• Le Sentier de découverte du Ballon d'Alsace (1.247 m)

     
    LE SENTIER DE DECOUVERTE DU BALLON D'ALSACE par jullie68

    Si la visite du Grand Ballon ou Ballon de Guebwiller s’effectue au fil des édifices que l’on y rencontre, bâtiments, stèles et vestiges, sur un sentier dit panoramique, celle du Ballon d’Alsace se réalise sur un véritable sentier de découvertes. En effet,  cet itinéraire est agrémenté d’une dizaine de tables de lecture pédagogiques mais divertissantes qui permettent d’appréhender toutes les facettes de ce prestigieux sommet. Haut lieu touristique devenu grand site national, vous marcherez dans les pas du Marquis de Pezay qui avait été littéralement conquis par cette montagne. C’était en 1770 et voilà comment il faisait le récit de son voyage : "le Ballon d’Alsace est la plus haute, la  plus riche et la plus curieuse des  montagnes des Vosges, tant par ce que la nature y a fait que par ce que les hommes y ont ajouté. Cette partie de la longue chaîne qui sépare l’Alsace de la Lorraine, recèle les mines du Royaume les plus abondantes en cuivre, plomb, argent. Le voyageur qui parvient au sommet met un pied sur l’Alsace, l’autre sur la Lorraine et étend un bras sur la Franche-Comté. Son oeil se perd avant que l’horizon se termine. Méditant, en extase, ravi de ce tableau et nécessairement exalté, celui qui pour la première fois l’admire, s’enivrant du plaisir de la vue, ne craint que la nuit dont il sent que l’heure approche". Cette extase, cette exaltation, cette admiration enivrante des paysages, il ne vous faudra qu’une heure trente pour les vivre car c’est le temps nécessaire pour effectuer le tour de ce magnifique petit circuit de découvertes, flânerie et lecture des tables incluses. C’est ainsi que vous apprendrez que dès le 18eme siècle, toute une foule de pèlerins, botanistes puis touristes gravissent son sommet en toutes saisons mais également que le Ballon d’Alsace constitue la ligne de partage des eaux entre Méditerranée et Mer du Nord. Au sud, la source de la Savoureuse s’écoulant vers le Bassin du Rhône et au nord, des tourbières se transformant en rus qu’ici on appelle « gouttes ». Ces « gouttes » constituent un petit réseau capillaire hydrographique alimentant quelques ruisseaux comme celui de Prele ou des Charbonniers filant vers la Moselle, affluent du Rhin. Vous y découvrirez ensuite une superbe statue équestre de Jeanne d’Arc. Imaginée comme un défi à la Prusse après l’annexion de l’Alsace-Lorraine en 1871, mais édifiée en 1909 seulement, ici la « pucelle d’Orléans » symbolise l’attachement de la France pour cette région dont elle était native. Grâce à la table suivante, vous ferez connaissance avec une vie économique en constante évolution depuis des siècles tout autour du ballon. Une montagne qui a toujours été vivante et qu’aujourd’hui on offre au tourisme de masse mais que désormais, très contradictoirement, on cherche à préserver écologiquement coûte que coûte. A partir de là, vous approcherez de la portion du sentier la plus en balcon et donc la plus abrupte sur les vallées dont celle dite des Charbonniers. Des pancartes de recommandations indiquent la dangerosité du secteur pour les randonneurs et les skieurs qui auraient le tentation de vouloir sortir du sentier. Ici, c’est le paradis des parapentistes et eux seuls ont le droit de se jeter dans le vide et d’aller jouer dans les airs avec le « ballon ». Eux, ils se divertissent un peu plus haut mais vous, en cas de chute, la dernière récréation s’effectuerait beaucoup plus bas. Alors prudence ! Pour les terriens non volants ou pour ceux dont l’adrénaline n’est pas la « tasse de thé », quelques bancs ont été installés aux endroits les plus propices à la contemplation et à la méditation. Si un banc est inoccupé, vous vous empresserez d’y poser vos fesses car entre panoramas et parapentistes dans leurs circonvolutions, le spectacle est tout simplement grandiose pour ne pas dire époustouflant.  