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Le Circuit des Hautes Garrotxes (1.917 m) depuis Sansa (1.410 m)
Diaporama sur la merveilleuse musique "Etude en E Mineur" de Francisco Tárrega jouée successivement par les guitaristes suivants :
Jurgen Schenk, Bernard Piris, Evgeniya Alaeva Kirilyuk, Manuela Grabsch, Miguel Mota Pinto, Peter Notfall, Samatha Muir,
la fin étant un mixage de ces différentes musiques toutes extraites du site "You Tube".
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Les personnes qui dans les topo-guides donnent des noms à des randonnées n’imaginent pas toujours l’importance que peut revêtir un simple intitulé. Exemple ici, pour cette randonnée, que j’ai intitulé « le Circuit des Hautes Garrotxes (*) ». Il faut prononcer "garrotches". Elle existe, depuis très longtemps déjà, dans un petit fascicule intitulé « 32 randonnées pédestres en Capcir et Haut-Conflent » sous la dénomination « Du col de Sansa au col de Creu », et autant l’avouer cette désignation n’avait jamais aiguisé mon intérêt pour elle. De ce fait, je n’étais jamais allé plus loin que la simple lecture de son intitulé. Pourquoi me direz-vous ? D’abord parce que je connaissais bien ces deux cols. Le premier pour y être passé à de nombreuses reprises lors de balades vers les sommets du Madres ou du pic de la Pelade puis encore lors d’un mémorable Tour du Capcir. Le second, je ne le connaissais que comme col routier, mais je l’avais toujours vu très fréquenté comme lieu de pique-nique dès les premiers beaux jours. Alors, j’avais imaginé cette randonnée comme une simple liaison de ces deux cols et de surcroît comme une rébarbatif aller et retour par des pistes forestières. Rien de folichon en perspective. Force est de reconnaître que je me trompais sur toute la ligne ! Entre Haut-Conflent et Capcir, cette confidentielle et enclavée région des Hautes Garrotxes est un magnifique écrin naturel et ce « circuit » au départ de Sansa est un bijou de randonnée et voilà la raison pour laquelle, j’ai préféré lui donner un nom un peu plus attractif. Enfin j’espère ? Tous les étages montagnards sont passés en revue et ce malgré des altitudes plutôt modestes oscillant entre 1.400 et 2.000 mètres. On y trouve bien évidemment tous les écosystèmes qui vont avec. Une couverture végétale et une biodiversité très variées et bien évidemment des paysages et des décors bien différents selon l’exposition au soleil. Et comme l’itinéraire passe d’un paysage à l’autre, d’un versant à l’autre, parfois au plus haut de la montagne, les panoramas y sont tout bonnement exceptionnels. Qui dit « confidentiel » dit « quiétude » et « solitude » et je vous garantis que sur ce parcours, ce n’est jamais la cohue. Comme déjà mentionné plus haut, le départ s’effectue du hameau de Sansa, direction le col éponyme par le Pla de l’Orri et les Estagnols. Le vallon qu’il faut remonter, c’est celui de la rivière de Cabrils, alimentée ici par deux ruisseaux plus modestes que sont les recs de l’Oratori et des Manès. En réalité, sa vraie source s’écoule depuis le lieu-dit « Passeduc », à 2.284 m d’altitude, sur le flanc nord-ouest du pic de la Pelade et s’intitule le Rec de Pinouseil. Il rencontre un peu plus bas un bras du torrent « Coume de Ponteils ». Tous ses lieux, je les connais par cœur et font partie d’itinéraires vers le Massif du Madres ou le Pla des Gourgs., déjà expliqués dans mon blog. La rivière de Cabrils finit sa course dans la Têt à Olette. Au départ du hameau, deux alternatives se présentent : soit on emprunte immédiatement la piste qui monte vers le col de Sansa, soit on choisit le chemin qui se trouve sur la gauche en contrebas et qui est l’itinéraire proposé par le topo-guide évoqué plus haut. Nous avons fait ce dernier choix et malheureusement, nous nous sommes empêtrés dans les hautes