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Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

Publié le par gibirando

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)Lundi 1er août 2005 : 1ere étape de 14 kms.

 

Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson arrive au sommet de la montagne du Goulet : "Il me semblait qu'une fois franchi le contrefort que j'escaladais, j'allais descendre dans le paradis terrestre. Et je ne fus point déçu, puisque j'étais désormais entraîné à la pluie, à l'ouragan, à la désolation de l'endroit. Ici s'achevait la première partie de mon voyage. Et c'était comme une harmonieuse introduction à l'autre et bien plus belle encore". 

Mais il y eut un autre aspect agréable de notre séjour à l'hôtel des Sources. C'était cette ambiance feutrée malgré les allées et venues des touristes, des convives et des randonneurs en tout genre. L'hôtel était tranquille et presque silencieux comme si chacun prenait conscience de l'importance qu'il y avait à conserver à l'intérieur cette quiétude que l'on trouvait sans peine dans la campagne environnante.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

A l'idée d'une nouvelle aventure, Dany à l'hôtel des Sources est radieuse avant le départ - Dany à l'entrée de Chasseradès, le départ est lancé.

Après une nuit profitable, il est sept heures quand nous rejoignons la véranda pour le petit déjeuner. Nous nous sommes levés tôt car nous avons hâte de découvrir de " nouveaux paysages en couleurs " et cela nous donne des " fourmis dans les jambes ". Pourtant, nous ne sommes pas vraiment pressés, car avec ses quatorze kilomètres, cette première étape n'a rien d'exceptionnelle même s'il y a la Montagne du Goulet à franchir. Le ciel est d'un bleu cristallin à peine parsemé par endroit de longues stries nuageuses blanchâtres. Nous allons avoir un temps superbe et ça nous mets du baume au cœur de démarrer sous le soleil. C'est avec un bel appétit que nous engloutissons les tartines beurrées, les croissants, les divers biscuits, les jus de fruits, les yaourts et les fruits de saison qui composent ce copieux petit déjeuner. Assis près de nous, le chien du patron " n'en perd pas une miette ! "

Dès le départ, je peste car mon appareil photo numérique ne fonctionne toujours pas. Pourtant j'ai changé les piles après les avoir chargées toute la nuit. Heureusement, j'ai prévu un stock suffisant et je finis par trouver quatre accus qui devraient être satisfaisants pour la journée.

Jusqu'à Mirandol, nous connaissons ce tronçon déjà réalisé l'an dernier lors d'une promenade. Nous prenons la direction du village de Chasseradès que nous atteignons rapidement. Par le petit pont de pierre, nous entrons dans le village que nous traversons par d'étroites et ancestrales venelles. Nous voilà, maintenant sur le large chemin ombragé partant vers Mirandol et qui finit sa course sur le parvis de l'admirable et imposante église Saint-Blaise.

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A la sortie de Chasseradès, sur ce chemin antique qui descend vers Mirandol.

Quel bonheur ! Quelle satisfaction de marcher dans le silence de ce matin d'été ! Hors mis quelques vaches qui broutent paisiblement dans les prés adjacents, nous paraissons seuls au monde sur ce chemin antique qui descend en direction de Mirandol. Vieille croix de pierre, stèle en hommage aux bâtisseurs morts en construisant le viaduc de Mirandol, ce chemin a été, tour à tour, emprunté depuis l'antiquité par les croisés et les pèlerins, les bergers et les muletiers, les cheminots et les chemineaux, et depuis Stevenson, par des randonneurs contemplatifs.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

Croix séculaire à la sortie de Chasseradès

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

Dany observe la montagne du Goulet que nous devons gravir.

Du plateau, le regard porte sur la Montagne du Goulet avec ses formes douces et arrondies. En dessous, on devine le ravin du Chassezac, puis on aperçoit la voie ferrée et ses tunnels anti-congères. Enfin Mirandol apparaît avec son admirable viaduc dont l'allure galbée me rappelle la queue d'un immense dragon. Brusquement, le sentier plonge vers le village, longe le gîte d'étape où nos amies Martine et Henriette avaient logé l'an dernier, passe sous l'impressionnant viaduc où coule le Chassezac puis entre dans le village.

Aussi soudainement qu'il est descendu, le GR se met à gravir une étroite ruelle où règne une intense agitation. Plusieurs maçons restaurent de vieilles demeures, des paysans s'agitent autour de quelques vaches, des chiens aboient à notre passage. Malgré la rude montée, nous pressons le pas pour rejoindre les prairies et quitter au plus vite cette bruyante civilisation, tout en jetant derrière nous, un dernier regard au viaduc, superbe ouvrage d'art couronnant le village.

Un chemin caillouteux ceint de vieilles pierres grimpe dans les pâtures. A notre grand étonnement, un vieil homme accompagné d'un chien, un agriculteur certainement, le descend en courant, se jouant avec aisance des cailloux qui jaillissent du sol. A notre hauteur, il ralentit sa course, nous sourit et dans un patois mâchouillé, lance à notre attention un " FA PA TO CHO " complètement incompréhensible pour moi.

