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Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 : Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

Publié le par gibirando

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

 

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)Vendredi 5 août 2005 : 5eme étape de 13 kms.

Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson arrive à Cassagnas : "Je me rapprochais maintenant de Cassagnas, un brelan de toits noirs au versant de la montagne dans cette sauvage vallée, parmi les plantations de châtaigniers , les yeux levés dans l'air clair vers d'innombrables pics rocheux".

Quand je m'éveillai, Dany me regardait. Bonjour la mongolienne ! Tu as bien dormi ? Lui dis-je. Dans la tente, tout le monde éclata de rire. Le " groupe des profs " semblait réveillé et cette courte plaisanterie détendit immédiatement l'atmosphère. Les ronflements avaient été modérés, la nuit douce et tranquille et chacun semblait de bonne humeur.

A tour de rôle, nous partîmes sous la douche puis nous rangeâmes nos affaires avant d'aller prendre le petit déjeuner. Ces préparatifs nous accaparèrent plus d'une heure et après avoir quitté nos bagages à l'entrée de l'hôtel-restaurant, l'horloge du bar indique 8h15 quand nous quittons l'Espace Stevenson. En définitive, la seule note négative, mais elle est de taille, est l'obligation de partir sans provisions pour le pique-nique de midi à cause du prix prohibitif pratiqué pour un panier-repas. Pour ne pas partir les mains vides, car sur la route, il n'y aura aucun hameau où se ravitailler, nous sommes contraints de chiper les quelques bouts de pain qui subsistent sur les tables des petits déjeuners.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

A Plan de Fontmort, devant la stèle érigée en hommage aux Camisards.

Les groupes " Les Amis de la Nature ", " les Profs " plus quelques marcheurs isolés, nous sommes plus d'une vingtaine de randonneurs a démarré simultanément.

Nous traversons un pont où la Mimente s'élargit et forme comme un étang. A ce carrefour, les groupes se disloquent, certains partent sur d'autres sentiers vers d'autres horizons. Nos compagnons de voyage continuent le GR.70 qui s'enfonce immédiatement dans un sombre bois de feuillus parsemés de quelques résineux. Comme à notre habitude, nous fermons la marche, à la recherche perpétuelle d'un peu de solitude et de quiétude. Ici, commence la splendide forêt domaniale de Fontmort en plein centre du Parc National des Cévennes.

Malheureusement situé hors du GR.70, nous ne verrons jamais le village de Cassagnas, haut lieu du protestantisme et dont les cavernes toutes proches servirent d'arsenaux aux Camisards. Fait rarissime en France pour être signalé, cette commune possède un temple protestant mais aucune église catholique.

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Le " chemin royal " suit la ligne de crête et domine les Cévennes.

Après les falaises de schiste rouge des gorges de la Mimente, ici le sentier est constitué de pierres plates luisantes d'un aspect feuilleté et souvent fissuré. Tantôt argentées, tantôt dorées ou bien noires, les couleurs de ces lauzes varient au gré de leur composition chimique. Le soleil qui brille en cette splendide journée projette ses rayons ardents sur ces pierres étincelantes. Dans la légère montée, les bois de châtaigniers, de chênes, de hêtres et de bouleaux laissent peu à peu la place aux coniféres. De cette canicule torride s'exhale un mélange de parfums de résine, de cistes et de lichens.

Juste avant d'atteindre l'intersection des GR.7 et 67, nous rattrapons le " groupe des profs ". Comme les " moutons de Panurge " et sans y prendre garde, nous les suivons dans leur erreur de parcours. Quelques minutes plus tard, nous voilà au beau milieu du carrefour du Plan de Fontmort devant l'imposant obélisque dédié en 1887 aux martyrs de la guerre des camisards.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

Plaque commémorative sur la stèle de Plan de Fontmort.

