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Mes cours de récré.

Publié le par gibirando

Bon nombre d’écrivains, bon nombre de philosophes ont estimé que « la vie était un jeu ». Si je peux faire mienne cette expression, je préfère dire que ma vie a toujours été une grande cour de récré. Je connais des êtres humains qui ont eu des jeux bien différents des miens mais qui ont joué autant que moi, d’autres qui ont très peu joué, d’autres qui n’ont jamais joué du tout et enfin il y en certains qui ont été le jouet d’une tierce personne. Quelle tristesse pour tous ceux qui n’ont jamais trouvé une cour de récré à leur taille ou à leur goût ! Quelle tristesse pour tous ceux qui ont toujours pris la vie trop au sérieux ! Quelle tristesse d’avoir été sous l’emprise de quelqu’un d’autre ! Quelle tristesse pour toux ceux qui n’ont pas réussi à faire ce qu’ils auraient aimé faire !

(Toutes les photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois pour certaines pour un plein écran.)

Mes cours de récré. 

A l'école primaire, la grosseur du sac de billes était une manière de s'affirmer vis à vis des autres écoliers. Pour moi, les billes avaient plus d'importance que les notes.....mais j'avais tort !

Moi, mes cours de récré ; car il y en a eu plusieurs ; se sont succédées les unes aux autres toujours très naturellement. Certaines sont venues à moi spontanément, d’autres je me les suis inventées de toutes pièces. Voilà les principales ci-après :

Mes cours de récré.

A la maternelle, je joue du gros tambour avec l'orchestre que la maîtresse a constitué.

  • La première se trouvait bien évidemment à l’école. Enfant ou adolescent, comme je n’aimais guère l’école ou tout du moins que je n’y trouvais que peu d’intérêt, le principal attrait que je trouvais à y aller était la récréation. Là, dans la cour éponyme, j’y ai toujours été à mon aise. J’y ai toujours trouvé des occupations qui me plaisaient. A la maternelle, le jeu le plus prisé était la marelle mais il est vrai que la classe était mixte et qu’elle était bien adaptée aux deux sexes. Je m’en suis vite lassé peu doué que j’étais pour le cloche-pied. Par contre, j'adorais le temps que nous passions à répéter avec l'orchestre que la maîtresse avait créé et ce d'autant qu'elle m'avait alloué le gros tambour. Avait-elle compris que j'avais plus besoin de me défouler que les autres ? Au primaire, il y a eu la période osselets, puis celle un peu plus longue des jeux de billes où j’avais une certaine fierté à voir mon sac grossir au fil des mois et des trimestres. Ce qui ne réjouissait pas mes parents qui auraient préféré voir grossir mes notes  ! Puis au collège, la bille a été remplacée par un jeu qu’un ami à moi avait inventé et que nous avions appelé « l’araignée » (*). Les ballons et même les balles de tennis étant interdites dans la cour et sous le préau, nous étions suffisamment inventifs pour déroger à cette règle sans pour autant être frustrés en jouant à ce jeu constitué essentiellement d’élastiques entrelacées. De la 6eme à la 4eme, cette « araignée » a très agréablement remplacé tous les jeux de balles possibles. Une fois au lycée, les terrains de hand où nous jouions au foot ont immédiatement et naturellement remplacé la classique cour de récréation. Les petites cages où nous étions heureux de marquer des buts étaient là pour satisfaire notre envie de ressembler aux grands champions que nous aimions et qui avaient pour noms Pelé, Fontaine, Kopa, PiantoniPuskas ou Di Stefano puis un peu plus tard Skoblar, Magnusson, Bosquier, Carnus, HerbinEusébio ou George Best et j’en oublie bien sûr. Je ne me souviens pas m’être ennuyé une seule fois en récréation au cours de toutes ces années, par contre, je me souviens avoir souvent pesté quand la sonnerie d’appel vers la reprise de la classe retentissait, tant je trouvais ce laps de temps toujours bien trop court. C’est là dans ces différentes cours, mais également chez moi et dans ma rue, que j’ai appris à jouer au foot et au volley car il n’y avait rien de tel que « l’araignée » pour savoir jongler et devenir très adroit. Oui, je me souviens de ces temps-là avec nostalgie tant j’ai toujours partagé ces mêmes passions avec de très nombreux copains, copains qui bien évidemment ont changé au fil de mon âge et de mes changements d’écoles.

Mes cours de récré.

La fameuse "araignée" telle que je viens d'essayer de la refaire avec quelques élastiques. A l'époque, celle avec laquelle nous jouions était rouge ou noire parfois des deux couleurs, plus touffue et donc plus volumineuse car nous y mettions beaucoup plus d'élastiques plus longues.

  • Puis quand l’école a fini, le service militaire à la base aérienne de Solenzara en Corse a pris le relais. Là encore ; un peu par chance il est vrai ; je m’y suis beaucoup amusé. D’abord il y avait la plage pour satisfaire ma passion pour la mer, ainsi qu’un cadre sauvage car entouré de garrigues et de marais où je me passais une grande partie de mon temps libre. Or du temps libre, à Solenzara j’en avais beaucoup. Mais si ce décor extérieur était une cour de récré, j’en avais une autre plus intériorisée. Travaillant à mi-temps à l’encadrement,  c’est-à-dire dans le service qui gérait et rédigeait les permissions, j’avais fait de ce petit bout de papier à obtenir de mes supérieurs, l’alpha et l’oméga de mes matinées au travail. Le but ? Obtenir un maximum de permissions sans tricher ou donner à personne l’impression que je pouvais tricher. Ce sentiment de triche, je ne l’ai d’ailleurs jamais eu. Il est vrai que j’avais un chef de service ; adjudant-chef de son état, qui était toujours très cool, compréhensif et super gentil avec tous ses subalternes. Je garde de cet homme un souvenir inaltérable tant il était un mec bien à tous les points de vue. Nous étions devenus si proches qu’il m’avait invité chez lui voulant à tous prix me présenter sa femme et ses deux jeunes enfants. Oui, nous étions devenus de véritables amis.  Oui, pour bien jouer, il faut parfois avoir cette chance de tomber sur une « bonne » personne. J’ai eu cette chance là à l’armée. Il ne me demandait qu’une seule chose, que le travail soit bien fait et dans les temps, ce qui ne me posait aucun problème tant mon job était simple et pas éreintant pour un sou. Les après-midi, j’avais presque toujours quartier-libre et le plus souvent, je partais errer dans la garrigue ou bien à la plage pour des bains de mer ou de soleil sauf quand je devais aider le fourrier à distribuer les draps dans les bâtiments des officiers et des sous-off ; ce qui était moins drôle je l’avoue.  Ce jeu à obtenir des « permes », je l’ai réussi au-delà de mes espérances car outre la quasi-totalité des week-end que j’ai réussi à passer chez moi à Marseille, j’ai eu le bonheur d’accumuler un total de plus de 2 mois de permissions en juillet et en août !  Soit avec les 48 et les 72h des week-end,  un total de presque 140 jours de permissions pour une année de service ! Un record si j’en crois le colonel de la base qui m’avait convoqué dans son bureau à une semaine de la quille, non pas pour cette raison, mais justement pour le port d’une grosse quille en bois autour du cou et portée « incongrument » dans le réfectoire et devant les yeux ébahis d’un lieutenant de service. Analysant mes absences, « comment avez-vous fait pour avoir autant de permissions ? » m’avait-il demandé d’emblée. Là, grâce à un petit calepin où j’avais tout noté, j’ai joué le jeu de la vérité. C’est ainsi que je lui ai dit qu’il y avait un note interne qui précisait qu’en effectuant un 50 mètres en nage libre, cela permettait d’obtenir 2 jours supplémantaires de permission. La note ne précisait rien de plus. Autant dire qu’à l’armée, j’ai beaucoup nagé et au moins 2 à 3 fois par semaine dans la piscine de la base ! La deuxième raison était moins glorieuse à raconter, mais argumentation à l’appui,  je la lui ai raconté quand même puisque je n’avais pas triché et que je suis toujours parti avec l’accord de mon supérieur principal. C’est ainsi que je lui ai dit que j’avais profité que mon collègue du bureau avait rompu avec sa copine, qu’il n’avait plus du tout le moral et l’envie de partir en permission et qu’il avait accepté que je prenne sa place pendant un mois, ce que mon supérieur avait accepté puisque le service n’était aucunement désorganisé. Pour mieux faire passer cette « pilule », j’avais également prétexté que mon père avait eu un accident de voiture et un genou cassé , ce qui d’ailleurs était vrai. Le colonel accepta-t-il ma grande franchise ? J’en ai eu le sentiment. En tous cas, il ne pipa mot à ce sujet, prit connaissance de mon calepin, accepta mes dires et se contenta de me donner un blâme pour « port inconvenant »  de la quille au réfectoire. Dès le lendemain, il fit passer une note interne indiquant que les 2 jours supplémentaires pour un 50 mètres nage libre n’étaient pas cumulables et que ça serait 2 jours par année de service seulement.  Ainsi se termina mon service militaire à Solenzara où je suppose que plus personne ne put « exagérer » en nageant des 50 mètres comme je l’avais fait. Oui, je me suis beaucoup amusé à Solenzara et de surcroît il m'a été délivré un certificat de bonne conduite !

