• Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 2 : Le Bleymard (1.069 m)-Le Pont de Montvert (875m).

     

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 2 : Le Bleymard (1.069 m)-Le Pont de Montvert (875m).Mardi 2 août 2005 : 2eme étape de 18 kms.

    Le Bleymard (1.069 m)-Le Pont de Montvert (875m).

    Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson arrive au sommet du Pic de Finiels : "J'ai parlé à des gens qui, ou prétendaient ou croyaient avoir aperçu, du pic de Finiels, de blanches voiles appareillant vers Montpellier et Cette (Séte). Derrière s'étendait la région septentrionale des hauts-plateaux que ma route m'avait fait traverser, peuplés par une race triste et sans bois, sans beaucoup de noblesse dans les contours des monts, simplement célèbres dans le passé par de petits loups féroces."

    De Bleymard, l'après-midi, après une petite sieste et comme il était encore tôt, nous décidâmes de faire quelques courses et d'aller visiter les principales curiosités. L'hôtel restaurant " La Remise " est situé sur la D.901 plutôt à l'extérieur du vieux village. Aussi, après quelques rapides emplettes dans un supermarché, une boutique artisanale et une épicerie " bio ", nous partîmes flâner dans les vieilles ruelles.

    Au bout d'une heure, nous finissons par constater qu'une bonne partie de cette courte promenade se déroule sur une portion du GR.70 que nous devrons emprunter demain.

    Après cette balade, c'est sous quelques gouttes de pluie que nous regagnons l'hôtel. Lecture, rédaction de cartes postales, préparation de l'étape de demain sont au menu de cette fin d'après-midi bruineuse. La soirée se termine par un excellent repas du terroir avec un sublime croustillant forestier, un excellent sauté de veau et des fromages du pays.

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    Au départ du Bleymard devant l'hôtel La Remise et sur le pont du Lot.

    Mardi 2 août. Depuis l'orage d'hier soir, le ciel est resté gris mais pas vraiment menaçant.

    Après un petit déjeuner aussi copieux que celui de Chasseradés, mais avec en sus quelques confitures maison, nous quittons l'hôtel, traversons la D.901 et démarrons la journée par un petit pont qui enjambe le Lot. Malgré les quelques kilomètres qui le séparent de sa source et que nous avons parcourus avec lui, il n'a guère grossi ; un mètre de large tout au plus.

    Nous retrouvons les ruelles, cette splendide bâtisse superbement restaurée faisant office de mairie et la très belle église avec son clocher carré curieusement dissocié de la nef, déjà aperçus hier après-midi.

    Par un agréable sentier qui monte à travers des près et des vergers, on grimpe en douceur une colline tout en contournant le village que l'on aperçoit enfoui au fond du vallon. Là, descendant le GR., nous rencontrons un petit homme tout gibbeux, mais encore très alerte pour son age avancé avec lequel nous entamons la conversation. Très sympathique, il nous explique qu'il vit isolé dans la montagne et qu'il parcourt huit kilomètres pour aller faire ses courses au Bleymard. Huit à l'aller et huit au retour, il parcourt ses seize kilomètres avec un baluchon et un gros sac. Au retour, ces besaces chargées de provisions lui permettent de tenir de nombreux jours. L'hiver quand le chemin est impraticable à cause de la neige, il vit reclus dans sa ferme et isolé du monde pendant plusieurs semaines. Fataliste, il prend patience, gère ses réserves alimentaires et attend des jours meilleurs !

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 2 : Le Bleymard (1.069 m)-Le Pont de Montvert (875m).

    En quittant Le Bleymard, une sympathique rencontre.

    Comme l'écrit si bien Paulo Coelho dans le Pèlerin de Compostelle: " l'extraordinaire se trouve sur le chemin des gens ordinaires ". Je ne peux m'empêcher de penser à cette citation, quand nous quittons ce petit bonhomme, à la fois simple, mais extraordinaire de candeur, de ténacité et de courage. Nous repartons encore plus guillerets et encore plus forts qu'à l'accoutumé, un peu comme si ce vieil ermite nous avait insufflé de son dynamisme. Avec 18 kilomètres à parcourir dont un très long dénivelé qui s'annonce jusqu'au Finiels, Dieu que nous allons en avoir besoin aujourd'hui!

    Au lieu-dit " La Chaumette ", nous retrouvons le plat jusqu'au Col Santel. Ici, à l'altitude de 1.195 mètres, commence l'interminable montée qui doit nous mener jusqu'au Monts de Lozère et à son sommet majeur à 1.699 mètres, le Pic de Finiels. Une marche au beau milieu du Parc National des Cévennes.

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    Vue sur Le Bleymard et interminable montée à partir du Col Santel.

    Juste avant d'arriver à la Station du Mont-Lozère, à l'orée du chemin, les aboiements de nombreux chiens nous attirent vers un enclos grillagé. Il s'agit d'un élevage de chiens nordiques que nous observons avec difficulté, car dissimulés des regards indiscrets par d'abondants branchages.

    La vision de ces chiens ressemblant à des loups et en laissant derrière nous, non pas le Gévaudan dont les limites correspondent à la Lozère actuelle, mais la Margeride, lieu où la Bête dite du " Gévaudan " avait principalement sévi, je ne pouvais m'empêcher de penser à cette histoire vraie, devenue légendaire malgré elle.

    Avant et pendant son périple, Stevenson s'intéresse à l'histoire des régions qu'il traverse et bien entendu, il se documente sur la Bête du Gévaudan. Ce monstre, Stevenson l'appelle " le Bonaparte des loups ". Il a lui-même une peur maladive des chiens qu'il redoute par dessus tout lors de son voyage avec Modestine.

    Moi aussi, je connais comme Stevenson, l'histoire " classique " de la Bête du Gévaudan. : Cette histoire qui s'est déroulée pendant trois longues années de juin 1764 à juin 1767 a fait des centaines de victimes, mais essentiellement des proies très vulnérables. Souvent, il s'agissait de femmes seules, des bergères par exemple, ou bien d'enfants et dans tous les cas observés, il n'y a jamais eu aucun homme de plus de seize ans.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 2 : Le Bleymard (1.069 m)-Le Pont de Montvert (875m).

    Représentation de la célèbre histoire de " La bête du Gévaudan " (*).

    On organise de nombreuses battues, même le roi Louis XV s'y intéresse, promet une récompense à celui qui tuera " la Bête ", envoie son lieutenant de chasse Antoine de Beauterne, des dragons et de nombreux louvetiers pour capturer ou abattre l'animal. A plusieurs reprises et après avoir tué des centaines de loups dans toute la région et parfois bien au delà, on a souvent cru que les massacres étaient terminés. Mais les années passaient et les assassinats continuaient. Souvent, les victimes étaient trouvées décapitées. Ce fut le 19 juin 1967, lors d'une battue regroupant plus de 300 rabatteurs que Jean Chastel tua d'un coup de fusil ce monstre sanguinaire qui était devenu pour tous les habitants de la région " l'horrible Bête du Gévaudan ". Le pays redevint tranquille à partir de ce jour là.

    Mais malgré la connaissance que j'avais de cette histoire, c'était surtout la thèse de Gérard Ménatory (*) que je venais de lire hier soir dans les " notes et variantes " du " Journal de route en Cévennes " de Robert Louis Stevenson " qui me surprenait et m'intriguait. J'avais envie d'en savoir plus !

    Pour le célèbre naturaliste un ou plusieurs loups ne pouvaient pas être les auteurs de tels massacres. Un loup n'attaque jamais seul et encore plus rarement un humain. Au contraire, devant l'homme, il aurait plutôt tendance à fuir. Il ne décapite jamais ses proies. Or tous les témoignages des survivants évoquaient " Il est plus grand qu'un loup, avec une tête énorme, une raie noire qui lui court sur le dos, et une queue étrangement longue et touffue ". Ce n'était pas la description d'un loup. En sus, et selon d'autres observations, un seul animal n'aurait pas pu parcourir les distances observées entre chacun des crimes.

    (*) Gérard Ménatory :naturaliste, grand spécialiste du loup, il crée en 1985 le Parc du Gévaudan à Sainte-Lucie en Lozère. Il passa une grande partie de sa vie à tenter de réhabiliter le loup dans l'inconscient populaire.

    L'hypothèse de ce grand spécialiste du loup, très avisé sur cette histoire dont il avait étudié les archives, était la suivante : Antoine Chastel qui était une sombre brute et qui vivait seul avec une meute de gros chiens dans le Mont Mouchet avait été valet de ménagerie. Il était le fils de Jean Chastel dit le " Masque ", meneur de loups (sorcier), puis devenu libérateur de la région en tuant " la Bête ". Les Chastel, par leurs expériences, auraient été parfaitement capables de dresser " de gros mâtins " ou d'autres animaux, telle une hyène d'Afrique ou un lévrier afghan qu'ils possédaient parait-il, pour attaquer des êtres sans défense. Cette thèse expliquerait l'arrêt des crimes perpétrés par les molosses d'Antoine, dès lors que son père Jean était devenu un héros en tuant " la Bête ". Cette bête d'ailleurs n'était pas vraiment un loup. Selon la description de l'époque que je reprends textuellement, car Jean Chastel avait fait empailler son trophée, il s'agissait d'un " énorme " mâtin " (chien dogue mâtiné d'autre chose, probablement de lévrier) aussi grand qu'un taureau d'un an avec de longs poils hérissés, une grosse tête, le poitrail large et blanc maculé de taches roussâtres, une crinière noire sur le dos allant de la tête à la naissance de la queue qu'elle avait fort longue et recourbée et qui battait ses flancs ". Mais la dépouille fût si mal empaillée qu'on fût contraint de l'enterrer quelques jours plus tard. Si cette version, impossible à prouver aujourd'hui, s'avérait exacte, elle ferait d'Antoine Chastel et des autres Chastel peut-être, les plus odieux meurtriers en série de tous les temps. Le père, Jean Chastel, aurait gardé ensuite le secret de ces tueries pour ne pas nuire à ses fils qui quittèrent la région et dont plus personne n'entendit jamais parler. Jean Chastel était tellement haï de tous les villageois, que peu de temps après sa mort, sa maison fût brûlée et rasée dans un signe de purification.

    Aujourd'hui, une stèle commémorant sa mémoire a singulièrement été dressée dans la petite commune de La Besseyre Saint-Mary où il vécut. Est-ce une réhabilitation ou une simple évocation destinée aux touristes ?

    Pour tenter d'élucider l'énigme de la " Bête du Gévaudan ", d'innombrables autres théories ont été mises en avant, ravivées il y a quelque temps par le film " Le Pacte des Loups ". Mais en raison même de l'ancienneté de l'histoire, aucune preuve formelle ne viendra jamais étayer une version plus qu'une autre.

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    Dany à la Station du Mont-Lozère

    En traversant les ténébreuses forêts de la Margeride, du côté de Pradelles ou de Saint-Flour du Mercoire, les randonneurs solitaires du " Stevenson " garderont encore longtemps de bonnes raisons de marcher avec la peur au ventre! Mais gardons tout de même à l'esprit ce proverbe : " l'homme est un loup pour l'homme !".

    Il est 9h30 et en arrivant à la station du Mont-Lozère, ce n'est pas la peur qui nous obsède. Dany et moi ne pensons qu'à une chose : " boire un bon café ", un expresso de préférence dont nous sommes amateurs et que nous languissons depuis notre départ de la maison. Le " Chalet " qui nous accueille, c'est aussi l'occasion pour faire une pause après les quatre cent mètres de dénivelé déjà accomplis et les deux cent quatre vingt qui restent jusqu'au sommet du Finiels.

    Une demi-heure plus tard, nous quittons le bitume de la station et par une large piste de ski, nous repartons vers le sommet. Le " groupe des profs " avec lequel nous marchions depuis le Col Santel a disparu, aussi nous flânons sans retenue et prenons, tout en montant, photos sur photos.

