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font romeu

G.R.10 Etape 5 Font-Romeu (1741m) - Pla de Cedelles (1911m)

Publié le par gibirando

L’IVRESSE : L’ivresse venue, nous coucherons sur la montagne nue avec le ciel pour couverture et la terre pour oreiller (Li-Pa – Poète chinois)

5eme JOUR JEUDI 9 AOÛT 2001 -FONT-ROMEU (1741 m) - PLA DE CEDELLES (1911m)

G.R.10 Etape 5 Font-Romeu (1741m) - Pla de Cedelles (1911m)

Campement au Pla de Cédelles

8h15. Nous nous réveillons. La nuit a été bonne et nous sommes en bien meilleure forme. Nous prenons notre petit déjeuner dans la chambre, une douche tiède et nous voilà d'attaque pour poursuivre notre randonnée. Aujourd'hui, nous ne fixons aucun but à notre étape et improviserons en fonction de l'heure et des difficultés rencontrées.

9h15. Après avoir réglé la note d'hôtel, nous repartons par le même raccourci, pris hier matin et qui laisse Super Bolquère un peu plus haut sur la gauche. Le temps est au beau fixe, mais la chape de brume sur la Vallée de la Têt est toujours présente et ne semble pas s'être déplacée. Sur le sentier qui mène à Bolquère et à l'endroit même où la veille, nous avions aperçu le renard, nous remarquons un immense oiseau à la cime d'un grand sapin. A notre arrivée, il s'envole et tourne au-dessus de nous quelques minutes en poussant de grands cris.

Nous traversons Bolquère et le temps d'une brève erreur de parcours, nous continuons la D.10 jusqu'au Col de la Perche. Le G.R.10 suit la petite route d'Eyne, puis tourne à gauche en longeant une ancienne voie romaine. D'abord à travers un bois de jeunes sapins puis au milieu de champs de céréales que quelques moissonneuses sont en train de faucher. Tout en descendant, nous distinguons en contrebas "le petit train jaune" chargé de vacanciers et la charmante commune de la Cabanasse que nous ne tardons pas à atteindre. Tout au-dessus, nous apercevons Mont-Louis et ses fortifications. Dans le village, nous suivons très aisément le balisage et continuons vers Planés.

En cours de route, Dany, qui a opté pour des chaussures de tennis, commence à se plaindre de ses pieds très endoloris. Nous improvisons une halte au bord d'un ruisseau, le temps de refaire les pansements et de reprendre un peu des forces. Pour moi aussi, la froideur de l'eau sur mes pieds est revigorante.

Il est midi quand nous entrons dans Planés. A la fontaine, nous emplissons les gourdes d'eau fraîche puis suivons le traces toujours bien visibles qui se dirigent vers l'étonnante église polygonale. Juste à côté de l'église, nous faisons un arrêt dans une fromagerie et dégustons un excellent fromage de brebis. Nous repartons avec un bon morceau de ce délicieux fromage qui nous a ouvert l'appétit et décidons de poursuivre. Nous empruntons une piste forestière que nous quittons rapidement pour nous engager sur un sentier qui grimpe dans la forêt.

Il est 12h30, pendant que je fais cuire des pâtes sur le réchaud, Dany est redescendue à Planés pour emplir sa deuxième gourde qu'elle avait omis de remplir à la fontaine. A son retour, le déjeuner est prêt et nous mangeons avec entrain. Dany s'est allongée et se repose un peu pendant que j'observe le "va et vient" de grosses fourmis qui s'afférent autour d'une imposante fourmilière encastrée dans un vieux tronc désagrégé.

Vers 13h30, nous reprenons notre route. La pente est de plus en plus raide, mais heureusement, le sentier court à l'ombre de très jolis sous-bois. De temps à autre, nous grappillons de succulentes framboises sauvages qui poussent à profusion en bordure même du chemin.