    Mes cours de récré.

 A la plage de la base aérienne de Solenzara en 1970

  • Un mois plus tard, je commençais à bosser dans le service informatique d’une société marseillaise d’import-export et je n’ai jamais plus jamais arrêter de bosser pendant 37 ans. Si je ne vais pas jusqu’à dire que travailler équivaut à être dans une cour de récré, j’ai plus souvent aimé ce que je faisais que le contraire, y prenant même une certaine jouissance quand j’avais conscience que j’apprenais autant que je pouvais travailler. Oui, certaines de mes fonctions ont été grandement récréatives et beaucoup de mes collègues de travail m’ont aidé à cela.

 

Mes cours de récré.

Mes cours de récré.

Mes cours de récré.

  Mes différents clubs de foot, de gauche à droite : au Sporting Club de Bonneveine, avec le lycée Jean Perrin et avec le Racing Club de Marseille. Que de bons souvenirs !

 

  • De toute manière, j’ai toujours fait en sorte que le sport vienne pallier les astreintes, les contraintes voire le stress du travail. Si désormais il y a la randonnée et le tennis de table, tout petit jusqu’à l’âge de 26 ans, il y a eu le foot en club. Je m’y suis toujours beaucoup amusé car je n’y donnais pas plus d’importance que les bienfaits, les plaisirs et les bonheurs qu’il me procurait. Outre le bon aspect sur le plan de la santé, la liste pourrait être très longue mais disons plus simplement qu’un sport collectif comme le foot amateur est une belle école de la vie. On y développe le sens d’une vraie amitié, mais aussi la confiance en les autres, l’assurance et l’estime de soi, l’esprit pour la compétition et donc le goût de la compétitivité souvent si essentiel dans le milieu du travail. Si je me défendais, gagnant quelques titres, tant en club qu’au lycée, mener une carrière professionnelle ne m’a jamais effleuré l’esprit. Je connaissais mes limites et ne me prenais pas la tête avec ces rêves-là. Puis outre le foot, il y a eu la passion pour les choses de la mer. Si la pêche à la canne ou en bateau ont fait partie de mes amusements favoris,  il y a eu surtout la pêche sous-marine que j’avais également commencé très jeune vers l’âge de 9/10 ans et que j’ai totalement arrêté en 2015 à l’âge de 66 ans et pour raison médicale. C’est un sport où la progression ne peut se faire qu’en autodidacte. J’y ai donc progressé sans pour autant là aussi avoir envie de prendre part à des compétitions. Je pêchais les beaux poissons que je pouvais attraper ; gardant quand même à l’esprit qu’il y avait une maille à respecter ; mais cela n’allait jamais beaucoup plus loin que le seul bénéfice alimentaire pour ma famille et parfois pour mes proches. Toutefois, je me souviens d’une belle anecdote qui m’est restée gravée car elle était pour moi aussi jubilatoire qu’inattendue : Un matin, j’étais parti très tôt pour une belle partie de pêche sous-marine dans l’Anse de Paulilles entre Port-Vendres et Banyuls-sur-Mer. Il faisait un  temps splendide. Une heure et demi plus tard et alors que j’avais déjà très bien pêché, bataillant avec un gros bar que je venais de tirer, je suis sorti de l’eau pour l’accrocher correctement à ma ceinture. Là, un Zodiac arrive vers moi et un des gars me dit :
  • « Vous avez un problème ? ».
  • « Non pourquoi ? »
  • « Vous participez au concours ? »
  • « Quel concours ? »
  • « Vous ne savez pas qu’il y a le championnat de France aujourd’hui ? »
  • « Non ! »  Et là avant de faire demi-tour, il rajoute :
  • « Je fais partie de l’organisation et je peux déjà vous dire qu’avec la superbe pêche que vous avez à la ceinture c’est fort dommage que vous ne participiez pas au concours car vous seriez sans doute sur le podium ! ». J’étais bien sûr très fier et ce d’autant qu’il m’avait semblé reconnaître Jean-Marc Pujol, ex-champion de chasse sous-marine, qui plus tard devint maire de Perpignan. En regardant autour de moi, j’ai vu qu’il y avait sur l’eau un grand nombre de bouées et donc de pêcheurs sous-marins alors je suis rentré vers la plage, la tête un peu enflée de ces paroles pleines de glorioles. Oui, la pêche sous-marine a été une belle cour de récré où j’ai souvent joué avec mon frère Daniel qui lui aussi aimait beaucoup cette activité sportive, pourtant si individuelle.
  • Puis vers 50 ans, la randonnée pédestre, la montagne et une autre Nature plus terrestre ont pris peu à peu le pas sur toutes ces cours de récréation qui avaient bercé mes plus jeunes années. Si la marche avait toujours plus ou moins fait partie de mes agréables penchants car possédant un cabanon dans la calanque de Sormiou, j’avais toujours beaucoup marché, la randonnée pédestre prit tout son sens en 2001 quand l’idée de faire un bout du GR.10 en couple et entre Mérens-les-Vals et Mantet fut décidé. Là, je pris soudain conscience qu’il pouvait y avoir une cour de récréation beaucoup plus grande que la mer et en tous cas bien moins limitée que celle qu’un masque de plongée avait pu m’offrir jusqu'ici. Pendant les 8 jours passés sur le GR.10, cette immense cour de récré a été là, devant de mes yeux émerveillés, si diversifiée mais aussi si changeante parfois. Mon cœur se mit à battre pour elle et ces battements ne m’ont jamais plus quitté. Quand l’heure de la retraite a sonné, je n’eus qu’une envie : après avoir fait la cour à cette merveilleuse cour de récré, je voulais me transformer en passeur des sentiments que je vivais moi-même auprès d’elle. Ainsi est né ce blog "Mes Belles Randonnées Expliquées" et une nouvelle cour de récréation venait de naître. Elle m’amuse encore tous les jours et me permet de faire ce que j’aime de manière récréative : l’informatique, l’écriture, les photos et surtout apprendre. Une autre cour de récré est également née en 2010 quand j'ai acheté une vieille et petite maison de montagne à Urbanya. Dany s'y sent bien et moi aussi parce que la Nature est toute proche et constamment présente. Oui, si « la vie est un jeu » comme certains le prétendent, elle doit d’abord être « un Je ! », expression qu’il ne faut surtout pas imaginer égoïste et qui n’empêche nullement d’aimer les autres. Si ma liberté de jouer doit s’arrêter là où commence celle des autres, nous ne pourrons jamais jouer ensemble ! Quel dommage quand la cour de récré c’est la Nature !

