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tour coronat

Le Circuit de la Matte (Mata) (1.205 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté par plusieurs musiques du compositeur mexicain Ernesto Cortázar II (piano)

Le Circuit de la Matte (Mata) (1.205 m) depuis Urbanya (856 m)

Le Circuit de la Matte (Mata) (1.205 m) depuis Urbanya (856 m)

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran


En ce vendredi 31 mai 2019, je suis à Urbanya et j’ai plusieurs raisons pour accomplir cette balade, que finalement je vais intituler « le Circuit de la Matte (Mata *) ». La première de ces raisons est que quelques jours auparavant, j’ai appris la réhabilitation d’un sentier que je n’ai jamais réussi à emprunter, sentier faisant la jonction entre « la Devesa » et le col de Marsac, lieux-dits mentionnés sur la carte I.G.N. La deuxième raison est que cette toute fraîche réouverture m’offre l’occasion d’inventer de nouvelles balades ; dont celle-ci ; laquelle nouvelle balade va me permettre de cheminer une belle partie du Tour du Coronat, très chargé d’heureux souvenirs et accompli voilà déjà 12 ans. Enfin, et c’est la dernière raison ; sans doute la plus séduisante ; l’envie de marcher est là, celle d’aller à rencontre de la Nature aussi et enfin la distance et le dénivelé relativement modestes correspondent bien au temps que je veux y consacrer, c'est-à-dire un après-midi, entier si nécessaire. Rien ne me retient, et comme Dany ; scotchée devant un très bon roman ; n’a pas le désir de marcher et donc de m’accompagner, il ne me reste plus qu’à préparer un petit sac à dos. Un peu d’eau et quelques victuailles, histoire d’éviter d’éventuels coups de mou, un bâton de marche, sans oublier surtout mon appareil-photo et me voilà fin prêt. Les cloches de l’église sonnent et il est déjà midi tapant quand je quitte ma petite maison. La direction à prendre est justement l’église Saint-Etienne et la piste qui démarre juste devant. C’est la piste DFCI CO60. Dans l’immédiat, je descends ma ruelle puis longe la rivière Urbanya. Si droit devant moi, c’est d’abord un pic du Canigou encore un peu enneigé qui attire mon regard et l’objectif de mon appareil-photo, la deuxième photo est, elle, beaucoup plus compliquée. Il s’agit d’un Cincle plongeur jouant dans la rivière. Comme son nom l’indique, cet oiseau adore l’eau mais ce que son nom ne dit pas, c’est qu’il aime tant l’eau qu’il est capable de disparaître sous sa surface. Le temps d’une photo, et encore d’assez loin, et le volatile a déjà disparu, sans trop que je sache où ? Je poursuis. Un Serin posé sur un fil électrique, lui, est plus docile devant mon appareil-photo. Voilà le panonceau annonçant la piste DFCI CO60. De cette piste, je n’ai pas encore accompli 100 mètres que trois éléments marquent mon esprit. Le premier d’entre eux est la beauté flamboyante du chemin grâce aux genêts fleuris qui l’encadrent très souvent. Plus je vais m’élever et plus il y en aura. Le deuxième, moins surprenant, c’est l’incroyable quantité et variétés de papillons, pas toujours facile à photographier d'ailleurs. Enfin, le dernier est l’étonnante et inespérée présence des oiseaux. Moi, qui suis toujours le premier a dénoncé la raréfaction des oiseaux de nos contrées, là je l’avoue je suis très agréablement surpris. Je ne m’y attendais pas. En moins de 100 mètres, et outre le Cincle et le Serin déjà enregistrés, je réussis à photographier quatre oiseaux de quatre espèces bien différentes. Et quels oiseaux ! C’est d’abord un Pouillot (j’apprendrais plus tard en analysant la photo qu’il s'agit d'un Pouillot de Bonelli), puis un pic épeiche, une buse variable et enfin un coucou, tous des oiseaux plus ou moins migrateurs, avec des habitudes de migration très disparates, mais habituellement très difficiles à observer, et donc à photographier. Toutes les photos ne sont pas parfaites mais elles sont là enregistrées dans mon numérique. Je me dis que de voir tous ces oiseaux et bien d’autres que je ne parviens pas à photographier est déjà hyper satisfaisant ! Et surtout, je me dis qu’aujourd’hui la chance est avec moi Je ne crois pas si bien dire ! Finalement, j’atteins l’épingle à cheveux de le Devesa, virage où il me faut quitter la piste forestière pour ce fameux sentier réhabilité. Ne trouvant pas immédiatement le balisage jaune que l’on m’a indiqué (il monte à droite au milieu des genêts et des roches de schistes), je fais le choix de descendre vers le Correc de la Coma. Je connais bien les lieux et ce petit sentier qui descend dans ce vallon creusé par le minuscule ruisseau, affluent de la rivière Urbanya. J’y viens parfois m’y promener, prétexte à surprendre la faune et à tenter de la photographier ou bien à cueillir quelques pommes sauvages, si délicieuses une fois cuites en compote. Sans aucun problème, je remonte le ru jusqu’à atteindre un très vieux chemin creux encadré de grosses pierres sèches. Le chemin est en partie défoncé mais le balisage jaune est bien là et à vrai dire, je m’en doutais un peu. Voilà donc le chemin réhabilité ! Il se poursuit puis tourne en s’élevant dans une sombre forêt d’épicéas. Ce sont bien ces épicéas-là qui jusqu’à présent avaient été un obstacle pour atteindre le col de Marsac. Depuis leur plantation dans les années 70, ces arbres ont énormément grandi, au point que leurs branches les plus basses ; toujours sèches par absence de photosynthèse, et donc acérées comme des poignards ; constituaient une véritable barrière au sentier qui avait été ouvert antérieurement. Depuis sa réhabilitation, ces branches-là ont été coupées, le balisage jaune repeint et de très nombreux cairns en jalonnent le tracé. C’est surtout à ces derniers qu’il faut prêter attention car le sentier s’élève peu à peu au fil des terrasses supportant la plantation artificielle. Un peu plus haut, au milieu d’une sévère montée cailloutée, on délaisse le bois d’épicéas au profit d’un autre sentier filant à l’oblique et en balcon au-dessus d’un bois de feuillus. Les oiseaux sont bien présents ici aussi et j’y photographie une mésange charbonnière. Peu de temps après, c’est un autre bois qui se présente, avec encore des épicéas mais avec bien d’autres résineux mais aussi des feuillus. Le col de Marsac est là, et mon arrivée est ponctuée par l’envol d’une compagnie de perdrix rouges impossibles à photographier tant ils me surprennent. Très belle clairière et royaume des genêts, les papillons y sont encore plus nombreux que nulle part ailleurs et les chemins que j’emprunte sont de véritables sanctuaires à lépidoptères. Seul problème ? Peu parmi eux se posent à cause d’un bon petit vent du nord qui semble les perturber. Avant de poursuivre, je m’éloigne du col, direction le petit mamelon qui le domine et que le cadastre appelle le Sarrat de Marsac.  