• Après le vivre-ensemble, voilà le mourir-seul.

    Après le vivre-ensemble, voilà le mourir-seul.

     

    Voilà ci-dessous une petite vidéo dont je partage l'essentiel de ce qui est dit, cliquez sur le lien : 

    https://www.facebook.com/LeMediaPourTous/videos/209180473729349/


     

    Après le vivre-ensemble, voilà le mourir-seul.

    Il y a moins d’un an, en mai 2019, j’étais parti faire une longue randonnée « aux Sources de l’Agly et de la Sals », deux rivières de l’Aude. Le mot « source » avait raisonné en moi comme un appel et j’étais parti marcher encore plus heureux qu’à l’habitude. Pourtant, une fois accomplie, sous un aspect très particulier, celui destructeur de la Pyrale du buis, cette randonnée m’avait bougrement marqué, et pourquoi ne pas le dire, même très perturbé. En effet, ce jour-là, si j’avais été incommodé physiquement pas ces petites chenilles d’une couleur vert-jaune qui pendouillaient constamment des arbres au milieu des chemins, j’avais considéré que là ne résidait pas le préjudice le plus majeur, loin s’en faut. Non, bien au-delà de ce désagrément que je tentais de compenser en fouettant l’air de mon bâton de marche, c’était d’abord de voir que plus aucun buis n’avait résisté à cette minuscule chenille. Comment cela avait-t-il été possible ? Le constat était terrifiant. Plus aucun buis n’était vivant dans tout le secteur et ça sur les 18 kilomètres que j’avais parcouru ce jour-là. Connaissant bien cette région, et la présence si monumentale de cet arbuste si joli, car si luisant grâce à ses petites feuilles, je n’arrivais pas à m’imaginer qu’elle pouvait être l’ampleur de ce désastre écologique ? Par bonheur, et parce que j’avais eu la tête, les épaules et les bras amplement recouverts d'une multitude de ces chenilles, j’avais également constaté que cette Pyrale du buis n’était pas urticante pour ma peau. Oui, par chance, elle semblait inoffensive pour l’Homme et d’ailleurs, une gentille randonneuse que j’avais rencontrée, c’était chargée de « m’écheniller » de la tête aux pieds. J’avais été si troublé par tous ces arbustes morts, qu’en rentrant à la maison, je m’étais mis à lire sur Internet tout ce qui avait trait au sujet. C’est ainsi que j’appris que le joli petit papillon blanc si translucide, en provenance de Chine, aurait fait son apparition en Suisse en 2007. Puis très vite, ignorant les frontières, la Pyrale aurait envahi l’Allemagne de l’ouest, la Belgique, la France et le Luxembourg. En moins de 10 ans, elle avait envahi 32 pays européens, dévastant même les plus beaux parcs et jardins publics sans qu’aucune parade n’ait pu être trouvée par quiconque. Tous les botanistes et jardiniers de l’Europe entière s’étaient trouvés démunis. Sur Internet, il y avait tant d’articles sur cette « envahisseuse » que les lire tous avait été impossible. Oui, force est de reconnaître que je ne connaissais rien du sujet et que j’étais passé à côté de cette catastrophe écologique comme un véritable homme primitif, ignare de surcroît. Si je m’en voulais, je me disais que les médias télévisés, ceux que l’on regarde le plus souvent, n’avaient sans doute pas suffisamment parlé de ce désastre écologique ? Pourquoi ? Je suppose que le sujet n’était pas suffisamment « audimatable » !  La question restait entière : « Comment cela avait-t-il été possible alors que la Pyrale du buis était jusqu’à présent inconnue en Europe ? ». Les scientifiques soutenaient la thèse suivante : Dans les années 2000, le papillon serait arrivé de Chine par bateau grâce à des petits plants de buis vendus dans les jardineries. Afin de ne pas contrarier ce commerce mondialisé, il y aurait eu des relâchements dans les contrôles douaniers et sanitaires et de ce fait le petit intrus en aurait grandement profité. La suite, on la connaît et à ce jour, aucune solution efficace n’a encore été trouvée, même si les chercheurs semblent très nombreux à se pencher sur le sujet.

    Là où mon ignorance a eu du bon, c’est que de fil en aiguille, je suis passé de la Pyrale du buis à un sujet énormément plus vaste qui est celui des « espèces envahissantes » en général. Plantes et animaux bien sûr, mais aussi algues, champignons, bactéries, protozoaires et virus, on les appelle aussi « espèces invasives ». Et là, si j’ai beaucoup lu sur le sujet, autant l’avouer « je suis tombé très souvent sur le cul ». C’était presque toujours les mêmes scénarios : les mouvements et déplacements des populations, les transports divers et variés, le commerce mondial avec souvent comme dénominateur commun, cette rapacité à vouloir faire du fric à tout prix quel qu’en soit le tarif à payer. Pour le bénéfice de qui ? De tous un petit peu mais de beaucoup pour peu. Alors si parmi toutes ces espèces invasives, certaines s’avéraient inoffensives et d’autres carrément bénéfiques ; mais elles sont très rares ; la part la plus importante de ces envahisseurs restait négative pour la biodiversité et donc pour l’Homme. Les mots des spécialistes étaient parlants, criants même. Ils parlaient de nuisances, de nuisibles, de prolifération, de pullulations, de déséquilibres, d’agents perturbateurs, d’invasions biologiques, d’invasivité écologique. Enfin, si le sujet vous intéresse, il y a également pléthore d’articles à ce propos.

