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Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)
Par gibirando dans TCS2- Le Chemin de Stevenson - Au pays des inextricables montagnes bleues (2eme partie) le 7 Juillet 2018 à 12:59Mercredi 3 août 2005 : 3eme étape de 28 kms.
Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)
Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson arrive à Pont-de-Montvert : Il me serait difficile d'exprimer par quelles particularités Pont-de-Montvert se distingue du Monastier ou de Langogne, voire du Bleymard. Mais la différence existait et parlait éloquemment aux yeux. La localité, avec ses maisons, ses sentiers, son lit de rivière éblouissant porte un cachet méridional indéfinissable.
Une des premières choses rencontrées à Pont-de-Monvert, si je me souviens bien, fut un attelage tiré par un petit âne gris que menait un groupe d'adolescents. Un petit baudet au doux regard, lequel sous le poids de son harnachement, semblait peiner dans cette ruelle escarpée.
Etonnamment, en quittant le village ce mercredi 3 août, la dernière créature vivante que nous rencontrons, c'est aussi un petit âne, tranquille dans son enclos, indifférent aux brouhahas lointains de la cité et qui semble dormir debout. Il ouvre les yeux uniquement pour prendre les morceaux de sucre et de pain que nous lui tendons. En guise de remerciements, il vient vers nous, semble accepter nos caresses et fait mine de poser pour une photographie. Avec son enclos situé à même le GR.70, il doit être blasé et peut-être même fatigué de voir tous ces badauds lui tourner autour en permanence. Lorsque nous le quittons, il reprend instantanément sa position à l'ombre des frênes!
Pont-de-Montvert se trouve à la confluence de trois cours d'eau qui prennent leurs sources dans les montagnes environnantes. Le Tarn et le Rieumalet sur les contreforts méridionaux du Mont-Lozère et le Martinet sur le versant nord de la forêt domaniale de Bougès. En réalité, et comme son nom l'indique, la localité est surtout coupée en deux par le Tarn et reliée par un pont entre deux monts verts.
Ce mercredi 3 août, en quittant l'hôtel " Aux Sources du Tarn ", je remarque un étonnant contraste entre les rives Nord et Sud de la ville. Il n'est pas encore huit heures et pourtant, comme hier soir déjà, le côté Nord est vivant, bruyant, presque désagréable. Il y règne une activité remuante. Les rues sont embouteillées, les forains installent leurs tréteaux, les terrasses sont déjà bien garnies d'estivants prenant leurs petits déjeuners ou leurs cafés. Puis en traversant le célèbre pont Rouméjon avec sa tour carré de l'horloge (*), les bruits s'amenuisent et le silence, que nous aimons tant en randonnée, reprend peu à peu sa place. La berge sud, où redémarre le GR.70 est plus discrète.
(*) C'est à cet endroit que l'abbé du Chayla, un prêtre catholique cruel, périt sous les coups de sabre du prophète Esprit Séguier le 24 juillet 1702. Ainsi, commença la célèbre guerre dite des " Camisards ".
En quittant Pont-de-Monvert, à l'ombre des frênes, un petit âne docile.
Les pique-niques pour midi sont déjà dans nos sacs à dos, mais avant de quitter définitivement le village, nous voulons absolument goûter aux gâteaux cévenols de la Boulangerie du Pont. Pas de détour à faire, les fameux gâteaux maison à base de châtaignes nous attendent car la pâtisserie est sur le chemin !
Nous quittons l'enclos de notre " Modestine " et grimpons le sinueux mais agréable sentier qui s'élève vers la Cham de l'Hermet. Chaque coude du chemin, chaque point de vue est prétexte à une belle photo.
En montant vers la Cham de l'Hermet, belles vues aériennes sur Pont-de-Montvert
Splendide panorama sur Pont-de-Montvert.