Ici, c’est l’endroit le plus propice pour profiter des vues s’entrouvrant à presque 360 degrés : Vallon d’Urbanya, Serrat de la Font de la Barbera, Serra Gran, Serra de Miralles, Serrat d’Estarder, Pla de Vallenso, Roc de Jornac, vallons de Conat et de Nohèdes, massifs du Canigou et du Coronat, puig d’Escoutou, pics de la Pelade,  pics de la Serra, du Lloset, de la Moscatosa, de Portepas et del Torn, autant de panoramas sublimes, lieux de tant de balades déjà accomplies et donc de souvenirs agréables. Au-delà de ces visions, je pourrais presque imaginer d’être le seul survivant d’un monde certes beau mais complètement chamboulé, tant seule la nature est visible où que je me tourne. Et quelle nature ! Ici, les structures élevées par la main de l’homme ont quasiment disparu et peu importe où mon regard se pose, je suis toujours face à d’extraordinaires façonnages géologiques, espèces d’alchimies prodigieuses car jamais pareilles, modelées par on ne sait quel monstre titanesque venu des entrailles de la Terre.  Oui, où que mon regard se porte, c’est constamment sur les résultats étonnants d’accidents tectoniques et fantastiques d’un autre temps. Vallons, ravins et ravines, tertres, buttes et mamelons, montagnes acérées et collines arrondies, plaines, plateaux, prairies et cols, falaises, dents, rochers, le tout le plus souvent approprié, voire au pire couronné, par une végétation verdoyante mais pourtant toujours très inégale. De cette végétation exubérante, de rares affleurements rocheux mais de toutes formes, blancs, ocres, bruns ou roux parviennent à s’extraire. Mais on ne sait par quel miracle ? Quelques photos-souvenirs, d’autres à la pelle mais pas toujours réussies ; à cause de papillons et passereaux volages et capricieux ; et il est temps de repartir. Dans ce florilège de belles choses, seule la météo me contrarie. En effet, de gros nuages gris arrivent en nombre du Capcir et s’amoncèlent sur le Massif du Madres. Comme pris dans un entonnoir, certains petit cumulus blancs arrivent finalement à passer la montagne et filent vers l’est, poussés par une brise fraîche venant du nord. Cette brise, c’est probablement ce que les Cerdans et les Capcirois appellent le « carcanet ». Vers l’est, c’est vers moi et je vois arriver peu à peu tous ces nuages avec l’appréhension de ne pas pouvoir finir agréablement cette balade, mais surtout d’être enveloppé dans ce frisquet carcan où le nom de ce vent trouve ses origines. Après quelques minutes de réflexions, je prends la décision de continuer. Je quitte mon beau perchoir. Immédiatement et de plus en plus nombreux, les genêts flamboient de toutes parts en escortant le chemin. Désormais, je file vers la Mata, cette ample zone très boisée que coupe en deux l’ancien itinéraire du Tour du Coronat. De ce tour et de ce chemin, qui m’avaient vu passer en 2007, je ne garde que de très bons souvenirs et ce malgré une météo qui à l’époque avait été encore plus désagréable qu’aujourd’hui.  Toujours aussi herbeux qu’il y a 12 ans, et donc plaisant à cheminer, je retrouve avec bonheur ce même itinéraire montant le plus souvent au sein d’une merveilleuse forêt. Merveilleuse car si diversifiée en terme d’essences, et surtout, avec de hautes frondaisons formant d’immenses voûtes ombragées. J’ai parfois l’impression que c’était hier tellement ces douze années sont passées si vite. De me retrouver dans cette même gigantesque cathédrale végétale ne me laisse pas indifférent. A mes souvenirs, et à cette beauté environnante, mais toujours pour le plaisir des yeux, s’ajoutent les majestueux sapins, refuges des petites mésanges nonnettes, noires et huppées et des roitelets. Ici, les grands sapins côtoient bien d’autres habitats mixtes comme les landes de genêts ou de bruyères, les fougères, les broussailles et bien d’autres feuillus tels que les frênes et les merisiers où se reproduisent bien d’autres oiseaux. J’extrais de ma poche quelques graines pour oiseaux que j’ai cru bon d’emporter et les jette au milieu du chemin. Je m’éloigne un peu en me dissimulant, m’assieds et attends tout en grignotant quelques biscuits. Rien ne se passe alors j’observe de gros cumulus filant vers l’est. Comme je le fais souvent sur ma terrasse, couché sur un transat, j’essaie de trouver des formes qui me parlent puis je tente de les photographier. Là, à cet instant, c’est quasiment une merveille qui se produit sous mes yeux. Un mystère ou un miracle ? Les deux peut-être ? Alors que j’observe un nuage plutôt arrondi mais tout de même informe, j’ai le vague sentiment qu’il va se passer quelque chose. Appareil-photo prêt à être enclenché, c’est avec un étonnement incroyable, mais constamment croissant et de plus en plus énorme que j’assiste à une véritable métamorphose de ce nuage. Difforme au préalable, puis faciès de singe ensuite, je constate qu’un visage commence à se former. Oui, une tête humaine de profil prend formes très rapidement, avec des contours de plus en plus éclatants, avec des cheveux bouclés, un front, une bouche, un nez pointu devenant de plus en plus précis, une narine, une oreille.  Je zoome en enchaînant les clichés de crainte de perdre une seule miette de cette « évolution d’une espèce » que Darwin aurait sans doute appréciée à sa juste valeur. Sauf qu’ici, cette évolution est très éphémère et s’étiole aussi vite qu’elle est arrivée. Le visage disparaît et avec lui ce beau profil enfantin. J’en suis presque triste comme si j’avais assisté en direct à une disparition. J’ai été si troublé par cette vision que j’en avais presque oublié mes graines. Pourtant, ça tombe d’autant mieux qu’une mésange nonnette vient d’arriver à la tablée que j’ai tout spécialement organisée. Puis, au bout de quelques minutes, c’est une deuxième et une troisième et finalement elles paraissent tomber du ciel. Dans la variété de graines, seules les graines de tournesol semblent les intéresser. Elles en prennent une dans leur bec et vont la casser plus haut ou plus loin sur une branche. Puis le spectacle se poursuit. Pas d’autres oiseaux en vue que des nonnettes, alors je repars avec quelques photos mais tout heureux de ces deux superbes spectacles successifs que je viens de vivre. Si j’ai perdu plus d’une heure, à bien y réfléchir je l’ai amplement gagnée avec ces scènes de la Nature que si peu de personnes ont la chance d’observer ! Quand sur ma droite, la forêt disparaît, c’est pour mieux m’offrir des panoramas éblouissants sur la vallée d’Urbanya. Si en 2007, je me souviens avoir aperçu deux sangliers, cette fois-ci, c’est une expérience encore plus étonnante et surtout unique que je vis. Celle d’un daim que je surprends dans son sommeil. Si je dis « daim », c’est à cause de sa robe roussâtre amplement tachetée de blanc. Enfin « daim » ou peut-être plutôt « daine » car l’animal n’a pas de bois ? Le cervidé est en contrebas de la piste, couché au pied d’un arbre à une dizaine de mètres de moi seulement. Seules ses oreilles remuent, sans doute importunées par quelques mouches qui agacent l’animal. Mes photos sont loin d’être abouties car l’animal est à l’ombre et qui plus est, j’ai un arbuste devant moi qui empêche une mise au point parfaitement opérante. Dès que je l’ai aperçu, je me suis assis au bord du talus, mais désormais j’ai la crainte de bouger au risque de voir l’animal s’enfuir. Au bout de quelques minutes, et même sans avoir bougé, le daim a sans doute compris qu’il y avait une présence non loin de lui. Toujours couché, il relève simplement la tête, les yeux encore étrangement clos sur le rapproché photo que je suis entrain de faire de lui. Tel un périscope, il tourne sa tête dans tous les sens et presque continuellement, sans pour autant m’apercevoir car l’arbuste qui me gêne pour le photographier, le gêne lui aussi dans sa perception. Je m’y cache derrière, immobile, dès lors qu’il regarde vers moi. Tranquillisé, il se recouche. Ce manège se poursuit puis carrément s’éternise, mais finalement il a bien compris qu’il était observé. Moi, je ne peux plus guère le photographier sans prendre le risque de l’effrayer. Quand il s’ouvre, l’objectif de mon appareil-photo émet un petit sifflement et idem à chacune de mes photos. Au bout de longues minutes de cette magnifique observation, je prends le risque d’une nouvelle photo. Je n’aurais pas dû ! L’animal se redresse, m’aperçoit cette fois et d’un bond extraordinaire détale comme si elle avait vu le diable en personne.  