A ma grande surprise, Dany lui répond sans hésitation :

- Bonjour, non ça va bien comme çà !

- Eh, tu es doué pour les langues régionales, je n'ai rien compris !

- Il a dit : " Il fait pas trop chaud ? ".

- Ah, bon !

L'homme, d'aspect octogénaire, accélère à nouveau, poursuit son chemin aussi vite que son chien. A tout moment, je m'attends à le voir tomber mais il court avec une dextérité étonnante, puis disparaît dans le virage suivant.

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Dany avant puis après le hameau de Mirandol.

Sur le plateau, le sentier suit maintenant la voie ferrée parallèlement à la Montagne du Goulet jusqu'au village de l'Estampe. En lisant, le topo-guide, j'apprends que la ligne fut ouverte vingt quatre ans après la construction du viaduc de Mirandol et qu'initialement, elle devait passer sous la Montagne du Goulet par un tunnel de 2124 mètres de long, la protégeant ainsi de l'enneigement. Ce projet qui avait coûté trois millions de francs de travaux déjà réalisés fût abandonné. Comme quoi, le gaspillage de l'argent du contribuable ne date pas d'aujourd'hui !

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

Le train sur la ligne La Bastide-Mende emprunté hier, le Gr.70 suit la voie ferrée jusquau village de l'Estampe.

A l'Estampe, le GR surplombe le village et retrouve le bitume de la D.120 pendant quelques centaines de mètres. Nous sommes au pied de la montagne du Goulet dont les couleurs estivales s'étalent comme sur la palette d'un peintre. Les verts pomme plus ou moins intenses des près et des feuillus tranchent avec les émeraudes des résineux, les épilobes d'un rose éblouissant et les bruyères d'un rose violacé s'emparent des contreforts défrichés. Après quelques champs de blé parés d'or, le chemin continue par une piste à travers la Forêt Domaniale.

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A l'Estampe, le GR.70 surplombe le village

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

Après quelques champs de blés parés d'or, le chemin continue dans la forêt.

Nous pénétrons le sous-bois avec ses senteurs de résine et de terreau humide. Après quelques zigzags permettant d'éviter un rude dénivelé, nous quittons ce sentier forestier et retrouvons la D.120 que nous empruntons jusqu'au col situé à 1.413 m. Il est 10 heures.

Ici même, et nous comprenons mieux pourquoi, Stevenson écrivit dans son Journal de route en Cévennes : " Il me sembla qu'une fois cette crête franchie, je descendrais dans un éden de vergers roses et printaniers, de paisibles ruisseaux et d'ailes de moulins à vent qui tourneraient dans un ciel rouge d'éternel couchant ".

Pour nous, ce col, se fut d'abord un jardin d'éden de fleurs multicolores puis sur l'agréable chemin qui descendait jusqu'aux ruines du hameau de Serreméjan, le paradis des fruits rouges. Les délicieuses myrtilles, framboises, mûres et autres fraises des bois venaient sans cesse coller le bout de nos doigts rapidement empourprés, rougir nos lèvres et parfumer notre gosier. Au point que n'avancions plus et que nous fûmes rejoints par un groupe de randonneurs. C''était notre première rencontre avec ce groupe que nous appellerons pertinemment, mais sans trop savoir pourquoi, " le groupe des profs !". Trois femmes et trois hommes ! Au cours de nos nombreuses pérégrinations, nous n'avons jamais rencontré un groupe de personnes qui avait l'air, à la fois, aussi hétérogène et aussi soudé.

Non, nous n'étions pas seuls sur le Stevenson, et encore moins au monde! Mais qu'importe, nous étions heureux d'être là, de profiter de cette nature généreuse, de marcher dans un cadre enchanteur et c'était bien cela que nous étions venus chercher.

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Dans la forêt du Goulet puis au sommet dans un jardin d'Eden multicolore.

Avant Serreméjan, sur la piste forestière, quelques trouées dans cette épaisse végétation laissent entrevoir le Mont Lozère que nous devrons franchir dès demain.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

La forêt domaniale du Goulet : un paradis de fruits rouges.

Nous arrivons à Serreméjan, hameau en ruines avec ses grandes bâtisses délabrées. Les toitures sont effondrées, les murs si épais, qu'on aurait pu penser inébranlables, gisent sur le sol et forment des amas de pierres colossaux. Mais avec les vestiges qui restent encore dressés, on imagine aisément qu'une laborieuse activité ait pu exister dans cette cité fantôme.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

Du Goulet, panorama sur les Monts Lozère.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

Le hameau abandonné de Serreméjan (*)

Montage réalisé à partir d'une photo tirée d'un très beau site sur le Chemin de Stevenson : http://voyagesautourdumonde.fr/randonnee-sur-le-chemin-de-stevenson-2002/

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

Sur le Stevenson, en direction du village Le Bleymard.

