Eklablog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

travail

N'oubliez pas......les millions !

Publié le par gibirando

 

N'oubliez pas......les millions !


 

A la télévision, mon épouse regarde parfois cette émission de Nagui qui s’intitule « N’oubliez pas les paroles ». Alors bien sûr, même si je n’aime pas cette émission, je respecte ses choix télévisuels. Quand je regarde du foot, j’ai conscience que les miens ne sont sans doute pas mieux et peut-être même pires !  Si j’en crois ce que j’en lis sur Wikipédia, c’est ce que l’on appelle une émission « culte »  puisqu’elle a commencé en 2007 et perdure depuis,  soit déjà 16 ans.  Toujours dans cette encyclopédie, il est indiqué qu’elle est l’adaptation d’une émission américaine qui s’ intitulait « Don’t Forget the Lyrics ! » et qui là-bas n’a duré qu’un peu moins de 4 ans. Son but ? Se souvenir de paroles de chansons et gagner de l’argent. Enfin quand je dis de l’argent, il n’y a pas que le micro qui soit en argent, car ici c’est plutôt des sommes folles puisque chaque soir c’est 40.000 euros que les candidats peuvent être amenés à gagner. Ils les gagnent parfois.  Un jeu d’argent quoi ou connaître quelques chansons peut en terme de tarif se comparer à quelques buts marqués par Mbappé ou Messi ! Choquant quoi ! Indécent même !

Alors si j’écris cette rubrique, c’est parce que je n’aime pas cette émission et que j’ai envie d’écrire pourquoi. Attention, je ne dis pas que c’est la pire, loin s’en faut, mais sous ces faux-airs d’émission sage, ludique, doucereuse, culturelle et parfois carrément larmoyante (car gagner des millions d'euros c’est comme éplucher des oignons ça fait souvent pleurer ! ), elle rassemble à elle seule tout ce qui m’horripile de la télévision et méprise de la société dans laquelle nous vivons. Attention, je précise aussi que ce n’est pas pour autant que je n’aime pas certaines chansons et chanteurs. Là, n’est pas le problème.

Mais je retrouve dans cette émission ( mais il y en a bien d’autres !), l’abêtissement inéluctable de l'humain que le philosophe allemand Günther Anders redoutait déjà en 1956 dans une de ses réflexions prémonitoires. C’est une amie qui m’a envoyé et rappelé ce texte il y a quelques jours. Qu’écrivait-il ? : « On diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissants, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s'interroger, penser, réfléchir…..Comme anesthésiant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.» Alors certes ce philosophe a toujours été réputé pour ses exagérations, mais force est de reconnaître que c’est malheureusement la société que l’on connaît désormais ! Internet étant venu s'ajouter à la télévision pour amplifier ce phénomène ! 

D’abord, il suffit de regarder cette émission pour constater qu’elle est réglée comme du « papier à musique » et cette expression que j’emploie à raison est faible. Ainsi, chaque soir, comme un bourrage de crâne qu’il connaît et répète par cœur, Nagui emploie toujours les mêmes mots, je pourrais presque dire toujours le même refrain, la même sérénade, la même rengaine. Après sa litanie répétitive concernant les différents gains possibles de 1.000 à 20.000 euros, tous les participants à l’émission crient  « VINGT MILLE » comme si la somme en question les concernait tous !  Idem quand il s’agit d’hurler « N’oubliez pas ……LES PAROLES ! ». Idem par exemple, quand  c’est à la publicité de passer ; car l’émission n’existe que grâce à cela ;  Nagui crie « ÇA ! » et  à cet instant précis tout le monde reprend en cœur le fameux pronom démonstratif, son index se transformant en une baguette magique auprès d’un auditoire docile car bien dompté. Oui, s’il y a bien un seul « maestro » dans cette émission, c’est bien Nagui ! Son auditoire ? Quelques jeunes gens assis sur une estrade tels des perroquets dans une cage dont la seule raison d’être là (or mis peut-être une petite enveloppe !) est la même que celle du cerveau des volatiles, à savoir répéter bêtement puis se balancer et se trémousser aux sons de quelques paroles sans grande cohérence le plus souvent voire carrément débiles quelquefois. Car, il ne faut pas se leurrer, toutes les chansons françaises n’ont pas été écrites par Brel, Ferrat, Brassens, FerréTrenet, Cabrel voire par Pierre DelanoëJean-Loup Dabadie ou Louis Amade. Non, toutes les chansons sont « bonnes » à passer dans cette émission, de la pire à la plus aboutie. C’est ainsi mais « N’oubliez pas les paroles » n’est pas une émission spécialement culturelle ou alors il faudrait remplacer les paroles des chansons par quelques vers de nos plus célèbres poètes que sont HugoRimbaud ou Du Bellay par exemple. Alors certes, l’Audimat tomberait et il n’y aurait pas 3 millions de téléspectateurs devant leur écran tous les soirs mais à la longue toute la société française ; et la jeunesse en particulier ;  y gagnerait probablement en intellect ! Mais comme aurait dit La Palice si le but n’est pas là c’est bien qu’il est ailleurs. Gagner de l’audimat, c’est gagner du fric et peu importe si l’émission est un matraquage stéréotypé, déficient intellectuellement, indécent en terme d’argent à gagner et avilissant à mon goût.

Alors si je ne disconviens  pas qu’il faut de la mémoire pour gagner beaucoup d’argent ; mais c’est souvent le cas (voir la liste de tous les gagnants ayant gagné plus de 100.000 euros sur Wikipédia) ; comme le dit si bien Nagui chaque soir, une chanson c’est quoi ? 200 ou 300 mots à connaître par cœur ? Oui, c’est ça ! C’est-à-dire qu’une personne comme Margaux qui a gagné 530.000 euros en 59 victoires, elle a peut-être su chanter 10.000 à 15.000 mots maximum pour en arriver là, soit peut être une moyenne de 35 à 40 euros le mot. C’est le tarif fourchette très élevée d’une heure d’une femme de ménage qui elle travaillera toute sa vie sans pour autant arriver à gagner ce que Margaux a gagné en l’espace de 2 mois ! « Tant mieux pour Margaux et tant pis pour les femmes de ménage, elles n'ont qu’à apprendre des chansons par cœur »  diront certains. Pas si facile que ça le raisonnement !

Quand j’entends Nagui dire à un candidat « le travail paye », je ne partage pas son avis et en tous cas pas ici le mot «travail». Depuis que dans ma jeunesse  j’ai  lu « Germinal » de Zola, j’ai toujours pensé que la vraie définition  du mot « travail », c’était au pire d’aller au charbon et au minimum de se lever chaque matin avec la volonté d’aller bosser, de créer, d’enseigner ou de produire quelque chose comme le Larousse le laisse entendre dans sa définition . En tous cas, c’est ce que mes parents m’ont appris, c’est ce que j'ai fait pendant 40 années et c’est ce que j’ai essayé d’inculquer à mes deux enfants.  Apprendre 5, 6, 7 à 8 centaines de chansons par cœur, n’est-ce pas plutôt un plaisir ? Un agréable divertissement ? Un passe-temps ? Une récréation ? Un amusement ? Un amusement où certaines personnes à la « mémoire absolue » ou presque ont cru bon de s’engouffrer pour gagner beaucoup d’argent en un minimum de temps. Je les comprends et n’ai rien contre eux que ça soit clair. Et oui avoir « une mémoire absolue » n’est pas donné à tout le monde. Les scientifiques rajouteraient qu’il y a peu de personnes qui ont une mémoire eidétique. Certains ont tellement compris qu’ils avaient découvert un filon qu’ils ont changé de métier comme Hervé ou Margaux, préférant  le milieu du spectacle à leurs premières orientations, pourtant à priori  très enrichissantes. Ce qui tendrait à prouver qu'après être passé à la TV, leur façon d'appréhender le travail, la société, la vie quoi, a changé, confirmant ainsi cette euphorie et cet émotionnel qu'évoque Günther Anders

Alors les plus grands gagnants sont devenus des « maestros ». Ils se produisent sur scène et donnent des concerts dans les plus grandes salles d’Europe comme les Zénith par exemple. Ma  crainte, au regard de l’ampleur que prend cette émission ne plus en plus « monopolisante » le soir à 21 heures,  c’est que bientôt cette définition du mot « maestro » entre dans les dictionnaires comme « gagnant du jeu N’oubliez pas les paroles », donnant ainsi une même résonance que celle attribuée aux plus éminents compositeurs classiques et aux plus grands chefs d’orchestre de notre planète et de notre Histoire.

Oui, outre le fait qu’elle est trop récurrente, qu’il y ait trop de publicités (mais malheureusement la TV ce n'est plus que ça aujourd’hui !)  voilà pourquoi je n’aime pas cette émission.

Même si j’évite de la regarder, il m’arrive de l’entendre quand mon épouse la regarde et quand je sais que parfois les gains vont à des associations caritatives, je me dis que c’est pas mal et que ça compense un tout petit peu tous ses défauts.  On pourrait faire des jeux plus culturels et donner également les gains à des associations reconnues d'intérêt général. Mais non, le pli de l'abrutissement des masses est pris et il semble que ça soit trop tard pour que cette machine folle qu'est souvent la télévision fasse marche arrière.  Quand je la regarde, ce qui m'arrive, je la subis moi aussi !

Euh…….J’espère que je n’ai rien oublié ?

Partager cet article
Repost0

Quelques records français....

Publié le par gibirando

Quelques records français....


 

Le titre de l’article de Mon Journal Mensuel de février 2023 risque de vous surprendre par rapport à son contenu. Quand je parle de records français, je n’ai pas envie de vous parler de records sportifs, ni des 122 ans de Jeanne Calment et encore moins du plus grand nombre de variétés de fromages déposées sur une seule pizza (record 2023 du Guinness Book). Non, ici les records sont moins glorieux, plus terre à terre mais bien réels et j’ai même fait en sorte qu’ils concernent trois préoccupations majeures des français que sont l’emploi, la pouvoir d’achat et l'éducation des enfants :