Vers 16h, un épais brouillard commence à voiler le ciel. Une demi-heure plus tard, nous atteignons le Pla de Cédelles, vaste croupe herbeuse parsemée de fleurs multicolores et entourée de sapins. Compte tenu de l'heure, des souffrances que Dany endure avec ses pieds, du brouillard et du cadre enchanteur qui nous entoure, nous décidons d'arrêter là pour aujourd'hui. La brume se fait de plus en plus opaque et nous avons du mal à distinguer des randonneurs qui passent à moins de quinze mètres de nous. Le lieu est certainement propice aux bivouacs car nous remarquons les cendres de nombreux feux de camp. Nous profitons de l'aubaine pour allumer le nôtre avec le bois mort, qui en abondance, jonche le sol et quelques bouses bien sèches.

La brume est maintenant très dense, la visibilité est de cinq à six mètres maximum, quelques gouttes de pluie se transforment rapidement en averse. Je parviens malgré tout à maintenir le feu allumé pour le repas du soir. La pluie s'est arrêtée de tomber, mais l'herbe est détrempée et c'est debout autour du feu que nous prenons le repas. Avec cette grisaille, la nuit tombe très vite et nous sommes contraints de réintégrer notre tente, plus tôt que prévu. Dany s'endort rapidement pendant que je bouquine à la lueur de la torche.

Il ne pleut déjà plus. Mais, des rameaux des sapins, quelques gouttelettes continuent de tomber sur la toile. C'est au son de cette entêtante musique que je m'endors à mon tour.

G.R.10 Etape 5 Font-Romeu (1741m) - Pla de Cedelles (1911m)G.R.10 Etape 5 Font-Romeu (1741m) - Pla de Cedelles (1911m)

G.R.10 Etape 5 Font-Romeu (1741m) - Pla de Cedelles (1911m)

G.R.10 Etape 5 Font-Romeu (1741m) - Pla de Cedelles (1911m)

Arrivée au village de la Cabanasse                                             Dany soigne ses pieds meurtris

Dany de corvée d'eau au village de Planés                                Arrivée au Pla de Cédelles

 G.R.10 Etape 5 Font-Romeu (1741m) - Pla de Cedelles (1911m)

G.R.10 Etape 5 Font-Romeu (1741m) - Pla de Cedelles (1911m)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Au départ du Pla de Cedelles, préparatifs.                                      Au départ, vue sur la Vallée de la Ribérole

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G.R.10 Etape 4 Bolquère (1629m) - Font-Romeu (1741m)

Publié le par gibirando

 LA LENTEUR : La lenteur arrive souvent au but, tandis que la précipitation s’empêtre souvent en chemin. (proverbe arabe).

4eme JOUR MERCREDI 8 AOÛT 2001 -BOLQUERE (1629m) - FONT-ROMEU (1741m)

G.R.10 Etape 4 Bolquère (1629m) - Font-Romeu (1741m)

Un peu de toilette à la fontaine du village de Bolquère

8h 15, exténués par les efforts de la veille, nous avons dormi plus qu'à l'accoutumée, mais ce sommeil supplémentaire ne semble pas avoir été très réparateur. Dany se plaint de ses hanches et surtout de ses pieds où des ampoules ont fait leur apparition. Personnellement, j'ai mal aux mollets, aux épaules et la plante de mes pieds est encore bien rouge.

En sortant de la tente, la première chose que je remarque, c'est une immense chape de brume, qui immobile, recouvre la vallée de la Têt et la Cerdagne. Nous la retrouverons deux jours plus tard. Après trois jours d'un ciel immaculé, décidément les nuages s'amoncellent au sens propre et au sens figuré.

La fatigue aidant, nous prenons la décision de nous rendre à Font-Romeu pour nous ravitailler et prendre un peu de repos. Dès le petit déjeuner terminé, nous levons le camp et rangeons nos sacs sous lesquels des dizaines d'araignées ont élu domicile pour se mettre au sec de la rosée du matin.

