• Le Chemin de Véronique et la Roque d'En Talou depuis Montner


    Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons en hommage aux Véronique : "Chère Véronique" chantée par Michel Polnareff"Love Me Encore (Love Me Forever)" chantée Véronique Jannot et "Rien Que De L'Eau" chantée par Véronique Sanson.

    Le Chemin de Véronique et la Roque d'En Talou depuis Montner

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    Dimanche, il est 10h30 et je décide enfin de m’extraire de ma couette et d’ouvrir les volets. Je ferme brusquement les yeux car les rayons du soleil m’aveuglent. Mais comme la lointaine pyramide blanche du Canigou se détache dans un ciel bleu d’une admirable pureté, malgré cette cécité forcée, je m’empresse de les rouvrir  pour ne rien manquer de ce spectacle dont je ne me lasse jamais. Soudain, une idée me traverse l’esprit : « si je partais randonner ! » et dans le même temps, raquettes et godillots aux pieds, je me vois déjà entrain de glisser dans la poudreuse au milieu d’un belle forêt de sapins de Cerdagne ou au bord d’un joli lac glacé du Capcir ou bien encore, je m’imagine entrain de crapahuter sur la crête dépouillée d’une haute montagne du Conflent, avec devant moi des panoramas époustouflants à perte de vue. Je ne suis plus au fond de mon lit mais je rêve encore et un simple coup d’œil au réveil, m’extirpe définitivement de ce délicieux songe où j’étais déjà retombé : il est 10h35. Il est vraiment très tard ! Que faire ?  Cerdagne ? Capcir ? Conflent ? Trop loin ! Rien préparé ! Trop tard ! Je suis désappointé. En général, quand ce genre de mésaventure m’arrive comme cela vient de se produire en ce début de printemps, je me précipite dans ma bibliothèque et je cherche mon bonheur dans un petit guide de randonnées et il est bien rare que je n’y trouve pas une agréable balade, pas trop loin de chez moi et surtout appropriée à cette circonstance tardive que la « grasse matinée » a engendrée. Un petit guide Rando comme cet agréable «  34 randonnées en Agly-Verdouble » qu’un groupe d’amis randonneurs m’a très gentiment offert et dans lequel j’ai trouvé dernièrement ce « singulier » Chemin de Véronique qui démarre du beau village viticole de Montner. Le guide raconte que cette balade emprunte, selon, la légende, le sentier qu’un jeune prétendant amoureux parcourait pour rejoindre sa belle Véronique, à l’abri des regards indiscrets….Bon, autant le dire de suite,  la belle Véronique devait le faire « courir » son amoureux et les gens qui jetaient des regards indiscrets….ou même discrets ne devaient pas être légions à vouloir ou à pouvoir suivre tous ces détours que ce chemin emprunte. Comme beaucoup de femmes, la belle Véronique avait envie de se faire désirer ou alors elle était aussi tourmentée que ce sentier qui part dans une direction, reviens sur ces pas, visite le charmant village de Montner, part au milieu du joli vignoble et des vieux casots, grimpe vers Força Réal comme si on allait rejoindre l’ermitage, bifurque au pied de la colline, redescend dans la chênaie, slalome dans les vignes, les champs en friches, les mas ruinés et les ravines pour revenir enfin à Montner après quelques sinuosités dont on se demande sur la fin, qu’elles étaient les réelles motivations de la jolie Véronique à vouloir zigzaguer de la sorte à quelques encablures du village. Bon, il faut reconnaître que les légendes sont souvent tortueuses et en l’occurrence, ce chemin légendaire l’est tout autant. A l’époque, Véronique a du lui poser pas mal de « lapins » à son amoureux et sans balisage et sans GPS, l'entiché a sans doute du s’égarer plus d’une fois pour retrouver sa belle. Moi, comme à mon habitude,  j’ai essentiellement flâné et pour couronner le tout, après avoir analysé la carte IGN, j’avais décidé d’adjoindre à cette randonnée, un détour supplémentaire en partant visiter la « fameuse » Roque d’En Talou toute proche. J’ai donc démarrer du caveau de dégustation où se trouve le départ, j’ai longé la ruelle qui passe derrière les bâtiments de la coopérative vinicole et là, j’ai suivi le recommandation d’un petit panonceau jaune qui me conseillait d’aller voir un olivier remarquable qui se trouve à 10 minutes dans la rue des Oliviers. Cet olivier, outre son âge pluriséculaire et sa circonférence de 5,50 mètres, est remarquable à un autre titre, puisqu’il s’agit de l’unique rescapé de l’immense oliveraie que possédait le village au siècle précédent au lieu-dit « Las Oulibèdes Grandes ». En effet, il est le seul arbre à avoir survécu à l’horrible et glacial hiver de 1956 et pour les gens qui ont connu cet hiver-là, cette hécatombe d’oliviers n’a rien de surprenant tant le froid avait été excessivement rigoureux. Moi, j’avoue que partir voir cet olivier m’arrangeait bien puisqu’en poursuivant la rue des Oliviers jusqu’à la D.612, puis en coupant celle-ci puis en traversant encore quelques vignes, j’arrivais direct à la Roque d’En Talou. Pour ceux qui ne la connaissent pas, la Roque d’En Talou est une borne sans doute unique en son genre qui matérialise à cet endroit précis la frontière qui avait été définie entre les royaumes de France et d’Aragon par le Traité de Corbeil de 1258 signé entre Saint-Louis, roi