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pic pelade

Le Circuit des Hautes Garrotxes (1.917 m) depuis Sansa (1.410 m)

Publié le par gibirando


Diaporama sur la merveilleuse musique "Etude en E Mineur" de Francisco Tárrega jouée successivement par les guitaristes suivants :

Jurgen Schenk, Bernard Piris, Evgeniya Alaeva Kirilyuk, Manuela Grabsch, Miguel Mota Pinto, Peter Notfall, Samatha Muir,

la fin étant un mixage de ces différentes musiques toutes extraites du site "You Tube".

Le Circuit des Garrotxes (1.915 m) depuis Sansa (1.410 m)

Le Circuit des Garrotxes (1.915 m) depuis Sansa (1.410 m)

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

Les personnes qui dans les topo-guides donnent des noms à des randonnées n’imaginent pas toujours l’importance que peut revêtir un simple intitulé. Exemple ici, pour cette randonnée, que j’ai intitulé «  le Circuit des Hautes Garrotxes (*) ». Il faut prononcer "garrotches". Elle existe, depuis très longtemps déjà, dans un petit fascicule intitulé « 32 randonnées pédestres en Capcir et Haut-Conflent » sous la dénomination « Du col de Sansa au col de Creu », et autant l’avouer cette désignation n’avait jamais aiguisé mon intérêt pour elle. De ce fait, je n’étais jamais allé plus loin que la simple lecture de son intitulé.  Pourquoi me direz-vous ? D’abord parce que je connaissais bien ces deux cols. Le premier pour y être passé à de nombreuses reprises lors de balades vers les sommets du Madres ou du pic de la Pelade puis encore lors d’un mémorable Tour du Capcir. Le second, je ne le connaissais que comme col routier, mais je l’avais toujours vu très fréquenté comme lieu de pique-nique dès les premiers beaux jours. Alors, j’avais imaginé cette randonnée comme une simple liaison de ces deux cols et de surcroît comme une rébarbatif aller et retour par des pistes forestières.  Rien de folichon en perspective. Force est de reconnaître que je me trompais sur toute la ligne ! Entre Haut-Conflent et Capcir, cette confidentielle et enclavée région des Hautes Garrotxes est un magnifique écrin naturel et ce « circuit » au départ de Sansa est un bijou de randonnée et voilà la raison pour laquelle, j’ai préféré lui donner un nom un peu plus attractif.  Enfin j’espère ? Tous les étages montagnards sont passés en revue et ce malgré des altitudes plutôt modestes oscillant entre 1.400 et 2.000 mètres. On y trouve bien évidemment tous les écosystèmes qui vont avec. Une couverture végétale et une biodiversité très variées et bien évidemment des paysages et des décors bien différents selon l’exposition au soleil. Et comme l’itinéraire passe d’un paysage à l’autre, d’un versant à l’autre, parfois au plus haut de la montagne, les panoramas y sont tout bonnement exceptionnels. Qui dit « confidentiel » dit « quiétude » et « solitude » et je vous garantis que sur ce parcours, ce n’est jamais la cohue. Comme déjà mentionné plus haut, le départ s’effectue du hameau de Sansa, direction le col éponyme par le Pla de l’Orri et les Estagnols. Le vallon qu’il faut remonter, c’est celui de la rivière de Cabrils,  alimentée ici par deux ruisseaux plus modestes que sont les recs de l’Oratori et des Manès. En réalité, sa vraie source s’écoule depuis le lieu-dit « Passeduc », à 2.284 m d’altitude, sur le flanc nord-ouest du pic de la Pelade et s’intitule le Rec de Pinouseil. Il rencontre un peu plus bas un bras du torrent « Coume de Ponteils ». Tous ses lieux, je les connais par cœur et font partie d’itinéraires vers le Massif du Madres ou le Pla des Gourgs., déjà expliqués dans mon blog. La rivière de Cabrils finit sa course dans la Têt à Olette. Au départ du hameau, deux alternatives se présentent : soit on emprunte immédiatement la piste qui monte vers le col de Sansa, soit on choisit le chemin qui se trouve sur la gauche en contrebas et qui est l’itinéraire proposé par le topo-guide évoqué plus haut. Nous avons fait ce dernier choix et malheureusement, nous nous sommes empêtrés dans les hautes herbes à la confluence des rivières évoquées plus haut. En me fiant à mon tracé G.P.S, nous sommes passés outre les hautes herbes et finalement nous avons atteint un premier panonceau mentionnant la bonne direction : « Col de Sansa 4,3 km – Pla de l’Orri 1,5 km ». Un coup d’œil sur la carte I.G.N pour constater qu’en prenant la piste, nous serions arrivés