Après nous être restaurés avec les énormes sandwichs de notre panier repas, nous continuons de grimper vers une crête en compagnie d'un randonneur solitaire. Nous atteignons le sommet constitué d'un large chemin, la Draille des Mulets (*), que nous traversons. Le GR descend en direction de la source du Lot. On imagine mal que ce petit ruisseau que nous suivons maintenant, pratiquement asséché par endroits et que nous allons traverser à gué un peu plus bas, puisse devenir le grand affluent que l'on connaît.

(*)Les Drailles sont des sentiers qui parcourent les crêtes des Cévennes. Elles ont été les premières voies de communication à travers le pays.

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Près de la Source du Lot et au petit hameau des Alpiers.

Peu à peu, nous quittons la dense et sombre forêt pour des bois de feuillus plus clairs et quelques lumineux champs céréaliers bordés de genêts. Il est 13 heures 30 quand le petit hameau des Alpiers apparaît à notre regard au détour de la route goudronnée que nous venons de rallier.

Quelques maisons très anciennes aux toitures de lauzes, certaines avec de magnifiques colombages ralentissent notre marche. Malgré tout, le hameau est rapidement traversé. Seule, à la sortie du village, une étrange croix de pierre soutient intensément notre attention et mérite une photo. Sur cette croix, sculpté en relief, un homme avec des bras et des mains démesurées. Un Christ stylisé, sans doute, qui semble vouloir embrasser ceux qui le regardent.

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Une étrange croix de pierre à la sortie du hameau Les Alpiers.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

Arrivée au village du Bleymard.

Le GR.70 est désormais devenu un large sentier que nous quittons rapidement par la gauche pour une sente escarpée et ravinée. Les premières maisons du Bleymard apparaissent, puis le village tout entier blotti au fond d'une vallée entourée de collines de tous côtés. Stevenson avait décrit son arrivée ainsi : " Devant moi s'ouvrit une vallée peu profonde et, à l'arrière, la chaîne des Monts de la Lozère, partiellement boisés, aux flancs assez accidentés dans l'ensemble toutefois d'une configuration sèche et triste ".

Pour nous, l'arrivée n'est pas triste, bien au contraire. Campings, commerces et estivants créent une agitation discordante et contrastée avec la paisible et silencieuse marche de six heures que nous venons d'accomplir.

Par la D.901, nous entrons dans le village et trouvons rapidement l'hôtel " La Remise ", refuge accueillant de cette première et splendide journée.

Une jolie chambre mansardée ! Toute l'après-midi devant nous ! Que c'est bon les vacances !

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

En cliquant sur la carte, vous passez à l'étape suivante.

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Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

Publié le par gibirando

Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

Pour accéder aux étapes, cliquez sur chacune d'entre-elles

1 - Chasseradès - Le Bleymard - 14 km.

2 - Le Bleymard - Le Pont-de-Montvert - 18km.

3 - Le Pont-de-Montvert - Florac - 28km.

4 - Florac - Cassagnas - 16km.

5 - Cassagnas - Saint-Germain de Calberte - 13km.

6 - Saint-Germain de Calberte - Saint-Jean du Gard - 21km.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

Les images dont les légendes sont signalées par un astérisque (*) ne sont pas de moi et je remercie bien aimablement leurs auteurs de m'autoriser à les utiliser pour enjoliver cette histoire. L'aquarelle ci-dessus est une œuvre d'Anne Le Maître extraite de son magnifique ouvrage " Sur les pas de Robert Louis Stevenson ". Cette aquarelle, que j'ai utilisé pour procéder à ce montage, reflète parfaitement la douceur des paysages et les couleurs des chemins.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

Encore un trajet de 110 kilomètres et des patates ? Non des châtaignes !


 

Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.Dimanche 31 juillet 2005.

Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson arrive au sommet du Finiels : " Quoiqu'il eût été longuement désiré, ce fut tout à fait incidemment enfin que mes yeux aperçurent l'horizon par-delà le sommet. Un pas qui ne semblait d'aucune façon plus décisif que d'autres pas qui l'avaient précédé et " comme le rude Cortez lorsque de son regard d'aigle, il contemplait le Pacifique ", je pris possession en mon nom propre d'une nouvelle partie du monde. Car voilà qu'au lieu du rude contrefort herbeux que j'avais si longtemps escaladé, une perspective s'ouvrait dans l'étendue brumeuse du ciel et un pays d'inextricables montagnes bleues s'étendait à mes pieds ". Voilà comme est né le titre du récit de cette deuxième et dernière partie du Chemin de Stevenson.