    Tout est motif à faire une photo : une vue de la station, une superbe chapelle triangulaire en pierres granitiques, construite par les scouts en 1967 selon le topo-guide, notre première montjoie rencontrée (*), ce sentier bordé de merveilleuses landes de bruyères violacées laminées par les vents.

    Et puis et surtout, d'ouest en est, et dessinant l'horizon vers le nord, cet exceptionnel décor aux multiples facettes : quelques minuscules villages blancs, quelques champs garnis d'or, de verts vallons et des cimes bleutées, d'épaisses et noires forêts, des massifs de landes mauves ou rougeâtres et de bruns maquis plus ou moins boisés. Sur cet accueillant belvédère naturel seul le ciel n'est pas au rendez-vous des couleurs. Un plafond bas et grisâtre plombe le Mont-Lozère, la température a nettement fraîchi, un vent d'ouest en est souffle modérément mais fait galoper les nuages. Heureusement, il ne pleut pas et nous continuons à marcher sans préoccupation.

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    Première montjoie rencontrée sur une sente bordée de bruyères

    (*) Montjoies : hautes pierres de granit dressées, servant de balises par temps de brume ou de neige. Certaines, gravées d'une croix de Malte délimitent l'ancienne propriété des chevaliers de cet Ordre.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 2 : Le Bleymard (1.069 m)-Le Pont de Montvert (875m).

    A la Station du Mont-Lozère, superbe chapelle triangulaire en pierres granitiques, construite par les scouts en 1967.

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    Panorama à 180° tel que nous pouvions le voir en montant le Mont-Lozère.

    Onze heures trente, après avoir suivi ces hautes bornes granitiques, certainement très utiles quant il neige, nous pensons avoir atteint le sommet. Mais il n'en est rien, nous sommes seulement au pied d'une crête dénudée et ne voyons encore rien du sud. Le vent a redoublé d'intensité et souffle en hurlant dans nos oreilles gelées. Surpris comme l'avait été Stevenson en arrivant ici, les nombreux randonneurs semblent étonnés de ce frimas soudain. En short et tee-shirt, ils déambulent sous cette froidure polaire qui semble les disperser en tous sens. Certains partent vers l'ouest, d'autres franchissent la crête et basculent vers le sud, un groupe s'éloigne vers l'est. Même les centaines de moutons que nous apercevions du bas de la piste et qui se détachaient sur la croupe herbeuse et le ciel se sont évaporés. Je me faisais pourtant un plaisir de prendre des photos de ces immenses troupeaux dont les silhouettes, du bas de la piste de ski, ressemblaient à s'y méprendre, à une gigantesque fourmilière en activité. Autour de nous et en quelques minutes, c'est devenu le désert et il est temps d'examiner le topo-guide !

    Dany enfile son poncho, se jette dans une ornière de la draille. Blottie, bien à l'abri des rafales, elle déballe son casse-croûte et se met à manger !

    -Que fais-tu ?

    -Je mange ! Je suis bien ici !

    -Je vois, mais il est encore tôt !

    -Je sais, mais j'ai un " coup de pompe " et la " dalle " !

    -Bon, je crois que tu as raison, il est temps d'arrêter car il y a encore cette butte qui part vers l'ouest à monter avant d'arriver au Finiels !

    -S'il ne pleut pas, on ne pourra pas trouver mieux pour déjeuner !

    -Regarde les nuages partent vers l'est. Par contre, du côté du sud où nous allons, le ciel est beaucoup moins noir !

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    En montant vers le Pic de Finiels, nous suivons les montjoies.

    Effectivement, nous ne pouvions pas être mieux qu'au creux de cette fondrière, car dès qu'on se lève, le repas terminé, les rafales de vent fouettent violemment nos visages. Il ne doit pas faire plus de cinq ou six degrés, et plus nous montons, plus la nature semble se déchaîner. Nous marchons vers l'ouest comme indiqué sur le topo, mais où se trouve le sentier sur ce mamelon rocailleux ? Plus de montjoies pour nous guider et seulement quelques cairns trop parsemés pour être visibles sur ce terrain pierreux!

    Je continue de marcher vers de gros monticules de pierres pendant que Dany part en direction de quelques randonneurs frigorifiés qui en shorts et débardeurs sont en total décalage vestimentaire sur cette butte froide et pelée. Ainsi habillés, espéraient-ils trouver une plage paradisiaque au sommet du Mont-Lozère ?

    En partant vers le nord et en me perdant dans la garrigue, je comprends vite que le Gr.70 ne peut pas être par là. D'ailleurs, Dany, que je n'ai pas quitté des yeux, m'appelle et semble avoir retrouvé le chemin.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 2 : Le Bleymard (1.069 m)-Le Pont de Montvert (875m).

    Dany dans la montée vers le pic de Finiels.

    Je la rejoins sur la sente qui se faufile dans un paysage quasi lunaire où une herbe rase aurait poussée. Arrivés au sommet, la température doit être proche de zéro et si je puis dire, c'est un grand bol de " Cévennes Up " très rafraîchissant que nous prenons en " pleine tronche ".

    Les bourrasques balayent le sommet avec une telle violence qu'elles nous poussent à continuer vers le sud.

    D'ailleurs, les seuls paravents formés de chaos rocheux naturels et d'abris pastoraux en pierres granitiques sont déjà occupés par des groupes de randonneurs gelés attendant une accalmie.

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    Si le temps était maussade au départ de la station, il est devenu épouvantable au sommet du Finiels !

    Sans perdre de vue le GR, nous prenons le parti de descendre vers un bosquet de petits pins. De cet endroit et comme l'écrivait Stevenson : " une perspective s'ouvrait dans l'étendue brumeuse du ciel et un pays d'inextricables montagnes bleues s'étendaient à mes pieds ".

    Comme l'avait si bien décrit le grand écrivain, nous avions le sentiment d'avoir passer une frontière, de descendre dans une autre région, de basculer du nord au sud. Le ciel, bien qu'encore gris, semblait plus clément et de temps à autre, un rayon de soleil, en perçant cette voûte maussade semblait vouloir nous dire " Oui, allez-y, marchez vers la Midi, je vous rejoins ! ".

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    La sente se faufile dans un paysage quasi lunaire où une herbe rase aurait poussée.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 2 : Le Bleymard (1.069 m)-Le Pont de Montvert (875m).

    "une perspective s'ouvrait dans l'étendue brumeuse du ciel et un pays d'inextricables montagnes bleues s'étendaient à mes pieds"

    En descendant dans la splendide forêt du " Travers de l'Homme ", sur un sentier fait d'éboulis, nous croisons des cueilleuses de myrtilles et des excursionnistes grimpant vers le Finiels. Même si le sol continue par endroit à être ras et tapissé de bruyères, en descendant, nous retrouvons peu à peu des chemins fleuris identiques à ceux du Goulet. Au bord du chemin, les inules jaunes et les hauts épilobes roses restent les fleurs les plus visibles, mais pour qui veut faire un herbier sauvage et coloré, il n'y a que l'embarras du choix.

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    En descendant du Finiels, cueilleuses de myrtilles et pourpres bruyères.

    En descendant dans cette magnifique nature vers le village de Pont-de-Monvert, haut-lieu de la célèbre " guerre des Camisards ", j'ai du mal à imaginer qu'au sein de ces superbes montagnes et comme l'écrivit Stevenson : " une guerre de bandits, une guerre de bêtes féroces " ai pu faire rage pendant plusieurs années. Mais, il est vrai que ma conception des engagements et des combats religieux est certainement étriquée et que j'ai une fâcheuse tendance à croire que tout ce qui est beau, est bon et paisible !

    Après une dégringolade rapide du versant sud du Mont-Lozère, il est 13h 30 lorsque nous atteignons par un large chemin d'exploitation le petit village de Finiels. Nous le traversons rapidement car rien ne retient vraiment l'attention hors mis ces insolites tombes protestantes qui fleurissent dans de nombreux jardins. Par respect pour les vivants, nous n'osons pas les observer avec insistance et par respect pour les morts, nous n'oserons pas les prendre en photo.

    Après Finiels, la sente se faufile dans un décor plutôt sec fait de genêts chétifs et de gros amoncellements de blocs granitiques. Puis, nous descendons dans un vallon, coupons un ru, le Rieubellet et croisons les ruines de quelques vieilles fermes ou bergeries.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 2 : Le Bleymard (1.069 m)-Le Pont de Montvert (875m).

    Le chemin fleuri se faufile dans la forêt du Travers de l'Homme

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    Quelques photos au Travers de l'Homme puis à l'approche du village de Finiels.

     

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    Arrivée au village de Finiels et étrange charrue sur le parcours

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    Perché sur un des nombreux blocs granitiques et au bord du Rieumalet.

    A l'approche du ruisseau de Rieumalet, nous retrouvons un peu de verdure grâce à quelques près et à une hêtraie qui escorte la rivière. A 14 h 30, nous atteignons le ruisseau. Le coin est si agréable que sans hésiter, nous jugeons qu'il est temps de faire une pause café. Est-ce un peu de fatigue après les seize kilomètres déjà accomplis ? Toujours est-il que la pause café se transforme vite en un deuxième repas avec les restes de pain et de jambon, puis du fromage et une pomme. Le " groupe des profs " que nous pensions devant nous, depuis la station, passe sur le chemin. Très sympa, Josée, professeur de français, se propose de nous prendre en photo. Pas question de refuser, nous sommes si rarement ensemble sur la pellicule !

    Puis après avoir longé le plaisant vallon du Rieumalet et la moins agréable et dangereuse D.20, il est 15h 20 quand nous entrons dans l'attrayante cité de Pont-de-Montvert.

    Il y règne une effervescence que nous n'avons jamais rencontrée nulle part ailleurs sur le Stevenson, même pas au Puy ni à Langogne. Les randonneurs et les touristes sont nombreux devant l'Ecomusée dont le GR.70 traverse symboliquement l'édifice.

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    Pause-café au bord du Rieumalet.

    Est-ce déjà le midi ? Mais, les rues sont prises d'assaut par les estivants ! A la recherche de l'hôtel " Les Sources du Tarn ", Dany et moi, convenons de nous séparer à l'entrée du village. Après quelques errements, on se retrouve un peu plus bas devant le temple protestant. Dix minutes plus tard, nous entrons dans l'hôtel, grand chalet de quatre étages jouxtant le Tarn. Par chance, nous sommes au quatrième avec une jolie chambre et un balcon donnant sur la rivière.

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    Nous traversons à gué le Rieumalet et panorama de notre chambre d'hôtel

    De ce balcon, le restreint mais joli panorama que nous entrevoyons, nous pousse sans tarder à une visite plus approfondie de la cité camisarde.

    Après deux nouvelles heures de marche, à arpenter les ruelles, à visiter l'église et le temple, à déambuler dans les commerces et les jardins puis à grimper sur les hauteurs, c'est avec plaisir mais sur les rotules que nous retrouvons l'hôtel. Mais nous n'avons plus guère le temps de nous reposer car le souper déjà nous appelle. Seule entorse dans notre séjour et une fois n'est pas coutume, nous commencerons cet excellent dîner par un réconfortant apéritif.

    Malgré les lumières de la ville et les bistrots bondés, nos bâillements répétés, nos cernes sous les yeux et nos mollets endoloris ont vite fait de nous dire qu'il est temps d'aller dormir. Demain sera un autre jour ! Pour notre plus grand bonheur, un autre jour de randonnée !

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    Pont-de-Montvert, avec le célèbre pont sur le Tarn, la tour de l'horloge, les jardins fleuris et l'hôtel Les Sources du Tarn sur la dernière photo.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 2 : Le Bleymard (1.069 m)-Le Pont de Montvert (875m).

    En cliquant sur la carte, vous passez à l'étape suivante.


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  • Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

     

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)Mercredi 3 août 2005 : 3eme étape de 28 kms.

    Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

    Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson arrive à Pont-de-Montvert : Il me serait difficile d'exprimer par quelles particularités Pont-de-Montvert se distingue du Monastier ou de Langogne, voire du Bleymard. Mais la différence existait et parlait éloquemment aux yeux. La localité, avec ses maisons, ses sentiers, son lit de rivière éblouissant porte un cachet méridional indéfinissable.