Mes cours de récré.

Une de mes pêches sous-marines dans les années 70

Mes cours de récré.

 

 

 

 

 

 Mes cours de récré.

   En 1989 au sommet du pic du Canigou avec des ami(e)s et en août 2001 lors de 8 jours sur le GR.10 entre Mérens-les-Valls et Mantet. Ici, avec Dany nous campons non loin du lac du Lanoux.

 

(*) L’araignée : En 1962, j’ai quitté l’école primaire du Lapin Blanc pour la 6eme au collège de la Grande-Bastide près du quartier marseillais de Mazargues. C’est à cette époque que des milliers d’élastiques se sont échouées sur les plages marseillaises et plus précisément sur celles de la Pointe-Rouge et de Bonneveine qui étaient les plus proches de mon domicile à la Vieille-Chapelle. Ces élastiques en caoutchouc étaient rouges ou noires, plates, formant un cercle d’une douzaine de centimètres de diamètre environ, très solides et ressemblées mais en beaucoup plus étroites à ces joints qui servent à fermer les bocaux en verre. Oui, j’ai toujours pensé qu’il s’agissait de joints industriels mais sans en avoir la certitude. Comment arrivaient-elles là ? Je ne l’ai jamais su, mais à vrai dire à l’époque ça ne m’intéressait guère de le savoir. Ce qui m’intéressait, c’était de les ramasser en grand nombre et d’en trouver une certaine utilité. Au départ, l’utilité  la plus simple avait été d’en faire des jeux de cerceaux. Nous construisions des supports en bois sur lesquels nous plantions de gros clous et le but était de lancer un maximum d’élastiques dans les clous. Pour les lance-pierres, des lanières de chambre à air étaient préférables mais nous arrivions quand même à nous en servir en les tressant et en attachant plusieurs entre elles. Ces élastiques, on en trouvait de partout sur le sable, dans les rochers mais aussi engluées dans les épaisses banquettes de posidonies rejetées par la mer. C’était là que nous les ramassions le plus aisément. Si certaines copines en faisaient des colliers où des bracelets, avec un copain nous avions inventé un espèce de « volant » qui ressemblait à ce que l’on appelle aujourd’hui une « Koosh Ball » mais en plus grossier car de notre conception et donc artisanal. Plus bricoleur et donc plus doué que moi avec ses mains, c’était surtout lui qui avait conçu cette « araignée » et je ne l’avais que conseillé d’en mettre un peu plus pour que cette « balle de caoutchouc » soit plus bondissante mais surtout plus grosse et donc plus facile à maîtriser. Nous entrelacions un maximum d’élastiques entre elles puis nous les serrions avec un nœud central et quand nous jugions qu’il y en avait suffisamment, nous coupions les élastiques pour que chacune d’entre-elles se transforment en surgeons de caoutchouc. Ce jeu a si rapidement eu du succès que j’ai appris qu’il était passé d’écoles en écoles dans une grande partie de Marseille. Il avait même changé de nom au gré des adolescents qui les confectionnaient. Dommage que nous n’ayons jamais déposé de brevet ! Cette « balle araignée » avait l’avantage d’être gratuite, légère, sans risque de se blesser, facilement renouvelable quand elle était usée et au collège de la Grande-Bastide elle palliait à l’interdiction de jouer au foot avec balle ou ballon dans la cour comme sous le préau, cette interdiction étant consécutive au nombre de vitres qui avaient été cassées auparavant. Avec « l’araignée », plus aucune vitre ne fut cassée ! De plus, on pouvait y jouer avec les mains comme au volley-ball ou au hand mais aussi avec les pieds comme au football. En réalité, si nous jouions un peu à tout, c’est bien avec les pieds que cette « araignée » avait ma préférence. Dans le préau du collège, nous tendions une ficelle d’un pilier à un autre, nous tracions un petit terrain à la craie et nous inventions notre propre stade de footvolley avant l’heure. Oui, notre « araignée » a eu ces heures de gloire. Pour quelques copains,  ces heures ont duré 3 scolarités de la 6eme à la 4eme mais pour moi qui ai redoublé la 4eme, j’ai eu du « rab » dans la cour de récré. Comme de très nombreux jouets, cette « araignée » n’a pas perduré à un effet de mode. Voilà l’histoire de cette « araignée » d’élastiques tels que les souvenirs me reviennent.

Mes cours de récré.

Vue sur la Massif du Canigou depuis ma petite maison à Urbanya un jour de mai. Une cour de récré grandeur nature dont on ne se lasse pas !

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Michel S ou une vie sur liste rouge.

Publié le par gibirando


Michel S. ou une vie sur liste rouge. Avec Michel (au centre) et un autre copain (à gauche) en juillet 1967 à la calanque de Sormiou (pour agrandir les photos cliquez dessus)

« J’ai appris au sortir de l’enfance (mais en suis-je vraiment sorti ?) que la vie n’est faite que de rencontres et de séparations.  Rencontrés imposées ou choisies, rencontres planifiées ou imprévisibles, fécondées par l’attirance, le désir ou la nécessité, et séparations nécessaires et indispensables, subies ou décidées , qui vont tricoter les mailles de notre existence aux différents âges de notre vie ».

J’aurais pu écrire ce texte. Certainement un peu moins bien, mais j’aurais pu l’écrire. Non, il n’est pas de moi mais du sociologue Jacques Salomé, extrait de son livre « Je viens de toutes mes enfances ».Michel S. ou une vie sur liste rouge.

 

 Avec Michel (à gauche) et deux autres copains (au centre) en juillet 1967 à la calanque de Sormiou lors d'une partie de pétanque acharnée (pour agrandir la photo cliquez dessus)

Avec Michel S. j’ai tricoté quelles mailles de ma vie. Sinon les plus belles, elles ont été les plus insouciantes en tous cas. Celles de mon enfance et de ma jeunesse.

Il s’appelait Michel S. Nous avions la particularité d’être nés à un jour d’intervalle. Lui le 24 avril et moi le 23 de la même année. C’était mon meilleur ami d’enfance et de jeunesse et je viens d’apprendre qu’il est décédé en mai 2017 à l’âge de 68 ans. Je suis effondré.

 

Michel S. ou une vie sur liste rouge.

A l'été 1967, à la plage du Pin de Galle à Hyères lors d'une sortie avec une bande de potes du quartier. Michel est au 1er rang à droite.

