Je ne sais pas vous, mais moi je trouve que les mots « amour », les locutions « je t’aime », « je vous aime » ne sont pas suffisamment exprimées auprès des personnes qui sont concernées pas nos sentiments, aussi forts soient-ils . L’inverse est vrai aussi. Ainsi, quand j’y repense, pour les raisons que j’invoque plus loin, je ne me souviens pas avoir dit « je t’aime » à ma mère ou à mon père après cette période que l’on appelle « la plus tendre enfance ». Ainsi en grandissant, la locution « je t’aime » a disparu de mon vocabulaire et je ne l’ai retrouvée que lorsque j’ai connu ma fiancée devenue ensuite mon épouse. À elle, je continue de le lui dire régulièrement. Si je dis que l’inverse est vrai, c’est parce que mes enfants ont les mêmes retenues vis-à-vis de moi, de nous, leurs parents. Ceci est vrai entre enfants et parents, mais plus globalement envers toutes les personnes que l’on aime. Or, si les sentiments sont présents voire évidents, si les marques d’affection aussi, les mots, eux, restent souvent aux abonnés absents.
Pourquoi ? La crainte que cet amour ne soit pas toujours partagé ? Pas toujours ! Une gêne ? Une impression de honte ? Un blocage ? La crainte de trop se dévoiler ? Une incompatibilité entre l'autorité et l'amour ? Ou plus simplement l’idée que ce n’est pas ou plus nécessaire ? Un peu de tout ça sans doute, selon notre vécu !
Toutes ces questions ont surgi il y a quelques jours quand j’ai retrouvé des lettres d’amour adressées à ma mère. Par qui ? Par une enfant qui s’appelait Aurélia (*) et que ma mère a gardé pendant plusieurs années. Les enveloppes de 3 lettres retrouvées sur 4 sont datées de l’année 1998 et de l’année 2001. Une lettre n’a pas d’enveloppe. Ainsi, en grandissant, cette enfant a continué à dire à ma mère « je t’aime » de toutes les manières et sans aucune économie. Ces lettres que je présente ici, sous forme de photos qu’il faut agrandir pour les lire, sont les preuves formelles de cet amour si tendre et si puissant unissant ces deux personnes. Si cet amour de ma mère pour cette enfant n’est pas pour me surprendre ; l’inverse s’il n’est pas étonnant non plus ; l’est dans les formulations assez sidérantes sur le plan épistolaire et sémantique compte tenu de l’âge de cet enfant, qui avait certes grandi, mais dont l’amour et la manière de le dire n’ont jamais changé. Ce n’est plus seulement de l’amour mais ce dernier est doublé d’une admiration presque sans borne, exprimée de surcroît avec lyrisme. Ainsi, si j’ai aimé ma mère comme jamais personne d’autre, amour que j’ai évoqué plusieurs fois dans Mon Journal Mensuel (**), ces lettres d’Aurélia m’ont apporté la preuve que ma mère méritait tout cet amour que j’ai eu pour elle. Je n’en ai jamais douté, mais ça m’a fait un bien fou de relire toutes ces correspondances. Ô combien je regrette aujourd’hui de ne pas lui avoir dit plus souvent « je t’aime » de vive voix ! En vieillissant à mon tour, je me dis qu’elle ne devait attendre que ça. C’est à mon tour d’attendre.
Je rajoute à ce billet, un poème de Sylvain, arrière-petit-fils que ma mère a également gardé très longtemps. Je me souviens avoir vu ma mère garder ces 2 enfants Aurélia et Sylvain en même temps.
(*) Les enveloppes précisent qu’Aurélia s’appelle Diné et qu’elle a habité à Cap-Veyre-Marseilleveyre (Marseille 8eme) et à Aix-en-Provence. Si je précise tout cela c’est parce que je considère que ma mère étant décédée en 2014, ces lettres lui appartiennent et que je n’en suis que le dépositaire. Ce billet , reflet de ma sensibilité est aussi une bouteille à la mer.
(**) Principaux articles dédiés à ma mère dans Mon Journal Mensuel
Les Jeux Olympiques à Paris ne sont pas finis mais j’avoue avoir vu de belles images de cette fraternité que Pierre de Coubertin appelait de ses vœux. La fraternité n'était pas qu'un mot !
Ainsi, la plus belle des premières images que j’ai vue a été celle du judoka azerbaïdjanais Hidayat Heydarov, vainqueur de la médaille d’or en moins de 73kg, embrassant le front de son adversaire français Joan-Benjamin Gaba pour le consoler de sa défaite. Si certains ont pu y voir le baiser de la mort, j’y ai vu le baiser de l’amour. Amour du travail fourni et bien fait, respect de l’autre qui était au même niveau mais qui a fini second sur presque un coup du sort tant la fatigue était immense des 2 côtés au moment fatidique. Hidayat Heydarov est un immense champion, un homme bon et je suis certain que cette embrassade était pleine de sincérité.
Embrassades, étreintes respectueuses, simples accolades ou serrements de mains, défiler ensemble devant un public enchanté et fier des vainqueurs comme des vaincus, selfies avec les supporters, oui , j’ai vu tout ça comme un contre-pied aux incivilités, aux violences et même aux guerres que les médias nous rabâchent à longueur d’année, mais qui sont également le reflet d’une bien trop triste réalité.
Alors certes, il y eut aussi quelques images négatives que l’on n’aurait pas aimé voir en ces circonstances-là mais étant une infime minorité, il faut les ranger aux oubliettes et rester positif. En tous cas, j’espère que ceux qui en étaient à l’origine ; sportifs, coachs ou staffs ; ont trouvé rapidement les moyens de se réconcilier au sein des coulisses. Si ce n’est pas le cas, ils méritent des sanctions sévères.
N'oublions jamais que derrière une simple breloque qu’elle soit d’or, d’argent, de bronze ou en chocolat, il y a toujours un labeur immense pour tous les athlètes quels qu’ils soient. Un labeur qui permet d’être là, au bon moment, si possible dans la meilleure forme physique, tous les 4 ans pour que les Jeux Olympiques perdurent et que l’Humanité trouve une raison d’espérer. Victoire ou défaite, il est toujours agréable de constater que dans la majorité des cas, ce dur labeur antérieur n'ôte rien à cet esprit de fraternité et de respect lors des compétitions.