au même résultat sans galérer et sans détremper nos godillots. Désormais le chemin est bon et agréable car herbeux et fleuri à souhaits. Il s’élève tout doucement dans un décor étonnant où vieilles terrasses abandonnées se partagent l’espace avec de gros blocs de granite aux formes arrondies. Ici, le mot « garrotxe (*)» signifiant « terre rocailleuse et difficile » prend tout son sens (**). Le Pla de l’Orri est atteint et l’on y découvre l’étonnant cortal connu sous le nom de Delcasso et dont l’Histoire est contée dans l’encyclopédie Wikipédia au mot « cortal ». Ici, on peut poursuivre la piste directement vers le col de Sansa mais si vous ne connaissez pas le site des Estagnols, quel dommage d’y passer à côté sans apprécier ce petit endroit tellement charmant et blotti dans une clairière. Il est à 1,2 km seulement. Il faut suivre le panonceau directionnel et le chemin s’élève très vite en forêt. C’est le Bois de la Sourde. Une clairière plus vaste se présente et les Estagnols sont déjà là. Au loin, le Madres fait son cirque. Comme l’indique le patronyme « estagnols », il s’agit de deux petits étangs aux eaux bleutées. Un minuscule refuge les domine. On y trouve aussi un tipi où les enfants peuvent jouer aux Indiens. Pour y passer une nuit, il faut récupérer les clés à la Maison du Capcir à la Llagonne. Après cette jolie découverte, il faut rejoindre la piste commune avec la Tour pédestre du Capcir. On prend à gauche et le col de Sansa est à moins de 2 km. Les panoramas s’entrouvrent. Ils sont aériens sur le Vallon de Cabrils et si l’on se retourne, on peut découvrir le pic de la Pelade et ô combien sa  dénomination est si appropriée. Un vrai mont pelé !  Sa pelade serait assez ancienne car due à des coupes trop intensives des arbres pour la fabrication du charbon de bois. Mais le plus beau reste à venir. Au col de Sansa, on choisit la direction « Col de Creu 3,6 km – col des Agrellons 1,2 km » et même si elle est très bien mentionnée, attention aux étourderies car il y a tout de même six directions bien distinctes. La large piste forestière s’élève en deux lacets passant de l’ubac de Cabrils à l’adret de l’Aude, sans pour autant qu’une différence arbustive s’entrevoit. Ici, on chemine la belle et grandiose forêt domaniale de Cami Ramader surtout composée de pins à crochets, pins sylvestres et sapins mais aussi de quelques épicéas et mélèzes et de nombreux feuillus sur d’autres versants selon l’altitude, l’exposition et l’hygrométrie. Quand la piste devient plus rectiligne, il faut profiter des panoramas extraordinaires sur la Vallée de l’Aude et le Capcir. Ils sont très aériens et par temps clair, suffisamment lointains pour être époustouflants. Les bois, les prairies, les prés et les champs, ces derniers si renommés pour leurs patates, celles de Matemale, forment un patchwork chamarré. Le lac de Matemale apporte une touche de bleu dans toutes ces nuances olivâtres, rousses ou couleur paille. Les quelques villages ressemblent à des maquettes en modèles réduits et pour les plus petits d’entre-eux à des crèches.  Pour moi, de très nombreuses vues sont synonymes d’autres randonnées ou de lieux cheminés lors d’un Tour du Capcir, effectué en 2013 et en 4 jours. A hauteur du col des Agrellons (1.870 m) les panoramas disparaissent mais comme le chemin bascule très vite sur le versant opposé, on embrasse de nouveaux décors. C’est de nouveau le Vallon de Cabrils et les montagnes qui l’entourent mais sous d’autres angles, et beaucoup plus loin, ce sont les arides Garrotxes méridionales où les contrées creusées de multiples ravines forment l’essentiel du paysage. Encore plus loin, c’est le Massif du Canigou et les premiers hauts pics pyrénéens avec leurs têtes dépouillées et en dessous un long ruban de forêts émeraudes. Une fois encore, il faut profiter de ces vues incroyables car malheureusement, les fenêtres se referment très vite et l’itinéraire se dirigeant vers le col de Creu est essentiellement forestier. Comme les papillons sont légions, j’en profite pour prendre un peu plus de temps à les photographier. L’arrivée au Col de Creu (1.708 m) me confirme ce que je connaissais de lui : beaucoup de voitures et donc beaucoup de visiteurs. La plupart pique-niquent mais je suppose que ce n’est que la partie visible des activités pratiquées dans ce secteur. Rien de spécial ne nous retient