  • Record de démissions : Ainsi et parce que l’emploi reste la préoccupation première d’une majorité de français, le record le plus surprenant de l’année 2022  n’a-t-il pas été d’apprendre qu’au premier trimestre et avec une pandémie Covid encore bien haute, 523.107 personnes ont démissionné de leur job, job le plus souvent avec un contrat à durée indéterminée (CDI) ? Pour en savoir plus des raisons de ce tsunami de démissions voici un lien qui vous aidera. La France est un pays surprenant !
  • Record du nombre d'élus : Toujours en matière d’emploi, n’est-il pas tout aussi surprenant d’apprendre que la France détient la plus grande concentration d’élus de la planète avec 601.132 soit 1 élu pour 108 habitants en février 2022, record inégalé dont un détail explicatif vous est proposé avec ce lien.
  • Record du nombre de fonctionnaires : Toujours dans le domaine de l’emploi, la France est le pays d'Europe comptant le plus grand nombre de fonctionnaires avec 5.674.000 en février 2023. Alors bien sûr, certaines personnes vous diront que ce n’est pas le nombre total qui compte mais celui par habitants, ce calcul-là faisant de nous un pays parmi les premiers mais pas le premier en Europe il est vrai. Alors certes on peut discutailler les chiffres mais en réalité, ce qui compte vraiment n’est-ce pas que les français soient contents de leurs services publics….. ? Et là malheureusement nous serions les bons derniers de la classe européenne en bien des thèmes que la fonction publique est censé résoudre : santé, sécurité,  justice, éducation, etc…. En novembre 2022, 6 français sur 10 estiment que les services publics fonctionnent mal.....les 4 autres étant sans doute eux-mêmes fonctionnaires, enfin ça c'est moi que le dis !  Voici un  lien explicatif et un  autre lien plus ancien par nombre d’habitants mais qui montrent bien que la France détient le record d'Europe en nombre absolu devant l'Allemagne mais surtout très largement devant les autres pays.
  • Record de fraudes sociales :  Oublions l’emploi et venons à d’autres préoccupations également bien factuelles des français que sont le pouvoir d’achat et l’inflation. Alors que la France est un des pays au monde qui taxe et impose le plus ses citoyens, et qui en même temps est un des pays les plus généreux sur le plan des prestations sociales,  n’est-il pas étonnant de lire que « selon un rapport parlementaire publié en septembre 2019, la fraude sociale s'élèverait dans notre pays entre 13,5 et 45 milliards d'euros par an, soit de 3 à 10 % des prestations. En 2020, Charles Prats, un magistrat spécialisé (voir mon article avec vidéo à son propos) dans les questions de fraudes fiscales et à la sécurité sociale, publie le Cartel des Fraudes. S'appuyant sur une commission d'enquête parlementaire, il avance que le nombre de bénéficiaires de prestations sociales serait supérieur de 5 millions à la population française (73,7 millions de personnes pour une population française de 67 millions d'habitants. Il dénonce ainsi comme aberrant le nombre de cartes Vitale en circulation en regard de la population française, avec un écart de 5 millions de cartes vitale actives en trop » (sources Wikipédia). Quand à la fraude fiscale française, elle est difficilement appréciable mais toutes les estimations se chiffrent en plusieurs milliards d’euros et fait de nous le 3eme pays européen après l’Italie et l’Allemagne. Il suffit de voir les 13,4 milliards de redressements notifiés en 2021 et les 10,7 milliards encaissés cette même année-là au titre de contrôles fiscaux pour comprendre que cette fraude fiscale est une triste réalité. A l’heure où nombre de français ont du mal à boucler leurs fins de mois et où grâce à des ordinateurs hypers puissants on est capable d’aller marcher sur la Lune, d’aller voir Mars et parfois même encore bien plus loin dans l’espace,  j’ai du mal à comprendre qu’un Etat comme la France ; que nos gouvernants glorifient très souvent d’être une « grande puissance mondiale » (29eme, 31eme et 39eme  du PIB par habitant selon les années et les classements ),  ne soit pas capable de savoir à combien s’élèvent toutes ses fraudes, qui fraudent, comment et surtout de mettre fin à des malversations d’une telle ampleur. Ces nombreux milliards seraient bons à prendre dans un pays où l’endettement par habitant bat des records :  43.000 euros par habitant à l’instant où je publie ce billet. Si je vous donne ce chifre, c'est parce que la dette elle-même n'est plus parlante ni pour moi ni pour personne : 3 016 000 000 000 euros, je vous fais grâce de son évolution permanente que vous pouvez suivre grâce à un compteur sur le site de l'association Les Contribuables Associés
  • Records de notre système éducatif : Avec l’éducation de nos enfants, je vous propose une autre préoccupation majeure des français. Et si je vous demande quelle est la place de la France dans le concert mondial au niveau des meilleurs  systèmes éducatifs ? Elle arrive 19eme sur 20. Attention ce n’est pas un 19/20 comme vous le constaterez avec le lien suivant. Quant à l’enseignement des maths et des sciences nous sommes encore plus loin dans les classements comme vous pourrez le constater en cliquant sur ce lien. Enfin, en ce qui concerne le suivi des acquis des élèves, tous les classements (Programme PISA) montrent clairement que la France a du mal à se faire un place au soleil et ce depuis de longues années, les choses n'allant pas en s'améliorant !

 

Allez, des records français peu honorables il y en a bien d’autres mais j’arrête là cet inventaire que même Prévert n’aurait pas aimé car chères lectrices et chers lecteurs, je ne veux pas vous pourrir ce mois de février 2023. Et puis comme le chantait si bien Céline Dion et avant elle Jésus  « les derniers seront les premiers »…..mais alors là pour y parvenir il y a du boulot et il ne s’agit pas de démissionner tous les 4 matins  ! Et puis les records sont faits pour être battus….enfin ici disons plutôt améliorés ce qui serait déjà pas mal.

Vous savez sans doute que j’aime bien les citations et régulièrement je termine Ma Newsletter avec l’une d’entre-elles.

 Alors je fais mienne la citation suivante :

« Nommer quelque chose, c’est commencé à le comprendre »Stephen Baxter, que l’on peut aussi formuler en « nommer un problème, c’est commencer à le résoudre ». Voilà une bonne raison qui m'a fait écrire ce billet. 

Partager cet article
Repost0

1986 - 2008 Emporté par la houle.

Publié le par gibirando

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer dessus. Parfois 2 fois pour une photo plein écran.1986 - 2008 Emporté par la houle

Les magnifiques bureaux de la société Gilbertrad où j'ai pris plaisir à bosser pendant presque 14 ans

Il y a quelques jours, j’ai revu mon ex-patron de chez Gilbertrad et ce fut pour moi un réel bonheur. Cette rencontre m’a conforté dans l’idée qu’il était temps que j’écrive la suite de ma vie professionnelle. La première, celle qui s’était écoulée de 1969 à 1986, en 2018 je l’avais intitulée « Mon onde informatique ». Là, et pour rester dans le domaine de la mer, je lui ai donné le titre de « Emporté par la houle » et ce n’est qu’en lisant ce récit que vous comprendrez pourquoi. Il évoque mes années professionnelles de 1986 à avril 2008 lors de mon départ à la retraite. Voilà de très longues années que nous ne nous étions pas revus. Il m’a invité à déjeuner et m’a longuement expliqué comment à partir de 2012 il avait réfléchi à liquider proprement son entreprise. A regrets certes, mais l’activité de commerces de gros de lingerie qui était celle de l’entreprise ayant défavorablement évolué, le chiffre d’affaires baissant fortement d’année en année car ses principaux clients partaient directement acheter en Asie, il n’avait pas vu d’autre solution que ce dépôt de bilan mûrement réfléchi mais « clean » pour tout le monde : salariés bien sûr mais aussi fournisseurs, banquiers et l’Etat . Ayant bossé dans son entreprise avec passion de juillet 1994 à avril 2008, soit presque 14 ans, j’avais énormément été affecté d’apprendre cette liquidation judiciaire. Cette rencontre m’a quelque peu apaisé. Il faut dire que je m’étais beaucoup impliqué dans mon travail, même s’il est vrai aussi que j’avais pris beaucoup d’allégresse à tenir le job qui m’avait été affecté. Certes, j’y avais tenu le poste officiel de Directeur Comptable et Financier mais à vrai dire mon rôle exact allait bien au-delà de ces trois mots. J’y faisais également office d’informaticien, assurant la petite maintenance quotidienne logicielle et technique mais aussi de Responsable des Ressources Humaines m’occupant de la gestion informatique du personnel et des paies, déclarations sociales et des inévitables contrôles de l’Urssaf ou bien fiscaux. Oui pendant ces 14 ans,  j’ai bossé avec délectation car certes je me servais à fond de mes expériences passées d’informaticien et de gestionnaire (1969-1986) mais aussi de tout ce que j’avais appris pendant les années précédentes, c’est-à-dire entre 1986 et 1994. Informatique, gestion, comptabilité, finances, économie, droit fiscal et juridique, droit social et du travail, droit des entreprises, rapports amicaux et prévenants avec le personnel mais jamais complaisants professionnellement, contacts avec les clients, les fournisseurs, les banquiers et toutes les administrations auxquelles on est confronté en pareil cas, j’en passe et des meilleures. Oui, j’avais pris mon pied pendant ces 14 ans, avant que tout cela ne devienne trop lourd pour moi et pesant dans ma tête parce que justement au fil des années, les affaires marchaient déjà moins bien, les crédits étaient plus difficiles à obtenir, les clients plus difficiles à leur faire honorer leurs factures, etc... etc….…Oui, quand à la mi-2007, j’ai appris que je pouvais partir à la retraite en avril 2008 à 59 ans et avec des droits plutôt corrects, ma décision fut immédiate et sans appel. J’allais arrêter malgré les 14 années pleines d’enthousiasme que j’avais vécues chez Gilbertrad. Rester seulement à trouver un(e) remplaçant(e) et ce ne fût pas une mince affaire. Dès que ma décision fut prise, j’ai en permanence commencé à idéaliser ma retraite. Je me voyais déjà vivre mes passions qu’étaient la mer, la montagne et la Nature plus globalement. Je me voyais déjà profiter à plein de Dany mon épouse. Mais si j’ai rapidement compris que l’idéal est rarement atteignable, je ne vais pas me plaindre de mon sort car j’ai souvent fait ce que j’avais envie, et en premier lieu cette passion de la randonnée pédestre qui peu à peu avait supplanté celle de la mer et était devenue pratiquement un « principe de vie » : Tour du Vallespir en 6 jours en 2009Cassis-Marseille en 2 joursTour du Tres Estelles de sinistre mémoire puis Tour des Fenouillèdes en 5 jours en 2011 avec mon filsTour du Capcir en 4 jours en 2013 toujours avec mon fils et 2 de ses amis, Tour du Golfe Antique en 3 jours en 2014 (à paraître) sans compter bien sûr les innombrables randonnées sur un jour que vous trouverez sur mon blog "Mes Belles Randonnées Expliquées". Oui, la marche et être le plus souvent auprès de la Nature avaient peu à peu effacé les galères professionnelles que j’avais vécu avant mon embauche chez Gilbertrad. Car autant l’avouer, elles avaient été un peu trop nombreuses à mon goût. Voilà donc ci-après comment ma petite « Onde informatique » était devenue peu à peu une houle qui tentait de m’emporter : 

                                                               GIL SA – NATEL SA 1986-1988 

1986 - 2008 Emporté par la houle

1986 - 2008 Emporté par la houle 

En 1981, avec des commerciaux de chez Gil SA, je tourne le dos à l'appareil photo lors d'un salon informatique organisé par le Creufop de Perpignan. 

