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Le Serrat de la Font de la Barbera depuis Urbanya

Publié le par gibirando

 Ce diaporama est agrémenté du légendaire standard de jazz "Misty" d'Errol Garner, joué ici et successivement pas 4 groupes de jazz que sont le "New York Jazz Lounge", le "Studio Jams", le "New York Jazz Moods" et le "Smooth Jazz Colours"

.Le Serrat de la Font de la Barbera depuis Urbanya

Le Serrat de la Font de la Barbera depuis Urbanya

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


En été, quand je séjourne à Urbanya, inventer des randonnées pédestres est toujours un vrai plaisir. Sur mon ordinateur, grâce à Géoportail et au logiciel CartoExploreur, j’analyse la carte I.G.N top 25 et j’imagine des parcours, sinon sur des chemins inédits, tout du moins sur des itinéraires que je suppose séduisants. C’est ainsi que m’est venue cette idée de monter vers le « Serrat de la Font de la Barbera » que je connaissais déjà, mais avec cette fois-ci, une belle variante par le domaine de Cobazet. « Pourquoi ce sommet en particulier ? » me direz-vous. Parce que j’y étais déjà passé trois fois et que par trois fois, j’y avais aperçu des cervidés, soit dans ce secteur près du sommet, soit sur cette série de crêtes qui filent vers le Pic del Torn en passant par le Puig del Rocater. J’avais donc bon espoir d’y découvrir cette faune si sauvage et une autre qui l’est peut être un peu moins mais pour laquelle je me passionne, à savoir les oiseaux et les papillons. La flore de montagne venant s’ajouter à cette faune espérée, photographier la Nature, voilà quelle était la première de mes motivations. La deuxième raison était plus éducative puisque j’avais lu sur Internet, qu’un tronçon que j’allais cheminer correspondait au tracé de l’ancienne voie ferrée faisant la liaison entre la carrière de Callau, le domaine de Cobazet et la gare d’Estardé. Cette voie ferrée avait vu le jour à l’époque où l’on exploitait le talc dans ces merveilleuses montagnes. L'histoire avait commencé en 1883 quand le baron De Chefdebien avait racheté l'essentiel de cette montagne mossétane. Grâce à quelques photos aperçues sur un site Internet assez remarquable consacré aux anciennes voies ferrées, j’ai bon espoir de découvrir quelques vestiges de ce temps, aujourd'hui révolu, où l’industrie française battait encore son plein. Mon troisième motif était carrément plus sportif, puisque la déclivité étant de 693 m entre Urbanya (856 m) et ce sommet (1.549m), j’avais bien envie de monter un peu plus haut, histoire de me dégourdir les jambes et surtout de faire la pige à cette canicule qui nous anesthésie à longueur de journée, dès lors que l’on reste à flemmarder au village. Enfin et pour terminer, ce nom de « la Barbera » (*) m’intriguait un peu et j’avais bien envie de me lancer dans des recherches toponymiques pour tenter de l’élucider. 18 juillet à 8h30, me voilà déjà à pied d’œuvre. Je quitte ma maison, direction le bas du village. Moi, qui m’inquiète de la raréfaction des oiseaux, me voilà agréablement surpris puisqu’en quelques minutes, c’est trois oiseaux bien différents que je viens de photographier. Un rouge-queue noir, une hirondelle et un merle. Les hirondelles sont déjà bien présentes et très actives car elles nichent sous le préau de la mairie. Celle que je photographie se repose sur un fil. Je poursuis sur le chemin de Saint-Jacques et à cette heure-là, je profite encore de l’ombre du Serrat du Calvaire. Ce sentier pas trop bien débroussaillé à cette époque, je le connais désormais par cœur. Je connais les broussailles où s’égayent les fauvettes, les affleurements de schistes où les lézards sommeillent, les ronciers où poussent les grosses mûres, les vieux pommiers de jadis aux pommes si juteuses, les hautes fougères et les hauts genêts où dorment les cervidés, les sous-bois frais où les laies amènent leurs rejetons de marcassins s’endurcir le groin, les endroits herbeux où poussent quelquefois les rosés des prés, les hauts résineux où gambadent des écureuils, les chemins envahis par les graminées où se cachent des lièvres et des compagnies de perdrix et de perdreaux, les clairières et les chemins fleuris où les papillons sont légions. Oui, je connais bien tout ça, et tout en montant, je suis constamment aux aguets de cette Nature qui ne demandent qu’à être observée. Si les beaux papillons sont de très loin les plus présents aujourd’hui, les nombreuses fleurs et quelques oiseaux viennent parfaire ma passion pour la photo. Quelques insectes très intéressants car colorés complètent ce bestiaire. Au lieu-dit Clot del Baro, une belle et première récompense se présente quand  un chevreuil sort des fourrés et s’échappe en direction d’un petit mamelon. J’ai néanmoins le temps de la photographier avant qu’il ne bascule de l’autre côté. C’est pour de telles images que je marche, appareil photo autour du cou. J’atteins la crête qui monte le long du Serrat de Miralles puis vers le Serrat Gran. Ici, je stoppe car les vues s’ouvrent à 360 degrés dont certaines très lointaines. Dessous, je devine, plus que je ne vois, les ravines descendant vers Conat où je marchais très récemment sur le « Sentier d’Arletes ». Juste au dessus, le Massif du Canigou dessine sa longue et haute silhouette bleutée. A ma droite, le boisé Mont Coronat me rappelle à son bon souvenir, celui du tour de son massif effectué en 2007 puis une montée vers son sommet si peu fréquenté ; si ce n'est par les cerfs ; à 2 reprises. Il y aura bien d’autres souvenirs de ce tour aujourd’hui.  Derrière moi, la belle piste filant vers le col de Les Bigues attend que je me remette en route. Je redémarre. Sur cette piste, les variétés de papillons y sont encore plus nombreuses que nulle part ailleurs. J’avance avec l’espoir de tomber sur un papillon rare voire inédit. Mais non, je les connais à peu près tous où alors les identifications sont si peu faciles que je n’hésite pas à me lancer à leur poursuite quand j’ai le moindre doute. Quelques fauvettes très difficiles à photographier viennent m’aguicher. Plus loin, perchés comme deux frères sur un groupe de buissons épineux, un tarier pâtre et une pie-grièche chantent à s’égosiller. Face à mon appareil-photo, ils sont plus accommodants. Plus je m’élève et plus les cistes à feuilles de lauriers sont en fleurs. Par endroits, c’est une véritable nappe blanche qui s’étire et descend vers le bas de la vallée. Dans un ciel bleu et pur, un puis deux vautours fauves viennent jouer les boucaniers de service. Le col des Bigues est là. Il est 12 heures tapantes et j’ai beaucoup flâné. Je déjeune avec l’incroyable chant d’une grive. S’agit-il d’une « grive musicienne » qui porterait bien son nom ? D’où je me trouve, c’est difficile à dire ! Perchée au faîte d’un grand pin, elle cherche probablement un compagnon et chante de manière plutôt saccadée. Ses chants faits de sifflement et parfois même de cris sont d’une incroyable variété, à la fois dans la manière de les émettre mais également dans les sonorités. Cette année, je n’ai pas encore vu de grands rassemblements de grives comme il m’arrivait d’en voir les années précédentes. S’est-elle aperçue elle aussi de cette raréfaction de son espèce ? Y –a-t-il réellement moins de grives que les années précédentes ? Aura-t-elle la chance de trouver un partenaire et ainsi de créer un couple fertile permettant la continuité de l’espèce ? Voilà les quelques questions que je me pose en l’observant et en l’écoutant chanter. Pourtant, quand je repars, la chance me sourit car je réussis à photographier, coup sur coup, un geai puis un pigeon ramier. Urbanya est bien loin désormais, mais je vois le village au fond de sa vallée et je vois ma petite maison. Quelques photos puis je quitte la piste qui file vers le col del Torn au profit d’un large layon qui zigzague puis file rectiligne vers mon objectif du jour. La grimpette est douce au départ et plus sévère sur la fin mais comme toujours je l’appréhende très cool. Comme souvent, j’alterne efforts et instants de pause. Les pauses sont la plupart du temps des arrêts photographiques très justifiés car la faune et la flore sont omniprésentes. Scabieuses, campanules, brunelles et un vaste champ de sèneçons jaunes attirent une incroyable variété de papillons et d’insectes. De l’autre côté de la clôture que je longe, de nombreuses vaches accompagnées de leurs veaux me regardent passer. Pour les bovins pas de doute, je suis un tortillard qui n’a pas du tout envie de jouer au T.G.V. Le sommet est presque là et comme un grand ballot que je suis, je me laisse surprendre par deux cervidés qui détalent. J’avais pourtant l’expérience des fois précédentes. Le plus petit ; sans doute un jeune chevreuil ; détale et s’engouffre dans les hauts genêts et l’autre, le plus grand, sans doute la mère, continue dans la clairière en direction du Puig del Rocater. Je photographie le premier puis je me mets à courir derrière le second. Mais quand on est tortillard, difficile de devenir T.G.V en quelques secondes. Du premier, je n’ai qu’une photo partielle de son flanc et de son arrière-train entrant dans les genêts et du second, une photo un peu trop lointaine aux fins fonds de la clairière. Si le « jamais trois sans quatre » des cervidés déjà aperçus, c’est certes vérifié, je n’ai pas vraiment su en profiter. Il m’aurait fallu être plus méfiant et aux aguets à l’approche du sommet. Je fulmine tout seul puis rebrousse chemin car le hayon que je dois suivre est à droite du sommet et non pas à gauche. J’enjambe le clôture ; par bonheur non électrifiée ; et me fraye un passage tant bien que mal au milieu des hauts genêts. Le hayon qui descend n'est pas bien défriché mais j’y circule néanmoins sans trop de difficultés. Quelques selfies souvenirs au sommet du serrat et je me lance dans la descente. A l’instant même où je croise une bonne piste, j’ai désormais la certitude d’être sur le chemin menant vers Cobazet. Mon G.P.S que j’allume me le confirme. Une fois encore ma curiosité légendaire m’entraîne sur des chemins bien incertains. De cette « Font de la Barbera » je veux tout savoir. Pour cela, j’ai enregistré ses coordonnées dans mon G.P.S et au lieu de partir à gauche vers Cobazet, je file à droite à sa recherche. La « font », c’est la source mais c’est aussi la fontaine. Alors cette « Font de la Barbera, est-ce une simple émergence d’eau, une source captée ou carrément une jolie fontaine ? Grâce à mon G.P.S, je le sais assez vite et je le sais d’autant plus vite que je m’embourbe dans un petit réseau de tourbières. En réalité, il y a plusieurs résurgences qui sortent du sol et qui en descendant de la montagne forment un petit entrelacs de fanges et de rus se transformant peu à peu et un peu plus bas en un petit ravin d’à peine un mètre de profondeur. Je longe la petite ravine et finalement arrive un peu déçu sur une autre piste qui se trouve en contrebas. Déçu car j’avais l’espoir qu’un brin d’humanité voire au moins un signe de la présence de l’homme seraient présents dans cette fontaine. Malheureusement, le seul signe visible est une vieille baignoire renversée ayant jadis servi d’abreuvoir et gisant dans le ravin. Voilà la seule captation que l’on a jugé bon de faire avec l’eau de cette Font de la Barbera. Déçu ou pas, il me faut désormais remonter. Je longe à nouveau le ravin, m’embourbant une fois encore mais sans rien trouver de plus que quelques têtards dans une poche d’eau un peu plu profonde que les autres et cette « barbe » liquide qui suinte de tous les côtés. Alors cette « Barbera » est-ce cette barbiche de filets d’eau et de tourbières ? Est-ce le nom d’une personne ayant habité par là ? Je ne le saurais peut-être jamais mais je suis bien décidé à chercher ? Enquêter, j’adore ça ! Si la « Font de la Barbera », telle que je viens de la découvrir, n’a rien dévoilé de son nom et seulement des suppositions, cette petite incartade m’offre des vues grandioses que je n’aurais pas vu en filant directement vers Cobazet. Vallée de la Castellane, Plaine du Roussillon, Canigou et juste à mes pieds, le Bosc d’Estardé déroulant sa belle et sombre forêt sur les flancs et la colline arrondie du Serrat Gran. Quand on connaît un peu l’histoire de Cobazet et de Callau, le chemin que j’emprunte ne laisse que peu de place à des doutes quand à sa fonction antérieure. Oui, ce chemin, c’est bien celui qui était commun à l’ancienne voie ferrée qui amenait le talc ; en réalité de la stéatite ; depuis la « carrière de Callau » jusqu’à la « gare d’Estardé ». D’ailleurs, dès le premier virage, on aperçoit à contrebas quelques « bigues » rongées par le temps, probables traverses rudimentaires de l’ancienne voie ferrée et un éparpillement de pierres, dont on peut raisonnablement imaginer quelles servaient de ballast. Sur la gauche, quelques murs de pierres et des ruines perdues sous la végétation viennent compléter de ce qu’était le décor de l’époque. Il suffit d’ôter quelques arbres de sa vision et d'avoir un peu d'imagination pour se rendre compte pleinement de ce qu’était cette exploitation de la stéatite. Bâtisse, gare, trémie, câbles, amas de ferrailles et de poutrelles jetés en contrebas du chemin, tous ces signes bien que désormais envahis par la forêt et la végétation sont encore très visibles. C’est assez marrant car presque à chaque fois j’en ramène des petits vestiges que j’accroche à un muret de ma maison : clous, clavettes, rivets, vieux outils rouillés, attaches, etc…. Cette fois, c’est un double crochet de câblage un peu lourd mais que je fourre néanmoins dans mon sac. Dans l’immédiat, le chemin bien herbeux et ombragé incite à la flânerie puis à une pause bien méritée. Pendant cet en-cas, une mésange charbonnière vient sautiller tout près de moi. Quand je redémarre, c’est le bruit fracassant d’un bulldozer qui vient rompre le silence jusqu’ici total. Ecrasant la végétation, il est entrain, apparemment, de tracer une nouvelle piste. Enfin je crois ! D’ailleurs, ce n’est pas la seule besogne, car quand je regarde en contrebas en direction de l’ancienne métairie de Cobazet, j’y aperçois un grand nombre de véhicules utilitaires et une agitation jamais aperçue jusqu’à présent. La métairie, que j’ai toujours vue sans réelle activité, or mis quelques magnifiques taureaux reproducteurs, serait-elle en cours de rénovation ? En tous cas, une de ses façades est déjà bien plus blanche qu’auparavant et parfaitement restaurée. La métairie serait-elle entrain de devenir cette vitrine de la chasse, tant souhaitée par Monsieur Amaury Cornut-Chauvinc, président de Groupama et pour charmer les « Tartarin » qui l’accompagnent au tarif de 3.750 euros (tarif 2012) l’autorisation annuelle de chasser sur ce magnifique et gigantesque espace allant jusqu'au Massif du Madres. Face à eux, les amoureux de la Nature ne seront jamais gagnants. Faisant partie de ces derniers mais demandant aux premiers d’être respectueux des animaux, ces travaux ne m’intéressent guère et j’aurais nettement préféré qu’on réhabilite le refuge de Callau pour les randonneurs. Je poursuis ce chemin, ancien tracé du Tour du Coronat, que je connais si bien et dont je ne garde que de merveilleux souvenirs. Oui, ce périple que j’avais intitulé « des Merveilles au pays d’Alysse » porte résolument bien son nom car au moment où j’approche du col del Torn, ce sont deux nouveaux cervidés qui traversent la piste, un plus petit et un plus grand comme au sommet du « Serrat de la Font de la Barbera ». Est-ce les mêmes ? Bien que difficile à concevoir, ce n’est pas impossible car n’importe quel chevreuil est bien plus rapide que moi. Une fois encore ma promptitude à photographier cette faune si peureuse des hommes n’est pas suffisante et je n’enregistre qu’un animal sur les deux dans mon numérique, et encore parce que le second a stoppé quelques secondes. Quand je visionne la photo sur l’écran de mon appareil photo, j’ai le sentiment que ce cervidé est bien trop grand pour être un chevreuil ! Une biche peut-être ? Ils ont disparu dans l’épaisse forêt située en contrebas. Le col del Torn est là et si d’innombrables souvenirs se bousculent dans ma tête, tant j’y suis déjà venu randonner, je ne m’éternise guère. Seule la stèle avec cette croix en fer retient encore plus mon attention qu’à l’habitude car désormais j’en connais l’histoire grâce à un ami blogueur et accompagnateur en montagne qui a eu la gentillesse de me la communiquer. Cette histoire (**), c’est celle de deux gardes forestiers qui ont d’abord disparus le 22 juillet 1806 puis sont retrouvés assassinés le 4 août 1806 et cette stèle a été dressée pour leur rendre un impérissable hommage. Il s’appelait Jean Serrat et Gaudérique Fabre et cette histoire vous est contée par Jean Parès sur l’incroyable et remarquable site Internet consacré à l’Histoire de Mosset. S’il ne reste plus qu’à refermer cette boucle en retournant vers le col de Les Bigues, cette balade est très loin d’être finie. La piste vers le col est longue quand à la descente vers Urbanya par la piste DFCI C057, puis par les Escocells et la clôture du Correc del Menter, elles ne le sont guère moins. Les journées sont longues, j’ai tout mon temps et j’ai bien l’intention de flâner encore. J’ajuste mon baladeur MP3 sur mes oreilles et me voilà sur le chemin du retour, bonnes musiques en tête. Fleurs, papillons toujours en grand nombre, lézards des murailles assez nombreux, un écureuil, les vautours toujours là et de rares oiseaux m’accompagnent vers la ligne d’arrivée. Plus surprenant toutefois, un lézard vert, un magnifique mâle bleuté, se chauffe au soleil sur un monceau de gravas négligemment jeté dans cette belle Nature par un irresponsable. Le reptile se laisse gentiment photographié avant de détaler dès lors que je tente une approche plus restreinte. C’est bien la toute première fois que j’aperçois un lézard vert à une telle altitude. Un coup d’oeil sur mon bout de carte I.G.N et je constate que je suis encore sur une courbe de niveau d’au moins 1.400 à 1.410 mètres. La descente qui longe la clôture parallèlement au Correc del Menter n’est déjà pas facile mais se complique encore à l’approche du village à cause d’un embroussaillement expansif plutôt inattendu. J’enjambe pour éviter les ronces et les prunelliers si redoutables, à la fois pour les vêtements mais surtout pour ma peau. Ayant évité toutes les anicroches, c’est plutôt ravi que j’atterris en surplomb de la rivière Urbanya. Le village n’est plus très loin  et cette balade se termine avec comme toujours cette terrible montée vers ma petite maison. Cette montée, c’est toujours, pour mon plus grand bonheur, la dernière de la journée. Bonheur dans ma tête aussi, car la Nature s’est offerte à moi sous les traits d’une incroyable variété de fleurs et de papillons, de quelques oiseaux dont la quantité et la diversité semblent encourageantes pour l'avenir. Et puis que dire des cinq cervidés aperçus dans cette même journée, c’est si rare ! Si rare de parvenir à sortir quelques photos convenables ! Bonheur également de retrouver Dany. Bonheur d’apercevoir mes deux chats qui sont là à me regarder arriver comme s’il attendait le Messie. Cette randonnée telle qu’expliquée ici a été longue de 17,5 km. Selon mon G.P.S, les montées cumulées ont été de 1.690 m. Le dénivelé est de 693 m entre le point le plus bas à 856 m à Urbanya et le plus haut à 1.549 m au Serrat de La Barbera. Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25.