alors on poursuit la boucle prévue. Elle file vers l’est en empruntant le D.4 sur 400 à 500 mètres puis à hauteur d’une table d’orientation et d’une croix, il faut quitter le bitume au profit d’un sentier qui longe un enclos se trouvant sur la gauche. Il s’agit de la piste DFCI C073. Ce chemin herbeux est très agréable car il nous change des pistes terreuses arpentées jusqu’à présent. Il l’est d’autant plus qu’il est souvent très bon, large et contrasté alternant des milieux bien différents, tout en offrant de jolies vues sur le Vallon du Rec de Railleu. Pour moi, cette portion du chemin présente un autre avantage qui est celui d’y maintenir une flore et une faune beaucoup plus concentrée que celles aperçues jusqu’à présent. A l’approche du col du Dragon, le chemin devient plus étroit et comme il se faufile au sein de hauts genêts et de quelques magmas rocheux, l’itinéraire devient plus alambiqué. Il reste praticable. Il faut prêter attention au balisage jaune encore présent mais pas toujours facile à repérer. Une échelle permet d’enjamber une clôture et peu de temps après le col du Dragon est atteint. Nous l’avions déjà découvert lors d’une autre balade intitulée « A la rencontre des cervidés ». Ici pas de dragon ni de cervidés mais la belle surprise d’y surprendre un sanglier solitaire. Une laie sans doute à cause de sa taille peu massive et de son groin très allongé presque similaire à celle d’un tapir, avec lequel j’y trouve une certaine ressemblance. Bien occupée à fouir la terre de son butoir, j’ai la quasi certitude qu’elle ne nous a pas vu et de ce fait, j’ai largement le temps de prendre plusieurs photos avant qu’enfin, elle devine notre présence et détale. Après le col, de superbes vues se dévoilent sur Sansa, magnifiquement dominé par la pic de la Pelade et le Puig d’Escoutou. On y distingue ses deux églises, étrange particularité pour un hameau qui n’a toujours compté qu’un nombre réduit d’habitants. La fin de la randonnée tout en sous bois et en descente nous paraît un peu longue et ce n’est qu’en atteignant la rivière de Cabrils que nous prenons conscience d’une arrivée imminente. Deux pancartes agrémentées de plans et incitant à se lancer à la recherche d’un passé évoquent la Molina Serradora, ingénieuse « scierie battante de Sansa » datant de 1826 et dont la fonction consistait à transformer en planches les arbres des Garrotxes. Il est presque 17h et le temps nous manque pour partir à la chasse aux trésors. On entre dans le village. Il nous semble désert. Alors on flâne dans ses ruelles pour en découvrir tous ces recoins, tous ses mystères jusqu’à tomber sur un vieux monsieur bien occupé à son jardin fleuri. La conversation porte sur ses magnifiques roses trémières aux couleurs si vives. Il nous invite à rentrer chez lui, histoire de nous offrir quelques graines des fameuses roses. Apparemment, il a envie de parler alors il enchaîne sur tous les travaux qu’il a été amené à réaliser dans sa maison, nous faisant visiter au passage l’ensemble des pièces.  De sa chambre à coucher jusqu’au salon, en passant par la cuisine, les toilettes et la salle de bains nous allons de manière assez surprenante entrer d’un côté de la maison et sortir de l’autre. Son épouse assise à la table du salon, bien occupée à « flécher des mots », ne semble pas plus surprise que ça de nous voir descendre tous les trois de la chambre à coucher. Son époux doit être coutumier du fait. Etrange, éphémère et si plaisante rencontre. Nous sommes entrés dans leur vie pendant quelques minutes et nous en sortons comme si nous nous étions toujours connus alors que l’on ne s’était jamais vu auparavant. Pourtant tout aurait pu être différent car Sansa est leur résidence secondaire et ô surprise, ils habitent la même commune que nous : Saint-Estève ! On se quitte en se promettant de se retrouver un jour ou l’autre en haut ou en bas de nos belles Pyrénées-Orientales. Le monde est petit mais les Hautes Garrotxes ont été grandes, suffisamment grandes pour que l’on ait pris plaisir à les cheminer tout au long de la journée. Suffisamment grandes pour qu’on ait envie d’y revenir pour une autre balade. Telle qu’expliquée ici, cette randonnée est longue de 14,5.km. Le dénivelé est de 507  mètres et les montées cumulées sont longues de 1.300 mètres environ. Carte I.G.N 2249 ET Font-Romeu – Capcir Top 25.

