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Le Baou Rond (281 m) depuis la calanque de Sormiou
Ce diaporama est agrémenté de 2 chansons du chanteur/compositeur américain Tony Joe White. Elles ont pour titre "Steamy Windows" et "Love M.D"
De mon enfance et de ma jeunesse à la calanque de Sormiou, je garde de nombreux et heureux souvenirs mais quand je monte vers le Baou Rond, deux d’entre eux me reviennent à l’esprit systématiquement. Le premier est assez cocasse : Avec mon cousin Paul, quand nous avions 13,14 ou 15 ans, nous aimions bien cette courte balade et à l’époque, il ne nous fallait guère plus d’une heure pour monter au Baou Rond, redescendre par le Vallon des Escourtines pour revenir à la calanque par l’allée des Acacias. Quand nous quittions le cabanon, ma tante nous criait : « n’oubliez pas le pécu ! » mais si ce conseil avait été utile la première fois où nous étions montés au Baou Rond, ensuite il ne l’était plus vraiment et de nombreuses feuilles de papier toilettes étaient déjà au fond de nos poches respectives quand nous démarrions. Bien sûr, ces feuilles avaient leur utilité première au cas où, comme l’on disait, nous avions envie de déposer « une sentinelle » ; mais dans nos têtes, nous ne les prenions pas vraiment pour ça. Non, ces feuilles servaient à un drôle de concours qui consistait, depuis le pinacle du Baou Rond, à les laisser s’envoler au gré du mistral et d’observer celles qui allaient se déposer le plus loin. Alors ces feuilles de pécu que nous sortions une à une et avec précaution de la poche de nos shorts et qui disparaissaient au dessus de la merveilleuse calanque se transformaient en points, puis au final, en parties gagnées ou perdues. Ce qu’il y a de risible dans cette histoire, c’est quand nous repartions les poches vides et qu’ils nous prenaient l’envie de « caguer » ; alors nous redescendions les sentiers et les éboulis en courant et c’est plus d’une fois que nous sommes revenus au cabanon soit avec des « traces de pneus » dans nos slips Kangourou ou bien avec les genoux complètement écorchés à cause des chutes, tellement l’envie était pressante. Le deuxième souvenir concerne ce que nous appelions « la cabane à Bob ». Quand, enfants, nous prenions le sentier qui mène vers la calanque de Morgiou ; c’est le même qui va au Baou Rond ; il y avait, tout en haut d’une paroi et un peu à l’écart du chemin, une cabane. Les plus grands l’appelaient la « cabane à Bob ». C’était une cahute adossée à la blanche falaise et dissimulée derrière une haie de sumacs des correyeurs et d'un figuier. Elle était faite de quelques planches et de grosses pierres des éboulis calcaires qu’il y a un peu partout par ici. Il y avait toujours des bouteilles vides, des journaux et surtout des casseroles et des boites de conserves noircies par un feu de camp que nous trouvions soit éteint soit encore fumant en arrivant. A écouter les plus grands, parfois, j’avais le sentiment que ce « fameux » Bob nous avait entendu arriver et qu’il se planquait pour éviter de nous rencontrer. Mais, moi ce qui m’impressionnait le plus, c’était ces quelques poulpes que nous trouvions très souvent pendus entrain de sécher au soleil. A l’époque, j’avais une peur bleue et une sainte horreur des poulpes que mon père pêchait dans des nasses qu’on appelait « jambins » ; mais de voir, ces animaux secs et raides, eux qui sont habituellement flasques et très vivaces, pendus devant la porte de cette cabane avait un aspect sordide et pour moi, presque démoniaque. Mes copains plus âgés prétendaient avoir rencontré « Bob » mais personnellement je ne l’ai jamais vu et c’est marrant comme j’en garde encore aujourd’hui une étrange vision dans mon imagination. Je le vois comme un homme des cavernes ou des bois, sauvage et sale, vêtu de peaux de bêtes, avec une grande barbe hirsute et un visage dur et patibulaire, une espèce d’homme de Cro-Magnon qui se nourrissait essentiellement de poulpes desséchés. Aujourd’hui, tout a disparu, la végétation a tout envahi et au pied de la paroi, il ne reste plus rien de la « cabane à Bob ». Mais trêve de souvenirs