(*)Toponymie de La Barbera : Quand j’ai voulu comprendre pourquoi cette source (font) s’appelait « de La Barbera », je suis parti avec l’idée préconçue qu’il s’agissait d’un personnage. Le nom de la personne qui l’avait découverte ou bien encore le nom d’une famille paysanne qui avait résidé dans le secteur de ce « serrat ». Alors oui, La Barbera ou Barbera, avec ou sans le « La », avec ou sans accent sur le dernier "A", sont bien des noms de famille et les toponymistes se rejoignent pour affirmer que ce nom désigne celui qui est originaire de « Barberà del Vallès », localité de Catalogne dans la province de Barcelone.  Cette imputation essentiellement catalane, qui ressemble presque à une affirmation, me paraît plutôt étonnante car on retrouve de nombreux Barbera aussi bien en Espagne qu’en Italie et notamment en Sicile ou des familles de mafieux en ont laissé une triste image et en tous cas bien plus triste que le vin piémontais éponyme. En France, beaucoup moins. En général, après cette assertion, les toponymistes rajoutent que le nom a pour origine le latin « Barbarius », personnage romain ayant laissé son nom à un domaine du nom de « Barberiacum ». Si on creuse encore un peu plus ce « Barbarius », on découvre qu’il  pourrait avoir pour origine le gentilice tiré du cognomen "Barbarus", c'est-à-dire « le barbare ». On sait que le « barbare », du grec ancien « barbaros », c’étaient d’abord « l’étranger » pour les Romains et les Grecs.  Il en fut de même pour les Egyptiens puis pour les Chrétiens, lesquels traitaient de « barbares » puis plus tard de « barbaresques » tout ceux qui ne parlaient pas leur langue. Si on pousse les recherche un peu plus loin encore, on finit par supposer que le « barbare » était celui qui possédait une « barbe », du latin « barbatus » ou plus rarement « barbutus ».  En relation avec ce raisonnement, il serait bien trop long  de citer tous les mots qui ont dérivé de ces noms-là, à commencer par tous ceux qui commencent par « barb ». Comme on le voit, ce cheminement étymologique paraît bien inutile et surtout nous éloigne de la toponymie recherchée pour la « font » en question. Rappelons que l’étymologie est la science qui étudie l’origine des mots alors que la toponymie est celle qui est chargée d’expliquer les noms de lieux. Si l’étymologie peut parfois être une aide précieuse à la toponymie, elle n’est pas la seule solution. A cet instant, je suis loin d’avoir trouvé. Je continue de chercher et finit par trouver qu’il y aurait eu des preux chevaliers qui auraient participé à la bataille de Las Navas de Tolosa le lundi 16 juillet 1212, bataille qui vit s’affronter une immense coalition chrétienne contre les Almohades, c'est-à-dire des musulmans, commandés par le calife Muhammad an-Nâsir. Parmi ces preux chevaliers, Aymar de Mosset et Pero de Barberà, deux croisés, qui avec quelques autres, se sont mis vaillamment au service de cette coalition qui finalement sortira vainqueur. Ici, dans le cas qui m’intéresse, Mosset et Barberà sont deux noms si proches l’un de l’autre dans le temps et l’espace que finalement je me dis que je touche peut-être au but. Malheureusement rien de plus ne vient étayer cette thèse. Je repars à zéro, jusqu’à trouver la solution la plus rationnelle qui soit car avancée par le toponymiste pyrénéen Robert Aymard dans son ouvrage « L’Aragon, berceau de l’hydronymie ibéro-pyrénéenne ». Voici ce qu’il développe à propos des mots  « bulla » et « bullire » :  « bulla, bullire ‘bulle, bouillir’, arag. bolligar.  REW, 1385, 1389. Cette étymologie figure évidemment dans Bouillouse, Bouillousette, eaux en Cerdagne.  Mais  aussi dans Bouridé (source), Bouridis (cascade en Azun), Bouren ‘bouillant’ (appliqué  à un gave). Pour les termes en borb-, barb-, deux origines se juxtaposent: a) le gaulois borvo (Lebel, Coromines, Nègre, Wartburg: FEW, I, 442b); le dérivé catalan barb ‘boue’ doit expliquer les fontaines de Barbe et Barbadou (Porta), Barbère (Mosset), le Barbot de Talau… b) le latin à redoublement *BULBULLIARE < BULLA (DCECH, burbujar; FEW, I, 445a) > cat. borbollar, arag. borbullir, esp. *burbujar, barbuja (1575), borbotar; en dépendent Bourbouille (fontaine, ruisseau, Roussillon), Bourbourou (montagne, Perles), Bourbourride ou Barbouride (fontaine, Oô), Barbouillère (combe, Mijanès), sans doute Estany dels Borbs (Ratera) ».

Comme on le voit très clairement, il cite la Fontaine de la Barbère, notre fameuse "Font de la Barbera", précisant « Mosset », pour nous dire qu’il s’agit probablement et d’abord d’une source boueuse. Il n’y a donc aucune ambiguïté et je crois qu’on peut lui faire confiance et se souvenir que la boue voire la vase sont également utiles pour se « barbouiller », pour les poissons qu’on appelle « barbue » et « barbeau » vivant sur des fonds vaseux, dont certains ont des « barbillons », pour les canards qui aiment bien y « barboter », j’en passe et oublie volontairement bien d’autres mots commençant par « barb », « borb » ou « berb ». Oui, on peut faire confiance à Robert Aymard, la Font de la Barbera est bien la source boueuse telle que je l’ai découverte avec d’abord son réseau de rus ressemblant à une grande barbe, puis se transformant peu à peu en un seul ruisseau finissant par creuser un peu plus bas encore le Correc de la Solana ou Ravin de la Soulane. La Soulane débouche au lieu-dit La Carole (La Querola) où elle rejoint la rivière La Castellane. Victor Hugo dans son superbe poème « Booz endormi » n’a-t-il pas écrit en évoquant le vieillard Booz que « sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril » ? Celle de "La Barbera" était marron ; encore que son eau était plutôt limpide ; mais elle ressemblait bien à un ruisseau quelques mètres plus bas.

 

(**) Histoire des gardes forestiers assassinés : Avec force détails, vous trouverez l’histoire de ces deux gardes forestiers assassinés pour avoir été trop consciencieux, certains diront trop pointilleux.  Ils s’appelaient Jean Serrat et Gaudérique Fabre. L’histoire de leur assassinat nous ait magnifiquement conté par Jean Parès dans l’Histoire de Mosset. Retrouvez-là en cliquant sur ce lien.

 

 

 

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Le Refuge de Callau (1.537 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques du groupe Secret Garden qui ont pour titres et sont successivement interprétées par "The Song From The Secret Garden" par Stjepan Hauser (violoncelle) et Filip Sljivac (piano), "Sometimes When It Rains", "Illumination" et "Home" par Secret Garden et " The Song From The Secret Garden" par Tuấn Huy
REFUGE-DE-CALLAU
REFUGECALLAUIGN
Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

 