Le Père Michel, un homme souriant, avait accueilli aimablement Stevenson à l'abbaye de Notre Dame des Neiges. C'est avec la même prévenance que cent vingt sept ans plus tard, le patron de l'hôtel Oronge à Saint-Jean du Gard nous accueille le dimanche 31 juillet 2005. Après un bref exposé de notre présence chez lui, nous l'informons du désir de laisser la voiture au garage et quelques affaires à l'hôtel. Nous attendons un taxi de la société " Transbagages " qui doit nous mener à Chasseradès, point de départ de ce nouveau et dernier périple sur le " Stevenson ". Le point d'arrivée, dans sept jours, étant, bien entendu, l'hôtel Oronge, raison de notre présence chez lui aujourd'hui.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

Dany à la gare de Chasseradès

Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

Le train pour Mende arrive

Mais notre surprise est grande lorsqu'il nous dit que le chauffeur de Transbagages est déjà passé et que mécontent que nous ne soyons pas là, il est reparti ! Nous sommes abasourdis, car nous avons deux heures d'avance sur l'horaire prévu du rendez-vous. Il est 11 heures 30 et le rendez-vous était fixé devant l'hôtel à 13 heures 30. Nous sommes entrain de débattre de cette difficulté quand soudain avec son bel accent méditerranéen, l'aimable hôtelier nous dit : " Ben, tiens, le voilà, il est revenu ! ".

Un jeune homme brun d'une quarantaine d'années se tient devant la porte de la réception.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

Le hameau de Mirandol, vue prise dans le train sur le splendide viaduc

Il n'a pas l'air commode ou du moins, il a l'air en colère car d'un ton sec et interrogatif, il dit : " Transbagages ! Vous êtes mes clients ? Et sans attendre la réponse : Je vous attends depuis une heure !

Comme je n'ai pas l'attention de me laisser " marcher sur les pieds ", je lui réponds : Attendez, nous avons deux heures d'avance sur l'heure fixée dans notre réservation avec " La Pèlerine " ! S'il y a un problème, c'est de votre côté qu'il faut le voir !

Et là il se met à débiter un flot de griefs contre l'organisation de son employeur : " J'en était sûr, c'est toujours comme ça, j'en en assez de toujours poirauter à attendre les clients et qu'on me prenne pour un imbécile ! J'en ai marre ! A la fin du mois, j'arrête ! Peu à peu, il retrouve son calme, semble tout de même comprendre que nous n'y sommes pour rien et devient plus aimable lorsqu'il nous demande de le suivre.

Nous laissons quelques affaires à l'hôtel et avec un peu d'appréhension notre véhicule au parking de la Poste car le garage de l'hôtel est déjà plein. Sans avoir eu le temps de la visiter, nous laissons la cité de Saint-Jean du Gard derrière nous, direction Chasseradès.

Le chauffeur qui semble excédé par un emploi du temps trop chargé continue à marmonner contre son patron. Il semble lui reprocher le manque d'organisation et les pertes de temps entre deux courses. Nous ne prenons pas position et lui exposons notre projet de faire le Stevenson.

Il semble parfaitement connaître la clientèle du légendaire parcours, car il est chargé de transporter les bagages des randonneurs d'hôtel en hôtel du Puy en Velay jusqu'à Saint-Jean du Gard. Nous sortons de la ville et soudain, dans la voiture, c'est le silence, car Dany et moi trouvons qu'il conduit trop vite sur ces routes cévenoles très sinueuses. Nous espérons que cette façon de conduire n'est pas à mettre sur le compte de l'énervement ou de l'envie de finir trop rapidement sa tournée. De temps en temps, le chauffeur entrecoupe ce silence en nous montrant des lieux que nous serons amener à découvrir lors de notre voyage pédestre.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.OAu pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

Devant la splendide cathédrale de Mende lors de la visite de la cité 

La route n'est pas encombrée et la circulation est facile. Le Pompidou, Saint-Laurent de Trèves, Florac, Quézac, Ispagnac, les petites villes se succèdent rapidement, car notre chauffeur, ancien " routier ", connaît parfaitement l'itinéraire et même s'il conduit très vite, il parait prudent quant il le faut. Un peu avant quinze heures, nous entrons dans Mende !

Je suis très surpris d'arriver dans cette ville, car lors de l'organisation du voyage, j'ai, pendant très longtemps, tenté en vain de trouver un taxi qui pourrait nous y amener. Mon idée était d'aller à Mende, pour ensuite, rejoindre Chasseradès par le fameux train qui emprunte la deuxième ligne la plus haute de France après celle des Pyrénées.

Je suis d'autant plus surpris que pour ce dimanche-ci, Transbagages me demandait un prix exorbitant pour faire cette course de Saint-Jean du Gard jusqu'à Mende. Or, nous avons payé 40 euros seulement pour aller à Chasseradès, ville beaucoup plus éloignée de Saint-Jean de Gard. C'est donc avec étonnement, que je constate, aujourd'hui qu'il s'agit d'un unique et même trajet ! Le chauffeur a-t-il décidé lui-même de ce trajet ? En existe t'il un plus court ? Pour moi cela restera une énigme d'une grande incohérence !

En passant sous le viaduc de Mirandol, visité l'an dernier, nous savons que notre hôtel est maintenant tout proche. Pour Dany et moi, cette arrivée en taxi, c'est comme rouler dans une machine à remonter le temps, un retour dans le passé, le souvenir de cette curiosité déraisonnable que nous avions de vouloir découvrir la fin du " Stevenson ". C'est en quelque sorte un retour aux sources de nos envies, un retour à l'hôtel des Sources, c'est certain.