J'avoue que plusieurs belles images m'ont laissé quelques raisons d'espérer en l'Homme et en un monde meilleur.
Cette question m’est venu à l’esprit lors d’une récente conversation avec mes enfants. Nous venions d’acheter une nouvelle voiture et mes enfants nous reprochaient le choix que nous avions fait car ils estimaient que nous aurions dû ou pu prendre un modèle plus confortable, plus puissant, plus grand, plus conforme à nos possibilités financières et en trois mots « une voiture plus grosse ». Oui, nous venions d’acheter « une Fiat Panda » et ils ne comprenaient pas que cette « petite » option puisse totalement nous satisfaire. Nous avions beau argumenter, ils ne comprenaient pas que ce modèle ait pu nous plaire et ne cessaient de nous dire que ce choix était plutôt « stupide ».
Finalement, je mis fin à cette conversation en leur disant qu’au cours de ma vie je n’avais jamais voulu « paraître » mais plutôt « être » !
Oui, être jugé sur des apparences et guider ma vie en me fiant au regard des autres n’avait jamais été ma philosophie.
Mais cette remarque était-elle si juste que ça ! A vrai dire « oui » à propos des seules voitures que j’ai toujours considéré comme de simples moyens de transports et de déplacements mais « non » pour d’autres choses que j’ai eu envie de posséder même si je l’avoue je n’ai jamais été un « matérialiste » forcené ! Oui, « avoir » quelque chose qui fait envie est légitime, se faire plaisir aussi mais la possessivité à tout prix peut être néfaste car elle peut engendrer des défauts comme la cupidité, l’égoïsme et le manque de générosité. Et de fil en aiguille, cela peut aller encore beaucoup plus loin dans les vices. Voilà ce que je pense.
A bien y réfléchir, en avançant dans la vie, « être et avoir » ont évolué au fil du temps et peut-être est-il judicieux d’y rajouter l’adjectif « bien » devant ? « Bien-être » et « Bien-avoir » me semblent désormais plus importants. Après bien des problèmes de santé, trouver un juste équilibre en étant le mieux possible bien dans ma tête, bien dans mon corps et bien dans ma vie de couple et de famille est devenu essentiel. Oui « avoir » une épouse avec laquelle on s’entend bien, que l’on aime, une famille unie, l’aimer, les sentir tous proches de soi, s’y accrocher dans les instants difficiles, profiter avec eux ou avec des amis des instants de convivialité est désormais plus importants que de posséder des biens matériels. Oui, les « choses », les « biens » comme on dit souvent mais à tort, et leur intérêt ont changé et ce que je visais bien plus jeune en regardant vers le haut ne m’intéresse plus guère. Non pas que je regarde vers le bas mais je regarde plus souvent l’instant présent et quand je regarde vers l’avenir, je le fais sans me prendre la tête. Dans cette démarche, côtoyer et observer la Nature le plus souvent possible, apprendre à la connaître, éliminer les facteurs négatifs, s’éloigner de tout ce qui peut contribuer à ne pas « être bien » ou « avoir mal », tout en continuant à projeter vers l’avenir des choses positives est d’une aide incontestable pour atteindre la plénitude espérée. Bien-être et bien-avoir sont désormais mes boussoles. Pour autant, il n’est pas inutile d’être un observateur et un « réac » réaliste et dénonciateur de tout ce qui va mal dans notre société. Plus le bien-être et le bien-avoir seront collectifs et plus la société dans laquelle on évolue tous les jours se portera bien et sera favorable à nos comportements personnels. Non, en regardant ainsi « être » et « avoir » ne seront jamais un dilemme. C'est mon point de vue !
En ce 19 février 2021, jour anniversaire de ma 49eme année de mariage, la veille j’étais rentré à l’hôpital pour une coronarographie, mot presque aussi difficile à prononcer qu’à subir sa technicité dans la réalité. Il s’en est suivi la pose de 3 stents sur des artères coronaires. A presque 72 ans, jamais je n’ai autant pensé à la mort pendant ces 3 jours passés à l’hôpital. Je n’y pensais que par intermittence, mais quand j’y pensais c’était pénible mais pas pour autant toujours difficile à vivre. En réalité, mes pensées variaient selon leur teneur, tantôt sereines tantôt angoissantes. Pourquoi avais-je ces pensées ? J’étais bien incapable d’affirmer quoi que ce soit mais les suppositions, elles ne manquaient pas. La première était que prenant de la bouteille et rencontrant un problème de santé inédit et surtout inattendu, l’addition des deux éléments engendrait ces idées parfois noires, grises le plus souvent et quelquefois sans couleur. Pourtant, ce n’était pas, loin s’en faut, ma première hospitalisation. Non, j’en étais déjà à de très nombreux séjours, et d’ailleurs en les listant dans ma tête, j’essayais de me convaincre que ce n’était qu’un passage supplémentaire : longue hospitalisation dans les années 70 pour laquelle les médecins avaient été hésitants entre une hépatite virale et une leptospirose , opération d’une hernie discale dans les années 90, puis s’en étaient suivies l’ablation de la vésicule biliaire, l’ablation d’une tumeur sur une parotide, la pose en 2015 d’une endoprothèse sur l’aorte et les iliaques à cause de 3 gros anévrismes qui grossissaient au fil des ans et enfin les poses à 6 ans d’intervalles (2014/2020) de lentilles multifocales suite à une cataracte aux deux yeux. Ajoutons à tout ça quelques coloscopies et fibroscopies pour des problèmes digestifs récurrents et deux entrées aux urgences pour des coliques néphrétiques et le « panier de soins » comme on dit de nos jours était déjà très plein. Un panier très difficile à trimballer quand on prend de la bouteille et ce d’autant que la médication, toujours trop chimique, va avec. Toutefois, toutes ces hospitalisations auraient du me conforter dans l’idée que ce passage-là n’était qu’un de plus mais à ces pensées étaient venus s’ajouter le décès