• Le Pic de la Serra (1.208 m) depuis Urbanya (856 m)

     

     Ce diaporama est agrémenté avec des musiques d'Ennio Morricone extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "La Califfa", "Tema d'Amore", "Il Colore Dei Suoi Occhi" et "I Remember You-Killer Tracks".

    Le Pic de la Serra (1.208 m) depuis Urbanya (856 m)

    Le Pic de la Serra (1.208 m) depuis Urbanya (856 m) 

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    Située dans le creux d’une vallée du Haut-Conflent, la petite commune d’Urbanya a pour les randonneurs un gros défaut. Ce défaut est, qu’au départ du village, aucun sentier, aucun chemin ne descend jamais. La seule voie qui descend, et encore, c’est la route bitumée D.26b. Si vous l’empruntez, elle vous mènera vers Bettlans, Conat puis Ria et Prades. Sinon au départ d’Urbanya et où que vous vouliez aller randonner, ça commence toujours par monter. Alors bien sûr, monter signifie que l’on va être confronté à divers échelons possibles, à diverses altitudes réalisables et selon les capacités physiques et sportives de chacun. Ici, tout autour du village, et pour effectuer une balade sur une seule journée, cette échelle des valeurs est vaste par le fait même que le village est situé à 856 m d’altitude et que le sommet le plus élevé atteignable en une longue journée est le Madres pointant son pic à 2.469 m. Par ce fait même, les objectifs sont innombrables et en choisir un ne pose donc aucun problème, or mis bien sûr si « monter » et « marcher » en sont pour vous.  C’est ainsi que pour la reprise d’après confinement de Dany, j’avais choisi le « Pic de la Serra » situé à l’altitude de 1.208 m. Ce sommet est un très modeste mamelon situé sur le flanc sud-est du Pic Lloset (1.371m). Avec ce dernier, le pic de la Moscatosa (1.457m) et le roc de Peirafita (1.535m), ils composent tous les quatre la crête frontière entre les communes d’Urbanya et de Nohèdes. Ce pic de la Serra est d’ailleurs si modeste, qu’il faut un certain recul pour constater qu’il est un véritable pic. Ce recul, on peut par exemple l’avoir au col de Marsac, ce  col constituant un jalon de cette balade. Pourtant, s’il est modeste, plusieurs raisons m’ont encouragé dans ce choix : des montées essentiellement par des pistes forestières, agréablement herbeuses assez souvent, l’assurance de traverser des décors variés (ubac avec une forêt de feuillus puis de résineux puis soulane avec des landes de genêts, puis sous-bois d’épicéas) garantie de pourvoir observer de beaux et amples panoramas, le gage d’une flore printanière encore bien épanouie et l’espoir d’apercevoir une faune que je soupçonne bien présente car plutôt très tranquille depuis quelques mois. Il est 13h quand nous démarrons. Dès le démarrage, cette faune se présente sous les traits de 2 couleuvres à échelons entrain de s’accoupler au pied de la maison de Moïra et Alan, nos voisins « so british » mais « so nice ». Nous observons les reptiles dans leurs ébats amoureux, ébats consistant à se tortiller en se frétillant mais vous dire laquelle est la femelle et lequel est le mâle, là j’avoue que c’est coton. Normal ! Rien ne ressemble plus à un serpent qu’un autre serpent ! On peut imaginer que le mâle est dessus comme souvent en pareil cas dans le monde animal, mais ici comment savoir qui est dessus et l’autre dessous dans ces étreintes torsadées permanentes ? Et vas-y que je m’enlace ! Et vas-y que je m’enroule ! Se trémousser devant nous n’a pas l’air de les gêner sauf lorsque du bout de mon bâton de marche, j’en titille un des deux. Là, celui que je viens de picoter ne semble pas d’accord mais redouble simplement sa trémulation. Finalement, trop de picotements c’est trop et il quitte sa moitié et part se réfugier dans le gros orifice d’un mur de pierres. Le second, sans doute surpris, de cette dérobade soudaine, ne bouge pas sur l’instant. Puis, constatant probablement qu’il lui manque quelque chose quelque part, il grimpe au mur et s’immobilise. L’instinct le pousse-t-il à se cacher ou bien a-t-il deviné que sa moitié était dans ce trou qui est si près de lui ? Il s’y précipite. Les deux couleuvres ayant disparu, il est temps de démarrer cette balade. Souhaitons aux deux partenaires qu’ils continuent leur batifolage et que de très nombreuses petites couleuvres à échelons naîtront de cette union. Elles sont si inoffensives pour l’homme malgré leur taille souvent impressionnante car pouvant atteindre 1,50 m voire parfois un peu plus. Malheureusement leur taille et la