Je tente bien de photographier cette course folle mais la vitesse de l’animal plus les arbres où il slalome sont des désavantages impossibles à maîtriser. Alors que je la vois disparaître dans la forêt et à l’opposé de la piste où je me trouve, quelle n’est pas ma surprise de le voir revenir vers moi mais à une trentaine de mètres sur ma droite. Il s’arrête une dernière fois avant de décamper, temps néanmoins suffisant pour deux dernières photos, malheureusement pas trop géniale car au milieu des arbres et sans prendre le temps d’une mise au point qui aurait été forcément nécessaire. Amplement ravi néanmoins de cette observation, je repars en me souvenant qu’ici à Urbanya, il m’est arrivé de réveiller des cervidés des dizaines et des dizaines de fois ; dormant dans des genêts, des ronciers ou des fougères ; mais jamais encore je n’avais eu l’occasion d’une vision aussi précise et aussi longue. Habituellement, ce sont eux qui me surprennent mais aujourd’hui la surprise a changé de camp. Oui, aujourd’hui, la chance me sourit. Elle me sourit encore avec la vision d’un petit rhinolophe au lieu-dit Les Cortals, vieilles ruines dans un sombre sous-bois. Il n’y en a qu’un alors je prends deux photos et le laisse en paix. A l’instant où je parviens à l’intersection d’un chemin filant vers le col de la Serra, les souvenirs ressurgissent avec la vision d’un très vieux balisage jaune et rouge très effacé, qui ne peut être relatif qu’à l’ancien GRP Tour du Coronat dont le tracé avait été créé en 1982. En 2007, et alors que ce tour n’existait déjà plus, j’avais très souvent recherché en vain ce balisage bicolore. Là aussi, quel bol de retrouver un balisage vieux de 37 ans ! Peu de temps après, c’est un couple de loriots se poursuivant dans des grands frênes qui j’aperçois furtivement. Avec l’arrivée au lieu-dit la Travessa, ici se terminent le tronçon du Tour du Coronat et l’agréable chemin herbeux déjà cheminé en 2007. Si je n’ai pas eu trop le temps de me remémorer les vieux souvenirs de cette étape qui m’avait mené de Nohèdes au Refuge de Callau, je le dois en grande partie à cette Nature, constamment présente, qu’avec beaucoup de chance j’ai pu observer aujourd’hui. Outre les cathédrales végétales et le balisage effacé, seules quelques vaches têtues accompagnées de leurs jeunes veaux candides, et donc peureux, obstruant le chemin m’ont rappelé ce temps jadis. Il me faut rejoindre Urbanya et la plus simple possibilité étant la piste terreuse qui y descend, j’ignore tous les raccourcis que je connais. Pourtant au dessus de ma tête, le ciel est désormais carrément coupé en deux. Gris ou très gris vers le nord et encore très bleu partout ailleurs. Au dessus de ma tête, c’est gris clair. Je me dis que s’il vient à pleuvoir, la piste sera certainement plus praticable que des raccourcis dont je ne sais jamais s’ils sont régulièrement débroussaillés. Si je presse un peu le pas, c’est seulement à cause de cette météo qui se gâte, mais ce n’est pas pour autant que j’en oublie de photographier la faune et la flore. Toutes deux continuent d’être omniprésentes avec beaucoup de fleurs nouvelles et toujours des papillons et des oiseaux en très belle quantité. La chance est encore là, avec une nouvelle fois les photos surprenantes d’un Torcol fourmilier pendant son chant nuptial. Je dis une nouvelle fois, car j’ai photographié ce même oiseau « rare » il y a seulement quelques semaines lors du « Circuit des Sources de l’Agly et de la Sals ». Pinsons, serins et merles en grand nombre, des fauvettes refusant tout cliché, quelques mésanges, geais et bruants, des rapaces dans les cieux, des rouges-queues noirs, des moineaux et des hirondelles près des habitations, l’ornithologue amateur que je suis est enjoué de cette renaissance de l’avifaune, même si je ne parviens pas à toute la photographier. Pourvu qu’elle dure et dans le temps ! Comme je l’ai déjà fait à diverses reprises, je note que certains passereaux s’approprient certains étages altitudinaux ou végétatifs et jamais d’autres. C’est ainsi que je finis par apprendre que j’aurais beaucoup plus de chance de photographier tel oiseau à tel endroit ou dans tel type d’habitat. Il est 17h15 quand je retrouve ma petite maison. Comme très souvent, le gros des nuages est resté bloqué sur le Madres et côté Capcir, et par bonheur pour cette fois, il n’a pas plu sur le vallon d’Urbanya. L’été, quand le potager doit être arrosé et que j’assiste à ce même phénomène météo, je prie pour que tombe la pluie mais le plus souvent, il ne pleut pas non plus. C’est la frontière entre Capcir et Conflent, frontière géographique que la pluie refuse de passer tel un voyageur qui n’aurait pas son visa.  Quand j’arrive, Dany a toujours le nez plongé dans sa liseuse mais elle prend néanmoins le temps d’écouter tout ce que j’ai à lui dire à propos des oiseaux, des papillons, de la chauves-souris et surtout du daim. Photos à l’appui, je lui raconte dans le détail ma longue observation mais quand je termine de parler, elle ne trouve rien d’autre à dire que : « quand je marche avec toi, je ne vois jamais rien ! ». Je lui réponds : « justement, c’est parce que tu es avec moi qu’on ne voit rien ! ». « Il faudra que tu me la fasses faire cette balade ! » ajoute-t-elle. Je lui promets de l’emmener, dès cet été quand nous serons en vacances ici, mais sans garantie que nous observerons autant la Nature. La Nature n’est-elle pas aussi capricieuse qu’une femme ? Ainsi se termine ce court mais merveilleux « Circuit de la Matte ». Telle qu’accomplie et expliquée ici, cette balade est longue de 8,8 km pour des montées cumulées de 666 mètres. Le dénivelé est de 349 mètres entre le point le plus bas à 856 m à Urbanya et le plus haut à 1.205 m à proximité du lieu-dit La Travessa. Bien sûr, je vous dispense du temps que j’ai mis pour l’accomplir car vous l’avez sans doute compris, la course en montagne ne faisait pas partie de mes objectifs. Le plus important était de « mater » ! La Nature, il va sans  dire ! Je profite de l'occasion qui m'est donnée ici pour remercier Josette d'Urbanya, car c'est elle qui m'a informé de la réhabilitation du sentier menant de la Devesa au col de Marsac et un grand merci bien sûr à toutes les personnes qui ont oeuvré à cette réouverture. Cartes I.G.N 2348 ET - Prades – Saint-Paul-de Fenouillet  Top 25.