Ce billet que j’écris ici, est à la fois l’histoire d’une séparation définitive mais non choisie et un hommage, car on ne perd pas son meilleur ami d’enfance et de jeunesse sans un immense chagrin. C’est mon cas, et ce même, si je me vois contraint aujourd’hui d’essayer de compter les années qui nous ont si longtemps séparés. Toujours séparés. Avec cet essai de comptage, je ne détricote pas les mailles mais j'essaie de reboucher les trous que le temps, telle une mite sordide,  a réussi à grignoter. Oui, voilà probablement 45 ans au moins mais peut-être 46, que nous nous étions vus pour la toute dernière fois. Quand ? Comment ? Où était-ce exactement ? Je ne m’en souviens plus ! Au lycée ? A un match de foot ? Au bistrot de notre quartier ? En tous cas certainement pas à la calanque de Sormiou où nous avions passé quelques jours de vacances avec un groupe de copains à l’été de 1967 ? Lors de la saison 1967/1968, on se retrouve dans la même équipe de foot au lycée Jean-Perrin. C’est les dernières photos que j’ai de lui. En 1969, je quitte le lycée où nous sommes ensemble. Puis le club de foot où nous jouions également ensemble. Du Sporting Club de Bonneveine, je pars jouer au Racing Club de Marseille. Que fait Michel S ? Continues-t-il à jouer au foot lui aussi ? Je ne m’en souviens plus. Après avoir quitté le lycée, je m’attelle à suivre une formation de programmeur informatique au langage COBOL. Je ne le sais pas encore mais ma vie professionnelle a trouvé sa source. Le 14 juillet 1968, ma vie sentimentale, elle, avait déjà trouvé la sienne sous les jolies traits de Dany, ma future épouse. Que fait Michel S au sortir de la terminale ? Là, encore, je ne m’en souviens plus ? Mais il est fort probable que nous continuons à nous revoir, peut-être moins souvent mais je suis certain que l’on se voit encore. En avril 1970, je pars sous les drapeaux à Solenzara mais mes nombreuses permissions me ramènent presque chaque week-end à mon quartier de la Vieille-Chapelle mais surtout auprès de Dany. Je pense que c’est là que les mailles de nos existences avec Michel commencent à s'interrompre. Pourtant, je ne vais quitter le quartier de la Vieille-Chapelle où nous habitons tous les deux qu’en février 1972 après mon mariage. Ma famille étant nombreuse et les finances de nos parents limitées, je n’ai pas invité d’amis. Quand à mon enterrement de garçon, je me souviens d’une simple tournée générale au bar Mistral que je continuais de fréquenter plus rarement et seulement de temps en temps par passion du billard français. Michel S était-il là ? C’est probable mais pas sûr. Je n’ai pas de photos de cette soirée et la mémoire me fait défaut. Quand il est décédé en 2017, nous serions donc restés 45 ans sans plus nous revoir, peut-être 46 !

Michel au premier plan lors d'une soirée festive mémorable à l'été 1967 au restaurant La Cascade près des Goudes. Au quatrième plan, je parais plutôt sage mais les apparences sont parfois trompeuses car il y avait ce jour-là une super ambiance.

Michel S. ou une vie sur liste rouge.

Si je ne précise pas son nom, ce n’est pas pour une quelconque raison inavouable. Non ! C’est essentiellement par respect à sa mémoire car si je ne l’ai plus jamais revu,  c’est en grande partie au fait que je n’ai jamais su ou pu le retrouver. Oui, cet enfant, ce garçon, cet adolescent puis ce jeune homme que j’avais toujours connu réservé, pour ne pas dire timide ou introverti, n’a jamais été visible sur aucun des « radars » que j’ai pu connaître en 45 ans. Oui, devenu adulte, je ne l’ai jamais trouvé sur aucun bottin, annuaire, archive, fichier, registre, Minitel, réseau social. Et bien sûr jamais sur Internet. Il est vrai que les 300 km qui nous ont constamment séparés n’ont rien arrangé à cette séparation qui en fin de compte est devenue définitive. Finalement, il a fallu qu’il décède et que je le retrouve là où pendant très longtemps je l’avais cherché en vain ces dernières années, c’est-à-dire sur le Net. Mais dans la rubrique nécrologique. Affreux dénouement que jamais je n’avais imaginé possible.

Dans cette quête de le revoir, la seule solution que j’avais trouvée avait été de retourner de temps à autre chez lui quand je partais en vacances à Marseille . Mais là aussi, mes quelques tentatives avaient constamment échoué. Il y avait bien son nom de famille sur la boîte aux lettres où il habitait jadis avec sa mère mais jamais personne ne répondait quand je sonnais à la porte. Sans doute travaillait-il et ne venais-je pas aux bons horaires ?  Voilà ce que je me disais à chaque fois. En septembre 2012 et sans doute parce que je savais déjà que je reviendrais à Marseille bien moins souvent qu’auparavant, j’avais tenté une fois encore de le retrouver et lui avait laissé un petit message de souvenirs et d’amitié dans sa boîte aux lettres. Une nouvelle fois en vain. Ne l’avait-il pas trouvé car il n’habitait plus là ? N’avait-il pas envie de me revoir ?  Constamment, je me suis interrogé à ce propos. Après 2014 et le décès de ma mère, j'ai arrêté d'aller en vacances à Marseille. Les années s’étaient écoulées, continuaient de le faire et j’avais perdu carrément espoir de le revoir un jour. Puis il y a quelques jours, en cherchant de vieux papiers, quelques photos ont refait surface.

Michel S ou une vie sur liste rouge.

Avec l'orchestre de l'école maternelle de la Vieille- Chapelle sans doute lors de l'année 1955/56. Michel est à l'extrême droite et je tape sur le gros tambour.

Michel S. y était en bonne place sur plusieurs d’entre elles. J’ai donc retapé son nom dans « Google recherche » sur mon ordinateur et là ce fut l’anéantissement. Anéantissement d'apprendre son décès et anéantissement de tous mes espoirs de retrouvailles. C’est donc avec 3 ans de retard que je viens d’apprendre cette triste nouvelle. Oui, désormais ma tristesse sera toujours grande quand je penserais à lui. Si pendant toutes ces années, je m’étais très souvent posé d’innombrables questions, elles resurgissaient toutes en même temps. Mais à toutes ces questions, il y en avait une nouvelle, celle de savoir comment il avait bien pu disparaître à 68 ans ? De nos jours, on ne meurt pas de vieillesse à cet âge-là ! Cette nouvelle inconnue rajoutait à mon affliction. Oui, très souvent je m’étais demandé qu’avait-il fait de sa vie ? S’était-il marié ?  Quel genre d’épouse avait-il eu ? Avait-il eu des enfants voire des petits-enfants ? Quel travail avait-il fait, lui qui au lycée avait choisi une orientation à priori bien plus technique que la mienne ? Oui, aujourd’hui, j’ai la pressentiment que je n’aurais jamais plus aucune réponse à toutes ces questions et seuls vont me rester les vieux et beaux souvenirs d’enfance et de jeunesse et quelques photos jaunies où nous étions heureux d’être ensemble :

Michel S. ou une vie sur liste rouge.

 

Au Sporting Club de Bonneveine et dans la même équipe de foot en juniors sans doute lors de la saison 1965/1966.

Nos tout premiers signes d’amitié, nous les avons connus à l’école maternelle de la Vieille-Chapelle puis à celle primaire du Lapin Blanc. Là, nous avons commencé à partager les mêmes pupitres, les mêmes bancs de bois, les mêmes encriers avec cette jolie encre violette dont on remplissait nos cahiers quadrillés. Nous avons partagé les mêmes difficultés à rédiger nos dictées, à retenir nos tables de multiplication ou à trouver les résultats exacts de nos fractions. Finalement, nous étions souvent d’accord, et si fractions ou frictions il y avait entre nous, elles étaient toujours cordiales et finalement notre amitié trouvait les solutions. C’était le cas lors des récrés où l’on se chamaillait vaillamment mais sans méchanceté aucune la grosseur et le contenu nos sacs de billes respectifs, les petites figurines de cow-boys et d’indiens, les « Majorettes » et les bandes dessinées comme Kiwi ou Blek le Roc. Oui entre nous, c’était les échanges qui primaient.  Puis nous avons grandi.  Si nos collèges ou lycées respectifs nous avaient quelque peu éloignés au niveau des études secondaires, le cinéma de la rue des Goumiers, les juke-box et les parties de flippers et de billards au bar Mistral et le foot au Sporting Club de Bonneveine avaient fini par conforter cette très longue amitié indéfectible. C’est donc tout naturellement que nous nous sommes retrouvés avec beaucoup de  plaisir au lycée Jean Perrin, lui en filière T1 et moi en G2. Malgré des classes différentes, c’est encore le foot qui continuait de nous rapprocher. On s’entendait super bien à tous points de vue même s’il faut reconnaître qu’il était bien plus sérieux que moi dans les études. Pourtant, chaque récréation ou la moindre pause étaient l’occasion de matches acharnés en petit groupe de copains sur les terrains de hand. J’aimais bien joué avec lui, car de petit gabarit ,  il était bon technicien et excellent dribbleur.

