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Un Tour du Bonheur
J’aime mes enfants par dessous tout et j’aime la randonnée car c’est mon passe-temps favori. Alors comment, dans mon journal mensuel, pourrais-je passer sous silence ce merveilleux Tour pédestre des Fenouillèdes qu’en ce mois de septembre je viens d’accomplir avec mon fils. Quand il m’a annoncé qu’il voulait partir marcher avec moi, j'ai été d'abord très surpris car il préfère nettement le VTT mais j’étais tellement heureux que j’ai mis tout en œuvre pour que ce tour que j’avais inscrit dans mes tablettes depuis fort longtemps se réalise et croyez-moi, même s’il ne fut pas très facile à organiser, car il faut le dire ce pays des Fenouillèdes est incontestablement le parent pauvre du département des Pyrénées-Orientales, il était hors de question pour moi que nous ne l’accomplissions pas ensemble. Le Fenouillèdes, terre occitane oubliée ou ignorée des catalans depuis le traité des Pyrénées de 1659, il suffit pour s’en convaincre, de compulser Pyrénées-Orientales - L’Encyclopédie Illustrée du Pays Catalan où seulement deux pages sont consacrées à cette belle région sur les 302 pages que comporte ce gros ouvrage. Pour se convaincre de cette indifférence et de cette ignorance quasi générale, il suffit de vouloir parcourir ce tour, pourtant parfaitement balisé par les comités associatifs pédestres, pour constater qu’aucun topo-guide n’a encore été édité ni par la Fédération Française de Randonnée Pédestre ni par aucun autre éditeur. Quand à l’organisation, si dans les communes les plus importantes que sont Saint-Paul-de-Fenouillet, Caudiès-de-Fenouillèdes et Sournia, on trouve assez aisément le gîte et le couvert, il y a, en terme d’hébergements, quasiment un grand vide dans la partie est de ce tour sur une immense portion qui va de Saint-Paul à Sournia, c'est-à-dire depuis Lesquerde à Eus en passant par Ansignan, Trilla, Tarerach, Marcevol et Arboussols. C’est d'ailleurs, je pense, la raison essentielle pour laquelle ce tour n’a pas été édité et reste peu fréquenté et que nous-mêmes avons été contraints de camper lors de la première étape qui nous a amené de Trilla à Eus. J’ai d’autant plus du mal à comprendre ce désintéressement pour les Fenouillèdes et cette désaffection pour ce magnifique tour pédestre que cette région regorge de richesses naturelles, architecturales et patrimoniales exceptionnelles. Pour n’évoquer que les sites les plus remarquables rencontrés ou aperçus sur l’itinéraire et sans parler des excellents vignobles que l’on côtoie au fil du parcours, Rivesaltes et Maury pour ne citer que les plus connus, il y a le superbe Prieuré de Marcevol, la localité d’Eus, élu plus beau village de France, de nombreux jolis hameaux oubliés dont ceux de Comes et de Campeau par exemple , ces étonnants amas de mégalithes naturels du Parc Naturel Régional des Pyrénées-Catalanes, les admirables forêts domaniales du Fenouillèdes, de Boucheville et du Moyen-Agly, les merveilleuses gorges de Saint-Jaume et de Galamus avec son ermitage Saint-Antoine, les belles vallées de la Désix, de la Boulzane et de l’Agly pour ne parler que des principales rivières, les ruines d’innombrables mas pastoraux et de nombreux châteaux dont ceux de Fenouillet, l’ admirable église Notre-Dame de Laval à Caudiès, les étonnantes échines géologiques calcaires que sont le synclinal de Saint-Paul s’étirant sur plus de 30 kilomètres et les Corbières avec ses pechs et notamment celui monumental et mystique de Bugarach, le surprenant chapitre de Saint-Paul avec son insolite clocher heptagonal et enfin peut-être le plus merveilleux et emblématique joyau architectural de la région avec le splendide pont-aqueduc romain d’Ansignan dans un état de conservation exceptionnel et encore en état de fonctionnement malgré son grand âge de plus de 17 siècles. Voilà quelques unes des principales merveilles que vous pourrez découvrir si vous êtes un jour amenés à réaliser ce tour dans son intégralité. Mais le Fenouillèdes, ce n’est pas seulement cela, ce sont des hommes qui ont su façonner un pays très tourmenté fait d’une succession de collines et de multiples ravins, des hommes qui ont réussis à élever de charmants villages dans les coins les plus reculés, des hommes qui malgré les occupations, les invasions successives (romains, wisigoths, musulmans, francs, espagnols, etc.…) et un passé parfois tumultueux comme les guerres entre cathares et catholiques sont restés accueillants et ont réussi à en faire un pays où il fait bon vivre. Même si en raison d’une mauvaise météo, les deux premiers jours n’ont pas été très propices à une flânerie pédestre, sur ce Tour des Fenouillèdes, ce bien-être, Jérôme et moi avons eu l’occasion de le goûter tout au long de ces 5 jours. Alors, je ne sais pas ce que Jérôme en pense mais pour moi, ce périple de 120 kilomètres avec lui, restera très longtemps un vrai Tour du Bonheur.
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