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col mantet

G.R.10 Etape 8 Mantet (1550m) - Saint-Estève

Publié le par gibirando

L’EXTRAORDINAIRE : L’extraordinaire se trouve sur le chemin des gens ordinaires. Paulo Coelho

8eme JOUR DIMANCHE 12 AOÛT 2001 - MANTET (1550m) – SAINT-ESTEVE.

G.R.10 Etape 8 Mantet (1550m) - Saint-Estève

En route vers Mantet, au loin le Col del Pal

Il est huit heures, étalés dans l’immense lit, nous ouvrons les yeux et faisons la différence avec l’exiguïté de notre tunnel de toile dans lequel nous avons dormi les jours précédents. Après onze heures de sommeil, je ne ressens plus aucune fatigue, mais seulement une superficielle douleur aux épaules à l’endroit où reposent les lanières de mon sac. Dany a, par contre, les plus grandes difficultés à marcher.

La seule question que je me pose désormais, c’est : " comment rejoindre Perpignan ou mieux encore notre domicile à Saint-Estève ? ". En effet, je ne pense même plus à aller à Vernet-les-Bains, terme prévu initialement de notre randonnée.

Après une douche bienfaitrice, nous montons à la salle à manger pour un copieux petit déjeuner. Nous nous régalons de grosses tranches de pain de campagne grillées sur lesquelles nous étalons à loisir du miel et des confitures d’abricots et de cerises faites " maison ".

G.R.10 Etape 8 Mantet (1550m) - Saint-Estève

Au Col del Pal un geste d'auto-stoppeur prémonitoire

G.R.10 Etape 8 Mantet (1550m) - Saint-Estève

En route vers Mantet, que l'on aperçoit au loin

Après avoir rangé tous nos effets, nous décidons de poursuivre l’étape vers Vernet, tout en nous laissant l’opportunité de " faire du stop " sur la longue route goudronnée qui va de Mantet à Py. De toute manière, nous n’avons pas le choix et il nous faudra avancer.

Il est 9h, nous réglons la note, sortons de l’auberge, et commençons à monter vers le col de Mantet. Le G.R.10 ne suit pas la route qui mène vers le col, mais coupe plus directement par des raccourcis très raides que nous empruntons. C’est en claudiquant et sans se plaindre que Dany monte ce bon dénivelé, mais au fonds de moi, je sais qu’il lui sera impossible de marcher les six ou sept heures nécessaires pour rejoindre Vernet.

Après un quart d’heures d’ascension, le G.R.10 coupe la route goudronnée. Une voiture arrive et s’arrête dans un virage un peu plus haut. Malgré le poids du sac, je cours jusqu’au véhicule et j’interpelle le couple qui se trouve à l’intérieur. Tout en expliquant notre déplaisante situation, je sens que je perds mon temps et que ces gens ne sont pas disposés à nous prendre. En effet, le véhicule fait demi-tour, repart vers le col et me laisse en plan au milieu de la chaussée.

Quelques secondes plus tard, j’aperçois un autre véhicule qui monte vers nous. Je me plante au beau milieu de la route et je commence à faire de grands signe avec les bras. Le conducteur n’a pas d’autre alternative que de stopper. Entre temps, Dany m’a rejoint. Au vieux monsieur qui semble abasourdi par tant de culot, j’explique les difficultés que Dany rencontre à poursuivre la randonnée. Il a l’air à la fois surpris et inquiet.

Je lui demande : " Où allez-vous " ? D’une moue dubitative, il me répond : " Je ne sais pas " ; puis aussitôt " à Perpignan ". " Nous aussi, pouvez-vous nous y amener ou au moins nous en rapprocher " ? , lui dis-je. Il descend de sa voiture et semble acquiescer. Il s’excuse pour le désordre et le chien qui gît de tout son long sur le siège arrière. Il commence à enlever quelques cagettes se trouvant sur les fauteuils et tout en les rangeant dans le coffre, il nous explique qu’il est venu jusqu’ici pour ramasser des champignons mais qu’il n’en a pas trouvé.

Nous l’écoutons d’une oreille distraite, car nous avons déjà ouvert les portières et sommes déjà occupés à ranger nos sacs et nos bâtons à l’intérieur. Dany est déjà assisse, le chien s’est couché sur la tablette. Je prends place à côté du vieux monsieur.

Tout en se dirigeant vers le col, il nous annonce qu’il s’arrêtera peut-être dans la descente pour trouver quelques champignons. Nous le mettons à l’aise en lui disant qu’il peut faire ce qu’il veut et que nous l’attendrons dans sa voiture. Il poursuit sa route, non sans nous occasionner quelques frayeurs car il a une fâcheuse tendance à rouler au milieu de la route, voire carrément à gauche. Heureusement, il semble prudent et conduit très lentement.