(*) Toponymie du mot « mata », « matte une fois françisé » :

Concernant la toponymie du mot « mata », le mieux est de se référer à la toponymie du nom de la commune de Matemale que l’on trouve sur le site Wikipédia. C’est ainsi que l’on peut lire que «  le terme « mata » est issu du pré-latin « matta », désignant des fourrés de buissons et d'arbustes (Lluis Basseda), avant peut-être de désigner la forêt qui entoure le village, jadis objet d'intérêt des rois d'Aragon puis des rois de France« Malus » signifie « mauvaise ». Le tout qualifie donc un endroit rempli d'une végétation hostile, peut-être remplie de buissons épineux et, éventuellement, de bêtes sauvages. Il existait sans doute deux lieux-dits » : « Mata Mala » et « Mata ». Le nom « Mata » est repris pour la forêt de la Matte, forêt plantée par l'homme à l'époque moderne ». Il s’agit donc clairement d’une toponymie très ancienne, puisque l’on peut lire aussi : «  Le nom « Matamala » apparaît dès 965  et demeure par la suite sous cette forme, bien que l'on trouve aussi Mathamala en 1358. En catalan, le nom de la commune est « Matamala ». Je note que dans l’ouvrage « Toponymie Générale de la France - 1990 » d’Ernest Nègre, ce dernier se démarque un peu en mentionnant que le nom « Matemale » équivaudrait pour « mata » à « un tronc d’arbre sur lequel poussent des rejetons près de terre » et « mala » « mauvaise ». Il tient cette information du « Diccionari general de la llengua catalana-1931  » de Pompeu Fabra, célèbre linguiste espagnol. Une « mata » ou « matte » en français ; bien que cette signification n’ait jamais été retenue par aucun des principaux dictionnaires nationaux (*) ; serait donc un lieu planté de broussailles, si l’on veut faire simple. Cette notion est d’ailleurs retenue par la plupart des toponymistes et confirmée par exemple par André Pégorier dans son ouvrage « Les noms de lieux en France – Glossaire des termes dialectaux » où l’on peut lire qu’une « mate », « mate », « matte », ou encore « mathe », variante en occitan, nom féminin correspond à « hallier »,« cépée », « fourré » et que « matas », nom masculin en ancien français est un « buisson », « hallier », « haie », « broussailles ». Il faut toutefois noter, dans ce même ouvrage, les nombreuses et autres significations données au mot « matte » et selon les régions. Ainsi, dans les Vosges, c’est une « clairière gazonnée au milieu d’un bois », à Marseille, « des hauts fonds vaseux et sableux couverts d’herbes », dans le Poitou et le Saintonge, « le nom donné à des bosses de marais les plus larges consacrées à la culture ». Comme on le voit, rien n’est simple et on comprend mieux pourquoi aucune de ces significations n’aient été retenues en français ! Maurice Prat dans son article consacré à ses « Recherches de toponymie pyrénéenne - 1944 » indique que la « mata » serait un « bosquet » ou un « taillis ». Le site Généanet est lui plus catégorique quand il s’agit de fournir une origine et une étymologie au nom de famille « Mata », car selon eux, il désigne un « bosquet » et surtout pas un « buisson ». En poussant mes recherches un peu plus loin, j’ai également trouvé d’autres significations selon les régions et leurs langues ; occitan, provençal, gascon ; comme « bois », « petit bois, « touffe » (Charente-Maritime), « hallier épais », « gros buisson » dans l’ensemble des Pyrénées. Idem avec « matet » signifiant « un terrain couvert de buissons » en Gascogne. Idem avec « mato » signifiant « touffe serrée » et « buisson » en provençal et « touffe d’herbe » et « cépée de jeunes arbres » en languedocien mais seulement « buisson » dans le Gers. Notons que dans des zones marécageuses et inondables de la vallée de la Garonne, une « mata » désigne également une levée de terre artificielle faisant office de digue. Dans d’autres régions occitanes, elle est une « butte » ou un « tertre ».