    Une des premières choses rencontrées à Pont-de-Monvert, si je me souviens bien, fut un attelage tiré par un petit âne gris que menait un groupe d'adolescents. Un petit baudet au doux regard, lequel sous le poids de son harnachement, semblait peiner dans cette ruelle escarpée.

    Etonnamment, en quittant le village ce mercredi 3 août, la dernière créature vivante que nous rencontrons, c'est aussi un petit âne, tranquille dans son enclos, indifférent aux brouhahas lointains de la cité et qui semble dormir debout. Il ouvre les yeux uniquement pour prendre les morceaux de sucre et de pain que nous lui tendons. En guise de remerciements, il vient vers nous, semble accepter nos caresses et fait mine de poser pour une photographie. Avec son enclos situé à même le GR.70, il doit être blasé et peut-être même fatigué de voir tous ces badauds lui tourner autour en permanence. Lorsque nous le quittons, il reprend instantanément sa position à l'ombre des frênes!

    Pont-de-Montvert se trouve à la confluence de trois cours d'eau qui prennent leurs sources dans les montagnes environnantes. Le Tarn et le Rieumalet sur les contreforts méridionaux du Mont-Lozère et le Martinet sur le versant nord de la forêt domaniale de Bougès. En réalité, et comme son nom l'indique, la localité est surtout coupée en deux par le Tarn et reliée par un pont entre deux monts verts.

    Ce mercredi 3 août, en quittant l'hôtel " Aux Sources du Tarn ", je remarque un étonnant contraste entre les rives Nord et Sud de la ville. Il n'est pas encore huit heures et pourtant, comme hier soir déjà, le côté Nord est vivant, bruyant, presque désagréable. Il y règne une activité remuante. Les rues sont embouteillées, les forains installent leurs tréteaux, les terrasses sont déjà bien garnies d'estivants prenant leurs petits déjeuners ou leurs cafés. Puis en traversant le célèbre pont Rouméjon avec sa tour carré de l'horloge (*), les bruits s'amenuisent et le silence, que nous aimons tant en randonnée, reprend peu à peu sa place. La berge sud, où redémarre le GR.70 est plus discrète.

    (*) C'est à cet endroit que l'abbé du Chayla, un prêtre catholique cruel, périt sous les coups de sabre du prophète Esprit Séguier le 24 juillet 1702. Ainsi, commença la célèbre guerre dite des " Camisards ".

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

    En quittant Pont-de-Monvert, à l'ombre des frênes, un petit âne docile.

    Les pique-niques pour midi sont déjà dans nos sacs à dos, mais avant de quitter définitivement le village, nous voulons absolument goûter aux gâteaux cévenols de la Boulangerie du Pont. Pas de détour à faire, les fameux gâteaux maison à base de châtaignes nous attendent car la pâtisserie est sur le chemin !

    Nous quittons l'enclos de notre " Modestine " et grimpons le sinueux mais agréable sentier qui s'élève vers la Cham de l'Hermet. Chaque coude du chemin, chaque point de vue est prétexte à une belle photo.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

    En montant vers la Cham de l'Hermet, belles vues aériennes sur Pont-de-Montvert

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

    Splendide panorama sur Pont-de-Montvert.

    La pente s'accentue, mais la vision que nous avons du panorama est si agréable que sans vraiment faire d'efforts et sans s'en rendre compte, le village s'éloigne. De ce balcon naturel, nous avons de Pont-de-Montvert une paisible vision aérienne. En regardant ces merveilleux paysages, ces superbes montagnes, j'ai du mal à imaginer que ce petit bourg recroquevillé au fond du vallon fut le détonateur et le théâtre d'atrocités devenues célèbres sous le nom de " Guerre des Camisards (*) ". De cette " Guerre des Cévennes ", Stevenson écrivit : "C'est dans ce labyrinthe indéchiffrable de collines qu'une guerre de bandits, une guerre de bêtes féroces fit rage pendant deux ans entre le Roi Soleil avec toutes ses troupes et ses maréchaux d'un côté, et quelques protestants montagnards de l'autre ".

    (*) Louis XIV, par absolutisme royal et volonté d'unité politique et religieuse va supprimer la liberté de culte aux Protestants en révoquant en 1685 l'Edit de Nantes qu'avait signé Henri IV en 1598 et qui avait apporté la paix religieuse en France après les Guerres de Religion. Peu à peu, la loi prive les protestants de toute liberté religieuse mais aussi civile et professionnelle. Par la violence, la répression et la ruine, le roi obtient des abjurations de masse.

    En Octobre 1685, l'Edit de Fontainebleau interdit le culte protestant et détaille les totalitaires sanctions d'un éventuel retour à l'ancienne doctrine.

    Les persécutions se font plus tyranniques et plus violentes, les temples sont rasés, les pasteurs envoyés aux galères, les frontières sont fermées pour éviter l'hémorragie démographique que les châtiments suscitent, les enfants doivent obligatoirement être éduqués dans la religion catholique.

    Mais la résistance s'organise parmi les protestants qui n'ont pas choisi l'exil dans les pays du "Refuge" (Angleterre, Suisse, Allemagne, Hollande, ...). Les Cévennes deviennent le théâtre de la Guerre des Camisards. De 1702 à 1704, elle oppose quelques 3.000 protestants, les Camisards, à environ 30.000 soldats du roi. Les principaux chefs (Esprit Séguier, Gédéon Laporte, Salomon Couderc, Jean Cavalier, Abraham Mazel ) sont tués ou arrêtés sans que fléchissent l'intolérance et la répression du roi.

    Les survivants se réunissent "Au Désert", et continuent de célébrer le culte interdit dans des grottes et ou bien cachés dans des forêts. Ainsi, ces hommes, devenus des clandestins, au sein même de leur pays, par la force de leur croyance, feront fonctionner pendant plus d'un siècle, une " église de l'ombre ". Il faudra attendre 1787 et l'Edit de Tolérance pour que cesse les persécutions et la Révolution Française (1789) pour que soient proclamés la liberté de conscience et le libre exercice du culte.

    Faut-il que ces quelques protestants aient été opprimés, persécutés puis " prophétisés " pour en arriver à cette riposte d'une sauvagerie extrême.

    Il m'est très difficile de comprendre qu'on puisse s'entretuer pour une idéologie religieuse qui dicte le plus souvent d'aimer son prochain. Pourtant, j'admets avec raison que ces hommes défendaient avant tout une liberté : celle de croire dans la différence.

    En la circonstance, ces " camisards " avaient appliqué avant l'heure l'idée du non-violent Gandhi qui disait : " entre la violence et la non-violence, je choisis la non-violence mais s'il ne reste le choix qu'entre la violence et la lâcheté, je préfère la violence ! "

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m) 

     Dernière vue de Pont-de-Montvert et arrivée au Cham de l'Hermet.

    Est-ce un dieu ou le fruit hasardeux d'un immense big-bang cosmique qui a mis toute cette belle nature devant nos yeux ? En toute simplicité, Dany et moi prenons un immense plaisir à en profiter loin de ces questions théologiques ou philosophiques.

    Il est 8h30, mais il fait déjà très chaud, sur le vaste plateau de landes. Dany s'arrête pour ôter ses jambières. En préférant le short au pantalon, il est évident que dans sa tête, le physique a pris le pas sur le métaphysique!

    Lorsque nous arrivons à la Cham de l'Hermet, large plateau granitique et broussailleux, Pont-de-Montvert finit par disparaître de notre regard, mais nous dominons complètement les vallées du Tarn et du Martinet. Au nord, un ciel gris anthracite recouvre, aujourd'hui encore, le Mont-Lozère. Ce sommet semble servir de frontière aux nuages car vers le sud, il y a certes quelques nuages blancs, mais dans un ciel d'azur prometteur. Ces cumulus courent sur la sombre et verte forêt domaniale de Bougès.

    Aujourd'hui, il y a un fait rarissime dans cette journée sur le GR.70, nous sommes poursuivis par une véritable horde de randonneurs. C'est la première fois que nous en voyons autant sur une si faible superficie. Un homme et une femme suivis de près par un premier groupe suivi lui-même par un deuxième groupe puis quelques marcheurs isolés.

    Il n'y a pas grand-chose sur le plateau, un maquis de genêts, divers chaos rocheux originaux, des parcs à bestiaux et de ci de là, quelques mas isolés.

    Nous quittons le plateau, au lieu-dit Fiarouse, le sentier se rétrécie, longe de hautes fougères et entre dans un bois. Là, Dany s'arrête encore, ôte ses godillots au profit des sandales.

    Tous nos poursuivants arrivent. Monsieur " Tête de cochon " passe devant nous le premier, sans sac à dos, affublé d'une chemise blanche, les mains dans les poches et sans formuler le " bonjour traditionnel " que tout randonneur digne de ce nom présente à des collègues de voyage. Madame suit avec le sac à dos ! Super sympa le gars ! Vient ensuite un premier groupe entraperçut hier peu après le Col Santel, Dany l'appellera le groupe " des Amis de la Nature ". Moi, je ne leur donne pas de noms, car qu'il s'agisse des femmes ou bien des hommes, je vais rapidement me lasser de les saluer courtoisement sans obtenir une franche réciprocité. Enfin, arrive le " groupe des profs " avec leurs individualités mais de loin les plus affables de tous.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

    Dany sur l'agréable pré du domaine de Champ Long de Bougès.

    Nous retrouvons le bitume sur quelques centaines de mètres, toujours la D.20 puis attaquons un long dénivelé au sein même de la forêt domaniale. Au bout d'un kilomètre d'une sévère montée, nous arrivons dans l'enceinte d'un vaste domaine lumineux. Est-ce la beauté et la douceur du lieu, mais tous les groupes s'arrêtent dans une parfaite harmonie, sauf Monsieur et Madame " Tête de cochon ". Nous ne les reverrons plus ! Il n'est que 10 h mais Dany prétexte une crampe d'estomac et sort déjà son panier repas. Sur l'agréable pré du Champ Long de Bougès, c'est ainsi que s'appelle ce domaine, on se prélasse sans vraiment regarder l'heure. De nombreux randonneurs continuent de passer sur le chemin. Un sandwich, une orange, un peu de farniente, la pause s'éternise. Dany joue à saute-mouton sur les balles de foin. Quand nous repartons, il n'y a plus personne et une fois de plus, nous fermons la marche.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

     A Champ Long, Dany joue sur les bottes de pailles.

    La pente s'accentue sur une large piste forestière parfois très caillouteuse. Avec une branche bien droite, je me confectionne un deuxième bâton de marche. Dany, qui peine également, en veut un aussi. Je trouve une branche juste un peu trop longue qui devrait faire l'affaire. D'un coup de talon bien asséné, je casse le morceau superflu, qui en rebondissant, vient m'entailler le genou. Je saigne abondamment et Dany se dépêche de sortir la trousse à pharmacie. La plaie n'est pas très profonde, un petit pansement et je repars clopin-clopant plus gêné que souffrant.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

     Stèle en hommage à Raymond Senn (montage personnel).

     Nous arrivons à une intersection où les GR.68, 70 et 72 se rejoignent. Je regarde le topo-guide : nous sommes à 1.292 m d'altitude au Col de la Planette, sur les chemins du " Tour du Mont-Lozère et du causse Méjean ".

    Une stèle est érigée en hommage à Raymond Senn dont j'apprends sur le topo-guide qu'il fut président du Comité Départemental de Randonnée Pédestre. Il créa le GR.68 et entretint pendant plus de vingt ans tous les GR de la région.

    C'est beaucoup grâce à des hommes comme lui que nous prenons plaisir à marcher sur ces chemins de grande randonnée et il me parait naturel de lui rendre hommage à figeant cet instant sur une photo souvenir.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

     Au Col des Trois Fayards, d'immenses cairns ont été érigés.