méconnaissance que l’on a de ces reptiles leur sont trop souvent fatales et il faut le regretter. Le chemin vers la ferme à Philippe s’élève constamment au milieu des genêts et comme Dany n’avance pas très vite, j’en profite pour tenter de photographier quelques oiseaux et une petite faune entomologique bien présente. Jolis papillons en composent l’essentiel même si je pourrais également photographier de très nombreux criquets. Je fais l’impasse de ces derniers car je perdrais trop de temps. La ferme est là et nous la traversons sous les aboiements rageurs mais peu belliqueux de deux chiens qui font leur travail de garde. Aucune vache aujourd’hui ce qui signifie qu’elles seront peut-être plus haut dans la montagne car ici c’est la liberté qui prime, pour nous bien sûr, mais y compris pour les bovins. Un peu de liberté avant l’abattoir, voilà la vie promise aux jeunes veaux des Pyrénées catalanes. Une vie pas longtemps très rose,  6 à 8 mois, pour une indication géographique protégée auxquels les professionnels ont donné le nom plutôt paradoxal de Rosée des Pyrénées. Après la ferme, la piste terreuse continue en zigzaguant. Elle commence à nous offrir des vues à presque 360 degrés. Village, forêts environnantes, Canigou, Pic Lloset ou del Torn, les beaux panoramas se succèdent. C’est ainsi que sur l’autre versant de la vallée, Dany avec sa vue infaillible aperçoit un gros sanglier dans un pré au-dessus du village. Quelques photos de l’animal et nous repartons. Une fois visionnées, les photos pas toujours très nettes à cause de l’éloignement, nous constaterons qu’il s’agit d’une laie accompagnée d’au moins deux tout petits marcassins. Cette femelle sanglier, depuis une grosse semaine, nous avons pris l’habitude de l’observer depuis notre maison, toujours au même horaire, entre 12 et 14 h. Le nez toujours enfoui dans les hautes herbes, elle a fait de ce grand pré son garde-manger. A hauteur du lieu-dit La Travessa, nous quittons la piste terreuse au profit d’un large chemin très herbeux et bien plus agréable à cheminer. Ici, on retrouve et on continue l’itinéraire déjà parcouru lors du Circuit de la Mata. C’est une portion de l’ancien Tour du Coronat.  Dans ce secteur, les petits oiseaux de la forêt sont plus présents. La période des amours n’est pas étrangère à cette présence. Pas facile néanmoins d’en immortaliser correctement. Si les criquets ont quasiment disparu, les papillons continuent à être présents mais ils sont souvent différents de ceux aperçus à un étage montagnard inférieur. Cette différence d’étage, on la constate à ce panachage permanent des différentes essences. A ce niveau,  les feuillus et les résineux se partagent encore  l’espace mais peu à peu les seconds ont tendance à s’approprier toutes les hauteurs. La piste forestière que l’on distingue parfois au sein de la Matte est très souvent la ligne de partage entre feuillus et conifères. A la côté 1181, il fut un temps où un panonceau directionnel indiqué plusieurs boucles dont celle vers le pic de la Serra. Il semble avoir disparu corps et biens, car malgré mes recherches, je ne l’ai plus retrouvé. A qui profites-ce « crime » ?  Ici, alors que nous stoppons au sommet d’une petite éminence rocheuse pour un peu de repos et la prise d’un en-cas, quelle n’est pas notre surprise d’apercevoir un chevreuil en contrebas. Il broute paisiblement et apparemment, il ne nous a pas vu ni entendu, occasion inespérée pour quelques belles photos de l’animal. Malheureusement sa perspicacité à deviner que nous sommes là est plus grande que notre faculté à rester invisible et silencieux. Il regarde vers nous fixement puis ayant compris qu’un prédateur était probablement là, il détale dans la sapinière. Les photos sont bien enregistrées et le cervidé malgré ses phobies de l’Homme aura son heure de gloire sur mon blog. Toujours aussi verdoyant, le chemin à suivre compose un angle droit et s’élève en douceur vers la crête sommitale. Sur cette crête, la forêt disparaît et le contraste est étonnant avec les décors traversés jusqu’à présent. Ici, sur le flanc du pic Lloset, les arbres sont rares et les quelques pins et arbustes plutôt chétifs. Au milieu d’une lande composée de genêts et des rosiers sauvages, le sentier descend vers le col de la Serra (1.200 m) puis juste après vers le pic éponyme. Il faut dire que sur cette crête, les écobuages ont très souvent meurtris la végétation et quelques genêts calcinés en gardent encore les stigmates. Par bonheur, le dernier écobuage paraît ancien, car les genêts sont magnifiquement fleuris, quant à l’orri situé au milieu du col, il disparait sous les ronciers alors que je l’ai connu, il y a quelques années, libéré de toute végétation. Le pic de la Serra (1.208 m), notre objectif est là. Il s’agit d’un modeste dôme sans grand intérêt particulier il faut bien le reconnaître.  