En résumé, il est nécessaire de revenir dans les Pyrénées-Orientales, ou en tous cas dans les Pyrénées, pour affirmer que le mot originel « mata » désignait un bosquet très broussailleux sans doute bas et inaccessible d’accès. Toutefois, dans le cas qui nous intéresse, c’est-à-dire ici à d’Urbanya, il semble que la signification ait évoluée au fil du temps et désigne désormais la forêt, forêt se trouvant versant ubac de la vallée et qui a été plantée au siècle précédent. Ce constat est confirmé par l’analyse que j’ai pu faire des différentes cartes que l’on trouve sur le site Géoportail. En effet, j’ai pu constater par moi-même que le lieu-dit mentionné « Mata » que l’on trouve sur les cartes IGN modernes n’existe pas sur les cartes plus anciennes (Cassini, Etat-major, 1950). Il en va de même pour d’autres lieux des P.O. où les mots « mata, mate ou matte » sont présents. Comme déjà indiqué, c’est aussi le cas à Matemale avec la forêt de la Matte, mais également au pied du Canigou, tout près du refuge de Mariailles avec « Les Mattes rouges et le matte vert » pour ne citer que ces quelques exemples que je connais le mieux. Voilà ce que l’on peut dire de cette toponymie. (*) Dans le dictionnaire Larousse.fr, une « matte » est une « substance métallique sulfureuse résultant de la première fusion d’un minerai traité et non suffisamment épuré ». La plupart des autres dictionnaires et encyclopédies en donnent une signification quasi similaire même si d’autres notions sont fournies dans sa lexicographie (lait caillé, banc de poissons semblables, fond vaseux, terme technique en judo, etc…). En tous cas, voilà un mot difficile à « mater » !

 

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Nina de Llugols ou la photo de bonheurs retrouvés