Avec Dany, nous lui faisons la conversation en évitant de prononcer le mot " champignon ". Nous atteignons Py, puis Sahorre. Notre chauffeur ne semble pas décider à s’arrêter, ça tombe bien, nous non plus. A un moment il nous dit : " la journée est fichue, je rentre à la maison " Nous réfrénons un " ouf " de soulagement quant il ajoute : " nous serons à Perpignan vers onze heures " Rassurés par ces mots, nous l’écoutons nous raconter sa vie. Il nous explique qu’il est agriculteur et que ses passions sont la pêche et les champignons.

Le long de la route, de nombreux arbres fruitiers sont encore chargés de leurs fruits. A un moment, Dany lui dit qu’elle a très envie de fruits que nous n’avons plus mangés depuis huit jours. Il ne répond pas, mais à hauteur de Bouleternère, il dit : " Je vais m’arrêter chez ma sœur ". Quelques minutes plus tard, nous voilà arrêtés devant une grande demeure au milieu des vergers et sommes surpris de l’accueil chaleureux qui nous est réservé. Les invitations fusent : " Entrez boire l’apéritif ! ". " Vous resterez bien pour déjeuner ? ". Devant tant de gentillesse, nous ne savons que dire, car le vieux monsieur ne semble pas disposé à s’arrêter trop longtemps. Il charge son coffre de plusieurs cagettes de gros brugnons. Sa sœur très souriante et très charmante pour son âge que nous venons d'apprendre par son frère, nous offre une grosse bourse remplie d’énormes brugnons rouges.

A leur vue, nous salivons déjà, mais embarrassés, nous n’osons pas en manger devant ces gens d’une simplicité et d’une générosité déconcertante. Nous repartons par force car notre chauffeur n'est pas décidé à déjeuner chez sa soeur. Bien las, un bon repas chaud ne nous aurait pas déplu ! 

Nous approchons de Perpignan mais finalement notre gentil conducteur propose de nous amener à Saint-Estéve. Il est 11h 30, quant il nous laisse devant le château d’eau. Très gênés, nous ne savons que lui lire pour le remercier de tant de gentillesse, de compassion et de sympathie. Tout en dissertant sur la chance inouïe que nous avons eue aujourd’hui, nous faisons les quelques mètres qui nous séparent de notre domicile. La randonnée se termine bien. Nous sommes arrivés. 

Dans les jours qui suivent, nous n'aurons de cesse d'évoquer ce formidable voyage. Oubliées les souffrances des derniers jours, les ampoules sous les pieds, les gros dénivelés, les longues distances. Il ne reste que de l'agréable ! Nous parlons déjà de repartir. Faire d'autres étapes sur le GR.10 ? Vers d'autres lieux de randonnées ? Oui, ces quelques jours ont été mémorables. Je dis à Dany que j'ai tout gardé dans ma tête et qu'il me faudra en écrire leur récit. Afin de rester dans un monde montagnard, j'ai déjà le titre "Les Conquérants de l'agréable" , parodie bien sûr de l'illustre livre de Lionel Terray "Les Conquérants de l'inutile". 

Quand on est arrivé au but de son voyage, on dit que la route a été bonne. Proverbe chinois.

 

G.R.10 Etape 8 Mantet (1550m) - Saint-Estève

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Le Pla Ségala en raquettes (2.200/2.320m) depuis le col de Mantet (1.760m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de la chanson "Footprints In The Snow" chantée par Bill Monroe & The Bluegrass Boys.