Urbanya. Lundi 13 avril 2015. 7h30. La première image que j’ai à mon réveil c’est celle d’un ciel bleu azur sans nuage alors que je fais face à un Canigou superbement enneigé. Voilà deux jours que je bosse comme un malade pour remettre en forme mes modestes jardins potagers que des travaux de réfection de ma façade ont laissé complètement pitoyables.  C’est la seule manière que j’ai trouvée pour tenter de rattraper l’arrivée du printemps. Travaux de terrassements, terrasses en espaliers avec murets en pierres sèches, bêchage, épierrement et désherbage, préparation des sillons, etc….tout est presque fin prêt pour recevoir les plants et les graines déjà choisies. Aujourd’hui, j’ai décidé de faire un break et de partir randonner. Une grande et belle balade comme je les aime, en pleine nature, au cours de laquelle je vais côtoyer de superbes forêts, des prairies verdoyantes, des petits ruisseaux aux eaux limpides avec cet espoir intense d’approcher la faune sans trop la déranger. Une balade en solitaire et donc dans le calme, la sérénité, sans stress et avec mon flegme habituel, qui par habitude, guide mes pas. En raison de douleurs persistantes aux hanches et de la distance que j’ai décidé de parcourir, pas question pour Dany de m’accompagner alors qu’il lui faudrait accomplir plus de 28 kilomètres pour réaliser cette boucle que j’ai programmée jusqu’au Refuge de Callau en passant par le col de Tour, Canrec et les flancs de la Rouquette. Bien sûr, rejoindre le Refuge de Callau à partir d’Urbanya, ce n’est ni la plus simple ni la plus courte des manières mais je sais ce qui m’attend. En réalité, je suis venu de multiples fois à Callau (**) mais le plus souvent à partir du col de Jau et la dernière fois, c’était ce « fameux » 29 septembre 2012 lors de la « Marche pour la libération du Madres » dont le propriétaire Groupama voulait interdire l’accès. Depuis, et or mis le fait que Groupama ait fait marche arrière puis ait accepté de laisser libre l’accès à son immense domaine montagnard de 2.000 hectares, j’avoue que je n’ai plus vraiment de nouvelles ni du collectif qui s’est crée autour de ce mouvement et encore moins du refuge dont je sais qu’il est fermé depuis quelques années. D’après un article lu dans le Journal de Mosset, il n’est, paraît-il, plus aux normes européennes. Ah l’Europe ! Ah les normes ! Voilà deux sujets sur lesquels il y aurait tant à dire et à débattre ! Moi, la seule fois où j’ai logé et mangé au Refuge de Callau, c’était lors de « Mon Tour du Coronat » de l’été 2007 et le moins que je puisse en dire, c’est que j’en garde un souvenir « fabuleusement » impérissable. Alors, les normes, j’avoue que je m’en fous un peu et en randonnée, loin s’en faut, il m’est arrivé de dormir dans des lieux bien plus exécrables que celui-là. C’est assez marrant mais quand je repense au Refuge de Callau aujourd’hui, deux anecdotes cocasses me reviennent en mémoire : les délicieuses lasagnes d’Armelle, la gardienne du refuge et les chevaux de la Jasse. Alors attention, je précise que ces anecdotes n’ont absolument rien à voir avec la « fameuse » fraude  à la viande de cheval de 2013 dans laquelle des lasagnes étaient concernées. Non, dans mes anecdotes, les pâtes et les équidés sont bien dissociés les uns des autres. Concernant, les lasagnes, ce 16 août 2007, j’avais soupé avec un groupe de randonneurs de l’organisateur pyrénéen « Natura » et je me souviens que tout le monde les avait tellement trouvées bonnes que nous étions tous là à réclamer du « rabiot » avec une farouche exaltation.  Les deux grands plats que la fille d’Armelle nous avait apportés s’étaient avérés insuffisants pour nos ventres affamés mais surtout à priori très gourmands. Ces lasagnes avaient un petit « je ne sais quoi » de plus que je n’avais jamais connu auparavant même quand je les comparais à celles que ma mère préparait et qui était pourtant un vrai et grand cordon bleu quant il s’agissait de concocter des « farcis ». La plupart des autres convives avaient dit la même chose. Concernant l’anecdote des chevaux, quand depuis Nohèdes, j’étais arrivé à la Jasse de Callau dans l’après-midi, j’avais cru bon de prendre un raccourci à travers prés et là, par je ne sais quel mystère, j’étais entré dans un grand enclos et m’étais retrouvé au beau milieu de chevaux et de bovins. Alors que je traversais tranquillement cet enclos,  j’avais été coursé d’abord par une vache puis pas deux chevaux qui n’avaient pas l’air d’apprécier ma présence sur leur territoire et ce n’est que de manière in extremis que j’avais pu enjamber la dernière clôture me séparant d’eux. Avec mon volumineux et lourd sac à dos, je crois que jamais je n’avais couru aussi vite et quand le lendemain matin, j’avais raconté mes tribulations à un sympathique maquignon avec lequel j’avais pris le petit déjeuner, il m’avait gentiment reproché mon intrusion dans l’enclos mais n’était pas certain que les chevaux en voulaient à mon intégrité physique. Selon lui, j’avais eu la frousse tout simplement.  Mais revenons à ma balade car comme l’écrivait si bien Pierre Plas dans « Les Cavaliers des Madres * » à propos du « Refuge de Callau » « la radieuse matinée… dissipe les nostalgies qui m’ont assailli…hier soir. L’air est si pur et limpide que je pourrais dénombrer les arbres à l’orée de telle lointaine clairière ou les plus fines aiguilles de roc sur tel sommet qui me domine. Les prairies sont étoilées de fleurs aux couleurs éclatantes ». Pour toutes ces jolies raisons et bien d’autres encore, il est temps que je me mette en route. Je quitte Urbanya, direction le col de Tour par la piste habituelle, celle qui monte par le Cami de las Planes depuis le village. C’est bien plus court pour moi pour rejoindre l’ancien tracé du Tour du Coronat même si je sais que je me dois de respecter la ferme qui se trouve un peu plus haut et surtout les bovins qui l’occupent en général. D’ailleurs, Philippe le vacher est là, déjà au labeur, et après avoir « taillé la bavette », il me met en garde contre les vaches qui allaitent encore leurs tout jeunes veaux et que je risque de rencontrer un peu plus haut sur la piste. Les cerisiers chargés de fleurs colorent le chemin. Ces fleurs blanches et celles flamboyantes des genêts attirent les abeilles et une nuée de papillons multicolores. Je voudrais bien les photographier tous mais plusieurs échappent à ma sagacité et à l’objectif de mon numérique. Plus haut, en coupant le Correc de Saint-Estève, effectivement et comme l’avait prédit Philipe, je tombe nez à nez avec trois jeunes veaux qui pataugent dans la gadoue mais heureusement leurs mères ne sont pas là. Je passe donc sans encombre et je prends même le temps de photographier quelques bruants fous peu craintifs qui picorent le sol en quête de quelques graines. Des papillons, des oiseaux et des fleurs printanières, je vais encore en avoir mon lot visuel et photographique aujourd’hui et quand j’atteins le panneau « Domaine de Cobazet », j’ai mis presque deux heures pour parvenir jusqu’ici.  Malgré mes arrêts photographiques quasi incessants, je suis plutôt satisfait d’être déjà là. Après la piste terreuse et sèche, qu’elle n’est pas ma surprise de constater qu’ici, au col de Tour, subsistent quelques « bonnes » plaques de neige. Mais tant pis, pour rejoindre Callau, je décide néanmoins d’emprunter la piste dite de « Canrec » plutôt que celle que l’on appelle  « piste du chemin de fer minier » qui reliait en son temps, la carrière de talc de Callau au Domaine de Cobazet puis à la gare d’Estardé. Je connais bien ces deux pistes DFCI, mais je sais que celle de Canrec permet des vues bien plus grandioses et lointaines alors que l’autre circule essentiellement en sous-bois. Alors autant en profiter car à l’instant même où je m’octroie une brève pause et un frugal en-cas, je constate que quelques petits cumulus passent au dessus de ma tête. Ce sont les premiers depuis ce matin et bien qu’ils n’aient aucun aspect inquiétant, poussés qu’ils sont pas une « gentille » tramontane, je constate qu’ils vont grossissants et se font plus nombreux au fil du temps. Je décide de me remettre en route. Effectivement, la neige se fait plus présente au fur et à mesure que je monte vers Canrec et la Rouquette et parfois, sur les portions les plus ombragées, la piste est complètement obstruée par de larges névés. Parfois, poussés par le vent, ces névés se sont transformés en épaisses congères et se frayer un chemin devient plus compliqué sur ces hautes plaques glacées. A chaque fois je réussis à passer, même si très souvent mon bâton de marche est une aide précieuse pour ne pas tomber sur ce terrain glissant et incertain. Sans crampons ou raquettes, il est même parfois très périlleux, d’autant qu’ici je suis seul  au monde et donc conscient de cette situation critique qui peut rapidement tourné à l’aventure voire au désastre si un accident vient à  se produire. Mais à chaque fenêtre qui s’entrouvre, le spectacle reste fabuleux car somptueux où que je regarde. Ce spectacle m’incite à poursuivre malgré les plaques de neige de plus en plus larges et épaisses. J’embrasse superbement la majestueuse et immense forêt où les bruns et les verts se partagent clairement les espaces. Les bruns se sont les feuillus encore dépourvus de leurs feuilles en cette saison et les verts se sont les résineux plus majoritaires au fur et à mesure que l’altitude s’élève. Ces couleurs contrastent avec les roux  des collines environnantes dominant la vallée de la Castellane. Parfois, j’ajuste mes jumelles pour tenter de voir bien plus loin encore mais l’horizon reste flou car opaque, bouché qu’il est par une écharpe brumeuse blafarde. Je devine néanmoins quelques sommets piémontais comme la Serre de Sournia ou Força Réal. Derrière, c’est la Méditerranée. Plus près, je reconnais quelques objectifs de balades comme le pic del Rossello et encore plus près le Dourmidou, lequel tacheté de quelques blancs névés, prend des airs de gros panda ventru. Après ces vues sur la Vallée de la Castellane, la piste, toujours magnifiquement bordée de sapins,  file en direction de la Rouquette. Pour moi, pas de doute, je suis au Canada. Alors que je tente de photographier un oiseau au sommet d’un sapin, j’aperçois à l’instant même et en contrebas, une biche qui traverse une clairière. Jolie vision mais bien trop fugitive à mon goût. La piste bifurque à 90° en atteignant le Correc de Canrec, ruisseau ô combien ardu à enjamber en cette saison à cause de la neige et de son débit plutôt rapide. Plutôt que de chercher à éviter l’eau avec un équilibre instable et risqué, je prends la décision de me mouiller un peu les pieds. Quelle n’est pas ma surprise de constater des milliers d’œufs de grenouilles dans les fossés adjacents remplis d’eau glacée et parfois même de neige. Avec ces œufs noirs amalgamés en grappe ressemblant à du caviar, pas de confusion possible avec ceux des crapauds car ces derniers sont, paraît-il, toujours pondus en chapelets. Mais ici, pas de grenouille et je poursuis vers la Rouquette et vers Callau. Plus loin, un cairn au bord de la piste forestière me rappelle à mes vieux souvenirs du Tour du Coronat. Je suis sur le point de quitter la piste au profit d’un petit sentier qui descend dans un bois quand je m’aperçois qu’il y a deux isards couchés dans la neige à une trentaine de mètres de l’autre côté. Alors que je m’apprête à entrer dans le sous-bois, je me baisse pour éviter d’être vu mais un des deux isards m’a déjà repairé et il s’est soulevé. Le temps d’ajuster mon appareil-photo et je les vois disparaître derrière un bosquet. Je traverse la piste en courant mais il est déjà trop tard. Ils ont disparu. C’est marrant parce qu’en 2007, c’est déjà en voulant suivre un isard que ce dernier m’avait entraîné dans un autre raccourci non loin d’ici. Un peu déçu, j’emprunte le raccourci mais en rejoignant la piste tout près de la carrière de talc, je suis de nouveau stupéfait par une multitude de minuscules grenouilles qui émergent de l’eau ô combien glacée et neigeuse des fossés. En surface, ce sont les plus petites qui pointent leurs grands yeux écarquillés, leur bouche rieuse et leur dos brun verdâtre. Leurs nez semblent même glacés. Avec cette image, je me souviens que ma mère disait que quand la grenouille monte à l’échelle du bocal pour mettre le nez hors de l’eau c’est que le temps va être sec. Aujourd’hui, sec et très froid sans doute ? Mais, je ne sais pas si cette théorie est vérifiable car au fond, à travers l’eau très limpide, j’en aperçois des plus grosses mais avec cette fois la peau plus claire, grise ou rousse et certaines tachetées et avec des pattes palmées bleutées. Je surprends tout ce joli petit monde amphibien qui semble vivre très paisiblement dans cette eau hyper gelée. Mais comment font-elles pour résister à ce froid que les températures nocturnes doivent encore fortement accentuer ? Quand avec le bout de mon bâton,  je pique la surface de l’eau, toute cette faune batracienne détale, certaines grenouilles s’enfouissent sous les feuilles et dans la vase du fond et d’autres plus étonnamment, partent se réfugier sous la couche neigeuse recouvrant le fossé. Au moment où je m’apprête à quitter mes « bestioles », un grand bruit me fait sursauter car une lourde congère accrochée à un pin vient de choir dans le fossé à l’endroit même où je venais d’apercevoir les grenouilles. Auront-elles survécu à cette avalanche de neige glacée? Quelques minutes plus tard, me voilà en surplomb de la Jasse de Callau. Aujourd’hui pas de vaches ni de chevaux, tout est éperdument dépeuplé. Seule une buse solitaire plane sur la désertique prairie. Quand aux lasagnes d’Armelle, je ne me fais aucune illusion et je ne suis pas près d’en manger de nouvelles ! Le refuge est là, presque intact et similaire à mes dernières et lointaines venues. Les tôles ondulées de la toiture sont-elles un peu plus rouillées ? Je ne le pense pas. Je regarde avec effarement, le tronc desséché d’un immense sapin dont la cîme est tombée à quelques mètres à peine de la porte d’entrée. A côté de cette porte, toujours les mêmes jolis panonceaux de bois : « Refuge de Callau – Alt.1.537 m- Buvette – Nuit- Pt.déj » et un numéro de téléphone désormais bien inutile. Je me marre en pensant qu’on aurait pu rajouter « excellentes lasagnes ! ». Que serait-il advenu si ce sapin était tombé sur la toiture ? Je pars vers la cabane servant d’étable aux animaux et à nouveau les souvenirs de mon Tour du Coronat ressurgissent. En 2007, je me souviens y avoir photographié un gentil petit ânon qui adorait les caresses mais il y en avait un deuxième mais celui là était plutôt ombrageux et quand je m’approchais de lui pour le photographier, il semblait agacé et il tournait systématiquement la tête. De ce fait, je n’ai de souvenirs photographiques que du premier. En approchant de la Castellane, je m’aperçois qu’une chose a néanmoins changé, le petit pont de bois enjambant la rivière n’est plus là. Sans doute emporté par les flots, il ne reste plus que les profilés métalliques. Quand je regarde ces longues traverses, je me demande même si ce ne sont pas les vieux rails de l’ancienne voie ferrée qui apportait le talc de la carrière vers Cobazet. Tout part à l’eau donc ? Plus je regarde ce refuge et plus je suis triste et j’ai du mal à comprendre que l’on ne trouve pas les quelques centaines de  milliers d’euros pour le rénover, le remettre aux normes et lui rendre une nouvelle vie. A y réfléchir, il en a tant connu des vies antérieures parfois heureuses et d’autres bien plus ténébreuses : lieu de résidence des ouvriers avec cantine et couchages lors d l’exploitation du bois et du talc, haut-lieu de la résistance maquisarde pendant la guerre, repaire de courageux rebelles souhaitant échapper au Service du Travail Obligatoire (S.T.O), aventures des bergers et des éleveurs partant en transhumances vers le Madres mais aussi rendez-vous des maquignons, des cavaliers, des randonneurs et des amoureux de la nature en général. Ne venez pas me dire que Groupama et le Conseil Général n’ont pas les moyens financiers de restaurer ce « monument historique » mais le problème c’est qu’aujourd’hui, on ne veut plus mettre de l’argent dans un projet sans la certitude d’un retour profitable et rapide sur investissement.  Aujourd’hui, il faut impérativement gagner beaucoup d’argent et moins ça prend de temps et mieux c’est. Mais ici, il n’y a pas grand-chose, il ne  passe aucun chemin de grande randonnée et quand dans les années 70 on a échafaudé un téléski et un parcours de ski de fond, tout le monde s’est immédiatement vanté que la station de Jau-Mosset était la plus petite du monde.  Alors comment peut-on espérer réussir lorsque dès l’origine on pose un regard négatif à propos d’un projet ? On a même tenté de créer un centre touristique de montagne ici au refuge avec alimentation et organisation de balades mais rien n’a réussi à s’inscrire dans la durée. Enfin, il y a quelques années, on a crée un agréable sentier d’interprétation dit « Sentier des 5 sens » et là, très bizarrement, on a évité de le faire passer par le refuge pourtant tout proche. Alors volonté délibérée ou vues divergentes entre les principaux acteurs économiques ? Il est clair que ce refuge n’intéresse que peu de gens ou peut-être uniquement des vieux nostalgiques ou amoureux de la nature comme moi diront certains. Je quitte le refuge, direction la petite cabane de berger de la Jasse où je vais finir mon casse-croûte. Les vues y sont plus amples et donc plus belles qu’au refuge. Je tombe sur une stèle que je ne connaissais pas en hommage et avec la photo d’un certain Thierry dit Galinette. Avec son béret et entouré d’animaux, je suppose que Thierry était un pastoureau, habitué de Callau et tout particulièrement un amoureux de ces lieux et des animaux dont il devait s’occuper avec gentillesse et passion. Une buse plane dans le ciel et assure les spectacle. Dès le pique-nique terminé, je reprends la piste, cette fois, c’est bien celle dite du « chemin de fer ». Elle file vers le col de Tour au milieu d’une belle et grande hêtraie. Dès le départ et alors que je surplombe encore la prairie, je surprend un joli chevreuil en contrebas. Pendant que je le photographie, il m’observe fixement avec ses grands yeux de biche et je me demande qui est le plus surpris de nous deux : lui ou moi ? Au bout de plusieurs longues minutes qui m’ont permis de le photographier au mieux, il se retourne tranquillement et continue de paître en m’ignorant. Comme toujours, je me dis « quelle chance il a  » que je ne sois qu’un chasseur d’images ! En aura-t-il autant la prochaine fois qu’il rencontrera un autre être humain ? Après le chevreuil, c’est de nouveau les grenouilles qui remplissent mon retour vers Urbanya. A chaque ruisseau traversé, aussi bien dans celui de Canrec que dans celui de Rocamaura,  je vais en voir et en photographier une belle quantité. Ici, les grenouilles détalent un peu dans tous les sens et les grappes d’œufs sont phénoménales. Je me dis qu’il est dommage que ces œufs ne soient pas aussi comestibles et aussi réputés que le caviar car avec tout l’argent récolté, on aurait pu aisément se payer la rénovation du refuge. Mais non, je rêve car j’ai entendu dire que la gélatine entourant les œufs de grenouilles était toxique. Dommage ! Le col de Tour est déjà là et plutôt que de redescendre par la piste prise ce matin, j’emprunte celle qui file vers le col de Les Bigues. Dans le ciel, plusieurs vautours tournoient en de amples circonvolutions. Ils n’ont rien d’effrayant or mis le fait qu’ils semblent descendre à chaque tour nouveau. Disparu depuis ce matin, le Canigou réapparaît dans sa blanche splendeur même si quelques gros nuages le couronnent dans sa partie la plus haute. J’adore cette piste avec ses vues imprenables et plongeantes sur le Vallon d’Urbanya et le village et avec ses panoramas immenses et circulaires vers le Coronat, le Madres, le pic de Tour et le Canigou. Au col de Les Bigues, j’emprunte la piste DFCI CO57. Elle est encadrée d’une clôture mais en atteignant une autre clôture perpendiculaire à la première, je décide de suivre le sentier qui descend et la longe. D’un côté, le ravin du Correc del Menter plutôt boisé et de l’autre, les Escocells, ample « serrat » essentiellement recouvert de cistes, de genêts et de buissons épineux.  C’est le retour le plus direct que je connaisse pour rejoindre Urbanya même si cette longue descente réclame vigilance et prudence car le sentier est terreux, parfois très caillouteux et souvent traversé de quelques ronces rampantes et donc traîtres car on a vite fait de s’y emmêler les pieds . Depuis le col de Les Bigues, je vais mettre exactement une heure pour rejoindre la rivière Urbanya non loin de la cascade. Il faut dire que quelques jolis passereaux jouant à cache-cache dans les futaies et avec l’objectif de mon numérique n’ont cessé de me ralentir. Le bord de la rivière me réserve de nouvelles surprises fauniques et  floristiques mais le village et ma maison sont déjà là. Sur ma terrasse, mon GPS affiche plus de 28 kilomètres pour l’itinéraire que je viens d’accomplir. 28,680 km pour être exact. Les montées et les descentes cumulées sur mon logiciel s’affichent pour 2.200 mètres et le dénivelé a été de 872 mètres, le point le plus bas étant bien sûr Urbanya à 860 mètres d’altitude et le plus haut se situant à 1.732 mètres à Canrec juste après le croisement de la piste et du Correc dans leur partie la plus haute. Ma longue balade vers Callau est terminée. Y retournerais-je un jour ? Je ne sais pas mais comme j’adore ce secteur du Haut-Conflent, il y a de fortes probabilités que j’y revienne même si le refuge reste à jamais fermé. Je ne l’espère pas bien sûr et s’il venait à rouvrir, il serait pour moi, une belle et agréable étape vers des horizons un peu plus lointains pour des balades à faire sur 2 à 3 jours. Je suis un cow-boy sans cheval et donc pédestre, mais je me reconnais néanmoins dans le texte suivant que j’ai à nouveau chipé dans  « Les cavaliers des Madres* ». Celui-ci est extrait de la nouvelle « Le rêveur d’Amérique » : « Le rideau frémit. Il se lèvera bientôt sur une scène immense, celle du Far West, ou j’irai, entre prairies et montagnes, entre déserts et rivières, faire moisson de mes rêves anciens. Je tiendrais alors mon journal de voyage. Mais je suis déjà dans le théâtre, tel un spectateur en avance. » Très exceptionnellement 3 cartes IGN top 25 peuvent s’avérer utiles sur le parcours décrit ici. Les voilà ci-après : Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet – Carte IGN 2248 ET Axat – Quérigut – Gorges de l’Aude – Carte IGN 2249 ET Font-Romeu - Capcir Top 25.
 
