gauche de la D.14 un grand panneau vert indique clairement la direction à suivre. Si vous décidez de marcher, vous coupez un premier torrent le riu de Las Bottes puis un deuxième qui n’est autre que la Castellane, rivière fondatrice au fil des siècles de cette merveilleuse vallée. Plus haut, au parking, la borne N°1 est déjà là et un petit panneau « vers N°2 » indique la marche à suivre. Après le premier virage, le sentier monte à droite dans la forêt en longeant le fougueux correc de Canrec. En poursuivant, vous rencontrez les autres bornes 2 et 3. Puis vous basculez sur l’autre rive que vous redescendez pour tomber sur les bornes 4 et 5.  Le sentier continue de descendre vers le parking mais juste avant d'y arriver un panneau « sentier de découverte » vous incite à monter vers la gauche. Ici deux solutions sont possibles selon que vous aurez opté pour le « Sentier de découverte des cinq sens » uniquement ou pour ma longue course. Si vous choisissez le sentier, il suffit de suivre le panneau indicateur. Mais si vous préférez mon itinéraire, vous redescendez au parking et reprenez une deuxième fois la piste vers la borne N°2. Cette piste qui file vers l’est, vous ne la quitterez plus jusqu’à la ferme de Cobazet (Covaset sur les cartes). Ignorez tous les autres chemins, toutes les autres pistes. De toute façon, quelques panneaux « Domaine de Cobazet » signalent parfaitement la direction. Cobazet est une grande et magnifique combe verdoyante au pied du pic de Tour (del Torn) entourée d’une très belle et sombre forêt de résineux. Sur la droite du chemin, une imposante bâtisse domine la verte prairie. C'est la métairie. Le cadre est somptueux et par temps clair on voit jusqu’à la Méditerranée. (Si son Histoire vous intéresse, rendez-vous à la fin de ce récit car vous y trouverez un lien) Passez devant la ferme et continuez le large chemin qui monte puis  tourne à droite vers les ruines qui datent de l’époque où l’on exploitait la carrière de talc de Callau. Vous êtes sur le Tour du Coronat (voir mon site perso : http://pagesperso-orange.fr/gilbert.jullien/DES_MERVEILLES5.htm) dont je garde d'inoubliables souvenirs pour l'avoir parcouru en 2007. Vous arrivez au col de Tour (del Torn) par un chemin tout en balcon sur la prodigieuse forêt, sur la verte vallée de la Castellane et les plus hauts sommets environnants (Serra d’Escales, Dourmidou, Madres). Au col de Tour, il faut prendre la première piste à main droite (si vous continuez tout droit vers Nohèdes ou Urbanya, 100 mètres plus loin, un très beau panorama sur le Canigou se dévoile). La piste à prendre (1.539 m) va vers Callau et son illustre refuge. Mais vous n’aurez pas besoin d’aller jusqu’à Callau car quant vous couperez à nouveau le torrent Canrec qui inonde la piste, il vous faudra enjamber le ruisseau, poursuivre la piste sur une trentaine de mètres puis la quitter pour un chemin qui descend à droite dans la forêt. Attention car au niveau de la piste, ce chemin n’est pas bien visible, il faut descendre, sauter une clôture et l'on y tombe dessus. En descendant, cette large sente en sous-bois, vous arrivez sans difficulté à la borne N°5 et c’est ainsi que vous pourrez terminer le « Sentier de découverte des cinq sens » jusqu’à la borne N°12. Cette borne 12 se trouve sur la piste qui vous ramènera sans problème à votre véhicule. La boucle complète est longue de 21 kilomètres pour une dénivelé de 380 mètres mais avec 2.062 m de montées en cumulé. Comptez 6 heures pour l’accomplir. Cartes IGN 2249 ET Font-Romeu Capcir et 2348 ET Prades Saint-Paul de Fenouillet Top 25.
 