Avec l'image de l'hôtel, les souvenirs de l'an dernier reviennent : ce magnifique coucher de soleil multicolore sur la montagne du Goulet aperçu de la véranda, ce repas pris en compagnie de nos amies Martine et Henriette, ce désir irréalisable de poursuivre le Stevenson, cette amère fin de parcours où le chauffeur de Transbagages avait oublié de venir nous chercher. Déjà !

Après une installation rapide, je dis à Dany : " Il est tôt, nous avons plusieurs heures à perdre, pourquoi ne prendrions-nous pas le train, comme je l'avais imaginé? Nous visiterons Mende ? La gare de Chasseradès n'est pas très loin !

Toujours partante, elle acquiesce. Le temps de prendre une gourde d'eau fraîche et l'appareil photo numérique, et nous voilà déjà en marche.

La gare est à environ un kilomètre de l'hôtel, mais lorsque nous arrivons, elle semble fermée. Nous sommes sur le point de repartir lorsque le train arrive de la direction de Mende.

Il marche au ralenti. A notre vue, le conducteur arrête le convoi et la locomotive stoppe devant nous. Il ouvre la fenêtre et nous demande nos intentions :

- Nous voudrions nous rendre à Mende ? Mais la gare semble fermée ?

- Oui, c'est exact, elle n'est plus en fonctionnement !

- Comment faut-il faire ?

- Attendez trois quarts d'heures environ ! Le temps d'aller à la Bastide et de revenir ! Vous prendrez vos billets directement dans le train !

- D'accord, on vous attend !

Le train repart et je veux en profiter pour prendre quelques photos de la gare désertée. Malheureusement, l'appareil numérique ne fonctionne pas car les piles semblent vides.

Il n'y a qu'une solution : " Retourner à l'hôtel pour prendre l'appareil argentique que j'ai eu la précaution d'emporter ! En me dépêchant un peu, je devrai avoir le temps de faire l'aller-retour avant que le train ne revienne !

Au pas de course, je repars par la route vers l'hôtel des Sources, prends l'autre appareil et reviens vers la gare en coupant à travers les près puis en longeant la voie ferrée cette fois.

Ouf ! Moins de cinq minutes plus tard, le train arrive.

Nous montons dans le train, très bien accueillis par un aimable contrôleur qui accepte de nous consentir un tarif préférentiel. Renseignements pris, nous n'aurons qu'une petite heure pour visiter Mende et, encore faudra-t-il, de la gare, rejoindre à pieds le centre ville historique sans lambiner.

Bien que pittoresque, car le train suit les sinuosités des nombreux cours d'eau qui parsèment la région et emprunte de nombreux viaducs et tunnels, nous sommes un peu déçus. En effet, appelée " ligne du toit de la France ", (près de La Bastide-Puylaurent se trouve le point culminant du réseau SNCF non électrifié) cette voie ferrée ne donne pas en été, et ce malgré un parcours sur des plateaux d'une altitude de 700 à 1000 mètres, une impression absolue de hauteur. Pourtant, en hiver, elle reste la ligne qui donne le plus de tracas aux cheminots chargés de l'entretien des voies.

Vers 17 heures, nous sommes de retour à la gare de Mende, après une visite rapide de la cathédrale et du centre historique. Dans un bistrot de la ville, nous avons eu juste le temps d'ingurgiter de façon expéditive un énorme sandwich qui est venu caler nos estomacs affamés depuis ce matin 8 heures.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

Dany attablée dans un bistrot de Mende attend son sandwich 

A 19 heures, après un dimanche bien rempli et cette mise en jambes, nous sommes de retour à l'hôtel des Sources.

Comme l'an dernier, le repas de l'hôtel est succulent. Fait de charcuteries -maison et d'une daube aux morilles, avec ce souper du terroir, le restaurant justifie son association au label des " Tables Gourmandes ".

Après cet excellent repas et une bonne nuit, nous devrions être prêts pour affronter, dès demain matin, les inextricables montagnes bleues de cette deuxième partie du Stevenson !

Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

Aperçu de Mirandol, on aperçoit au dessus des maisons le GR.70

Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

La cathédrale de Mende

Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

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Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m) 12 kms

Publié le par gibirando

DES PAYSAGES EN COULEURS.....POUR QUATRE SOUS  

OU 6 JOURS SUR LE GR 70 

CHEMIN DE STEVENSON (1ere partie) 

 

 Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms24 juillet 2004 : 6eme étape de 12 kms.

La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)

Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson où il évoque son parcours vers Chasseradès :" Puis Modestine et moi remontâmes le cours de l'Allier (ce qui nous ramena dans le Gévaudan) vers sa source dans la forêt de Mercoire. Ce n'était plus qu'un ruisseau sans importance bien avant de cesser de le suivre. De là, une colline franchie, notre route nous fit traverser un plateau dénudé jusqu'au moment d'atteindre Chasseradès, au soleil couchant ".