Avec l'équipe du lycée Jean Perrin lors de l'année 1967/1968, championne des Bouches du Rhône Universitaire et finaliste de l'Académie Aix-Marseille.

Michel S. ou une vie sur liste rouge.

C’est ainsi que l’on s’est retrouvé tout naturellement dans la même équipe championne Universitaire de l’Académie Aix-Marseille en 1968. Je me souviens qu’avec son aspect plutôt frêle, et craignant un peu trop les contacts et les coups,  il acceptait mal le fait d’être sur le banc comme remplaçant. Il ne s’en confiait qu’à moi ne laissant rien paraître auprès des autres partenaires, joueurs ou entraîneur. Oui, je me souviens de lui comme quelqu’un qui était constamment dans la retenue, pas vraiment timide, ni avec personne, ni avec les potes, ni avec les filles, mais discret et mesuré dans tout ce qu’il entreprenait ou disait. Je ne me souviens pas avoir eu la moindre anicroche avec lui car il était toujours d’humeur égale. Enfin, il était comme ça avec moi. Oui, même sans jamais plus l’avoir revu, j’ai toujours imaginé que sa vie était à cette image-là que j’avais eu de lui étant jeune, d’une grande discrétion et d’une gentillesse à toute épreuve. Son incroyable absence dans tous les supports de communications et ma constante difficulté à le retrouver avant son décès ont fini pas prouver que j’avais eu sans doute raison de penser à lui ainsi. Oui, il avait fait de sa vie une liste rouge, et si je ne l’ai jamais revu, c’est peut-être parce qu’il avait voulu tirer un trait sur son enfance et sa jeunesse ? Je ne sais pas. Je me souviens très bien de sa mère et de sa sœur, mais de son père il n’en parlait jamais. Je n’ai jamais rien su à ce sujet, mais c’est vrai que ma discrétion naturelle a peut-être contribué à cette part d’ombre chez lui. Comme l’a écrit Jacques Prévert « il y a des adultes qui jamais n’ont été des enfants ». Michel S, quel enfant et quel homme a-t-il été au juste ? Je n’aurais jamais la réponse à cette question pas plus qu’aux autres sans doute ? Une certitude demeure dans ma tête et dans coeur : « il restera à jamais mon meilleur ami d’enfance et de jeunesse ! ».

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Mai 1968....des pavés sous la plage.....

Publié le par gibirando

Si j’ai intitulé cette chronique « Mai 1968….des pavés sous la plage » c’est bien sûr pour être dans la dérision d’un des plus emblématiques slogans de cette période qui était « Sous les pavés, la plage ! ». L’Histoire raconte que lors de l’élévation des premières barricades à l’aide des pavés qu’ils avaient sous leurs pieds, les étudiants de mai 68 avaient constaté que ces derniers étaient posés sur un lit de sable. Ce célèbre slogan dont plusieurs personnes s’attribuent la paternité est rapidement devenu le symbole de cette liberté à laquelle de nombreux jeunes étudiants et lycéens aspiraient. Je n’ai jamais abondé à ces événements, sans doute par un manque certain de maturité sociétale, sauf que pour moi, la plage était bien réelle…..

Mai 1968....des pavés sous la plage.....

Mon bulletin de notes de l'année scolaire 1967/1968. Notez l'absence de toutes annotations pour le 3eme trimestre suite aux événements de mai. Cliquez dessus pour agrandir la photo.

Mai 1968. Je viens d’avoir 19 ans. Je suis en Première G2 au lycée Jean Perrin de Marseille. Lycée technique d’Etat comme indiqué solennellement sur mes relevés de notes peu folichons. En G2, nouveau bac créé l’année même,  on est censé apprendre les « pompeuses » techniques quantitatives de gestion, c'est-à-dire de la comptabilité, de l’économie, du droit et de la mécanographie mais on en est encore à « se taper » du Napoléon Bonaparte à longueur d’Histoire avec un prof corse et de la compo française et de la philo avec une prof si jeune et si superbe que l’on ne peut pas croire une seule seconde qu’elle ait pu s’intéresser à des doctrines aussi soporifiques que la métaphysique ou l’existentialisme. Force est de reconnaître que je ne suis pas en avance dans ma scolarité. En avance sur rien d’ailleurs. J’ai déjà redoublé deux fois et ça n’a pas changé grand-chose à mon indolence quasi totale pour les études. Je suis un doux rêveur qui ne se réveille que dans l’eau lors des parties de chasse sous-marine.  Je suis un insouciant nonchalant qui ne se soucie que des matches de foot auxquels il participe activement. Voilà les seules disciplines qui me conviennent et me plaisent et je pourrais y consacrer des journées entières. C’est d’ailleurs ce que je fais. Chasse sous-marine aléatoirement mais foot aux récréations, foot entre midi et deux, foot le dimanche avec mon nouveau club, le Racing Club de Marseille, où mon équipe n’arrête plus de gravir les échelons et les divisions d’année en années, foot le jeudi au lycée où l’équipe 2 à laquelle j’appartiens brille plus que l’équipe 1. Foot le soir aux entraînements. Au foot, et contrairement aux études, les résultats sont au rendez-vous et ils me remplissent de joies. Champion de Marseille puis vice - champion d’académie universitaire avec le lycée, champion de Provence avec mon club du Racing.  Oui, comme le dit assez souvent mon père « je suis un imbécile heureux » !

Mai 1968....des pavés sous la plage..... 

En 1968, avec l'équipe de foot du lycée Jean Perrin championne universitaire de Marseille. Je suis debout et le second à droite.

Alors en mai 68 quand le « carnaval révolutionnaire (*) » arrive, je n’y comprends rien. Avec les copains et pour faire comme eux, je pars participer à une manifestation dans le centre ville de Marseille mais je comprends très vite que je ne comprends rien à toutes ces revendications gaucho-marxistes. Si je voulais blaguer et encore pas trop, je dirais que le seul « marxisme » que je connaisse est celui des Marx Brothers. Celui-ci me fait tordre de rire et le vrai m’indiffère. Il faut dire que je connais nettement mieux Groucho que Karl.  Je finis par comprendre que la plupart des étudiants sont comme moi mais suivent le mouvement beaucoup moins par conviction que pour suivre une mode. La mode est à la contestation et contester c’est d’abord ériger des barricades avec tout et n’importe quoi puis balancer des pavés sur les flics. La lutte soi-disant des classes c’est d’abord la lutte loin des classes scolaires pour un maximum de lycéens branleurs dont je fais partie.  Mais moi, je déteste toutes formes de violences. Je suis peut-être bête mais pas méchant pour un sou.  Pas question pour moi de lancer le moindre pavé en direction de quelqu’un.  Je n’ai pas reçu cette éducation. Je suis aussi engoncé dans l’armure du manifestant que dans le blazer en flanelle de l’étudiant premier de la classe. Je préfère nettement le short de foot voire le maillot de bain. La politique ne m’a jamais vraiment intéressée quand à une liberté qui m’aurait éventuellement échappée, je cherche encore laquelle. Voilà déjà 3 ans que je loge chez ma grand-mère et j’ai acquis une autonomie qui suffit amplement à mon bonheur. Avec les filles, je suis conscient d’être en retard aussi, même si je flirte assez régulièrement. Les expressions « libération sexuelle » et « amour libre » ne sont pas encore arrivées à mes oreilles. Deux ans auparavant, à Juan-les-Pins, j’ai eu une relation sexuelle avec une anglaise au doux prénom de Rosemary mais l’occasion de renouveler cette expérience « majeure » ne sait jamais réellement présentée mêmes si certains flirts un peu trop chauds se terminent en un « ruissellement » involontaire mais toujours spasmodiquement agréable.  Avec l’éducation plutôt puritaine et rigoriste que j’avais reçue, et même si la religion en était exempte, il ne pouvait pas en être autrement. Loin de moi l’idée d’avoir une relation sexuelle qui aurait débouché sur la naissance d’un mioche. Je ne compte plus le nombre de fois où à ce propos notre mère nous avait mis en garde mon frère Daniel et moi. Elle nous avait mis en garde mais au niveau pédagogie zéro. Nous étions des garçons et il était normal que l’on se débrouille tous seuls sur ce plan-là. Se débrouiller, c’était d’abord faire un blocage. Alors je me débrouillais mais avec les filles ça n’allait jamais plus loin qu’un flirt bouillant.