La pente s'accentue, mais la vision que nous avons du panorama est si agréable que sans vraiment faire d'efforts et sans s'en rendre compte, le village s'éloigne. De ce balcon naturel, nous avons de Pont-de-Montvert une paisible vision aérienne. En regardant ces merveilleux paysages, ces superbes montagnes, j'ai du mal à imaginer que ce petit bourg recroquevillé au fond du vallon fut le détonateur et le théâtre d'atrocités devenues célèbres sous le nom de " Guerre des Camisards (*) ". De cette " Guerre des Cévennes ", Stevenson écrivit : "C'est dans ce labyrinthe indéchiffrable de collines qu'une guerre de bandits, une guerre de bêtes féroces fit rage pendant deux ans entre le Roi Soleil avec toutes ses troupes et ses maréchaux d'un côté, et quelques protestants montagnards de l'autre ".
(*) Louis XIV, par absolutisme royal et volonté d'unité politique et religieuse va supprimer la liberté de culte aux Protestants en révoquant en 1685 l'Edit de Nantes qu'avait signé Henri IV en 1598 et qui avait apporté la paix religieuse en France après les Guerres de Religion. Peu à peu, la loi prive les protestants de toute liberté religieuse mais aussi civile et professionnelle. Par la violence, la répression et la ruine, le roi obtient des abjurations de masse.
En Octobre 1685, l'Edit de Fontainebleau interdit le culte protestant et détaille les totalitaires sanctions d'un éventuel retour à l'ancienne doctrine.
Les persécutions se font plus tyranniques et plus violentes, les temples sont rasés, les pasteurs envoyés aux galères, les frontières sont fermées pour éviter l'hémorragie démographique que les châtiments suscitent, les enfants doivent obligatoirement être éduqués dans la religion catholique.
Mais la résistance s'organise parmi les protestants qui n'ont pas choisi l'exil dans les pays du "Refuge" (Angleterre, Suisse, Allemagne, Hollande, ...). Les Cévennes deviennent le théâtre de la Guerre des Camisards. De 1702 à 1704, elle oppose quelques 3.000 protestants, les Camisards, à environ 30.000 soldats du roi. Les principaux chefs (Esprit Séguier, Gédéon Laporte, Salomon Couderc, Jean Cavalier, Abraham Mazel ) sont tués ou arrêtés sans que fléchissent l'intolérance et la répression du roi.
Les survivants se réunissent "Au Désert", et continuent de célébrer le culte interdit dans des grottes et ou bien cachés dans des forêts. Ainsi, ces hommes, devenus des clandestins, au sein même de leur pays, par la force de leur croyance, feront fonctionner pendant plus d'un siècle, une " église de l'ombre ". Il faudra attendre 1787 et l'Edit de Tolérance pour que cesse les persécutions et la Révolution Française (1789) pour que soient proclamés la liberté de conscience et le libre exercice du culte.
Faut-il que ces quelques protestants aient été opprimés, persécutés puis " prophétisés " pour en arriver à cette riposte d'une sauvagerie extrême.
Il m'est très difficile de comprendre qu'on puisse s'entretuer pour une idéologie religieuse qui dicte le plus souvent d'aimer son prochain. Pourtant, j'admets avec raison que ces hommes défendaient avant tout une liberté : celle de croire dans la différence.
En la circonstance, ces " camisards " avaient appliqué avant l'heure l'idée du non-violent Gandhi qui disait : " entre la violence et la non-violence, je choisis la non-violence mais s'il ne reste le choix qu'entre la violence et la lâcheté, je préfère la violence ! "
Dernière vue de Pont-de-Montvert et arrivée au Cham de l'Hermet.
Est-ce un dieu ou le fruit hasardeux d'un immense big-bang cosmique qui a mis toute cette belle nature devant nos yeux ? En toute simplicité, Dany et moi prenons un immense plaisir à en profiter loin de ces questions théologiques ou philosophiques.
Il est 8h30, mais il fait déjà très chaud, sur le vaste plateau de landes. Dany s'arrête pour ôter ses jambières. En préférant le short au pantalon, il est évident que dans sa tête, le physique a pris le pas sur le métaphysique!
Lorsque nous arrivons à la Cham de l'Hermet, large plateau granitique et broussailleux, Pont-de-Montvert finit par disparaître de notre regard, mais nous dominons complètement les vallées du Tarn et du Martinet. Au nord, un ciel gris anthracite recouvre, aujourd'hui encore, le Mont-Lozère. Ce sommet semble servir de frontière aux nuages car vers le sud, il y a certes quelques nuages blancs, mais dans un ciel d'azur prometteur. Ces cumulus courent sur la sombre et verte forêt domaniale de Bougès.