    11h15, nous atteignons le Col des Trois Fayard où d'immenses cairns ont été érigés. Le temps est devenu maussade et il souffle un vent du Nord violent et froid. Dany semble déjà exténuée et je lui propose d'arrêter car depuis le départ, nous avons parcouru une dizaine de kilomètres, essentiellement en montées. Mais si j'en crois la documentation de La Pèlerine, il en reste au moins encore une quinzaine à parcourir pour atteindre Florac !

    Nous partons nous réfugier dans le bois, en contrebas du col, parfaitement à l'abri des rafales du vent pour déjeuner. Bien requinqués, une demi-heure plus tard, nous repartons, quittons la forêt et arrivons rapidement sur une spacieuse crête herbeuse où prédominent les bruyères roses. Tout en marchant, nous prenons plaisir à contempler l'immense panorama qui se déploie devant nos yeux. Le versant méridional de la forêt domaniale est splendide. A nos pieds, les serres (crêtes) et les vallats (vallons) qui se succèdent, creusent de larges plaies verdoyantes jusqu'aux montagnes bleues dont les sommets s'évanouissent dans la brume laiteuse de l'horizon. Sur cette ligne de crête au doux dénivelé, nous grimpons jusqu'au Signal de Bougès, agréablement protégés du vent du nord par le bois d'Altefage.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

     Du Signal du Bougès, panorama à 180 ° sur les Cévennes.

    Stevenson, qui en son temps, n'avait pas suivi ce chemin mais avait opté pour la route qui longe la vallée du Tarn jusqu'à Florac, avait décrit les Cévennes comme un " labyrinthe fait d'un enchevêtrement de montagnes bleues ". Il est étonnant qu'il n'ait pas gravi Le Bougès, lui qui voulait suivre le parcours de Napoléon Peyrat, l'auteur de son livre de chevet et qui écrivit ceci :

    Quelle est cette montagne ? demandai-je à mon guide - Le Bougès, répondit-il, les Trois Hêtres (les Trois Fayards). A ce nom, je m'arrêtai, et je contemplai avec une religieuse émotion le sauvage berceau de l'insurrection camisarde. Ce mont célèbre que je venais interroger sur les combats et sur les douleurs de nos aïeux, semblait avoir voulu se présenter à mes regards dans toute la majesté de son passé, et revêtu des symboles de son histoire, d'un manteau d'orages, d'un voile funèbre et d'une couronne de gloire. " (Extrait des Pasteurs du Désert de Napoléon Peyrat)

    A 1.421 m d'altitude, le Signal de Bougès est un mamelon rocheux qui offre un point de vue spectaculaire. De ce vaste mirador, la vision que nous avons du massif des Cévennes correspond parfaitement au tableau que Stevenson a dépeint dans son livre : un véritable dédale de montagnes bleues à perte de vue !

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

     Au Signal de Bougès à 1.421 m d'altitude

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

    Le GR.70 entre le Col des Trois Fayards et le Signal du Bougès.

    Depuis hier soir, pour avoir étudier le parcours et la carte IGN, je sais que le Signal de Bougès est le point culminant et la dernière ascension de notre journée. Cette borne suprême est d'ailleurs symbolisée par un monumental cairn derrière lequel un couple de randonneurs roucoule bien à l'abri du vent.

    Une fois ce dôme passé, nous amorçons une longue pente abrupte avec sur la droite, toujours le bois d'Altefage, constitué à cet endroit essentiellement de petits chênes verts aux troncs tordus et rabattus par les vents.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

     Dans la descente du Signal de Bougès, au loin les Causses Méjean.

    Collés les uns aux autres, ces chênes forment un immense sous-bois où viennent s'abriter les nombreux troupeaux de moutons qui fréquentent ces crêtes. Le sol est largement piétiné et recouvert d'une épaisse couche de déjections qui roulent sous nos chaussures. Sur la gauche, les contreforts du Signal sont, soient pelés, soient recouverts uniquement d'une courte garrigue. Par endroit, à la faveur d'une mer de bruyères fleuries, le maquis se teinte de pourpre sur d'immenses étendues. Cette belle pigmentation qui s'ajoute à tous les verts, bruns et ocres habituels de la montagne, transforme le paysage en un véritable récital de couleurs.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

    Sentiers fleuris et paysages avant puis après le Col de Sapet.

    Au loin devant nous, apparaissent les caractéristiques Causses Méjean avec leurs plateaux et leurs falaises abruptes telles d'invincibles murailles. Pour ne pas la décourager, je ne dis rien à Dany, déjà bien fatiguée, mais je sais que Florac est au pied de ces célèbres montagnes.

    Vers 13 h 45, nous arrivons au Col de Sapet et rallions un fois de plus la D.20. Sur ce belvédère entre les vallées du Tarn et de la Mimente, les touristes sont nombreux. Ils sont attirés par le point de vue et deux menhirs mégalithiques (*) plantés dans le décor. Le premier est sur le GR.70 et le deuxième, de l'autre côté de la route, plus haut dans un champ de céréales.

    Le premier étant sans cesse occupé et pris en photo par les nombreux estivants, j'envisage d'aller photographier le deuxième, d'autant que le GR.70 traverse la D.20 et semble s'y diriger. Un peu trop tard, je m'aperçois que le champ est clôturé et je suis contraint de faire l'impasse sur les photos.

    Au Col de Sapet, la signalisation indique Florac à 8 Kms par le GR.70 et 6 Kms par le GR.68.

    Le chemin forestier est plat et progresse au flanc de la montagne. Les paysages sont superbes en surplomb sur la Vallée du Tarn et plus loin sur le Mont-Lozère. Mais l'étape est longue, les jambes deviennent lourdes et la fatigue aidant, cette piste d'exploitation devient rapidement monotone. Heureusement, nous l'entrecoupons par des arrêts fréquents à regarder les panoramas puis vers 16 heures par une longue pause pour le cappuccino quotidien. Le " groupe des profs " que nous pensions devant nous, arrive. La conservation s'installe et porte, bien entendu, sur la splendeur de cette perspective plongeante sur la Vallée du Tarn.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

    Avant Florac, je m'essaie à des macros sur des " Tabacs d'Espagne " de la forêt de Ramponenche.

    Au lieu-dit " La Chaumette ", les GR.68 et 70 se séparent. Les deux sentiers vont à Florac mais avec 2 Kms de moins pour le GR.68. Malgré ce supplément, nous n'hésitons pas une seconde et nous prenons l'option GR.70 Chemin de Stevenson.

    (*) La Lozère compte environ 350 menhirs dont 154 se trouve sur le site mégalithique de la Cham de Bondons, au pied du Mont-Lozère près de Florac. En Europe, c'est la deuxième plus forte concentration de menhirs après celle de Carnac en Bretagne. A ces menhirs, il faut ajouter environ 400 dolmens disséminés sur tout le département. La Lozère possède un patrimoine archéologique exceptionnel !

    Dans la longue descente vers Cocurès, pour passer le temps, je m'essaie sans trop de résultat à prendre des " macros " de splendides papillons qui volètent de fleurs en fleurs. Il est très difficile de les cadrer car le plus souvent, ils ne tiennent pas en place. Seuls, les " Tabacs d'Espagne ", magnifiques papillons aux ailes oranges tachetées et striés de noir se laissent approcher par mon appareil photo. Il me faudrait un peu plus de temps pour bien choisir mes plans, mais la route est encore longue jusqu'à Florac et il n'est pas possible de lambiner plus que nous le faisons déjà !

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

     Nous retrouvons le Tarn à Cocurés puis près de Bédoues.

    Au fur et à mesure que l'on se rapproche de la vallée, les paysages se transforment. Les hauts résineux disparaissent et les gros châtaigniers, rois des forêts cévenoles remplissent peu à peu le décor. Puis dans le descente, les bois touffus laissent peu à peu la place à quelques clairières puis à des vergers où subsistent quelques cabanons, certains sont en ruines, d'autres simplement abandonnés. Nous rattrapons le " groupe des profs " et poursuivons un bout de chemin ensemble. Enfin, le sentier finit par déboucher en bordure du Tarn dont le lit s'écoule paisiblement au milieu d'étroites gorges. Allongés sur le sable des grèves ou sur les roches, les estivants sont nombreux à se faire bronzer. Quelques téméraires se laissent aller à une baignade dans l'eau claire et assurément fraîche. En sueur comme nous les sommes, ce n'est pas l'envie qui nous manque d'en faire de même, mais les accès à la rivière sont difficiles sur cette berge. L'autre rive, du côté de Cocurès, a l'air plus accessible. Tant pis, aujourd'hui, nous garderons notre moiteur jusqu'à l'hôtel !

    Avant Bédouès, par un vieux pont en pierres, nous franchissons le Tarn. Puis après quelques hésitations, nous traversons un camping puis le G.R. se faufile à travers des près et des vergers. Nous longeons maintenant l'autre rive du Tarn. Sur la berge opposée, on aperçoit la remarquable église collégiale en schiste brun de Bédouès fondée en 1363 par Urbain V, pape en Avignon. Puis au détour d'un méandre, c'est le splendide château d'Arigès qui apparaît dans son cadre de verdure.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)0Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

     A l'approche de Florac, la collégiale de Bédoues puis le château d'Arigès.

    Les habitations se font plus nombreuses et la densité de promeneurs et de randonneurs ne laisse planer aucun doute : nous ne sommes plus très loin de Florac !

    Nous retrouvons le bitume et un vieux pont sur le Tarn qu'il nous faut traverser. Nous coupons avec peine un grand carrefour où règne une intense circulation. Nous sommes sur la N.106 et un panneau indicateur donne Florac à un kilomètre. Au carrefour, nous avons quitté le Tarn et désormais c'est son petit frère, le Tarnon, que nous longeons. En réalité, j'estime à plus du double le chemin que nous aurons parcouru pour rejoindre l'Archibald Hôtel plus communément appelé l'hôtel Central de la Poste.

    Nous sommes sympatiquement reçus par l'hôtelier qui d'emblée nous montre où se trouve nos bagages. Mais, après une trentaine de kilomètres parcourus, la disparition d'un sac de voyage finit de nous scier les jambes. Est-ce la dernière bévue de Transbagages que le réceptionniste tente de joindre en vain ?

    Au bout d'une demi-heure, la société Transbagages reste injoignable et notre inquiétude a progressé. Puis en désespoir de cause, le patron de l'hôtel nous dit : " Je vais appeler le Grand Hôtel de Parc, tant pis, je ne suis pas en bons termes avec eux, mais il est possible que le chauffeur de Transbagages ai commis une erreur et ai laissé le sac là-bas. Avant tout, il est indispensable de vérifier cela !

    Avec quelques minutes qui nous paraissent interminables, nous retrouvons le sourire : le sac a bien été déposé chez eux par erreur !

    Très prévenant, le réceptionniste de " l'Archibald " nous dit : Montez vous reposer dans votre chambre, je vais le chercher, j'en ai pour quelques minutes seulement ! Tranquillisée, Dany rejoint la chambre pendant que j'attends le sac à la réception.

    Cette perte de temps, la contrariété engendrée par la disparition du sac, la longueur de l'étape parcourue et notre mal aux jambes, un souper, par ailleurs délicieux, mais qui s'éternise au-delà du raisonnable à cause d'un problème d'intendance, une qualité dans le service qui laisse à désirer. Tout semble se liguer contre nous et transforme une lassitude habituelle en un profond épuisement. Ce soir, tout nous incite à aller nous coucher plutôt que de partir visiter Florac. Nous ne sommes pas coutumiers de ce désir de répit, et en général, la curiosité l'emporte sur la fatigue. Ce soir, nous n'avons pas cette volonté quasi rituelle. Pourtant selon le " groupe des profs ", qui eux sont sortis, la cité de Florac by Night, animée, étincelante et colorée, méritait, parait-il, cet effort supplémentaire.

    Qui sait, peut-être reviendrons-nous !

