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Le Circuit des Bornes frontière de 1258 depuis Montalba-le-Château

Publié le par gibirando

 

Ce diaporama est agrémenté de 5 musiques interprétées par le duo irlando-norvégien "Secret Garden". Elles ont pour titre : "Atlantia", "Chaconne", "Pastorale", "Nocturne" et "Adagio", oeuvres de l'auteur-compositeur Rolf Løvland et extraites de l'album "Songs From A Secret Garden".

Le Circuit des Bornes frontière de 1258 depuis Montalba-le-Château

Le Circuit des Bornes frontière de 1258 depuis Montalba-le-Château

Cliquez sur les photos pour les agrandir. 2 fois pour un plein écran.


 

15 décembre 2018. Ragaillardis par une forme physique un peu meilleure, nous voilà au départ de Montalba-le-Château pour une petite randonnée de ma composition. Cette randonnée, je l’ai intitulé « Circuit des bornes frontières de 1258 » (*). Si j’en revendique la paternité, c’est parce qu’après avoir dessiné ce circuit sur mon logiciel CartoExploreur, j’ai cherché sur Internet si quelqu’un l’avait déjà décrite avant moi et je n’ai trouvé personne. Bien sûr et pour être honnête jusqu’au bout, il y a bien le site « Un catalan en rando » qui évoque ces bornes-là dont une sur la commune de Montalba, mais il n’y a pas de tracé et les photos ne sont pas très parlantes quant au lieu de son départ. Enfin si certains sites évoquent ces bornes, je n’ai trouvé personne les proposant lors d’un circuit au départ de Montalba. Pourtant dieu sait si ma liste des randonnées connues dans le département des P.O est longue quand à celle dédiée aux sites de randonnées, elle ne l’est guère moins. Alors certains me diront que les bornes frontières c’est du déjà vu et ils n’auront pas tort. J’en veux pour preuve cette balade au départ de Bélesta que j’avais intitulée « À travers les âges et le parcours d’eau », balade qui m’avait déjà permis de découvrir ces mêmes bornes en solitaire. Cette fois-ci bis repetita, mais au départ de Montalba et avec Dany, mon accompagnatrice préférée. Alors que Météo France nous avait promis un grand ciel bleu, Montalba nous accueille sous un ciel plutôt voilé. Mais peu importe, l’envie de marcher et d’être au grand air est là. D’ailleurs de l’air, il n’y en a pas. Pas la moindre brise, pas le moindre souffle de vent et c’est tant mieux ainsi car la marche s’effectue sur un plateau qui sans aucun doute doit être un corridor idéal pour notre décoiffante tramontane. Après avoir rangé notre voiture sur un grand parking à l’entrée du village, me voilà déjà, GPS en mains, à chercher la ligne de départ. Rue du Barry puis rue de l’Eglise sont les premières voies qu’il faut emprunter. On tourne carrément le dos au village et l’église dédiée à la Vierge de l'Assomption est rapidement visible au bout de cette rue plutôt rectiligne. Mon appareil-photo est entré très vite en action avec un rassemblement de pigeons picorant un champ labouré, avec des paysages presque à 360°, quelques étourneaux sur des arbres effeuillés, un oratoire blanc, un bel amoncellement de gros blocs granitiques dont je cherche toujours si l’un d’entre-eux n’aurait pas une quelconque silhouette. L’église est fermée, alors je me contente de quelques photos. Nous en faisons le tour, passons derrière le petit cimetière et la suite de l’itinéraire est déjà là, très rectiligne une fois encore. Rectiligne, le chemin l’est sur 2 km environ mais avec un revêtement varié et très inégal. Parfois herbeux, parfois sableux puis carrément asphalté puis terreux, il y en a pour tous les goûts. Parfois, il est même très humide car le secteur regorge de « mouillères ». Des panonceaux précisent qu’il s’agit de pistes DFCI. Dany, qui aujourd’hui, n’a apparemment pas l’intention de speeder, me laisse tout le loisir de me livrer à ma passion pour la photo ornithologique. Alors j’en profite, même si quand on est deux la photo naturaliste est toujours bien plus compliquée que quand on est seul. A hauteur du Serrat del Sastre, le massif du Canigou fait son apparition. Très enneigé, j’en suis déjà à regretter d’être venu avec ce ciel laiteux voire carrément gris qui écrase toutes les perspectives. Cette météo blafarde ôte cette belle luminosité qui m’a si souvent permis de photographier le Canigou dans des conditions optimales, c'est-à-dire avec un blanc des cimes immaculé et un ciel bleu azur d’une pureté incroyable. Aujourd’hui, rien de tout cela et le seigneur catalan fait grise mine. Même en zoomant, le gris-blanc délavé du ciel se confond avec les cimes enneigées. Je ronchonne après cette météo hivernale pourtant somme toute normale pour la saison. Derrière nous, Montalba apparaît dans sa vision la plus belle et la plus conforme à ce qu’il est, celle d’un minuscule village fortifié plutôt ramassé sur lui-même et perché au sommet d’un petit promontoire. Après un bref ralentissement du aux véhicules de nombreux chasseurs terminant leur battue, nous reprenons notre marche et finalement le chemin rectiligne se termine et débouche devant un grand champ verdoyant. Sur notre gauche, le Roc del Mut. Dans le creux d’une petite dépression, des petits bouts de panoramas apparaissent : la Plaine du Roussillon, la Méditerranée, le Massif des Albères. Il faut longer le champ par la gauche jusqu’à trouver un étroit sentier filant au sein d’une végétation essentiellement broussailleuse et contournant le Roc del Mut. Quelques petits chênes verts, des chênes kermès, des bruyères arborescentes, beaucoup d’ajoncs, dont