Aujourd'hui, il y a un fait rarissime dans cette journée sur le GR.70, nous sommes poursuivis par une véritable horde de randonneurs. C'est la première fois que nous en voyons autant sur une si faible superficie. Un homme et une femme suivis de près par un premier groupe suivi lui-même par un deuxième groupe puis quelques marcheurs isolés.
Il n'y a pas grand-chose sur le plateau, un maquis de genêts, divers chaos rocheux originaux, des parcs à bestiaux et de ci de là, quelques mas isolés.
Nous quittons le plateau, au lieu-dit Fiarouse, le sentier se rétrécie, longe de hautes fougères et entre dans un bois. Là, Dany s'arrête encore, ôte ses godillots au profit des sandales.
Tous nos poursuivants arrivent. Monsieur " Tête de cochon " passe devant nous le premier, sans sac à dos, affublé d'une chemise blanche, les mains dans les poches et sans formuler le " bonjour traditionnel " que tout randonneur digne de ce nom présente à des collègues de voyage. Madame suit avec le sac à dos ! Super sympa le gars ! Vient ensuite un premier groupe entraperçut hier peu après le Col Santel, Dany l'appellera le groupe " des Amis de la Nature ". Moi, je ne leur donne pas de noms, car qu'il s'agisse des femmes ou bien des hommes, je vais rapidement me lasser de les saluer courtoisement sans obtenir une franche réciprocité. Enfin, arrive le " groupe des profs " avec leurs individualités mais de loin les plus affables de tous.
Dany sur l'agréable pré du domaine de Champ Long de Bougès.
Nous retrouvons le bitume sur quelques centaines de mètres, toujours la D.20 puis attaquons un long dénivelé au sein même de la forêt domaniale. Au bout d'un kilomètre d'une sévère montée, nous arrivons dans l'enceinte d'un vaste domaine lumineux. Est-ce la beauté et la douceur du lieu, mais tous les groupes s'arrêtent dans une parfaite harmonie, sauf Monsieur et Madame " Tête de cochon ". Nous ne les reverrons plus ! Il n'est que 10 h mais Dany prétexte une crampe d'estomac et sort déjà son panier repas. Sur l'agréable pré du Champ Long de Bougès, c'est ainsi que s'appelle ce domaine, on se prélasse sans vraiment regarder l'heure. De nombreux randonneurs continuent de passer sur le chemin. Un sandwich, une orange, un peu de farniente, la pause s'éternise. Dany joue à saute-mouton sur les balles de foin. Quand nous repartons, il n'y a plus personne et une fois de plus, nous fermons la marche.
A Champ Long, Dany joue sur les bottes de pailles.
La pente s'accentue sur une large piste forestière parfois très caillouteuse. Avec une branche bien droite, je me confectionne un deuxième bâton de marche. Dany, qui peine également, en veut un aussi. Je trouve une branche juste un peu trop longue qui devrait faire l'affaire. D'un coup de talon bien asséné, je casse le morceau superflu, qui en rebondissant, vient m'entailler le genou. Je saigne abondamment et Dany se dépêche de sortir la trousse à pharmacie. La plaie n'est pas très profonde, un petit pansement et je repars clopin-clopant plus gêné que souffrant.
Stèle en hommage à Raymond Senn (montage personnel).
Nous arrivons à une intersection où les GR.68, 70 et 72 se rejoignent. Je regarde le topo-guide : nous sommes à 1.292 m d'altitude au Col de la Planette, sur les chemins du " Tour du Mont-Lozère et du causse Méjean ".
Une stèle est érigée en hommage à Raymond Senn dont j'apprends sur le topo-guide qu'il fut président du Comité Départemental de Randonnée Pédestre. Il créa le GR.68 et entretint pendant plus de vingt ans tous les GR de la région.
C'est beaucoup grâce à des hommes comme lui que nous prenons plaisir à marcher sur ces chemins de grande randonnée et il me parait naturel de lui rendre hommage à figeant cet instant sur une photo souvenir.