herbes à la confluence des rivières évoquées plus haut. En me fiant à mon tracé G.P.S, nous sommes passés outre les hautes herbes et finalement nous avons atteint un premier panonceau mentionnant la bonne direction : « Col de Sansa 4,3 km – Pla de l’Orri 1,5 km ». Un coup d’œil sur la carte I.G.N pour constater qu’en prenant la piste, nous serions arrivés au même résultat sans galérer et sans détremper nos godillots. Désormais le chemin est bon et agréable car herbeux et fleuri à souhaits. Il s’élève tout doucement dans un décor étonnant où vieilles terrasses abandonnées se partagent l’espace avec de gros blocs de granite aux formes arrondies. Ici, le mot « garrotxe (*)» signifiant « terre rocailleuse et difficile » prend tout son sens (**). Le Pla de l’Orri est atteint et l’on y découvre l’étonnant cortal connu sous le nom de Delcasso et dont l’Histoire est contée dans l’encyclopédie Wikipédia au mot « cortal ». Ici, on peut poursuivre la piste directement vers le col de Sansa mais si vous ne connaissez pas le site des Estagnols, quel dommage d’y passer à côté sans apprécier ce petit endroit tellement charmant et blotti dans une clairière. Il est à 1,2 km seulement. Il faut suivre le panonceau directionnel et le chemin s’élève très vite en forêt. C’est le Bois de la Sourde. Une clairière plus vaste se présente et les Estagnols sont déjà là. Au loin, le Madres fait son cirque. Comme l’indique le patronyme « estagnols », il s’agit de deux petits étangs aux eaux bleutées. Un minuscule refuge les domine. On y trouve aussi un tipi où les enfants peuvent jouer aux Indiens. Pour y passer une nuit, il faut récupérer les clés à la Maison du Capcir à la Llagonne. Après cette jolie découverte, il faut rejoindre la piste commune avec la Tour pédestre du Capcir. On prend à gauche et le col de Sansa est à moins de 2 km. Les panoramas s’entrouvrent. Ils sont aériens sur le Vallon de Cabrils et si l’on se retourne, on peut découvrir le pic de la Pelade et ô combien sa dénomination est si appropriée. Un vrai mont pelé ! Sa pelade serait assez ancienne car due à des coupes trop intensives des arbres pour la fabrication du charbon de bois. Mais le plus beau reste à venir. Au col de Sansa, on choisit la direction « Col de Creu 3,6 km – col des Agrellons 1,2 km » et même si elle est très bien mentionnée, attention aux étourderies car il y a tout de même six directions bien distinctes. La large piste forestière s’élève en deux lacets passant de l’ubac de Cabrils à l’adret de l’Aude, sans pour autant qu’une différence arbustive s’entrevoit. Ici, on chemine la belle et grandiose forêt domaniale de Cami Ramader surtout composée de pins à crochets, pins sylvestres et sapins mais aussi de quelques épicéas et mélèzes et de nombreux feuillus sur d’autres versants selon l’altitude, l’exposition et l’hygrométrie. Quand la piste devient plus rectiligne, il faut profiter des panoramas extraordinaires sur la Vallée de l’Aude et le Capcir. Ils sont très aériens et par temps clair, suffisamment lointains pour être époustouflants. Les bois, les prairies, les prés et les champs, ces derniers si renommés pour leurs patates, celles de Matemale, forment un patchwork chamarré. Le lac de Matemale apporte une touche de bleu dans toutes ces nuances olivâtres, rousses ou couleur paille. Les quelques villages ressemblent à des maquettes en modèles réduits et pour les plus petits d’entre-eux à des crèches. Pour moi, de très nombreuses vues sont synonymes d’autres randonnées ou de lieux cheminés lors d’un Tour du Capcir, effectué en 2013 et en 4 jours. A hauteur du col des Agrellons (1.870 m) les panoramas disparaissent mais comme le chemin bascule très vite sur le versant opposé, on embrasse de nouveaux décors. C’est de nouveau le Vallon de Cabrils et les montagnes qui l’entourent mais sous d’autres