(*) « Les cavaliers des Madres, Cowboys des Pyrénées-Orientales et autres récits » de Pierre Plas aux Editions Mon Petit Editeur 2012.
 
 
Nota : Il faut noter que le nom du refuge « Callau » ayant sans doute pour signification « caillou » ou « caillasse » s’écrit parfois « Caillau », « Calhau » voire « Caillaou » qui est la meilleure façon de le prononcer paraît-il. En tous cas, c’est de cette manière qu’il est prononcé du côté de Mosset. Moi, je m’en suis tenu à l’orthographe aperçue sur le lieu même du refuge et que je retrouve également sur la carte IGN. Pas loin de Mosset, mais du côté de Conat cette fois, on trouve également une rivière du nom de Callau ou Caillan, affluent du fleuve La Têt. Plus globalement, ce nom de « Callau » signifie « sol pierreux » (Jean Llaury).

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Le Roc de Les Creus (1.091 m-Conat) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 5 chansons de Elmore James. Elles ont pour titres : "The Sky is Crying", "I Done Somebody Wrong", "Early In The Morning", "Sho' Nuff I Do" et "Standing at the Crossroads".
LE-ROC-DE-LES-CREUS
ROCDELESCREUSIGN
Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

Il y a quelques semaines, j’avais expliqué dans mon blog, une belle balade qui consistait à partir à la recherche de « pierres gravées et dressées » se trouvant au dessus du village de Conat au lieu-dit le Pla de Vall d’en So ou Balençou.  Si vous relisez mon récit, vous constaterez que j’avais gardé en réserve une autre roche gravée toujours située sur cette crête et plus précisément au Roc de les Creus (Roc des Croix). J’aurais pu bien sûr toutes les découvrir au cours d’une seule et unique randonnée mais si j’ai gardée celle-ci « sous le coude » ce n’est pas uniquement sous prétexte « d’inventer » une balade supplémentaire au départ d’Urbanya. Non, j’ai voulu donner à cette pierre une valeur toute particulière car, au même titre que celle du Roc de l’Amoriador (décrite dans la balade les Crêtes de Serrabonne) au dessus de Glorianes et que la « Peira Escrita » de la Vallée du Galbe, elle est sans doute une des roches gravées parmi les plus insolites et étonnantes de notre département. Elle méritait donc que je lui consacre une randonnée. Si j’ai démarré d’Urbanya, c’est parce que je m’y trouvais en vacances et qu’il était bien plus commode pour moi de partir de ce village plutôt que de refaire le même parcours à partir de Conat. D’abord,  les distances sont quasiment similaires et en plus, j’étais assuré de découvrir des paysages et des panoramas quelque peu différents. Je n’ai pas été déçu d’autant que le beau temps était de la partie, que l’automne commençait à se parer de ses plus belles couleurs et que la flore était presque aussi resplendissante qu’au printemps. A Urbanya, j’ai comme très souvent emprunté le chemin de Saint-Jacques qui file vers l’est et se transforme très vite en un petit sentier entrant de plein pied dans la garrigue du Serrat de Calvaire. Si on se fie à un balisage bleu bien présent, on pense à quitter l’itinéraire le plus évident en arrivant à un collet à la hauteur du Serrat de l’Homme. Là, un autre sentier monte à gauche et s’élève régulièrement entre les lieux-dits Coubère (tonnelier) et Clot del Baro (Enclos du baron). Tous ses sentiers me sont désormais familiers car je les ai déjà empruntés et décrits à maintes et maintes reprises dans mon blog : Roc de Jornac, Pic del Torn, Serrat Gran, etc…..Après quelques pérégrinations au sein de hautes fougères et de quelques vestiges d’un agropastoralisme d’antan, on finit par atteindre la piste et la clôture au lieu-dit Miralles. Au préalable, si vous avez eu l’idée de lever la tête vers quelques grands pommiers centenaires, vous aurez rempli les poches de votre sac à dos de quelques belles « goldens » et autres « galas » sauvages.  Ici, à Miralles, de tous côtés, des panoramas s’entrouvrent magnifiquement mais celui en contrebas des ravins et en direction du Canigou et vers la longue Vallée de la Têt capte l’essentiel des regards. Si, l’itinéraire normal consiste à suivre la clôture pour monter jusqu’au sommet du Serrat de Miralles (1.377 m), moi, dans l’immédiat,  j’ai décidé de descendre sur quelques mètres pour partir à la découverte d’un étrange tumulus de pierres découvert par Jean Abelanet en 1967. Selon l’archéologue, cet étrange tumulus a sans doute supporté un dolmen. Ensuite, il se dit que ce dolmen aurait été ruiné par des bergers et que les dalles principales auraient peut être été utilisées pour élever un cortal ou un orri se trouvant dans les parages. C’était au temps jadis. Après cette « exploration » plutôt décevante, car bien évidemment il ne s’agissait que d’un simple tas de pierres pour le candide que je suis, je me suis lancé dans l’ascension du Serrat de Miralles en longeant la clôture. Un peu plus d’un kilomètre à monter cette colline sur un raidillon plutôt abrupt et je fus enfin délivré de toutes déclivités une fois le sommet atteint. Là, j’ai enjambé la clôture, j’ai basculé dans le Domaine de Cobazet et j’ai emprunté la longue descente vers le Roc de les Creus. D’abord en me dirigeant vers le Serrat d’Estardé puis vers les ruines de l’ancienne gare qui a longtemps servi à l’exploitation du talc de Caillau et à transborder les grumes du domaine. Là, j’ai retrouvé le chemin du Tour du Coronat si cher à mes souvenirs. Il faut dire que ce tronçon tout en descente vers la gare d’Estardé et le plus souvent sur la crête est fort agréable. Les panoramas y sont exceptionnels, les chemins se faufilent au milieu des prairies puis alternent par moment avec la somptueuse forêt domaniale. Une fois arrivé aux ruines de la gare, on passe de cette végétation extraordinaire et exubérante à un maquis plutôt aride et bien évidemment le contraste peut paraître surprenant. Heureusement, les panoramas restent grandioses et s’entrouvrent en supplément sur la basse et moyenne Vallée de la Castellane. De plus, la flore typiquement méditerranéenne embaume, offre ses baies bigarrées et de ce fait, attire une incroyable faune où insectes volants, sautants et virevoltants se partagent le ciel et l’espace avec de nombreux passereaux qui n’en demandent pas tant.  Il ne reste plus qu’à descendre le Tour du Coronat et à trouver la fabuleuse roche gravée et bien évidement, si tout comme moi, vous avez sa position géographique enregistrée dans un GPS, votre tâche s’en trouvera largement facilitée. Pour les autres, je précise que cette roche se trouve au milieu de genêts, à gauche sur le chemin qui se dirige vers Catllaurens, une trentaine de mètres après avoir quitté l’ancienne piste du Tour du Coronat. Moi, avant d’aller au Roc de les Creus,  j’ai quitté la piste et j’ai longé la clôture qui sépare les limites communales et avec beaucoup de chance et d’étonnement, j’ai ainsi découvert deux autres roches gravées de quelques croix. Peu après et grâce à mon GPS, je suis « tombé pile » sur l’étonnante roche que les archéologues désignent du nom de Roc de les Creus II (*). Je me suis souvenu que Jean Abelanet voyait dans ces  cupules reliées par de petites rigoles, la fonction probable de récupération d’un liquide mais excluait qu’il puisse s’agir d’eau de pluie. Pensait-il à du sang ? Pensait-il à des rites funéraires ou macabres ? En tous cas dans son livre « Signes sans paroles », il ne le précise pas. Toujours est-il qu’il affirme qu’avec ce type de gravures rupestres et même si celle-ci est unique en Roussillon, les théories peuvent être nombreuses et parfois même fantaisistes selon les lieux : représentation de constellations célestes, plans cadastraux ancestraux, représentation stylisée d’un animal et certains ont même vu dans cette roche, un éventuel « cadran solaire ». Après cette fabuleuse et mystérieuse découverte, j’ai continué à descendre la piste sur quelques centaines de mètres, histoire de me souvenir de « Mon Tour du Coronat » puis, après un pique-nique improvisé face au Canigou, j’ai refait le chemin à l’envers jusqu’à la gare d’Estardé. Là, j’ai repris la piste forestière direction le col de les Bigues avant d’entamer la longue descente vers Urbanya par le sentier des Escocells. La collecte des champignons étant interdite dans le domaine de Cobazet, je n’ai fait que regarder l’incroyable variété mycologique du domaine et je me suis amusé à recenser plus d’une cinquantaine de champignons différents en les photographiant. A 17 heures, j’ai retrouvé ma petite maison d’Urbanya et comme j’avais démarré le matin à 9 heures, le calcul était vite fait : j’étais resté 8 heures sur les magnifiques sentiers de ce Haut-Conflent dont je ne me lasse pas ! J’avais accompli une boucle de 16km200 pour des montées cumulées de 1.130 mètres et un dénivelé de 521 mètres, le point culminant étant matérialisé par la borne se trouvant au sommet du Serrat de Miralles à 1.377 mètres d’altitude. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.

Si l'histoire du Domaine de Cobazet vous intéresse cliquez ici.

Nota : Je pensais cette roche du Roc de les Creus unique mais lors d'une longue balade à la roche gravée de Fornols depuis Campôme, j'en ai trouvé une autre presque quasi similaire avec de nombreuses cupules reliées entre elles par des entailles. Elle est moins belle il est vrai, mais très ressemblante en tous cas. Contrairement à celle du Roc de les Creus, elle ne paraît pas connue des spécialistes ! A vérifier toutefois.

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Si Cobazet m'était conté.......