car il est temps que je vous explique comment on grimpe au Baou Rond. Le sentier démarre de la calanque de Sormiou et plus particulièrement de son petit port au dessus duquel on chemine en direction de « Blanc ». Pour les calanquais, « Blanc » c’est un petit cap où se trouve le cabanon plus connu désormais comme étant celui de Fabio Montale, rôle d’un inspecteur de police marseillais tenu par Alain Delon pour une série télévisée. Vingt mètres avant d’arriver à ce cabanon, on prête attention à une sente balisée en rouge qui monte à gauche du chemin. Ce petit sentier balisé en rouge et qui grimpe sans cesse en direction des crêtes, on ne va plus le quitter jusqu’à rencontrer un énorme cairn à la jonction de multiples itinéraires qui s’appelle tout simplement le Carrefour sur les cartes. Sur la droite, le chemin file vers le Cap de Morgiou et nous, on part à gauche à l’opposé en suivant un balisage bleu. Le sentier qui emprunte les crêtes et laisse entrevoir de magnifiques vues de tous côtés devient plus rocailleux et donc plus difficile à arpenter. Au moment où il se hisse sur un dénivelé un peu plus pentu vers un petit défilé, on quitte le balisage pour une étroite sente faite d’un étroit pierrier qui part vers la gauche en direction du bord de la crête. Ici, commence l’ascension du Baou Rond. En provençal, "Baou" signifie "rocher" ou "escarpement rocheux" et Rond est vraiment la meilleure formule pour désigner ce dôme arrondi que l’on rejoint en quelques minutes après avoir quitté le chemin principal. Du haut de cet énorme mamelon, les vues sur la calanque de Sormiou et sur Marseille sont tout simplement époustouflantes. On aperçoit aussi le phare de Planier, les îles de Riou, Plane, Jarre et le Bec de l’Aigle tout au bout d’une enfilade de falaises marines qui sont, on le dit à Marseille, les plus hautes d’Europe. Derrière nous, on aperçoit les collines marseillaises avec de grandes pinèdes mais malheureusement aussi, vers Carpiagne, de grands espaces rases, ravagés il y a peu de temps par un grand incendie. Après avoir jeté quelques feuilles de « pécu » au gré du vent et en souvenir du temps passé, on redescend vers le sentier balisé que l’on poursuit dans la direction délaissée juste avant d’être monté au Baou Rond. Soudain, le sentier s’élargit en une spacieuse piste caillouteuse balisée désormais en jaune et bleu qui file en descente et droit en direction de Marseille. On atteint quelques petits pins et une nouvelle intersection. On délaisse la large piste et on emprunte à gauche un sentier plus étroit qui est peint de marques jaunes et bleues mais aussi en rouge et blanc. On est sur le G.R.51 long de 290 kilomètres qui file jusqu’à Menton. A l’instant même où le sentier coupe un étroit vallon, sur la gauche, on domine à nouveau Sormiou et son petit port au fond d’un large défilé. Comme on doit descendre dans ce vallon, on délaisse le sentier des crêtes au profit d’un autre qui descend à main gauche, même s’il est marqué d’une croix d’interdiction. Cet itinéraire, c’est le rocailleux et tortueux sentier des Escourtines, qui en provençal vient du verbe « escourter » qui veut dire « écourter, raccourcir ». Ce raccourci va nous ramener directement et très rapidement jusqu’à la calanque. On débouche dans l’allée des Acacias et on retrouve le petit port et la sublime calanque. Sur la gauche et depuis le port, on jette un dernier regard sur l’impressionnant Baou Rond que l’on vient d’escalader. Enfant, j’étais toujours étonné de l’avoir gravi et pour moi, d’en revenir c’était un véritable exploit, un peu comme si j’avais vaincu l’Everest. Comptez deux heures pour ce circuit où il faudra être équipé de bonnes chaussures de marche. Avant de partir, informez-vous sur les périodes où les randonnées sont autorisées dans ce secteur du massif des calanques. Carte IGN 3145 ET Marseille-Les calanques Top 25.
« Les Prés Salés d'Arès et de Lège-Cap Ferret suivi de la Dune du Pilat.La Gare d'Estardé (1.213 m) depuis Urbanya (856 m) »
Tags : baou rond, sormiou, calanque, escourtines, marseille
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