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

La neige est tombée sur le Haut-Conflent du côté de Mantet, mais après ce temps de saison, le grand soleil tant attendu a fait sa réapparition dans un incroyable ciel bleu azur absolument purgé de tout nuage. C'est l'occasion rêvée d'aller pratiquer son activité favorite qu'est la randonnée en raquettes. Ici, au Pla Ségala (*), au dessus du col de Mantet, à quelques kilomètres seulement de Perpignan, sur cet immense plateau dénudé, une bonne couche de poudreuse immaculée attend les raquetteurs. Si la neige vient juste de tomber, c’est dans un vaste espace vierge et quasiment sans aucune autre trace d'un quelconque passage humain que l’on pourra sans nulle retenue se livrer à sa passion ou à son loisir préféré que sont la randonnée en général et les raquettes en particulier. Avec des panoramas époustouflants quasiment à 360 degrés, et dans une quiétude quasi religieuse où seuls les craquements des raquettes sur la neige se font entendre, on passera une magnifique journée dans un monde inhabituel et assourdissant de « silences ». Le départ s’effectue du col de Mantet à 1.760 mètres d’altitude que l’on atteint par la D.6 qui est parallèle à la superbe vallée de la Rotja puis à la sinueuse ravine de la rivière Campeilles. Depuis Perpignan et pour arriver au col, après Prades, il vous aura fallu traverser les jolies communes de Ria, Villefranche-de-Conflent, FuillaSahorre et Py, sachant que le village perdu de Mantet se situe, lui, de l’autre côté du col. D’ailleurs, depuis le col, on l’aperçoit à l’aplomb et si le hameau est accessible en voiture depuis 1964 seulement, on peut également l’atteindre par le célèbre G.R.10 en quelques minutes seulement. J’ai un faible pour l’incomparable beauté qui se dégage de cette vallée verdoyante et pour ce village de Mantet que j’ai découvert en 2001, à l’occasion d’un périple sur le G.R.10 entre Mérens-les-Vals et Mantetles Conquérants de l'agréable ). Le col de Mantet, lui, est à la jonction des trois immenses réserves naturelles de NyerMantet et Py. Autant dire que dès le départ vers le Pla Ségala, on va cheminer dans un décor exceptionnel où le désir de protéger et de gérer la nature n’est pas un vain mot. Tout en profitant de ces lieux uniques, gardez à l’esprit cette notion et dites vous que l’on est des privilégiés et que si les responsables des parcs sont aussi là pour sensibiliser le public, c’est à chacun d’entre nous de respecter ces sites précieux pour les laisser dans le meilleur état possible aux futures générations. (Si dans cet article de mon blog, j’insiste sur cet aspect écologique, c’est parce qu’à la fonte des neiges, il m’est arrivé, à ma grande consternation et à de multiples reprises, de trouver des restes (sacs plastiques, bouteilles, gobelets, boîtes de conserves, etc..) de déjeuners et autres pique-niques sur des prairies situées dans cette réserve naturelle). Avec un peu plus de 3 kilomètres pour un dénivelé de 430 mètres environ, la montée en raquettes vers le Pla Ségala s’avère relativement sportive. Essentiellement en sous-bois de pins et sapins, le sentier, tout en montant, laisse néanmoins la possibilité d’ouvertures sur de très beaux paysages et des vues splendides sur la vallée de l’Alémany et les hautes montagnes environnantes. Un fois, le Pla Ségala atteint, c’est un immense terrain de jeu que l’on a devant soi et même s’il est conseillé de suivre les quelques panonceaux du balisage, on a que l’embarras du choix dans l’orientation à prendre pour satisfaire notre envie d’avaler de « grands espaces ». Du Pla Ségala et si le temps est clair et propice, les panoramas se dévoilent sur une grande partie du Conflent, mais aussi sur les tout proches massifs du Canigou et des Tres Estelles. Le Pla Ségala étant une vaste étendue quasi rase et désertique d’environ trois kilomètres de long depuis la Font de Mouscaillou jusqu’au pied de la cime de Pomarole, on peut l’arpenter à sa guise surtout par grand beau comme on a eu cette chance lors de notre dernière sortie. Mais attention le temps peut changer, le brouillard ou le vent se lever et dés lors, il faudra faire preuve de prudence et de sagesse, suivre le balisage et le cas échéant, rebrousser chemin si nécessaire. A la bonne saison, le Pla Ségala est un passage possible vers le Vallespir et un passage obligé vers de très hauts pics du département comme le Roc Colom (2.507 m), le Mort de l’Escoula (2.463 m) voire vers le pic de Costabonne (2.465 m) mais aussi vers tous les autres hauts sommets du HRP des Pyrénées-Orientales sur la crête frontière avec l’Espagne. Alors, en toutes saisons, le Pla Ségala peut être un terrain de prédilection pour se consacrer à notre plaisir qu’est la randonnée pédestre. Comme tout bon randonneur, on écoutera la météo avant de partir et on partira bien équipés surtout en hiver ! Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

Toponymie du nom Ségala : En occitan, le nom signifie "terre à seigle". Il est fort probable que le Pla Ségala ait été appelé ainsi car jadis on devait y cultiver du "seigle" à la bonne saison. Ce nom a été également donné à deux autres régions de France, une qui se trouve à cheval entre le Tarn et l'Aveyron et l'autre dans le Lot. Ces régions du Massif Central étant intimement liées et partageant les mêmes terres siliceuses.  (Sources Wikipédia)

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