Au Col des Trois Fayards, d'immenses cairns ont été érigés.
11h15, nous atteignons le Col des Trois Fayard où d'immenses cairns ont été érigés. Le temps est devenu maussade et il souffle un vent du Nord violent et froid. Dany semble déjà exténuée et je lui propose d'arrêter car depuis le départ, nous avons parcouru une dizaine de kilomètres, essentiellement en montées. Mais si j'en crois la documentation de La Pèlerine, il en reste au moins encore une quinzaine à parcourir pour atteindre Florac !
Nous partons nous réfugier dans le bois, en contrebas du col, parfaitement à l'abri des rafales du vent pour déjeuner. Bien requinqués, une demi-heure plus tard, nous repartons, quittons la forêt et arrivons rapidement sur une spacieuse crête herbeuse où prédominent les bruyères roses. Tout en marchant, nous prenons plaisir à contempler l'immense panorama qui se déploie devant nos yeux. Le versant méridional de la forêt domaniale est splendide. A nos pieds, les serres (crêtes) et les vallats (vallons) qui se succèdent, creusent de larges plaies verdoyantes jusqu'aux montagnes bleues dont les sommets s'évanouissent dans la brume laiteuse de l'horizon. Sur cette ligne de crête au doux dénivelé, nous grimpons jusqu'au Signal de Bougès, agréablement protégés du vent du nord par le bois d'Altefage.
Du Signal du Bougès, panorama à 180 ° sur les Cévennes.
Stevenson, qui en son temps, n'avait pas suivi ce chemin mais avait opté pour la route qui longe la vallée du Tarn jusqu'à Florac, avait décrit les Cévennes comme un " labyrinthe fait d'un enchevêtrement de montagnes bleues ". Il est étonnant qu'il n'ait pas gravi Le Bougès, lui qui voulait suivre le parcours de Napoléon Peyrat, l'auteur de son livre de chevet et qui écrivit ceci :
Quelle est cette montagne ? demandai-je à mon guide - Le Bougès, répondit-il, les Trois Hêtres (les Trois Fayards). A ce nom, je m'arrêtai, et je contemplai avec une religieuse émotion le sauvage berceau de l'insurrection camisarde. Ce mont célèbre que je venais interroger sur les combats et sur les douleurs de nos aïeux, semblait avoir voulu se présenter à mes regards dans toute la majesté de son passé, et revêtu des symboles de son histoire, d'un manteau d'orages, d'un voile funèbre et d'une couronne de gloire. " (Extrait des Pasteurs du Désert de Napoléon Peyrat)
A 1.421 m d'altitude, le Signal de Bougès est un mamelon rocheux qui offre un point de vue spectaculaire. De ce vaste mirador, la vision que nous avons du massif des Cévennes correspond parfaitement au tableau que Stevenson a dépeint dans son livre : un véritable dédale de montagnes bleues à perte de vue !
Au Signal de Bougès à 1.421 m d'altitude
Le GR.70 entre le Col des Trois Fayards et le Signal du Bougès.
Depuis hier soir, pour avoir étudier le parcours et la carte IGN, je sais que le Signal de Bougès est le point culminant et la dernière ascension de notre journée. Cette borne suprême est d'ailleurs symbolisée par un monumental cairn derrière lequel un couple de randonneurs roucoule bien à l'abri du vent.
Une fois ce dôme passé, nous amorçons une longue pente abrupte avec sur la droite, toujours le bois d'Altefage, constitué à cet endroit essentiellement de petits chênes verts aux troncs tordus et rabattus par les vents.
Dans la descente du Signal de Bougès, au loin les Causses Méjean.
Collés les uns aux autres, ces chênes forment un immense sous-bois où viennent s'abriter les nombreux troupeaux de moutons qui fréquentent ces crêtes. Le sol est largement piétiné et recouvert d'une épaisse couche de déjections qui roulent sous nos chaussures. Sur la gauche, les contreforts du Signal sont, soient pelés, soient recouverts uniquement d'une courte garrigue. Par endroit, à la faveur d'une mer de bruyères fleuries, le maquis se teinte de pourpre sur d'immenses étendues. Cette belle pigmentation qui s'ajoute à tous les verts, bruns et ocres habituels de la montagne, transforme le paysage en un véritable récital de couleurs.