Ici même, plusieurs combats opposèrent les troupes du roi à la bande de Pierre Séguier. Esprit Séguier, comme chacun l'appelait en raison de ses dons de prophétie, fut capturé ici même le 28 juillet 1702. Il fut le premier camisard jugé et condamné pour l'assassinat de l'abbé du Chayla, archiprêtre des Cévennes. Sa vie de chef d'une bande fut éphémère car il fut brûlé à Pont-de-Montvert le 12 août 1702.

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 Sur cette portion du chemin, la présence de l'homme est séculaire !

 Même si je ne regrette pas cette découverte du Plan de Fontmort, haut lieu de la guerre camisarde, je comprends vite notre erreur en regardant le topo-guide. Sur mes conseils, tout le monde fait demi-tour et nous repartons sur le GR.70.

 Ce sentier suit " un chemin royal " construit après la révocation de l'Edit de Nantes par Basville, intendant du roi. Ce chemin de crête qui évitait tout hameau avait été creusé dans le schiste pour mieux surveiller et combattre les exaltés et remuants Camisards. L'aménagement de cette route permettait de faire circuler plus aisément les troupes du roi avec leur matériel.

 Ce sentier que Stevenson emprunta de nuit est resté identique depuis la fin du XVIIeme siècle. Convenablement entretenus, les soubassements du chemin constitués d'amoncellements de lauzes plates sont restés intacts. Des vététistes aux cavaliers en passant par les randonneurs, tous les amateurs de nature prennent plaisir à l'emprunter. Il faut dire que le spectacle sur les splendides et vallonnées Cévennes est saisissant. De cet endroit plus qu'ailleurs, et sous un ciel bleu immaculé, l'impression de cet enchevêtrement de montagnes à perte de vue est remarquable. Les serrats et les valats, comme on dit ici, forment d'immenses et immobiles vagues vertes et bleues dans un océan de nature.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

 De ce chemin royal, le panorama sur les Cévennes est un vrai spectacle.

10h30, nous retrouvons les " profs ", qui avaient pris un peu d'avance, occupés à une collation. De cet endroit, à plus de 1000 mètres d'altitude, le panorama est superbe. La présence d'un gros menhir de quartz blanc et d'une ancestrale sépulture formée par quatre plaques de schistes retient l'attention et atteste de la présence de l'homme dans ces montagnes depuis des temps immémoriaux. Nous stoppons devant ce paysage pour quelques photos et grignotons fruits secs, biscuits et barres de céréales accompagnés d'un thé brûlant.

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 A pied, à cheval, à dos d'âne, les randonneurs sont nombreux sur le GR.70.

Sous un agréable soleil, nous continuons cette sente qui évite le Mont Mars (1.162m), puis redescend à travers quelques sous-bois en direction des vestiges gallo-romains de Saint-Clément puis jusqu'au Col de la Pierre Plantée.

Vestiges antiques, menhirs et sépultures mégalithiques, les histoires vraies et les fables s'entremêlent dans ces Cévennes, à la fois terres d'invasions et terres d'asiles. Ces histoires s'entrelacent comme les montagnes, les vallons et les ruisseaux dont elles sont issues et laissent derrière elles, des lieux aux noms étranges.

Comme dans ce conte extraordinaire, entre mythe de Sisyphe et Chemin de Croix, de la légende de la " Vieille Morte ":

C'est l'histoire d'une vieille fille qui avait pêché et qu'une méchante fée avait condamné à errer dans le pays toute sa vie. Accompagnée de son enfant, d'un chien et d'un âne (déjà !), elle devait porter une grande pierre sur son dos. Ereinté par ce voyage, rapidement l'enfant mourut et sa mère l'enterra au Plan de Fontmort (efont mort, enfant mort), puis se fut au tour du chien dont elle laissa le cadavre dans la Fosse du Chien (Lo Cros del Chin). Puis lors d'un terrible orage, la femme s'abrita à " Escota se Plou " (Ecoute s'il pleut) mais l'âne fut emporté par le Gardon en crue au lieu-dit Négase (Noie-âne). Lasse de tant de souffrances, la pauvre femme s'endormit au lieu-dit " Mordeson " (Morte de sommeil) puis elle entama une ultime ascension et planta sa pierre devenue trop lourde. Elle finit par mourir d'épuisement sur la cime d'une montagne que l'on appelle désormais " la Vieille Morte ".