de quelques amis qui m’avaient été chers à un instant de ma vie. Amis, très souvent de mon âge, voire plus jeunes que moi, avec lesquels j’avais fait un bout de chemin plus ou moins long. Je me disais « Pourquoi sont-ils partis si jeunes et pourquoi moi serais-je à l’abri de la mort ? ». Mon frère aussi était parti très jeune à 46 ans et mon père aussi à 64 ans. « Oui, pourquoi pas moi ? » est presque devenu une idée fixe lors de ces 3 jours à l’hôpital. A ces inquiétudes, venaient également s'additionner le Covid et ces infos récurrentes qui depuis quelques semaines faisaient du virus une maladie hautement nosocomiale. Une véritable explosion des contaminations avait lieu au sein même des hôpitaux affirmaient la plupart des médias. Et malheureusement ces mauvaises nouvelles avaient coïncidé avec mon entrée à l’hosto. Oui, un monceau de pensées négatives allaient et venaient dans ma tête auxquelles s’ajoutaient bien d’autres beaucoup moins « terre à terre » du style : « personne ne t’a jamais rien dit de la mort », « pourquoi n’apprend-t-on rien d’elle à l’école ? », « on aurait pu un peu nous en parler ! », « pourquoi est-ce un sujet que l’on évite d’évoquer aux enfants ? », « Ne rien savoir d’elle, n’est-ce pas la raison principale qui nous la fait appréhender ? ». Je me souvenais que mes parents avaient toujours fait en sorte de nous tenir éloignés des morts et notamment lors des enterrements, le premier auquel j’avais assisté étant celui mon père et j’avais déjà 31 ans. Finalement, quand les pensées revenaient, le plus difficile était d’être seul, sans personne de la famille pour partager mes angoisses voire pour en parler, tenter de les évacuer pour ne plus y penser. Je me disais aussi « Si je dois partir, j’ai envie au préalable de dire je vous aime » à ma femme, à mes enfants, à mes petits-enfants et à bien d’autres personnes qui me sont chères, proches ou pas. Oui, c’était ça le plus difficile à vivre « ne pas avoir le temps de dire je t’aime » à ses proches, de dire que j’aime la vie, la Nature et que très souvent tous me le rendent bien. Il me paraissait si indispensable de le dire. Finalement, la coronarographie se passa tant bien que mal et si l’inquiétude ne disparaissait pas totalement, je m’efforçais de la compenser par des pensées plus positives du style « je me sens encore jeune », « je ne suis pas encore mort », « j’ai encore tellement de choses à voir et à faire », « j’ai envie de surmonter ce problème », « je veux encore profiter de la vie », « j’aime la vie », « je vais aller de mieux en mieux ».
Si les sorties de l’hôpital sont toujours très attendues, celle-là plus que les autres à cause de ces pensées, elle eut un goût tout particulier. Je l’attendais avec beaucoup d’impatience mais quand je me suis retrouvé dehors, je ne retrouvais pas cette bouffée d’air si rafraîchissante que j’avais connue lors de mes sorties précédentes. Le masque anti-Covid que j’avais mis dans ma chambre pour ne l’enlever dès lors que je fus hors de l’hôpital, ôta ce plaisir tout simple d’une grande bouffée d’air qui entre dans la gorge, se transforme en une apnée spontanée et semble irriguer votre être tout entier. Par bonheur, il fut remplacé par la centaine de mètres que je fis en marchant sans trop d’effort, sans souffle court, objet de ce séjour, et puis surtout il fut très vite remplacé par le plaisir de retrouver Dany qui était venue me chercher.
Plusieurs jours plus tard, je n’ai pas totalement cessé de penser à la mort mais beaucoup moins souvent que pendant ces 3 jours à l’hosto, et puis surtout avec moins de crainte car je l’oppose constamment à mon envie de vivre. Oui, à bien y réfléchir ces 3 jours à l’hosto ont été 3 jours d’apprentissage. Un apprentissage de la mort en quelque sorte. Une philosophie. Et quand j’y repense, je sais qu’il y a eu aussi des grands instants d’apaisement. Des instants où si elle était survenue, je l’aurais accueillie avec tourments et questionnements certes mais avec philosophie. Si Platon, Cicéron et Montaigne étaient apparemment d’accord pour affirmer que « philosopher, c’est apprendre à mourir », on peut effectivement philosopher sur le sujet et se dire que réfléchir sur sa mort la rend plus acceptable. J’ai quand même le sentiment que c’est un peu ce que j’ai vécu lors de ces 3 jours. Si je dois partir, j’ose espérer que mes proches liront un jour ce texte car ils verront combien je les aimais, même si je n'ai pas de doute à ce sujet. Toutefois, je pense que c'est important de partir avec le mot "amour" sur les lèvres. Les nôtres de lèvres et celles de nos proches pour partir pleinement rassuré. Or, je sais que si je meurs ça les rendra malheureux. Qu’ils m’en excusent mais qu’ils sachent aussi qu’ils me retrouveront. Je fais miennes ces quelques lignes très poétiques que j’ai trouvées sur le blog d’une amie. Selon ses dires, elles ont été écrites par une certaine Charlotte Flamand. J’ignore qui elle est mais je la remercie très sincèrement de les avoir écrites et de me les consentir pour clore cette chronique :
« A ceux que j'aime... et ceux qui m'aiment »
Quand je ne serai plus là, relâchez-moi,
Laissez-moi partir,
J’ai tellement de choses à faire et à voir.
Ne pleurez pas en pensant à moi.
Soyez reconnaissants pour les belles années.
Je vous ai donné mon amour et mon amitié.
Vous pouvez seulement deviner
Le bonheur que vous m'avez apporté.
Je vous remercie de l'amour que chacun m'avez démontré.
Maintenant, il est temps de voyager seul.
Pour un court moment vous pouvez avoir de la peine.
La confiance vous apportera réconfort et consolation.
Nous serons séparés pour quelques temps.
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur,
Je ne suis pas loin, et la vie continue...
Si vous avez besoin, appelez-moi et je viendrai,
Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je serai là.