quelques uns déjà fleuris, de rares romarins, voilà à quoi se résume ce maquis broussailleux et sauvage dans lequel les hommes ont décidé d’installer un immense champ de panneaux solaires. Un jour, j’ai lu qu’on appelait ça des fermes photovoltaïques. Moi, le mot « ferme » me renvoie à mon enfance, à la campagne marseillaise où des animaux s’égayaient dans une basse-cour mais aussi à des petites figurines d’animaux avec lesquelles je jouais quand j'étais gosse. Alors quand je lis « ferme photovoltaïque », j’ai les poils qui se dressent. Et pourquoi pas « métairies solaires » pendant qu’on y est ? Le mot « ferme » n’a-t-il pas suffisamment de significations différentes pour qu’on se complaise à en rajouter avec des fermes « marines », « éoliennes », « solaires » et que sais-je encore ? On débouche sur une piste qui se faufile entre les panneaux solaires et le Pilóu d’en Gil. C’est au sommet de ce petit dôme que se trouve la première de nos bornes frontière. Il s’agit d’une élévation cylindro-conique, et donc en forme d’obus, maçonnée assez grossièrement avec des pierres du secteur et du mortier sableux.  Elle n’a rien d’exceptionnelle et d’ailleurs, la première question que l’on se pose est « date-t-elle vraiment de 1258 ? ». On est en droit d’en douter tant cette borne paraît moderne dans sa « maçonnerie ». Si borne de 1258 il y avait, sans doute celle-ci a-t-elle été amplement restaurée. Outre le fait qu’elle marquait la frontière, on peut se demander « pourquoi a-t-elle été élevée au sommet de cette butte ? » « Pour qu’on la voit de loin ? » « Etait-elle un lieu d’observation ? » « De jonction ? » « De rassemblement de soldats en faction ? » Sans doute tout cela à la fois. Pour Dany et moi, et outre ma curiosité personnelle, elle n’a qu’une seule fonction : être un lieu de repos et de pique-nique avant de se lancer dans la suite du parcours. La suite, c’est d’abord la piste qui longe puis passe derrière les panneaux solaires. Toutefois, dès lors qu’on la quitte (mais rien ne vous y oblige mais nous ne le savions pas !) il s’agit de chemins très pentus, ravinés à l’extrême mais qu’il nous faut descendre. Sur le cul parfois, tant les difficultés sont grandes et la peur de débouler omniprésente. Finalement et par bonheur, nous arrivons en bas sans encombre, au niveau d’une intersection. La suite de l’itinéraire est en face sur un autre mamelon où se trouvent les deux autres bornes de 1258. Il s’agit des bornes dites de Bélesta. Bélesta-la-Frontière la bien nommée. Il se dit que bien d’autres bornes seraient présentes dans le secteur mais le plus souvent inaccessibles. Je connais celle du Puig Pédrous pour y être aller randonner, mais c’est tout. Alors je me dis quel dommage de ne pas être en mesure de voir à quoi elles ressemblent. Ces deux-là, en tous cas, sont parfaitement mentionnées sur des panonceaux et les découvrir est un jeu d’enfant. La première est plus massive que celle du Pilóu d’en Gil mais elle a la même forme cylindro-conique et exactement la même maçonnerie. On y décèle une croix que certains spécialistes décrivent comme « pattée », l’attribuant ainsi au Royaume d’Aragon. En grimpant sur les roches qui se trouvent derrière la borne, j’aperçois la seconde, environ 100 mètres plus loin, direction nord-ouest. Un petit sentier fait la jonction entre les deux. J’y file pendant que Dany m’attend. Cette troisième et dernière borne de notre circuit est la plus élancée mais a toujours la même forme et le même conglomérat maçonné. C’est celle qui permet la meilleure observation aérienne des lieux alentours. J’y observe une espèce de gros pied maçonné servant de patte et d’assise comme si les constructeurs avaient voulu la protéger de la violence de la tramontane en y adjoignant une jambe de force. Son petit air penché est-il la cause de cet étrange pied et donc une sécurité supplémentaire pour ne pas qu’elle tombe ? On est en droit de le croire en observant l’ensemble. En tous cas, outre les questions déjà soulevées précédemment, ici la question principale que l’on se pose est de savoir « quel était l’intérêt d’avoir deux bornes si proches l’une de l’autre ? » Je ne vois qu’une seule réponse : « elles n’étaient peut-être pas dans le même royaume ? », ce que confirmerait la fameuse croix pattée de la première. « La frontière passait donc au milieu et les bornes étaient des postes frontières comme on en voit de nos jours ? » Cette dernière thèse semble peu probable compte tenu de la configuration du terrain et de la végétation telle qu’on l’observe de nos jours. Pourquoi les voyageurs voulant passer d’un royaume à une autre seraient-ils passer par là, dans un endroit aussi peu praticable ? « Mais il y a 760 ans, tout était-il pareil ? » « Rien n’est moins sûr ! » Finalement toutes ces questions restent sans réponse car cette frontière de 1258 (*) entre royaumes de France et d’Aragon a toujours été une énigme aux yeux des historiens. « D’où partait-elle ? » « Sigean ?» « Leucate ?» « Fitou ? » « Où passait-elle exactement ? » « Sur la crête des Corbières maritimes correspondant grosso-modo à la présente frontière entre Aude et Pyrénées-Orientales ? » « Et puis après ?»  « Où se poursuivait-elle ? » Voilà de nouvelles questions qui subsistent quand on se lance dans la lecture des rares ouvrages évoquant cette frontière et le Traité de Corbeil qui l’avait entérinée. D’ailleurs, « cette ligne existait-elle  vraiment ? » Durant les 400 ans où ce traité a prévalu, les nombreuses guerres et la multitude d’échauffourées entre les deux royaumes sont là pour prouver que leurs limites étaient floues et parfois même fluctuantes au gré des victoires et des annexions d’un camp ou d’un autre. Dany peu intéressée par ces phallus « bruts de décoffrage » et par leur Histoire m’attend sagement. Quand je finis par la rejoindre, et dans une transmission de pensée incroyablement similaire, nous nous disons « et si nous allions voir le genévrier remarquable ? ». Nous voilà donc partis vers cet arbre vénérable dont nous avions vu la mention sur un panonceau indicatif. L’arbre étant très proche des bornes, nous y parvenons très vite et force est d’avouer que nous sommes un peu déçus. Le genévrier est certes beau mais il n’a rien d’exceptionnel. Il faut dire que d’emblée nous le comparons à celui d’Opoul se trouvant au lieu-dit Vall d’Oriola et bien sûr la comparaison ne peut pas tenir tant celui d’Opoul est extraordinaire à tous points de vue. Cet arbre, j’ai déjà eu l’occasion de le présenter lors de deux autres balades : « Le Sentier du myrte et du genévrier depuis le château de Salveterra » et le « Sentier de la roche insolite ». Après cette dernière découverte, il est temps de prendre le chemin du retour direction l’intersection précédemment traversée puis le lieu-dit « Roc de Naut ». Les possibles découvertes consistent désormais à observer les décors, décors certes pour nous deux, mais également quelques oiseaux pour moi, même s’il faut reconnaître qu’ils sont assez rares dans ce biotope typiquement méditerranéen. Ça se résume à quelques fauvettes occupant le maquis et à des alouettes, lesquelles, ont une nette préférence pour les terrains fraîchement défrichés. Apparemment, les pistes ont beaucoup évoluées par rapport au bout de carte I.G.N que je trimballe dans ma poche mais que je sors régulièrement tant les chemins sont légions dans ce secteur. Un panneau explique la raison de ces nouvelles pistes DFCI : « investissement en réponse à la sécheresse et au changement climatique ». Je garde mon GPS allumé et nous empruntons la piste DFCI F170. C’est apparemment la bonne direction et mon tracé GPS me le confirme. Après quelques virages sur cette très large piste, dès le premier ruisseau traversé, il faut la quitter et prendre un chemin qui, à gauche, monte dans la garrigue. Ce ruisseau, est-ce celui de Bellanouse ? Je ne saurais le certifier mais en tous cas l’eau y coule à flot. On retrouve la large piste un peu plus haut mais on continue de l’ignorer au profit d’un large et bon chemin sableux qui file à gauche en direction d’amples vignobles. Dès les premières vignes, le chemin les contourne par la droite puis par la gauche. A partir de là, l’itinéraire devient plus simple. D’abord parce qu’il est rectiligne et qu’il suffit de suivre celui le plus emprunté. Ce chemin continue de longer et de traverser dès vignes le plus souvent en s’élevant sur une très légère déclivité. Cette modeste montée offre néanmoins de jolies vues à presque 360%. Droit devant le Canigou fait office de point de mire. Dès lors que l’on atteint un coteau planté d’une amanderaie, le chemin bifurque à droite mais retrouve très vite sa rectitude. Ici, les vignobles se partagent l’espace avec d’immenses champs verdoyants. Un trio de corbeaux y cherche une pitance puis à notre approche, les volatiles s’envolent à poussant des cri rauques et puissants. Finalement, nous retrouvons du bitume et une première maison au lieu-dit Prat d’en Fosse. Il suffit désormais de suivre cette route asphaltée et après deux virages, Montalba-le-Château apparaît presque droit devant. On retrouve l’itinéraire emprunté au départ et le village est très vite là. Nous partons quitter le sac à dos dans le coffre de la voiture avant de repartir pour une visite plus approfondie du village dont nous connaissons mal le patrimoine. Petites ruelles, jolies placettes, les fameuses voûtes « balendras » typique des villages médiévaux avec leurs escaliers et leurs  terrasses, un beau beffroi avec son horloge et son clocher en fer forgé si distinctif du midi de la France, la maison de l’économiste et sociologue de renom Alfred Sauvy dont une plaque commémore son existence ici, l’agréable jardin Sistach avec son espace de repos et sa vue splendide sur le Canigou, des sculptures métalliques si étranges représentant presque essentiellement des chèvres (**), des portes en arcades ou poternes, les fortifications tout autour du château avec son ancienne tour à signaux et sa chapelle St Jean dont on ne voit malheureusement que le joli clocher-mur, de vieilles maisons où certains linteaux gravés d’une date ne laissent planer plus aucun doute quant à leur ancienneté. Oui, il y a un très beau patrimoine à découvrir à Montalba-le-Château mais une fois de plus, nous notons le peu d’intérêt que l’on prête aux visiteurs de passage que nous sommes car le château et les églises sont fermés. Montalba n’est malheureusement pas un cas isolé et nos déceptions à vouloir découvrir le patrimoine roussillonnais s’enchaînent à chacune de nos sorties. Telle qu’expliquée ici, cette balade a été longue de 10k700 pour des montées cumulées de 280 m et un dénivelé de 140 m environ. Assez paradoxalement le point le plus haut est le village de Montalba lui-même, c'est-à-dire la ligne de départ. A moins d’avoir un sens de l’orientation excessivement développé, un tracé G.P.S est fortement recommandé. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