Sentiers fleuris et paysages avant puis après le Col de Sapet.
Au loin devant nous, apparaissent les caractéristiques Causses Méjean avec leurs plateaux et leurs falaises abruptes telles d'invincibles murailles. Pour ne pas la décourager, je ne dis rien à Dany, déjà bien fatiguée, mais je sais que Florac est au pied de ces célèbres montagnes.
Vers 13 h 45, nous arrivons au Col de Sapet et rallions un fois de plus la D.20. Sur ce belvédère entre les vallées du Tarn et de la Mimente, les touristes sont nombreux. Ils sont attirés par le point de vue et deux menhirs mégalithiques (*) plantés dans le décor. Le premier est sur le GR.70 et le deuxième, de l'autre côté de la route, plus haut dans un champ de céréales.
Le premier étant sans cesse occupé et pris en photo par les nombreux estivants, j'envisage d'aller photographier le deuxième, d'autant que le GR.70 traverse la D.20 et semble s'y diriger. Un peu trop tard, je m'aperçois que le champ est clôturé et je suis contraint de faire l'impasse sur les photos.
Au Col de Sapet, la signalisation indique Florac à 8 Kms par le GR.70 et 6 Kms par le GR.68.
Le chemin forestier est plat et progresse au flanc de la montagne. Les paysages sont superbes en surplomb sur la Vallée du Tarn et plus loin sur le Mont-Lozère. Mais l'étape est longue, les jambes deviennent lourdes et la fatigue aidant, cette piste d'exploitation devient rapidement monotone. Heureusement, nous l'entrecoupons par des arrêts fréquents à regarder les panoramas puis vers 16 heures par une longue pause pour le cappuccino quotidien. Le " groupe des profs " que nous pensions devant nous, arrive. La conservation s'installe et porte, bien entendu, sur la splendeur de cette perspective plongeante sur la Vallée du Tarn.
Avant Florac, je m'essaie à des macros sur des " Tabacs d'Espagne " de la forêt de Ramponenche.
Au lieu-dit " La Chaumette ", les GR.68 et 70 se séparent. Les deux sentiers vont à Florac mais avec 2 Kms de moins pour le GR.68. Malgré ce supplément, nous n'hésitons pas une seconde et nous prenons l'option GR.70 Chemin de Stevenson.
(*) La Lozère compte environ 350 menhirs dont 154 se trouve sur le site mégalithique de la Cham de Bondons, au pied du Mont-Lozère près de Florac. En Europe, c'est la deuxième plus forte concentration de menhirs après celle de Carnac en Bretagne. A ces menhirs, il faut ajouter environ 400 dolmens disséminés sur tout le département. La Lozère possède un patrimoine archéologique exceptionnel !
Dans la longue descente vers Cocurès, pour passer le temps, je m'essaie sans trop de résultat à prendre des " macros " de splendides papillons qui volètent de fleurs en fleurs. Il est très difficile de les cadrer car le plus souvent, ils ne tiennent pas en place. Seuls, les " Tabacs d'Espagne ", magnifiques papillons aux ailes oranges tachetées et striés de noir se laissent approcher par mon appareil photo. Il me faudrait un peu plus de temps pour bien choisir mes plans, mais la route est encore longue jusqu'à Florac et il n'est pas possible de lambiner plus que nous le faisons déjà !
Nous retrouvons le Tarn à Cocurés puis près de Bédoues.