Le Sentier forestier des cinq sens et la forêt de Mosset (1.539 m)

Livret à se procurer au préalable.

3 euros à la Tour des Parfums de Mosset.

 
(*) Si l'histoire du Domaine de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.

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Le Roc des Quarante Croix (1.356m) depuis Mosset.

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de la musique "Drooling Banjos" jouée par The Toys Dolls, version désinvolte de la célèbre "Dueling Banjos" d'Arthur Smith du film "Delivrance" de John Boorman et jouée par Eric Weissberg et Steve Mandell

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J'espère que vous aurez suffisamment de nez pour suivre mes conseils et venir randonner à Mosset ! Le village médiéval figure au classement des plus beaux villages de France et mérite donc le détour. Vous en profiterez pour visiter la Tour des Parfums et en contrebas son jardin des senteurs. Pour démarrer cette randonnée, il vous faudra lever le nez vers le pylône GSM qui surplombe le bourg car  la bonne direction à prendre est par là ! Avoir du nez à Mosset, vous flairez déjà combien c'est indispensable ! Suivez le balisage jaune bien visible dans les ruelles. Une bonne piste en terre prend rapidement le relais. Inutile de la poursuivre et prenez le raccourci qui grimpe immédiatement vers le pylône. Odeurs de thyms, de cistes, de genêts, de sauges, de romarins et de résineux, tout en montant, vous humez toutes les senteurs du maquis méditerranéen. Après le pylône, vous retrouvez la piste qu'il vous faut désormais poursuivre vers la droite. Si vous ne la quittez plus et en prenant à droite au point côté 1.027 sur la carte IGN, dans des paysages sans cesse renouvelés, cette piste vous mènera très facilement au Col de la Croix de Marquixanes et à notre destination finale au Roc des Quarante Croix (1.356 m). A condition, que vous ayez été prévoyant en prenant un GPS et les coordonnées de la roche en question. Au départ, tout en montant, les panoramas sur Mosset et la verte Vallée de la Castellane sont grandioses. Puis les vues se succèdent : Vallée de la Têt, CanigouPla de Balençou, forêts domaniales d'Urbanya, Pic de Tour, Madres, Col de Jau, Pic Dourmidou, Pic del Roussillou. Autant de lieux déjà découverts pour nous mais à découvrir si vous ne les connaissez pas. La sente se poursuit le plus souvent avec des perspectives à 360 degrés au milieu d'un chaos d'énormes blocs granitiques aux formes bizarres et parfois surprenantes : J'ai cru voir un « zizi géant», une immense tortue, un gigantesque dromadaire, un oiseau de pierre, un dinosaure couché, etc..., pourtant ce jour là je vous l'assure, je n'avais bu que de l'eau !  Par contre, je n'ai pas trouvé le rocher aux Quarante Croix. Enfin, je ne crois pas ! Il y avait bien un gros rocher sur le point correspondant aux coordonnées GPS que je pensais les bonnes mais je ne voyais pas de croix. Nous étions exactement 100 mètres vers le nord et en contrebas du Roc et de la borne signalant le sommet. Et là, je vous le donne en mille, je n'ai quasiment rien vu ! Pourtant, j'ai scruté le rocher en tous sens et les 40 croix gravées néolithiques en question, il faut vraiment les deviner ! Je ne les ai pas devinées ! D'accord, le but était de passer une bonne journée de marche et de voir de beaux paysages. De ce côté là pas de problèmes, on découvre tout le Conflent et les Fenouillèdes. Du sommet, la vision porte même jusqu'à la mer. Bien plus près, on aperçoit même le beau château de Puilaurens puis ce sont les immenses forêts domaniales de Salvanère, Boucheville et Rabouillet qui défilent devant vos yeux émerveillés ! Pour information, pour aller au Roc, au col de la Croix de Marquixanes, il vous faut prendre à droite et suivre les barrières d'un enclos puis les marques blanches et rouges de délimitations de parcelles sur des pins. Au bout de 500 mètres vous trouverez aisément la borne. Si vous avez un bon GPS,  le sens de l'orientation ou mieux du nez, vous pourrez éviter le retour par le même chemin. Descendez donc tout droit vers le Cortal Margaride, puis prenez le bon chemin qui longe d'abord la rive droite du ruisseau de La Canals puis sa rive gauche. La suite est une simple formalité vous ramenant à l'intersection de la côte 1.027 évoquée plus haut puis à Mosset. Au village, levez une dernière fois votre nez vers le clocher de l'église, vous constaterez avec stupéfaction qu'un pin sylvestre y a pris racine ! Je vous l'ai dit à Mosset avoir du nez est essentiel, venez donc y « randon'nez » !  Cartes IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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Le Pic Dourmidou (1.843m) en raquettes depuis le Col de Jau (1.506m).