Publié le par gibirando


Le récit que vous allez lire ci-après est l'histoire de Cobazet, domaine forestier situé dans la Haut-Conflent au pied du Massif du Madres entre la Vallée de la Castellane et celle d'Urbanya. Dans la Vallée de la Castellane, le village le plus emblématique est celui de Mosset,  inscrit parmi les plus beaux villages de France et ce récit est le résultat d'un magnifique travail de recherche et de rédaction effectué par un vrai mossétan. Ce mossétan, c'est Julien PUJOL, agriculteur, randonneur émérite, amoureux fou de son pays catalan et fervent adepte du yoga depuis de très longues années. C'est d'ailleurs par l'entremise d'une association de yoga que j'ai connu Julien, les randonnées pédestres nous ont bien évidemment naturellement rapprochés, nous avons appris à nous connaître et avec la gentillesse qui le caractérise, Julien m'a transmis ce récit et m'a autorisé à le publier dans mon blog "Mes Belles Randonnées Expliquées". Je ne peux bien évidemment que l'en remercier. D’abord parce que j’aime l’histoire mais surtout parce que tout comme lui je suis tombé éperdument amoureux de ce coin de montagne…….

Si Cobazet m’était conté…..
Je ne suis pas écrivain, je ne suis pas historien, je suis tout simplement un agriculteur qui a travaillé la terre pendant plus de 45 ans et étant toujours aussi amoureux de cette terre catalane qui m’a vu naître, je n’ai pas pu refuser à Amaury, notre ami ardéchois, le fait de coucher sur le papier quelques témoignages, quelque partage sur le vécu concernant le domaine de Cobazet, situé dans cette belle vallée de la Castellane, entre le Col de Jau et le si pittoresque village de Mosset, bien en face de notre Canigou. C’est pour cela que j’ai fait appel à la tradition orale avec les anciens qui ont sué sang et eau dans ces montagnes, avec tout ce que cela induit d’erreurs quant à des interprétations diverses pour le même évènement puisque la mémoire populaire n’a pas toujours la rigueur de l’histoire !!
Cobazet se prononce en catalan « coubazètt », ceci bien sûr en rapport avec la « cova » qui signifie « grotte », sous-entendant que sur les lieux, il y avait des avens qui ont été comblés par la suite et le « v »qui figure encore sur certaines cartes avec la dénomination « Covazet » devient « b » de par les mystères de la linguistique ! Le domaine de Cobazet, dont le propriétaire actuel est Groupama, décline bien en remontant le temps, l’économie agricole de cette vallée : c’était  de l’élevage et des cultures vivrières, puis l’exploitation de la forêt et enfin l’exploitation de la carrière de talc.
La première interrogation, à l’arrivée sur le corps de ferme du domaine se pose dès le seuil, à l’entrée du corps d’habitation : sur une pierre de granit sont gravés deux noms et une date : « PARES, LAVILA, 1862 ». Cette date permet de présumer que ce sont ceux qui ont été les constructeurs ou au moins les habitants de cet édifice (les métayers ?). Puisque cela portait le nom de « Métairie de Cobazet » et quelques recherches nous conduisent à Jean Parès, enfant de Mosset, qui nous donne la probable origine de cette pierre gravée : elle repose sur l’analyse des familles Lavila et Parès au 19ème siècle mais sans pouvoir remonter avec précision sur la date exacte de la construction de l’édifice : dans la suite du récit nous essayerons d’établir un lien entre ces familles et le propriétaire des lieux en 1862, Rémi Jacomy. La bâtisse était délabrée lors de son achat et il avait chargé un de ses commis, Louis Lavila, de procéder à sa rénovation. Celui-ci choisit un maçon marié à une de ses cousines Françoise Lavila, née Parès et nous pensons qu’il a voulu honorer ses beaux-parents en gravant leur nom dans le roc. Quant aux origines des habitants de la bâtisse, une voie sur laquelle je m’étais engagé s’est révélée être fausse : à savoir qu’un dénommé Jean-Baptiste Vila, marié en 1810 avec Anne-Marie Parès, possédait, au lieu dit Cobazet, une terre de 2 hectares (erreur suite confusion de noms entre Lavila en un seul mot et La Vila).
Revenons aux origines de propriété : une vaste propriété rurale dite « montagnes de Mosset » en nature de pacages, bois et forêt de pins, sapins, hêtres et chemins d’exploitation pour une superficie d’environ 1894 hectares ainsi que le domaine de Cobazet, composé d’une maison de maître, de granges et d’écuries, de champs, et de près pour un ensemble d’environ 91 hectares appartenait, entre autres propriétés, dont le site dit « le Caillau », jusqu’e 1861, aux descendants de la seigneurie du Marquis d’Aguilar. Cette famille, depuis 1675, régnait sur le territoire de Mosset jusqu’à la révolution de 1789.
Comme les descendants des d’Aguilar avaient émigré en Espagne en 1793, leurs biens ont été nationalisés et revendus aux enchères. Seuls la forêt et les vacants y ont échappé. Ils ont été attribués à Jean Gaspar d’Aguilar qui avait émigré bien avant la révolution. La commune de Mosset s’est opposée énergiquement à cette décision par voie de justice. Elle s’est ruinée en d’interminables procès jusqu’en 1811.
Localement, les délits forestiers sont de plus en plus fréquents. En 1806, les deux gardes forestiers de d’Aguilar sont assassinés au lieu dit Ladou. Leurs cadavres sont retrouvés deux semaines plus tard enfouis dans un four à chaux au Coll del Torn. Après enquête et jugements, le bilan est de sept inculpations : deux acquittements, quatre condamnations à 20 ans de fer à Rochefort et un fuyard.
A la suite des évènements qui s’ensuivirent, les héritiers revendirent ces biens précisés à celui qui fut un grand acteur du monde économique catalan dans les années 1860-1883, le maître des forges Rémi Jacomy qui était le gérant de la Société des Forges de Ria. C’était un véritable capitaine d’industrie qui fut le promoteur d’une dizaine de haut fourneaux à bois et ceci explique l’achat du domaine de Cobazet pour l’exploitation de ses forêts pour la fourniture du bois et du charbon de bois nécessaire à son industrie.
Le débardage se faisait alors par ce qu’on appelait « le chemin des Traginers » Le Caillau – Cobazet – le col d’el Torn – le col de las bigues – Estardé. Par la suite nous verrons que c’est toujours sur cette rive droite de la Castellane que fut construite la ligne de chemin de fer. C’est ce qui s’appelait alors « le trajet libre » entre le col de Jau et Prades, de par une convention passée entre Jacomy et la commune de Mosset : « Monsieur Jacomy autorise la commune de Mosset et ses habitants à passer à pied, à cheval et en voiture sur le chemin qu’il a tracé sous la condition, à moins d’autorisation spéciale, d’y passer avec des troupeaux, du minerai ou du charbon de bois » (concurrence oblige !).
Cette convention (Jugement du 16 Juillet 1861) met fin au conflit qui oppose la communauté de Mosset aux d’Aguilar depuis des siècles. On sait que les habitants pouvaient prélever du bois de chauffage et de construction et défricher les vacants sur tout le territoire de la baronnie. Ce droit global sur tout le territoire est transformé par cantonnement : Jacomy est affranchi de toute servitude sur la partie haute de la forêt (sauf le droit de passage indiqué ci-dessus). La commune devient propriétaire des vacants et de la partie basse de la forêt, c’est-à-dire, grosso modo, de tout ce qui est au-dessous d’une ligne qui va du col de Jau à Estardé.
Ensuite l’évolution technique et économique fait que les sociétés de Rémi Jacomy sont en faillite en 1882 et tous ses biens sont finalement vendus aux enchères en 1883.
Commence alors une autre aventure pour les habitants de la vallée de la Castellane : précédemment, c’était l’exploitation du bois de ses forêts qui primait. Avec l’achat, le 4 juin 1883 par le Baron de Chefdebien c’est la grande aventure de l’exploitation de la carrière de talc qui commence. Le talc, tiré de cette roche tendre appelée « stéatite » servait aux usines de Chefdebien pour élaborer, en tant que matériau de charge, la fameuse poudre cuprique CCD (carbonate de cuivre déployé) utilisée pour combattre le mildiou. Plus tard l’arrivée des fongicides de synthèse fit tomber celle-ci dans l’oubli, mais pendant des décennies ce furent, avec le soufre pour combattre l’oïdium, les produits vedette de la pharmacopée viticole !
Commence alors l’éreintant travail de la mine : dans le journal des Mossétans, nous suivons l’évolution de ce chantier. Qui étaient ces travailleurs de la carrière de talc, ces mineurs qui provenaient de Mosset de Campôme mais aussi des Italiens et des Espagnols ? De 4 à 7  ouvriers en 1887, ils sont de 14 à 20 en 1900 et une quinzaine en 1937. Voici rapidement esquissées leurs conditions de travail. Ils travaillaient du lundi matin 6 heures jusqu’au samedi soir 18 heures. Ils passaient donc le dimanche à Mosset qu’ils quittaient à pied le lundi vers 2-3 heures du matin pour arriver à Cobazet. Là, une petite locomotive à vapeur dont nous reparlerons les amenait au Caillau qui servait alors de dortoir et de cantine, par conséquent, le Caillau portait le nom de « maison des mineurs » (à l’inverse des bâtiments de Cobazet, dont on ne trouve pas l’année de construction, cette « maison des mineurs », fut construite en 1870). Ces mineurs étaient soumis à de conditions de travail draconiennes, un quart d’heures de retard à l’arrivée sur le chantier et c’était la perte d’une demie journée de salaire.
Ils extrayaient ce minerai, la stéatite, et le chargeaient sur des wagonnets tirés par les vaches, sur la voie ferrée à voie étroite qui l’amenaient au Caillau, ensuite c’étaient les chevaux ou  des mulets qui prenaient le relais pour l’amener à Estardé. Par la suite, le Baron s’équipa de cette petite locomotive à vapeur fabriquée par Decauville et qui fut pompeusement baptisée « stéatite ». En 1950 la carrière fut fermée et elle fut rapatriée aux établissements de Chefdebien à Perpignan puis vendue à la ville de Perpignan en 1954.
Le talc était transporté à Prades par la route sur les chariots tirés par des bœufs. Le baron de Chefdebien a expérimenté plusieurs autres moyens de transport, sans succès, par plan incliné au-dessus de Campôme, puis par câble entre Cobazet et la Forge haute jusqu’en 1950 environ.
Etienne Margaill, ancien mineur, mémoire vivante de ce qui fut la grande aventure de la carrière de talc, a les yeux qui brillent lorsqu’il évoque la descente vers l’Estardé, juché sur la cargaison de ces wagonnets tirés par un mulet et dont on pensait qu’ils allaient verser d’un moment à l’autre dans le ravin, car les déraillements étaient monnaie courante, ainsi que le relate un rapport de la gendarmerie de Prades lorsqu’un ouvrier fut blessé après une chute alors que le préposé au serre-frein n’était pas intervenu assez tôt !!!
Les mineurs de cette carrière de talc vécurent des moments très forts au cours de la guerre 39-45. Pour échapper au STO (service travail obligatoire) beaucoup de jeunes gens s’embauchaient comme mineurs, ce qui les dispensait de partir en Allemagne, et ipso facto beaucoup faisaient partie du maquis. Plusieurs de ces maquis cohabitaient dans la région du col de Jau, et le 12 août 1944 il y eut une rencontre, au Caillau, entre les différentes sensibilités des mouvements de la Résistance pour mettre au point le programme de la Libération. Y étaient, entre autres, les guérilleros FT¨P (Francs-tireurs et partisans) qui vivaient à la Moulinasse, en bas du col de Jau, après leur départ de Valmanya à la suite de l’attaque du village par les Allemands et c’étaient des combattants redoutables qui s’étaient endurcis au combat pendant la guerre d’Espagne.
Ici, il convient de relater le drame arrivé au curé de Mosset, Isidore Pailler. Ce prêtre, d’origine espagnole, et soupçonné de sympathies franquistes, fut abattu à la Moulinasse et non au Caillau comme la vox populi le relate parfois : quelles en sont les raisons ? Des Mossetans livraient des vivres aux maquisards, ce prêtre, embusqué derrière la moustiquaire, prenait les noms, pour cela il fut arrêté et amené à la Moulinasse. Là, les avis divergent, certains disent qu’il fut jugé sommairement et fusillé et d’autres parlent « d’accident » !! Il aurait été confié à la garde d’un jeune maquisard, aurait tenté de s’enfuir et abattu au cours de cette tentative… Aucune guerre n’est propre !!!
A la fin de la guerre, ce fut la Société des mines de Carmaux, qui continua quelques temps l’exploitation de la carrière mais, en Ariège, à Luzenac une autre carrière de talc signait l’arrêt de mort du Caillau et ce fut la fin du talc de la Castellane, un bail emphytéotique de 99 ans ayant été signé, ceci bien sûr pour éviter toute concurrence.
En 1956, La famille de Chefdebien décide alors de vendre le domaine. Celui-ci fut proposé à la Mairie de Mosset. Le conseil municipal se réunit  et c’est par une seule voix de différence à la suite du vote que cet achat fut refusé ! Ce fut alors la Caisse Centrale des Assurances Mutuelles Agricoles qui s’en porta acheteur (tout organisme d’assurance se doit d’avoir dans son patrimoine de quoi pouvoir répondre aux éventuels sinistres). Ce fut le Directeur Général, Monsieur Jacques de ROQUELAURE qui mena toute l’affaire et fit attribuer 3 parts  aux caisses locales de Prades, d’Ille et de Vinca et ipso facto, ce fut la caisse départementale qui en devint le gérant. Ce fut d’abord l’exploitation des forêts par l’ONF, qui fut ensuite confiée à la COFOPYR pour revenir à l’ONF, celle-ci particulièrement efficace pour la gestion de la chasse. Il convient de signaler que grâce, entre autres, à Jean Maurice MESTRES, il y a une excellente collaboration entre les chasseurs et le propriétaire des lieux.
Par contre, un autre bail emphytéotique avait été signé entre Groupama et la Mairie de Mosset  pour les bâtiments du Caillau et une petite bande de terre y attenant, ceci pour la somme de 1euros par an. Ceci étant une côte mal taillée, l’Assemblée Générale du 30 octobre 1998, sous la Présidence de Roger PAILLES, décidait de vendre le refuge du Caillau à la commune de Mosset.
Voici rapidement brossé l’historique du domaine de COBAZET, cette perle de notre pays, très chère aussi bien aux habitants de Mosset, qu’à tous les catalans ainsi qu’aux amoureux de nature et de randonnées et j’espère que nous ne verrons jamais des capitaux étrangers venir s’en emparer !!!
Merci à Etienne MARGAILL, Jean PARES, Jean-Maurice MESTRES, Pierre CAILLIS dont je n’ai fait que retracer les paroles ou les écrits.
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Le Pic de Tour ou del Torn (1.632 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté avec des chansons de Paolo Nutini extraites de son album "These Sreets". Elles ont pour titre : "These Streets", "New Shoes", "Autumn" et Alloway Grove".
LE-PIC-DEL-TORN
 