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

    Les deux menhirs du Col du Sapet situés sur le GR.70 (*)

    (Montage d'après des photos trouvées sur le Net)

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

    En cliquant sur la carte, vous passez à l'étape suivante.


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  • Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

     

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)Jeudi 4 août 2005 : 4eme étape de 16 kms.

    Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

    Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson découvre Florac : "Sur un affluent du Tarn est situé Florac, siège d'une sous-préfecture, qui possède un vieux château-fort et des boulevards de platanes, maints quartiers anciens et une source vive qui jaillit de la falaise. Cette ville est renommée, en outre, par ses jolies femmes et comme l'une des deux capitales, l'autre étant Alais (Alès), du pays des Camisards."

    Une route neuve conduit de Florac à Cassagnas. C'est la Route Nationale 106 que j'observe sur ma carte IGN pendant que Dany finit de se préparer dans la salle de bains. Cette route suit sensiblement et de manière parallèle le GR.70 que nous allons emprunter et le cours de la rivière Mimente. L'étape d'aujourd'hui me parait donc d'une grande simplicité et sans réelles difficultés. Il n'y a pas de gros dénivelés, ni de complications dans le tracé.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

    Sous les fameux platanes de Florac évoqués par Stevenson dans son livre.

    La route qui va de Pont-de-Montvert à Florac puis à Cassagnas n'est pas quant on regarde la carte, le chemin le plus simple ni le plus court pour rejoindre Saint-Jean du Gard. Stevenson avait négligé la Corniche des Cévennes (de Saint-Laurent de Trèves à Saint-Roman de Tousque) ainsi que la Draille en direction de Saint-Jean du Gard, car il souhaitait découvrir les villages significatifs de la Guerre des Camisards. Pont-de-Monvert de " sinistre mémoire ", comme il disait, Florac, " une des capitales du pays des Camisards " et Cassagnas qui avait abrité l'un des arsenaux des célèbres combattants.

    Comme le précise le topo-guide, Stevenson avait donc décidé de suivre l'itinéraire de son livre de chevet " Les Pasteurs du Désert " de Napoléon Peyrat. En effet, ce récit évoquait la Guerre des Camisards de façon romantique et Stevenson, qui l'appréciait énormément, voulait s'en imprégner pour mieux appréhender ce qui s'était passé en 1702. Bien entendu, il tentait de rapprocher cette guerre de celle similaire des Covenanters (*) d'Ecosse qui avait hanté ses nuits d'enfant lorsque à cette époque, sa nourrice Cummy lui racontait ces macabres et sanguinaires histoires.

    C'est donc cette illustre et pittoresque chemin que nous allons suivre aujourd'hui sur 16 kilomètres. Nous ne sommes pas vraiment pressés, pas d'obstacles à franchir et une distance plutôt courte qui va nous permettre de flâner et de récupérer de la fatigue d'hier.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

    Dany devant l'hôtel Archibald à Florac.

    Dès le petit déjeuner terminé, il est 8 heures quand nous quittons l'hôtel Archibald et partons faire quelques emplettes pour le repas de midi.

    La cité de Florac est déjà animée et le marché bat son plein. Les marchants ambulants ont installés leurs étals et nous en profitons pour acheter des tomates et quelques fruits de saison.

    (*)Presbytériens écossais qui se soulevèrent au XVIIeme siècle pour s'opposer à l'introduction de l'anglicanisme en Ecosse.

    Puis pour changer l'ordinaire, Dany se met en quête d'acheter un poulet rôti. Dans les boucheries et les charcuteries, les rôtissoires tournent déjà, mais depuis trop peu de temps et les poulets ne sont pas encore cuits. Pendant que Dany cherche d'autres mets chez les commerçants, je m'assoie sur un banc à l'ombre des grands platanes et je regarde les passants. Surtout les passantes car Stevenson avait raison ; les femmes de Florac sont outrageusement belles !

    Dany revient, je sors de mes songes ! Elle me dit avoir remplacé le poulet par des tranches de rôti de porc et de pâté en croûte. Nous sommes fin prêts pour une nouvelle journée de marche qui s'annonce chaude et ensoleillée.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

    Le pont de Barre, le Rocher de Rochefort et le château de Montvaillant.

    Nous démarrons par la visite de plusieurs vieilles ruelles puis parcourons la D.907 jusqu'à rejoindre à nouveau le Tarnon en direction de Meyrueis. Nous sortons de la ville avec sur notre droite les hautes falaises dentellées du Rocher de Rochefort, contrefort dolomitique du Causse Méjean. Nous franchissons le Tarnon par le Pont de la Barre, joli pont de pierre à moitié envahi par du lierre.

    La sente grimpe dans des sous-bois puis aboutie sur une route goudronnée. Peu de temps après, nous quittons le bitume et le GR.70 continue en dominant la vallée de la Mimente. La marche est agréable car nous avons à la fois une perception plongeante sur le vallon et, vers le haut, une vision inversée des crêtes parcourues hier vers le Col du Sapet. Dans la vallée, nous apercevons la rivière avec quelques sites intéressants comme le Château de Montvaillant et le village de La Salle Prunet. Tantôt en sous bois, tantôt à découvert, le chemin continue de gravir, avec quelques sinuosités, un faible dénivelé qui permet de découvrir en douceur ce beau panorama sous des angles différents.

    Vers 10h30, et après avoir contourner un court ravin, nous retrouvons le bitume et tombons sur un étrange véhicule rouillé par le temps, entre le tout terrain agricole et le 4x4 militaire. A cet endroit, il y un promontoire rocheux avec une vue superbe sur la vallée et les paysages alentours. Nous profitons de cet arrêt inopiné pour manger une barre de céréales et des brugnons, et prendre des photos. Puis le GR.70 continue sur le goudron en direction du lieu-dit Ventajols. Après une courte montée, nous retrouvons là un agréable sentier d'abord en sous-bois puis bien à découvert avec toujours ces merveilleux panoramas sur les monts environnants. La sente domine quelques ravins étroits et quelques collines aux pitons acérés en surplomb de la Mimente. Au loin, la vue porte sur la ligne de crêtes de la Montagne du Bougès empruntée hier. Un couple de randonneurs, marchant à une allure soutenue, nous dépasse et nous laisse sur place avec une facilité déconcertante. Nous ne comprenons pas cette façon de " speeder ", d'autant que nous les retrouverons ce soir à notre arrivée à l'Espace Stevenson de Cassagnas.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

    Sur le GR.70, un surprenant tout terrain rouillé par le temps.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

    D'un promontoire rocheux, nous apercevons la ligne de crêtes empruntée hier.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

    Le GR.70 suit les méandres de la Mimente.

    11h30, nous arrivons au village de Balazuègnes. Tout en bas, dans un méandre de la Mimente, nous apercevons Saint-Julien d'Arpaon dans son cadre de verdure avec son château en ruines. Pour la pause déjeuner, nous hésitons entre les deux villages. Personnellement, je préfère descendre vers Saint-Julien d'Arpaon, en raison de l'heure précoce et de la possibilité de pique-niquer au bord de la rivière. Malgré un peu de fatigue, Dany se rallie à mes arguments et nous entamons sans attendre une longue descente en direction du fonds de la vallée.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

     Du hameau de Balazuégnes, on aperçoit Saint-Julien d'Arpaon.

    Nous descendons rapidement sur l'asphalte de la route qui, par endroit, commence à fondre sous nos pieds. Le soleil est haut, il faut très chaud et nous languissons de tremper nos pieds échauffés dans la fraîche Mimente. Arrivés en bas, les accès à la rivière sont difficiles et nous obligent à faire quelques centaines de mètres supplémentaires. Nous enjambons le pont reliant la N.106 à la D.20 (décidemment !) et entrons dans Saint-Julien d'Arpaon. Là, à proximité d'un camping ombragé, les rives de la rivière sont plus accessibles. Sans attendre, nous dévalons un court talus gazonné et arrivons sur la berge. Il y a peu d'eau mais suffisamment pour faire quelques brasses au milieu de petits poissons et de cousins qui, à ma vue, s'enfuient rapidement vers des lieux moins agités. Dany, comme à son habitude, se contente d'un simple bain de pieds rafraîchissant puis d'un bain de soleil réconfortant, tout en engloutissant son déjeuner. Je la rejoins car il est midi passé et le bain m'a ouvert l'appétit. En plus, je ne suis pas très rassuré, car Dany dit avoir aperçu un serpent au milieu des algues vertes.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

     A Saint-Julien d'Arpaon, un bain rafraîchissant dans la rivière Mimente.

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    Notre bain dans la Mimente dérange les serpents. Sans doute une couleuvre vipérine (Natrix maura).

    Voilà le genre de moment que nous recherchons et que nous apprécions en randonnée ! Un petit coin ensoleillé ou ombragé, au choix selon notre humeur et notre envie, propice à un pique-nique fait de produits simples du terroir, près d'un minuscule village tranquille et silencieux, au milieu duquel coule une paisible rivière. Un petit coin où le temps semble s'arrêter et qui incite à la paresse. On a beaucoup de mal à quitter un lieu si reposant et pourtant, quand on connaît un peu l'histoire, si imprégné de " cette guerre des Camisards pleine de bruit et de fureur (1) " et les berges de cette rivière Mimente qui les jours d'orage " roules des eaux couleur de sang (2) "

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     Le GR.70 emprunte l'ancienne voie ferrée construite au début du siècle.

    (1)Extrait du topo-guide " GR.70 Le Chemin de Stevenson ". Le village de Saint-Julien d'Arpaon et sa proche région furent des lieux propices à l'inspiration et à l'évocation culturelle des Camisards : plusieurs romans y déroulent leur histoire comme l'Epervier de Maheux (prix Goncourt 1972) de Jean Carrière, le Cheval d'Orgueil d'Augustine Rouvière où Les Feux de la Colère de Mas Olivier Lacamp. René Allio viendra y tourner son très beau film " Les Camisards ".

    (2)Extrait du roman " Les pasteurs du Désert " de Napoléon Peyrat. Le pasteur Peyrat était venu à Florac en 1837 et avait remonté la Mimente et l'un de ses affluents jusqu'au sommet du Bougès pour mieux appréhender la région qui devait servir de décor pour l'écriture de son roman.

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    Le GR.70 longe la rive droite de la Mimente dans un décor splendide.

    Une heure et demi plus tard et malgré l'envie de poursuivre cette cure de paresse, nous retrouvons le GR.70 qui longe la rive droite de la Mimente dans un décor splendide, plein de verdure, entre les falaises schisteuses et les gorges étroites. Etrangement, le bon sentier est parsemé de plusieurs ouvrages d'art et de quelques tunnels qui rappellent une ligne ferroviaire. Je m'arrête pour lire le topo-guide que je n'ai pas pris le temps de parcourir hier soir à cause de la fatigue et constate qu'effectivement une voie ferrée a fonctionné jusqu'en 1968. La construction destinée à relier Florac à la ligne Nîmes-Paris dura de 1906 à 1909 et occupa des centaines d'hommes. Le projet fût interrompu par la guerre de 14-18 et la ligne connue ensuite ses heures de gloire en transportant les premiers vacanciers des congés payés, des paysans et des mineurs, ainsi que les principales matières premières régionales (minerais et bois). Aujourd'hui, dans la sérénité qui nous entoure, comment imaginer les éclats de voix de ces hommes qui taillèrent cette ligne dans les rochers de la falaise, les détonations des explosifs pour se frayer un difficile chemin, les claquements des pierres que l'on concassait pour constituer le ballast, le bruit métallique assourdissant des locomotives et des wagons qui roulaient sur des rails désormais disparus ? Que reste-t-il de ce travail extraordinaire et colossal? Un simple sentier pour randonneurs ? En méditant sur l'éphémère de cette œuvre titanesque, j'avoue avoir un peu honte de profiter ainsi de la sueur et du sang versé dans un but aussi puéril qu'une randonnée pédestre. Des hommes ont-ils tant soufferts pour le plaisir d'autres hommes ? Est-ce vraiment cela le dessein du progrès ?