Publié le par gibirando

NINA-DE-LLUGOLS
Nina et ses frères, le 17 août 2007 à Llugols.
SANT-MARTI-DE-LA-ROCA-
Photo de la Chapelle Sant-Marti de la Roca retenue en juillet 2012 par le magazine Bol d'Air pour  agrémenter  leur feuilleton de l'été "Les Mystères du Sud".
  CHEMIN-DE-FLASSA
Photo de Jujols prise depuis le chemin de Flassa. Photo sélectionné par l'agence de communivation KFH pour enjoliver une plaquette d'information de la DREAL L.R concernant le déviation de la R.N.116 à hauteur de Joncet.
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J’adore la photo que je pratique en amateur tout au long de l’année et surtout lors de mes randonnées pédestres.  Pourtant, voilà que par deux fois en quelques mois, deux de mes photos que j’avais mise sur Internet ont été appréciés et retenues par des professionnels de la communication. La première fois, c’était l’an dernier pour une photo de la chapelle Sant Marti de la Roca retenue par Bol d’Air, le magazine du samedi de l’Indépendant de Perpignan. Ma photo était venue agrémenter le feuilleton de l’été intitulé « les Mystères du Sud » dont l’acte 4  « Une héroïne de friction » était une nouvelle écrite par Philippe Georget. Puis le mois dernier, c’est l’agence de communication montpelliéraine KFH travaillant pour le compte de la DREAL Languedoc Roussillon qui souhaitait faire figurer une de mes photos pour enjoliver une plaquette destinée à la « fameuse » déviation de la RN.116 à hauteur du hameau de Joncet. Il s’agissait d’une photo prise depuis le chemin de Flassa sur laquelle on aperçoit le hameau de Jujols. Il semble que la future déviation passera non loin de là. Bien évidemment, c’est avec une certaine fierté que j’ai remis ces deux clichés aux intéressés.  Je précise tout de même que je les ai offertes car pour moi il était hors de question de faire une quelconque concurrence déloyale aux photographes professionnels. Mais aujourd’hui, ce n’est pas de ces deux photos dont je veux vous parler mais d’une troisième dont l’histoire très insolite et inattendue m’a littéralement rempli de bonheur en ce début du mois de mai. Cette photo, je ne peux pas l’appeler autrement que « Nina de Llugols » ou « la photo de bonheurs retrouvés ». Laissez-moi vous en raconter le récit mais auparavant, il me paraît important de planter quelques jalons. Depuis que la photo numérique existe, je prends grosso modo entre 150 et 300 clichés au cours d’une randonnée pédestre d’une journée. Tout dépend bien sûr de la longueur de la balade mais surtout des intérêts que je vais y trouver car comme vous avez pu peut être l’observer sur mes diaporamas tout ce qui touche à la nature ou au patrimoine m’intéresse : flore, faune, paysages, panoramas, lieux divers, découvertes, bizarreries, fantaisies, etc….Un seul élément manque souvent à cette boulimie de photos : les personnages. S’ils ne sont pas de ma famille ou de mes amis, ils sont la plupart du temps absents de mes livres d’images. Eh oui que voulez-vous savoir vivre et vie privée oblige, je ne me sens pas autorisé à prendre n’importe qui n’importe comment. Bien que le scoop photographique ne me laisse pas indifférent, je n’ai pas l’âme d’un paparazzi. D’ailleurs, je pense que dans certaines conditions bien spécifiques, la loi ne permet pas la publication d’images de personnes sans leur autorisation préalable. A cette modération que je considère normale, j’ai, je l’avoue, fait parfois quelques entorses. Je ne parle pas bien sûr des photos où un public peut être présent par hasard ou bien de celles que j’ai parfois prises avec une autorisation préalable ou bien encore de photos de groupes auxquels je participais. Non, je parle de vraies entorses que j’ai pu faire parce que « l’instant de la photo » me paraissait plus important que tout. Parmi les milliers de photos numériques qui emplissent le disque dur de mon ordinateur, des photos comme ça, je pense que je peux très facilement les compter sur les doigts d’une main voire au pire des deux. Parfois, il m’arrive de les retrouver au hasard du mur d’images qui défile sur l’écran de veille de mon ordinateur et c’est toujours un immense bonheur de les revoir. Oui, c’est bien ça, c’est une grande joie car ces photos ont toutes leur propre histoire, leur raison d’être, leur « moment de vérité », leur « instant présent ». Parmi ces photos, il y a, vous l’avez compris, celle de « Nina de Llugols » dont voici ci-après l’étonnante histoire :
A l’été 2007, je décide d’accomplir le Tour pédestre du Coronat en 6 jours et en solitaire. Dany souffre de sa polyarthrite et je suis dans un certain état d'esprit car la veille de mon départ, j'ai marié ma fille. C'est la première fois que je pars si longtemps tout seul et d'avoir marié ma fille, c'est comme une grande page de ma vie qui s'est tournée. J'éprouve le besoin de m'oxygéner et de me retrouver seul. Comme chacun sait, le Coronat est un massif montagneux du Conflent dont la longue crête s’étire sur environ 17 kilomètres depuis la commune de Ria jusqu’au col du Portus. Vers le sud, le massif domine la vallée de la Têt jusqu’aux environs d’Olette et au nord, les vallées du Callau et de Nohèdes. A l’ouest, c’est le vallon d’Evol qui clôture la montagne. Son sommet, le Mont Coronat culmine à 2.172 mètres. Après avoir lu un topo-guide de la série « Détours Pyrénéens » intitulé « 5 Grandes Randonnées en Pyrénées-Orientales »,  plusieurs particularités m’incitent à faire ce voyage en priorité plutôt que les autres. Il y a tout d’abord le fait que ce massif s’inscrive au sein de trois réserves naturelles : celles de Jujols, de Nohèdes et de Conat. J'ai le sentiment que les découvertes vont être belles et nombreuses. Deuxième élément, les hautes falaises sont le repère d’une fleur endémique, rarissime et relictuelle, l’Alyssum Pyrenaicum que je ne rencontrerai jamais malgré l’ascension du mont Coronat en octobre de la même année. Des nombreuses merveilles que je découvrirais au fil de ce magnifique parcours et de cette fleur que l’on appelle plus communément l’Alysse ou Alysson des Pyrénées, le titre de mon récit viendra à moi presque comme une évidence : « Des merveilles au pays d’Alysse ». Le cinquième jour de ce beau périple, le 17 août exactement, je pars du Refuge de Callau et j’arrive au beau milieu de l’après-midi à Llugols où une chambre m’attend dans le gîte Naulin. Llugols n’est pas vraiment un village mais un embryon de hameau qui se reconstitua bien longtemps après que l’épidémie de peste du XIVeme siècle en eut chassé les derniers survivants. Après cette tragédie, les premiers nouveaux arrivants furent sans doute des bergers et des ermites qui trouvèrent ici ce qu’ils étaient venus chercher : la sérénité dans la solitude. Il y a juste quelques maisons et une piste terreuse qui arrive dont ne sait où. Juste à côté du hameau, une jolie petite chapelle dédiée à Saint Christophe. Autour de Llugols, quelques vestiges préhistoriques et d’autres chapelles oubliées des hommes et des dieux. Voilà le décor est planté. Et quel décor ? Juste en face de notre mythique Canigou !  