    Alors bien sûr, si j’évoque ce thème aujourd’hui, vous avez déjà compris que c’est en rapport avec le coronavirus Covid-19 qui sévit si durement. Il bouleverse la planète entière, tue des centaines de milliers de personnes, stoppe toutes les économies et nous oblige à cette période de confinement contrainte , astreignante et anxiogène. Comme nous avions laissé faire pour tout ce qui s’était passé auparavant, nous n’avons pas voulu voir arriver ce « cataclysme sanitaire » sans précédent. Quand je dis « nous », je parle de ceux qui nous gouvernent. Je parle aussi de ces 2000 milliardaires qui détiennent 90% de la richesse mondiale. Arrêter l’économie, les transports, le commerce vous n’y pensez pas ? Oui, voilà ce qu’ils ne nous disent pas en temps normal mais qu’ils pensent très fort, sauf quand la contrainte est là. Elle est là. Et comme le danger ne les épargne pas plus que nous, ils en prennent soudain conscience. 

    Je ne prendrais qu’un seul exemple de ce laisser-faire permanent : On sait depuis des années que les abeilles sont menacées par le frelon asiatique. Et que font nos pouvoirs publics ? Très peu pour ne pas dire rien. On laisse ça aux apiculteurs qui se battent comme Don Quichotte se battait contre les moulins à vents. Or ce n’est pas tout car malgré cette menace qui pèse désormais sur les abeilles, il y en a une encore bien plus grave. Depuis de très nombreuses années, des associations se battent sans relâche pour que l’on arrête l’utilisation de pesticides et plus généralement de produits phytosanitaires nocifs pour les abeilles et pour les agriculteurs aussi. En vain ! Pas plus à Bruxelles ou ailleurs, elles ne sont entendues. Les abeilles, principaux pollinisateurs de la végétation et donc de la vie disparaissent à petit feu et nos politiques laissent faire en toute connaissance de cause. On repousse constamment les échéances avec des arguments fallacieux Le commerce, l’économie, la finance et les lobbies avant tout, voilà leurs seuls leitmotivs. Comment a-t-on pu laisser l’Europe entre les mains d’un Jean-Claude Juncker, élu banquier de l‘année en 2008 ? Comment as-t-on pu confier la France à un banquier de chez Rothschild ? Comment as-t-on pu laisser la gouvernance du plus grand pays du monde les Etats-Unis à un milliardaire ? Un seul dénominateur commun pour tous ces gouvernants : la finance avant tout, quoi qu’il en coûte. Et même en pertes humaines ?

    Mais nos gouvernants ne sont pas les seuls responsables. Oui, avec ses 7 à 8 milliards d’individus, l’Homme, cet « Homo sapiens » des anthropologues, s’il ne représente pas l’espèce la plus nombreuse de la planète Terre ; certains vers, insectes et minuscules crustacés sont nettement plus nombreux ; il est de très loin le plus invasif et donc le plus perturbateur. Oui, il est celui qui influe le plus sur la Nature dont il n’a jamais vraiment compris, pour des raisons d’argent, de pouvoir, de confort, de plaisir et de bêtise humaine, qu’il en faisait partie intégrante.

    Alors si la locution « ordre établi » n’avait pas une connotation aussi sociopolitique, je dirais que l’Homme a tout fait pour que cet ordre-là disparaisse. Parfois, certains spécialistes soutiennent la thèse que les mouvements migratoires humains seraient les invasions « biologiques » les plus perturbatrices de la planète ? S’appuyant sur des postulats scientifiques que je n’ai pas étudiés en profondeur, je les laisse seuls juges, toutefois  ne suffit-il pas d’ouvrir les yeux pour voir que ce vivre-ensemble que certains prétendus humanistes vantent comme une panacée n’est trop souvent qu’un mirage ? Différences de civilisations, de cultures, de traditions, de valeurs, de confessions et de croyances, de mœurs et d’habitudes, d’alimentation,  de couleurs, destructions des habitats, et que sais-je encore perturbent tous les peuples autochtones. Ceux qui ne sont pas autochtones mais qui sont déplacés, parfois sous la contrainte, en souffrent aussi. Dans ce cas précis, si certains n’ont pas toujours décidé de leur sort ; guerres, colonisations et esclavage notamment ; l’Homme reste toujours le seul responsable.  De ce fait, cela ne change en rien le résultat final. Les difficultés de plus en plus grandissantes à s’identifier, à s’assimiler, à s’intégrer et en un mot à fusionner au sein d’un nation voire d’un simple petit groupe en sont les preuves les plus éclatantes. Les divisions sont de plus en plus nombreuses et le récent livre du politologue Jérôme Fourquet « L’Archipel français » est là pour attester de cet état de fait sur la base de statistiques indiscutables. Si on ne peut jamais rien généraliser, la France n’est pas le seul exemple de cet échec des mouvements migratoires, le Brésil, pays métissé par excellence en est un autre.