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

 Sur l'agréable chemin de schistes en direction de la Pierre Plantée.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

Toujours ces inextricables montagnes bleues évoquées par Stevenson !

 Il est 12h30, Dany et moi, nous ne voulons pas mourir d'épuisement. Partis sans panier-repas de l'Espace Stevenson où les prix d'un sandwich, d'une pomme et d'un śuf dur avaient soudainement flambés, nous languissons d'arriver " Au Petit Calbertois ".

A cause de nos estomacs qui crient famine, nous ne flânons plus et amorçons une rapide descente vers " Lou Serre de la Can " où se trouve le terme de cette étape " Au Petit Calbertois ". De la Pierre Plantée jusqu'à l'hôtel, le GR.70 emprunte une large piste forestière qui domine la Vallée Longue.

Puis le GR.70 quitte cette piste et continue tout en descente sur un étroit sentier en direction de Saint-Germain de Calberte.

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 Au col de la Pierre Plantée, puis au bord de la piscine du Petit Calbertois.

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 Au " Petit Calbertois ", le manège équestre et l'hôtel

Rapidement, nous longeons un village de vacances et un complexe hôtelier sans nous rendre vraiment compte que nous sommes arrivés !

Cours de tennis, aires de jeux, manège équestre, chevaux et poneys, piscine, petits bungalows surplombant la vallée des Basses Cévennes, le " Petit Calbertois " est un lieu privilégié pour les amoureux des loisirs de plein air ou du farniente.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

Dans le tronc d'un châtaignier, arbre emblématique des Cévennes.

Nous retrouvons nos bagages et intégrons une jolie chambre avec vue sur les montagnes et la vallée. Une douche rapide et à toute vitesse, nous descendons au bar pour un énorme jambon-beurre agrémenté de lamelles de gruyère et de cornichons. 14h30, ouf, il était temps de déjeuner ! Pour manger nos sandwichs, nous rejoignons le " groupe des profs " sur la vaste terrasse ensoleillée où des bières très fraîches nous attendent déjà.

Dans ce cadre idyllique et reposant, l'après-midi passe vite. Piscine, bain de soleil, visite du domaine et photos, lecture et apéro, l'heure du souper est déjà là et nous retrouvons les " profs " dans la vaste et belle salle du restaurant où trône une immense cheminée. Salade de chèvre chaud, truite aux amandes et tourtières aux pommes viennent clore cette vagabonde journée en Cévennes d'agréable façon.

La marche a du bon, beaucoup de bon et pas uniquement sur les chemins !

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

 L'étape de Cassagnas à Saint-Germain de Calberte, Stevenson et Modestine l'avaient parcourue la nuit, leurs ombres planent encore sur ces collines !

(Montage personnel à partir d'une photo réalisée de nuit depuis la fenêtre de notre chambre au Petit Calbertois)

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

  En cliquant sur la carte, vous passez à l'étape suivante.

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Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Publié le par gibirando

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)Jeudi 4 août 2005 : 4eme étape de 16 kms.

Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson découvre Florac : "Sur un affluent du Tarn est situé Florac, siège d'une sous-préfecture, qui possède un vieux château-fort et des boulevards de platanes, maints quartiers anciens et une source vive qui jaillit de la falaise. Cette ville est renommée, en outre, par ses jolies femmes et comme l'une des deux capitales, l'autre étant Alais (Alès), du pays des Camisards."

Une route neuve conduit de Florac à Cassagnas. C'est la Route Nationale 106 que j'observe sur ma carte IGN pendant que Dany finit de se préparer dans la salle de bains. Cette route suit sensiblement et de manière parallèle le GR.70 que nous allons emprunter et le cours de la rivière Mimente. L'étape d'aujourd'hui me parait donc d'une grande simplicité et sans réelles difficultés. Il n'y a pas de gros dénivelés, ni de complications dans le tracé.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Sous les fameux platanes de Florac évoqués par Stevenson dans son livre.