(*) Le traité de Corbeil et la frontière de 1258 : Signé le 11 mai 1258 au prieuré de Saint-Jean-en-l'Isle,  près de Corbeil, entre les représentants du roi d'Aragon, Jacques Ier et ceux du roi de FranceLouis IX, plus connu sous le nom de Saint-Louis, ce traité de paix est ratifié à Barcelone le 13 juillet suivant. Il est d’abord là pour régler des problèmes de territoires et mettre fin à de vieilles querelles la plupart du temps liées à des doléances anciennes de part et d’autres. C’est ainsi que Louis IX a la nostalgie de la vieille Marche d’Espagne fondée par Charlemagne en 806 incluant entre autres les comtés de Barcelone et du Roussillon, alors que la Maison d’Aragon prétend  depuis très longtemps à des suzerainetés sur Montpellier, Millau et Carcassonne. Ce traité est donc là pour entériner plusieurs engagements de bonne volonté dans les deux camps. C’est ainsi que le roi de France renonce à ses droits de suzeraineté sur le comté de Barcelone et les autres comtés catalans dont le Roussillon et la Cerdagne. En contrepartie, Jacques Ier renonce, d'une part, au Fenouillèdes et au Peyrepertusès cédant ainsi les châteaux de PuylaurensFenouilletCastel FizelPeyrepertuse et Quéribus mais il renonce aussi à ses droits de suzeraineté sur les comtés de Toulouse et de Saint-Gilles ainsi que sur le Quercy, la vicomté de Narbonne et l'Albigeois, les comtés de Carcassonne, de Foix et du Razès, Béziers, le Lauraguais et le Minervois, Nîmes et Agde, Millau, le Gévaudan, une partie du Rouergue mais également la Provence. Il ne conserve que la seigneurie de Montpellier, la vicomté de Carlat et la baronnie d'Aumelas. A l’époque et comme on le voit au travers de ces renoncements, on parle peu de frontière mais plutôt de territoires et de limites. Toutefois, ces acquisitions dessinent d’elles-mêmes une ligne qui va faire office de frontière. Celle qui nous intéresse ici c’est celle qui passe au sud des Corbières désormais protégée côté français par les forteresses des Termes, d’Aguilar, de Niort-de-Sault, de Quéribus, de Peyrepertuse et de Puilaurens. Cette nouvelle ligne va être bénéfique pour les deux parties car des deux côtés, on n’avait pas attendu le traité pour protéger ses possessions et de nombreuses villes, villages, églises avaient été fortifiées. On peut citer des villes comme Perpignan, Ille-sur-Têt et Vinça mais il y en a bien d’autres. Il y a aussi des petits villages aux forts d’importances parfois inégales disposant le plus souvent de tours défensives comme Périllos, Castelvell, Palmes, Roquevert, Trémoine, Lansac, Bélesta, Montalba, Latour-de-France, Cuxous, Caladroy, Corbous, Arsa, Le Vivier, Fenouillet. Des églises comme celle de Saint-Martin de Latour-de-France ou de Saint-Barthélémy de Jonqueroles. Le traité va engendrer de nouvelles forteresses comme celle de Salveterra à Opoul ou bien Salses un peu plus tard. Les historiens parlent parfois de « ligne Maginot médiévale ». La frontière se poursuit vers l’ouest et sépare désormais les deux royaumes car outre le comté de Barcelone, les renoncements du roi de France sur la Catalogne permettent à Jacques 1er de posséder les comtés du Roussillon, du Conflent, de Cerdagne, d’Urgel, de Berga, de Ripoll, du Bésalu, d’Empuries, d’Ausona et de Girona. Le but louable qui était de faire la paix est atteint mais celui d’éviter des enclaves subsiste malgré tout. La pire des enclaves est sans doute celle qui a consisté à séparer des populations aux langues différentes. C’est ainsi que des catalans se sont retrouvés dans le royaume de France et vice-versa. En restant peu claire et donc floue, cette frontière ne sera jamais trop respectée et sera constamment l’objet de malentendus entre les deux royaumes, engendrant des conflits quasi permanents, et ce jusqu’en 1659 et le Traité des Pyrénées…..mais ça c’est une autre Histoire.