-           - Fin 1986-mars 1988 : Comme déjà indiqué dans « Mon onde informatique »,  la première grosse vague de cette houle qui s’annonce depuis quelques temps déjà arrive dans le dernier trimestre de 1986 quand Gil SA, mon employeur, m’annonce qu’il va fermer l’agence informatique de Perpignan dont je suis le responsable. Ici commencent réellement les vrais problèmes car les sociétés Natel SA ; mon employeur précédent ; et Gil SA se renvoient la balle de cette fermeture. Ils ferment l’agence mais refusent de nous licencier mon ami René Ciano et moi, mettant en avant la signature d’un contrat de rattachement du personnel qu’ils auraient signé entre eux et nous auraient fait signer par la même occasion. Grosso-modo, notre dernier employeur, c’est-à-dire Gil SA utilise ce contrat pour dire que nous sommes des salariés de Natel SA. Dans l’autre camp, Natel SA affirme le contraire, demandant à Gil SA d’assumer la responsabilité de la fermeture de l’agence et donc de nous licencier. Résultat ? Nous ne sommes pas licenciés, nous ne pouvons pas nous inscrire comme demandeur d’emploi au risque d’être considérés comme démissionnaires, nous sommes obligés de déposer un recours auprès du Tribunal des Prud’hommes et dans l’attente du résultat prud’hommal, nous sommes obligés de faire acte de présence pendant plusieurs mois dans l’entreprise, et cela sans aucun salaire. Là commence une galère pour nous et un imbroglio qui vont durer de décembre 1986 à mars 1988 avec toutes les péripéties liées à cette terrible situation. Terrible quand on a une femme qui travaille à mi-temps et deux enfants à élever et à nourrir  : Aux Prud’hommes nous obtenons gain de cause à nos demandes, à la Cour d’Appel nous perdons un peu de ce qui a été gagné et de ce fait nous voilà contraints de faire un pourvoi de la décision auprès de la Cour de Cassation. Pendant ce temps, les mois passent, nous ne sommes toujours pas licenciés, donc pas de droit aux allocations chômage et notre seul recours est de vivre de nos rentes ; à condition d’en avoir, ce qui n’est pas mon cas. Me voilà donc contraint de travailler au noir, ce que je fais par la force des choses. Finalement, un soir, Monsieur Gex, le grand patron de Natel SA m’appelle et me propose la signature d’un protocole d’accord pour stopper la procédure du pourvoi en cassation. Il me propose de garder l’argent gagné et bien évidemment ; mais après aval de mon avocat ; j’accepte car j’en ai assez de cette situation alambiquée qui m’empêche de bosser normalement depuis bientôt deux ans. Sauf qu’à cet instant, je ne sais pas que mon ami René Ciano a déjà rendu la somme d’argent perdue en appel. Je le regrette mais je lui dis tant pis pour toi car je lui avais fortement déconseillé de le faire. Après la signature de ce protocole d’accord et le règlement total de cette situation, avec obtention du licenciement et des sommes correspondantes, me voilà enfin libre de m’inscrire comme demandeur d’emploi. Sauf que n’ayant pas bossé depuis plus d’un an, je n’ai pas droit à des allocations de chômage mais seulement à une prime unique de formation obligatoire de 3.000 francs.  Formation d’anglais et de comptabilité que je vais suivre au CNED de décembre 1987 à février 1988. Ainsi se termine cette longue et terrible affaire, affaire qui aura néanmoins le mérite de me permettre de comprendre que les relations employeurs/employés ne seront pas toujours un petit mascaret.

 

JIBECO SARL – Les Soldeurs Occitans  Avril 1988

1986 - 2008 Emporté par la houle 

-           - Fin mars 1988, je pars m’installer en solitaire dans un T.1 du centre historique de Narbonne ; espèce de minuscule chambre de bonne ; car le patron ; un ancien client de Gil SA ; me propose un poste de responsable de la gestion des stocks dans sa société Jibeco Sarl- Les Soldeurs Occitans à partir du 1er avril. En réalité, je comprends très vite qu’il a de gros manques dans ses stocks, qu’il veut comprendre pourquoi et qu’il a besoin à la fois de quelqu’un pour tenir une gestion informatique sérieuse mais aussi de quelqu’un de maniable, de souple voire de docile et d’obéissant s’il le juge nécessaire. J’effectue d’abord un inventaire mais que je ne peux mener à son terme à mon grand regret. En effet, le week-end suivant et alors que j’ai tout prévu pour le terminer, il préfère organiser un barbecue chez lui avec le personnel que j’avais prévu d’occuper. On se querelle un peu à ce propos car j’ai la franchise de lui dire que je n’ai pas pour habitude de travailler ainsi. Finalement, lui n’apprécie pas et n’accepte pas ma franchise et moi je ne me sens pas à l’aise dans cette société où la rigueur ne semble pas de mise. En effet,  j’ai constaté d’importantes démarques dans les stocks de papiers-peints que je voudrais bien m’expliquer car j’estime que voler des rouleaux de papiers-peints ne peut pas être chose aisée de la part de clients. Alors pourquoi, comment et grâce à qui disparaissent-ils ? Je lui en fais part, mais là aussi et alors que j’envisage de mener une petite enquête, il me demande de laisser tomber.  Je ne comprends pas, n’aime pas cette situation nébuleuse et de ce fait je préfère mettre fin d’un commun accord à la période d’essai qui se termine quelques jours plus tard. Voilà une deuxième grosse vague à laquelle je ne m’attendais pas de la part d’un ancien client avec lequel j’avais toujours eu de très bonnes relations commerciales précédemment.

-           

DEFI SARL  JUIN 1988 – JANVIER 1990

1986 - 2008 Emporté par la houle

-          - Le 1er juin 1988, après 2 mois comme demandeur d’emploi, c’est par l’entremise de la société d’avocats et de juristes Fidal ; que je connais un peu depuis mon pourvoi en cassation ; que je signe un CDD de comptable dans l’entreprise Défi Sarl de Perpignan. C’est une entreprise un peu spéciale puisqu’elle ne vend que des produits et objets sexuels et pornographiques et dispose de deux sex-shops avec salles de projection dans le centre-ville de Perpignan pour les films qu'elles proposent et distribuent. Je suis là pour remplacer l’unique comptable qui doit partir en congés de maternité incessamment mais aussi pour tenter de trouver une ou plusieurs banques que l’activité de l'entreprise ne choquerait pas. Il y en a peu dans ce cas, ce n’est pas facile d’en trouver, mais finalement je réussirais à en faire rentrer deux en quelques mois. Concernant l’activité, au départ, je me dis « vendre ça ou des cacahouètes quelle différence ? » Sauf que je vais très vite prendre conscience que la différence est énorme. Sous un autre aspect, elle va me permettre d’apprendre très rapidement le métier de comptable que je ne connais qu’à travers mes rôles d’informaticien et de gestionnaire en informatique. De surcroît et en quelques mois, elle va me permettre d’être confronté à tous les contrôles possibles : fiscaux, Urssaf sans oublier les gendarmes et les policiers qui viennent régulièrement dans l’entreprise à cause de « méfaits sexuels » qui ont été pratiqués avec des objets vendus par l’entreprise. Méfait est un terme « léger » car parfois l’intégrité des enfants est remise en cause et de ce fait, l’entreprise est amené à monter en gamme dans les poursuites judiciaires. C’est ainsi qu’une fois, mais pour une toute autre raison, je vais même avoir droit à la présence d’un juge d’instruction et à un interrogatoire policier serré en bonne et due forme. Pour mon bonheur, il n’y en aura qu’un seul et surtout sans suite judiciaire pour moi. Finalement, la comptable en poste revient mais le patron préfère me conserver, ce qu’elle apprécie moyennement. J’avoue que je la comprends, même si en la circonstance je ne peux pas me permettre de faire du sentiment. De mon côté, j’estime tenir un rôle de chef comptable, d’autant que je suis seul et sans aide,  et j’en demande régulièrement le salaire et les conditions d’un cadre, cadres auxquels j’ai toujours cotisé depuis mon passage chez NTI puis chez Natel SA à partir de 1975.  Finalement ce qui devait arriver arriva. Un soir, alors que j’en suis déjà à faire des heures sup régulièrement et sans jamais les compter, la dispute éclate avec mon patron pour une peccadille. Il apprécie moyennement que je lui remémore les différents rappels et engagements qu’il m’a déjà promis à diverses reprises mais toujours en vain. Sa réponse « si vous n’êtes pas content, allez voir ailleurs » est cinglante, mais je le prends au mot et lui répond : « Vous voyez j’ai la carte de pointage à la main, alors c’est la dernière fois que je pointe et vous ne me reverrez plus ! » (tous les salariés étaient tenus de pointer leurs horaires de rentrée et sortie à une pointeuse automatique).  C’était le vendredi 26 janvier 1990 au soir, je terminais ma semaine et je n’y ai plus jamais mis les pieds et ce, malgré les quelques demandes informelles des avocats de chez Fidal. Bien m’en a pris car le soir même je retrouvais un autre boulot dans l’entreprise Casademon SA sis au Boulou qui à l’époque avait une activité de transports mais surtout de commissionnaire en douanes. Autant dire que chez Défi, j’avais pris quelques grosses vagues en pleine poire et étais souvent tomber de ma planche mais j’avais toujours réussi à rejoindre la côte sans encombre. Pour le bien de ma famille, c’était le plus important.

 

CASADEMON SA  JANVIER 1990 – AVRIL 1993

1986 - 2008 Emporté par la houle

1986 - 2008 Emporté par la houleEn 1992, moustache et chemise bleue rayée bien entouré de jolies salariées de chez Casademon lors du départ à la retraite d'un autre salarié.

-          - Le lundi matin 29 janvier 1990 au matin me voilà déjà au Boulou dans un minuscule bureau de la société Casademon SA. Même s’il ne s’agit que d’une énorme chance et coïncidence, c’est bien grâce à l’expert-comptable Daniel Ruiz que j’ai retrouvé ce nouveau job. C'est lui qui m'avait appelé au téléphone le fameux vendredi soir. Le chef-comptable vient de décéder et ils ont besoin dare-dare de quelqu’un de confiance et de sérieux. Daniel Ruiz me connaît et il sait qu’il peut compter sur moi, même s’il sait aussi que je ne suis pas quelqu’un qui se laissera faire ou manipuler, sa crainte étant que les patrons sont paraît-il des sanguins. Les trois patrons, je n’aurais jamais ni à les critiquer ni à m’en plaindre ni à m’y confronter sauf lors d’un petit accrochage consécutif à un vol d’argent orchestré par mon aide-comptable pendant une longue absence pour maladie que j'allais vivre. Je l’évoque un peu plus loin. Entourée donc de cette aide-comptable et deux secrétaires qui sont censées être sous mes ordres, je vais vivre dans ce bureau exigu du Boulou les pires moments de travail de mon existence. Les trois femmes, qui ont l’air de s’entendre « comme des larrons en foire »,  ont décidé de se liguer contre moi et de me mener la vie dure. Au-delà de ce problème peu agréable, elles papotent plus qu’elles ne bossent et me mettent la tête comme un tambour. Le soir quand je rentre chez moi, je n’en peux plus mais je vais tenir bon. Elles ne savent pas que j’ai les épaules solides et qu’il m’en faut beaucoup plus pour baisser les bras devant elles. Finalement au fil des mois, les choses vont s’arranger et elles vont finir par m’accepter et s’avérer plus dociles.  Sauf qu’à cet instant, une grosse vague houleuse vient me percuter prenant la forme d’une intervention chirurgicale pour une hernie discale aussi douloureuse qu’inattendue. Cette hernie discale va m’immobiliser quelques mois (impossibilité de prendre la voiture pour faire les 30km qui sépare mon domicile du Boulou),  ce dont mon aide-comptable va profiter pour chaparder une belle somme d’argent. Quand je rentre, je constate immédiatement ce problème que je signale bien évidemment à mes patrons et à Daniel Ruiz l’expert-comptable. Mon aide-comptable disparait de la circulation, une enquête de gendarmerie est ouverte mais je ne connaîtrais jamais la fin de l’histoire. Mais je dirais peu importe car ici chez Casademon, je n’en ai pas fini avec la houle qui continue de m’emporter. En 1993, les frontières de l’Union Européenne s’ouvrent en grand et avec elles disparait l’activité de commissionnaires en douanes. Un plan social est annoncé et va être mis en œuvre pour tous les salariés concernés. Au départ je n’en fais pas partie puis finalement le grand patron de chez Casademon trouve que je coûte trop cher à l’entreprise alors finalement il m’y intègre, embauchant au passage un jeune comptable peu formé mais beaucoup moins onéreux que moi en salaire. Finalement, je quitte l’entreprise le 30 avril 1993 mais ne vais profiter du repos du plan social que pendant quelques mois.  Toujours aux bons soins de Daniel Ruiz, je commence à travailler à la société Pétror SA à compter du 11 octobre 1993.

 

PETROR SA  OCTOBRE 1993 – SEPTEMBRE 1994

1986 - 2008 Emporté par la houle

1986 - 2008 Emporté par la houleLa station-service Pétror et ses bureaux avenue Julien-Panchot à Perpignan tels que je les ai connus dans les années 93/94.