Et si vous écoutez votre cœur, vous éprouverez clairement
La douceur de l'amour que j'apporterai.
Et quand il sera temps pour vous de partir,
Je serai là pour vous accueillir.
Absent de mon corps, présent dans l’Univers.
Je ne suis pas là, je ne dors pas, je ne suis pas mort.
Seul mon corps reste pour retourner en poussière
Et rendre grâce à la Terre.
Je suis les milles vents qui soufflent.
Je suis le scintillement des cristaux de neige.
Je suis la lumière qui traverse les champs de blé.
Je suis la douce pluie d'automne.
Je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin,
Je suis l'étoile qui brille dans la nuit.
N'allez pas sur ma tombe pour pleurer.
Je suis vivant, simplement, de l’autre côté du miroir,
Que l’on pleure un être cher ou que l’on pleure un animal de compagnie, les larmes sont toujours les mêmes. Cette phrase va peut-être en choquer certains mais c’est pourtant la réalité.
Si j'ai écrit cette phrase et l'ai inscrite dans le titre de ce billet, c'est parce qu'elle a tournée constamment dans ma tête à l'instant même où nous avons perdu notre petite chatte Noxi. Si je ne ressentais aucune gêne à pleurer pour elle, j'éprouvais presque un sentiment de culpabilité à pleurer comme je l'avais fait pour des êtres très proches et surtout très chers.
Notre gentille petite chatte venait d’avoir 16 ans. Elle était sans doute née en décembre 2003. Bien que sa fiche auprès du Fichier National Félin et son livret de santé indiquent 12/2004 comme date de naissance, je suppose qu’il y a eu une erreur de transcription car les plus anciennes photos numériques retrouvées datent de mars 2004. Elle n’a donc pas pu naître après avoir déjà été photographiée. Sur la photo, elle a déjà bien grandi et je suppose que ma fille a dû nous la donner en décembre 2003 ou en janvier 2004. Quand elle nous l’a donnée, elle l’avait trouvée dans une bouche d’égout où encore bébé chaton, mais déjà pas mal sevrée, elle avait trouvé refuge. Ces frères et sœurs avaient été tués à coup de pelle par les ouvriers d’un chantier tout proche. Enfin, c’est l’histoire que j’ai toujours entendue à son propos. Je me souviens très bien du premier jour où nous l’avons eue car elle s’était échappée, avait sauté la murette qui nous séparait de notre voisin et était partie se réfugier sous une haie de pyracanthas. Très sauvage, elle continuait à être apeurée comme elle l’avait été dans la bouche d’égout. En me voyant et alors que je tentais de la sortir du bosquet, elle était allée s’écraser contre le grillage d’une haute clôture, clôture trop haute pour elle et ce, malgré son côté déjà très rapide et très leste. Mais ce jour-là, sa toute petite taille avait été un inconvénient. Accrochée au grillage toutes griffes dehors, j’avais eu un mal fou à la dégager. Je me souviens qu’en essayant de la dépêtrer de là, elle avait émis un petit gémissement car elle avait fini par y laisser un ongle. Oui, dès le premier jour, Noxi avait décrété qu’elle ne se laisserait rien imposer or mis par la contrainte voire par la force. Elle demeura ainsi jusqu’à son dernier souffle, le 24 janvier dernier. Oui, Noxi avait un fichu caractère mais elle avait aussi d’immenses élans d’amour. Ce premier jour, malgré son ongle cassé, nous avions réussi à tour de rôle à la calmer et la rassurer en la prenant dans nos bras et contre notre poitrine. Nous avons continué ainsi pendant pas mal de temps. Petit à petit, elle s’est laissée amadouer et malgré les nombreux chats qu’il y avait constamment à la maison, elle avait fini par trouver sa place au sein de la famille et ce, malgré son côté très indépendant. Au départ, sa place était d’aller se cacher dans les coins les plus incroyables de la maison. P’tit bout chou, nous la cherchions partout et avions parfois du mal à la trouver. C’est comme ça qu’un jour, ne la retrouvant plus pendant des heures, nous avions compris que le seul endroit possible était derrière la plinthe d’un meuble de cuisine. Elle y était et avait réussi le tour de force de s’y faufiler dans un trou qu’une souris aurait trouvé à peine à sa taille. La plupart du temps, dans la pénombre d’un recoin inattendu, ses grands yeux verts finissaient toujours par la trahir. Les années passèrent et par sa gentillesse, Noxi prit de plus en plus de place dans nos cœurs. Si elle continuait à être très lunatique ou capricieuse dans ses réactions, voire très souvent indifférente ou bougonne quand elle en avait décidé ainsi, la perte ou la disparition d’autres chats, la conforta dans l’idée que nous lui rendions bien l’amour qu’elle nous apportait. Nous ne la choyions pas plus que les autres, ne l’aimions pas plus que les autres, mais elle avait toujours ce petit plus d’inattendu qui nous faisait constamment craquer. Son poil si doux, sa finesse naturelle mais surtout son beau regard, le plus souvent insondable, faisait le reste. On pouvait y voir ce que l’on avait envie d’y voir, aussi bien de l’indocilité et de la férocité que de la reconnaissance, de la tendresse, de la douceur, de l’amour et bien d’autres choses encore. Ses regards toujours différents faisaient son charme.
