• Dieu n'aime pas les fonctionnaires, moi non plus ?

     

    Dieu n'aime pas les fonctionnaires, moi non plus ?

    Ceux qui lisent régulièrement mon Journal Mensuel savent que de temps à autres, je peste contre les fonctionnaires, ou plutôt et pour être juste contre certaines administrations de la Fonction Publique. Pourtant plus je vieillis et plus je constate qu’avec elles je ne suis jamais au bout de mes surprises. Dieu sait si dans ma vie professionnelle, j’ai été très souvent confronté à ces collectivités, à ces établissements publics que sont les Impôts, l’Urssaf, les Assedic ou la Caisse Primaire d’Assurance Maladie et pas toujours avec bonheur, et bien malgré ça, avec eux, l’ahurissement, la consternation, l’ébahissement sont toujours à envisager. Eh oui, c’est ainsi, la Fonction Publique continue parfois de me stupéfier quand à son absence d’organisation, quand à son manque de liaisons entre ses services, quand à ses systèmes informatiques me paraissant si peu performants et même désuets et en tous cas sans gestion efficace des ressources et des fichiers. C’est à croire, que les ingénieurs chargés de l’informatique de ces administrations n’ont jamais entendu parler d’ « informatique intégrée ». Avec ces administrations, les lois des « séries noires » ou celle dite de Murphy sont toujours à redouter. Heureusement que nous n’avons pas à faire à eux tous les jours sinon on deviendrait fous et pourtant en ce mois de janvier 2016 j’ai vécu cette criante réalité :

     

    -1er exemple : Depuis un peu plus de 2 ans, je suis trésorier d’une association. Cette association a été crée en 1978, elle ne date donc pas d’hier. Comme toutes les associations qui se respectent, à l’origine elle a été enregistrée en préfecture et au Journal Officiel. Elle dispose comme toutes les entreprises d’un numéro de SIRET, d’un code NAF ou APE, ses statuts sont régulièrement déposés en préfecture quand nécessaire, en réalité presque chaque année. L’association emploie des salariés depuis de longues années et l’unique salariée actuelle travaille depuis 2009. Elle et nous cotisons bien évidemment à l’Urssaf pour la maladie et la vieillesse et pour bien d’autres rubriques : au chômage, à la caisse de retraite complémentaire, à la prévoyance, etc…. Au mois de novembre dernier, cette salariée tombe malade pour la toute première fois. Une maladie qui a duré plus d’un mois. Souhaitant respecter au mieux la convention collective du sport qui me fait obligation de maintenir le salaire moyennant la retenue des 3 jours de carence et les indemnités journalières de la Sécurité Sociale, je lui maintiens son salaire dans sa totalité et le 1er décembre, j’envoie comme il se doit une demande d’indemnités journalières avec subrogation à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie des P.O. J’adopte cette position en me disant que j’aurais toujours le temps de lui soustraire le trop perçu. Presque deux mois plus tard, aucune nouvelle de ma demande. J’envoie deux mails successifs à la CPAM sur le site Améli. Aucune réponse malgré qu’un automate indique qu’une réponse me sera fournie sous 48 heures. Quelques jours plus tard, j’apprends de notre salariée qu’elle a bien perçu ses indemnités journalières de son autre employeur pour cette même période de maladie. Je me décide à me déplacer à la Sécurité Sociale mais pas de chance, je tombe « pile » le jour même où les employés sont en grève. 2 jours plus tard, j’y retourne. Nous sommes le 28 janvier. Après avoir patienté une grosse demi-heure, je suis enfin reçu. J’explique mon problème à un conseiller, copies des documents fournis le 1er décembre à l’appui et là, après qu’il eut regardé son écran d’ordinateur, la réponse qu’il me fait me laisse sans voix : « nous n’avons pas pu traiter votre demande d’indemnités journalières car pour nous votre association n’existe pas ! » et aussitôt il précise en rajoutant « ou du moins vous n’existiez pas jusqu’à hier». Je ne sais pas si à voir ma tête, sans doute très anéantie, il a compris mon immense désarroi et il rajoute « ce n’est qu’une question de jours et le virement de vos indemnités journalières ne va pas tarder à arriver ». Assez bêtement peut être, la première question qui me vient à l’esprit est de lui demander « pourquoi existons-nous depuis hier seulement, que sait-il passé pour cela ? » Et là, il me regarde et me demande : « vous vous êtes inscrit sur le site NET.ENTREPRISES non ? Deuxième désarroi car effectivement, en désespoir de cause et ne recevant pas de réponse, la veille j’ai inscrit l’association à ce site là, espérant en trouver une, mais non, il n’y avait rien ! C'est-à-dire que si je ne m’étais pas inscrit, ou pire, si je ne possédais pas Internet, l’association serait toujours inconnue de la CPAM, à laquelle, je vous le rappelle nous cotisons par l’intermédiaire de l’Urssaf pour cette salariée depuis 2009 et bien antérieurement plus globalement. Au delà de cette absence de liaison informatique entre les fichiers de la CPAM et ceux de l’Urssaf qui est la branche recouvrement, je suis obligé de constater qu’un gros dossier contenant une demande d’indemnités journalières, les copies de 2 arrêts de travail, 12 bulletins de salaires et un Rib n’alerte personne à la CPAM. Non, personne là-bas ne réagit à une entreprise possédant une salariée malade et un numéro de SIRET ! On laisse pourrir les situations. On s’en lave les mains et l’envoi de 2 mails pour obtenir une réponse ne change rien à l’affaire. On a dégraissé des effectifs, les dossiers s’amoncellent, pourrissent si on n’y prête pas garde et personne n’est prêt à changer les choses. Les dernières paroles du conseiller qui m’a reçu sont significatives de cet état de fait: « votre association n’est pas prioritaire dans le traitement des dossiers car il y a des urgences plus importantes que la vôtre à s’occuper ! » Tout est dit et deux mois d’attente sont paraît-il un délai normal !!!!