-          - Dans cette société Pétror, j’y entre en qualité « d’informaticien » pour 2 raisons : La première est qu’en réalité, je vais remplacer le chef-comptable qui est en longue maladie depuis bientôt 2 ans mais qui de ce fait, fait toujours partie de l’effectif. Il ne peut donc pas y avoir 2 chefs-comptables. Quant à la seconde, la plus importante aux yeux du patron est qu’il y a un énorme trou de 200.000 francs dans le compte clients 41 dont il me faudra trouver la raison ou tout du mois une explication. Compte clients que je décrirais comme « fourre-tout » car toutes les activités de l’entreprise y sont comptabilisée et donc mélangées, ce qui bien évidemment ne simplifie pas les choses. Et dieu sait si les activités différentes sont multiples car si la principale est de gérer des stations-services avec les différents carburants, les autres sont pléthoriques et vont de la réparation automobile au gonflage des pneus en passant par les ventes de boissons, de cafés ou de sandwichs et celles qui consistent à vendre du fuel à d’autres entreprises ou à des particuliers et j’en oublie encore quelques autres. Ma tâche est donc d’assurer la tenue de cette comptabilité avec deux gentilles aides-comptables mais surtout d’arriver à trouver la raison de ce trou car le patron a acquis la quasi-certitude que le chef-comptable en maladie est parti avec. D’ailleurs, j’apprends que plusieurs sociétés d’audit, dont certaines très prestigieuses, sont venues se frotter à ce souci, qu’elles ont cherché pendant quelques jours mais qu’elles n’ont jamais rien trouvé. Finalement, il ne me faudra que quelques semaines pour trouver la raison de ce trou, qui n’est ni une malversation, ni un vol mais seulement un énorme oubli comptable. Cet oubli, c’est simplement la non-saisie informatique comptable depuis plus de 2 ans des factures de fioul vendu aux particuliers. Les règlements ont toujours été saisis par une des 2 aides-comptables mais seul le chef-comptable saisissait ces factures-là en informatique. Sous forme de petits carnets, elles ont été archivées dans une armoire mais n’ont plus été saisies depuis plus de 2 ans et le trou s’est peu à peu creusé jusqu’à dépasser les 200.000 francs lors du dernier bilan. Voilà l’explication. Elle est d’autant plus facilement justifiable qu’après avoir saisi ces deux années-là de factures, le trou dans ce compte clients 41 « fourre-tout » n’est plus que de 150,00 francs. Une peccadille qui sera passée à pertes et profits au regard du nombres d’opérations qu’il aurait fallu pointer pour trouver cette toute petite erreur. De ce côté-là, ce challenge est donc terminé pour moi mais je vais encore bosser chez Pétror pendant quelques mois. Mais la société va mal, le grand patron vieillit et ces enfants ont du mal  à redresser cette affaire vieillissante elle aussi. Je vais voir Daniel Ruiz car je sens bien que mes jours sont comptés dans cette société qui périclite. La société disparaîtra en mai 1995. Dans l’immédiat, Daniel Ruiz me demande de patienter, s’engage à me trouver un autre job, job qui arrivera en juillet 1994 avec mon embauche chez Gilbertrad Sarl. Afin de le remercier, j’accepte néanmoins un deal consistant à travailler à mi-temps jusqu’à la clôture du bilan de chez Pétror qu’il me demande d’assumer. Je termine le bilan et mon contrat d’ « informaticien » chez Pétror le samedi 24 septembre 1994 et commence à bosser à plein temps chez Gilbertrad dès le lundi suivant.

 

GILBERTRAD SARL (Sopordex/Intiméa)  JUILLET 1994 – AVRIL 2008

1986 - 2008 Emporté par la houle


1986 - 2008 Emporté par la houle
1986 - 2008 Emporté par la houle1986 - 2008 Emporté par la houle

1986 - 2008 Emporté par la houle 

-         1986 - 2008 Emporté par la houle

       Les splendides locaux de la société Gilbertrad Sarl où tous les salarié(e)s trouvaient des conditions idéales pour travailler.

 -        - Ainsi commence une nouvelle vie professionnelle, beaucoup plus enthousiasmante, dans une entreprise qui va fonctionner très fort pendant de longues années. Comme expliqué en préambule, je vais y vivre les plus belles années de travail, apprenant énormément, travaillant de concert avec des personnes pour la plupart sympathiques, le plus souvent féminines et très compétentes, touchant à tout ce qui me plaît, tout ça avec une grande liberté de mouvements car je sens derrière moi que la confiance est là de la part de mon patron. Oui je peux le dire après toutes les grosses vagues que je viens de prendre de plein fouet pendant ces 8 dernières années de 1986 à 1994, voilà qu’enfin je peux souffler un peu sans pour autant me reposer sur mes lauriers. J’apprécie tout ça à sa juste mesure, et ce d'autant que j'ai un salaire que je considère correct. Malheureusement, comme rien n’est immuable, ni dans nos vies, ni dans celle d’une entreprise, les bons résultats s’amenuisent à partir du milieu des années 2000. Une deuxième entreprise s'appelant Désert Bleu voit le jour mais là aussi les bons résultats se font attendre. Ils ne viendront jamais. Qui dit moins bons résultats dit tracas et qui dit tracas dit « prises de tête » permanentes. Ces derniers tracas s’amplifient peu à peu et leur trouver des solutions devient de plus en plus compliqué. Aussi quand en avril 2008 l’heure de la retraite sonne, je quitte la planche sur laquelle j’ai si longtemps surfé puis sur laquelle j’ai été terriblement ballotté. Je mets les pieds à terre définitivement et ne l’ai jamais regretté, ne m’ennuyant jamais. Le petit mascaret que j’avais connu à compter de 1969 et sur lequel je m’étais laissé porter jusqu’au milieu des années 80 était devenu une houle aux lames de fond de plus en plus gigantesques et menaçantes mais j’avais tenu bon sur ma planche et la retraite était arrivée comme la terre promise qu’attendent tous les marins. Je pouvais désormais profiter de tout ce que j’aimais et avait aspiré : l’informatique avec le développement d’un blog, les randonnées, la pêche en mer, la photo naturaliste ou pas, l’écriture, le goût de lire et d’apprendre, les activités sportives et associatives, etc…et j'en oublie.

 1986 - 2008 Emporté par la houle

1986 - 2008 Emporté par la houle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1998, je suis au fond avec une chemise bleue dans le réfectoire de l'entreprise lors de la Coupe de Monde de foot où nous avions été autorisés à voir les matches de l'équipe de France à la TV et à droite avec deux copines/salariées avec lesquelles je me suis toujours super bien entendu et que j'aimais beaucoup pour leur gentillesse et leur compétence professionnelle.

 

 

Comme le dit un célèbre proverbe « une mer trop calme n’a jamais fait un bon marin », alors j’espère simplement que j’ai été un bon employé. Merci à toutes celles et à tous ceux qui m’ont fait confiance. Merci à toutes les personnes que j’ai côtoyées et avec lesquelles j’ai apprécié de bosser. Je garde de vous toutes et de vous tous, ami(e)s ou non, d’excellents souvenirs. Compte tenu des 16 employeurs différents que j’ai connus au cours de ma vie professionnelle, vous comprendrez aisément que je n’ai pas pu et voulu vous citer tous nommément. De toute manière, je ne l’aurais pas fait.  Idem, pour le nom de tous mes patrons dont certains sont sans doute encore en activité. S’ils me lisent, ils se reconnaîtront. Si j’ai toujours pensé et constaté qu’on ne pouvait vivre correctement qu’en travaillant, j’ai appris aussi que le travail était d’abord une richesse collective. Alors oui mille mercis à vous toutes et à vous tous qui avaient enrichi ma vie.

1986 - 2008 Emporté par la houle

 

1986 - 2008 Emporté par la houleEn avril 201986 - 2008 Emporté par la houle08, lors du pot de départ à la retraite que j'ai organisé avec l'ensemble du personnel et des amis.1986 - 2008 Emporté par la houle

 

 

 

 

 

 

 

En janvier 2014 lors d'une amicale et agréable soirée entre anciens collègues et après le dépôt de bilan de Gilbertrad. J'avais beaucoup de chance car la plupart des filles de chez Gilbertrad étaient très jolies !

Partager cet article
Repost0

1969 - 1986 Mon onde informatique.

Publié le par gibirando

1969 - 1986 Mon onde informatique.

L'ordinateur Gamma 10 de chez Bull et son imprimante tel qu'on pouvait les voir dans n'importe quel atelier d'informatique dans les année 1960/70. A lui tout seul, il nécessitait au moins 20m2 auquel il fallait ajouté la place pour les trieuses, les interclasseuses et les grands bacs servant à entreposer et à classer les cartes perforées, en réalité les fichiers, les données et les programmes (logiciels). Les ateliers que j'ai connus occupaient un espace de 200 à 400 m2. A lui tout seul son poids total, imprimante incluse était de 1.350 kg. L'ensemble était assourdissant mais à l'époque il n'existait pas de réglementations en la matière. Pas plus d'ailleurs pour le poids que nous soulevions à longueur de journée. Un carton contenant 3000 cartes vierges pesait 6,7 kg et un bac métallique plus du doubleJ'y ai bossé dessus pendant 10 ans du 23 avril 1971 jusqu'en mai 1981. 

1969 - 1986 Mon onde informatique :

Il y a quelques jours, j’ai rêvé d’un temps où je bossais sur un ordinateur Gamma 10. Sans doute, ce nom ne vous dira-t-il rien et pour cause ? Vous ne serez pas seul(e) dans ce cas, car le Gamma 10 était un ordinateur à cartes perforées de chez Bull qui avait vu le jour en 1963 et sur lequel j’ai commencé à bosser au retour de mon service militaire en avril 1971. Ensuite, une fois éveillé, et de fil en aiguille, ce rêve se transforma en une pensée qui fit son chemin dans ma tête et ce, pendant quelques jours. Ce cheminement, loin d’être simple, fut une longue quête personnelle au cours de laquelle j’essayais de me souvenir de tout ce qui avait pu se passer depuis, dans ce monde incroyable que l’on définit désormais sous le vocable générique d’ « informatique ». En 1971, autant l’avouer ce mot « informatique » n’avait pas du tout la même résonance que de nos jours. Je l’employais certes mais seulement du bout des lèvres car avant tout je considérais qu’il était l’affaire d’ingénieurs spécialisés dans le traitement automatisé de l’information. Je débutais et je n’avais donc pas cette prétention.

1969 - 1986 Mon onde informatique.1969 - 1986 Mon onde informatique.

Portes ouvertes, le dos du Gamma 10 à droite et à gauche sa partie faciale avec le lecteur de cartes. Le logiciel ou programme était enregistré dans la mémoire de l'ordinateur au moyen d'un jeu de cartes, auquel venait parfois s'ajoutait des plots que l'on enfichait ou pas dans un tableau de connexion qu'on appelait le sélecteur d'indices. 