angles, et beaucoup plus loin, ce sont les arides Garrotxes méridionales où les contrées creusées de multiples ravines forment l’essentiel du paysage. Encore plus loin, c’est le Massif du Canigou et les premiers hauts pics pyrénéens avec leurs têtes dépouillées et en dessous un long ruban de forêts émeraudes. Une fois encore, il faut profiter de ces vues incroyables car malheureusement, les fenêtres se referment très vite et l’itinéraire se dirigeant vers le col de Creu est essentiellement forestier. Comme les papillons sont légions, j’en profite pour prendre un peu plus de temps à les photographier. L’arrivée au Col de Creu (1.708 m) me confirme ce que je connaissais de lui : beaucoup de voitures et donc beaucoup de visiteurs. La plupart pique-niquent mais je suppose que ce n’est que la partie visible des activités pratiquées dans ce secteur. Rien de spécial ne nous retient alors on poursuit la boucle prévue. Elle file vers l’est en empruntant le D.4 sur 400 à 500 mètres puis à hauteur d’une table d’orientation et d’une croix, il faut quitter le bitume au profit d’un sentier qui longe un enclos se trouvant sur la gauche. Il s’agit de la piste DFCI C073. Ce chemin herbeux est très agréable car il nous change des pistes terreuses arpentées jusqu’à présent. Il l’est d’autant plus qu’il est souvent très bon, large et contrasté alternant des milieux bien différents, tout en offrant de jolies vues sur le Vallon du Rec de Railleu. Pour moi, cette portion du chemin présente un autre avantage qui est celui d’y maintenir une flore et une faune beaucoup plus concentrée que celles aperçues jusqu’à présent. A l’approche du col du Dragon, le chemin devient plus étroit et comme il se faufile au sein de hauts genêts et de quelques magmas rocheux, l’itinéraire devient plus alambiqué. Il reste praticable. Il faut prêter attention au balisage jaune encore présent mais pas toujours facile à repérer. Une échelle permet d’enjamber une clôture et peu de temps après le col du Dragon est atteint. Nous l’avions déjà découvert lors d’une autre balade intitulée « A la rencontre des cervidés ». Ici pas de dragon ni de cervidés mais la belle surprise d’y surprendre un sanglier solitaire. Une laie sans doute à cause de sa taille peu massive et de son groin très allongé presque similaire à celle d’un tapir, avec lequel j’y trouve une certaine ressemblance. Bien occupée à fouir la terre de son butoir, j’ai la quasi certitude qu’elle ne nous a pas vu et de ce fait, j’ai largement le temps de prendre plusieurs photos avant qu’enfin, elle devine notre présence et détale. Après le col, de superbes vues se dévoilent sur Sansa, magnifiquement dominé par la pic de la Pelade et le Puig d’Escoutou. On y distingue ses deux églises, étrange particularité pour un hameau qui n’a toujours compté qu’un nombre réduit d’habitants. La fin de la randonnée tout en sous bois et en descente nous paraît un peu longue et ce n’est qu’en atteignant la rivière de Cabrils que nous prenons conscience d’une arrivée imminente. Deux pancartes agrémentées de plans et incitant à se lancer à la recherche d’un passé évoquent la Molina Serradora, ingénieuse « scierie battante de Sansa » datant de 1826 et dont la fonction consistait à transformer en planches les arbres des Garrotxes. Il est presque 17h et le temps nous manque pour partir à la chasse aux trésors. On entre dans le village. Il nous semble désert. Alors on flâne dans ses ruelles pour en découvrir tous ces recoins, tous ses mystères jusqu’à tomber sur un vieux monsieur bien occupé à son jardin fleuri. La conversation porte sur ses magnifiques roses trémières aux couleurs si vives. Il nous invite à rentrer chez lui, histoire de nous offrir quelques graines des fameuses roses. Apparemment, il a envie de parler alors il enchaîne sur tous les travaux qu’il a été amené