Un peu plus loin, une nouvelle table explique les différents types de végétations que l’on rencontre selon l’inclinaison des versants et des combes : forêts, plantes herbacées de la mégaphorbiée et chaumes. La table suivante intéressera plus particulièrement les mystiques puisqu’elle est consacrée au Ballon d’Alsace comme un éventuel observatoire solaire celtique il y a 5.000 ans. Voir à ce sujet et pour un peu plus de détails, mon article sur le Grand Ballon et l’origine étymologique du mot « ballon ». Non loin de là, on rencontre quelques chevaux et caprins qui broutent en recherchant la fraîcheur de la hêtraie d’altitude. A cause du vent qui sévit et de la neige qui s’y amoncelle en hiver, il s’agit d’une hêtraie avec des arbres à la taille plutôt réduite qu’ici on appelle « forêt bonsaï ». C’est ici aussi que l’incommensurable G.R.5 montant du Massif du Rossberg rejoint le sentier de découverte. Après cette série de petites tables de lecture en surplomb des vallées, on atteint le point culminant du ballon où une superbe table d’orientation a été érigée. Elle vous délivre les noms des principaux paysages qui, a 360°, défilent dans une magnifique ronde scénique. D’ailleurs les rondes dansantes c’est pour bientôt car nous sommes le 17 juillet et de grands bûchers ont été dressés pour le 19, jour où se dérouleront ici les Feux des Trois Provinces. Dommage pour nos « pommes » mais nous serons déjà sur le chemin du retour vers les Pyrénées-Orientales ! Comme il se doit, un de ces grands fagots a été dressé tout à côté de la statue de Notre-Dame du Ballon. Cette Vierge fut construite en 1862  pour respecter le vœu d’un fermier qui avait fait cette promesse après s’être perdu dans une tempête de neige mais qui par bonheur en avait miraculeusement réchappé. A partir de là, on amorce la descente et le retour vers la station avec ses fermes-auberges, anciennes marcairies (*) comme l’indique une dernière table de lecture. La balade tire à sa fin et elle se termine devant des stèles commémoratives. De loin, la première paraît assez surprenante avec trois colonnes s’élevant vers le ciel auxquelles un homme nu a été fixé tête en bas et jambes en l’air. On comprend mieux cette allégorie dès lors que l’on sait que cette statue a été élevée à la mémoire de démineurs. En effet, à la fin de la seconde guerre mondiale, de nombreux jeunes ont laissé leur vie au cours d’opérations de déminage, contribuant ainsi à la libération du Territoire de Belfort. La deuxième stèle est plus simple et rend hommage au grand champion cycliste René Pottier qui en 1905 et 1906 s’illustra dans le Tour de France et notamment ici, lors de l’ascension du Ballon d’Alsace. Ainsi se termine cette jolie petite boucle de 4 kilomètres….non pas au plus au sommet du massif vosgien comme l’affirmait par erreur le Marquis de Pezay en 1770 mais au plus méridional et seulement le vingtième en altitude avec ses 1.247 mètres.

    (*) Marcairies : exploitations agricoles du massif vosgien dans lesquelles les vaches laitières sont élevées pour la production du fromage « munster ». Leur nom vient de l’alsacien "malker" dérivé de l’allemand "‘melker", signifiant « celui qui trait les vaches ». Il y a plus de 1000 ans, les marcaires (exploitants) défrichèrent les forêts d’altitude créant ainsi de vastes zones de pâturage appelées hautes chaumes.  Composées presque essentiellement de landes, de pelouses et parfois de tourbières, les hautes chaumes permettent aux bêtes de paître ces zones largement herbacées naturellement.

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