Nous effectuons en sens inverse le chemin pris la veille et entrons dans Bolquère. Un arrêt à la fontaine pour remplir nos gourdes et nous brosser les dents et nous prenons la direction de Font-Romeu par la D.10. A la sortie de Bolquère, un homme occupé à la réparation de son chalet nous indique qu'il est préférable de prendre un raccourci qui, à travers champs et sapins, file directement sur Font-Romeu que nous apercevons au loin. Dany souffre des pieds. A mi-chemin, elle est contrainte de stopper pour refaire un pansement plus efficace. Pendant ce temps, j'observe aux jumelles un renard qui court au milieu d'un pré. Il s'arrête et assis sur son postérieur, semble nous épier. Nous avons tout loisir de le regarder, car ce n'est qu'après plusieurs minutes, qu'il reprend sa route et disparaît dans des bosquets.

Il est 9H30, nous entrons dans Font-Romeu et nous nous dirigeons vers le centre-ville au milieu d'un flot d'estivants. Nous cherchons rapidement un hôtel, inquiets de ne pas trouver de chambres. Le premier où nous entrons sera le bon. L'hôtel "La Montagne", le bien nommé, trois étoiles NN, un peu cher, mais une chambre doit se libérer entre onze heures et midi. Nous lâchons notre bardas et nos bâtons dans un local à bagages. Nous échangeons nos godillots de marche pour des chaussures de tennis plus légères et plus confortables. Nous vidons nos sacs de notre linge sale pour le porter à un pressing.

Nous ressortons de l'hôtel et redescendons la rue prise quelques instants auparavant. Sur le trottoir, à hauteur d'une pâtisserie, d'ardentes senteurs du pain chaud nous attirent. La pâtisserie fait également salon de thé. Nous nous y arrêtons pour prendre notre premier vrai café depuis notre départ accompagné d'un gros pain au chocolat bien frais et croustillant. Direction le pressing, puis le supermarché où nous faisons nos courses (fruits secs, saucissons, pâtes et riz cuisinés et plats iophilisés, boissons énergétiques, compotes, allumes-barbecues). Nous achetons également le journal pour connaître les dernières informations et quelques cartes postales pour donner des nouvelles à nos proches.

Il est midi, nous rejoignons l'hôtel. La chambre vient d'être libérée. Elle est spacieuse et possède une grande véranda bien ensoleillée. Mais après quatre jours passés sur les chemins, nous avons surtout hâte de nous laver. L'eau chaude de la douche est bienfaitrice et nous requinque un peu. Il est temps de trouver un restaurant pour continuer notre "remise en forme". Nous optons pour le restaurant de la Poste où une énorme salade pour Dany, et une non moins énorme et délicieuse pizza pour moi, nous sont servies. Vers 14 h, nous retournons à l'hôtel pour une sieste réparatrice. Nous traînons un peu au lit, mots croisés et lecture. Le soleil est encore haut et nous en profitons pour étendre dans la véranda, la tente et notre linge encore humide.

18 heures, il est temps d'aller au pressing récupérer tous nos vêtements. Promenades et shopping dans Font-Romeu, puis retour au restaurant de la Poste où nous dégustons une gigantesque entrecôte agrémentée de frites. C'est là que nous constatons que la viande commençait sérieusement à nous manquer.

G.R.10 Etape 4 Bolquère (1629m) - Font-Romeu (1741m)G.R.10 Etape 4 Bolquère (1629m) - Font-Romeu (1741m) 

Au Lac des Bouillouses
Une eau bienfaitrice aux Bouillouses

 Vers 21 heures, nous sommes déjà au lit. Dany s'endort très vite pendant que je regarde un match de foot à la télé. Après l'éreintante journée d'hier, ce repos aura, je pense, vraiment été utile.