à réaliser dans sa maison, nous faisant visiter au passage l’ensemble des pièces. De sa chambre à coucher jusqu’au salon, en passant par la cuisine, les toilettes et la salle de bains nous allons de manière assez surprenante entrer d’un côté de la maison et sortir de l’autre. Son épouse assise à la table du salon, bien occupée à « flécher des mots », ne semble pas plus surprise que ça de nous voir descendre tous les trois de la chambre à coucher. Son époux doit être coutumier du fait. Etrange, éphémère et si plaisante rencontre. Nous sommes entrés dans leur vie pendant quelques minutes et nous en sortons comme si nous nous étions toujours connus alors que l’on ne s’était jamais vu auparavant. Pourtant tout aurait pu être différent car Sansa est leur résidence secondaire et ô surprise, ils habitent la même commune que nous : Saint-Estève ! On se quitte en se promettant de se retrouver un jour ou l’autre en haut ou en bas de nos belles Pyrénées-Orientales. Le monde est petit mais les Hautes Garrotxes ont été grandes, suffisamment grandes pour que l’on ait pris plaisir à les cheminer tout au long de la journée. Suffisamment grandes pour qu’on ait envie d’y revenir pour une autre balade. Telle qu’expliquée ici, cette randonnée est longue de 14,5.km. Le dénivelé est de 507 mètres et les montées cumulées sont longues de 1.300 mètres environ. Carte I.G.N 2249 ET Font-Romeu – Capcir Top 25.
(*) Les Garrotxes, qu’il faut prononcer « garrotches », est une contrée très enclavée faisant partie de la région du Conflent. On peut dire qu’elle correspond en grande partie à la dépression géographique creusée par la rivière de Cabrils. En "Sciences de la Terre", on appelle cela un bassin versant. Comme toutes les vallées, elle est entourée de sommets plus ou moins hauts et de ravines secondaires séparées par des cols. Ses principales frontières naturelles sont d’autres vallées : au nord-ouest, la vallée de l’Aude dans la région du Capcir, à l’est, la vallée de la rivière d’Evol et au sud, la vallée de la Têt. 5 villages seulement y sont présents : Sansa, Railleu, Caudiès-de-Conflent, Ayguatébia-Talau et Oreilla. Les toponymistes semblent d’accord pour dire que le mot est formé de la racine « gar » ou « car » signifiant « pierre » ou « rocher » et du suffixe « otxa » lequel ici doit être traduit en « terre ». Dans de très nombreuses langues ou dialectes et notamment pyrénéens, on retrouve ces suffixes (otx, otxa, ozt, ost, oust, os, oussa, osa, ossa, ousse, osse en français) qui ont sans doute une même origine et peuvent signifier au sens large, un « domaine », un « lieu », une « région » ou une « terre ». On les retrouve également comme suffixe dans des noms de familles mais c’est normal car très souvent aux temps anciens, on désignait une personne ou une fratrie par le nom du lieu où elle résidait. On note qu’en français, on trouve le verbe « garrocher » signifiant « jeter une pierre », lequel bien évidemment à sensiblement la même étymologie. Alors tous les toponymistes et géographes sont d’accord pour affirmer que "les « Garrotxes » désignent une terre rude, pauvre et rocailleuse, escarpée et difficile d’accès" (Joan Bécat 1984). «Les Garroches, chaos de pierrailles où l’on trébuche sur les galets granitiques, où l’on se coupe les pieds aux éclats de schiste : on ne peut rendre l’expression d’horreur avec laquelle ce nom est prononcé dans le haut Conflent » écrivait le géographe Maximilien Sorre dans « Les Pyrénées méditerranéennes ; étude de géographie biologique » en 1913. Je tiens également à préciser que c'est avec un grand intérêt et beaucoup de plaisir que j'ai lu le mémoire de Lenny Pol consacré aux Garrotxes, sans doute le document le plus complet consacré à cette superbe région sur le Net. Je l'en remercie.
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