En juin 2009 et alors que Dany s’apprête à partir en cure à Barbotan, elle revient de chez nos voisins complétement éventrée. Apparemment, elle s’est laissée surprendre par un chien qui l’a mordu lui ouvrant le ventre sur une bonne dizaine de centimètres. La plaie est si impressionnante car si béante que l’on aperçoit ses intestins. Tant bien que mal, la vétérinaire réussit à la recoudre et à soigner sa plaie avec de multiples points mais une présence quasi constante et des soins réguliers deviennent inévitables. Alors que je n’ai pas prévu de partir à Barbotan avec Dany, je prends très vite la décision de l’accompagner et d’emmener avec nous la petite Noxi. On réussit à faire garder nos deux autres chats, Chatvache et Zouzou, et nous voilà partis tous les trois et pour trois semaines à Barbotan. Au début, nous lui mettons une collerette, mais elle ne la supporte pas et de ce fait, elle nous rend la vie impossible. Au tout début, et malgré sa fâcheuse habitude d’essayer de s’arracher le pansement puis les points avec ses griffes ou ses dents, tout se passe plutôt bien ensuite. Là-bas, nous l’amenons régulièrement chez le vétérinaire pour un contrôle et finalement elle se requinque bien plus vite que nous ne l’avions imaginé. Allongée de tout son long sur le rebord d’une fenêtre, elle trouve sa place dans le minuscule studio que nous occupons. Elle y trouve soit le soleil soit la fraîcheur selon les heures de la journée mais surtout, elle peut tout observer de ce qui se passe à l’extérieur. Être en hauteur et pouvoir avoir un œil sur ce qui se passe autour d’elle, elle a toujours adoré ça. Noxi est curieuse. Le soir, nous l’amenons promener dans la forêt ou au bord d’un lac. Attachée à une laisse, nous la laissons vagabonder au gré de ces envies, mais comme l’aurait fait un petit chien turbulent. Si elle se laisse gentiment soigner, car elle a compris que c’est pour son bien, le reste du temps, elle veut continuer à maîtriser sa vie. Cette expérience à Barbotan nous rapprocha encore plus d’elle et elle de nous. Les liens de confiance étaient définitivement tissés. Elle finit par prendre l’habitude de dormir sur notre lit puis enfin au fond de notre lit où sans doute elle trouvait chaleur, réconfort et sécurité.
En avril 2008 quand je pris ma retraite, et comme je passais beaucoup de temps à mon ordinateur de bureau, elle prit pour habitude de venir s’allonger sur mon sous-main entre mon clavier et mon écran. L’hiver, pour améliorer son confort, je l’enveloppais dans une petite couverture, une polaire ou un pull, enfin tout ce qui me tombait sous la main pour qu’elle soit bien. Elle s’endormait ainsi à mes côtés pour des après-midi entières. Un jour, elle estima que ces petites siestes quasi quotidiennes devaient être améliorées et elle réclama de plus en plus de câlins. Alors elle se roulait sur mon sous-main me faisant comprendre qu’elle ne s’arrêterait que sous la condition expresse qu’elle ait d’abord son lot de caresses. Parfois, elle s’endormait carrément sur mes genoux. Au fil des ans et vieillissant, on sentait bien qu’elle avait besoin d’un amour de plus en plus grand et de plus en plus fort. La confiance entre nous, Dany comprise bien sûr, était devenue totale. Malgré son côté toujours aussi « râleuse » parfois, elle nous rendait cet amour au centuple. C’est ainsi que certains soirs, elle quitta peu à peu le fond de notre lit pour venir se blottir contre nous. Elle avait pris l’habitude de venir s’allonger contre Dany, ventre en l’air, pour que celle-ci la caresse à cet endroit bien précis. Alors elle se mettait à ronronner d’une manière régulière, jamais très fort mais suffisamment pour que nous l’entendions être heureuse. Mes deux « nanas » s’endormaient ainsi une contre l’autre. Avec moi, il arrivait quelquefois qu’elle vienne se blottir contre ma poitrine. Cœur contre cœur, nous finissions par nous endormir dans cette position si douce et si zen pour nous deux. Comme elle passait toujours des nuits très tranquilles, soit je me réveillais avec elle toujours contre moi, soit elle s’était déjà éclipsée très discrètement.
Oui, voilà quelques instants inoubliables qui me reviennent à l’esprit mais je pourrais en citer bien autres. A Urbanya par exemple, où nous possédons une vieille maison de montagne, il est arrivé quelquefois qu’elle me suive comme un petit chien alors que je partais en forêt photographier la faune et notamment les oiseaux. Arrivé sur un poste d’observation, je m’asseyais par terre guettant ainsi les oiseaux. Surprise, elle me regardait d’abord ne comprenant pas ce que je faisais puis finalement, elle s’allongeait à côté de moi, s’endormant le plus souvent. De ces moments, j’en garde aussi de très bons souvenirs, souvenirs de la voir constamment sauter par-dessus les hautes herbes qu’elles devaient trouver désagréables pour son ventre, souvenirs de photographier des oiseaux alors qu’elle avait toujours essayé d’être leur pire prédateur. Si les oiseaux d’Urbanya avaient toujours échappé à ses griffes, les rongeurs ; mulots, souris et autres musaraignes ; avaient tous disparus des proches alentours de notre maison en seulement quelques semaines. Oui, de la rue où ma fille l’avait extraite, et malgré la facilité que nous avions eue à la sociabiliser, elle avait toujours gardé son instinct « chasseur sauvage ».
Oui, voilà ce qu’était notre petite Noxi, si gentille avec nous et si féroce quelquefois avec les oiseaux, les rongeurs, les lézards, les criquets et autres sauterelles. Un vraie chatte !