La route qui va de Pont-de-Montvert à Florac puis à Cassagnas n'est pas quant on regarde la carte, le chemin le plus simple ni le plus court pour rejoindre Saint-Jean du Gard. Stevenson avait négligé la Corniche des Cévennes (de Saint-Laurent de Trèves à Saint-Roman de Tousque) ainsi que la Draille en direction de Saint-Jean du Gard, car il souhaitait découvrir les villages significatifs de la Guerre des Camisards. Pont-de-Monvert de " sinistre mémoire ", comme il disait, Florac, " une des capitales du pays des Camisards " et Cassagnas qui avait abrité l'un des arsenaux des célèbres combattants.

Comme le précise le topo-guide, Stevenson avait donc décidé de suivre l'itinéraire de son livre de chevet " Les Pasteurs du Désert " de Napoléon Peyrat. En effet, ce récit évoquait la Guerre des Camisards de façon romantique et Stevenson, qui l'appréciait énormément, voulait s'en imprégner pour mieux appréhender ce qui s'était passé en 1702. Bien entendu, il tentait de rapprocher cette guerre de celle similaire des Covenanters (*) d'Ecosse qui avait hanté ses nuits d'enfant lorsque à cette époque, sa nourrice Cummy lui racontait ces macabres et sanguinaires histoires.

C'est donc cette illustre et pittoresque chemin que nous allons suivre aujourd'hui sur 16 kilomètres. Nous ne sommes pas vraiment pressés, pas d'obstacles à franchir et une distance plutôt courte qui va nous permettre de flâner et de récupérer de la fatigue d'hier.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Dany devant l'hôtel Archibald à Florac.

Dès le petit déjeuner terminé, il est 8 heures quand nous quittons l'hôtel Archibald et partons faire quelques emplettes pour le repas de midi.

La cité de Florac est déjà animée et le marché bat son plein. Les marchants ambulants ont installés leurs étals et nous en profitons pour acheter des tomates et quelques fruits de saison.

(*)Presbytériens écossais qui se soulevèrent au XVIIeme siècle pour s'opposer à l'introduction de l'anglicanisme en Ecosse.

Puis pour changer l'ordinaire, Dany se met en quête d'acheter un poulet rôti. Dans les boucheries et les charcuteries, les rôtissoires tournent déjà, mais depuis trop peu de temps et les poulets ne sont pas encore cuits. Pendant que Dany cherche d'autres mets chez les commerçants, je m'assoie sur un banc à l'ombre des grands platanes et je regarde les passants. Surtout les passantes car Stevenson avait raison ; les femmes de Florac sont outrageusement belles !

Dany revient, je sors de mes songes ! Elle me dit avoir remplacé le poulet par des tranches de rôti de porc et de pâté en croûte. Nous sommes fin prêts pour une nouvelle journée de marche qui s'annonce chaude et ensoleillée.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Le pont de Barre, le Rocher de Rochefort et le château de Montvaillant.

Nous démarrons par la visite de plusieurs vieilles ruelles puis parcourons la D.907 jusqu'à rejoindre à nouveau le Tarnon en direction de Meyrueis. Nous sortons de la ville avec sur notre droite les hautes falaises dentellées du Rocher de Rochefort, contrefort dolomitique du Causse Méjean. Nous franchissons le Tarnon par le Pont de la Barre, joli pont de pierre à moitié envahi par du lierre.

La sente grimpe dans des sous-bois puis aboutie sur une route goudronnée. Peu de temps après, nous quittons le bitume et le GR.70 continue en dominant la vallée de la Mimente. La marche est agréable car nous avons à la fois une perception plongeante sur le vallon et, vers le haut, une vision inversée des crêtes parcourues hier vers le Col du Sapet. Dans la vallée, nous apercevons la rivière avec quelques sites intéressants comme le Château de Montvaillant et le village de La Salle Prunet. Tantôt en sous bois, tantôt à découvert, le chemin continue de gravir, avec quelques sinuosités, un faible dénivelé qui permet de découvrir en douceur ce beau panorama sous des angles différents.