Le lendemain matin, je me lève, à poils, comme à mon habitude depuis Le Puy car j'ai oublié mon pyjama. Il fait plutôt frais, j'ai des frissons dans tout le corps et, des pieds à la tête, j'ai la peau recouverte de " chair de poule ". Pourtant, il fait relativement beau, mais nous sommes quand même à plus de mille mètres d'altitude et avec la fenêtre entrebâillée et un petit vent frisquet, la chambre est fraîchement aérée.

En ce samedi 24 juillet, j'avoue aussi avoir un " petit serrement au cœur ", car il s'agit de notre dernière journée de marche et je reconnais volontiers que je n'ai pas vu les jours passer. En plus, avec 12 kilomètres seulement, c'est l'étape la plus courte et pour en profiter pleinement, je suis bien décidé à musarder davantage que les jours précédents.

Dany se réveille, les yeux encore bouffis par le sommeil et les membres engourdis par sa polyarthrite. Heureusement, ça ne dure pas longtemps et elle part aussitôt se jeter sous la douche.

Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kmsODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms

Panoramas sur la vallée de l'Allier et les montagnes d'Ardèche après La Bastide

Neuf heures, nous abandonnons " Les Genêts " après un frugal café au lait accompagné de tranches de pains grillées et tartinées de beurre et de confitures. Sur la placette du village, nous retrouvons " Monsieur Speed " et sa frêle compagne. Ils semblent trépigner en attendant l'ouverture de la principale épicerie du village. Nous sommes sidérés quant ils nous annonçent qu'ils ont dormis et mangés hier soir chez les moines trappistes de Notre-Dame des Neiges et qu'ils ont démarré de là-bas ce matin. En outre, hors mis la parfaite qualité de la literie, ils n'ont pas l'air de garder un souvenir impérissable de l'illustre abbaye. Décidément, nous nous posons la question, randonnent-ils ou font-ils une course ? Nous ne sommes pas certains qu'ils profitent complètement de leur voyage.

Après quelques courses chez l'épicier et le boulanger, nous prenons en sens inverse, l'itinéraire emprunté hier pour entrer dans La Bastide. Le petit pont sur l'Allier, la gare, la voir ferrée et nous retrouvons le G.R.70, qui cette fois, part sur le gauche vers l'ouest. Nous montons par un large chemin d'exploitation forestier d'abord sinueux puis rectiligne quant il longe la lisière de la forêt sur notre droite et surplombe les Gorges de l'Allier sur notre gauche. Bien au dessus de nous, pas plus grands que deux fourmis, nous apercevons au loin " Monsieur et Madame Speed " qui ont pris une confortable avance, cela malgré qu'ils aient quitté La Bastide quelques minutes avant nous seulement. Eux marchent vite, et nous, nous traînassons comme jamais. L'écart se creuse et nous ne les reverrons jamais. Pourtant quel spectacle en montant, le regard plonge dans la verte vallée de l'Allier et domine à l'est les montagnes ardéchoises et vers le sud, les sommets du mont Lozère. Le tout baigne dans le léger halo d'une brume gris bleu qui, en altitude, laisse peu à peu la place à un ciel bleu azur.

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A l'aire de pique-nique de La Mourade, point culminant de notre périple à 1.332 m.

Voilà plus d'une heure et demi que nous avons quitté La Bastide et c'est sous un ciel vidé de tous nuages que nous arrivons à La Mourade, point culminant de notre randonnée. A cet emplacement, mon GPS indique 1.332 mètres.

Un vent violent et froid nous oblige pour la première fois à revêtir nos polaires. Quelques tables de pique-nique sont là au milieu de jeunes pins sur un large plateau fait de genêts denses et de quelques genévriers rabougris. Nous stoppons pour une pause café opportune et mangeons quelques barres de céréales. Une fois de plus, le retardateur de mon appareil fonctionne à merveille et je fixe pour l'éternité ce bon moment de notre ultime journée.

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Près du légendaire rocher de Réchaubo et non loin de la source de l'Allier

Après cet intermède, la piste est maintenant sableuse et se faufile à travers des prairies ou un épais maquis sur la ligne de crête. Il est midi et demi quand nous arrivons au panneau mentionnant l'entrée dans la " Forêt Domaniale de la Gardille ", indication déjà aperçue hier après Cheylard, mais c'est normal car cette forêt est immense. Nous entrons dans la forêt, mais arrêtons aussi vite car sous d'immenses sapins, une herbe verte et tendre ne demande qu'à être couchée. Le repas se déroule dans un silence stupéfiant, seulement entrecoupait de temps en temps par le chant d'un oiseau ou l'aboiement d'un chien dans le lointain.

Henriette et Martine passent sur le chemin, nous les interpellons et avec leurs sourires coutumiers, elles s'arrêtent pour papoter. Les questions rituelles fusent :

-Où étiez-vous passées ?

-Nous étions à La Bastide à l'Auberge de l'Etoile?

-C'était sympa ?

-Ouais, c'était bien et vous ?

-Nous étions aussi à La Bastide mais aux " Genêts ", où êtes-vous ce soir ?

-Dans une chambre d'hôtes à Chasseradès, et vous ?