Les bornes sur le terrain ont-elles matérialisées cette frontière ? C’est la thèse la plus souvent admise par les historiens. Outre celles présentées dans ce reportage, il se dit qu’il y en aurait également du côté de Fitou, Fitou ayant pour origine le latin « fita » signifiant « limite » ou « borne ». Il se dit également qu’il y en aurait quelques autres perdues dans la nature, nature où la végétation trop dense ne permettrait pas d’y accéder ou de les retrouver. Tout est possible. En tous cas, les plus connues sont celles présentées ici dites de Bélesta et du Pilóu d’en Gil auxquelles il faut rajouter celle du Puig Pédrous. Quand à la plus remarquable c’est sans doute celle de Montner que l’on appelle la « Roque d’en Talou ». Elle ne ressemble pas du tout aux précédentes puisqu’il s’agit d’une simple roche gravée d’une croix pattée aragonaise d’un côté et de l’autre du blason avec les armoiries des Montesquieu, seigneurs de Latour-de-France. Ce blason est surmonté de la date de 1617 qui serait probablement la date de son burinage. Cette roche marque-t-elle la frontière de 1258 ? Les historiens le pensent car la croix pattée ressemble très étrangement à celle qui se trouve au pied de la borne de Bélesta. Est-ce suffisant ? Voilà une question à laquelle comme bien d’autres je n’ai pas de réponse……