 

En mai, quand les cours commencent à être supprimés, je suis le plus souvent à la plage de la Pointe-Rouge. Bains de soleil et bains de mer rythment mes journées. Il faut y rajouter les parties acharnées de billards et de flippers au Bar Mistral de la Vieille-Chapelle. Au bar Mistral, je fais la connaissance d’une gentille Evelyne. Elle bosse dans une usine de jouets, la société Van Ruymbeke (**), où j’ai moi-même mes entrées pour y avoir fait un court remplacement à la demande d’un copain. Evelyne est un peu boulotte mais elle me plaît bien. En plus comme tous les copains y courent derrière, je me décide à la draguer aussi et ce d’autant que je la sens plutôt difficile à atteindre. Ce n’est pas pour me déplaire. Il faut dire que je ne l’ai toujours vu qu’habillée dans sa tenue austère de « manutentionnaire (**) » et force est de reconnaître que son charme est tout autre quand elle revêt son bikini. Dans cette minuscule tenue dévoilant tous ses attraits, elle présente un tout autre intérêt pour le jeune homme que je suis. Force est de reconnaître que mes copains sont plus clairvoyants que moi quand il s’agit d'observer une fille habillée. Je comprends assez vite que je ne lui déplais pas, alors un soir, je me décide à aller l’attendre à la sortie de l’usine.  Elle apprécie cette présence et comme il n’est que 17 heures, nous filons aussi sec à la plage. Nous y flirtons puis pour faire le galant je la raccompagne chez elle. Ce scénario se répète plusieurs jours mais quand je la raccompagne, je n’insiste jamais pour entrer chez elle. Il faut dire qu’elle loge chez sa sœur beaucoup plus âgée qu’elle et qui n’a pas l’air très commode. Finalement, j’apprends que sa sœur est censée veiller sur elle. Evelyne a des principes fixés par sa sœur qu’elle suit à la lettre. Boulot obligatoire la journée mais pas de sortie nocturne et seulement des flirts en cachette de sa soeur. Sa liberté s’arrête là et par la force des choses la mienne aussi. Nous flirtons une dizaine de jours sur la plage mais son contrat de travail à l’usine se finit fin mai. Evelyne rentre chez elle dans la région bordelaise et ainsi se termine notre courte mais « ardente » passion.

Mai 1968....des pavés sous la plage..... 

Le Tim-Bird, l'oiseau volant de chez Van Ruymbeke.

Le mois de juin est déjà là. Je loge toujours chez ma grand-mère et je ne passe chez mes parents que pour regarder les Shadoks à la télé. J’adore ces petits oiseaux si déjantés même si j’ai une nette préférence pour les Gibis dont je vais garder longtemps ce patronyme comme surnom de Gilbert. C’est dire si mes passages sont courts car une émission des Shadoks ne dure que quelques minutes. Ma mère n’apprécie guère cette rapidité. D’un autre côté, elle est déjà bien occupée avec ma sœur, qui a 3 ans de moins que moi mais qui n’a pas attendu mai 68 pour être déjà bien éveillée. Dans les rues, les manifestations s’essoufflent un peu, mais les cours du lycée continuent d’être perturbés. Tout le monde considère que l’année scolaire est terminée. Je ne vais qu’au lycée le matin et encore pas tous les jours, plus pour me montrer et jouer au foot avec les copains que pour participer aux rares leçons. D’ailleurs quand le bulletin de notes tombe, le 3eme trimestre est vide de toutes annotations. De ce bulletin, et malgré un « pourrait réussir » de l’avis du conseil de classes dans mes notes générales de compositions, mon père ne retiendra que les aspects négatifs : une nette dégradation dans le travail, la conduite et le classement général. Le tout étant couronné d’un sévère avertissement du dirlo qui aura pour effet de le faire sortir de ses gongs.  Fini le logement chez ma grand-mère, fini le foot à l’école, fini les permissions de minuit et l’obligation d’aller bosser avec lui une partie de l’été. Il me fixe un objectif : obtenir mon bac l’année suivante.

Mai 1968....des pavés sous la plage.....

Bulletin de notes des compositions de 1967/68/69. Il faut noter un encourageant "pourrait réussir" de l'avis du conseil de classe.

Ce printemps 1968, qui aura été celui de la libération pour bon nombre de mes camarades, se termine pour moi bourré d’entraves. Hors de question de contredire mon père et puis rappelons-nous que la majorité est encore à 21 ans.

 

Oui, il y avait bien des pavés sous la plage…..ceux de mon père mais pas pour longtemps…..

 

Le 14 juillet 1968, mes entraves se brisent à jamais…..Elle se prénomme Danièle mais tout le monde l’appelle Dany……et voilà bientôt 50 ans que nous nous aimons !

 

Mai 68 ne m’aura servi à rien, sauf à comprendre, mais bien plus tard, que j’ai reçu une sévère mais bonne éducation parentale. Quand à l’éducation scolaire, elle n’a toujours dépendu que de moi et ce, malgré les efforts incommensurables de ma mère pour qu’ils ne soient pas pires qu’ils n’aient été. L’année scolaire 68/69 ne sera pas celle escomptée par mon père. Il a mis son veto sur le foot au lycée et je loupe la finale du championnat de France universitaire. Dans ma tête, voilà le seul résultat qui me trouble et m’obsède. Je lui en ai longtemps voulu. Passable est le mot qui revient le plus souvent sur mon dernier bulletin de notes. Fiasco complet au bac malgré une moyenne dans toutes les matières mais avec un 4 ½ en compta coefficient  6 qui m’ôte toute chance de bénéficier de l’oral de rattrapage. J’ai pour moi les excuses que l’étude de cas proposée n’avait jamais été mise au programme de l’année et qu’en 1968, les bacs G avaient été distribués comme des petits pains. Je reste convaincu que 1969 était la plus mauvaise année pour passer et réussir son bac. En tous cas, pour le bac G2 c’est l’année de rattrapage des erreurs éducatives de 1968. J’ai 20 ans et trop c’est trop. J’arrête là ma scolarité obligatoire « publique » pour une voie que j’estime plus concrète et plus captivante. D’août à novembre, je m’accroche comme un malade à des cours de programmation Cobol sur ordinateur IBM et j’en obtiens assez facilement le diplôme. Ma voie professionnelle commence ici. Elle est toute tracée et j’ai choisi l’informatique, discipline moderne s’il en est. Ma vie tout court aussi d’ailleurs est toute tracée. Grâce à Dany et à l’amour que l’on se porte, j’ai eu un déclic. Celui de vouloir faire quelque chose d’intéressant de ma vie même sans le bac. Mon bac c’est elle et il m’a aidé à traverser bien des flots impétueux…Oui, la vie n’est pas un long fleuve tranquille et Mai 68 n’a jamais rien changé à cette maxime. Quand je regarde derrière moi, autant l'avouer, je ne regrette pas cette non-participation à ce "Carnaval gaucho révolutionnaire". Qu'en est-il sorti ? Une idéologie faite de laxisme et de pertes de repères, d'absence totale de toute autorité, de culture de l'excuse, de dénigrement de notre passé quel qu'il soit, d'effondrement de nos valeurs les plus fondamentales comme le mariage, le civisme, la culture française et l'éducation, j'en passe et des meilleures. Oui, je crois bien que Mai 68 a été un poison si toxique qu'on en subit encore les conséquences les plus terribles de nos jours avec une société insécuritaire où l'ensauvagement de la société est devenu le quotidien.