Au fur et à mesure que l'on se rapproche de la vallée, les paysages se transforment. Les hauts résineux disparaissent et les gros châtaigniers, rois des forêts cévenoles remplissent peu à peu le décor. Puis dans le descente, les bois touffus laissent peu à peu la place à quelques clairières puis à des vergers où subsistent quelques cabanons, certains sont en ruines, d'autres simplement abandonnés. Nous rattrapons le " groupe des profs " et poursuivons un bout de chemin ensemble. Enfin, le sentier finit par déboucher en bordure du Tarn dont le lit s'écoule paisiblement au milieu d'étroites gorges. Allongés sur le sable des grèves ou sur les roches, les estivants sont nombreux à se faire bronzer. Quelques téméraires se laissent aller à une baignade dans l'eau claire et assurément fraîche. En sueur comme nous les sommes, ce n'est pas l'envie qui nous manque d'en faire de même, mais les accès à la rivière sont difficiles sur cette berge. L'autre rive, du côté de Cocurès, a l'air plus accessible. Tant pis, aujourd'hui, nous garderons notre moiteur jusqu'à l'hôtel !
Avant Bédouès, par un vieux pont en pierres, nous franchissons le Tarn. Puis après quelques hésitations, nous traversons un camping puis le G.R. se faufile à travers des près et des vergers. Nous longeons maintenant l'autre rive du Tarn. Sur la berge opposée, on aperçoit la remarquable église collégiale en schiste brun de Bédouès fondée en 1363 par Urbain V, pape en Avignon. Puis au détour d'un méandre, c'est le splendide château d'Arigès qui apparaît dans son cadre de verdure.
A l'approche de Florac, la collégiale de Bédoues puis le château d'Arigès.
Les habitations se font plus nombreuses et la densité de promeneurs et de randonneurs ne laisse planer aucun doute : nous ne sommes plus très loin de Florac !
Nous retrouvons le bitume et un vieux pont sur le Tarn qu'il nous faut traverser. Nous coupons avec peine un grand carrefour où règne une intense circulation. Nous sommes sur la N.106 et un panneau indicateur donne Florac à un kilomètre. Au carrefour, nous avons quitté le Tarn et désormais c'est son petit frère, le Tarnon, que nous longeons. En réalité, j'estime à plus du double le chemin que nous aurons parcouru pour rejoindre l'Archibald Hôtel plus communément appelé l'hôtel Central de la Poste.
Nous sommes sympatiquement reçus par l'hôtelier qui d'emblée nous montre où se trouve nos bagages. Mais, après une trentaine de kilomètres parcourus, la disparition d'un sac de voyage finit de nous scier les jambes. Est-ce la dernière bévue de Transbagages que le réceptionniste tente de joindre en vain ?
Au bout d'une demi-heure, la société Transbagages reste injoignable et notre inquiétude a progressé. Puis en désespoir de cause, le patron de l'hôtel nous dit : " Je vais appeler le Grand Hôtel de Parc, tant pis, je ne suis pas en bons termes avec eux, mais il est possible que le chauffeur de Transbagages ai commis une erreur et ai laissé le sac là-bas. Avant tout, il est indispensable de vérifier cela !
Avec quelques minutes qui nous paraissent interminables, nous retrouvons le sourire : le sac a bien été déposé chez eux par erreur !
Très prévenant, le réceptionniste de " l'Archibald " nous dit : Montez vous reposer dans votre chambre, je vais le chercher, j'en ai pour quelques minutes seulement ! Tranquillisée, Dany rejoint la chambre pendant que j'attends le sac à la réception.
Cette perte de temps, la contrariété engendrée par la disparition du sac, la longueur de l'étape parcourue et notre mal aux jambes, un souper, par ailleurs délicieux, mais qui s'éternise au-delà du raisonnable à cause d'un problème d'intendance, une qualité dans le service qui laisse à désirer. Tout semble se liguer contre nous et transforme une lassitude habituelle en un profond épuisement. Ce soir, tout nous incite à aller nous coucher plutôt que de partir visiter Florac. Nous ne sommes pas coutumiers de ce désir de répit, et en général, la curiosité l'emporte sur la fatigue. Ce soir, nous n'avons pas cette volonté quasi rituelle. Pourtant selon le " groupe des profs ", qui eux sont sortis, la cité de Florac by Night, animée, étincelante et colorée, méritait, parait-il, cet effort supplémentaire.
Qui sait, peut-être reviendrons-nous !
Les deux menhirs du Col du Sapet situés sur le GR.70 (*)
(Montage d'après des photos trouvées sur le Net)
En cliquant sur la carte, vous passez à l'étape suivante.
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