(**) Fête de la chèvre : Apparemment, chaque année Montalba-le-Château fête la chèvre au mois d'octobre. C'est en tous cas ce qui transparaît de divers articles et reportages que j'ai pu lire sur Internet. Cette fête explique sans doute les étranges sculptures métalliques les représentant au sein du vieux village. 

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A Travers les âges et le parcours d'eau à partir de Bélesta de la Frontière.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est enjolivé de 3 musiques interprétées par le duo "Secret Garden". Elles ont pour titre : "Moongate", "Prayer" et "Elan" extraites de l'album "Dawn Of A New Century".
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Qui n’a pas rêvé de remonter le temps et de  revenir en arrière. Personne ! Il y en a même, comme l’écrivain anglais H.G. Wells, qui ont imaginé des machines pour cela. Or de l’imagination, c’est ce qu’il faut nécessairement, peut-être plus que des jambes aujourd’hui, pour faire cette ludique et courte randonnée « A travers les âges » à partir du pittoresque village de Bélesta de la Frontière. En effet, ce sentier de pays qui serpente dans la garrigue, mais pas uniquement, et que j’ai très légèrement modifié par convenance et curiosité personnelle, nous emmène de découvertes en découvertes  à travers l’histoire. Une histoire, certes, qui est loin d’être chronologique, mais qui n’en est pas moins intéressante car c’est avant tout l’histoire de nos ancêtres qui nous est contée. Car, ici c’est bien de ça qu’il s’agit, randonner bien évidemment, découvrir des vestiges historiques bien sûr, mais avoir une imagination suffisamment fertile pour tenter de deviner comment ont vécus nos aïeux plus ou moins anciens. Alors, si vous connaissez un peu Bélesta, vous savez, que la commune a été au cours de sa riche histoire, un village frontière à cheval entre les royaumes de France et d’Aragon de 1258, date du traité de Corbeil, jusqu’à 1659, année de la signature du traité des Pyrénées qui, outre la paix entre les royaumes de France et d’Espagne, a permis de modifier la position de la frontière entre les deux pays suite à divers échanges et annexions de territoires dont notamment celui du Comté du Roussillon.  Alors si la commune a des fondements très anciens comme le prouve son château fortifié par Louis IX, la présence de l’homme est encore bien plus ancienne comme le démontre la découverte en 1983 d’une grotte préhistorique exceptionnelle intitulée « la Cauna de Bélesta ». Alors avec cette randonnée « A travers les âges », nous allons bien sûr faire un grand écart de plusieurs siècles mais qui va encore s’amplifier avec la découverte d’autres vestiges bien plus contemporains. Le démarrage se fait au pied du château, devant la superbe cave coopérative vinicole qui, depuis peu, a été magnifiquement restaurée et aménagée en un hôtel restaurant haut de gamme. Vous remarquez sur le mur de la rue, un panneau jaune de randonnée indiquant la direction de notre balade du jour : « A travers les âges – 8,5 km– 2h30- dénivelé 260 m ».  On suit cette rue qui rapidement va nous faire sortir du village en se transformant d’abord en une chaussée carrossable mi-terreuse mi-bitumée puis en une voie bétonnée qui enfin devient un  vrai chemin pédestre.  Plus haut, ce chemin rejoint un carrefour sur les D.17 et D.21 où plusieurs panonceaux indiquent la direction à suivre.  On emprunte sur quelques dizaines de mètres la départementale en direction de Montalba et Caramany puis on la quitte par la gauche au bénéfice d’un large chemin qu’un panneau nous décrit comme un « Sentier d’Emilie » avec les mentions suivantes : « le Grotte de Bélesta – 1h AR ».  Ce sentier s’élève doucement dans la colline dénommée à juste titre « La Caune » avec de très belles vues sur les Fenouillèdes, sur les Corbières, sur le lac et le barrage sur l’Agly, puis, il redescend dans le maquis sur l’autre versant et effectivement peu de temps après, on se retrouve devant l’imposante entrée d’une grotte condamnée par une grille fermement cadenassée. Alors, comme la grotte est inaccessible et même si on peut imaginer que des hommes aient vécu ici pendant des millénaires car on y a découvert à la fois une tombe collective de plus de 5000 ans mais aussi les preuves plus récentes de la présence de bergers et de paysans, pour en savoir un peu plus sur cette « Cauna de Bélesta », il faudra impérativement visiter le musée où une reconstitution de la grotte et de nombreuses trouvailles y sont présentées.  Depuis l’entrée de la grotte, les panoramas lointains sur le Roussillon, le Canigou  et le début des Pyrénées ou plus proches sur les forêts du Bosc Negro sont splendides.  Au milieu des chardons fleuris, des prunelliers sauvages, des buplèvres, des fenouils et des lavandes sauvages, le sentier continue de descendre dans une petite ravine plantée de quelques vignes où l’on va slalomer avant de rejoindre une large piste près du ruisseau de la Crabayrisse  ou « Rivières des Chèvres ».  Quelques mètres plus loin, on tombe sur notre deuxième découverte historique de la journée sous la forme d’un ancestral et monumental puits à glace dont la présence ici, dans ce pays pas spécialement propice aux précipitations neigeuses, nous fait imaginer sans peine le courage et la volonté qu’il fallait à ces porteurs de froid pour aller chercher, le plus souvent la nuit, à dos de mulets ou en charrettes, de la neige ou de la glace de nos montagnes qu’ils devaient ensuite entasser convenablement pour que le résultat de leur labeur se conservent le plus longtemps possible dans cette vaste citerne de pierres. Ici on abandonne l’itinéraire principal car la rivière Crabayrisse et sa ripisylve vont devenir, sous le nom de « Parcours d’eau », les fils conducteurs ombragés et rafraîchissants de notre belle balade. Si dans son temps, l’eau a coulé au point d’être en mesure de faire tourner le « Moulin d’En Gateu », que l’on va découvrir 600 mètres plus loin, en cet été 2011, le lit de la rivière est excessivement bas au