Alors bien sûr, avec cette envie d’écrire qui prend de plus en plus d’ampleur au fil de mon vieillissement, ce désir de laisser quelques petits pans de ma vie, je me suis dit « il faut que tu couches tout ça sur papier ! ». Enfin quand je dis « papier », il faut entendre « ordinateur », « blog » et plus spécialement « Mon Journal Mensuel », ici présent. En effet, je ne garde aucun mauvais souvenir de cette période, qui commence en 1969 et se termine en 1986, même, et vous le verrez, si j’ai connu des périodes très difficiles au cours de mon parcours professionnel. Ces souvenirs, les voici tels qu’ils se sont enchaînés dans ma mémoire il y a quelques jours :

 

Abstraction faite de tout aspect affectif, si je devais retenir deux ou trois mots du dictionnaire ayant marqué ma vie professionnelle, je choisirais incontestablement les mots « informatique, ordinateur et gestion ». Oui l’informatique dite de gestion et les ordinateurs ont accompagné ma vie et je pourrais presque dire bercé. Ma vie professionnelle bien évidemment, mais par voie de conséquence ma vie personnelle également. Si je devais imager cette pensée, je dirais que l’informatique a été une onde sur laquelle j’ai surfé et continue de le faire encore aujourd’hui. Attention, quand je dis « onde », n’y voyait pas une violente vague déferlante qui finalement m’aurait jeté sur les récifs du désenchantement. Non, cette onde serait plutôt un petit mascaret sur lequel je me suis laissé porté, en bossant beaucoup certes, mais selon les opportunités qui se sont présentées au cours de ma vie professionnelle, vie professionnelle quelque peu mouvementée dans la mesure où j’ai changé 16 fois d’employeurs. Ici, dans ce récit, vous ne trouverez que les 5 ou 6 premiers. Si je trouve le temps ou l'envie, les 11 autres feront l'objet d'un autre article.

 1969 - 1986 Mon onde informatique.

Quand ces mots « informatique et ordinateur » sont-ils  venus à mes oreilles pour la première fois ? Je ne m’en souviens plus exactement mais c’était probablement dans les années 1966 à 1968. Où les aurais-je entendu ? Au lycée, où je commençais à apprendre les techniques quantitatives de gestion, préparatoires au « fameux » bac G2 que je devais passer et échouer piteusement en 1969, après mai 68, année fatale pour de nombreux candidats bacheliers ? Auprès de mon frère qui bossait déjà  sur des tabulatrices ; ancêtres des premiers ordinateurs ; dans un bureau marseillais de mécanographie ?  Auprès de mon père, comptable dans une entreprise d’électricité commençant à s’équiper en matériel informatique et où j’avais fait quelques stages d’été ? Je ne sais plus ! La seule chose dont je me souvienne est de m’être inscrit dans une école spécialisée en informatique juste après mon échec au bac. Elle s’appelait B.I.M pour Bureau d’Information pour la Mécanographie. Comme on le voit, le mot « informatique » était là aussi absent même si B.I.M voulait imiter l’immense Big Blue, c'est-à-dire I.B.M au moins dans son sigle. Là, j’ai commencé à m’initier à l’informatique et à un langage de programmation qui s’appelait COBOL (Common Business Oriented Language), langage applicable sur les premiers ordinateurs de la série IBM 360. Cette courte formation attestée par un diplôme de fin d’études allait être le tout premier étrier de ma future vie professionnelle. Il y en a eu bien d’autres ensuite. Nous sommes en novembre 1969. Encouragé par cette première réussite, dans cette discipline d’avenir, je n’avais qu’une seule  idée en tête, m’y engouffrer et m’y accrocher de toutes mes forces. Après des études plutôt ratées, je devais bien ça à mes parents ! Dans l’attente de mon appel sous les drapeaux, je bosse de nuit dans une usine, non pas en informatique, mais directement devant une presse qui fabrique des jouets. C’est l’entreprise Van Ruymbeke. En avril 1970, service militaire oblige, et alors que je devais être pistonner pour partir bosser dans un centre de mécanographie de l’armée de l’air à Aix-Les Milles, première déception car je me retrouve à Solenzara et dans un bureau à remplir des autorisations de permissions pour tous les bidasses. Dans cette base aérienne corse, ni la mécanographie, ni l’informatique ne sont arrivées jusqu’ici et j’en suis réduit à utiliser un stylo Bic le matin et à « glandouiller » le reste du temps. Heureusement, qui dit Solenzara dit soleil, qui dit soleil dit vacances, qui dit vacances dit permissions. La boucle est bouclée car pour moi m’accorder un maximum de permissions est devenu un jeu. Ce jeu dont j’ai pipé les dés se terminera par un blâme directement octroyé par le colonel de la base, colonel qui ne comprendra jamais comment sur 12 mois de service, j’ai pu cumuler plus de 4 mois de permissions ! Heureusement la quille est là et je rejoins mes pénates marseillais. Au final, cette année de service aura été une année perdue même s’il faut bien admettre que j’ai pris du bon temps et que le vie en société, même avec une discipline militaire, reste une expérience bien utile, ne serait-ce qu’au regard de ce qui va m’attendre après. Bien décidé à rattraper ce temps perdu, le 31 mars 1971, je quitte Solenzara avec néanmoins un certificat de bonne conduite qui satisfait mes parents. Pour eux, ce certificat, ajouté à mes fiançailles avec Dany sont les preuves que j’ai mis du plomb dans ma tête. Ils n’ont pas vraiment tort.  

Ci-dessus, photo du diplôme BIM obtenu en novembre 1969. C'est mon premier vrai contact avec le monde de l'informatique et donc l'instant où tout a commencé pour moi.

1969 - 1986 Mon onde informatique.

 

Moins d’un mois plus tard,  le 23 avril exactement, jour de mon anniversaire, (alors je m’en souviens !), me voilà déjà devant mon premier ordinateur entrain de bosser. Le fameux Gamma 10 dont je viens de rêver 47 ans plus tard ! C’est une société d’import-export marseillaise, la société Jean-Pierre Abitbol qui le possède et qui vient de m’embaucher au salaire « mirifique » de 950 francs par mois. Je suis opérateur, ravi de cette position mais bien décidé à tout apprendre de cet ordinateur en un minimum de temps. Je suis d’autant plus ravi qu’or mis le chef d’atelier, je suis le seul homme au milieu de dizaines de jeunes femmes qui font des trous dans des cartes. Opératrices de saisie, c’est leur nom. Je m’entends super bien avec elles. Entre midi et deux nous allons nous baigner sur la jetée près du Fort Saint-Jean ou bien nous nous retrouvons dans un snack tout proche. La vie est belle et j’ai toujours adoré travaillé avec et au milieu de femmes. Côté boulot, ces fameuses cartes perforées vont rythmer mes premières années d’informatique et quand je dis rythmer ce n’est pas un vain mot. En effet, une carte perforée c’est quoi au juste sinon qu’un bout de papier troué qui se déchire au premier tracas venu. Or les risques de tracas, ce n’est pas ce qu’il manque quand à longueur de journée, on utilise de grosses machines dont la principale caractéristique est d’être très mécanique. Perforatrices de cartes ou de saisie, trieuses, interclasseuses puis ordinateur, le parcours d’une carte perforée est semée d’embûches et quand l’embûche arrive c’est bibi qui doit refaire intégralement les cartes à l’aide d’une petite machine manuelle qui s’appelle la P80, "P" pour poinçonneuse et 80 car la carte perforée dispose de 80 colonnes. Quand un gros bourrage se produit, on passe un temps infini à refaire des cartes et ce temps perdu rallonge d’autant les journées de boulot déjà bien trop longues. Ces cartes perforées, le commun des mortels les retrouve plus régulièrement dans les péages autoroutiers jusqu’en 1982.

Ci-dessus, des cartes perforées 80 colonnes telles qu'on les manipulait à l'époque.

Ci-dessous, la fameuse P80 de chez Bull, permettant de refaire les cartes déchirées suite aux nombreux bourrages qui ne manquaient pas de survenir dans le parcours semé d'embûches d'une carte perforée. Cette machine peut se vanter d'avoir été ma complice de nombreuses heures de travail et la souffre-douleur de petites crises d'emportements.

 

1969 - 1986 Mon onde informatique.

Au bout de quelques mois chez Abitbol, et ayant apparemment donné entière satisfaction à tous ceux qui me connaissent, et notamment aux techniciens de chez Bull, devenu Honeywell-Bull depuis peu, ces responsables de la maintenance du Gamma 10 m'informent qu'une société aixoise recherche un pupitreur ayant mon profil pour le mois de juillet. Je leur dis que je suis disposé à bosser sous condition de travailler au noir car je n'ai pas envie d'avoir des soucis avec Jean-Pierre Abitbol. Ils contactent la société en question qui me propose de bosser un mois à ces conditions-là. Il s'agit d'une société de services en informatique qui s’appelle Delta Informatique. Elle est affiliée à un groupe plus important qui s'appelle CASECS, sis à Bordeaux si je me souviens bien. Nous sommes en juillet 1971, j'accepte le job et l'accomplis à la satisfaction de mon employeur car je m'aperçois que l'enveloppe perçue est une peu plus conséquente que celle prévue initialement. Il m'a été octroyé une prime. Pendant plus d'un an, je reste sans nouvelle de Delta Informatique. Chez Abitbol, le job en lui-même n'évolue guère mais la charge de travail s'est nettement amplifiée depuis mon embauche. Après avoir constaté que le chef d'atelier Martinez se repose de plus en plus sur moi, je finis pas râler et obtiens l'embauche d'un autre opérateur pour m'aider. Jean Poggioli, c'est son nom mais je l'appelle Jeannot. Malheureusement après quelques semaines, il n'est pas confirmé à son poste. Je me retrouve de nouveau seul, bosse énormément sans qu'il n'y ait de véritable carotte au bout. Jean-Pierre Abitbol tient l'ensemble du personnel avec des primes qu'il distribue selon son bon vouloir et ses affinités et selon que l'on a été sympa avec lui ou pas. Sympa avec lui, je n'ai jamais trouvé une seule raison de l'être plus que mon naturel m'y conviait. S'il m'arrivait d'avoir des modestes primes, je les devais uniquement à mon travail mais par contre, celles de certaines filles du service de saisie me laissaient pantois, un peu découragé et beaucoup en colère. Ces primes-là n'étaient pas en rapport avec le travail qu'elles accomplissaient. Depuis mon embauche chez lui, j'avais bouquiné tout ce qu’il était possible de lire à propos du Gamma 10. J'avais donc fait d'immenses progrès sur cet ordinateur et si je n'avais pas la prétention de tout connaître, j'avais un double sentiment : celui d'être le dindon de la farce du service informatique, c'est à dire celui qui se tape tout mais n'en tire pas les marrons du feu et celui de végéter. Par bonheur, je suis toujours dans les bons petits papiers des responsables de chez Bull, et mon expérience aussi rapide soit-elle, et mon implication dans le boulot me portent chance. Bingo si j’ose dire ! Apparemment contents de moi, pour le travail fourni en juillet 71, Thibault le chef d’atelier puis Philippe le patron de Delta Informatique me rappellent pour me proposer un job à plein temps comme opérateur - pupitreur. Ils me proposent d’augmenter mon salaire de 50% par rapport à celui que j’ai chez Abitbol et rajoutent les frais de déplacement Marseille - Vauvenargues. A cet agréable salaire vient s’ajouter un job beaucoup plus intéressant sur le plan de la gestion, un cadre de travail agréable car blotti dans une pinède et une équipe bien plus réduite que chez Abitbol me permettant une plus grande autonomie dans mon travail quotidien et dans les décisions à prendre. J’accepte et pars bosser définitivement chez Delta Informatique toujours sur Gamma 10. Je bosse beaucoup, parfois jusqu’à 16 heures par jour mais j’apprends beaucoup aussi, tant en informatique où je me perfectionne au langage de programmation Autocode du Gamma 10, espèce d'Assembleur, qu’en comptabilité et en gestion. J'en profite pour m'initier plus profondément au langage Assembleur de chez IBM. Ici, je m’épanouis dans mon job et pour rien au monde, je n’échangerais ma place. En juin 1973, une querelle pour cause d’incompatibilité d’humeur entre le patron Philippe et le chef d’atelier Thibault entraîne le départ de ce dernier et me voilà propulser au rôle de chef d’exploitation auquel je n’aurais jamais pensé, en tous cas, jamais aussi vite. Mon salaire est revu à la hausse et à 24 ans, voilà déjà que je cotise aux cadres. La clientèle s’étoffe et avec elle mon équipe. Nouveau pupitreur que je forme moi-même, nouvelles opératrices de saisie, nouveau commercial, nouvelle secrétaire, tout ce petit monde fonctionne très bien et je ne trouve que du bonheur dans ce travail informatique de gestion pour lequel je semble fait. En septembre 74, je déménage avec femme et enfant du centre-ville de Marseille à Aix-en-Provence. Nous n'y perdons pas au change entre un appartement pourri au dernier étage dans un vieil immeuble du centre-ville de Marseille pour un appartement coquet et de grand standing dans un beau quartier tranquille d'Aix-en-Provence. L’activité de Delta Informatique ? Réaliser sur ordinateur des comptabilités, des paies et des statistiques en tout genre à partir des informations que nous fournissent des clients c'est-à-dire des cabinets d’expertise comptable, des entreprises et des collectivités. Les nombreux contacts avec les clients me forgent une nouvelle expérience qui me sera très utile bien plus vite que je ne l’aurais pensé au départ.