 
PICDETOURIGN
Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

Très souvent, je suis exagérément éloquent dans la description de mes balades. En effet, autant que faire se peut, je n’aime pas « marché idiot » et j’ai tendance à me dire que la plupart des randonneurs sont certainement comme moi. De ce fait,  « qui peut le plus peut le moins » et ainsi, j’estime que chacun trouvera dans mes articles ce qu’il a bien eu envie d’y lire ou d’y chercher. D’un autre côté et au regard des nombreuses balades que j’ai pu faire en groupe, j’avoue que ce constat n’est pas flagrant non plus et chacun marche avec ses propres motivations. Certains randonneurs sont d’incorrigibles flâneurs et adorent les découvertes quand d’autres ne voient que l’aspect sportif et pressent sans cesse le pas comme s’ils avaient un train à prendre à l’arrivée. Alors, comme je suis un peu tout ça à la fois selon les circonstances, cet article consacré au « Pic de Tour – 1.632 m » ou « Pic del Torn » depuis Urbanya sera peut-être un peu moins disert et ludique qu’à l’habitude. Pourquoi me direz-vous ? La première des raisons est qu’il y a peu de chances que vous ayez envie de faire cette randonnée telle que présentée ici car l’essentiel de l’itinéraire hors sentier balisé consiste à suivre des clôtures, à en enjamber parfois, comme je l’avais déjà fait dans une autre balade vers le tout proche Serra Gran (1.430 m). Ensuite, parce qu’en réalisant cette grimpette vers le Pic de Tour depuis Urbanya, j’avais privilégié les difficultés (longue distance, absence de sentiers de randonnées, absence de balisage, itinéraire incertain, tracé enregistré dans mon GPS sans conviction, méconnaissance du terrain, aspect sportif, etc….), tout ça dans le but de m’entraîner dans l’optique d’un Tour du Capcir en 4 à 5 jours prévu début septembre. Enfin, dernière finalité, je m’étais aperçu qu’en période de chasse, de nombreux 4 x4 étaient garés sur le parking situé au pied du pic en question et j’en avais déduit que cette zone devait être très giboyeuse. De ce côté-là, je ne fus pas déçu.  Voilà quelles étaient mes motivations quand en ce matin du 29 juillet, j’ai quitté Urbanya par le chemin de Saint-Jacques que tous mes lecteurs assidus connaissent bien désormais. Là, après les dernières maisons, j’ai pris le sentier le plus à gauche qui monte dans le maquis. Un peu plus haut, à hauteur du collet séparant le Serrat de Calvaire de celui de l’Homme (Home), j’ai quitté le sentier principal au profit d’une autre sente qui monte à gauche en épingles à cheveux. Je n’ai plus quitté cette sente étroite qui traverse le Serrat de Calvaire, monte entre les lieux-dits du Clot del Baro et Coubère (Cubera), atteint des prés plantés de hautes fougères et quelques vestiges en pierres sèches puis débouche finalement et encore un peu plus haut sur le versant sud du Serrat de Miralles sur la piste menant au col des Vigues (de les Bigues) à 1.359 mètres d’altitude. A partir de ce col et près d’un enclos à bétail, j’ai commencé à longer une clôture qui sépare le domaine de Cobazet du reste de la montagne. Ici, démarra mon hypothétique balade qui, grosso modo, consista à suivre les clôtures constituant les limites des communes de Mosset et d’Urbanya matérialisées par des pointillés sur la carte IGN. Dans le secteur en question, ces pointillés sont sur la carte surlignés de vert et cette ligne de couleur verte matérialise la limite de la forêt domaniale de Nohèdes-Urbanya de celle de Cobazet (*). Néanmoins si vous analysez attentivement cette même carte IGN, vous remarquerez qu’il y a une longue ligne de tirets pratiquement parallèles à ces pointillés représentant d’anciens chemins ou sentiers d‘exploitation forestiers. Ces quelques chemins ou sentiers existent encore. Ils longent le plus souvent les clôtures et montent respectivement vers le Serrat de la Font de la Barbera (1.549 m) puis vers le Puig del Rocater (1.601 m), le col de Mener (1.563 m) et enfin le Pic de Tour (1.632 m). Vous remarquerez que les déclivités depuis le col des Vigues sont plutôt modestes. Parfois, pour faciliter la marche, vous serez contraint d’enjamber une clôture et sans le vouloir, vous serez peut-être entré dans le domaine privé de Cobazet appartenant à Groupama. Il est donc essentiel de ne pas casser les clôtures et plus globalement de respecter les lieux, la nature et les quelques interdictions mentionnées et aperçues à l’entrée du domaine au col des Vigues. En effet, randonnée aventureuse ou audacieuse ne doit pas signifier randonnée irrespectueuse et je vous rappelle le conflit ayant vu le jour en 2012 quand Groupama envisagea de supprimer l’accès du Massif du Madres en particulier et à son domaine en général à tous les randonneurs non titulaires d’une autorisation en bonne et due forme. Il est donc inutile d’en rajouter d’autant qu’il suffit de repasser très vite la clôture pour quitter le domaine privé, ce que j’ai d’ailleurs fait moi-même à la première occasion. Voilà, pour la description succincte de cette longue balade dont la fin est beaucoup plus simple puisqu’elle consiste à partir du Col de Tour, à reprendre la piste qui retourne au col des Vigues puis de redescendre vers Urbanya par le sentier habituel des Escocells.  Longue d’environ 18 à 19 kilomètres, pour un dénivelé de 776 mètres, cette balade m’a permis de répondre bien au-delà de mes espérances à l’ensemble de mes motivations : l’entraînement sportif fut conforme à mon attente quant aux animaux sauvages, ils furent au rendez-vous tant espéré avec notamment trois jeunes biches magnifiquement tachetées de blanc surprises pendant leur déjeuner sur l’herbe dont deux détalèrent pensant sans doute que la chasse avait rouverte plus tôt que prévue mais la troisième, moins craintive acceptât mon numérique en traversant très tranquillement une large laie herbeuse non loin de là où je m’étais installé pour déjeuner. Il en fut de même pour un beau chevreuil qui semblât plus étonné que moi de se retrouver dans une version inédite et photographique du « bonheur est dans le pré » avant « de prendre ses jambes à son cou » réalisant peut-être que je ne m’intéressais qu’à son cuissot. Enfin, les paysages et les panoramas furent une fois encore magnifiques avec notamment de bien belles vues lointaines sur le Roussillon et d’autres très inédites car plongeantes sur le vallon d’Urbanya depuis quelques rochers en falaise proches du sommet du Pic de Tour. Bien évidemment, si vous envisagez d’effectuer cette balade en suivant mon itinéraire, je vous déconseille de le faire lors des périodes où la chasse est ouverte car ce serait bien trop imprudent et périlleux. Enfin et pour terminer quelques explications toponymiques concernant quelques noms de lieux cités dans cet article : « Torn » ou parfois « Tor » c’est sans doute une « tour » voire une « bosse de terrain ». « Rocater » est un sommet rocailleux. Le col del « Mener » est le col de la « mine » quant à celui de les « Bigues » écrit parfois « Vigues », il désigne des « poutres » et ici, on peut penser qu’il s’agissait des fameuses traverses en bois servant au chemin de fer de la carrière de talc de Caillau que l’on avait entreposées là. Quant au mot « Escocells », on peut le traduire en « planteurs », c'est-à-dire en « ouvriers chargés du reboisement ». Bien évidemment, l’itinéraire que j’ai choisi pour atteindre le Pic de Tour est loin d’être le plus simple et une solution plus aisée existe, toujours à partir d’Urbanya, en accédant à ce sommet d’abord en empruntant l’ancien GRP Tour du Coronat jusqu’au col de Tour puis de ce col, en longeant la clôture jusqu’au sommet. Pour les vues, il sera néanmoins nécessaire que vous redescendiez un peu sur le versant sud-est pour en profiter. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

(*) Si l'histoire du Domaine de Cobazet voin intéresse, cliquez ici  

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Libérer le Madres, nous y étions !

Publié le par gibirando

Ce court diaporama est agrémenté de la chanson "Libertango" du compositeur Astor Piazzolla. Elle est interprétée ici par l'accordéonniste Marcin Wyrostek accompagné de l'Academic Symphonic Orchestra in Katowice (Pologne) dirigé par Sebastian Perlowski. (Version incomplète).

 LIBERER-LE-MADRES
LE-MADRES-LIBERE
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A l’appel du Collectif pour « Libérer le Madres », j’étais ce samedi 29 septembre 2012 au col de Jau puis au Refuge de Caillau ! A 9h15 et donc en retard il est vrai, ce qui ne m’a pas permis d’assister aux discours des élus et organisateurs et de partir randonner vers le sommet du Madres ou au pic de la Rouquette. Il faut dire que ce retard auquel il a malheureusement fallu que j’ajoute le temps exécrable qui régnait dans le secteur n’ont pas été propice à courir derrière les plus rapides et les plus courageux des participants qui avaient démarré beaucoup plus tôt que moi. Les quelques « fâcheuses » expériences dont une déjà vécue dans ce secteur de la Glèbe par temps de brouillard m’ont appris à être prudent en montagne et l’âge aidant…j’ai préféré renoncer à tenter cette aventure tardive. Alors oui, j’y étais mais pas question d’en faire une affaire personnelle même si  d’un autre côté, j’y trouvais bien sûr un intérêt fortement personnel. Comme vous le savez, je suis un fou de randonnées et je possède depuis peu une petite maison à Urbanya alors bien évidemment une interdiction de marcher sur ces territoires de Cobazet (*) et du Madres aurait été dramatique pour moi car c’est une vaste partie de « mon » domaine habituel de marche qui aurait été amputé.  Alors je rectifie : « Nous y étions ! » car selon l’Indépendant, c’était plus de 500 personnes qui avaient fait le déplacement malgré des prévisions météo désastreuses (qui se sont avérées justes !) et un revirement de dernière minute du Président de Groupama qui, la veille même de la marche programmée, avait annoncé sa propre « marche ». La sienne, c’était une marche arrière si tardive et si inattendue que peu de gens y ont cru vraiment. Nombreux et moi le premier ont pensé qu’une fois de plus Monsieur Cornut-Chauvin nous « baladait » encore. J’ai donc profité de cette journée pour rencontrer quelques personnes très sympathiques et pour aller faire un tour à la mine de talc car après tout c’est bien ici que tout a commencé. Et plutôt que de vous relater cette histoire, je vous conseille à ce propos d’aller lire un communiqué signé Anne-Marie Delcamp paru sur la page Facebook d’Unitat Catalana.

Au moment où je laissais ma voiture au col de Jau pour partir vers le Refuge de Caillau,  j’ai entendu deux détonations de fusils de chasse venant da la vallée de la Castellane et j’ai aussitôt pensé aux animaux qui avaient  « trinqués ». Puis, dans la foulée suivante, je me suis dit que le domaine n’était apparemment pas interdit à tout le monde. En arrivant au refuge, j’ai constaté qu’il y avait une majorité de randonneurs et d’amoureux de la nature et j’ai donc été très surpris d’apprendre que parmi les participants, certains chasseurs s’étaient également mobilisés. Ne connaissant pas grand-chose à la chasse mais après les coups de feu entendus , j’en ai conclu qu’il y avait sans doute « chasseurs » et « chasseurs » et mon étonnement fut encore plus grand tant je pensais que les intérêts des chasseurs et des randonneurs étaient diamétralement divergents. Moi, je vais plus souvent à la montagne pour ce qu’elle est c'est-à-dire pour la beauté de ses paysages, de sa flore et de sa faune et bien moins pour ce qu’elle possède même si de tant à autre récolter des fruits rouges pour faire des confitures ou ramasser des champignons sont d’agréables moments de bonheur. Par contre, marchant très souvent tout seul, il m’arrive parfois de croiser ou de surprendre des animaux dont il faut bien reconnaître qu’ils ont une phobie prodigieuse de l’homme. Et là, force est de reconnaître que la chasse y est sans doute pour beaucoup. Les périodes de chasse sont-elles sans doute beaucoup trop longues et même si certaines prises sont limitées et fortement réglementées, les animaux, eux, ne le savent pas et ils ont depuis longtemps inscrits dans leur gêne cette peur de l’humain.

Je rêve donc, pour mes petits-enfants, qu’il n’y ait plus d’espaces privés à la montagne et qu’il n’y ait jamais plus d’interdiction de randonner. Je rêve pour eux d’un Conservatoire de la Montagne comme il existe déjà un Conservatoire du Littoral….mieux, je rêve pour cette contrée du Madres d’un petit espace entièrement préservé et réservé à la flore et la faune, une espèce de petit parc «Yellowstone » à la française où les « grands » animaux et les plus petits aussi n’auraient plus jamais peur de l’homme….

C’est si bon de rêver !!!

Liens intéressants :

Pétition pour libérer le Madres 

Mosset, le collectif communique 

Article de l'Indépendant-Le Madres libéré !

(*) si l'histoire du Domaine de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.