Oui, jamais en ce 24 janvier et quand la décision de l’euthanasier fut à prendre, je ne m’étais rendu compte de la place que ce « tout petit animal » avait pris dans notre cœur. Quelques jours auparavant, le 20 exactement, nous l’avions déjà amené à notre véto pour un problème à l’œil. Bon an mal an, elle y était sujette mais les traitements avaient toujours été efficaces et Noxi en avait guéri. Ce jour-là, la véto avait remarqué plusieurs boules au ventre qui ne présageaient rien de bon. « Rien à faire » nous avait-elle dit, ajoutant au passage qu’une radio ne servirait à rien car vu son âge et même avec un cancer, une opération n’était pas raisonnablement envisageable. Il est vrai que cet été Dany avait souvent remarqué du sang dans ses selles mais ce n’était jamais régulier et surtout elle paraissait en bonne forme malgré une période antérieure où elle avait beaucoup maigri. Nous avions mis cela sur le compte que n’ayant presque plus de dents, elle éprouvait des difficultés à manger des croquettes, sans doute trop dures pour ses gencives. Le blanc de poulet était venu remplacé très efficacement les croquettes et elle avait retrouvé un poids quasi normal et une bonne forme. En effet, il n’était pas rare de la voir courir dans tous les sens, montant aux arbres du jardin ou bien tentant de s’attraper la queue comme elle l’avait toujours fait auparavant. Mais cette fois, et malgré un traitement encore plus fort, il n’y eut pas d’amélioration à son œil. Au contraire, l’état de son œil se dégradait. Mais au-delà de ce problème, plus grave encore était son attitude si inhabituelle en ces 21, 22 et 23 janvier. Elle resta trois jours prostrée au fond d’un placard et nous étions contraint de l’en sortir pour qu’elle mange un peu et qu’elle fasse ses besoins. Le 24 au matin, elle était sortie seule de son placard, demandant à sortir très brièvement dans le jardin mais rentrant aussitôt pour s‘endormir sur le canapé et ne plus bouger. Sans force, voulait-elle passée ses derniers instants à nos côtés ? Cette idée m’a traversé l’esprit. Dans l’après-midi une nouvelle visite chez la véto était programmée. Vu son état général, elle s’imposait. La suite vous la connaissait et si j’éprouve le besoin d’écrire ce qu’a été notre vie avec Noxi, je ne peux rien écrire sur la façon dont elle est partie. C’est encore trop dur et sans doute encore trop frais pour moi.
Oui, nous vivons des choses avec nos animaux de compagnie que nous ne vivrons jamais même avec les gens que l’on aime le plus au monde.
Oui, j’ai versé des flots de larmes pour ma petite Noxi et je n’éprouve aucune gêne à le dire ou à l’écrire.
Oui, ces instants où dans le lit nous fusionnons cœur contre cœur me manqueront inévitablement.
Oui, elle me manque beaucoup de ne plus la voir couchée sur mon bureau. Oui, elle me manque d’autant plus que j’ai une photo d’elle sous un plateau de verre de mon bureau. Je n’imagine pas une seconde pouvoir enlever cette photo même si quand je la regarde, il me vient encore les larmes aux yeux 15 jours plus tard. Ça me passera probablement ? Elle manque beaucoup à Dany aussi et nous éprouvons le besoin d’en parler. Nous en parlons toujours avec cette inévitable nostalgie comme quand on parle des êtres que l’on a aimé très fort.
Peut-être que la période de deuil sera plus courte que si j’avais perdu un être cher…..Pour l’instant il est encore trop tôt pour le dire…..
Oui, les larmes que l’on verse sont toujours les mêmes et les déchirures du cœur aussi !
Ceux qui lisent régulièrement mon Journal Mensuel savent que de temps à autres, je peste contre les fonctionnaires, ou plutôt et pour être juste contre certaines administrations de la Fonction Publique. Pourtant plus je vieillis et plus je constate qu’avec elles je ne suis jamais au bout de mes surprises. Dieu sait si dans ma vie professionnelle, j’ai été très souvent confronté à ces collectivités, à ces établissements publics que sont les Impôts, l’Urssaf, les Assedic ou la Caisse Primaire d’Assurance Maladie et pas toujours avec bonheur, et bien malgré ça, avec eux, l’ahurissement, la consternation, l’ébahissement sont toujours à envisager. Eh oui, c’est ainsi, la Fonction Publique continue parfois de me stupéfier quand à son absence d’organisation, quand à son manque de liaisons entre ses services, quand à ses systèmes informatiques me paraissant si peu performants et même désuets et en tous cas sans gestion efficace des ressources et des fichiers. C’est à croire, que les ingénieurs chargés de l’informatique de ces administrations n’ont jamais entendu parler d’ « informatique intégrée ». Avec ces administrations, les lois des « séries noires » ou celle dite de Murphy sont toujours à redouter. Heureusement que nous n’avons pas à faire à eux tous les jours sinon on deviendrait fous et pourtant en ce mois de janvier 2016 j’ai vécu cette criante réalité :
-1er exemple : Depuis un peu plus de 2 ans, je suis trésorier d’une association. Cette association a été crée en 1978, elle ne date donc pas d’hier. Comme toutes les associations qui se respectent, à l’origine elle a été enregistrée en préfecture et au Journal Officiel. Elle dispose comme toutes les entreprises d’un numéro de SIRET, d’un code NAF ou APE, ses statuts sont régulièrement déposés en préfecture quand nécessaire, en réalité presque chaque année. L’association emploie des salariés depuis de longues années et l’unique salariée actuelle travaille depuis 2009. Elle et nous cotisons bien évidemment à l’Urssaf pour la maladie et la vieillesse et pour bien d’autres rubriques : au chômage, à la caisse de retraite complémentaire, à la prévoyance, etc…. Au mois de novembre dernier, cette salariée tombe malade pour la toute première fois. Une maladie qui a duré plus d’un mois. Souhaitant respecter au mieux la convention collective du sport qui me fait obligation de maintenir le salaire moyennant la retenue des 3 jours de carence et les indemnités journalières de la Sécurité Sociale, je lui maintiens son salaire dans sa totalité et le 1er décembre, j’envoie comme il se doit une demande d’indemnités journalières avec subrogation à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie des P.O. J’adopte cette position en me disant que j’aurais toujours le temps de lui soustraire le trop perçu. Presque deux mois plus tard, aucune nouvelle de ma demande. J’envoie deux mails successifs à la CPAM sur le site Améli. Aucune réponse malgré qu’un automate indique qu’une réponse me sera fournie sous 48 heures. Quelques jours plus tard, j’apprends de notre salariée qu’elle a bien perçu ses indemnités journalières de son autre employeur pour cette même période de maladie. Je me décide à me déplacer à la Sécurité Sociale mais pas de chance, je tombe « pile » le jour même où les employés sont en grève. 