(*) Les Garrotxes, qu’il faut prononcer « garrotches », est une contrée très enclavée faisant partie de la région du Conflent. On peut dire qu’elle correspond en grande partie à la dépression géographique creusée par la rivière de Cabrils. En "Sciences de la Terre", on appelle cela un bassin versant. Comme toutes les vallées, elle est entourée de sommets plus ou moins hauts et de ravines secondaires séparées par des cols. Ses principales frontières naturelles sont d’autres vallées : au nord-ouest, la vallée de l’Aude dans la région du Capcir, à l’est, la vallée de la rivière d’Evol et au sud, la vallée de la Têt. 5 villages seulement y sont présents : Sansa, Railleu, Caudiès-de-ConflentAyguatébia-Talau et Oreilla. Les toponymistes semblent d’accord pour dire que le mot est formé  de la racine « gar » ou « car » signifiant « pierre » ou « rocher » et du suffixe « otxa » lequel ici doit être traduit en « terre ». Dans de très nombreuses langues ou dialectes et notamment pyrénéens, on retrouve ces suffixes (otx, otxa, ozt, ost, oust, os, oussa, osa, ossa, ousse, osse en français) qui ont sans doute une même origine et peuvent signifier au sens large, un « domaine »,  un « lieu », une « région » ou une « terre ». On les retrouve également comme suffixe dans des noms de familles mais c’est normal car très souvent aux temps anciens, on désignait une personne ou une fratrie par le nom du lieu où elle résidait. On note qu’en français, on trouve le verbe « garrocher » signifiant « jeter une pierre », lequel bien évidemment à sensiblement la même étymologie. Alors tous les toponymistes et géographes sont d’accord pour affirmer que "les « Garrotxes » désignent une terre rude, pauvre et rocailleuse, escarpée et difficile d’accès" (Joan Bécat 1984). «Les Garroches, chaos de pierrailles où l’on trébuche sur les galets granitiques, où l’on se coupe les pieds aux éclats de schiste : on ne peut rendre l’expression d’horreur avec laquelle ce nom est prononcé dans le haut Conflent » écrivait le géographe Maximilien Sorre dans « Les Pyrénées méditerranéennes ; étude de géographie biologique » en 1913. Je tiens également à préciser que c'est avec un grand intérêt et beaucoup de plaisir que j'ai lu le mémoire de Lenny Pol consacré aux Garrotxes, sans doute le document le plus complet consacré à cette superbe région sur le Net. Je l'en remercie.