1969 - 1986 Mon onde informatique. 

Une opératrice de saisie sur une perforatrice de cartes perforées telle que j'en ai vu des dizaines et des dizaines dans tous les ateliers d'informatique où j'ai bossé. 

Début 1975, patatras ! Tout s’effondre d’un coup quand Philippe venant de perdre son père perçoit un gros héritage. C’est ce qu’il nous annonce. Il décide de vivre de ses rentes, de tout balancer et veut rapidement liquider l’entreprise. Etant le plus ancien des salariés, je discutaille ferme avec lui mes conditions de départ. De ces discussions, émerge le deal suivant : il me promet de chercher un repreneur pour sa clientèle et si repreneur il y a, il s’engage à obtenir mon embauche dans le cadre du contrat de cette cession. Je l’aide dans ses recherches, trouve un repreneur mais comme il est très fort commercialement je le laisse négocier. La plupart des clients sont contents, moi aussi et Philippe s’enlève une grosse épine du pied vis-à-vis du syndic chargé de la liquidation de son entreprise. C’est ainsi que de juillet à septembre 1975, je me retrouve dans une nouvelle société de services en informatique qui s’appelle SETECS. Je ne connaîtrais jamais rien de cette société nîmoise, ni les dirigeants, ni les locaux pas plus que la définition de son sigle. Le deal prend néanmoins effet car je bosse dans une autre société qui s’appelle la « Nationale de Traitements Informatiques ou N.T.I, filiale d’un groupe plus important du nom de Natel ». Grosse coïncidence, et alors que mon domicile est désormais à Aix-en-Provence, je me retrouve à travailler à quelques dizaines de mètres de chez Abitbol, c'est-à-dire Quai du Lazaret à Marseille où se trouvent les deux entreprises. J’y retrouve parfois quelques anciennes copines dans le snack de mes débuts. Je bosse là quelques mois mais ma destinée se trouve déjà ailleurs. En effet, dans le deal que m’a proposé N.T.I, il y a une mutation obligée et là j’ai le choix entre Paris, Lille ou Perpignan. Sans hésiter et pour ne pas me retrouver dans la grisaille nordique, je fais le choix de Perpignan et ce, malgré un salaire qui va être moindre. Je m’en fous car je sais déjà que je vais travailler au sein d’une petite équipe sympa ; équipe à laquelle je suis déjà parti rendre visite ; et pas au sein d’un pôle informatique très important comme cela aurait été le cas à Paris ou à Lille.

1969 - 1986 Mon onde informatique. 

La trieuse de chez Bull. Très bruyante, elle permettait de trier les cartes perforées selon un ordre souhaité. Plusieurs passages des mêmes cartes étaient nécessaires avant d'obtenir le classement voulu. On aperçoit à droite le petit tableau permettant de programmer les ordres à donner à la machine. Le tri était binaire puisqu'il s'effectuait selon la présence ou pas du trou dans la carte, les trous étant disposés à des endroits précis sur des lignes et des colonnes de la carte.

Dès juillet 1975, ma petite famille s’installe dans un appartement à Perpignan et moi je n’y débarque qu’au mois d’octobre. C’est le laps de temps qu’il me faut pour basculer la clientèle de Delta Informatique sur d’autres gestionnaires de chez N.T.I Marseille. Ici, à Perpignan, je continue de bosser sur Gamma 10 mais comme analyste - programmeur et beaucoup moins comme opérateur - pupitreur. Le boulot est encore plus gratifiant que chez Delta Informatique car il m’appartient désormais de trouver des solutions informatiques pour de nombreux clients et leur gestion. Et quels clients ! De très gros parfois comme les Poupées Bella, les chaussettes Punto Blanco, la compagnie aérienne Europe Aéro Service, les anchois Papa Falcone, le Groupement Interproducteurs du Cru de Banyuls et bien d’autres caves coopératives vinicoles pour les apports des coopérateurs, des banques, des mairies pour lesquelles nous établissons les listes électorales, des syndics immobiliers pour leurs décomptes de copropriété, j’en passe et j’en oublie. Ces entreprises aux activités si diversifiées sont pour moi le début d’une nouvelle évolution, évolution toujours dans la gestion mais avec des ouvertures évidentes vers de nouveaux horizons qui m’étaient jusque là inconnus. Désormais, je me complais dans un travail d’analyse et de programmation logicielle qui m’était jusque là inconnu lui aussi.

1969 - 1986 Mon onde informatique.

L'interclasseuse de chez Bull. Aussi bruyante, sinon plus que la trieuse, elle permet d'interclasser des jeux de cartes pour parfaire le classement définitif et en faire des paquets lisibles et donc compréhensibles par le programme et l'unité centrale de l'ordinateur. 

Les années passent mais la clientèle et notamment les grosses entreprises commencent à s’équiper avec leur propre matériel informatique. L’agence de Perpignan végète puis régresse en perdant du chiffre d’affaires au fil des ans. Notre vieux commercial Michel-Ange, pas suffisamment formé, est dépassé par les nouvelles techniques et technologies informatiques. N.T.I a disparu depuis longtemps et le Groupe Natel, filiale de la Banque Nationale de Paris, est devenu seul maître à bord de la petite agence perpignanaise. En 1979, on apprend que le Générale de Service Informatique (G.S.I) a fait main basse sur Natel mais les deux entités subsistent pendant quelques années avant leur fusion puis la disparition de Natel dans le milieu des années 80. Dans l'immédiat, les audits et le ingénieurs marseillais se succèdent pour analyser ce qui ne fonctionne pas ici à Perpignan mais le constat est toujours le même : c’est la partie commerciale qui pose problème et non pas la partie technique. Nous sommes au début des années 80 et l’informatique vit ces premières années de grandes accélérations technologiques. Peu à peu, le Gamma 10, grand concurrent de l’IBM 1401 au départ, puis de l’IBM 360 ensuite, devient obsolète. Travailler directement sur du matériel IBM, il me faudra attendre presque 10 ans de plus et ce, malgré deux ou trois stages chez Big Blue à la Défense. 

1969 - 1986 Mon onde informatique. 

En 1981, après la disparition du Gamma 10, me voilà obligé de m'adapter à un ordinateur de nouvelle génération. Le Northern Télecom NT 585. Contrairement au Gamma 10, j'avoue ne pas en garder des souvenirs impérissables, d'abord parce qu'un rôle de chef d'agence et de commercial m'est dévolu, ensuite parce que le travail sur écran et clavier n'a plus rien à voir avec la manipulation des cartes perforées et enfin et surtout parce que l'évolution de l'informatique est telle que l'on passe d'un ordinateur à un autre sans trop de contraintes car piloter un ordinateur c'est comme piloter une voiture.  Finalité : Quand on en a conduit une, on les a toutes conduites y compris quand il s'agit d'une Formule 1 ! 

En 1981, l’agence de Perpignan est d’abord rattachée à celle de Nîmes et non plus à celle de Marseille puis quelques mois plus tard, l’agence de Nîmes est elle-même cédée par le Groupe Natel à son principal client nîmois la Compagnie d'Aménagement du Bas-Rhône et du Languedoc. En juin 1981, Nîmes et Perpignan deviennent le Groupement Informatique du Languedoc (G.I.L SA). Notre équipe est complètement dissoute et mon bien aimé Gamma 10, mes trieuses, mes interclasseuses et autres perforatrices finissent leur vie complètement démantelées seulement bonnes pour un ferrailleur. Au fond de mon jardin, je garde le souvenir de ce démantèlement grâce au socle d'une des trieuses, gros bloc d'acier très épais, qui m'a servi de support à la confection d'un barbecue. En 1981, fini les cartes perforées et adieu à mes ami(e)s Michèle, Christiane(s), Jeannot, Michel-Ange et consorts, tout le monde est licencié sauf mon alter ego René, opérateur – pupitreur, et moi, qui par la même occasion, endosse deux poids supplémentaires, ceux de chef d’agence puis de commercial un an plus tard.  Nouveau job, déménagement dans un nouveau local plus petit, nouvelle gentille secrétaire Christiane, qui malheureusement décédera quelques mois plus tard d’un cancer foudroyant, nouvel ordinateur plus puissant et d’une autre technologie, celle d’un Northern Telecom 585 mais sur lequel il nous faut nous former le plus rapidement possible. Les stages de formation vont se succéder et ça ne va jamais plus s’arrêter tant l’informatique évolue à la vitesse grand « V ». Les journées sont plutôt de 12 à 14 heures que de 8.

1969 - 1986 Mon onde informatique.

Voilà le premier ordinateur personnel qui est entré dans ma maison en 1983. Le Victor 9000 commercialisé parfois sous le nom de Sirius 1. Il m'aide dans mon travail quotidien, dans mes tâches plus personnelles et me sera d'une grande utilité en 1986 dès lors que que je me retrouve sans emploi et contraint de travailler au noir pour quelques clients qui me sont restés fidèles pas nécessité. D'autres P.C suivront après, mais mes enfants se sont initiés au clavier et à l'écran grâce à ce Victor-là !