G.R.10 Etape 4 Bolquère (1629m) - Font-Romeu (1741m)

Le petit train jaune que nous apercevions du champ au nous couchions le 3eme jour

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Le Pic des Mauroux (2.137 m) depuis la Mollera dels Clots (Font-Romeu)

Publié le par gibirando


Diaporama sur la musique "Concerto d'Aranjuez" de Jaaquin Rodrigo jouée par le célèbre guitariste Narciso Yepes.

Le Pic des Mauroux (2.137 m) depuis la Mollera dels Clots (Font-Romeu)

Le Pic des Mauroux (2.137 m) depuis la Mollera dels Clots (Font-Romeu)

Cliquez sur les photos pour les agrandir-2 fois pour un plein écran.


 

En ce 1er septembre 2016, nous avions décidé de partir à la découverte du Pic des Mauroux que l’on trouve très souvent écrit « Moros » et notamment sur la carte I.G.N. « Pic dels Moros » peut-on lire sur la carte, à l’ouest de la commune de Font-Romeu. Point géodésique de ce même Institut Géographique National, son sommet est situé à l’altitude de 2.137 mètres. Sa traduction est assez simple, puisque ici, il s’agit du pic des « Maures (*) », ce nom pouvant appartenir à une palette très large de populations arabo-musulmanes selon l’époque dans laquelle on les inscrit.  Voilà pour la toponymie simplifiée et pour plus de détail, je vous renvoie à la fin de cet article (*). Le départ de la balade s’effectue à proximité du lieu-dit « Mollera dels Clots », à l’endroit même où se trouve le stade de biathlon de Font-Romeu. Le parking et les panonceaux de départ sont situés un peu avant d’y arriver en bordure gauche de la route. Au préalable et pour parvenir jusqu’ici, il vous aura fallu prendre la route de Font-Romeu, puis emprunter la départementale D.10f jusqu’aux Airelles et enfin délaisser cette route au profit de celle qui file vers la station de ski du Roc de la Calme. Quand on sait que l’altitude sur la ligne de départ est de 2.030 mètres, on imagine aisément que monter au pic des Mauroux ce n’est pas comme gravir l’Everest. A peine plus d’une centaine de mètres de dénivelé nous attendent. La randonnée est donc très facile. Une large piste part vers l’ouest, tourne à gauche et vous êtes désormais sur le « Sentier du Pic des Mauroux » indiqué très paradoxalement comme difficile sur le premier panonceau aperçu. Sans doute que cette boucle numérotée P.R.12 n’est-elle pas la même que celle que j’ai programmée. En tous cas, toutes les caractéristiques mentionnées, distance, dénivelé et temps ne correspondent en rien au circuit que j’ai pu lire dans le topo-guide « les Sentiers d’Emilie en Cerdagne et Capcir ». D’ailleurs, il suffit de lever la tête pour apercevoir le débonnaire sommet dans la ligne de mire. Il n’a rien d’impressionnant. L’itinéraire est plus qu’évident et en plus, les panonceaux directionnels indiquant le pic sont suffisamment nombreux pour ne pas s’égarer. Il suffit de marcher sur quelques centaines de mètres seulement pour comprendre que cette contrée du nom de « Coma de Mollet » mais qu’on appelle plus globalement « la Calme » est une vaste zone d’estives. Nous sommes fin août, c'est-à-dire au summum de la période d’estivage et chevaux et bovins déambulent en grand nombre un peu partout. Pour nous, cette animation n’est pas sans nous rappeler la dernière balade effectuée au pic Dourmidou voilà 15 jours. Des animaux, on en voit dans les bois, les clairières et les prairies mais aussi, au bord même du chemin où notre présence ne semble pas les perturber le moins du monde. Cette vie pastorale se confirme avec la présence de nombreux enclos et d’une cabane en pierres sèches entourée de pelouses au sommet d’une butte rocheuse. Ici, je remarque de nombreux passereaux et la proximité d’un petit ruisseau, le Rec dels Clots, n’est sans doute pas étrangère à cette présence ornithologique. Il y a quelques rouges-queues noirs mais surtout d’innombrables traquets motteux dont les déplacements se résument à se déplacer d’un point haut à un autre avec des vols très courts, essentiellement axés sur leur quête à se saisir de petits insectes volants. Chaque rocher ou presque présente un traquet à son sommet.  