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Allo ! Le 22 à Fresnes ?
Ce mois-ci, dans Mon Journal Mensuel, j’ai voulu parodier Fernand Raynaud et son célèbre sketch « le 22 à Asnières » et j’ai donné le titre de « Allo ! Le 22 à Fresnes ?…… » à mon article. Les cités ne sont guère éloignées l’une de l’autre. Bon, j’aurais pu écrire « Allo ! Le 22 aux Baumettes ? ». Je m’en explique.
Initialement, j’avais pourtant prévu un article très personnel. Il avait trait à une tranche de ma jeunesse. Une tranche de vie sur laquelle j’avais déjà pas mal bossé. Puis, le 5 janvier, chez Bourdin, sur BFM TV, il y a eu cette annonce de la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, d’installer des téléphones fixes dans la plupart des cellules des prisons françaises. Le but avoué ? Les bras m’en sont tombés ! « Lutter contre le trafic des portables en prison » car très clairement avec des lois votées antérieurement supprimant les fouilles systématiques, nous ne sommes plus capables de contrôler ce qui se passe dans nos propres prisons. Et là, je me suis dit « Non ! Alors que la délinquance ne cesse de s’amplifier et avec elle l’insécurité, je ne peux pas laisser passer ça et ne pas réagir à cette nouvelle absurdité, après toutes celles que l’on a déjà connues dans le milieu pénitentiaire ». Je me souvenais notamment d’une interview toute récente du criminologue Xavier Raufer qui disait que « le pire des bazars règne dans les prisons françaises » et arguments et preuves à l’appui, il dressait un état des lieux édifiant et très alarmant du milieu carcéral français (Boulevard Voltaire du 17 octobre 2017). En voici le lien.
Alors bien sûr, si le premier but avoué est de lutter contre le trafic des portables et les risques qu’ils représentent entre les mains de gens peu scrupuleux voire très dangereux ; 33.000 avaient été saisis en 2016 et 19.000 au premier semestre 2017 ; la ministre s’est empressée de rassurer l’opinion publique et de rectifier le tir en vantant tout un tas de mérites à cette initiative, précisant qu’un test positif avait été réalisé dans la prison de Montmédy. Elle assura que le juge déciderait des quelques numéros pouvant être joints par les détenus et comme Bourdin n’était pas très « féroce » ce jour-là, on en est quasiment resté là. Il y aurait moins de portables saisis. Mais le juge et la ministre pourront-ils s’assurer de l’interlocuteur à l’autre bout du fil. La réponse est clairement « NON ! ». Les autres buts recherchés étant bien sûr de lutter contre la récidive, de favoriser la réinsertion et de diminuer les suicides en faisant en sorte que les détenus gardent des liens plus étroits avec leur famille. Tout un tas de bonnes choses bien sûr mais dans la même lignée que toutes les autres tentatives permissives précédentes qui se sont soldés pas des échecs cuisants : arrêts systématiques des fouilles, suppression des peines planchers, bracelets électroniques, humanisation de la justice pénale et limitation des peines de prison chères à Taubira, j’en passe et des meilleures et le nombre de condamnations s’est envolé ! Pourquoi ? Tout simplement parce que 98 % de la population carcérale française n’est pas apte à appréhender les efforts qui sont faits en sa faveur. Cette population est composée pour l’essentiel d’hommes (90%), dont près de la moitié ont moins de 30 ans, venant de milieux dits « défavorisés », issus souvent de fratries très nombreuses, étrangers dans plus de 2O% des cas, ou bien français de naissance mais d’origine étrangère relativement récente, africaine pour la plupart d’entre eux, de confession non chrétienne, arrêtant leur scolarité très tôt, n’ayant jamais eu d’emplois, délinquants depuis leur plus jeune âge et donc déjà multirécidivistes car les vols et les trafics en tous genres sont leur gagne-pain quotidien. Souvenons-nous que ces trafics ; et celui de la drogue notamment, mais pas que, car il y a aussi les cigarettes, l’alcool, les armes, les recels divers et variés, le travail au noir, la prostitution ; constituent une économie souterraine se chiffrant en plusieurs milliards d’euros. En Europe, et la France n'est pas exclue, la plupart des organismes économiques européens l’estiment à au moins 10% du P.I.B d'un pays. Ajoutons à cela que la part des personnes condamnées pour vol d’origine étrangère connaît un accroissement annuel exponentiel en raison même d’une immigration galopante et l’on comprend mieux pourquoi toutes les mesures prises du même style se sont avérées être inefficaces. Quand on sait le parcours qu’il faut avoir emprunté pour se retrouver en prison, que plus de 100.000 condamnations annuelles attendent leur exécution, je vois mal comment un simple téléphone dans une cellule pourrait résoudre le début de ce problème incommensurable qui va s’amplifiant au fil des ans. Je dirais même qu’il va sans doute devenir un « bâton supplémentaire pour se faire battre ». Une seule chose intéresse les détenus, sortir au plus vite de prison et si le téléphone fixe peut les y aider, ils l'utiliseront surtout à cette fin.