-A l'hôtel Les Sources à Chasseradès. On se reverra peut-être ?

-Peut-être !

Elles repartent pour trouver un coin où déjeuner. Le silence reprend sa place et nous encourage à faire une petite sieste.

Nous somnolons mais quelques fourmis ne l'entendent pas ainsi et décident de trottiner sur nos jambes ou nos bras dénudés. C'est tellement désagréable, qu'elles finissent par avoir gain de cause et nous sommes contraints de décamper plus vite que prévu.

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A Chabalier, Stevenson déguisé en gentil épouvantail avec une Modestine de bois

La piste descend dans la forêt en direction de Chabalier. A une intersection, le G.R part sur la gauche et sur la droite, un autre chemin indique le " Rocher de Réchaubo ".Je propose à Dany d'y aller car je me souviens avoir lu sur le topo-guide une étrange histoire légendaire de voleurs qui cachaient leurs butins et leurs trésors dans les nombreuses cavités de ce rocher. En plus, je ne suis pas un spécialiste des minerais mais je me souviens avoir lu qu'il présente une originalité certaine.

Je relis donc le topo-guide : " Cette crête déchiquetée, c'est en miniature les " Dentelles de Montmirail " du Vaucluse. Le rocher est un filon rhyolitique, injecté de quartz, apparu à la faveur d'une faille appartenant à l'orogenèse hercynienne, c'est-à-dire, il y a au moins 300 millions d'années ".

Les spécialistes apprécieront ! Nous, nous allons nous contenter de l'approcher.

Du chemin, il nous apparaît comme un simple roc très dentelé. J'ai bien envie d'y aller mais Dany pas trop car il faut marcher dans la garrigue et la caillasse. Je n'insiste pas trop et me contente d'une photo depuis le sentier car j'ai le vague sentiment que Dany a surtout peur de rencontrer des vipères.

Pas très loin d'ici, à quelques kilomètres, un long fleuve de 410 kilomètres, pas toujours tranquille, prend sa source au Moure de La Gardille, il s'agit de l'Allier qui passe à Chabalier que nous venons d'atteindre.

Pour nous indiquer le chemin, un habitant a eu la bonne idée de travestir Stevenson en un gentil épouvantail à côté d'une Modestine de bois. Nous ne manquons pas cette opportunité pour prendre une amusante photo. Après un pont qui enjambe l'Allier qui n'est ici qu'un éphémère ruisselet, le chemin erre à travers d'agréables vallonnements boisés de résineux puis en approchant de Chasseradès parmi de nombreux champs d'avoine.

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Epilobes et champs d'avoine avant Chasseradès puis visite du village.

Il est 15 heures, Dany décide de faire une pause. Dans un pré à mi-ombre de quelques bouleaux, il ne nous faut pas plus d'une minute pour préparer deux cafés avec un thermo d'eau chaude et deux sachets que nous agrémentons de quelques biscuits et de pain d'épices. Dans cette escapade de plus de 120 kilomètres, c'est certainement notre dernier interlude et avant d'en terminer, nous éprouvons le besoin d'en jouir totalement. Allongés dans le champ, pareils à deux gros lézards, nous profitons des tièdes rayons du soleil qui perforent les branchages.

Nous avons repris le sentier depuis moins d'une minute et à une intersection, nous sommes très surpris de constater qu'un panneau indique la gare de Chasseradès à une centaine de mètres. Sommes-nous déjà arrivés ? Il apparaît que oui, car la gare est rapidement en vue, mais le village, lui, semble beaucoup plus éloigné.

Sur une aire de pique-nique, à l'intersection du G.R et de la D.6, Martine et Henriette ont eu la même idée que nous et ont stoppé pour un précoce " quatre heures ". Nous échangeons quelques amabilités puis repartons sur la départementale à la recherche de notre hôtel que très rapidement nous trouvons sur la gauche de la route bien avant Chasseradès. Il s'agit d'une ample demeure adossée à un bois dans un cadre frais et reposant.

La chambre est spacieuse et ne donne pas sur la route. Comme il est tôt, nous comblons ce moment de détente par un peu de lecture.

Je termine " Voyage avec un âne dans les Cévennes ", que j'ai pris plaisir à lire au rythme des étapes. Maintenant, je les brûle, je saute par-dessus les montagnes cévenoles, je plonge dans les ravins et les gorges du Tarn. Et si dans la réalité, nous ne sommes qu'à Chasseradès, dans mes pensées ou dans mes rêves, je ne sais plus très bien, je finis par arriver avec Stevenson et Modestine à Saint-Jean du Gard.

Dany me sort de cet état léthargique où je m'étais englouti :

-On va se promener ?

-Euh ….quoi ? Où ça ?

-Au village !

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Eglise Saint-Blaise à Chasseradès et viaduc et village de Mirandol

Equipés d'une simple gourde d'eau fraîche, nous voilà repartis, une fois de plus, pour quelques kilomètres supplémentaires. Visite du sympathique village que Stevenson en 1878 décrit en ses termes : " Chasseradès, village délabré entre deux rangées de collines dénudées ".