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

     Sur le chemin, ouvrages d'art, modernes et anciens se côtoient.

    Les ouvrages d'art, les tunnels, les ponts de pierre sont intacts comme au premier jour, les gares merveilleusement entretenues et restaurées ! Voilà, ce que ce doit faire le randonneur en pareille circonstance pour rendre justice à tous ces hommes : Etre respectueux et admiratif pour le formidable et impeccable travail de ses créateurs dont les ouvrages défieront le temps si nous restons attentifs!

    Vers 15 heures, la chaleur aidant, nous improvisons un nouvel arrêt au bord de la Mimente. Cette fois, c'est dans l'eau vive et limpide mais très fraîche des gorges que je me jette pendant que Dany fait trempette. Un bain à la fois apaisant pour nos jambes et tonique pour notre organisme. Un café et quelques biscuits et nous voilà revigorés pour terminer cette étape !

    Il est 16 heures quand nous entrons dans le camping de l'Espace Stevenson. L'endroit est calme et ne semble pas très fréquenté. Seuls quelques estivants sont occupés à une partie de pétanque. Nous croisons deux yourtes et savons déjà que l'une d'entre-elles nous servira de gîte, ce soir. Nous partons vers l'hôtel-restaurant, en fait, il s'agit de l'ancienne gare de Cassagnas qui a été transformée.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

    A Cassagnas, la yourte de l'Espace Stevenson où nous dormirons.

    Renseignements pris auprès de l'hôtelier, dans la yourte, nous pouvons choisir notre couchage et nous installer où nous voulons. En effet, nous serons huit car c'est le nombre de lits de camp dont disposent chacune d'entre-elles. A la terrasse, de nombreux vacanciers sont attablés à déguster quelques boissons fraîches et toute la population du camping semble réunie ici. Nous récupérons nos sacs qui jonchent parmi tant d'autres devant l'entrée du bar et partons rejoindre notre tente mongole. La première est déjà entièrement occupée mais la seconde semble vide. A l'intérieur, il règne une chaleur suffocante et nous réfléchissons pour savoir quel couchage sera le plus confortable et le plus commode. Dany préfère près de l'entrée à cause de la chaleur et moi plutôt vers le fond de la yourte car j'appréhende les va-et-vient qui risquent de se produire à proximité de la porte. Je tente en vain de la convaincre en lui disant qu'il fera certainement moins chaud cette nuit et qu'il est inutile de chercher d'ores et déjà un peu de fraîcheur. Rien n'y fait ! En désespoir de cause, les huit lits étant disposés de manière circulaire, j'opte pour le deuxième lit à gauche de l'entrée. Dany prend le premier. Au moment où je m'assois sur le lit de camp, j'entends un terrible craquement et je me retrouve le cul dans le trou formé par les lattes du sommier qui se sont brisées comme des allumettes. Je me relève et constate que six à sept lattes sont brisées en deux et ont cédées sous mes 95 kilos ! Je pars m'installer sur le deuxième lit de droite et malgré la prudence avec laquelle je me couche, là aussi, deux lattes cèdent à nouveau sous mon poids.

    Je n'ose plus m'asseoir de peur de casser tous les lits, mais le troisième sera le bon.

    Il y a quelques couvertures et oreillers mais pas de draps. Nous repartons en chercher, mais honteux d'avoir casser deux sommiers, nous nous gardons bien de mentionner ce " carnage ". Au bout d'une heure, nous voilà bien installés dans notre jolie yourte au plafond entièrement décorée. Les douches et les toilettes jouxtent notre tente, ce qui s'avérera bien pratique.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

    Sur la terrasse ombragée de l'hôtel-restaurant de l'Espace Stevenson à Cassagnas.

    Le village de Cassagnas se trouve encore à plusieurs kilomètres et avec notre mal aux jambes, il n'est pas question de partir le visiter. Nous optons pour une boisson fraîche sur la terrasse ombragée de l'hôtel-restaurant. Les nombreux randonneurs, estivants et vacanciers qui l'occupaient à notre arrivée se sont volatilisés on ne sait trop où, et nous apprécions ce moment de détente et de tranquillité.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

     Réunis sur cette photo prise dans la yourte de l'Espace Stevenson.

    Le " groupe des profs " arrive et comme nous, chacun s'inquiète de l'abri qu'il va occuper ce soir. Josée, habituellement la femme la plus sympathique du groupe se met dans une colère noire quant elle apprend qu'elle va être dans l'obligation de partager la yourte avec sept autres personnes. Véritablement furieuse après l'organisatrice de son voyage, elle s'en prend à la " pauvre " serveuse du bar qui ne comprend pas très bien l'objet de ce courroux contre elle.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

     Dans la yourte, avec le " groupe des profs ", une promiscuité bien sympathique.

    Peu à peu, encouragée pas ses collègues de voyage, Josée se calme et retrouve peu à peu sa sérénité. Les profs ne semblent pas trop contrariés d'apprendre qu'ils vont partager avec nous ce modeste chapiteau de toile. Nous les accompagnons dans leur installation, tout en leur conseillant de réclamer quelques lattes de sommier pour remplacer celles cassées.

    Après une réconfortante douche, nous partons en groupe vers le restaurant de l'Espace Stevenson. C''est dans un climat amical et de franche bonne humeur que se termine cette journée de marche, d'abord au restaurant autour d'une succulente daube puis dans la yourte où chacun jure aux autres qu'il ne ronfle jamais ! Les sprays, les sirops " nuit tranquille ", rien n'y fera, tout le monde entendra " cette monocorde musique de chambre " qu'on appelle le ronflement. Mais je suppose que les Mongols ronflent aussi dans leur yourte !

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

     

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  • Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

     

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)Vendredi 5 août 2005 : 5eme étape de 13 kms.

    Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

    Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson arrive à Cassagnas : "Je me rapprochais maintenant de Cassagnas, un brelan de toits noirs au versant de la montagne dans cette sauvage vallée, parmi les plantations de châtaigniers , les yeux levés dans l'air clair vers d'innombrables pics rocheux".

    Quand je m'éveillai, Dany me regardait. Bonjour la mongolienne ! Tu as bien dormi ? Lui dis-je. Dans la tente, tout le monde éclata de rire. Le " groupe des profs " semblait réveillé et cette courte plaisanterie détendit immédiatement l'atmosphère. Les ronflements avaient été modérés, la nuit douce et tranquille et chacun semblait de bonne humeur.

    A tour de rôle, nous partîmes sous la douche puis nous rangeâmes nos affaires avant d'aller prendre le petit déjeuner. Ces préparatifs nous accaparèrent plus d'une heure et après avoir quitté nos bagages à l'entrée de l'hôtel-restaurant, l'horloge du bar indique 8h15 quand nous quittons l'Espace Stevenson. En définitive, la seule note négative, mais elle est de taille, est l'obligation de partir sans provisions pour le pique-nique de midi à cause du prix prohibitif pratiqué pour un panier-repas. Pour ne pas partir les mains vides, car sur la route, il n'y aura aucun hameau où se ravitailler, nous sommes contraints de chiper les quelques bouts de pain qui subsistent sur les tables des petits déjeuners.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

    A Plan de Fontmort, devant la stèle érigée en hommage aux Camisards.

    Les groupes " Les Amis de la Nature ", " les Profs " plus quelques marcheurs isolés, nous sommes plus d'une vingtaine de randonneurs a démarré simultanément.

    Nous traversons un pont où la Mimente s'élargit et forme comme un étang. A ce carrefour, les groupes se disloquent, certains partent sur d'autres sentiers vers d'autres horizons. Nos compagnons de voyage continuent le GR.70 qui s'enfonce immédiatement dans un sombre bois de feuillus parsemés de quelques résineux. Comme à notre habitude, nous fermons la marche, à la recherche perpétuelle d'un peu de solitude et de quiétude. Ici, commence la splendide forêt domaniale de Fontmort en plein centre du Parc National des Cévennes.

    Malheureusement situé hors du GR.70, nous ne verrons jamais le village de Cassagnas, haut lieu du protestantisme et dont les cavernes toutes proches servirent d'arsenaux aux Camisards. Fait rarissime en France pour être signalé, cette commune possède un temple protestant mais aucune église catholique.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

    Le " chemin royal " suit la ligne de crête et domine les Cévennes.

    Après les falaises de schiste rouge des gorges de la Mimente, ici le sentier est constitué de pierres plates luisantes d'un aspect feuilleté et souvent fissuré. Tantôt argentées, tantôt dorées ou bien noires, les couleurs de ces lauzes varient au gré de leur composition chimique. Le soleil qui brille en cette splendide journée projette ses rayons ardents sur ces pierres étincelantes. Dans la légère montée, les bois de châtaigniers, de chênes, de hêtres et de bouleaux laissent peu à peu la place aux coniféres. De cette canicule torride s'exhale un mélange de parfums de résine, de cistes et de lichens.

    Juste avant d'atteindre l'intersection des GR.7 et 67, nous rattrapons le " groupe des profs ". Comme les " moutons de Panurge " et sans y prendre garde, nous les suivons dans leur erreur de parcours. Quelques minutes plus tard, nous voilà au beau milieu du carrefour du Plan de Fontmort devant l'imposant obélisque dédié en 1887 aux martyrs de la guerre des camisards.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

    Plaque commémorative sur la stèle de Plan de Fontmort.

    Ici même, plusieurs combats opposèrent les troupes du roi à la bande de Pierre Séguier. Esprit Séguier, comme chacun l'appelait en raison de ses dons de prophétie, fut capturé ici même le 28 juillet 1702. Il fut le premier camisard jugé et condamné pour l'assassinat de l'abbé du Chayla, archiprêtre des Cévennes. Sa vie de chef d'une bande fut éphémère car il fut brûlé à Pont-de-Montvert le 12 août 1702.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

     Sur cette portion du chemin, la présence de l'homme est séculaire !

     Même si je ne regrette pas cette découverte du Plan de Fontmort, haut lieu de la guerre camisarde, je comprends vite notre erreur en regardant le topo-guide. Sur mes conseils, tout le monde fait demi-tour et nous repartons sur le GR.70.

     Ce sentier suit " un chemin royal " construit après la révocation de l'Edit de Nantes par Basville, intendant du roi. Ce chemin de crête qui évitait tout hameau avait été creusé dans le schiste pour mieux surveiller et combattre les exaltés et remuants Camisards. L'aménagement de cette route permettait de faire circuler plus aisément les troupes du roi avec leur matériel.

     Ce sentier que Stevenson emprunta de nuit est resté identique depuis la fin du XVIIeme siècle. Convenablement entretenus, les soubassements du chemin constitués d'amoncellements de lauzes plates sont restés intacts. Des vététistes aux cavaliers en passant par les randonneurs, tous les amateurs de nature prennent plaisir à l'emprunter. Il faut dire que le spectacle sur les splendides et vallonnées Cévennes est saisissant. De cet endroit plus qu'ailleurs, et sous un ciel bleu immaculé, l'impression de cet enchevêtrement de montagnes à perte de vue est remarquable. Les serrats et les valats, comme on dit ici, forment d'immenses et immobiles vagues vertes et bleues dans un océan de nature.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

     De ce chemin royal, le panorama sur les Cévennes est un vrai spectacle.

    10h30, nous retrouvons les " profs ", qui avaient pris un peu d'avance, occupés à une collation. De cet endroit, à plus de 1000 mètres d'altitude, le panorama est superbe. La présence d'un gros menhir de quartz blanc et d'une ancestrale sépulture formée par quatre plaques de schistes retient l'attention et atteste de la présence de l'homme dans ces montagnes depuis des temps immémoriaux. Nous stoppons devant ce paysage pour quelques photos et grignotons fruits secs, biscuits et barres de céréales accompagnés d'un thé brûlant.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

     A pied, à cheval, à dos d'âne, les randonneurs sont nombreux sur le GR.70.

    Sous un agréable soleil, nous continuons cette sente qui évite le Mont Mars (1.162m), puis redescend à travers quelques sous-bois en direction des vestiges gallo-romains de Saint-Clément puis jusqu'au Col de la Pierre Plantée.