Alors bien sûr, je le vois d’ici et certains me diront comment je peux affirmer tout ça. Tout ça on le sait, les autorités policières, judiciaires, pénitentiaires, sociales et statistiques le savent, les municipalités le savent, tous les médias le savent, peu le disent ou l’écrivent mais en creusant un peu, on finit par se faire une opinion raisonnable, opinion soit dit en passant qui est d’une logique et d’une évidence implacable quand on s’intéresse aux problèmes liés à l’insécurité. Je dirais presque que tout ça est devenue une « lapalissade », un secret de Polichinelle et seuls nos gouvernants et quelques médias de la « pensée unique », toujours prompts à être des « bisounours » ; et à vouloir qu’on le soit aussi ; voudraient nous faire croire le contraire.
Moi, je ne vois qu’une chose à cette idée d’installer des téléphones fixes dans les cellules, c’est qu’une fois encore, nos gouvernants veulent faire participer aux solutions ceux-là mêmes qui ont engendrés les problèmes, allant à l’encontre du simple bon sens que le génial Albert Einstein avait dit plus simplement : «On ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés ! ». N’est-ce pas utopique que de vouloir rendre la vie plus douce en prison à des gens qui ne la comprennent pas, ne l’appréhendent pas, ne la méritent pas et qui de surcroît n’essaient pas de l’avoir quand ils sont dehors ? Ils n'ont pas intérêt à tout ça tout bonnement ! Mais ces téléphones, il va falloir les payer malgré tout et sans doute au détriment de solutions plus efficaces tardant à venir, comme des places de prisons supplémentaires par exemple.
Pour la plupart d’entre-eux, ces détenus n’ont-ils pas eu un jour ou l’autre les mêmes chances de s’en sortir que les autres ? Peut-être pas pour certains étrangers, mais en tous cas, je reste persuadé qu’ils sont très nombreux à l’avoir eue. Quand aux délinquants étrangers, sommes-nous obligés de les garder sur le sol français ou dans nos prisons. Rappelons-nous que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel (attentat de Nice) et Ahmed Hanachi (attentat de la gare St-Charles à Marseille) étaient tous deux tunisiens et déjà condamnés pour des antécédents judiciaires. Force est d’admettre que nous n’avons pas su les gérer et on connaît trop bien les tristes constats de ces échecs. Ce ne sont pas les seuls cas car malheureusement et très souvent, les délinquants ont une double nationalité. Les déchoir de la nationalité française n'en ferait pas des apatrides comme on l'entend souvent dire. Ils retrouveraient leur nationalité d'origine tout simplement. Quoi de plus normal pour des individus qui utilisent la France sans jamais la respecter ? Du simple bon sens une fois encore.