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Le Pic de la Pelade (2.370 m) et la Coume de Ponteils depuis le Col de Sansa (1.775 m)

Publié le par gibirando


Pour agrémenter ce diaporama, j'ai choisi 4 très belles chansons de Johnny Hallyday. Elles ont pour titre et par ordre d'apparition : "L'hymne à l'amour", "Requiem pour un fou""Je Te Promets" et "Quelque chose de Tennessee" chantée avec Florent Pagny. La qualité du son parfois médiocre vient du fait que certaines chansons ont été enregistrées lors du "Live Bercy" en 1995.

 


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Peu connu et donc bien moins prisé que son frère jumeau le Madrès, le Pic Pelade (2.370 m), entre Capcir et Haut-Conflent, n’en est pas moins un extraordinaire belvédère à 360 degrés sur une immense partie des Pyrénées-Orientales et bien plus loin encore. Ce manque de reconnaissance, il le doit sans doute au fait qu’aucun sentier balisé n’y mène et contrairement au Madres, situé lui sur le Tour du Capcir, il ne bénéficie pas de cet avantage d’être positionné sur un itinéraire reconnu d’un grand nombre de randonneurs. Pourtant croyez-moi, son accession se mérite car son ascension est autant sportive, sinon plus, que son acolyte tout proche. Quant aux merveilleux panoramas qu’il offre depuis son pinacle, peu de sommets en Roussillon peuvent rivaliser en ampleur et en splendeur. Comme pour le Madres, que j’ai déjà décrit dans ce blog, le départ s’effectue depuis le Col de Sansa (1.775 m) que l’on rejoint par une longue piste forestière qui démarre entre les jolis hameaux de Vilanova et du Réal juste après Formiguères quand on arrive de Mont-Louis. On laisse la voiture au col et on démarre cette longue boucle que je vous propose en empruntant la piste forestière qui entre de plein pied dans la forêt domaniale de la Coume de Ponteils. Car outre le Pic Pelade, c’est bien la découverte de ce vallon tout entier, à la flore et la faune remarquable et exceptionnelle, que je vous propose avec cette jolie balade. Au départ, cette piste est une variante du Tour du Capcir, balisée en jaune et rouge. Elle monte au Madres, direction le Refuge des Estagnols. D’abord en sous-bois, très rapidement, le chemin s’entrouvre sur la droite sur cette splendide contrée du Haut-Conflent que l’on appelle les Garrotxes. En y  prêtant attention, on remarque au fond du vallon verdoyant, le clocher d’une église et quelques toitures.  Ce hameau, c’est Sansa que j’ai eu l’occasion de vous présenter dans mon blog dans deux belles randonnées intitulées « A la rencontre des cervidés de Railleu à Sansa » et « Le Circuit des Hautes Garrotxes ». Très vite, le Pic Pelade apparaît lui aussi dans le paysage. Sommet très arrondi, il paraît débonnaire mais ce n’est qu’un leurre. Il porte bien son nom de « Pelade » car à part quelques résineux qui colonisent ses versants les plus bas et un peu son flanc nord, le sommet, lui, ressemble à une calotte d’une extrême aridité. Au bout de 1.500 mètres, on laisse sur la gauche le sentier jaune et rouge du Tour du Capcir et l’on poursuit la piste qui se faufile au sein de la superbe forêt domaniale. Cette piste forestière, on ne va plus la quitter jusqu’à son extrémité en prenant soin  de rester à gauche et d’éviter les pistes secondaires qui descendent soit vers les Estagnols soit vers d’autres culs-de-sac. La piste se hisse légèrement puis finit par déboucher dans une très belle et verdoyante clairière (1.891 m). On est