de France et Jaume 1er, roi d’Aragon. A cheval sur cette ancestrale ligne frontière, il s’agit d’un simple rocher sur lequel a été gravé, côté français, les armoiries des Montesquieu, seigneurs de Latour-de-France, et côté Montner et aragonais, la fameuse croix pattée des rois d’Aragon. Ces gravures rendent cette roche, sans doute burinée en 1617, date gravée au dessus du blason des Montesquieu, absolument remarquable. Cette borne confirme, avec d’autres bornes plus classiques dans ce secteur du Fenouillèdes, la délimitation de 1258 juste avant le Traité des Pyrénées de 1659 qui vit la frontière se modifiait de nouveau avec entre autres la restitution par l’Espagne au royaume de France de Louis XIV, de la totalité du Roussillon, du Conflent, du Vallespir, du Capcir et d’une partie de la Cerdagne. Après cette superbe découverte, pas toujours évidente à dénicher sans GPS, il faut évidemment rebrousser chemin en direction de Montner pour retrouver le Chemin de Véronique. On poursuit par la rue des Ecoles, la place de l’Aire où se trouve la jolie mairie, on traverse la Grande Rue, on tourne à gauche à la rue de Força Réal où l’on retrouve le balisage jaune propre aux P.R ainsi qu’une pancarte du Chemin de Véronique. Cette assurance retrouvée, on continue par la rue de la Marinade qui, au milieu de splendides villas et des mimosas en fleurs, nous entraîne hors du village. On poursuit tout droit la route bitumée qui descend au milieu du vignoble et file en direction de la toison verdâtre du Massif de Força Réal. On est désormais sur le « sinueux » Chemin de Véronique et il suffit de prêter attention au balisage jaune, pas toujours évident, notamment sur la fin,  pour respecter l’itinéraire de cet agréable circuit dont les buts peuvent être multiples : Il y a bien sûr une flore très riche à contempler avec de nombreuses plantes en fleurs en ce début de printemps, la faune, elle est plus discrète et sauf à avoir la chance de lever quelques perdreaux ou faisans, de voir courir quelques lapins, lièvres ou sangliers, on se contentera, en cette saison, d’observer surtout des papillons et des insectes de toutes sortes mais en réalité les vraies découvertes sont le patrimoine agraire d’antan, les divers éléments qui ont forgé l’identité locale, l’exploration du terroir et du vignoble actuel, la visite du village et accessoirement, si vous êtes follement amoureux, vous lancer dans une course effrénée derrière votre belle pour tenter de la rattraper…..même si elle ne s’appelle pas Véronique ! Moi, en randonneur solitaire, je n’avais pas à « speeder » et comme je me suis mis à ramasser quelques asperges sauvages, j’ai alterné une espèce de vadrouille dans un maquis typiquement méditerranéen, mais plutôt agréable car très florilège en ces premiers jours du printemps, puis une très lente flânerie au milieu du vignoble ocre et schisteux, puis en côtoyant les Mas de la Beille, celui magnifique d’en Garrigue avec ses deux superbes arcades et enfin le Mas Raphaël avec vue sur le village, tel un revenant à la recherche de vieux souvenirs, j’avais l’impression d’errer dans les vestiges de fermes hantées par des fantômes. J’avais le sentiment que ces décombres effondrés, ruines d’un passé rural aujourd’hui révolu, gardaient secrètement en leur sein tout un lot de magnifiques histoires pastorales à jamais oubliées. Tout avait disparu ! Les hommes, leurs travaux des champs, leurs vies, leurs maisons, leurs histoires, il ne restait que des pierres qui, elles aussi, si elles n’étaient pas restaurées rapidement, seraient vouées à tomber un beau jour en poussières et à disparaître à tout jamais. Heureusement qu’un ou deux viticulteurs étaient là à s’occuper passionnément de leurs vignes sinon j’aurais eu l’impression d’être un « Robinson Crusoé » de la randonnée pédestre. La cloche de l’église se mit à m’appeler et c’est avec une grosse botte d’asperges sauvages à la main, et en tous cas, largement suffisante pour une « belle » omelette, que je fis mon entrée dans Montner. Il est déjà 18 heures passé, mais je veux encore profiter de la fraîcheur de cette fin de journée pour rejoindre le caveau de dégustation et ma voiture par une dernière visite du village, de ses ruelles, de ses places, de sa belle église Saint-Jacques avec sa jolie façade de style baroque espagnol, de sa « cobe », étonnante venelle en forme de tunnel qui servait à l’évacuation des eaux de pluies. Le soleil, qui m’avait ébloui à 10 heures, a sérieusement décliné depuis. Le ciel bleu, si resplendissant ce matin, a blanchi au fil des heures et ce merveilleux Canigou enneigé qui m’avait incité à partir randonner, a définitivement disparu dans une brume laiteuse. Pour moi, l’heure était venue d’aller retrouver ma belle…qui revenait par TGV de la région parisienne. L’amoureux avait t-il réussi à retrouver Véronique? La légende ne le dit pas ! Sans aller à la Roque d’En Talou, cette boucle de 8 kilomètres est donnée sur le guide pour 2h30. Moi, Roque d’En Talou, pique-nique, photos et asperges sauvages incluses, je préfère ne pas vous dire le temps que j’ai mis car j’en deviendrais ridicule. Carte IGN 2448 OT Thuir.Ille-sur-Têt Top 25.

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