Je rappelle que pour 2018, le budget consacré à l’Education Nationale a été prévu pour 50,8 milliards d’euros auquel on peut y ajouter les 500 millions dédiés à la Jeunesse et à la vie associative. Le budget consacré à la Justice sera de 7 milliards dont 732 milliards à l’administration pénitentiaire. Quand au budget de la Cohésion des territoires, anciennement "Politique de la Ville", il devrait s’élever à 17,2 milliards et l’on sait que ce budget est le plus souvent réservé à l’amélioration des quartiers difficiles. Depuis 40 ans, l’Etat a consacré des milliards et des milliards à ces quartiers. Pour quels résultats ? D’une poignée de bidonvilles dans les années 50/60 et essentiellement dans les grandes villes, nous sommes passées à des milliers de zones dites « sensibles » dans toute la France, 1.300 selon certains médias, les zones dites de non-droit ayant suivi la même trajectoire. Dans ces quartiers, la pauvreté s’est accrue et avec elle, les incivilités, l’insécurité et la criminalité. Les gens qui voudraient y vivre tranquilles n'en peuvent plus d'être pris en otage par des caïds qui font régner la terreur. On pourra mégoter sur telles ou telles réformes, sur telles ou telles méthodes mais les efforts gouvernementaux ont été et sont encore colossaux afin que notre jeunesse réussisse et dès la maternelle, les chances sont offertes à tous pour cela. L’emploi dépendant grandement de l’éducation et de la formation qui a été suivie, une immense partie de la jeunesse pointant au chômage est la même que celle qui passe par les cases « tribunal pour enfants » puis « cour d’assises pour enfants » puis par les tribunaux pour adultes. N’importe quel policier vous dira que la plupart du temps, il se retrouve toujours confronté aux mêmes énergumènes. Avec des remises de peines systématiques, les arrêter est devenu un travail sans fin !
Malgré tous ces efforts que l'on paie au travers de nos impôts, creusant ainsi une dette toujours plus abyssale, la France reste championne d’Europe de la délinquance et si l’on additionne les vols avec armes et les vols avec violence, voilà ce que ça donne par rapport à quelques pays voisins. Les chiffres sont un peu anciens mais je doute que les choses se soient améliorées sous Hollande, Valls, Taubira et consorts. Quand à Macron, on s'aperçoit qu'il suit les mêmes voies laxistes.
Pays
Chiffres 2012
Chiffres 2014
Allemagne
48 711
45 475
France
123 814
114 093
Royaume-Uni
68 028
52 795
Italie
62 641
58 345
Source Eurostat – Chiffres extraits de Wikipédia.
En France, sachant pertinemment que tous les chiffres statistiques policiers sont toujours bidouillés à la baisse alors autant vous dire que dans la réalité nous ne sommes pas prêts de tomber de la plus haute marche du podium……et ce n’est sans doute pas le téléphone fixe dans les cellules qui changera quelque chose à l’affaire……Je le regrette déjà….Avant même leur installation……Il y a donc d’autres solutions à rechercher….plus « radicales » probablement……un mot souvent employé pour qualifier la manière d’être de certains détenus. Ne faudrait-il pas enfin se défendre avec les mêmes qualificatifs ? Du bon sens, Einstein en avait ! Pas nos hommes politiques !
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Tags : prison, téléphone fixe, belloubet, taubira, détenus, détention, justice, condamnation, délinquance, criminalité
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Commentaires
Bonjour Gilbert, Aïe !!! Vous avez choisi un sujet sensible pour débuter l'année... Bien que travailleur social donc pour le maintient des liens familiaux et sociaux, je suis en colère et contre cette mesure d'installer un téléphone fixe dans chaque cellule. S'il est vrai qu'il est dénoncé dans nos prisons un inconfort, un manque d'intimité, et des conditions parfois inacceptables dues à la surpopulation, il me semble important de ne pas perdre de vue que les détenus sont là pour purger leur peine. Les conditions d'accueil doivent rester correctes et dignes mais ne doivent en rien ressembler à une chambre d’hôtel tout confort.
Bien amicalement
Martine