Les panonceaux toujours bien présents continuent de mentionner la direction à prendre, mais à chaque intersection je sors de ma poche et par précaution mon bout de carte I.G.N pour vérifier où l’on se trouve. Le tout premier panonceau aperçu au départ indiquant une randonnée difficile n’est pas étranger à cette défiance. Après deux virages et s’être un peu élevé, le large chemin devient plus rectiligne. Le pic des Mauroux est désormais sur notre gauche. Derrière lui, les panoramas lointains ne sont constitués que d’une longue ligne de montagnes bleutées. Elles sont coiffées de gros nuages gris empêchant ainsi des visions encore plus lointaines. Sur notre droite, une épaisse forêt de pins à crochets longe la piste continuellement. J’y photographie un faucon crécerelle et si de temps à autres, j’y aperçois des mésanges et des becs croisés, les  fixer dans mon numérique est « une autre paire de manches ». Sachant qu’à la côte 2086, il nous faudra quitter la piste et partir vers le sud, je marche désormais avec dans une main, mon G.P.S allumé et dans l’autre mon bout de carte où figure le tracé. L’intersection finit par se présenter. Un panonceau indique le pic à 2,5 km. Nous sommes sur la piste DFCI N°4. Elle démarre toujours aussi terreuse mais peu à peu un itinéraire plus herbeux prend le relais. Le chemin devient plus agréable car moins monotone que sur la piste malgré des ornières creusées par des véhicules tout terrain. Les bovins toujours aussi nonchalants nous regardent passer et quand il s’agit d’un énorme taureau, force est de reconnaître que les rôles s’inversent. C’est nous qui le regardons, sans doute avec la crainte qu’il nous prenne pour des toreros. Mais non, il paraît dormir debout. Les décors, constitués d’un éparpillement de blocs granitiques, sont moins boisés et la végétation se résume à une steppe rase et à quelques pins épars.  Des pins et des rochers les plus hauts, les becs-croisés des sapins et quelques pinsons des arbres en ont fait leurs minarets respectifs. Leurs chants sont des prières à se rassembler pour une longue migration.  Le chemin s’élève en douceur car l’itinéraire file désormais sur le flanc nord du pic des Mauroux puis il s’en écarte sur la droite laissant entrevoir de superbes paysages sur l’ouest de la Cerdagne. A notre approche, de grandes troupes de grives s’envolent puis se posent quelques mètres plus loin. Le pic n’est plus qu’à quelques encablures maintenant. Dany fait le choix de continuer sur la piste menant vers le sommet alors que je prends un raccourci et me lance à la poursuite de mésanges dans un petit bois de pins ; mésanges huppées et mésanges noires essentiellement. Il y en a tellement et paraissent si occupées à se poursuivre que planqué au ras du sol, je finis par en immortaliser une de chaque dans mon numérique. Avec Dany, on se rejoint à proximité du sommet qui est occupé par une modeste station météo agrémentée de deux panneaux solaires et d’un anémomètre. Il y a également un abri de berger très rudimentaire puisqu’il s’agit d’une simple alvéole en pierres entourée d’autres pierres.  Force est de reconnaître que les cailloux ici ce n’est pas ça qui manque, au pinacle il n’y a que ça mais en contrepartie une fois juché dessus, on embrasse de grandioses panoramas vers le sud. J’en suis même à me demander si ce tumulus est naturel et n’aurait pas un rapport avec ces fameux « Moros » dont le pic a reçu le nom ? Une sépulture mauresque oubliée n’aurait rien de surprenant puisque de nombreux lieux catalans ont reçu la dénomination de « Cimetière des Maures ». En tous cas, perché sur ce pinacle, la vue aérienne de Targassonne y est remarquable. Vers le nord, et au dessus d’autres hautes montagnes, le Carlit joue les prétentieux en dévoilant sa pyramidale apogée. Par grand beau temps, on imagine que le spectacle doit être encore plus beau. Sur la