Publié le par gibirando

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Ce diaporama est agrémenté d'une musique du groupe The Tornados qui s'intitule "Globetrotter".

Le Pic Dourmidou (1.843m) en raquettes depuis le Col de Jau (1.506m).

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Avec ce "Pic Dourmidou en raquettes", une fois n'est pas coutume, je vous emmène jouer dans la neige sur la frontière entre Aude et Pyrénées-Orientales. C'est la saison ! Direction Prades, puis par l'agréable D.14, vous traversez successivement la belle station thermale de  Molitg-les-Bains, le superbe village de Mosset et son agréable Tour des Parfums pour arriver après maints virages au Col de Jau à 1.506 mètres où vous laissez votre véhicule sur le vaste parking.  Le Dourmidou (1.843m) est ce dôme rondelet qui se trouve sur votre droite quand vous arrivez de Mosset. Chaussez vos raquettes et  s'il fait beau, vous êtes partis pour une splendide journée dans un cadre prodigieux. Au col, la D.14 devient D.84. Suivez-la quelques instants puis sur la droite de la route, enjambez une clôture et dirigez-vous vers une large piste qui s'élève, parallèle à la départementale, au mileu des sapins. Au bout d'une dizaine de  minutes, vous arrivez à l'extrémité de cette piste, quittez-la en progressant vers le haut vers une zone intitulée Lapazeuil sur la carte IGN. Lapazeuil est un replat désertique, comme l'ensemble du Dourmidou d'ailleurs !  La suite vous l'accomplirez avec logique car le  sommet est là devant vous, à quelques traces de raquettes, du moins le croirez-vous au début !  A partir du replat, vous repartirez sur votre droite et dans le sens inverse du chemin initialement pris. Vous aurez le parking du Col de Jau dans votre champ de vision. La suite est une simple formalité malgré un dénivelé qui s'accentue progressivement. A plusieurs reprises, vous aurez l'impression d'avoir atteint le sommet, mais ce n'est qu'une illusion et il vous faudra poursuivre « tout schuss » en suivant une longue clôture. Alternant de rudes montées et des zones plus planes,  ce fil d'Ariane « barbelé » vous guidera jusqu'au pinacle.  Dans la montée, les paysages sont déjà grandioses car pas un arbre, pas un rocher, rien ne vient altérer le spectacle. Mais que dire du sommet avec son panorama à 360° ! Géant !!!  Tous les principaux sommets régionaux objectifs de superbes randos sont visibles : Canigou (photo), Madres, hauts pics ariégeois, etc... Pour le retour, il suffit, à nouveau, de suivre la clôture, cette fois jusqu'au parking. Attention, soyez prudents, la fin, très pentue, est peu évidente en raquettes, raison pour laquelle, je l'évite à la montée ! Si les raquettes ne vous tentent guère, n'oubliez-pas que le pic Dourmidou peut également se faire sans et en d'autres saisons. Alors qu'attendez-vous pour y aller ! Carte IGN 2249 ET Font-Romeu et 2248 ET Axat-Quérigut Top 25.
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