    Vestiges antiques, menhirs et sépultures mégalithiques, les histoires vraies et les fables s'entremêlent dans ces Cévennes, à la fois terres d'invasions et terres d'asiles. Ces histoires s'entrelacent comme les montagnes, les vallons et les ruisseaux dont elles sont issues et laissent derrière elles, des lieux aux noms étranges.

    Comme dans ce conte extraordinaire, entre mythe de Sisyphe et Chemin de Croix, de la légende de la " Vieille Morte ":

    C'est l'histoire d'une vieille fille qui avait pêché et qu'une méchante fée avait condamné à errer dans le pays toute sa vie. Accompagnée de son enfant, d'un chien et d'un âne (déjà !), elle devait porter une grande pierre sur son dos. Ereinté par ce voyage, rapidement l'enfant mourut et sa mère l'enterra au Plan de Fontmort (efont mort, enfant mort), puis se fut au tour du chien dont elle laissa le cadavre dans la Fosse du Chien (Lo Cros del Chin). Puis lors d'un terrible orage, la femme s'abrita à " Escota se Plou " (Ecoute s'il pleut) mais l'âne fut emporté par le Gardon en crue au lieu-dit Négase (Noie-âne). Lasse de tant de souffrances, la pauvre femme s'endormit au lieu-dit " Mordeson " (Morte de sommeil) puis elle entama une ultime ascension et planta sa pierre devenue trop lourde. Elle finit par mourir d'épuisement sur la cime d'une montagne que l'on appelle désormais " la Vieille Morte ".

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

     Sur l'agréable chemin de schistes en direction de la Pierre Plantée.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

    Toujours ces inextricables montagnes bleues évoquées par Stevenson !

     Il est 12h30, Dany et moi, nous ne voulons pas mourir d'épuisement. Partis sans panier-repas de l'Espace Stevenson où les prix d'un sandwich, d'une pomme et d'un śuf dur avaient soudainement flambés, nous languissons d'arriver " Au Petit Calbertois ".

    A cause de nos estomacs qui crient famine, nous ne flânons plus et amorçons une rapide descente vers " Lou Serre de la Can " où se trouve le terme de cette étape " Au Petit Calbertois ". De la Pierre Plantée jusqu'à l'hôtel, le GR.70 emprunte une large piste forestière qui domine la Vallée Longue.

    Puis le GR.70 quitte cette piste et continue tout en descente sur un étroit sentier en direction de Saint-Germain de Calberte.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

     Au col de la Pierre Plantée, puis au bord de la piscine du Petit Calbertois.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

     Au " Petit Calbertois ", le manège équestre et l'hôtel

    Rapidement, nous longeons un village de vacances et un complexe hôtelier sans nous rendre vraiment compte que nous sommes arrivés !

    Cours de tennis, aires de jeux, manège équestre, chevaux et poneys, piscine, petits bungalows surplombant la vallée des Basses Cévennes, le " Petit Calbertois " est un lieu privilégié pour les amoureux des loisirs de plein air ou du farniente.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

    Dans le tronc d'un châtaignier, arbre emblématique des Cévennes.

    Nous retrouvons nos bagages et intégrons une jolie chambre avec vue sur les montagnes et la vallée. Une douche rapide et à toute vitesse, nous descendons au bar pour un énorme jambon-beurre agrémenté de lamelles de gruyère et de cornichons. 14h30, ouf, il était temps de déjeuner ! Pour manger nos sandwichs, nous rejoignons le " groupe des profs " sur la vaste terrasse ensoleillée où des bières très fraîches nous attendent déjà.

    Dans ce cadre idyllique et reposant, l'après-midi passe vite. Piscine, bain de soleil, visite du domaine et photos, lecture et apéro, l'heure du souper est déjà là et nous retrouvons les " profs " dans la vaste et belle salle du restaurant où trône une immense cheminée. Salade de chèvre chaud, truite aux amandes et tourtières aux pommes viennent clore cette vagabonde journée en Cévennes d'agréable façon.

    La marche a du bon, beaucoup de bon et pas uniquement sur les chemins !

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

     L'étape de Cassagnas à Saint-Germain de Calberte, Stevenson et Modestine l'avaient parcourue la nuit, leurs ombres planent encore sur ces collines !

    (Montage personnel à partir d'une photo réalisée de nuit depuis la fenêtre de notre chambre au Petit Calbertois)

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

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  • Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)Samedi 6 août 2005 : 6eme étape de 21 kms.

    Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

    Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson, toujours tourmenté par l'épopée camisarde quitte Saint-Germain-de-Calberte : "L'imagination se figure à grand-peine que Saint-Germain-de-Calberte ait pu être autrefois la scène de ces agitations incessantes. Tout y est maintenant si paisible. Les pulsations de la vie humaine battent maintenant d'un rythme si discret et si lent dans ce hameau de montagne !"

    A l'examen, du topo-guide et de ma carte IGN, ce samedi 6 août, je suis forcé de constater que nous sommes bientôt arrivés au terme de notre périple. Vingt et un kilomètres à parcourir seulement, si je puis dire, mais pas très facile car sur les sentiers les plus rocailleux qui soient depuis notre départ du Puy en Velay. Et pour couronner le tout, sous un soleil qui s'annonce de plomb ! Nous sommes tristes d'avoir à quitter le Stevenson et ces splendides Cévennes mais à la fois soulagés d'en terminer, car l'accumulation des kilomètres et ces inextricables " montagnes russes " commencent à avoir raison de nos " vieilles " jambes.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

     Dany devant la statue en bronze en hommage aux Cévenols.

    J'ai mal dormi, comme à chaque fois que nous terminons un voyage. Malheureux comme les pierres à l'idée de ne plus voir ces paysages, de ne plus étudier l'étape du lendemain en consultant mon topo-guide, je vis la fin de ce parcours comme s'il s'agissait d'une rupture, triste de finir la partie la plus espérée de mes congés. J'y ai tant pensé à cette randonnée ! Pendant une année au moins après notre premier tronçon ! Ce parcours a été si long à se dessiner ! A organiser comme je le souhaitai ! Puis ces six jours sont passés comme des météorites dans le ciel de nos vacances d'été !

    Heureusement, je ne suis pas du genre à gamberger longtemps et mon spleen est vite oublié en ce matin radieux car la bonne humeur est de mise. Amed, un des plus agréables hôteliers qu'il nous a été donné de rencontrer, n'a pas son pareil, pour égayer ce début de journée. Joyeux, prévenant, toujours au " petit soin " pour ses clients, par sa gentillesse et ses plaisanteries Amed rend notre petit déjeuner puis notre départ du " Petit Calbertois " encore plus cocasse. C'est toujours avec le sourire qu'il délivre ses conseils:

     - Quand vous arriverez au Gardon, je vous conseille de marcher dans le lit de la rivière !

    - Pourquoi, il est à sec ?

    - Oui, presque entièrement, des randonneurs me l'on dit !

    - Et vous, vous l'avez déjà emprunté ?

    - Oh non, dit-il en riant, je suis trop fainéant pour faire ça, mais il me semble le connaître tant les marcheurs m'en parlent de ce Gardon !

    - Vous êtes sûr de vous ?

    - Oh, il est méfiant le monsieur ! dit-il, toujours avec le sourire.

    - Oh non, ce n'est pas de vous que je me méfie, mais plutôt de moi, car j'ai tendance à être trop téméraire et je m'égare souvent !

    - Non, vous verrez, il n'y aura pas de problème et vous serez beaucoup mieux que sur la route goudronnée !

    - Merci, ok on va le faire !

    J'ai d'autant plus envie de le faire, que Stevenson avait lui-même emprunté le lit asséché du Gardon en guise d'itinéraire.

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    Ravitaillement et visite à Saint-Germain de Calberte.

    Nous saluons et remercions Amed une dernière fois, puis avec le " groupe des profs ", nous quittons le " Petit Calbertois ". Dans ce groupe, Dany s'est fait une bonne copine en la personne de Josée, pendant que je découvre en la personne de Michel, un homme beaucoup plus sympathique que je l'avais imaginé lors de notre première rencontre !

    Après quatre kilomètres tout en descente à travers un bois constitué essentiellement de châtaigniers, nous arrivons au hameau de Saint-Germain-de-Calberte. A l'hôtel, nous n'avons pas pris de paniers-repas pour midi. Aussi afin d'éviter de revivre la pénible journée d'hier, nous entrons dans la première superette et dans la première boulangerie venue. Pain de campagne, gâteaux, charcuterie régionale, fromages et fruits seront au menu de cette dernière journée.

    Dany et moi, nous posons pour une photo devant la splendide statue de bronze glorifiant " Les Cévenols ". Elle symbolise " l'effort " des Cévenols dans la construction, avec un grand " C ", de leur région et représente un homme entrain de soulever une lourde lauze de schiste.

    Encore quelques photos dans le village très animé, puis toujours associés à nos amis " les profs ", nous quittons cette bruyante civilisation.

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    Nous quittons Saint-Germain de Calberte à l'ombre d'ancestraux châtaigniers.

    Il est à peine 9h15, mais avec cette chaleur qui pointe déjà le bout de son nez, le chemin qui se faufile à l'ombre d'ancestraux et gigantesques châtaigniers est vraiment agréable.

    Le GR.70 est bordé de terrasses où poussent les grands châtaigniers. Ces terrasses construites par assemblage et superposition de plaques de schiste sont appelées " bancels " ou " faïsses ". Ces murettes retiennent la terre et servent à cultiver, le châtaignier bien sûr, mais aussi de multiples et diverses cultures (vignes, arbres fruitiers, potagers, céréales et mûriers).

    Ces étagements de terrasses sont bien mieux visibles l'hiver quand les grands châtaigniers (*) sont dépourvus de leur feuillage.

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     Le Gr.70 continue au milieu du Gardon de Saint-Germain asséché.

    Les Faysses, les Moles, la Liquière, La Liquièrolle ce sont les noms de quelques lieux-dits que nous côtoyons sur le GR.70. Parfois, ces minuscules hameaux sont constitués de quelques bâtisses ou de quelques beaux mas occupés par d'heureux retraités comme résidences secondaires.

    (*)Le châtaignier est l'arbre-roi des Cévennes. Appelé " arbre à pain ", il a tenu, une place prépondérante dans la vie cévenole. Grâce à lui, les Cévenols n'ont jamais connu la famine même en temps de guerre. Avec ses fruits, il fournissait la nourriture, avec son bois on fabriquait des meubles et des outils mais aussi, des ruches, des charpentes et des piquets pour les vignes. Riche en tanin, il contribua à l'éclosion de nombreuses fabriques. Les fruits, qu'on appelle " blanchettes ", ont longtemps servi de monnaie d'échange. Pour obtenir les blanchettes, les châtaignes étaient débarrassées de leur double peau par l'opération de pisage (on battait les sacs remplis de châtaignes sur un billot de bois), puis séchées dans les clèdes. La maladie de l'encre vers 1870 puis le chancre de l'écorce à partir de 1960 ont eu raison de son développement. Aujourd'hui, avec l'introduction d'espèces plus résistantes, le châtaignier retrouve peu à peu sa place d'antan.

    Après moins de deux heures de marche, nous retrouvons l'asphalte sur la D.984 puis un pont à l'intersection de deux rivières, le Gardon de Saint-Germain et le Gardon de Saint-Martin. Après un rapide coup d'œil sur mon topo-guide, je constate que le GR.70 continue ainsi sur le goudron jusqu'à Saint-Etienne Vallée Française. Pas de doute, si nous voulons suivre les conseils d'Amed, c'est bien ici que nous devons gagner le lit de la rivière.

    A cet endroit, l'accès au cours de la rivière est impossible et tout le monde tente, mais en vain, de trouver un sentier praticable pour rejoindre les berges. De mon côté, je rebrousse chemin car plus haut, j'ai remarqué une large piste qui parait longer la ruisseau sur sa rive gauche. Au bout de dix minutes, j'ai trouvé un accès mais j'ai perdu Dany et mes compagnons de voyage. Malgré mes appels, personne ne m'entend. Je rebrousse chemin et je finis par percevoir les appels de Dany qui s'égosille angoissée par ma disparition.