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La Métairie de Cobazet (1.536 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando


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Une fois encore, c’est à partir de mon village fétiche d’Urbanya que je vous propose cette belle et longue balade à la Métairie de Cobazet (*). Cobazet est un lieu magnifique avec son pasquier entouré de superbes forêts, mais le corps de ferme, lui, est un bâtiment privé qui ne se visite pas. Alors, on y va uniquement pour le plaisir des yeux et celui de se retrouver pour pique-niquer dans un cadre enchanteur et verdoyant. Sur les pancartes qui délimitent le domaine forestier privé, appartenant désormais à la société Groupama, il est écrit « Cobazet » mais  sur certains documents, vous trouverez parfois les noms de « Coubazet », « Coubezet » ou « Covazet ». Sur de vieilles cartes IGN la désignation de « Covaset » est parfois présente et sa toponymie ne fait aucun doute, si je la traduis par le patronyme des « Sept cavernes » ou des « Sept grottes ». En effet, en catalan, une « cova » est une caverne ou plus simplement une grotte et « set » c’est tout simplement le chiffre « sept ». Alors, si je crois savoir qu’à proximité de la Métairie, plusieurs avens ont été découverts, j’ai également appris qu’ils auraient été obstrués depuis, sans doute par mesure de sécurité. Mais je l’avoue, je n’en sais guère plus car je ne suis ni géologue et encore moins spéléologue. Alors, en ce magnifique samedi d’automne, mais où la chasse était malheureusement ouverte, plutôt que de prendre le risque de partir en forêt à la recherche d’hypothétiques cavités, j’ai préféré ce jour-là, marcher gentiment sur des pistes forestières, sous un ciel cristallin et en écoutant fébrilement les détonations des fusils et les aboiements des chiens. Cela a largement suffit à mon bonheur. Le départ d’Urbanya est identique à celui que j’avais décrit dans un article précèdent consacré au Pic de Portepas, mais avec une différence importante, c’est que nous allons cette fois-ci poursuivre le Tour du Coronat jusqu’au col de Tour ou del Torn (1.536 m). Ce col, qui est à la croisée de multiples chemins, nous allons tout simplement le traverser en ignorant toutes les autres pistes ou sentiers qui partent à droite ou à gauche. D’ailleurs, et même si aucun balisage ne le laisse supposer, ni sur le terrain ni sur les cartes, cet itinéraire, c’est toujours celui du Tour du Coronat qui se poursuit jusqu’à Llugols, Conat, Jujols, Nohèdes et finit par faire le tour de ce joli massif. Lors d’une autre randonnée à la Gare d'Estardé, j’ai déjà évoqué l’exploitation du talc et bien il faut savoir que ce trajet n’est autre que celui qu’empruntait au temps jadis, la petite locomotive « Decauville » tractant quelques wagonnets remplis de minerais en provenance de la carrière de stéatites de Caillau. La Stéatite, c’est le nom d’une la roche très tendre essentiellement composée de talc mais ce fut aussi le nom que l’entreprise « Decauville » donna à la petite locomotive. Pour ne pas marcher idiot, avant même cette randonnée, je me suis intéressé à l’Histoire de ces lieux et c’est ainsi que j’ai appris que cette carrière de talc appartenait, tout comme la Métairie de Cobazet et 1851 hectares de la montagne de Mosset, au Baron Fernand de Chefdebien. En juin 1884, il venait d’en faire l’acquisition aux enchères effaçant ainsi le passif de 367.400 francs d’un certain Rémy Jacomy. Ce Rémy Jacomy était bien connu dans notre beau département puisqu’il était le principal maître de forges des Pyrénées-Orientales et le fondateur de plusieurs sociétés métallurgiques et minières. Il détenait lui-même tous ces biens pour les avoir achetés en 1860 au précédent propriétaire, un certain Monsieur Jean Aymar Delacroix, Marquis d’Aguilar, descendant des derniers seigneurs de Mosset. Mais pour en revenir à notre randonnée, si vous prêtez attention et sans parler des vestiges de quelques infrastructures de l’exploitation du talc dont les murs encore debout sont parfaitement visibles à Cobazet, vous remarquerez par endroits et sur la gauche du chemin, le terre-plein qui supportait la voie dont les rails de 60 cm de largeur en faisait à l’époque un des chemins de fer parmi les plus étroits de monde. Certaines ruines et vestiges sont enfouies sous la végétation, mais en cherchant bien, il est possible de  retrouver quelques vieux souvenirs, wagonnets, bouts de câbles ou de tôles, machines rouillées par le temps, clous ou bouts de ferrailles divers de cette aventure industrielle. J’ai appris que les premiers rails furent posés en 1886 entre la carrière de Caillau et la gare d’Estardé sur une longueur de 13 kilomètres environ. L’activité s’arrêta lors de la guerre de 1914 et les installations furent démontées pour les besoins de l’armée. Après la guerre, l’activité redémarra de plus belle, toujours équipée de la petite locomotive. Dans les années 30, l’activité atteint son apogée. Il faut dire que tous les moyens étaient bons pour faire du rendement, réduire les distances et par là même les délais. C’est ainsi qu’à Cobazet, on éleva un pylône de plus de 36 mètres de hauteur pour la mise en œuvre d’un téléphérique dont les wagonnets descendaient directement vers une forge de la Vallée de la Castellane, distante de 2 kilomètres seulement. C’’était toujours ça de gagné par rapport à l’éloignement que constituait un passage par le col de Jau ou la gare d’Estardé ! Au fil du temps, les vieilles charrettes tirées par des « percherons » amenant le talc à l’Usine Chefdebien de Prades furent remplacées par des camions. Plus tard, la vieille « Steatite » fut remplacée par un locotracteur électrique car les équipements, train et téléphérique, servaient bien sûr pour le talc mais également aux autres activités de Cobazet en particulier (balles de foin, produits agricoles, etc.…) et de la montagne en général (grumes de bois, matériels de scieries, etc.…). En 1943, plusieurs groupes de maquisards vont investir ce secteur de la montagne. Bien qu’étant indépendants les uns des autres et sous la direction de différents chefs, l’Histoire retient tous ces groupes sous la dénomination commune de « Maquis du Col de Jau ». Certains de ces groupes vont se former autour des sites miniers et agricoles de Caillau et Cobazet et avec la bienveillance du directeur et du contremaître de l’entreprise Chefdebien, de nombreux résistants, S.T.O et guérilléros espagnols vont être planqués au sein même des différents bâtiments. Vers 1950, avec des moyens plus modernes et plus rapides pour transporter directement le talc depuis la carrière jusqu’à l’usine de Prades, le petit train, devenu obsolète, s’arrêta définitivement et l’ensemble du matériel ferroviaire fut voué au ferraillage. L’activité industrielle qui, à partir du talc, consistait à fabriquer de la « Poudre Chefdebien », espèce de « bouillie bordelaise à la sauce catalane » censée combattre le mildiou et les autres maladies de la vigne, se poursuivit jusqu'au début des années 70. L’activité s’arrêta définitivement sans doute par manque de profitabilité, car il faut savoir que la carrière de Caillau étant située à 1.600 mètres d’altitude, les ouvriers ne pouvaient pas raisonnablement travailler les mois d’hiver dans la montagne enneigée. La bâtisse de Caillau qui avait servi de baraquement pour les ouvriers de la carrière fut transformée en 1984 en refuge pour randonneurs. Voilà pour l’histoire tumultueuse de ce joli coin de montagne désormais redevenu paisible et silencieux or mis quand les chasseurs sont de sortie. Quand on arrive à Cobazet depuis le col de Tour, les vues se dévoilent magnifiquement vers le Col de Jau, sur la Vallée de la Castellane, sur l’ensemble des montagnes environnantes (Madres, Bernard Sauvage, Dourmidou, Serra d’Escales, Roussello, etc.…) et sur l’immensité des superbes forêts où en automne les teintes des feuillages des différentes essences s’entremêlent et créent un véritable océan végétal aux couleurs chatoyantes. Mais l’image la plus belle est sans doute cette vue dominante depuis le chemin et par-dessus les sapins, de la métairie elle-même. Avec ses grands murs blancs, la grande bâtisse contraste étonnamment avec son pré verdoyant, ses grands cèdres sombres et ses pins noirs qui l’entourent et ce lavis de montagnes roussâtres qui ferme l’horizon. Même si en automne, on ne peut pas resté insensible aux couleurs de la forêt, c’est à mon goût au printemps et en été, quand la luminosité atteint son zénith, que les prés et les chemins se parent de mille fleurs, que Cobazet incarne un des plus beaux décors naturels qu’il m’a été donné d’observer lors d’une randonnée. Sur le coup de midi quand le vacarme des armes et des chiens a cessé et que le calme est revenu, j’ai aperçu une biche. Immobile, elle semblait m’observer avec ses grands yeux et au fond de moi, je me suis dit qu’elle avait beaucoup de chance que je ne sois qu’un « chasseur d’images » ! Après cette jolie vision, j’en ai profité pour casser la croûte avec devant les yeux ce panorama prodigieux sur le pasquier de Cobazet. Puis pour trouver un peu de repos, je suis parti m’allonger sur une pelouse non loin de la métairie. Un daguet est passé à toute vitesse sans me voir brisant furtivement le silence de cathédrale dans lequel j’avais sombré. Il a sauté les clôtures du pré où paissaient d’énormes taureaux puis a disparu dans la forêt. C’est marrant car en regardant ces puissants taureaux, je me souvenais avoir lu dans l’Histoire de Mosset sur Internet, qu’au 19eme siècle, les taureaux de Cobazet participaient déjà à des concours de beauté. Du coup, ils étaient très appréciés de tous les éleveurs du coin qui n’hésitaient pas à envoyer leurs plus belles vaches et génisses pour la reproduction. En observant ces puissantes bêtes, j’ai immédiatement pensé que si l’industrie minière du talc et du fer avait périclité, cette tradition pastorale, au moins, avait l’air de s’être perpétuée dans le temps. En début d’après-midi, la nature ayant complètement repris sa quiétude et ses droits, je me suis remis en route, moins anxieusement que le matin, et j’ai eu la chance d’observer deux chevreuils qui, il est vrai, paraissaient un peu désorientés et méfiants par les battues du matin. Cette méfiance ne m’a pas permis de les photographier comme je l’aurais voulu mais pour moi, c’était déjà un grand bonheur en soi d’avoir pu les observer encore debout sur leurs quatre pattes. Après la Métairie de Cobazet, le chemin à prendre est celui qui descend à gauche du grand pré. Il passe au milieu des clôtures, tourne à droite en continuant de longer le pacage et entre dans la forêt en direction de la Coma d’en Beget. Au premier carrefour suivant, on poursuit tout droit la piste DFCI N°C052. Cette piste monte légèrement et permet d’apprécier de splendides vues lointaines sur une belle partie du Conflent, ses crêtes frontières avec le pays Fenouillèdes et toute la Plaine du Roussillon. A nos pieds, s’étale l’éblouissante forêt du domaine. Si le temps est clair, c’est la Méditerranée qui par endroits se dessine à l’horizon. Puis à l’approche du Col de les Bigues (des Vigues), le Canigou apparaît majestueux derrière la modeste Serrat Grand et le clairsemé Bois d’Estardé. Au col, si tous les sentiers et chemins qui descendent vers Urbanya sont débroussaillés (ça arrive !), vous aurez l’embarras du choix. Moi, j’ai voulu changer un peu et j’ai, cette fois-ci, emprunté un large chemin qui file à droite, en dessous et parallèlement à celui qui retourne vers le col de Tour. Bordé de clôtures, il faut l’emprunter sur 750 mètres environ en regardant en permanence le côté gauche afin de remarquer un petit sentier caillouteux qui descend perpendiculairement au premier en suivant lui aussi une autre clôture. Le retour vers Urbanya est d’une simplicité enfantine puisqu’il suffit pour rejoindre le village de longer cette longue clôture. Avec plus de 2 kilomètres, cette descente va vous paraître sans doute bien fastidieuse mais sachez que ce petit sentier qui longe par la gauche le Ravin du Correc del Menter (Manté),est, lorsqu’il est bien débroussaillé, le plus court et le plus rapide itinéraire pour retrouver sa voiture. Depuis le parking d’Urbanya situé à 856 mètres d’altitude, il faut estimer cette boucle à une vingtaine de kilomètres environ. Le point culminant de cette randonnée étant le col de Tour à 1.536 m c’est un dénivelé de 680 mètres que l’on accomplit en réalisant ce magnifique et très facile circuit. Bien que la plupart des randonneurs soient attentifs à l’égard de la nature, dans le cas de Cobazet, il n’est peut-être pas inutile de rappeler qu’ici on traverse une propriété privée et qu’il faut être respectueux des lieux mais aussi des consignes et interdictions mentionnées à l’entrée du domaine. Lors des périodes de chasse, il est fortement recommandé de revêtir un gilet de sécurité fluo comme en portent eux-mêmes les chasseurs. Cartes IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet puis 2249 ET Font-Romeu-Capcir Top 25.
 
(*) Si l'histoire de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.

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La Gare d'Estardé (1.213 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando

Ce diaporama est enjolivé avec plusieurs interprétations étonnantes de la chanson et musique folk "500 miles", en français "Et j'entends siffler le train" bien connue car chantée avec succès par Richard Anthony. Ici, elle est successivement interprétée en anglais par un trio japonais formé de Junko Yamamoto (chant) accompagné du groupe Red Bird, puis en français par le duo Yoan Garneau et Isabelle Boulay, puis en anglais par un trio composé de Justin TimberlakeCarey Mulligan et Stark Sands (bande originale du film Inside Llewyn Davis), puis en français par Serge Gainsbourg, les quelques secondes finales étant jouées à l'harmonica par Thierry Danneau.

