• « Eh ben, casse-toi pauv’con ! »

     CASSE-TOI-PAUV-CON

     

    Même si rien n’est encore joué quant aux résultats de la prochaine élection présidentielle, j’en connais un (façon de parler bien sûr car je ne le connais pas !) qui doit se satisfaire de voir Nicolas Sarkosy à la peine dans tous les sondages qui donnent systématiquement François Hollande comme vainqueur à quelques semaines du premier tour. Cet homme, je dirais presque ce personnage, s’il n’avait pas remarquablement conservé son anonymat (*), ce qui, il faut l’avouer, tient du miracle dans notre époque surmédiatisée, c’est celui qui, au Salon de l’Agriculture 2008, avait eu le culot monstre de refuser la main tendue de notre Président lui rétorquant : « Ah non, touche-moi pas ! Tu me salis ! ». Ce en quoi, Nicolas Sarkosy lui avait répondu du tac au tac, cette fameuse réplique qui a depuis fait le buzz sur le Net et le tour du monde des millions de fois : « Eh ben, casse-toi pauv’con ! ». Ces quelques mots sont devenus si célèbres qu’ils figurent déjà dans la fameuse encyclopédie Wikipédia et je suis convaincu qu’ils resteront dans l’Histoire au même titre que d’autres « bons mots » illustres tels que ceux de :

    Jésus : « Il faut rendre à César ce qui appartient à César ».

    Jacques Cœur : « A cœur vaillant, rien d’impossible ».

    Henri IV : « Ralliez-vous à mon panache blanc ».

    Sully : « Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France »

    Louis XIV : « L’Etat, c’est moi  »

    Mac Mahon : « Que d’eau ! Que d’eau » ou « J’y suis, j’y reste ».

    Charles de Gaulle : « La France a perdu une bataille ! Mais la France n'a pas perdu la guerre »!"

    Etc.….

    Cette phrase est certes moins glorieuse que certaines citées ci-dessus mais j’en suis sûr, on l’évoquera encore dans plusieurs siècles et ce qui est ennuyeux c’est que quelque part, elle restera gravée comme le reflet assez affligeant de celui qui l’a prononcée, celle d’un homme plutôt arrogant et en tous cas manquant de maîtrise de lui-même.

    Je ne vais épiloguer sur cette réplique, certains la trouveront cohérente d’autres déplacée de la part d’un Président de la République mais il est fort possible que cette dernière se retourne bientôt contre celui qui l’avait prononcée ce 23 février 2008. En tous cas, pour moi, c’est clair, je l’espère mais comme j’ai reçu une bonne éducation, je vais rester poli et respectueux.