En 4 ou 5 ans, tout s’emballe dans l’informatique et par voie de conséquence pour moi et mes collègues. Les nouveaux ordinateurs possèdent des écrans et des claviers et fonctionnent avec des performances qui n'ont plus rien à voir avec celles du bon vieux Gamma 10. Unités centrales avec de nouveaux processeurs, mémoires, systèmes d'exploitation, lecteurs de supports magnétiques, tout va toujours plus vite et avec des puissances et des capacités de mémorisation démultipliées. Peu de temps après suivent les ordinateurs personnels avec écran aussi qu’on appele P.C pour Personal Computer puis suivront les micro-ordinateurs. De nombreux langages de programmation ont vu le jour depuis l’Assembleur et le COBOL que j’ai appris à mes débuts, les premières liaisons Transpac que l’on appelle « commutation ou liaison Caducée » permettent les échanges de données par paquets et ce, malgré les kilomètres d’éloignement entre deux ordinateurs, les premiers grands réseaux internes entre ordinateurs se constituent, les premiers ordinateurs spécialisés dans les traitements de texte et les tableurs arrivent aussi et sont très rapidement à la mode, mode que ma hiérarchie n’a pas vu arriver, tout comme les ordinateurs personnels d’ailleurs. Malgré ce gros retard pris au démarrage, la nouvelle mission qui m’est confié par ma hiérarchie nîmoise est d’arriver à vendre un maximum de ces ordinateurs personnels car le travail à façon décline au fil des mois. Les clients s’équipent et la concurrence est très rude. Le retard pris ne se rattrapera jamais. Vendre, je n’aime pas ça ! D’abord on ne s’improvise pas commercial et puis en informatique ça n’a jamais été mon job ! Mes patrons essaient de se donner bonne conscience en m’envoyant faire un petit stage de ventes au Florian Mantione Institut. Je m'en souviens très bien car à l'époque c'était le sympathique Florian Mantione lui même qui assurait la formation. Malgré cela, force est d’avouer que je ne retrouve plus les tâches techniques et les activités que j’ai tant aimées dans ce milieu « informatique ». Le premier ordinateur personnel, un Victor,  entre dans ma maison en 1983 et au fil des ans quelques modèles vont se succéder. Femme et enfants adorent car les premiers jeux ; ping-pong, mur de briques, Vur et j’en passe ; les initient à l’informatique, à l’écran, au clavier et quelques temps plus tard aux premières imprimantes. Je me charge de les initier à tout le reste. Quand je repense à mon boulot de cette période, quelques noms reviennent dans ma tête agréablement. Mon ami René Ciano bien sûr, le plus fidèle de mes acolytes, parti l’an dernier et bien trop jeune à l’âge de 71 ans. Ma gentille secrétaire Françoise avec laquelle je m’entendais si bien. Et puis des noms de marques d’ordinateurs ou de géants de l’informatique comme IBM, Bull bien sûr, mais également Data 100, Sirius, Northern Télécom, Tandy, Texas Instruments, Victor, Hewlett-Packard, Olivetti, Wang, Nixdorf. Des noms de systèmes d’exploitation ou de langages comme MS/DOSBasic, UnixFortran ou Multilog, ce dernier ayant l'avantage énorme de s'écrire en français, des noms de produits ou de logiciels que j’ai vendu ou utilisé comme Sciram, Codim, Sycomore, Sylve, Magie, P1 pour les paies et C1 pour les comptabilités et parmi tous ces noms, j’en oublie certes encore beaucoup. En 1986, tout s’effondre une nouvelle fois. L’agence de Perpignan ferme sans que René et moi soyons licenciés. Nous apprenons qu’un contrat de rattachement a été conclu entre nos deux derniers employeurs et qu’ils se renvoient la balle dans cette obligation qu’ils auraient de nous licencier immédiatement pour raison économique. Là, débute un imbroglio judiciaire de plus de 2 ans entre Natel, G.I.L et nous et la période la plus noire de ma vie professionnelle. Elle se commence d’abord aux prud’hommes (on gagne !), se poursuit devant la cour d’appel (on perd un peu de ce que nous avions gagné !) et se termine à quelques mois de la cour de Cassation quand Natel baisse les bras devant nos demandes d’indemnités, somme toute et toutes sommes raisonnables. C’était bien Natel notre employeur ! Gros problèmes pour René et moi pendant ces années-là, car sans le prononcé d’un licenciement, nous n’aurons jamais droit de nous inscrire au chômage et donc pas d'indemnités ! Pire, retrouver un autre employeur équivaudrait à une démission selon la législation française ! Les Assedic m’accorde néanmoins 3.000 francs que je dois impérativement utiliser au titre d’une formation. Je fais le choix de cours d’anglais et de comptabilité par correspondance auprès du C.N.E.D. Je vis mal cette période si difficile de mon existence mais ayant une femme qui ne travaille que partiellement et deux enfants à élever et à nourrir, il n’est pas question pour moi de m’apitoyer sur mon sort. Quoi qu’il advienne et quelque que soit les difficultés de la situation, je dois retrousser les manches ! Au début, je vis difficilement de mes quelques économies mais ensuite de beaucoup de « black » en dépannant des clients qui me sont restés fidèles par nécessité. Mais leur nécessité étant également la mienne, je dois leur rendre hommage en les citant : Bardes, Bonin, Estève et Belarbi. Là, après cette période noire, se termine ma vie professionnelle dans des sociétés de services en informatique mais je vais néanmoins resté accroché comme une patelle à mes premières amours, c’est à dire à l’informatique de gestion et à la gestion de l’informatique. Là, commence une autre histoire, une autre vie professionnelle que je vous conterais peut être un jour. Elle est beaucoup plus tournée vers la comptabilité, la finance, le social, le fiscal, en un mot vers la « gestion » des entreprises, c'est-à-dire vers tout ce j’ai appris au fil de ces 17 années qui se sont si vite écoulées de 1969 à 1986. Malgré ce changement, l’informatique y demeure omniprésente et c’est ça qui me plaît. Je vais continuer à vivre ma vie professionnelle avec passion. Je vais continuer à surfer sur mon onde car j'ai une famille à assumer et rien ne peut me faire dévier de réussir ce challenge. Sauf que le petit mascaret va rapidement devenir une houle énorme avec des vagues gigantesques qui emportent tout sur leur passage. A cause de ce changement de rythme, je tomberais plusieurs fois de ma planche mais avec ténacité, je m'y agripperais constamment et j'y remonterais à chaque fois et ce jusqu'à ma retraite fin avril 2008. Peu de personnes arrivent à se soustraire à cette vague, et pour cause ! Elle est entrée dans les usages, dans les habitudes, dans les mœurs de tous… Mais avant de vous raconter un jour cette nouvelle histoire, laissez-moi d’abord la rêver !

 

Partager cet article
Repost0

Abus, outrances et faillite de la Médecine du travail

Publié le par gibirando

Outrances et abus de la Médecine du travail

Dans un article précédent intitulé « Il y a urgence….la médecine est malade », j’ai déjà eu l’occasion de vous dire tout le mal que je pensais de la médecine actuelle et notamment de celle que j’intitule la « médecine d’urgence du week-end », c'est-à-dire celle où l’on attend une réponse rapide sans être contraint d’appeler le Samu. Quand j’écris le mot « mal », c’est de l’organisation dont je veux parler et jamais des compétences des intervenants. Je ne m’en sens pas le droit car j’estime ne pas avoir la compétence requise pour le faire et de plus, si je regarde derrière moi, je n’ai toujours eu qu’à me louer, sauf dans de très rares exceptions, des diagnostics et interventions dont j’ai bénéficié. Non, je trouve assez inadmissible que le week-end essentiellement, il n’y ait pas un seul toubib disponible, voire de garde, alors que ma commune dispose de 5 ou 6 centres médicaux et donc de plus d’une quinzaine de généralistes sans compter quelques médecins isolés. Il y a 11.000 habitants et je pense qu'une solution pourrait être trouvée. Le cas de ma commune n’est pas isolé et elles sont toutes logées à la même enseigne. Plus aucun toubib n’est présent à son cabinet, quand à venir à la maison un samedi ou un dimanche, c’est de l’histoire ancienne. La nuit le week-end, je n'en parle même pas ! C’est déplorable. De ce fait, et comme ce fut le cas pour nous, le service SOS Médecins étant surbooké et ne pouvant pas se déplacer rapidement à notre domicile, il m’a fallu dare-dare filer jusqu’à la Maison médicale de l’hôpital de Perpignan, réalisant ainsi quelques kilomètres avec l’angoisse que la voiture personnelle ne soit pas le moyen le mieux adapté dans le cas d’urgence auquel mon épouse était confronté. Je ne parle même pas de tous ces sites Internet qui vous promettent un médecin de garde rapidement car ce sont tous des voyous et des attrape-nigauds, sans foi ni loi, uniquement là pour faire du fric grâce aux appels téléphoniques où l’on vous trimballe d’un répondeur automatique à un autre, pendant un temps le plus long possible, pour finalement aucun résultat concret bien évidemment. J’ai du mal à comprendre que les médecins acceptent et soient partie prenante dans ce type de voyoucratie. Mon dieu qu’il est loin le serment d’Hippocrate !

 

Si la semaine dernière vous avez regardé le magazine « Envoyé spécial » à la télé, vous aurez constaté ce que l’Etat est entrain de faire de nos hôpitaux publics. Des machines à gagner du fric essentiellement ! Ils mettent la pression à tous les niveaux et à tout le monde et bien évidemment il en découle des conséquences dramatiques pour les salariés et les usagers. Qu’il était loin là aussi le serment d’Hippocrate dans ce reportage !

 

Et ça ce n’est que l’activité présente de la médecine actuelle mais amusez-vous à taper sur « Google recherche », les mots « étudiants en médecine et suicide » et vous verrez les résultats ahurissants que vous obtiendrez sur le sujet. La quasi totalité des étudiants ou presque souffrent de stress, de burn-out ou d’affections de ce type. Plus de 27% des étudiants français affirment souffrir de dépression, 66% d’anxiété, plus de 23% disent avoir eu des idées suicidaires, 700 ont fait au moins une tentative, des dizaines y laissent la vie chaque année. Je passe sur les autres chiffres tout aussi saisissants et dont on ne se doute pas si on ne s’intéresse pas au sujet. Ils font froid dans le dos quand on pense que tous ces jeunes seront chargés un jour de la santé de nos petits-enfants.

 

En médecine, et en France tout particulièrement, tout va à vau-l’eau. Je ne sais pas si vous avez fait ce constat mais il y a de plus en plus d’intervenants étrangers dans le milieu médical français, comme si nous étions incapables de former du personnel compétent, alors que nous avons 6 millions de sans emploi et que l'on dépense chaque année 32 milliards d’euros pour la formation professionnelle. Et vous verrez plus loin que des milliards il y en a bien d’autres.

 

Mais bon, trêve de bavardage, ce n’est pas de cela dont je veux vous parler ce mois-ci mais de la médecine du travail. J’ai intitulé mon coup de gueule « Abus, outrances et faillite de la Médecine du Travail ».

 

Vous ne le savez peut-être pas mais la Médecine du Travail a été revue et modifiée par la « fumeuse » loi El Khomri, loi confirmée depuis par les non moins « fumantes » ordonnances de notre président Jupiter prenant effet en ce début du mois de septembre 2017. Jupiter c’est Macron bien sûr et « c’est le dieu romain qui gouverne la terre, le ciel et tous les autres dieux », précise Wikipédia et bien d’autres encyclopédies. C’est ainsi que Macron qualifie lui-même sa politique, de « jupitérienne », une politique que les observateurs désignent comme impérieuse et dominatrice. En tous cas, s’il y a une politique que notre président gère mal c’est celle de la Médecine du travail dont je vais vous parler.

 

Je commence mon développement en posant deux questions puis je vous rappelle ce que dit la nouvelle loi El Khomri et celle de Macron :

 

  • 1ere question : Si vous êtes salarié, pensez-vous qu’une visite à la Médecine du Travail tous les 5 ans seulement soit une bonne mesure ? Une mesure efficace ?
  • 2eme question : Trouvez-vous normal que le coût de la Médecine du Travail, le fameux forfait annuel par salarié que toute société verse à un organisme privé, soit aussi élevé pour une petite association de bénévoles gérant un ou deux salariés à temps très partiel que pour une entreprise du CAC 40 employant des milliers de personnes à temps complet ? En écrivant, entreprise du CAC 40, je force volontairement le trait car ces dernières ont leur propre service de santé au travail mais prenons par exemple n’importe quelle autre entreprise avec des milliers de salariés et c’est bon aussi !

 

Pour moi, la réponse est clairement « Non » dans les deux cas ! Mais puisqu’il s’agit d’un blog et que la discussion est ouverte, vous avez le droit d’être en désaccord et d’expliquer pourquoi si le sujet vous intéresse.