Ses seuls attraits, ce sont les vues et les paysages qu’ils nous offrent. Le pic Lloset derrière nous, le Massif du Coronat sur notre droite et puis surtout ce panorama plongeant sur les vallées d’Urbanya et de Nohèdes séparées par cette longue échine qui semble disparaître au loin et comme par enchantement dans les arcanes des deux insondables ravines. Au bout et à droite, le Canigou très peu enneigé et donc un peu moins « fascinant ». Cette échine, il nous faut la descendre jusqu’au col de Marsac (1.056 m) sur un sentier pas toujours facile car peu emprunté par l’homme et donc peu débroussaillé et stabilisé. Ici, c’est plus souvent les ovins et les caprins qui sont amenés à le parcourir, alors bien sûr les « caminoles » qu’ils creusent s’agencent au gré de leurs toquades. Dany descend avec prudence et moi je mets à profit cette lenteur pour photographier les papillons très nombreux sur cette « solana ». Nouvel arrêt-goûter au col de Marsac puis nous retrouvons le sentier qui au travers d’un bois d’épicéas file vers le lieu-dit La Devesa. Dans la pénombre de ces sous-bois obscurs, l’essentiel est de ne pas perdre de vue les marques de peinture jaune et les nombreux cairns composant le balisage. L’important est de ne pas se précipiter et surtout d’avancer d’une balise à une autre car c’est la seule condition pour ne pas s’égarer dans cette « Llebreres » ou « Llabrères ». Dans ces lieux dont la toponymie nous apprend qu’ils sont « peuplés de lièvres » n’essayaient pas d’être plus rapide que ces derniers et soyez plutôt « tortues ». Quand la Devesa se présente, la piste forestière descendant vers Urbanya est déjà là. Cette magnifique balade se termine. Sur la terrasse de notre petite maison, nos deux fidèles chats Noxy et Zouzou ne sont plus là à nous attendre, disparus tous les deux à un mois d’intervalle en début d’année. Les retrouver au retour de nos balades était tellement devenu une habitude. Si nous en sommes toujours autant attristés, Flip le chat du vacher Philippe est venu prendre leur place et son immense gentillesse et ses « ronrons » compensent quelque peu ces douloureuses absences. Il en est de même pour Kiwwie, la chatte de notre fille qui dort sur notre lit mais rapplique en nous entendant arriver. Idem pour Rouquine qui vient réclamer pitance malgré son côté toujours aussi « sauvageonne ». En voilà une que nous avons réussi à piéger, à stériliser, que l’été nous continuons de nourrir mais qui est restée sauvage malgré toutes les attentions que nous lui portons au fil des jours. Oui, ici à Urbanya, la vie c’est un peu comme « une roue de la fortune » où les camemberts seraient des éléments de la Nature toujours différents.  On vit avec en permanence, en acceptant ce que le quotidien ou le hasard nous propose, ce que le familier ou le sauvage nous offre.  Un jour, nous sommes surpris par un animal, un autre jour c’est un nuage dans le ciel qui attise notre curiosité, le lendemain c’est un fabuleux clair de lune, une étoile filante, le ululement d’une chouette, le chant de détresse d’un pinson ou d’un merle en quête d’amour, le scintillement d’une luciole, le brame d’un cerf et que sais-je encore. Cette balade a été longue de 7,2 km pour des montées cumulées de 662m et un dénivelé de 365 m entre le point le plus élevé sur la crête juste avant le pic de la Serra et le village d’Urbanya à 856 m. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.

    « Nous y voilà, nous y sommes. Maintenant ou jamais. Cris de veaux et Dame blanche. »

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  • Commentaires

    2
    Jeudi 10 Septembre 2020 à 16:50

    Bonjour Gilbert

    Une très belle balade dans une nature verdoyante et toujours d'agréables rencontres . Moscatosa , LLoset , serra , Marsac ces lieux me parlent puisque nous avons randonné sur cette crête côté Nohèdes ... par contre côté Urbanya c'est encore à faire !

    Amicalement , Patricia

    1
    Mercredi 9 Septembre 2020 à 14:01

    Bonjour Gilbert,
    Merci pour cette jolie balade, nous reprendrons les randos la semaine prochaine !
    à bientôt
    Amicalement
    JC

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