2 jours plus tard, j’y retourne. Nous sommes le 28 janvier. Après avoir patienté une grosse demi-heure, je suis enfin reçu. J’explique mon problème à un conseiller, copies des documents fournis le 1er décembre à l’appui et là, après qu’il eut regardé son écran d’ordinateur, la réponse qu’il me fait me laisse sans voix : « nous n’avons pas pu traiter votre demande d’indemnités journalières car pour nous votre association n’existe pas ! » et aussitôt il précise en rajoutant « ou du moins vous n’existiez pas jusqu’à hier». Je ne sais pas si à voir ma tête, sans doute très anéantie, il a compris mon immense désarroi et il rajoute « ce n’est qu’une question de jours et le virement de vos indemnités journalières ne va pas tarder à arriver ». Assez bêtement peut être, la première question qui me vient à l’esprit est de lui demander « pourquoi existons-nous depuis hier seulement, que sait-il passé pour cela ? » Et là, il me regarde et me demande : « vous vous êtes inscrit sur le site NET.ENTREPRISES non ? Deuxième désarroi car effectivement, en désespoir de cause et ne recevant pas de réponse, la veille j’ai inscrit l’association à ce site là, espérant en trouver une, mais non, il n’y avait rien ! C'est-à-dire que si je ne m’étais pas inscrit, ou pire, si je ne possédais pas Internet, l’association serait toujours inconnue de la CPAM, à laquelle, je vous le rappelle nous cotisons par l’intermédiaire de l’Urssaf pour cette salariée depuis 2009 et bien antérieurement plus globalement. Au delà de cette absence de liaison informatique entre les fichiers de la CPAM et ceux de l’Urssaf qui est la branche recouvrement, je suis obligé de constater qu’un gros dossier contenant une demande d’indemnités journalières, les copies de 2 arrêts de travail, 12 bulletins de salaires et un Rib n’alerte personne à la CPAM. Non, personne là-bas ne réagit à une entreprise possédant une salariée malade et un numéro de SIRET ! On laisse pourrir les situations. On s’en lave les mains et l’envoi de 2 mails pour obtenir une réponse ne change rien à l’affaire. On a dégraissé des effectifs, les dossiers s’amoncellent, pourrissent si on n’y prête pas garde et personne n’est prêt à changer les choses. Les dernières paroles du conseiller qui m’a reçu sont significatives de cet état de fait: « votre association n’est pas prioritaire dans le traitement des dossiers car il y a des urgences plus importantes que la vôtre à s’occuper ! » Tout est dit et deux mois d’attente sont paraît-il un délai normal !!!!
-2eme exemple : Ma mère est décédée en novembre 2014 laissant à ses trois héritiers dont moi, un petit pécule provenant de la vente de sa maison, vente indispensable d’abord à son maintien dans un service spécialisé Alzheimer d’une maison de retraite. Elle y est restée 6 ans et ce petit pécule restant était essentiellement composé d’un compte bancaire, de livrets d’épargne et d’un contrat d’assurance-vie. En ma qualité de tuteur et sur demande du juge des tutelles, j’ai chargé un notaire du partage de cette succession. A cet instant, j’ignorais que l’assurance-vie ne serait pas traitée par le notaire, j’ai donc à ce sujet, entrepris personnellement toutes les démarches et fait le nécessaire avec la Banque Postale et le service des Impôts compétent et les droits qui étaient dus, essentiellement par mon neveu, ont été réglés en temps et en heure. Dès le décès de ma mère, j’avais écrit à tous les collectivités, à tous les organismes et bien évidemment au centre des Impôts dont elle dépendait, leur communiquant au passage tous les renseignements qui m’avaient paru utiles et notamment la situation des comptes bancaires au jour du décès. Le Centre des Impôts en question a reçu en quelques mois pas moins de quatre lettres recommandées avec accusé de réception à propos de cette succession soit pour la partie traitée par le notaire soit pour l’assurance vie. Malgré ça, il y a quelques jours, soit 17 mois après le décès, je viens de recevoir sous la forme d’un questionnaire, un demande m’informant que je n’avais pas déposer, comme il se doit, une déclaration de succession. Oh surprise bien évidemment ! En effet, le nécessaire ayant été fait pour le contrat d’assurance-vie, j’étais bien évidemment persuadé que pour le reste du partage, ça faisait partie de la mission du notaire que d’établir une déclaration de succession. Que nenni m’a répondu le notaire : « l’actif successoral de votre mère étant inférieur à 50 000 €, les héritiers en ligne directe sont dispensés du dépôt de la déclaration.Il vous suffit de compléter le formulaire joint en y portant les sommes figurant sur les comptes de votre mère au jour de son décès et de le retourner aux impôts ». C'est-à-dire que j’ai payé un notaire fort cher pensant qu’il se chargerait de toutes les déclarations fiscales et que malgré ça, je dois encore « me taper » le remplissage d’un questionnaire en y mentionnant des chiffres que j’avais déjà communiqué au Centre des Impôts en question quatre jours après que ma mère soit décédée. Outre la colère qui prédomine en cette circonstance, j’ai eu le vague sentiment de vivre en plein délire et les seules questions qui me turlupinaient sans cesse concernaient le fonctionnement général de l’Administration française : « mais comment la France peut-elle fonctionner correctement avec si peu d’organisation ? » « Voilà où passe notre argent, on occupe des personnes inutilement, on envoie des formulaires à remplir alors qu’il suffirait d’un brin de discipline pour s’apercevoir que les renseignements ont déjà été fournis et figurent déjà au dossier ! ». Bon, ça m’a coûté un recommandé supplémentaire et voilà au moins une administration, la Poste, qui dans cette affaire y a trouvé son compte !
Aujourd’hui, je suis dans l’attente d’une réponse à ces deux dossiers et je ne peux pas m’empêcher de me dire à quand les prochains ahurissements ? À quand les prochaines consternations ? À quand les prochains ébahissements ? Si je croyais en Dieu, je pourrais dire « Dieu seul le sait » mais je n’ai même pas ça pour me consoler ! Non seuls, les fonctionnaires le savent et encore permettez moi d’en douter !
Et cette dernière réflexion me rappelle le titre assez marrant d’une B.D qui s’intitule « Dieu n’aime pas les fonctionnaires » de Pierre-Marie Windal et je me dis que peut être je suis un peu comme dieu, moi non plus je ne les aime pas les fonctionnaires ? Non, ce n’est pas possible, mes deux enfants sont fonctionnaires et je les aime par dessus tout ! Alors je peste et il ne me reste que ça !