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« Partir randonner vers un gare, n’est pas commun ! »  Voilà, ce que la plupart d’entre vous se diront en lisant le titre de cet article : « La Gare d’Estardé depuis Urbanya ». Il faut dire que cette gare d’Estardé (Estarder sur les cartes, voir la toponymie(**) à la fin de cet article) n’est pas une gare comme les autres, ici aucun voyageur n’attend sur le quai.  D’ailleurs, à dire vrai, si cette gare a bien existé et fonctionné au siècle précédent, aujourd’hui, il n’en reste que des ruines, vestiges de l’exploitation du « fameux » talc de Callau. Grâce à un petit train composé de plusieurs wagonnets, le talc était acheminé depuis la carrière de Callau (1.635 m), via Cobazet (1.419 m) (*),  jusqu’à la gare d’Estardé (1.213 m) où il était ensuite descendu par téléphérique vers la forge de Mosset grâce à des bennes suspendues à des câbles aériens. Le minerai prenait alors la route vers une usine de broyage de Prades qui le transformait en poudre. Ce talc mélangé à du sulfate de cuivre servait essentiellement de fongicide en agriculture pour le  traitement des maladies cryptogamiques. Cette poudre est connue sous le nom de « bouillie bordelaise ». La gare d’Estardé a également été utilisée comme plate-forme dans le transit de grumes en provenance des scieries et pour d’autres usages comme l’acheminement de balles de foins car la métairie de Cobazet, qui appartenait au baron Fernand de Chefdebien, tout comme la carrière de talc et la montagne de Mosset toute entière, était toute autant réputée pour l’exploitation de sa forêt que pour ses prés où ses fenaisons occupaient un grand nombre de Mossetans à la saison des moissons. (Pour en savoir plus sur cette époque, je vous conseille le merveilleux et riche  site consacré à l’histoire de Mosset :  http://www.histoiredemosset.fr/index.html . Si aujourd’hui, la gare d’Estardé n’est qu’un prétexte à une très belle randonnée qui va alterner balade en sous-bois et grandioses panoramas sur tout le Roussillon et le Conflent, il paraît qu’à l’époque, ce chemin par Estardé était très pratiqué par les filles et les garçons de Mosset. Ils faisaient des kilomètres à pied à travers la montagne pour aller danser à Urbanya les jours de fêtes et c’était l’occasion de faire la connaissance d’un futur conjoint ou d’une épouse et d’éviter ainsi les mariages consanguins. Le départ s’effectue du village d’Urbanya (856 m) où on laisse sa voiture sur le grand parking à l’entrée du village. Le but premier étant de rejoindre le col des Vigues (1.359 m), situé 500 mètres plus haut, on enjambe le petit pont sur le torrent Urbanya, on passe devant la mairie et arrivé à la place du Cadran Solaire, on tourne à droite pour monter vers la place de l’Aire del Touronge. On poursuit tout droit en direction du Chalet, propriété privée qu’on laisse à gauche pour monter tout droit dans la montagne. On rejoint très rapidement un gros cairn où démarre un sentier très bien entretenu et qui va l’être malheureusement beaucoup moins au fur et à mesure que l’on grimpe. Parfois balisé en bleu, on ne suit pas ce balisage  très ancien mais on reste bien à droite en surplomb d’une ravine dans laquelle de toute manière à va finir par descendre. On atteint un petit bois et on traverse un ru boueux (Correc de la Serre des Vigues) que l’on longe par la gauche et parfois, au milieu de branches mortes jusqu’à atteindre un panneau de bois indiquant « Las Vigues ». Là on remonte sur la berge droite du petit ravin et l’on retrouve le sentier bien mieux débroussaillé qui zigzague au milieu d’un immense champ de cistes à feuilles de lauriers. Cette plante d'un vert tendre a grandement colonisé les contreforts de cette colline et il suffit de regarder le paysage pour s’en convaincre. Urbanya s’éloigne, le Mont Coronat, le Canigou et la Madres apparaissent, le dénivelé se durcit mais on finit par atteindre un chemin clôturé beaucoup plus large où plusieurs solutions pour atteindre le col des Vigues se présentent. Trois directions peuvent être prises, mais je vous conseille de prendre celle qui part à droite car incontestablement c’est  la moins embroussaillée aujourd’hui. Personnellement, j’ai prise celle de gauche pour monter et j’ai pas mal galéré à travers les hautes fougères et quelques basses ronces mais je suis finalement arrivé au col en partie grâce au tracé inscrit dans mon GPS. Quand au chemin qui continue tout droit, il paraît embroussaillé dès le départ et je ne m’y suis pas aventuré. Après cette longue (3.500 m) et rude montée, on atteint une grande esplanade clôturée et barrée d’un grand portail, c’est le col des Vigues. On pousse le portail et on entre dans le vaste domaine de Cobazet qui est une propriété privée mais dont l’accès des chemins forestiers ne semble pas interdit à la randonnée pédestre. Par contre, il faudra respecter les consignes affichées à savoir : ne pas ramasser les champignons, ne pas faire de feu, être conscient que parfois on partage ce domaine avec les chasseurs ou des professionnels de la forêt, etc.….  Pour effectuer mon circuit et aller à la gare d’Estardé, on prend la large piste forestière qui file à droite et descend légèrement plein est.  Cette piste s’étire à gauche de la Serrat Gran puis de la Serrat Miralles et enfin de la Serrat d’Estardé dans des paysages sans cesse renouvelés. Au gré de quelques trouées dans la végétation, on aperçoit depuis la piste, le village de Mosset et les contreforts de collines qui dominent la vallée de la Castellane avec son point culminant le Pic del Rossillou. Après, 3,5 kms au sein du Bois d’Estardé, on atteint un carrefour de chemin où sur la droite on aperçoit un nouveau portail et un nouveau panonceau Domaine de Cobazet. Les vestiges de la gare d’Estardé sont là, à quelques mètres avec un panorama à couper le souffle sur la vallée de la Têt et le Roussillon tout entier jusqu’à la Méditerranée. Sur la droite, le massif du Canigou se dévoile dans toute sa splendeur et dresse son magnifique sommet blanc bleu dans un ciel étrangement coloré de la même manière. A nos pieds, l’immense et dénudé Pla de Balençou qui descend vers la plaine et plus bas, d’amples vues aériennes sur les toits rouges de Cattlar et Prades. Endroit idéal pour déjeuner, on ne se lasse pas de ce décor majestueux qu’il faut néanmoins quitter pour poursuivre le parcours. Il faut rebrousser chemin et prendre la piste que l’on a délaissé au carrefour. Même si vous ne retrouvez pas le fameux balisage jaune et rouge propre aux G.R.de Pays, sachez que vous êtes ici sur le Tour du Coronat que j’ai réalisé dans son intégralité en 2007 : http://gilbert.jullien.pagesperso-orange.fr/DES_MERVEILLES0.htm. Le large chemin file d’abord plein ouest puis au gré des virages, remonte vers le nord dans une splendide forêt où une multitude d’essences (pins, sapins, hêtres, frênes, chênes, cerisiers, merisiers, houx, sorbiers, érables, châtaigniers, noisetiers, j’en passe, etc..) se côtoient et se mélangent dans une parfaite harmonie.  J’y ai même rencontré deux espèces de pommiers différents aux petites pommes délicieuses et juteuses ! En automne, à l’aspect agréable d’une marche en forêt s’ajoute le plaisir des yeux grâce à tous ses feuillages aux couleurs bigarrées. A lieu-dit la Soulane (Solana), vous pourrez délaisser le chemin un instant pour partir à la découverte des ruines d’un immense cortal. Ici, au milieu des églantiers, des ronces et des aubépines, les vues s’ouvrent de nouveau sur des paysages plus lointains et sur l’immensité de la belle forêt domaniale. Aujourd’hui, la nature a repris ces droits de manière anarchique et on imagine avec peine qu’il y a seulement quelques décennies des gens vivaient ici dans cette ferme, isolés de tout et de tous, au milieu de jardins potagers et d’une basse-cour ou bien labourant leurs champs et fauchant leurs prairies. Après la Solana, la piste bifurque vers l’ouest et arrive à la croisée de deux chemins. On prend la piste DFCI CO13BIS qui monte à gauche et tourne très rapidement dans un virage en épingle à cheveux. 150 mètres plus loin, la piste DFCI CO52 se présente et  traverse un autre carrefour. Pour la présente boucle, on choisit de partir à gauche mais on peut également préférer celle de droite qui file vers la ferme de Cobazet et le col de Tour mais cela constitue une variante plus longue d’environ 7 kilomètres. La piste choisie s’élève et on atteint le point culminant du circuit à 1.410 mètres dans une végétation moins élevée  faite de landes, de petits feuillus et de quelques conifères. Cette végétation plus clairsemée laisse entrevoir de nouveaux panoramas vers la vallée de la Castellane, le pic Dourmidou, la Serre d’Escales et toujours sur la droite des paysages sublimes sur la Plaine du Roussillon et le Massif du Canigou. La piste redescend et retrouve le col des Vigues. On pousse le portail et on choisit cette fois, la piste qui part à gauche et que je vous décrivais plus haut comme étant l’itinéraire le plus praticable. On poursuit sur 1.200 mètres jusqu’au Clot del Baro sur la carte et là on descend à droite au milieu des fougères et des cistes sur un large chemin débroussaillé. Ce chemin qui descend raidement dans un véritable nuancier de couleurs, on ne va pas plus le quitter jusqu’à retrouver le sentier pris à l’aller et qui dégringole vers Urbanya.  Arrêts inclus, j’ai mis environ 7 heures pour effectuer cette boucle d’un peu plus de 20  kilomètres  mais on peut raisonnablement la réaliser en 5 heures car, comme toujours, j’ai pas mal flâné et en plus, j’ai été, dans la montée vers le col des Vigues, ralenti par les hautes broussailles. Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25.

(*) Si l'histoire du Domaine de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.

(**) Toponymie d'Estardé :

Vous retrouverez la toponymie d'Estardé et la plupart des lieux-dits du secteur sur le lien suivant : http://www.histoiredemosset.fr/archivespdf/balade07.pdf Cette explication a été donnée par le célèbre linguiste catalan Joan Marti i Castell. Toutefois, d'autres explications pourraient être plausibles et la première qui vient à l'esprit est la locution catalane ou espagnole "Es tardé !" signifiant "Il est tard". Il faut savoir que cet endroit à toujours été un lieu de forts passages entre la vallée de la Castellane (Mosset) et celles de Conat ou d'Urbanya/Nohèdes. Il fut un temps où il n'était pas rare que les personnes circulent à la tombée du jour voire la nuit, cette expression est-elle restée dans les mémoires car le lieu étant situé à un col, il était d'usage de marquer une pause à cet endroit-là ? Oui, c'est une explication possible. Autre possibilité, lieu où aurait été aperçue une Outarde, estardoun en provençal et ostarda en occitan.

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Le Sentier forestier des cinq sens, Cobazet et la forêt de Mosset (1.539 m)

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de la chanson "Sensualité" interprétée par Axelle Red.
 Le Sentier forestier des cinq sens et la forêt de Mosset (1.539 m)

Le Sentier forestier des cinq sens et la forêt de Mosset (1.539 m)

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

 

Avant d’emprunter ce "Sentier de découverte des 5 sens" et de les mettre en éveil ; vos cinq sens ; il vous faudra impérativement en avoir un sixième, celui d’avoir le « bon sens » d’acheter le petit guide intitulé « Mosset-Sentier forestier des cinq sens » réalisé par l’Office National des Forêts (voir sa couverture à la fin de ce récit). Pour cela, il vous en coûtera 3 euros auprès de la Tour des Parfums à Mosset mais sans cette brochure vous marcherez certes dans la très belle forêt de Mosset mais sans comprendre en aucune manière la signification des douze bornes qui jalonnent le chemin. Les cinq sens (vue, odorat, ouïe, goût, toucher) seront d’autant mieux sollicités que le beau temps sera de la partie. C’est pour cette raison que je conseille fortement de faire cette courte mais superbe balade du printemps à l’automne mais dans tous les cas et de préférence sous un soleil radieux et un ciel d'azur. Par grand beau temps, les paysages sont toujours plus colorés, la forêt est magnifiquement verte, odorante à souhait, délicieusement sonore du gazouillis des oiseaux, du bourdonnement des insectes ou du ruissellement des « correcs ». A la bonne saison, vos doigts rougiront sous l’agréable cueillette des fraises et des framboises sauvages, des mûres ou bien des myrtilles. Le soir en rentrant à la maison, vos omelettes n’attendront pas bien longtemps les cèpes, morilles et autres lactaires qui poussent dans cette épaisse forêt. Comme je vous l’ai dit cette randonnée est plutôt courte et en 2 où 3 heures au maximum vous aurez accompli le sentier d’interprétation. C’est la raison pour laquelle, j’ai agrémenté le circuit initial d’une longue course vers la métairie de Cobazet (*) (photo) et le col de Tour à la fois pour les sublimes perspectives à découvrir mais aussi pour mieux remplir une journée et rendre cette sortie plus sportive. Ma boucle présente donc l’avantage d’inscrire, sans que cela soit une obligation, le « Sentier de découverte des cinq sens » dans un itinéraire où la connaissance de la forêt de Mosset sera plus complète et plus grandiose, car on monte dans d’autres étages et de ce fait les panoramas se font bien plus nombreux de toutes parts ! Au départ, vous aurez le choix entre laisser votre voiture au bord de la D.14 qui va de Mosset au col de Jau ou bien emprunter sur 2 kilomètres la piste jusqu’au parking du « Sentier de découverte des cinq sens ». De toute façon,  au départ et sur la gauche de la D.14 un grand panneau vert indique clairement la direction à suivre. Si vous décidez de marcher, vous coupez un premier torrent le riu de Las Bottes puis un deuxième qui n’est autre que la Castellane, rivière fondatrice au fil des siècles de cette merveilleuse vallée. Plus haut, au parking, la borne N°1 est déjà là et un petit panneau « vers N°2 » indique la marche à suivre. Après le premier virage, le sentier monte à droite dans la forêt en longeant le fougueux correc de Canrec. En poursuivant, vous rencontrez les autres bornes 2 et 3. Puis vous basculez sur l’autre rive que vous redescendez pour tomber sur les bornes 4 et 5.  Le sentier continue de descendre vers le parking mais juste avant d'y arriver un panneau « sentier de découverte » vous incite à monter vers la gauche. Ici deux solutions sont possibles selon que vous aurez opté pour le « Sentier de découverte des cinq sens » uniquement ou pour ma longue course. Si vous choisissez le sentier, il suffit de suivre le panneau indicateur. Mais si vous préférez mon itinéraire, vous redescendez au parking et reprenez une deuxième fois la piste vers la borne N°2. Cette piste qui file vers l’est, vous ne la quitterez plus jusqu’à la ferme de Cobazet (Covaset sur les cartes). Ignorez tous les autres chemins, toutes les autres pistes. De toute façon, quelques panneaux « Domaine de Cobazet » signalent parfaitement la direction. Cobazet est une grande et magnifique combe verdoyante au pied du pic de Tour (del Torn) entourée d’une très belle et sombre forêt de résineux. Sur la droite du chemin, une imposante bâtisse domine la verte prairie. C'est la métairie. Le cadre est somptueux et par temps clair on voit jusqu’à la Méditerranée. (Si son Histoire vous intéresse, rendez-vous à la fin de ce récit car vous y trouverez un lien) Passez devant la ferme et continuez le large chemin qui monte puis  tourne à droite vers les ruines qui datent de l’époque où l’on exploitait la carrière de talc de Callau. Vous êtes sur le Tour du Coronat (voir mon site perso : http://pagesperso-orange.fr/gilbert.jullien/DES_MERVEILLES5.htm) dont je garde d'inoubliables souvenirs pour l'avoir parcouru en 2007. Vous arrivez au col de Tour (del Torn) par un chemin tout en balcon sur la prodigieuse forêt, sur la verte vallée de la Castellane et les plus hauts sommets environnants (Serra d’Escales, Dourmidou, Madres). Au col de Tour, il faut prendre la première piste à main droite (si vous continuez tout droit vers Nohèdes ou Urbanya, 100 mètres plus loin, un très beau panorama sur le Canigou se dévoile). La piste à prendre (1.539 m) va vers Callau et son illustre refuge. Mais vous n’aurez pas besoin d’aller jusqu’à Callau car quant vous couperez à nouveau le torrent Canrec qui inonde la piste, il vous faudra enjamber le ruisseau, poursuivre la piste sur une trentaine de mètres puis la quitter pour un chemin qui descend à droite dans la forêt. Attention car au niveau de la piste, ce chemin n’est pas bien visible, il faut descendre, sauter une clôture et l'on y tombe dessus. En descendant, cette large sente en sous-bois, vous arrivez sans difficulté à la borne N°5 et c’est ainsi que vous pourrez terminer le « Sentier de découverte des cinq sens » jusqu’à la borne N°12. Cette borne 12 se trouve sur la piste qui vous ramènera sans problème à votre véhicule. La boucle complète est longue de 21 kilomètres pour une dénivelé de 380 mètres mais avec 2.062 m de montées en cumulé. Comptez 6 heures pour l’accomplir. Cartes IGN 2249 ET Font-Romeu Capcir et 2348 ET Prades Saint-Paul de Fenouillet Top 25.
 

Le Sentier forestier des cinq sens et la forêt de Mosset (1.539 m)

Livret à se procurer au préalable.

3 euros à la Tour des Parfums de Mosset.

 
(*) Si l'histoire du Domaine de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.

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