 

Que disent en résumé les nouvelles dispositions de la Loi El Khomri : À compter du 1er janvier 2017, la visite médicale d'embauche pour tous disparaît. Elle est remplacée dans la loi Travail par le suivi individuel de l'état de santé du salarié, sauf pour les travailleurs des postes à risques. La visite d'information et de prévention n'aura pas pour objectif de vérifier l'aptitude du salarié mais de l'informer sur les risques liés à son poste. Elle ne sera pas nécessairement effectuée par un médecin du travail mais par un professionnel de santé.  Seuls les travailleurs sur des postes à risques bénéficient d'une visite médicale d'embauche donnant lieu à la délivrance d'un avis d'aptitude ou d'inaptitude. Sont considérés comme des postes à risques ceux donnant lieu à une exposition à l'amiante, à un certain niveau de plomb, à des agents cancérogènes, mutagènes ou toxiques, à des agents biologiques, à du rayonnement ionisant, à un risque hyperbare ou à risque de chute de hauteur lors des opérations de montage et de démontage d'échafaudages. C'est le cas aussi des postes pour lesquels le code du travail impose un examen d'aptitude spécifique. L'employeur, après avis du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), peut aussi considérer que certains postes particuliers dans l'entreprise sont à risques. Les ordonnances Macron n’ont apparemment que fait confirmer ces dispositions, toutefois, la visite d'information et de prévention reste obligatoire dans les 3 mois suivant l’embauche.  

 

Alors bien évidemment, laissons les postes à risques de côté car rien ou presque ne changent pour eux mais pour tous les autres, la majorité bien sûr, vous aurez droit au mieux à une visite à votre embauche, et encore faut-il insister, puis ensuite ça sera tous les 3 ans voire tous les 5 ans si votre employeur le souhaite, voire vous. Un simple coup de fil et la visite programmée sera ajournée et reportée aux calendes grecques. En tant qu’employeur, j’en ai fait le triste constat malgré que ma salariée avait eu un gros souci de santé quelques mois plus tôt. Par visite, il faut entendre interrogatoire, qui ne sera plus automatiquement réalisé par un médecin du travail mais pas un infirmier, un interne ou à la limite par n’importe qui intervenant dans le milieu médical car s’agissant de noter de simples réponses à des questions aucune compétence ne sera vraiment requise.

 

C’est ainsi que si vous êtes malade ou l’avez été, si vous avez une affection quelconque, grave ou pas, mais que vous ne voulez pas perdre votre job à cause de ça, que vous ne voulez pas que votre employeur le sache, vous pourrez aisément mentir lors de ce simple interrogatoire, sans que votre employeur, premier responsable en cas d’un souci quelconque, en soit informé. Le médecin sera impuissant devant votre mensonge et votre employeur qui a payé pour un service médical sera floué. Il ne faut pas se leurrer, la plupart des salariés diront ce qu’ils ont envie de dire à leur interlocuteur surtout si leur emploi risque d’être remis en cause.

 

Qu’il est loin le temps où les salariés avaient droit à une visite médicale tous les ans. Un toubib vous auscultait, regardait si votre vue ou votre ouïe n’avait pas baissé, il vous pesait vous donnant au passage quelques conseils de nutrition si vous aviez pris un peu trop de poids. Tous les 2, 3 ou 4 ans, nous avions droit à une radio des poumons. Si un problème quelconque survenait, auditif par exemple comme ce fut le cas pour moi, un examen plus poussé était réalisé, à la fois pour connaître la gravité mais analyser les causes aussi. La plongée en apnée dans mon cas par exemple. Un problème articulaire ? Et la radio était programmée. Ça valait ce que ça valait mais nous avions le sentiment d’une vraie visite médicale préventive. L'employeur payait une cotisation mais il était tranquillisé quand son employé revenait avec un certificat d'aptitude signé du médecin du travail. Aujourd’hui tout ça c’est de l’histoire ancienne mais ce qui reste d’actualité c’est ce que ça coûte aux entreprises. Les fameuses outrances et abus du titre de mon article. Je gère une petite association avec 2 voire 3 salariées par an mais à temps très partiel (3 heure hebdo pour une et 1 heure hebdo pour l’autre) et je suis donc très bien placé pour affirmer ce que ça coûte, preuve à l’appui.

 

L’an dernier, j’ai reçu du CSTPO (Centre de Santé au Travail des Pyrénées-Orientales) une facture de 302,00 euros TTC (ci-dessous) pour avoir déclaré 3 salariées lors de l’année 2016. Un coût de 85,50 euros HT par an et par salariée soit 102,60 euros TTC, ce qui en bout de course, risque de faire une addition très salée de 513 euros par salarié pour une seule visite (qui n’en est plus une !) tous les 5 ans. Si on la compare au coût d’une consultation à 25 euros chez n’importe quel toubib, il n’est pas outrancier de parler d’outrances et d’abus et ce d'autant pour un simple interrogatoire et non plus pour une consultation médicale digne de ce nom. Je précise que sur les 3 salariées, une avait déjà quittée l’association depuis plusieurs mois, ne passant jamais aucune visite, puisque son emploi a consisté en de brefs remplacements qui n'ont pas permis la prise d'un rendez-vous avec le centre de santé au travail.

Pour vous donner quelques ordres de grandeur, à elle seule cette facture au CSTPO a représentée 14% de toutes les charges sociales annuelles de l’association ; Urssaf, chômage, retraites et prévoyance tout inclus. Pour la salarié qui avait fait que des petits remplacements, le coût de la Médecine du Travail a représenté à lui tout seul 68% du salaire net que nous lui avons versé. 

 

Ajoutons à ces extravagances, que mes salariées ont un autre job par ailleurs pour lequel leurs employeurs cotisent déjà à la Médecine du Travail (c’est une obligation quand les emplois sont différents) et la coupe est déjà bien pleine et parfois elle déborde comme ce fut le cas pour moi qui me suis battu bec et ongles pour tenter de faire reconnaître ces abus et injustices financières, car en ma qualité de bénévole, je me bats et gère au mieux pour que l’association n’est besoin d’aucune subvention publique et de l’autre il y a des organismes tels que celui-ci qui s’engraissent pour un service dont on est en droit de se demander à quoi peut-il bien servir et qui parfois même n’est jamais rendu.

 

Ajoutons à cela que les associations qui perçoivent ces cotisations sont définies comme la nôtre, c'est-à-dire loi 1901 à but non lucratif (*), que leur gestion est assez opaque car j’ai cherché leur bilan sur Internet sans jamais le trouver et l’on est en droit de se demander « que font-ils de tout cet argent ? »

 

Jugez plutôt !

 

J’ai appris que la CSTPO gérait 12.600 salariés. Multipliez ce chiffre par la cotisation annuelle de 85,50 euros H.T et vous obtenez le chiffre faramineux de 1.077.300 euros. Plus d’un million d’euros, c’est vraiment pas mal pour une association dont le but se veut non lucratif ! Depuis, ils ont fusionné avec une autre structure, le PST66, créant ainsi le Pôle Santé Travail 66 gérant 110.000 salariés auprès de 11.355 entreprises soit un chiffre d’affaires annuel hors taxes qui sera de 9.405.000 euros au prochain exercice. Près de 10 millions d'euros pour une entreprise qui est à but non lucratif, j'ai quand même le sentiment que quelque chose ne tourne pas rond ! En France, il y a 270 centres fédérés par le CISME et donc 15 millions de salariés. Je vous laisse le soin de vérifier le calcul car bien évidemment le chiffre dépasse l’entendement : 12 milliards 825 millions d’euros. Toujours sans but lucratif bien sûr ! Qui a dit qu’il n’y avait pas d’argent dans le secteur médical ? Pourquoi les hôpitaux sont-ils obligés de réduire leurs coûts ? Où va tout cet argent ? Qu'en fait-on ? Quand je pense que dans le reportage d'Envoyé Spécial, une responsable d'un service de réanimation se plaignait du manque d'un appareillage respiratoire pouvant sauvé des vies humaines mais que l'hôpital n'avait pas les moyens de le lui payer parce qu'il coûtait 40.000 euros, j'ai du mal à comprendre !!!

 

Voilà, vous avez un maximum d’informations pour répondre aux 2 questions que j’ai soulevées au début du sujet. Vous pouvez bien évidemment vérifier toutes ces infos sur Internet. Si vous trouvez une anomalie, une exactitude, je suis preneur et reste à l’écoute.

 

Pour être complet, il faut savoir que la loi El Khomri a été décidée car il y avait une grave pénurie de médecins du travail, l’emploi n’étant pas, paraît-il, suffisamment valorisant. C'est sans doute plus valorisant d'aller pointer à Pôle Emploi ? Du coup, la pénurie de médecins du travail a entraîné cette solution de ne plus faire des consultations médicales rapprochées pour l’ensemble des salariés. En contrepartie et dans le même temps, les emplois administratifs ont flambé dans les centres de santé. Moins de toubibs, moins de visites médicales mais plus de secrétaires pour gérer tout ça, triste constat d’une étrange gestion, ne trouvez-vous pas ? Par contre, les cotisations ont continué à flamber d’année en année, voilà ce qu’est aujourd’hui la Médecine du Travail dont je rappelle ci-dessous les missions :

 

La définition des missions (Code du travail, article L. 4622-2) : Les services de santé au travail ont pour mission exclusive d'éviter toute altération de la santé des travailleurs du fait de leur travail. Ils conduisent les actions de Santé au travail, conseillent les employeurs, les travailleurs et leurs représentants, assurent la surveillance de l'état de santé des travailleurs et participent au suivi et contribuent à la traçabilité des expositions professionnelles et à la veille sanitaire.

Je crains qu'avec un simple interrogatoire tous les 5 ans, personne ne s'aperçoive que votre santé s'est altérée, si par malheur ça venait à être le cas et si en plus vous ne dites pas la vérité de peur de perdre votre job.  Alors oui, j'estime que les missions ne sont plus ou ne peuvent plus être remplies correctement. Oui, il y a une faillite de la Médecine du Travail qui ne remplit plus son rôle auprès de tous. J'estime que le tarif de la cotisation est devenu excessif par rapport au service rendu et carrément abusif pour une petite association comme celle que je gère. Que la gestion est désastreuse et outrancière pour tous les métiers qui ne sont pas spécialement à risques. Faut-il nécessairement faire un travail à risques pour devenir malade ? J'ai perdu trois ami(e)s très jeunes de divers cancers qui étaient respectivement commercial (46 ans), vendeuse dans une boutique (53 ans) et infographiste (50 ans), pas vraiment des métiers faisant partie de la liste des postes à risques cités plus haut ! 

 

Quand je pense que lors de sa campagne présidentielle Macron disait « on va faire un travail d’orfèvre » en matière de santé et « faire la révolution » en matière de prévention, force est de reconnaître qu’en orfèvrerie il doit sans doute s’y connaître, mais plutôt du côté de la place Vendôme et pendant ce temps, vous salariés et nous petites associations, on reste à quai, mais heureusement pas au quai des Orfèvres, qui d’ailleurs a déménagé au mois de juin et n’existe plus.

 

La révolution a commencé avant Macron, mais avec lui, elle commence à être réussie. Je ne parle pas de la prévention des salariés bien sûr, mais force est de constater qu’avec lui tout change et tout se perd à la vitesse grand « V » : une médecine de qualité, les hôpitaux publics, une formation efficace et sereine de nos étudiants, le Code du Travail est mis à mal, la médecine du Travail ne remplit plus son rôle, la police déménage, les traditions partent aux oubliettes, le 36 quai des Orfèvres disparaît lui aussi, mais que voulez-vous, Jupiter, dieu qui gouverne la terre, le ciel et tous les autres dieux ne peut pas s’occuper en plus de tâches subalternes…..

 

Il est pas beau notre modèle social dont tous nos derniers présidents ont vanté les mérites, disant au passage qu’il ne voulait surtout toucher à rien ?

Si peu ! Si peu !

 

(*) association à but non lucratif : Une association à but non lucratif est un groupe d'au moins deux membres qui exercent une activité sans en retirer un avantage financier à titre personnel. S'il y a des bénéfices, ils sont reversés à l'association pour la développer.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0