Vers 10h30, et après avoir contourner un court ravin, nous retrouvons le bitume et tombons sur un étrange véhicule rouillé par le temps, entre le tout terrain agricole et le 4x4 militaire. A cet endroit, il y un promontoire rocheux avec une vue superbe sur la vallée et les paysages alentours. Nous profitons de cet arrêt inopiné pour manger une barre de céréales et des brugnons, et prendre des photos. Puis le GR.70 continue sur le goudron en direction du lieu-dit Ventajols. Après une courte montée, nous retrouvons là un agréable sentier d'abord en sous-bois puis bien à découvert avec toujours ces merveilleux panoramas sur les monts environnants. La sente domine quelques ravins étroits et quelques collines aux pitons acérés en surplomb de la Mimente. Au loin, la vue porte sur la ligne de crêtes de la Montagne du Bougès empruntée hier. Un couple de randonneurs, marchant à une allure soutenue, nous dépasse et nous laisse sur place avec une facilité déconcertante. Nous ne comprenons pas cette façon de " speeder ", d'autant que nous les retrouverons ce soir à notre arrivée à l'Espace Stevenson de Cassagnas.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Sur le GR.70, un surprenant tout terrain rouillé par le temps.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

D'un promontoire rocheux, nous apercevons la ligne de crêtes empruntée hier.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Le GR.70 suit les méandres de la Mimente.

11h30, nous arrivons au village de Balazuègnes. Tout en bas, dans un méandre de la Mimente, nous apercevons Saint-Julien d'Arpaon dans son cadre de verdure avec son château en ruines. Pour la pause déjeuner, nous hésitons entre les deux villages. Personnellement, je préfère descendre vers Saint-Julien d'Arpaon, en raison de l'heure précoce et de la possibilité de pique-niquer au bord de la rivière. Malgré un peu de fatigue, Dany se rallie à mes arguments et nous entamons sans attendre une longue descente en direction du fonds de la vallée.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 Du hameau de Balazuégnes, on aperçoit Saint-Julien d'Arpaon.

Nous descendons rapidement sur l'asphalte de la route qui, par endroit, commence à fondre sous nos pieds. Le soleil est haut, il faut très chaud et nous languissons de tremper nos pieds échauffés dans la fraîche Mimente. Arrivés en bas, les accès à la rivière sont difficiles et nous obligent à faire quelques centaines de mètres supplémentaires. Nous enjambons le pont reliant la N.106 à la D.20 (décidemment !) et entrons dans Saint-Julien d'Arpaon. Là, à proximité d'un camping ombragé, les rives de la rivière sont plus accessibles. Sans attendre, nous dévalons un court talus gazonné et arrivons sur la berge. Il y a peu d'eau mais suffisamment pour faire quelques brasses au milieu de petits poissons et de cousins qui, à ma vue, s'enfuient rapidement vers des lieux moins agités. Dany, comme à son habitude, se contente d'un simple bain de pieds rafraîchissant puis d'un bain de soleil réconfortant, tout en engloutissant son déjeuner. Je la rejoins car il est midi passé et le bain m'a ouvert l'appétit. En plus, je ne suis pas très rassuré, car Dany dit avoir aperçu un serpent au milieu des algues vertes.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 A Saint-Julien d'Arpaon, un bain rafraîchissant dans la rivière Mimente.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Notre bain dans la Mimente dérange les serpents. Sans doute une couleuvre vipérine (Natrix maura).