    Comme des milliers de français, j’ai été déçu par la politique menée par Nicolas Sarkosy pendant ces cinq années. Il faut le reconnaître ce n’était sans doute pas la meilleure période pour gouverner efficacement mais quand on nous parle de crise à longueur d’années, inévitablement on est en droit de se poser quelques questions et notamment les suivantes : «  Qui  a-t-elle concernée cette crise ? » « Le monde de la finance ? » « Qui ne s’en n’est pas remis en cinq ans ? » «  « Tout le monde ? » « Y compris les plus riches ? » « N’aurait-on pas du en premier les faire participer à un effort de solidarité ? ». Les réponses sont presque évidentes tant les médias ne cessent de nous rabattre les oreilles avec les excès de ce capitalisme et de ce système financier sans vergogne !  Non, rien de tout ça n’a changé bien au contraire et Nicolas Sarkosy s’est complu à s’acoquiner avec les plus riches de notre pays (Proglio, Lagardère, Bouygues, Pinault, Dassault, Bolloré,Arnaud, Bettencourt, de Rothschild, voilà ses vrais amis sans parler des banquiers et consorts) et pendant ce temps, il n’a fait que démonter ce que les gouvernements de l’après-guerre avaient construit de mieux et de meilleurs pour créer un Etat-providence que le monde entier nous enviait : santé, protection sociale, retraite à 60 ans, éducation, justice, etc.…. Si tout a commencé à se déliter en quelques décennies, Sarkosy n’a fait qu’amplifier le phénomène sur ces cinq années où il a régné en maître absolu mais paradoxe, il a, dans le même temps, creusé le déficit de la France comme aucun autre Président ne l’avait fait avant lui. Pour quel résultat pour les plus humbles des français ? Bien sûr, je suis conscient que dans le contexte actuel des mutations importantes sont et seront encore inévitables mais Nicolas Sarkosy a oublié que celles-ci devaient s’inscrire dans une meilleure répartition et distribution des richesses.  Ça c’est sûr, cet aspect-là des choses, il l’a complètement oublié, car les inégalités se sont creusées, le chômage a augmenté et les Restos du Cœur n’ont jamais autant œuvré pour des gens démunis de plus en plus nombreux ! Mais au-delà de sa politique, c’est surtout son attitude, sa posture, sa suffisance qui m’ont choquées et tapées sur les nerfs. En 2007, nous avons été de nombreux français à croire en ses promesses mais quelque part nous n’avions pas voté pour avoir un « super président » menant un politique en solitaire, qui plus est en faveur des plus riches, nous n’avions pas voté pour quelqu’un qui enverrait nos soldats se faire tuer en Afghanistan, nous n’avions pas voté pour quelqu’un qui n’a jamais accepté la contradiction même quand elle était formulée par des gens très censés de son propre camp, nous n’avions pas voté pour quelqu’un qui recevrait Kadhafi en grandes pompes, nous n’avions pas voté pour quelqu’un qui resterait aveugle au danger que représente le nucléaire, etc…. Non, nous avions voté pour quelqu’un qui avait promis qu’il ne toucherait pas aux retraites sauf à celles bien trop avantageuses de certains fonctionnaires et autres professions largement privilégiées, nous avions voté pour quelqu’un qui avait promis une sauvegarde et même une progression du pouvoir d’achat, nous avions voté pour quelqu’un qui devait lutter contre l’hégémonie des grandes surfaces, nous avions voté pour quelqu’un qui devait démanteler les paradis fiscaux, nous avions voté pour quelqu’un qui devait améliorer la sécurité et la justice des français, nous avions voté pour quelqu’un qui devait lutter contre les injustices et les inégalités, nous avions voté pour quelqu’un qui promettait de se battre contre la délocalisation de nos emplois, nous avions voté pour quelqu’un qui se faisait fort de conserver nos emplois industriels, nous avions voté pour quelqu’un qui avait promis de trouver des solutions pour nos vieux dépendants….etc…. Non, c’est sûr, nous n’avions pas voté pour que Sarkosy nous traite comme des « pauv’cons »….

    Mais attention, à y regarder de plus près, nous ne sommes pas si nombreux que ça à penser  ainsi ! Rien n’est encore joué et à l’heure où je publie cet article, Nicolas Sarkosy est à 27% dans les sondages c'est-à-dire à quatre petits points de son résultat du premier tour de 2007 où 31,18 % des électeurs avaient voté pour lui. Alors attention, ne faites pas les cons comme j’ai pu le faire moi-même il y a bientôt cinq ans…ce en quoi, il serait en droit de nous traiter encore une de fois de « pauv’cons » et là, il aurait cette fois toute la légitimité pour le faire…

    Dans la bouche de Sarkosy, il y a une phrase qui revient souvent presque comme une leitmotiv : « les français ont des droits mais ils ont aussi des devoirs ! »

    Alors, c’est vrai, j’ai eu le droit d’être un « pauv’con » une fois mais désormais j’ai le devoir de ne pas l’être une seconde fois…..

     

    (*) Selon certaines sources, cet homme que Sarkosy aurait traité de « pauv’con » serait le musicien Michel Farinet. Lui continue de s’en défendre. D’autres, on tentait de prendre la place de cet homme énigmatique pour faire de l’argent comme un certain Fernand Buron qui serait un personnage virtuel monté de toutes pièces par un éditeur pour faire le buzz sur Internet et vendre son bouquin.

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