partie la plus plane du Mauroux, il y a d’autres vestiges, plus récents, car en béton, mais je n’y trouve aucun indice me permettant d’en apprécier leurs fonctions originelles. Au l’instant même où nous nous installons pour la pause pique-nique, un vautour fauve solitaire vient planer en rase-mottes au dessus du sommet. L’heure du déjeuner aurait-elle sonné pour lui aussi ? Après quelques passages circulaires, il file vers l’ouest puis disparaît dans la vallée d’Angoustrine. Décidement, à chaque sortie où presque, ces gros volatiles aux envergures impressionnantes doivent se donner le mot pour tenter de nous apeurer. Après cette scène toujours un peu angoissante il est vrai, je profite de la pause pique-nique pour étudier le retour. Pour être franc, je n’ai guère envie de refaire le même itinéraire que celui pris à l’aller. Le temps est clair et les observations aériennes que je fais du terrain et de leurs transpositions sur la carte I.G.N me permettent d’imaginer une boucle. D’ici, en effet, on distingue au loin mais très nettement une ou deux pistes et surtout la « fameuse » cabane en pierres sèches aperçue au sommet de la butte et toujours le troupeau de bovins qui l’entoure. Le pique-nique et la visite complète du Mauroux terminées, il est temps d’envisager ce retour improvisé.  On se lance dans une descente qui vers l’est consiste à suivre une longue clôture. Si d’en haut, je pensais que cette clôture se terminerait sur une piste, la réalité est tout autre sur le terrain, car en définitive, nous allons suivre la sente la plus évidente, c'est-à-dire celle que d’autres randonneurs ont le plus empruntée. D’ailleurs, dans une végétation de genévriers et de mouillères, nous allons toujours faire le choix de la sente la plus piétinée. Au premier petit bois de pins, elle part à gauche, se faufile au milieu d’une zone à tourbières, asséchées à cette époque de l’année. Ensuite elle contourne un enclos circulaire, s’élève sur un modeste mamelon, file vers le nord et finit par croiser la route d’un bon sentier un peu plus large. Ce dernier traverse une sombre pinède puis par une petite passerelle de bois, il enjambe un étroit ruisseau d’un mètre cinquante de large tout au plus. Il s’agit du Rec de Ribals. Sur la droite, la piste aperçue depuis le Mauroux est là à 50 mètres. Il suffit de la rejoindre. Une intersection se présente avec des panonceaux indicatifs : vers la droite, le refuge de Llobins et les Airelles et grâce à mon bout de carte et par déduction, j’en conclus qu’il faut partir vers la gauche pour faire la jonction avec  l’itinéraire pris à l’aller. En mon for intérieur, je suis assez satisfait car je n’aurais pas imaginé cette boucle « aventureuse » aussi simple et surtout si praticable, mais à bien y réfléchir, je suppose que la saison estivale et la sécheresse qui prévalent facilitent-elles les choses ? Nous ne sommes qu’au tout début de septembre et les mouillères sont encore très asséchées.  Peut-être faudra-t-il être plus prudent en période pluvieuse ? La suite et la fin de cette balade ne sont que la copie conforme du chemin pris à l’aller. Quelques oiseaux craintifs, de rares papillons toujours les mêmes ; essentiellement des Moirés ; des animaux à l’estive et comme seule originalité par rapport à l’aller, une truite juvénile dans le trou d’eau d’un ruisseau occupent mon retour. Dany, elle, ne m’a pas attendu et dès la piste retrouvée, elle a repris allégrement son rythme coutumier un peu speed. Un réflexe chez elle dont je ne sais s’il est « de Moro » ou pas. En tous cas, avec elle, je constate que « moro » rime avec « allegro ». Telle qu’expliquée ici, cette randonnée a été longue de 11 km. Les montées cumulées de 420 mètres. De l’endroit où nous avons démarré, la déclivité est modeste. Je le précise car je sais que d’autres balades vers le pic des Mauroux démarrent de Targassonne ou d’Egat et bien évidemment le dénivelé sera plus conséquent. Carte I.G.N 2249 ET Font-Romeu – Capcir Top 25.