point que quelques minuscules poissons, alevins et têtards ont été pris au piège dans des poches asséchées. Je vais faire ma B.A. de la journée et réussir à sauver quelques dizaines de ces minuscules amphibiens en les jetant dans des trous d’eau bien plus profonds mais pour la plupart, le soleil et la sécheresse ont accomplis leurs méfaits et il est déjà bien trop tard. On suit le sentier toujours parallèle au ruisseau et l’on tombe sur un premier panneau d’informations présentant en détail ce « parcours d’eau ». Quelques mètres plus loin, les premiers vestiges sont visibles sous la forme d’une prise d’eau en béton qui alimentait un canal d’irrigation dont le tracé se perd désormais dans les roches et la végétation. Parfois, le vieux canal de pierres devient lui-même sentier. Le lit s’élargit dans ce qui était sans doute d’anciens potagers emportés par le terrible « Aïguat de 1940 » et on finit par retrouver la large piste forestière près d’un panonceau précisant la direction de nos deux randonnées jumelées du jour : « A travers les âges- Bélesta – 6 km– 2h » et « Parcours d’eau – Ancien canal d’irrigation et moulin – 700 m- 15mn AR ». On poursuit l’itinéraire du « parcours d’eau », sachant déjà qu’il nous faudra revenir à ce panonceau pour continuer à marcher « À travers les âges ».  Le sentier qui suit le lit de la Crabayrisse devient soudain plus difficile en rencontrant quelques gros magmas rocheux puis il le quitte et s’élève au dessus de la rivière dans ce qui était sans doute au siècle précédent d’anciens champs ou jardins cultivés. On finit par arriver au « Moulin d’En Gateu » qui domine du haut de ses pans de murs ruinés, un ample méandre granitique de la rivière. Ici, grâce à deux grands panneaux explicatifs, le système d’irrigation passé de Bélesta et le fonctionnement d’un moulin à eau n’auront plus de secrets pour vous. Avant de rebrousser chemin et dans un étrange silence ambiant où même la rivière ne chante plus, on ne peut s’empêcher de penser à l’âpreté de la vie de nos ancêtres qui travaillaient ou vivaient au bord de cette rivière capricieuse, une vie suffisamment dure par elle-même sans que les inondations successives et les saisons de grande sécheresse en rajoutent et finissent par décourager même les plus vaillants.  Il est temps de rebrousser chemin et de retourner « A travers les âges » pour nos dernières découvertes, celles des remarquables « bornes frontières de 1258 ». On quitte définitivement le « parcours d’eau » par une piste qui grimpe et rejoint plus haut, près d’une citerne DFCI à demi enfouie, celle du circuit initial. Ici, comme je l’ai dit au début, j’ai, par curiosité personnelle, fait une légère entorse aux circuits proposés en me rendant au sommet du Pilou d’En Gil (422 m) pour découvrir une borne frontière supplémentaire. J’ai, pour cela, emprunté une partie d’un itinéraire intitulé « Circuit des Tours » et la piste DFCI F187 pour un aller-retour qui, outre, la découverte de la vieille borne, offre, à partir de ce point culminant de la journée, des vues imprenables sur une immense partie du Roussillon et de la plaine de la Têt. Au retour, on récupère notre boucle près de la citerne enfouie pour la découverte des deux dernières bornes frontières dont l’histoire de Bélesta nous dit qu’elles auraient servies de jalons au cadastre parcellaire napoléonien. Si on peut comprendre que Napoléon, grand instigateur et utilisateur de la cartographie, dont celle d’Etat-major notamment, ait voulu répartir équitablement l’impôt en instaurant un cadastre, on ne peut éviter de se demander quel intérêt les maçons de ces bornes avaient eu à en ériger deux pratiquement similaires aussi près l’une de l’autre. Alors, une a-t-elle été édifiée par les Français et l’autre par les Aragonais ?  La croix pattée, symbole des rois d’Aragon, sculptée au pied de l’une et pas de l’autre, peut le laisser supposer. Mais, il faut bien le reconnaître, de nombreuses questions concernant ces bornes n’ont jamais été élucidées et le mystère reste entier !  En tous cas, placées au sommet de la Fount de la Selvio, ces bornes dominent idéalement le val de la Crabayrisse et étaient sans doute toutes visibles à une époque où la végétation était plus basse et moins dense. On ne termine pas cette jolie balade sans un petit détour près d’un casot en ruines qui va nous permettre de découvrir de splendides et centenaires genévriers dont un est tout particulièrement « remarquable » avec son tronc très noueux et très dénudé. Dans la garrigue, c’est la dernière découverte de la journée avant le retour dans le vieux village. On descend une dernière fois vers la Crabayrisse que l’on enjambe aisément car quasiment asséchée ici aussi et la suite du circuit va nous ramener au point de départ essentiellement par de larges pistes terreuses qui zigzaguent dans le maquis et finissent par devenir des routes asphaltées à l’approche du village. On y entre par le « Chemin de la Cruz » près d’un oratoire, on passe sous les ancestrales portes cochères, on longe les séculaires enceintes et on termine en flânant dans les vieilles ruelles jusqu’à retrouver l’antique église, le vieux château qui abrite désormais le « fameux » musée de la préhistoire dont la visite est recommandée. La boucle se referme devant la cave coopérative dont on pourra remarquer, sur le fronton de sa façade, la célèbre devise des Trois mousquetaires « Un pour tous, tous pour un » mais cette fois inversée et transformée en ce que l’on pourrait croire être une étonnante erreur « Tous pour un, un pour tous ». Non en réalité, ce n’est pas une erreur et il faut savoir que c’est la tradition qui se trompe car dans le célèbre roman c’est bien sous cette forme que la devise a été écrite par Alexandre Dumas Père. De nombreux autres vestiges historiques sont présents sur le territoire de Bélesta mais pour les voir, il vous faudra faire d’autres randonnées. La marche c’est comme l’Histoire, c’est sans fin…et revenir en arrière est souvent très difficile. Carte Ign  2448 OT Thuir - Ille-sur Têt Top 25.

