• Lâcheté, inégalité, hostilité

    Une fois n’est pas coutume, je n’ai pas écrit la chronique de Mon Journal Mensuel de ce mois de septembre mais j’ai repris textuellement un article de Boulevard Voltaire écrit par le journaliste Marc Baudriller et paru dans le numéro 37 de septembre de « Florilège » . Il s’intitule « Le drame d’Alban Gervaise, révélateur d’une grande lâcheté française ». Je le partage totalement mais je voudrais simplement rajouter que tout le monde a  entendu parler de Samuel Paty, du père Hamel et de Mohammed Merah mais sans doute beaucoup moins d'Alban Gervaise. Ces 3 noms et les histoires dramatiques qui leur sont liées, vous les trouverez très facilement dans la célèbre encyclopédie universelle web « Wikipédia ». Dans l’immédiat, le nom « Alban Gervaise » et son assassinat, vous ne les trouverez dans aucune encyclopédie et je crains qu’ils ne passent jamais à la postérité ! Pourquoi ?  Parce que « l’acte terroriste » n’a pas été retenu. Parce qu’à quelques jours des législatives et avec le bilan « sécuritaire » et « judiciaire » désastreux de Macron et consorts, ce n’était pas le bon moment d’évoquer un attentat terroriste ?  Pourtant, cet homme-là a été tué dans des circonstances quasi-similaires à celles de Samuel Paty et du père Hamel. De plus, comme certaines victimes de Mohammed Merah, il a trouvé la mort devant les portes d’une école ; alors qu’il allait chercher ces enfants ; où il a été sauvagement poignardé par un autre «Mohamed L. » prétendant agir « au nom de Dieu ». Vous voyez une différence avec bien d'autres attentats ? Moi non ! Du coup, il n’a eu droit qu’à un simple hommage militaire puisqu’il était médecin dans l’armée et rien de plus ? Pas de cour des Invalides et pas de cérémonie présidée par Emmanuel Macron ! Un simple fait divers ! Affligeant !

    Oui, je partage l’article du journaliste Marc Baudriller (sauf que je mettrais sa seconde raison en exergue avant la première) que voici ci-après et que vous pouvez retrouver sur le site de Boulevard Voltaire avec ce lien ou bien un résumé sur cette vidéo.

    « Alban Gervaise a été inhumé très discrètement, mardi 7 juin à Marseille, dans le cadre de la stricte intimité familiale. Le sort de ce médecin militaire, père de famille, catholique, égorgé devant deux de ses enfants de 3 et 7 ans, n’a pas ému les médias. CNewsLe FigaroBoulevard Voltaire, sous la plume de Gabrielle CluzelValeurs actuellesCauseurTribune juive, entre autres, en ont parlé, mais ce drame indicible n’a pas atteint nos grandes chaînes. Et très peu de responsables politiques se sont exprimés. Cette discrétion, ce silence médiatico-politique tranchent avec la mobilisation générale qu’avait soulevé l’assassinat du père Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, ou de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine. Certes, le mobile terroriste n'a pas été retenu par la police et la justice pour le meurtre du médecin militaire : restent tout de même le couteau, les mots religieux prononcés par le tueur, les circonstances du meurtre. Rien à dire de tout cela ? Il y a donc meurtre et meurtre, victime et victime.

    Ce silence a de quoi surprendre. Il tient à au moins trois (mauvaises) raisons. D’abord, jusqu’ici, on a fait des victimes de l’islamisme des symboles. Le père Hamel fut le symbole de l’Église et de l’homme de Dieu défiés, Samuel Paty celui de la laïcité et de l’enseignement. Les victimes des attentats de Toulouse et de Montauban ont symbolisé l’armée et la communauté juive. Tous les médias s’étaient alors émus de la sauvagerie qui frappait la France.

    Cette fois, on peine à trouver les symboles pour parler de ce crime odieux. Le crime est nu. Alban Gervaise appartenait certes à la grande muette, mais il était venu incognito chercher ses enfants à l’école, comme d’innombrables parents le font chaque jour. C’est évident : le sort d’Alban Gervaise peut ainsi rattraper n’importe quel Français, aujourd’hui, demain, n’importe où dans l’Hexagone et n’importe quand. Le constat a de quoi angoisser et pourtant, la vérité s’impose. Le couteau du tueur frappe au hasard. Toutes ces victimes étaient innocentes, mais désormais, les symboles manquent : Alban Gervaise était au mauvais endroit, au mauvais moment. Qui sera à sa place demain ?

    Deuxième mauvaise raison de cet insupportable silence, la période. Ce n’est pas le moment, pour nos médias, « d’agiter les peurs », comme ils disent. Ce n’est pas non plus le moment, à quelques jours des législatives, de regarder en face le terrible bilan sécuritaire de nos politiques. On craint des conséquences sur le vote. Et si jamais ce drame faisait « le jeu » de l’extrême droite ! Mais le métier de nos responsables politiques est de gérer la France, de garantir la sécurité des Français. Celui de nos médias consiste à informer, pas à cacher l’information, pas non plus à calculer le meilleur moment pour informer en fonction des intérêts de telle ou telle liste. Cette deuxième raison en dit long sur une faillite française et sur ses complices, un refus de regarder en face les défis du pays. Troisième mauvaise raison du silence, et c’est sans doute la pire : l’accoutumance. Quelle est la part de renoncement dans le silence qui accompagne la dépouille d’Alban Gervaise ? Nous nous sommes habitués, nous tolérons ce mensonge par omission. Le même drame aurait occupé tous les médias des semaines durant, voilà dix ans. Nos médias ont préféré verser dans la polémique déclenchée par la phrase insensée de Mélenchon qui aura un jour sa statue parmi les démolisseurs du pays : « la police tue ». L’inconséquence et le mensonge tuent bien davantage.

    Ce meurtre porte pourtant lui aussi un symbole : celui de l’immense lâcheté de la France, de ses responsables politiques, de ses élus et de ses médias vis à vis de cette menace. Il faut croire que ce symbole-là gène aux entournures... »

    Oui, je crois qu’il est temps de changer notre devise républicaine « Liberté, égalité, fraternité » sur tous les frontons de nos bâtiments pour la changer en « Lâcheté, inégalité, hostilité ». D’ailleurs, sommes-nous toujours une république ?


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