A Llugols, c’est plus souvent le calme plat et il y a donc peu de chance qu’une surprise jaillisse. Et pourtant !
Voilà ce que je dis de Llugols dans mon récit : « Ici, à Llugols je suis particulièrement sensible à cette quiétude que je vis dans l'instant. Ici tout paraît plus simple plus humble mais de cette humilité transparaît une grande sérénité. Ces grands espaces qui rayonnent dés que l'on sort du gîte, ces vergers qui descendent en pente douce, ces jardins potagers très ordonnés que les sangliers s'obstinent à défoncer, cette magnifique chapelle romane Saint-Christophe superbement restaurée, des chats trop heureux de se prélasser sur la terrasse ensoleillée, Bonnie, ce chien facétieux qui s'évertue à me suivre dès que je fais un pas, et puis que dire de Monsieur et Madame Naulin, mes charmants hôteliers qui m'installent comme un prince face au Canigou puis assis sur leur perron me regardent manger. Non ici à Llugols, je n'ai pas la vie d'un prince mais plutôt celle d'un roi. J'ai envie de leur dire : venez vous asseoir à ma table, je ne veux pas être servi comme un roi, je suis un humble chemineau ! Je prends conscience des " choses simples " de la vie qui consolident l'idée que je me fais du bonheur ». Puis un peu plus loin, je raconte d’autres « choses simples » que j’observe comme ces trois enfants qui descendent la piste poussiéreuse du hameau sur des motos miniatures.  Leurs éclats de rire viennent rompre le silence et la quiétude du hameau. Je ferme les yeux et je revois mon enfance. Mais avant de fermer les yeux, je tente de prendre une belle photo de ces enfants ivres de bonheur. Miracle, malgré le mouvement, la première photo est la bonne ! Voilà ce que j’écris de cet instant que j’ai immortalisé : « Oui ici, à Llugols, je suis à la fois heureux et nostalgique. Nostalgique de mon passé quand je croise ces enfants qui descendent à tout berzingue sur des jouets à roulettes la seule piste du hameau. Enfant, dans le quartier de la Vieille-Chapelle à Marseille, je descendais de la même manière le Boulevard des Neiges sur ma carriole faite d'une planche et de quatre roulements à billes. Nostalgique du présent car demain le Tour du Coronat touche à sa fin et en terminant ce parcours, j'ai le sentiment de perdre quelque chose. D'ailleurs, je fais mien ce proverbe qui dit " ne cherche pas le chemin du bonheur car le bonheur, c'est le chemin ! ".Le soir tombe sur le Coronat, je suis sur ce rocher qui domine la chapelle Saint-Christophe et j'observe cette étrange croix néolithique gravée dans la pierre depuis des milliers d'années. A cet instant, je réalise davantage pourquoi les hommes viennent à Llugols depuis des temps ancestraux, je comprends mieux pourquoi de nombreux ermites venaient y vivre en autarcie, loin du reste du monde. Ici, ils trouvaient le bonheur et la béatitude. Mais pour moi, il ne fait aucun doute, ce bonheur et cette béatitude, pour eux, c'était merveilleux ! Comme je le fais moi-même, ici à Llugols, tous ces hommes venaient chercher des merveilles. Ces merveilles, c'étaient celles du pays d'Alysse ! ».
Voilà dans quel état d’esprit je me trouve à Llugols en ce 17 août 2007 et voilà que six années plus tard, je reçois ce mail étonnant : « Bonjour Jullien,j'ai trouvée votre adresse sur votre site de vos histoires de randonnée. J'habite en ce moment en Russie. Et par un moment de nostalgie je vais sur Google, et tape "Llugols", regarde des photos et au bout d'un moment tombe sur votre site. Je lis l'histoire de votre randonnée du 17 août 2007, regarde les photos.... et BAM je tombe sur une photo de moi et de mes frères, ou nous sommes sur des petites motos. Je n’ai pas pu agrandir la photo, si jamais vous avez des photos de ce jour-là, peut -être pourriez vous me les envoyer ? En espérant une réponse, Nina Neveroff. »
Voilà la surprenante histoire de cette photo de « Nina de Llugols ».
J’ai bien sûr répondu favorablement à Nina Neverov en lui adressant en pièce jointe un exemplaire grand format de cette photo. Depuis, nous avons échangé quelques messages sur le Net et sommes devenus amis sur Facebook.
Nina va revenir passer ses vacances à Llugols et notre souhait commun est de nous retrouver un de ces jours dans ce joli hameau pour faire plus ample connaissance et évoquer de vive voix la belle histoire de cette photo. J’ai le secret espoir que nous deviendrons de bons amis autrement qu’à travers le Toile.
Six années sont passées, Nina est devenue une jolie jeune fille et moi, j’ai pris un coup de vieux supplémentaire. Pour elle comme pour moi, cette photo représente de grands moments de bonheur. Des bonheurs que l’on pourrait croire bien différents. Elle, de se revoir ainsi, entrain de jouer et de rire avec ses frères au hameau de Llugols dont elle est nostalgique quand elle est en Russie, sa patrie lointaine. Moi, d’avoir vu dans cette photo, le reflet de ma propre enfance quand je jouais avec mon frère. Mais à y réfléchir, nos bonheurs se rejoignent. Elle voit sans doute dans cette photo, sa propre enfance qui s’enfuit et moi, je suis nostalgique de ces beaux instants passés à Llugols. Merci Internet et merci Nina ! A bientôt à Llugols !
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Le Serrat Gran (1.430 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando