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Le Pic Aubeill (540 m) depuis Bélesta de la Frontière

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons interprétées par Céline Dion. Elles ont pour titre : "D'Amour Et d'Amitié", "Ne Partez Pas Sans Moi" et "Mon Ami M'A Quitté".


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Que peut-on dire de ce pic Aubeill, dôme peu connu où je vous emmène aujourd’hui? Pic insignifiant et sans intérêt (540 m) au regard de son grand frère le Canigou qui lui fait face du haut de ses 2.784 mètres ? Pas vraiment car de son sommet, c’est toute une pléiade de panoramas qui se dévoilent à 360° : l’inévitable Canigou bien sûr, mais aussi les Albères jusqu’à la mer, par temps très clair il est vrai, la longue barre des Corbières et le Pech de Bugarach, la chaîne des Pyrénées enneigées jusqu’aux premiers pics ariégeois, la flèche reconnaissable de Força Réal toute proche mais aussi un grande partie du Roussillon et des Fenouillèdes qui s’étalent à vos pieds. Alors pour dire vrai, cette Boucle du pic Aubeill à partir de beau hameau de Bélesta (bel=beau et estar= séjour) ne peux laisser indifférent aucun randonneur amoureux d’une jolie nature. Ajoutez à cette description le fait que cette promenade vous permettra de croiser tout au long du circuit un très riche patrimoine historique et voilà une raison supplémentaire d’aller gambader dans ce secteur des Fenouillèdes que sillonnait autrefois la frontière entre les royaumes de France et d’Aragon. Notre point de départ « Bélesta de la Frontière » en a gardé d’ailleurs dans son nom un ineffaçable souvenir. Cette boucle parfaitement balisée de petits panonceaux directionnels et de traces de peintures jaunes démarre soit de la coopérative vinicole soit de la place de la mairie. Derrière cette dernière, il faut emprunter une ruelle goudronnée qui descend au milieu des mimosas et des arbres de Judée en direction d’une aire de pique-nique et d’un camping. Arrêtez-vous quelques minutes pour observer une étrange cabane en bois et torchis et des fours en argile. Ces structures démontrent l’intérêt que la commune porte à tout ce qui touche à la période préhistorique depuis qu’en 1983 une sépulture collective fut découverte dans une grotte non loin du village. D’ailleurs, un musée dédié au néolithique invite les curieux à découvrir cette période fondamentale dans l’évolution de l’homme. Dans des décors d’aquarelles, la randonnée se poursuit sans difficulté si l’on prend soin de suivre les marques jaunes bien présentes : les pics blancs des massifs du Canigou et du Madres apparaissent vers le sud-ouest alors qu’on louvoie au milieu de quelques vignes ocres et dans une verdoyante garrigue où les mimosas et les ajoncs viennent mettre leurs petites touches d’un jaune vif, puis, par un petit pont, on coupe la grise route départementale D.38 qui  s’éloigne vers le village en zigzaguant,  on emprunte ensuite une longue piste terreuse beige qui monte vers le pic Aubeill et laisse entrevoir de magnifiques vues sur les façades laiteuses et les toitures rouges de Bélesta, enfin à l’approche du pic, on traverse des pinèdes aux pins verts clairs et aux petits cèdres bleus sombres. Le sommet est déjà là et il suffit de quitter la piste pour l’atteindre en quelques minutes.  Là, la vision bascule sur les autres versants vers d’autres paysages et d’autres nuances de couleurs : les taches multicolores des vignobles qui vont du marron clair au jaune ambré en passant par des tons de verts et de bruns différents pour les champs, les bois et les forêts des Fenouillèdes, les crayeuses Corbières, la tache bleuâtre du lac de Caramany, les tuiles rouge vermillon du hameau de Cassagnes, les cicatrices blanchâtres des carrières de Lansac et de Tautavel, c’est la palette complète du peintre « Nature »  qui s’offre à vos yeux écarquillés. Seul ombre à ce magnifique tableau, un gros coffre métallique rouillé par le temps qui trône on ne sait pourquoi au zénith de ce point géodésique qu’est le pic Aubeill. On poursuit la boucle en redescendant vers la piste que l’on coupe immédiatement pour se diriger vers les ruines de Saint-Barthélemy de Jonquerolles. A l’origine, non loin d’une source, il s’agissait d’une église du Moyen Âge fortifiée par des remparts au sein desquels un minuscule hameau avait vu le jour. Un peu plus loin, c’est le très beau dolmen du « Moulin à Vent » qui est immanquable car il trône au beau milieu du sentier. Après le dolmen, la piste terreuse devient chemin creux et herbeux, le décor change car le maquis ensoleillé laisse la place à un petit de bois ombragé fait de chênes pubescents mais en suivant le balisage irréprochable, le retour n’est qu’une simple formalité. Vous retrouvez Bélesta, sa cave coopérative avec son joli fronton sculpté, son château et son église, son musée de la préhistoire, ses portes et ses remparts, ses jolies ruelles aux quelques façades agréablement décorées; enfin tout ce qui faut pour terminer magnifiquement cette boucle de 11 kilomètres au pic Aubeill. Mais si vous en avez assez de marcher alors partez vous attabler « Chez Pierre ». Vous y serez aimablement reçu et sur une belle terrasse à l’ombre d’un vieux figuier vous y dégusterez une cuisine de qualité typiquement roussillonnaise et de très bons vins du pays. Carte IGN 2448 OT Thuir-Ille-sur Têt Top 25.

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