Oui de mai 68, je ne veux garder que le bon !

L’année 1968 est à jamais gravée dans ma mémoire pour toutes les raisons que je viens d’invoquer mais le jour le plus important reste ce 14 juillet où j’ai rencontré Dany. Voilà la principale raison qui a fait que j’ai eu envie de m’en souvenir 50 ans après.

Mai 1968....des pavés sous la plage..... 

Dany, peu de temps après notre rencontre.

Si les pavés des barricades de mai 68 ont été ensevelis dans l’indifférence générale, ceux de ma plage ont été emportés par un raz de marée…..Il avait pour nom « Amour » ! Amour pour Dany. Amour de bien faire. Amour de réussir. Amour de la vie. Amour tout simplement……

 

(*) Carnaval révolutionnaire : Cette expression est du sociologue et philosophe Raymond Aron. Elle figure dans son livre de réfléxions "La révolution introuvable" paru en 1968 à propos des événements de mai. J'aime bien cette expression car elle réflète magnifiquement l'impression que j'ai eu lors de la seule manifestation à laquelle j'ai participée, celle d'un carnaval.

(**) La société Van Ruymbeke est une société marseillaise qui fabrique des jouets depuis la fin des années 60. Elle est connue pour avoir inventé et fabriqué le "Tim Bird", un oiseau assez extraordinaire qui vole à l'aide d'un élastique. Il se vend encore de nos jours en des milliers d'exemplaires même si depuis d'autres modèles hautement plus performants ont été inventés par cette même famille.  Moi, j'y ai surtout bossé la nuit au cours de l'année 1970 en qualité de manutentionnaire-presseur. J'étais chargé d'une presse composée d'un moule où les pièces des jouets étaient fabriquées par injection de granulés de plastiques qui fondaient sous une très forte chaleur. Evelyne, elle, était chargée du montage des pièces pour obtenir le produit fini. Outre le "Tim Bird", on y fabriquait un pistolet qui tirait des petites billes rouges. Après recherche, il s'avère que plusieurs modèles de ce pistolet sont encore présents sur le marché du jouet, toujours fabriqués par la société marseillaise.

 

 

 

 

 

 

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Neymar plus fort que Macron !....ça ne peut plus durer !

Publié le par gibirando

Neymar plus fort que Macron !....ça ne peut plus durer !

Cliquez sur la photo pour l'agrandir. 


 

Quand nous sommes en vacances à Urbanya, nous regardons peu la télé. En réalité, ça se résume le plus souvent à regarder un des trois journaux de la journée, voire un éditorial de BFM quand nous sommes bien trop occupés à autre chose. Hier soir par exemple, le 2 août, nous avons seulement regardé le journal sur France 2, et encore pas en entier. Il y avait deux grands titres à la Une. D’un côté, une réduction de 300 millions d’euros décidée sans prévenir par Macron et Philippe vis-à-vis des collectivités, c'est-à-dire vis-à-vis des communes françaises et de l’autre le transfert de joueur de foot brésilien Neymar, du FC Barcelone au PSG, pour 220 millions d’euros.

 

Comme toujours, et parce qu’à la télé, le temps c’est énormément d’argent, le développement de ces deux titres ne dura que quelques minutes de part et d’autre. Enfin, si on peut appeler ça un développement.

 

D’un côté, et pour la première info, le journaliste se contenta de dire que cette décision était inattendue de la part du gouvernement et rajouta qu’elle engendrait une levée de boucliers de la part de l’opposition et de bons nombres de maires. Cette « levée de bouclier » se résuma à de brèves interviews où quelques élus, sans trop de vigueur, semblaient vouloir se plaindre de cette décision « macronienne » aussi soudaine qu’imprévue. En tous cas, aux dires des interrogés, elle n’avait jamais été ni programmée ni annoncée lors de la campagne présidentielle pas plus que lors des discours d’investitures du président et du premier ministre.

 

Du peu entendu, j’ai néanmoins compris que moins de dotations comme ça avait déjà été le cas sous Hollande, c’était moins d’argent pour les mairies et donc moins d’argent pour faire face à leurs dépenses d’aménagements et de fonctionnement. La vie des communes, c’est notre vie, celle des enfants de nos écoles, celle de nos associations, celle des services qui nous sont alloués comme la sécurité par exemple, etc….Moins d’argent pour les mairies, c’est sans doute l’assurance d’une augmentation des impôts locaux pour nous. Enfin, tout ça restait à voir car à vrai dire, les économies soi-disant voulues par Hollande avec les mêmes décisions s’étaient terminées par un « trou  public » encore plus profond et une situation financière de la France encore plus dégradée ! Vu sa position de ministre de l’économie, Macron était forcément au courant avant même d’arriver au pouvoir. Il a pourtant prétendu le contraire. Sapin et Macron faisait la paire mais un seul a du s’expliquer devant la Cour des Comptes pour ce bilan précédent « insincère ».  Adhérent de l’association des Contribuables Associés et lecteur assidu de leurs articles, si je suis conscient que la France doit faire des économies, je ne suis pas certain que cette réduction de 300 millions d’euros aille dans le bon sens et soit le début d’une solution qui se voudrait efficace. En tous cas, elle semble contraire aux intérêts des citoyens lambda que nous sommes. Je pense qu'en prenant garde à ne pas faire de gaspillage de l'argent public, on trouverait aisément plus de 300 millions ! J’attends de voir ! 

 

Concernant Neymar, le développement ne fut guère plus long mais l’orientation donnée au sujet par France 2 était éclatante et « claire comme de l’eau de roche ». De toute évidence, en achetant Neymar, le PSG et la France faisait une « formidable » affaire commerciale. Voilà ce que France 2 voulait nous faire gober. Les chiffres annoncés m’ont donné le tournis mais je suppose que je n’étais pas le seul dans ce cas. Moi, qui habituellement, a une bonne mémoire des chiffres, je ne retenais rien ou presque de ceux annoncés comme si mon cerveau prenait le pas sur ma pensée devant tant de cynisme et d’immoralité. Pourtant, je me souviens qu’un journaliste sportif puis un économiste de renom sont venus nous expliquer que dans ce transfert « hors du commun » tout était bon et rentable. Bon pour qui ? Très bon et très rentable pour le PSG dont les retombées publicitaires, commerciales et sportives allaient être démultipliées par « x », bon pour le joueur dont les revenus annuels extravagants et de 820 millions d’euros sur cinq ans étaient une manne financière énorme pour la France au niveau des cotisations sociales que le joueur serait amené à payer. Le sujet se termina malgré tout par d’horribles et terribles statistiques que mon cerveau, une fois encore, n’a pas voulu retenir dans leur globalité. Combien de SMIC le salaire de Neymar représentait, combien de voitures il pouvait se payer, etc.…... Enfin des grosses « conneries » de ce type, comme si l’énormité et l’amoralité du chiffre initialement annoncé avaient besoin d’excuses ou de prétextes pour nous faire avaler cette pilule si amère. Avec ses statistiques, France 2 semblait vouloir nous dire « Voyez, tout est bon et positif dans ce transfert hors norme mais ce n’est pas dans notre esprit et c’est quand même immoral ! ».