Ce diaporama est agrémenté de de la chanson d'Eddy Mitchell "Rio Grande". Elle est interprétée ou jouée par Yvon (chant), Olivier Moulin (harmonica),  Paul Contamine (clavier électrique) 
LE SERRAT-GRAN
SERRATGRANDIGN
Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

Le Serrat Gran est, contrairement à son nom, un modeste sommet du Haut-Conflent à 1.430 mètres d’altitude dont sa crête sert de délimitation entre les territoires d’UrbanyaConat et Mosset. Au delà de son altitude elle même, je suppose qu’il doit surtout son nom à sa position géographique car dans des temps plus anciens, il était sans doute le passage à franchir le plus court mais aussi le plus élevé pour les villageois qui voulaient se rendre d’un village à un autre. Je vous parle bien sûr d’une époque où les routes carrossables et les pistes forestières n’existaient pas et à laquelle les seuls moyens de communications étaient certainement des sentiers muletiers. Présent à Urbanya en ce début du mois d’avril, c’est vers ce sommet, dont j’aperçois un bout du versant sud depuis ma maison, que je m’étais tourné ce matin-là pour réaliser ce qui aurait du être une courte randonnée mais qui c’est transformé au fil du parcours en une longue virée.  Ce long périple, vous ne serez pas obligés de l’accomplir, hors mis peut-être si le plaisir de marcher et le désir de découvrir sont aussi ardents que les miens. Je mentionne d’ailleurs sur la carte jointe à cet article, la boucle initialement envisagée vers le Serrat Gran ainsi que le parcours réellement accompli. Vous aurez donc le choix entre les deux options. Cette randonnée au Serrat Gran, j’aurais pu l’intituler « Au dessus des ravins » mais comme peu de gens connaissent ce sommet et qu’il était le point culminant de la balade préalablement prévue, j’ai préféré lui conserver la faveur du titre de mon article. En effet,  sur cet itinéraire, on chevauche le véritable relief du Conflent, c'est-à-dire cette zone intermédiaire très vallonnée que l’on appelle « piémont pyrénéen » se situant entre la bordure méditerranéenne et ses plaines et les premiers hauts sommets des Pyrénées. Ici, les ravins sont si nombreux que le regard est presque systématiquement porté vers eux, c'est-à-dire vers le bas plutôt que vers l’horizon ou les montagnes.  J’en ai dénombré une bonne quinzaine, courts ou longs, profonds ou pas mais heureusement plus souvent aperçus que franchis. Pourtant sur ce parcours où les panoramas sont le plus souvent à 360°, l’horizon et les montagnes environnantes se dévoilent magnifiquement et notamment vers un Canigou enneigé tout simplement extraordinaire à cette époque de l’année. Mais rassurez-vous, il n’y a pas que le Canigou à observer et d’autres montagnes comme les massifs du Coronat ou du Madres sont également bien visibles. Sans compter qu’à cette saison, la flore et la faune se réveillent magnifiquement, offrant des intérêts supplémentaires insoupçonnés aux randonneurs de ce circuit original. Tout démarre une fois encore d’Urbanya, village qui se pare de blanc en cette saison grâce à ces nombreux cerisiers, pommiers et autres arbres fruitiers en fleurs. Le départ est similaire à la randonnée du « Serrat de Calvaire » déjà décrite dans ce blog. Ensuite, il y a bien sûr un itinéraire quelque peu différent que je vous décris ci-après. On laisse son véhicule sur le parking, on franchit le pont puis on emprunte le Chemin de Saint-Jacques qui part à droite de la mairie et monte entre quelques maisons. Après la dernière habitation, devant un garage fait de tôles et de planches, on prend le sentier qui monte à gauche. Là, on va suivre la sente la plus évidente qui va s’élever et redescendre au fil des petites ravines que l’on franchit allégrement. La principale ravine est occupée par un bois où coule l’étroit « Correc » de Vallurs.  Après avoir enjambé ce petit ruisseau, le dénivelé s’accentue et il ne va pratiquement plus cesser jusqu’au sommet du Serrat Gran sauf peut-être en passant près d’une immense ruine qui arrive très vite où il s’aplanit quelque peu. Lors du tour du Serrat de Calvaire, je m’étais déjà posé la question de savoir si cette grande ruine n’était pas le hameau de Saint-Jacques figurant sur les cartes Cassini ? A ce jour et malgré quelques recherches complémentaires, je n’ai toujours pas la réponse à cette question.  Devant ces vestiges, on est donc toujours sur l’itinéraire que j’avais décrit pour faire le tour du Serrat de Calvaire et il va en être ainsi jusqu’à la côte 1098 de la carte IGN, non loin du Roc de Jornac. C’est à ce point précisément qui offre des vues sublimes sur le Massif du Canigou que les deux itinéraires différent. Au lieu de suivre, le large chemin qui part en épingle à cheveux, on va lui préférer le petit « cami » débroussaillé qui longe la clôture à main gauche. Cette clôture, on ne va plus la quitter jusqu’au sommet du Serrat Gran et même un peu plus loin jusqu’au Col de les Bigues, rendant ainsi cette ascension d’une simplicité déconcertante. Je tiens tout de même à préciser que j’ai utilisé sciemment le mot « simplicité » plutôt que « facilité » car la déclivité s’accentuant nettement, la « grimpette » se mérite ! Mais grâce aux multiples panoramas, on oublie facilement les affres de l’effort à accomplir. En effet, en marchant le plus souvent dans une végétation rase composée essentiellement de cistes à feuilles de lauriers et de maigres et rares genêts, on aura en permanence le regard absorbé par le spectacle se dessinant de tous côtés : forêts domaniales des Réserves Naturelles, Canigou, Coronat, Escoutou, Pelade, Madres, Portepas,TornPla de Vallenso (Balençou) et toujours d’immenses ravins vertigineux qui descendent pour rejoindre les vallons où coulent les principales rivières de la contrée, à savoir Urbanya et Callau. Cette dernière rivière finissant par rejoindre le Têt, son affluent majeur à Ria. Si le sentier monte très raide, il  monte en tous cas toujours très droit jusqu’au sommet du Serrat de Miralles (1.377 m). Par temps clair, ce qui n’était pas vraiment le cas, le ciel étant plutôt voilé ce jour-là, vous aurez des vues sur le lac bleuté du barrage de Vinca et bien plus loin encore vers le Roussillon et la Méditerranée. Vers le nord, quelques sommets dominant la Vallée de la Castellane apparaissent et notamment le Pic del Rosselló gravi dernièrement et récemment expliqué dans ce blog. Ici, au sommet du Serrat de Miralles, on est quasiment au centre du Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes alors malgré un ciel laiteux, le spectacle est tout de même saisissant et splendide. Avec un tel tableau devant les yeux, ajouté à une terrible fringale,  j’en ai profité pour entamer très sérieusement mon casse-croûte gardant mon dessert pour le Serrat Gran bien visible car à seulement quelques foulées. J’ai mangé sous un véritable concert de chants mêlés orchestré par des oiseaux de toutes sortes et en sortant mes jumelles de leur fourreau, j’ai pu reconnaître : mésanges, serins, chardonnerets, pipits, fauvettes, pinsons, rouges-queues, bruants, etc…  Tout ce petit monde virevoltait d’arbres en arbres dans le joli Bois d’Estarder, rendant encore plus agréable cette halte anticipée. Beaucoup plus haut dans le ciel, quelques grands rapaces sont entrés dans la partie et se sont mis à tournoyer sinistrement au dessus de ma tête. Je ne pense pas qu’il s’agissait d’aigles royaux car il y en a paraît-il très peu dans le massif du Madres-Coronat alors en raison de leur grand nombre, plus d’une dizaine et de leurs caractéristiques, j’ai pensé à des Vautours fauves. Une fois rentré à la maison, l’agrandissement d’une photo sembla me confirmer cette idée : ailes larges et plutôt sombres où les plumes extrêmes étaient amplement écartées, poitrails plus clairs chez certains sujets et queues carrées courtes et noires. Alors, devant cet incroyable spectacle ornithologique et toujours à l’affût de quelques belles photos animalières, il a fallu que je me pousse un peu pour quitter ce joli mirador. Tout en continuant à longer la forêt, j’ai pris la direction de l’objectif du jour. A l’orée de grands pins mais planté de jeunes sapinettes, le Serrat Gran est un belvédère moins intéressant car moins ouvert sur de larges panoramas que le Miralles. Aussi après m’être délecté d’un « Flamby » et d’une compote de pommes, j’ai rapidement amorcé la descente vers le col de les Bigues en m’enfonçant pleinement dans la forêt pendant quelques minutes. En arrivant au col, il était seulement midi passé de quelques minutes et malgré un ciel se couvrant de gros cumulus blancs du côté du Madres et du Coronat, je n’avais pas franchement envie de redescendre vers Urbanya pour terminer si tôt cette belle balade. Alors j’ai poussé jusqu’au col del Torn (col de Tour) et j’ai refait à l’envers cette magnifique randonnée que j’avais intitulé le « Balcon d’Urbanya ». Il emprunte un tronçon du Tour du Coronat avant de redescendre sur le village. Comme je l’ai dit en préambule, rien ne vous obligera à faire de même et à ce moment-là, il vous suffira de redescendre du Col de les Bigues vers Urbanya en empruntant un des différents sentiers qui y mène : soit ceux des Escocells selon leur état d’embroussaillement soit celui du Clot del Baro, souvent le plus praticable mais le plus long. Je précise que cette randonnée au Serrat Gran qui longe en grande partie les clôtures qui délimitent les territoires d’Urbanya, Conat et Mosset (tracé fait de petits points sur les cartes IGN) n’est réalisable que si les sentiers qui les côtoient ont été défrichés, ce qui était le cas le jour où je les ai empruntés. Je pense qu’ils sont débroussaillés régulièrement car j’y ai rencontré un agent ONF qui lui-même longeait la clôture entre le Serrat Gran et le Serrat de Miralles pour effectuer des relevés.  En conséquence, je présume que cet agent ONF est habitué à cheminer ces sentiers. Si au Col de les Bigues, on fait le choix de redescendre sur Urbanya, on aura effectué une courte boucle d’une dizaine de kilomètres environ, pour un dénivelé de 580 mètres mais des montées cumulées de 830 mètres. En ce qui concerne la suite de ma balade que j’ai accomplie ce jour-là, j’avoue que j’ai été comblé au delà des mes espérances car quelques animaux très intéressants se sont montrés très indulgents envers moi, acceptant sans trop rechigner d’être photographiés : un superbe et trop rare lézard ocellé et un magnifique renard avec encore son pelage d’hiver notamment. Pour cette seconde partie, je vous précise que la boucle réalisée ce jour-là est longue d’environ 17 kilomètres et pour le reste, je vous renvoie à la carte IGN et à mon diaporama. Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25. 

 

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Des merveilles au pays d'Alysse ou le Tour du Coronat en 6j.

Publié le par gibirando

Vous voulez marcher en solitaire dans une montagne des Pyrénées-Orientales pleine de merveilles et de mystéres alors suivez moi sur le Tour du Coronat. Le Massif du Coronat et son mont sont uniques, alors partez avec moi à leur découverte :

http://pagesperso-orange.fr/gilbert.jullien/DES_MERVEILLES0.htm

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