Je suis donc un peu que comme ces 66% de français, lesquels, estimaient au travers d’un sondage TNT Sofres de 2011 que l’Etat ne mettait pas suffisamment de moyens à leur disposition. Mais alors, où va l’argent de nos impôts ?
« On remplace un ami, une épouse, une amante. Mais une mère est un bien précieux qu’on reçoit une fois, par la bonté des cieux ». André Chénier - poète 1762-1794
Début novembre, le 7 exactement, je vous faisais part dans Mon Journal Mensuel de mon désarroi et de ma détresse alors que ma mère s’éteignait à petit feu. Devant ce que je considérais comme une terrible injustice, je ne savais que dire et encore moins que faire. Ma mère nous a quitté le 10 novembre. Elle nous a quitté dans sa petite chambre de la maison de retraite où elle résidait depuis plus de 6 longues années. 6 longues années à vivre là, à cause de cette infâme maladie d’Alzheimer. Une infâme maladie qui l’avait avilie, qui l’avait réduite peu à peu à un état végétatif c'est-à-dire de « légume » si je veux être sordide mais réaliste. Elle nous a quitté après être restée 13 jours sans manger ni boire juste soutenue par d’éphémères perfusions et quelques patchs anti-douleurs à base de morphine. Ma mère était malade mais elle avait un cœur d’une incroyable solidité. A-t-elle souffert ? Je ne sais pas mais cette question me taraude sans cesse l’esprit et ce mois-ci, j’ai agréablement constaté que je n’étais pas le seul à m’interroger sur une fin de vie comme celle que ma mère avait connue. En effet, ces derniers jours, les députés français ont eu à réfléchir et à se prononcer sur une loi dite de « fin de vie » consistant à autoriser un endormissement pour les malades incurables et en phase terminale lorsque leurs souffrances ne peuvent pas être apaisées. A une large majorité de 436 voix contre 34, la proposition de loi a été adoptée. Merci à eux, même si un bémol est à mettre en exergue car tout ce qui consiste en une aide active à mourir a été majoritairement rejetée. « Endormir oui ! Euthanasier non ! ». Mais un pas de plus a été franchi dans l'apaisement et le confort de cette « fin de vie » que l’on redoute tous en vieillissant.
Aujourd’hui, la question que je me pose est la suivante : « Cette loi aurait-elle changée la mort de ma mère ? ». Bien évidemment, je ne peux pas répondre à cette question mais une chose est sûre c’est que le corps médical qui l’entourait avait reçu toutes les consignes pour qu’elle ne souffre pas ou en tous cas, le moins longtemps et le moins possible. Aujourd’hui, je m’interroge toujours et mes tourments ne sont sans doute pas près de s’estomper. C’est ainsi.
Le 7 novembre, je ne savais que dire sur mon blog, le 10 encore moins….mais en ma qualité d’aîné, le jour des obsèques, il a fallu que je parle de ma mère. Alors, pas facile de résumer sur une feuille de format A4 tout l’amour qu’elle m’avait donné, pas facile de résumer tout l’amour que l’on a porté à sa mère,….mais bon il a bien fallu que j’écrive un petit laïus et ça n’a pas été simple. Ce ne sont pas des « Oraisons funèbres » dignes d’un Bossuet, ni un grand discours d’éloges, non c’était un petit laïus pour lui rendre hommage tout simplement, car ma mère, c’était avant tout la simplicité :
« Bonjour à tous, merci d’être venus nous soutenir. Quand maman est décédée à la maison de retraite, un gentil infirmier d’origine africaine m’a dit que dans son pays d’origine quand une personne âgée décédait, il était de coutume de dire que c’était une bibliothèque qui disparaissait. J’ai beaucoup aimé cette image. Alors je ne sais pas si maman était une bibliothèque mais une chose dont je suis sûr c’est qu’elle a été un livre d’amour et un drame en même temps. Un livre d’amour dont j’ai le sentiment d’avoir oublié de lire quelques pages importantes. Par exemple, je m’aperçois aujourd’hui que j’ai su peu de choses de son enfance et de sa jeunesse, sans doute par pudeur. Je n’ai jamais su non plus comment elle avait rencontré mon père et comment ils s’étaient aimés. J’aurais bien aimé lui poser des questions sur mes grands-parents. Enfin toutes ces choses que l’on veut savoir quand on « prend de la bouteille ». Maman a été un livre d’amour car elle a consacré sa vie aux autres et surtout aux enfants. Elle nous a d’abord élevé, nous, ses trois enfants Daniel, Nicole et moi. Ensuite, elle a gardé ses petits-enfants Pascal et Sylvain, et comme ça ne lui suffisait pas, elle a encore gardé d’autres enfants. C’était son choix : s’occuper d’enfants ! C’était sans doute là que résidait son bonheur : avoir des enfants autour d’elle. Elle aimait ça ! C’était ce qu’elle avait choisi ! Ensuite sa vie a été très difficile car elle a connu des épreuves qu’elle n’avait pas choisies : le décès de mon frère Daniel partit bien trop jeune et qui a toujours été une profonde cicatrice qui ne s’est jamais refermée. Le décès de mon père, parti bien trop tôt lui aussi et qui l’a empêché d’avoir une retraite digne de ce nom. Une retraite où elle aurait pu profiter un peu de la vie, faire des voyages enfin toutes ces bonnes choses que l’on peut faire à cet instant après une dure vie de labeurs. Ensuite, il y a eu cette terrible maladie d’Alzheimer. Là, le livre est devenu illisible. Illisible pour elle et illisible pour nous et tous ses proches. Pendant 8 ans, cette maladie nous l’avons vécue comme une injustice. Maman ne méritait pas ça. Cette maladie, elle en a souffert. Nous en avons souffert. Aujourd’hui, la dernière page du livre se referme et c’est une délivrance. Une délivrance pour elle surtout et pour nous aussi bien sûr. Même si la vie de maman ne peut pas se résumer à quelques lignes, voilà ce que je voulais dire d’elle. Maman je t’aime, on t’aime. »
Mettre le son pour écouter la musique : Nocturne de Secret Garden