Cent vingt six ans plus tard, ce n'est plus tout à fait ça. Les maisons du village et l'église Saint-Blaise ont été superbement restaurées. Les monts de tous côtés sont recouverts d'émeraudes futaies et Chasseradès est devenu un hameau agréable et très apprécié des touristes.

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Dany sous le viaduc de Mirandol

Nous poursuivons le G.R.70 en direction du viaduc de Mirandol et apercevons rapidement le village blotti entre le viaduc et les gorges du torrent du Chassezac. Dans la descente vers le hameau, nous surprenons une vipère qui s'empresse de filer dans la paroi argileuse de la colline. Arrivés aux premières maisons, nous trouvons nos deux amies Martine et Henriette occupées à s'installer dans une vieille habitation transformée en une magnifique chambre d'hôtes. Dany est tellement emballée par le cadre qu'elle me dit aussitôt : " Si on revient l'année prochaine, c'est ici que je veux être ! ".

Nous laissons nos compagnes de voyage vaquer à leurs occupations car ce soir nous aurons le plaisir de les revoir aux " Sources " pour le souper.

Nous passons sous le viaduc qui présente la particularité de se situer à 1.215 mètres d'altitude et d'être ainsi la deuxième voie ferrée le plus haute de France après le Transpyrénéen. D'ailleurs, de retour vers l'hôtel, sur la route qui longe l'impressionnant canyon du Chassezac, nous apercevons le train qui passe à bonne allure sur le viaduc puis dans un long tunnel en béton. Malgré de multiples précautions, pare-neige en bois, tunnels anti-congères en béton, la ligne ferroviaire Mende-La Bastide reste en hiver une des voies les plus perturbées de France. En contrepartie, elle est, bien sur, l'une des plus pittoresques. D'ailleurs, si nous devons revenir à Chasseradès l'année prochaine, nous avons déjà décidé que nous prendrions le train.

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Dany devant l'hôtel des Sources à Chasseradès

Vingt heures, nous sommes dans la véranda de l'hôtel et profitons encore des derniers rayons d'un soleil rouge qui décline en face sur la verte colline du Goulet dans un ciel qui hésite entre le bleu, le rose, le mauve et le jaune.

En regardant ce spectacle, je repense à ce qu'écrivait merveilleusement bien Stevenson : " J'avoue aimer une forme précise là où mes regards se posent et si les paysages se vendaient comme les images de mon enfance, un penny en noir, et quatre sous en couleurs, je donnerais bien quatre sous chaque jour de ma vie ".

A cet instant précis, je me dis que moi aussi, je donnerai bien quelques euros chaque jour de ma vie pour que mon regard se pose sur de tels paysages en couleurs.

 Henriette et Martine arrivent. La première est châtain, d'une grande candeur naturelle, timide et réservée, la deuxième est brune avec un charme spontané et un sourire enjôleur. Malgré ces différences, une vraie amitié est née quant elles se sont rencontrées par hasard sur le Chemin de Saint-Jacques de Compostelle, il y a quelques années. Depuis, elles randonnent ensemble chaque été. Très gentilles toutes les deux, elles tiennent absolument à nous payer l'apéro avant de passer à table car nous leur avions offert à boire sur la terrasse ensoleillée du Refuge de Moure.

 Après l'apéritif, le souper se poursuit dans une atmosphère chaleureuse et amicale. Mais dans les conversations, nous percevons néanmoins beaucoup de pudeur et le désir de ne pas se dévoiler complètement aux premiers venus. Nous apprécions leur compagnie car pour nous, cette discrétion naturelle est le signe d'une grande simplicité et de qualités humaines indéniables.

 Il se fait tard, les serveuses sont là à attendre que nous quittions la table. Je monte dans la chambre chercher la carte bancaire pour régler la bouteille de vin d'Ardèche que nous avons tous apprécier. J'en profite pour redescendre avec l'appareil photo et immortaliser cet instant d'amitié.

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 Dany avec Martine et Henriette, nos charmantes amies du " Stevenson "

Maintenant, il est l'heure de se quitter. Nous n'aurons plus le plaisir de nous dépasser à tour de rôle sur les chemins. Demain, pendant qu'elles continueront à bourlinguer en direction de Saint-Jean du Gard, nous repartirons en taxi vers Le Puy. Au regard de cette amère perspective et des excellents moments que nous avons passés pendant six jours sur le G.R.70, nous avons la gorge un peu nouée par cette triste séparation. Mais pourquoi se le cacher, nous les envions surtout d'avoir la chance de poursuivre le " Stevenson ".

Au delà de cette mélancolie, il y a donc dans nos têtes, cette envie folle de perpétuer ce périple jusqu'à son dénouement…. Qui sait, l'année prochaine, nous partirons, peut-être, nous aussi de Chasseradès pour découvrir de nouveaux paysages en couleurs…. pour quatre sous….

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Le parcours réalisé en 1878 par Robert Louis STEVENSON(*)

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