 

Dégoûté de tant de cynisme de tous côtés, je n’ai pas voulu écouter la suite des infos car j’ai estimé que j’avais assez entendu de balivernes pour aujourd’hui. Je me suis souvenu néanmoins que j’aimais le foot, que je l’avais pratiqué très longtemps avec plaisir, récoltant même quelques titres mais toujours en amateur, que le PSG appartenait aux Qataris, que les Qataris étaient soupçonnés d’êtres les principaux financiers des Frères musulmans, du Hezbollah, du Hamas, de Daech et d’autres êtres humains « islamiquement » si radicaux et si dangereux. Enfin, je me suis souvenu qu’au sein de mon abonnement Internet Orange,  j’étais abonné à Bein Sport appartenant également aux Qataris.

 

Les Qataris étaient partout mais peu souvent dans des causes humanistes et justes apparemment, il suffisait de voir comment les salariés sont traités là-bas !

 

Alors je me suis dit : « tu te passes de Bein Sport à Urbanya, tu peux donc t’en passer au domicile ? ».

 

D’un autre côté, « faut-il mettre tous les Qataris dans le même panier ? ».

 

Incapable de répondre à cette dernière question, j’ai décidé que j’annulerais mon abonnement Bein Sport dès la rentrée de septembre car j’en ai assez de participer à cette mascarade consistant à trouver toujours plus d’argent pour le sport, et le foot notamment, et jamais assez pour les citoyens lambda que nous sommes. C’est une goutte d’eau qui ne fera jamais déborder ce vase……. plein de merdes, mais c’est ma goutte !

 

Que Macron, Hollande, Valls, Sarkosy et consorts s’accoquinent avec les Qataris quels qu’ils soient, c’est une chose, que je le fasse moi aussi ça ne peut plus durer !

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Loupé ou l'injustice du foot !!!!

Publié le par gibirando

Loupé ou l'injustice du foot !!!!


 

Loupé ! …..ou l’injustice du foot. Il y a-t-il une définition mieux appropriée pour décrire la déception après la défaite de l’équipe de France de foot lors de cet euro qui s’est terminé fin juillet ? Et pourtant ! Moi, je l’avoue, cet Euro m’a quelque peu laissé sur ma faim et l’équipe de France avec elle. Quelle injustice que le foot ! L’équipe la meilleure n’a pas gagné. D’ailleurs, y avait-il une équipe au dessus du lot ? La France n’était pas l’équipe la plus forte et on peut presque dire « normal qu’elle n’ait pas gagnée ! ». L’Allemagne, championne du monde,  était sans doute la meilleure car elle a dominé pendant très longtemps, de la tête et des épaules, l’équipe de France. Elle était de très loin la mieux organisée et la plus sereine dans son jeu mais il lui a manqué un véritable buteur. Un « tueur », un « chasseur de buts » comme on a l’habitude de dire. Malgré ça, l’Allemagne a battu l’Italie qui avait battu l’Espagne, la tenante du titre. Mais elle n’a pas gagné non plus contre l’équipe de France. Nous avons gagné par chance et par un coup du sort, comme le Portugal en finale. Le Portugal n’avait rien montré d’emballant jusque là et d’ailleurs ce pays avait fini assez lamentablement troisième de son groupe qualificatif, ayant la chance d’être repêché pour le tour suivant. Toutes proportions financières gardées, je trouve que le foot est sans doute le sport le plus injuste qu’il y ait. Une jambe, un pied, un corps, une barre ou un poteau et le ballon n’entre pas dans la cage. Une main, un bras et c’est le penalty faisant une différence souvent irrattrapable. Un coup de pied arrêté et c’est un but inattendu. Je ne connais pas d’autres sports où l’injustice est parfois aussi avérée. Prenons l’athlétisme par exemple : celui qui court le plus vite, lance le javelot, le marteau, le disque ou le poids le plus loin, celui qui saute le plus loin, finit toujours pas être le vainqueur. Seule la forme du moment et le dopage peuvent venir contrarier ce verdict final. Idem dans le cyclisme. Idem dans le tennis mais dans d’autres sports collectifs aussi. Si vous êtes plus maladroits que vos adversaires vous ne gagneraient pas au basket, au volley-ball ou au hand-ball mais aussi au golf, à la pétanque ou au cricket. Si vous êtes moins forts, moins puissants, vous ne gagnerez pas au rugby, à la boxe, au judo ou à la lutte. Alors pourquoi cette injustice tout spécialement dans le foot ? La tactique est essentiellement en cause. Les entraîneurs et sélectionneurs sont devenus des maîtres tacticiens. De véritables petits génies de la stratégie et du coaching. Deschamps, Mourinho, Guardiola, Ancelotti et bien d’autres entraîneurs sont devenus des généralissimes dignes d’un Napoléon 1ER, des stratèges presque aussi forts que les plus grands joueurs d’échecs. Ils ont tous les éléments à leur disposition. Un staff composé de fins techniciens dignes des meilleures armées. Ils disposent de toutes les statistiques, de tous les matches précédents dans leur bibliothèque et ils les dissèquent de haut en bas, de long en large comme un médecin légiste dissèque un macchabée lors d’une autopsie. Résultat : des matches mortifères, sans saveur car trop orientés vers une défense et donc frileux. Or mis les excellents matches rendus par de « petites » équipes comme l’Islande ou le Pays de Galles, c’est souvent ce qui s’est passé au cours de cet Euro où les résultats n’ont souvent tenus à rien. La finale en est le parfait exemple alors que l’équipe de France était sensée être plus forte et en tous cas bien meilleure que le Portugal. Les rares fois où elle a joué vers l’avant, le constat a été si évident. Malgré ça, on a vu un Pogba et un Payet, habituellement plus offensifs dans leurs clubs, constamment défendre au lieu d’attaquer et seul Sissoko avec ses longues chevauchées est venu perforer le milieu de terrain puis la défense, loupant la cage à plusieurs reprises ou voyant ses tirs arrêtés par un grand gardien de but portugais. Les portugais étaient loin d’être sereins en défense et un jeu plus offensif aurait sans doute permis la victoire. Les consignes de Deschamps allaient sans doute dans ce sens : défendre d’abord et attendre une opportunité au lieu d’aller la provoquer. On connaît la suite. L’opportunité et la chance ont été portugaises. C’était trop tard. La chance qui nous avait sourie contre l’Allemagne avait choisi son camp. Le camp portugais et pas le français. Certains mettront la lassitude, une jour de repos de moins, une fatigue plus grande sur le compte de la défaite mais non, il faut être réaliste. L’équipe de France avait 23 joueurs, tous de grands professionnels, habitués aux joutes stressantes. Certains n’ont jamais foulé la moindre pelouse de cet Euro. Non, il faut être réaliste, nous n’étions pas les plus forts mais nous étions plus forts que le Portugal, surtout sans Cristiano Ronaldo au bout d’un quart d’heure. La tactique est seule responsable de la défaite mais elle est aussi responsable de la victoire du Portugal car l’entraîneur est un fin stratège lui aussi. Il a réussi à faire devenir championne, une équipe qui n’était pas, et de très loin, la meilleure du tournoi. Je ne le félicite pas pour autant car je n’aime pas ce football-là et j’aurais nettement préféré que le meilleur gagne.

 

Même si j’ai joué au foot pendant très longtemps, il y a des jours où je m’en veux d’aimer ce sport pour millionnaires et multimillionnaires….Je me demande si c’est bien éthique d’être abonné à Bein Sport ?

 

Et puis, il m’arrive d’être désorienté dans mes pensées quand je vois des joueurs pleurer parce qu’ils ont perdu un match….Je suis troublé quand j’entends les paroles d’un Griezmann parlant des attentats et relativiser cette finale perdue…

 

Finalement et avec méchanceté certes, je me dis que ce n’est pas bien grave si le meilleur ne gagne pas, les perdants ont de bien plus amples compensations que le smicard licencié n’aura jamais.

 

Oui, l’injustice dans le foot ne sera toujours qu’insignifiante au regard de tout se qui se passe tout autour…..

 

 

 

 

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