     

    -2eme exemple : Ma mère est décédée en novembre 2014 laissant à ses trois héritiers dont moi, un petit pécule provenant de la vente de sa maison, vente indispensable d’abord à son maintien dans un service spécialisé Alzheimer d’une maison de retraite. Elle y est restée 6 ans et ce petit pécule restant était essentiellement composé d’un compte bancaire, de livrets d’épargne et d’un contrat d’assurance-vie. En ma qualité de tuteur et sur demande du juge des tutelles, j’ai chargé un notaire du partage de cette succession. A cet instant, j’ignorais que l’assurance-vie ne serait pas traitée par le notaire, j’ai donc à ce sujet, entrepris personnellement toutes les démarches et fait le nécessaire avec la Banque Postale et le service des Impôts compétent et les droits qui étaient dus, essentiellement par mon neveu, ont été réglés en temps et en heure. Dès le décès de ma mère, j’avais écrit à tous les collectivités, à tous les organismes et bien évidemment au centre des Impôts dont elle dépendait, leur communiquant au passage tous les renseignements qui m’avaient paru utiles et notamment la situation des comptes bancaires au jour du décès. Le Centre des Impôts en question a reçu en quelques mois pas moins de quatre lettres recommandées avec accusé de réception à propos de cette succession soit pour la partie traitée par le notaire soit pour l’assurance vie. Malgré ça, il y a quelques jours, soit 17 mois après le décès, je viens de recevoir sous la forme d’un questionnaire, un demande m’informant que je n’avais pas déposer, comme il se doit, une déclaration de succession. Oh surprise bien évidemment ! En effet, le nécessaire ayant été fait pour le contrat d’assurance-vie, j’étais bien évidemment persuadé que pour le reste du partage, ça faisait partie de la mission du notaire que d’établir une déclaration de succession. Que nenni m’a répondu le notaire : « l’actif successoral de votre mère étant inférieur à 50 000 €, les héritiers en ligne directe sont dispensés du dépôt de la déclaration. Il vous suffit de compléter le formulaire joint en y portant les sommes figurant sur les comptes de votre mère au jour de son décès et de le retourner aux impôts ». C'est-à-dire que j’ai payé un notaire fort cher pensant qu’il se chargerait de toutes les déclarations fiscales et que malgré ça, je dois encore « me taper » le remplissage d’un questionnaire en y mentionnant des chiffres que j’avais déjà communiqué au Centre des Impôts en question quatre jours après que ma mère soit décédée. Outre la colère qui prédomine en cette circonstance, j’ai eu le vague sentiment de vivre en plein délire et les seules questions qui me turlupinaient sans cesse concernaient le fonctionnement général de l’Administration française : «  mais comment la France peut-elle fonctionner correctement avec si peu d’organisation ? » « Voilà où passe notre argent, on occupe des personnes inutilement, on envoie des formulaires à remplir alors qu’il suffirait d’un brin de discipline pour s’apercevoir que les renseignements ont déjà été fournis et figurent déjà au dossier ! ». Bon, ça m’a coûté un recommandé supplémentaire et voilà au moins une administration, la Poste, qui dans cette affaire y a trouvé son compte !

    Aujourd’hui, je suis dans l’attente d’une réponse à ces deux dossiers et je ne peux pas m’empêcher de me dire à quand les prochains ahurissements ? À quand les prochaines consternations ? À quand les prochains ébahissements ? Si je croyais en Dieu, je pourrais dire « Dieu seul le sait » mais je n’ai même pas ça pour me consoler ! Non seuls, les fonctionnaires le savent et encore permettez moi d’en douter !

    Et cette dernière réflexion me rappelle le titre assez marrant d’une B.D qui s’intitule « Dieu n’aime pas les fonctionnaires » de Pierre-Marie Windal et je me dis que peut être je suis un peu comme dieu, moi non plus je ne les aime pas les fonctionnaires ? Non, ce n’est pas possible, mes deux enfants sont fonctionnaires et je les aime par dessus tout ! Alors je peste et il ne me reste que ça !

    Je suis donc un peu que comme ces 66% de français, lesquels, estimaient au travers d’un sondage TNT Sofres de 2011 que l’Etat ne mettait pas suffisamment de moyens à leur disposition. Mais alors, où va l’argent de nos impôts ?

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  • Commentaires

    1
    Mardi 1er Mars 2016 à 12:08

    Bonjour Gilbert,

    Je me suis délecté de ce billet fort intéressant. Je travaille moi même dans la fonction publique hospitalière et à ce titre je vois bien où l'argent passe.

    On le dépense inutilement sur les délires de décisionnaires qui n'ont plus une once de bon sens. Tout devient prioritaire ce qui donne au final aucune priorisation.

    Seul le profit gouverne. Il faut faire de l'argent, vite, très vite, à n'importe quel prix ! Même pour un hôpital, et oui !!! Un hôpital construit sur un terrain inondable, ça ne s'invente pas et pourtant c'est la terrible vérité. Voilà l'état consternant de la France en 2016. Et l’avenir sera pire, bien pire. Alors consolons nous d'avoir vécu un age d'or révolu entre les années 1980 à 2000, car l'avenir que vont nous proposer les génies ne sachant pas écrire et compter sortant des écoles sera bien plus noir encore. Certains n'auront connu que la décadence. Heureusement qu'il nous reste la montagne pour se ressourcer.

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