au pied même du Pic Pelade qui apparaît tout en haut complètement dénudé au dessus d’une longue frange boisée. On l’a bien compris, le vrai dénivelé comme ici. On prend le large chemin herbeux qui part à gauche et l’on poursuit jusqu’à rencontrer le Rec de Pinouseil, étroit torrent qui descend directement de la montagne. On grimpe d’abord dans un bois par une sente qui suit la rive gauche orographique de ce petit ruisseau. Ce dernier va nous servir de fil d’Ariane dans notre ascension vers le Pic Pelade. Quand le ru se termine, nous, on continue tout droit dans la pelouse. Après une courte montée de 1.500 mètres environ pour un très raide dénivelé d’à peu près 400 mètres, on atteint la crête et le collet de Passeduc (2.284 m) où des vues époustouflantes s’étalent à perte de vue. Mais notre objectif n’est pas encore atteint et sur notre droite, à environ 350 mètres de distance, le Pic Pelade reste plus que jamais à conquérir. Encore, 90 mètres d’un dénivelé à parcourir au milieu d’un véritable paysage lunaire, c’est dans cette montée qu’on comprend mieux la dénomination donnée à ce pic essentiellement caillouteux. Mais quel spectacle une fois le sommet atteint ! On ne regrette pas et on oublie même cette difficile grimpette que l’on vient d’accomplir car de tous côtés des panoramas à couper le souffle se dévoilent : de la Méditerranée, en passant par la plaine du Roussillon, le sombre Mont Coronat  (toujours agréable à mes pensées quand je l’aperçois : http://gilbert.jullien.pagesperso-orange.fr/DES_MERVEILLES0.htm ), le boisé Puig d’Escoutou, l’incontournable Canigou et les autres hauts sommets du Conflent, de Cerdagne et du Capcir jusqu’aux lointains pics ariégeois, c’est un ronde étourdissante de paysages. D’ici, le Madres, à quelques encablures et culminant pourtant à 2.469 mètres, ressemble à une simple barre rocheuse insignifiante et écrasée où s’accrochent encore quelques névés. A nos pieds et au bout d’une descente vertigineuse, un petit village paisible et qui semble perdu dans cette immensité, c’est celui de Railleu. En raison de ce grandiose tourbillon d’ouvertures et de vues, un arrêt collation ou même un pique-nique plus consistant au sommet du Pic Pelade s’impose. En effet, cet arrêt permet d’apprécier à leurs justes valeurs tous ces splendides panoramas même si, vous l’avez bien compris, ma randonnée ne s’arrête pas là pour autant. Quand on redescend du Pic Pelade, on reprend la direction du collet de Passeduc puis celle des Mouillères et du Pla des Gourgs. Sur ce vaste plateau herbeux et mouillé car ici, les tourbières et les sources  sont légions, il n’y a pas de véritables chemins mais simplement des caminoles, ces petits sentiers étroits creusés par les sabots des nombreux bestiaux qui sont à l’estive. Il faut néanmoins les emprunter au départ en prenant soin de suivre quand on les voit,  quelques piquets sans clôture plantés de-ci de-là au milieu des cailloux, des tourbières et d’une rase végétation. En arrivant au Roc des Gourgs, mot qui se traduit par gouffres, trous d’eau, mares, étangs ou bien encore lacs (on l’écrit aussi gour et en occitan et en catalan on l’écrit gorg), on est au bord d’un incroyable ressaut d’un cirque sans doute glaciaire aux temps anciens car très érodé et formé d’impressionnants éboulis et pierriers. Au fond de ce cirque, un magnifique petit lac bleuté émerge dans cet environnement minéral et forestier. Il s’agit du Gorg Nègre ou Lac d’Evol qu’on ne va pas se