 

Maures, Moros, Mauroux : De nos jours, le mot "Maures" définit  « un ensemble de populations du Sahara occidental » (Encyclopédie Universalis). En France, ce toponyme est ancien et plutôt courant même s’il n’est apparu que très tard dans les textes, au 10eme siècle semble-t-il. Il a sans doute comme origine le latin « mauri » et le grec « moros » signifiant « noir ». Parfois, le terme de « sarrasins » ou « sarrazins » est également employé et c’est celui que l’on retrouve un peu plus tôt dans les textes du Moyen-Âge. Si j’en crois les historiens, la forte évocation du terme « moro » en France serait consécutive à la présence d’envahisseurs arabo-musulmans à partir du début du 8eme siècle alors que venant du Nord-Est, les Germains ont eux aussi et au même moment des convoitises sur le pays des Gaules.  A vrai dire, les populations que l’on définit comme « maures » aujourd’hui n’ont que peu de rapport avec les envahisseurs qui déferlèrent à l’époque, d’abord sur la Gaule puis sur le royaume devenu celui des Francs. Ils étaient principalement originaires d’une vaste partie nord de l’Afrique mais également du Moyen-Orient et de la Turquie selon les époques. Ils se sont installés en Espagne mais ont toujours essayé d’étendre leur domaine plus au nord et notamment en Gaule où leurs razzias sont tristement gravées dans les mémoires.  Les deux peuples guerroyèrent et si les Maures sont restés dans l’Histoire et dans la géographie, c’est d’abord grâce aux Francs qui n’eurent de cesse de les chasser hors de leurs royaumes : par Charles Martel (732)Pépin le Bref (759) et Charlemagne (778).  En réalité, deux religions, deux civilisations s’affrontaient : les arabo-musulmans d’un côté, les chrétiens de l’autre. Ces Maures, on les retrouvent par exemple sur les drapeaux de la Corse et de la Sardaigne et quand on sait que ces têtes de Maures sont en réalité des têtes coupées et donc des « têtes de morts », on imagine aisément les rivalités et les haines que ces conflits ont engendrées un peu partout. Les légendes et notamment celles autour du célèbre Roland de Roncevaux (778) combattant sans relâche les Maures sont venues rajouter à cette popularité.  Dans son livre « Lieux et légendes du Roussillon et des Pyrénées Catalanes », l’archéologue Jean Abelanet consacre un chapitre entier à ces légendes, aux Maures et aux différents toponymes régionaux autour de ces derniers. Voilà ce qu’il écrit du Pic des Mauroux : « A Font-Romeu, un puig dels Moros dominant Targasona porte un pseudo-dolmen, simple effet de chaos granitique ; par contre, au nord, sur le plateau, on remarque une longue enceinte rectangulaire en pierre sèche (enclos de berger ?), incluant un possible dolmen éboulé ».  Le nom « Mauroux », lui,  serait une francisation du mot occitan « mauro » mis au pluriel et d’ailleurs, on trouve des noms de communes portant ce nom dans le Gers, le Lot ainsi qu’un hameau en Tarn et Garonne. Les étymologies du nom « maure » ont été très détaillées par l’anthropologue Adolphe Bloch et vous pouvez en prendre connaissance en cliquant sur ce lien suivant : http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1903_num_4_1_7671

 

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