    D’ailleurs et pour compléter cette chronique, voilà quelques phrases de spécialistes qu’il faudra sans doute méditer à l’avenir :

    • « On sait que, de manière générale, un nombre élevé d'espèces natives limite les risques de grandes épidémies » Extrait de « Biodiversity series: The function of biodiversity in the ecology of vector-borne zoonotic » de Richard S Ostfeld et Felicia Keesing. 

    • « Une espèce envahissante peut affecter le fonctionnement d’un écosystème de bien des façons et à tous les niveaux. Elle est susceptible de modifier les facteurs biotiques et abiotiques du milieu, positivement, négativement, les deux, ou n’avoir aucun effet. Ces effets étant contexte dépendants, il est difficile de généraliser et donc nécessaire de s’appuyer sur des exemples ». Extrait de Wikipédia et Créative Commons.

    • « Les espèces envahissantes présentent des dynamiques de population très particulières, qui modifient parfois fortement la dynamique des agents pathogènes enzootiques, en cassant les équilibres éco épidémiologiques en place. Leur contribution à la diffusion de pathogènes et de maladies émergentes pourrait avoir été sous-estimée, tant au sein de l'humanité que pour le monde sauvage ». Extrait de « Disruption of a host-parasite system following the introduction of an exotic host species » d’un groupe de chercheurs du Researchgate

    Oui, aujourd’hui, ce Covid-19, si contagieux, balaie tous nos concepts antérieurs et le vivre-ensemble de la « pensée unique » que l’on vantait comme un slogan publicitaire soi-disant si authentique est devenu par la force des choses mais c’est très triste « le mourir-seul ».  Or, tous les historiens sont d’accord pour affirmer que les rites funéraires ont été de tout temps les signes d’une évolution des civilisations. 100.000 ans qu’ils existent ces rites et voilà qu’aujourd’hui, il aura suffi de quelques semaines pour que ceux qui partent le fassent en solitaire. Sans leur famille auprès d'eux. Sans cérémonie d'un quelconque recueillement. Vivons-nous la fin d’une civilisation ? L’avenir nous le dira. Mais sans doute faudra-t-il très sérieusement envisager d’autres modèles de sociétés, réduire les transports à leur strict minimum, favoriser tous les circuits courts, ceux économiques en particulier, se replier sur soi-même, encourager le « Made in chez soi », favoriser les produits français, arrêter de délocaliser nos entreprises, stopper la vente de nos brevets et de notre patrimoine à des étrangers, protéger la Nature, peut-être nos frontières, relancer nos industries et notre agriculture sans avoir les contraintes de traités européens ou mondiaux qui sont autant d'Epée de Damoclès sur nos têtes, etc… Enfin je ne suis pas économiste mais le bon sens devra primer. Il y aura un double gain à faire tout ça : se protéger et protéger la planète, quitte à vivre un peu moins confortablement. Rappelons-nous que Maurice Allais, prix Nobel d’économie en 1988 était déjà très critique de la mondialisation. Quant au libre-échange à tout va, il n’a jamais pensé que celui qui a cours aujourd’hui était recommandable. Il était visionnaire mais personne ne l’avait vu. C’était il y a 30, 40 ou 50 ans déjà.

    Il faudra donc espérer que le Covid-19 ne devienne pas notre "pyrale du buis" à tous et que l'on trouvera la parade que personne n'a encore trouvée pour elle. L'avenir de l'humanité en dépend peut-être. 

    « La Boucle des Etangs du Carlit depuis Les Bouillouses.Le Sentier du Vigneron depuis Leucate-Village. »

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 22 Avril 2020 à 18:02

    Tout à fait d'accord, mon seul souci, enfin c'est une façon de parler, est que j'ai peur que majoritairement les personnes n'aient pas vraiment saisi la leçon que nous avons reçue et que nous vivons encore. Un MacDo ouvre son drive et des kilomètres de bouchon de forment ! Cela fait quand même peur, bon je vais positiver et continuer à rêver à mes randos préférées ! sniff

    Merci pour le partage en tout cas

     
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