lasser d’admirer en longeant la crête est de ce vaste Pla des Gourgs. Chemin faisant, on arrive au Refuge CAF  près de la Font de la Perdrix. Cet abri, que l’on l’appelle le refuge de Nohèdes ou de la Perdrix, est très utile pour les randonneurs qui arpentent le Tour du Capcir ou d’autres circuits locaux. Il est construit en dur avec une magnifique vue sur le lac et permet d’accueillir une douzaine de personnes environ. Sur le chemin qui est désormais balisé en jaune et rouge et qui se poursuit toujours sur la crête et derrière le refuge, une autre surprise nous attend sous la forme de deux autres lacs qui apparaissent au fond d’un deuxième cirque. Ce sont les Gorg Estelat ou Lac de Nohèdes et le Gorg Blau. Le Gorg Estelat est plutôt bleuâtre et le Gorg Blau est plutôt verdâtre. Ils doivent sans doute leur couleur particulière à un rythme différent de l’eutrophisation de leurs milieux aquatiques. L’eutrophisation est une dégradation  liée en général à un apport trop important de nutriments qui accroît la production d’algues et par là même, modifie la couleur des eaux d’un lac. Après cette splendide et nouvelle  découverte, il est temps de quitter ce plateau  et de retourner vers le Col de Sansa. On traverse le Pla des Gourgs en suivant le balisage jaune et rouge et en évitant d’emprunter l’autre chemin lui aussi peint en jaune et rouge qui va vers le Clot Rodon et le Madres. La sente descend dans le vallon où coule la Coume de Ponteils, agréable petit torrent qui chante et enfle au fil de la déclivité. On redouble de vigilance car si le balisage jaune et rouge est bien présent, il n’est pas toujours évident à suivre en raison de la topographie du terrain, d’autant que d’autres sentiers se présentent. On laisse le Madres et le Roc Nègre derrière soi et on descend dans la rocaille jusqu’à couper une première clairière à la Jasse de Guissotte puis une deuxième au Pla de Gril où l’on enjambe le torrent qui s’est bien élargi. Notre principal objectif le Pic Pelade que l’on avait perdu de vue depuis longtemps fait sa réapparition dans le paysage encore plus chauve que jamais. Après cette longue descente, on atterrit sur la piste  forestière prise ce matin. Au milieu des pins à crochets et d’une flore exceptionnelle où virevolte une multitude de papillons, on aboutit au Col de Sansa où l’on retrouve la voiture. On consacrera une journée à cette boucle d’environ 17 kilomètres car le but n’est pas de speeder mais d’apprécier à leurs justes mesures toutes ces découvertes que je viens de décrire. Ce circuit est à faire de préférence au printemps ou en été par grand beau temps ou avec une tramontane qui va chasser tous les nuages. Il faut bien s’équiper avec de bonnes et vraies  chaussures de randonnées sans oublier un vêtement chaud. Un GPS n’est pas indispensable pour ceux qui savent lire une carte IGN et savent parfaitement s’orienter avec. Pour les autres et ceux qui en possède un, je conseille de le prendre avec de préférence un tracé préalablement enregistré. En effet le Massif du Madres, qui subit à la fois les influences méditerranéennes, atlantiques et montagnardes, est très capricieux sur le plan météorologique et est très connu pour ses sautes d’humeur aussi soudaines que violentes qui peuvent engendrer des brouillards à couper au couteau. Alors en cas de changement de temps, la prudence doit être de mise ! Carte  IGN 2249 ET Font-Romeu-Capcir Top 25.

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