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     Nous traversons le paisible village de Saint-Etienne Vallée Française.

    On se retrouve, mais nous avons perdu les " profs " qui, en désespoir de trouver un accès, ont poursuivi sur le tarmac. Nous voilà au milieu de la rivière complètement asséchée. Quelques flaques, par ci, par là, alimentées par un mince filet d'eau, dans lesquelles grouillent des bancs de poissons complètement apeurés par leur triste sort et voués à une mort certaine s'il ne pleut pas rapidement. Parfois, quelques nappes d'eau plus larges sont occupées par des baigneurs ou des couples de nudistes à la recherche d'un coin frais où isolé. Sur les gros galets, où nos chevilles ont la fâcheuse tendance à se tordre, notre avancée est peu évidente. Vers midi, nous stoppons près d'une petite poche d'eau claire pour déjeuner. Effarouchés par notre présence, les quelques poissons prisonniers disparaissent en se réfugiant sous les pierres.

    Pendant que Dany déballe le casse-croûte des sacs, je me déshabille, non pas pour une baignade, impossible dans ce trou d'eau mais pour une simple immersion. Je ne m'explique pas cette attirance pour l'eau. Besoin de cette source de vie ? Besoin de purification ? Régénérescence ? On pourrait philosopher longtemps sur le sujet, mais franchement je ne sais pas ! Mais en y réfléchissant, je m'aperçois que depuis notre départ du Puy, j'ai eu envie de me baigner dans toutes les rivières de notre parcours. Impossible sur le Stevenson, j'aurai bien aimé me baigner dans les " sept veines " ; l'Allier, le Tarn, le Lot, l'Ardèche, l'Hérault, la Cèze et le Gardon ; ces sept cours d'eau cévenols, qui dans la bouche de Jules César, auraient donné naissance au nom Cévennes. Mais, j'ai été tout de même attiré par la Loire à Goudet, par le Lot au Bleymard, par le Tarn à Florac, et je me suis baigné dans l'Allier à la Bastide, dans la Mimente à Saint-Julien d'Arpaon et maintenant dans le Gardon.

    A l'intersection du ruisseau de la Combe, nous quittons le lit de la rivière et nous retrouvons le GR.70. Il laisse le hameau de Meyran sur la droite et la D.984 sur la gauche, puis monte vers la partie la plus ancienne de Saint-Etienne Vallée Française. Aucune âme qui vive. Le village semble endormi ou déserté de toute population malgré des tréteaux et des lampions sur la place principale qui laissent présager de festivités passées ou à venir. Pour se souvenir, nous immortalisons notre passage sur quelques photos et nous quittons rapidement le bourg, d'abord sur la D.984 puis à travers un bois de mûriers (*) et de châtaigniers et enfin dans la garrigue en direction du pont du Martinet.

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     Vue de Saint-Etienne Vallée Française et dernier bain au pont du Martinet.

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    A Martinet, le chemin est parfaitement indiqué. 

    (*) Pendant longtemps, les Cévennes ont été le berceau français de la soie. Cultivés dans les mûriers, les vers à soie en tissant leur cocon fournissaient la matière première, source de richesse pour la région. On appelait d'ailleurs le mûrier, " l'arbre d'or ". Cette ressource fut largement créatrice d'emplois dans les " magnaneries " et les filatures. Vers 1853, la pébrine, une maladie décima les élevages et la période de déclin de cette culture commença, malgré les recherches puis les découvertes de Pasteur en la matière. Finalement cette activité finit par disparaître avec l'arrivée massive des textiles synthétiques.

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     Après Martinet, le sentier s'élève au dessus du gardon de Sainte-Croix.

    Quand nous arrivons au pied du pont, cette irrésistible envie de " piquer une tête " me reprend. Il faut préciser qu'il fait très chaud et qu'à cet endroit, une longue, profonde et translucide poche d'eau n'attend que moi. Après une bonne heure à nager et à plonger dans ce Gardon de Sainte-Croix, pendant que Dany prend un bain de soleil, nous sommes forcément frais et d'attaque pour gravir la dernière côte du Stevenson. Mais quelle côte ! De Martinet, altitude 240 mètres, jusqu'au Col Saint-Pierre altitude 600 mètres, soit 360 mètres de dénivelé sur une distance d'un peu plus d'un kilomètre !

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     Nous marchons sur un sentier très escarpé, dallé de schistes aux reflets d'or et d'argent.

    Le sentier démarre en lacets, puis devient rectiligne. A cet endroit, le chemin arpente de vastes plaques de schistes dorées ou argentées. C'est vraiment fantastique car avec le soleil au zénith nous avons l'impression de marcher sur un chemin dallé d'or et d'argent. C'et aspect luisant et mordoré est donné au schiste par les divers minerais et les oxydes qui sont amenés à le composer tels le pyrite, le mica, l'aluminium, le silicium, le quartz, etc.….

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     Au col Saint-Pierre, puis dans la longue descente vers Saint-Jean du Gard

    Après une exténuante montée d'une heure et demi, à cause de la forte chaleur, nous arrivons sur une large piste forestière, qui par de longs lacets, finit enfin par déboucher sur la D.9 appelée Corniches des Cévennes. A cet endroit, nous reconnaissons les lieux pour y être passés avec le taxi de Transbagages le premier jour.

    Quelques décamètres sur le bitume et nous arrivons au Col Saint-Pierre où nous retrouvons le GR.70 qui descend dans un épaisse garrigue parfumée.

    Dans cette végétation dense, nous commençons à retrouver les principales plantes méditerranéennes auxquelles nous sommes habitués : chèvrefeuille, thym, romarin, fragon, ciste, arbousier, chêne kermès, myrte enfin toutes les espèces calcifuges grâce auxquelles la garrigue peut reverdir après un incendie.

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     Dans la garrigue méditerranéenne, puis au lieu-dit l'Affenadou.

    Vers 15h30 après le lieu-dit l'Affenadou, nous retrouvons une route goudronnée qui surplombe la vaste vallée du Gardon de Saint-Jean. Nous stoppons pour notre dernière " pause-café ". Cappuccino, fruits, biscuits, c'est pratiquement sans un mot échangé que nous prenons ce dernier en-cas.

    Tristesse d'en finir, accumulation de fatigue, nous n'avons pas besoin de parler pour goûter une dernière fois à cet instant magique. Puis nous reprenons notre marche et avec elle, le plaisir de découvrir réapparaît et les échanges verbaux ressurgissent. Nous croisons quelques jeunes en quête d'un raccourci pouvant les amener au Col Saint-Pierre, puis nous traversons le hameau abandonné du Pied de Côte où nous retrouvons la D.907 et une bruyante civilisation trop longuement délaissée.

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     Nous longeons le Gardon et approchons de Saint-Jean du Gard

    Nous partons en direction de Saint-Jean du Gard que nous devinons au loin.

    Le GR.70 suit parallèlement la D.907 et le Gardon puis au bout de deux kilomètres, par un passage à gué bétonné, nous basculons sur l'autre rive beaucoup plus paisible. Sur cette berge, pas de voiture et nous prenons le temps de regarder les canards, les ibis et les cormorans qui s'ébattent dans la rivière.

    Le Pont Vieux apparaît et nous savons que l'arrivée est maintenant toute proche. Un deuxième pont que nous empruntons et sur l'autre berge, nous entrons de pleins pieds dans un Saint-Jean du Gard très agité. Fête foraine, parties de pétanques acharnées, terrasses bondées, rues animées. Quel contraste avec notre paisible GR et les 6 jours passés dans cette quasi sérénité !

    Nous retrouvons l'hôtel Oronge, son prévenant patron, nos bagages et notre voiture en parfait état de marche.

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      Devant l'hôtel Oronge à Saint-Jean du Gard où Stevenson a séjourné

    Visite de la ville, achat de quelques souvenirs, un dernier apéro avec nos amis " les profs ", un excellent repas, l'aventure se termine bien mais avec tout de même et comme à chaque fois, cette impression d'inachevé.

    Mais comme le dit de manière si poétique et si bien Anne le Maître dans son excellent ouvrage aux merveilleuses aquarelles " Sur les pas de Robert Louis Stevenson " :

    "-Le but une fois atteint se révèle souvent un peu pauvre, dépouillé qu'il se trouve des parures de l'espoir et des ors de l'attente. Il ne faut pas lui en vouloir. C'est à lui que l'on doit le voyage : sans lui, nous serions restés chez nous, étrangers et sédentaires aux yeux des autres vagabonds. Saint-Jean du Gard ou Samarkand, Compostelle ou Tombouctou… Tant il est vrai que toute ville est un port, et le monde un océan qui reste à parcourir.

    Et tout voyageur un Ulysse.

    -Peut-être faut-il précisément cela ; ce flou, cette béance, pour que " se fasse " le voyage dans le mystère de la mémoire. Pour que, dans le vide creusé par les désordres du changement, il prenne lentement les couleurs dont il restera paré à jamais."

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      Notre chambre à l'hôtel Oronge à Saint-Jean du Gard

    Pour Dany et moi, pas de doute, ce Stevenson restera à jamais gravé dans nos souvenirs…… Des souvenirs chargés de plaisir et d'émotion avec dans nos yeux, de paysages en couleurs…, et d'inextricables montagnes bleues…..!

    Bibliographie :

    Les livres à lire absolument avant, pendant ou après ce magnifique voyage:

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    -Le Chemin de Stevenson- Topo-Guide GR.70.Parc National des Cévennes. Le Puy/Le Monastier/St-Jean-du Gard/Alès. Edité par la FFRP - Fédération Française de la Randonnée Pédestre et Chamina - Association pour le Développement du Tourisme et des Loisirs de Randonnée.

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    -Voyage avec un âne dans les Cévennes de Robert-Louis Stevenson- Editions GF Flammarion.

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    -Journal de route en Cévennes de Robert-Louis Stevenson-Editions Privat-Club Cévenol.

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    -Sur les pas de Robert-Louis Stevenson-Un voyage de Velay en Cévennes de Anne Le Maître- Editions du Rouergue.

     

    Les principaux sites Internet :

    Il existe de nombreux sites Internet sur le GR.70 Chemin de Stevenson. Je ne peux pas les citer tous. En voici, quelques uns que je considère comme les plus documentés ou les plus beaux. Le mien n'ayant qu'un seul but : "Vous donnez l'envie de marcher du Puy en Velay jusqu'à Saint-Jean du Gard".

    - http://www.chemin-stevenson.org/ : Site Internet de l'Association sur le Chemin de Robert Louis Stevenson.

    - http://www.gr70-stevenson.com/ : Site Internet regroupant une foule d'informations sur le GR.70 ainsi que de multiples témoignages et des liens utiles vers d'autres sites.

    - http://voyagesautourdumonde.fr/randonnee-sur-le-chemin-de-stevenson-2002/ : Magnifique site sur le Stevenson de Chasseradès à Saint-Jean du Gard avec des photos superbes qui nous ont donné envie parcourir ce deuxième tronçon.

    - http://www.lapelerine.com/ : site Internet de l'organisateur de notre voyage. L'organisation a été dans l'ensemble parfaite, les prestataires choisis sont de vrais professionnels. Seul bémol, quelques "couacs" avec la société TransBagages dont la note pourrait être : "Peut mieux faire!".

    - http://www.camisards.net/ : Magnifique site consacré aux Camisards. A compulser sans modération pour mieux comprendre l'histoire de cette magnifique région

    - http://www.lozere-gite.com/ : Excellent site du Refuge de Moure au Cheylard l'Evêque avec de nombreux liens sur le GR.70 et vers pleins de sites très intéressants (Bête du Gévaudan, tourisme en Lozère, Cévennes, etc.…)

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    Carte postale achetée en souvenir.

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