Voilà le genre de moment que nous recherchons et que nous apprécions en randonnée ! Un petit coin ensoleillé ou ombragé, au choix selon notre humeur et notre envie, propice à un pique-nique fait de produits simples du terroir, près d'un minuscule village tranquille et silencieux, au milieu duquel coule une paisible rivière. Un petit coin où le temps semble s'arrêter et qui incite à la paresse. On a beaucoup de mal à quitter un lieu si reposant et pourtant, quand on connaît un peu l'histoire, si imprégné de " cette guerre des Camisards pleine de bruit et de fureur (1) " et les berges de cette rivière Mimente qui les jours d'orage " roules des eaux couleur de sang (2) "

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 Le GR.70 emprunte l'ancienne voie ferrée construite au début du siècle.

(1)Extrait du topo-guide " GR.70 Le Chemin de Stevenson ". Le village de Saint-Julien d'Arpaon et sa proche région furent des lieux propices à l'inspiration et à l'évocation culturelle des Camisards : plusieurs romans y déroulent leur histoire comme l'Epervier de Maheux (prix Goncourt 1972) de Jean Carrière, le Cheval d'Orgueil d'Augustine Rouvière où Les Feux de la Colère de Mas Olivier Lacamp. René Allio viendra y tourner son très beau film " Les Camisards ".

(2)Extrait du roman " Les pasteurs du Désert " de Napoléon Peyrat. Le pasteur Peyrat était venu à Florac en 1837 et avait remonté la Mimente et l'un de ses affluents jusqu'au sommet du Bougès pour mieux appréhender la région qui devait servir de décor pour l'écriture de son roman.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Le GR.70 longe la rive droite de la Mimente dans un décor splendide.

Une heure et demi plus tard et malgré l'envie de poursuivre cette cure de paresse, nous retrouvons le GR.70 qui longe la rive droite de la Mimente dans un décor splendide, plein de verdure, entre les falaises schisteuses et les gorges étroites. Etrangement, le bon sentier est parsemé de plusieurs ouvrages d'art et de quelques tunnels qui rappellent une ligne ferroviaire. Je m'arrête pour lire le topo-guide que je n'ai pas pris le temps de parcourir hier soir à cause de la fatigue et constate qu'effectivement une voie ferrée a fonctionné jusqu'en 1968. La construction destinée à relier Florac à la ligne Nîmes-Paris dura de 1906 à 1909 et occupa des centaines d'hommes. Le projet fût interrompu par la guerre de 14-18 et la ligne connue ensuite ses heures de gloire en transportant les premiers vacanciers des congés payés, des paysans et des mineurs, ainsi que les principales matières premières régionales (minerais et bois). Aujourd'hui, dans la sérénité qui nous entoure, comment imaginer les éclats de voix de ces hommes qui taillèrent cette ligne dans les rochers de la falaise, les détonations des explosifs pour se frayer un difficile chemin, les claquements des pierres que l'on concassait pour constituer le ballast, le bruit métallique assourdissant des locomotives et des wagons qui roulaient sur des rails désormais disparus ? Que reste-t-il de ce travail extraordinaire et colossal? Un simple sentier pour randonneurs ? En méditant sur l'éphémère de cette œuvre titanesque, j'avoue avoir un peu honte de profiter ainsi de la sueur et du sang versé dans un but aussi puéril qu'une randonnée pédestre. Des hommes ont-ils tant soufferts pour le plaisir d'autres hommes ? Est-ce vraiment cela le dessein du progrès ?

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 Sur le chemin, ouvrages d'art, modernes et anciens se côtoient.

Les ouvrages d'art, les tunnels, les ponts de pierre sont intacts comme au premier jour, les gares merveilleusement entretenues et restaurées ! Voilà, ce que ce doit faire le randonneur en pareille circonstance pour rendre justice à tous ces hommes : Etre respectueux et admiratif pour le formidable et impeccable travail de ses créateurs dont les ouvrages défieront le temps si nous restons attentifs!

Vers 15 heures, la chaleur aidant, nous improvisons un nouvel arrêt au bord de la Mimente. Cette fois, c'est dans l'eau vive et limpide mais très fraîche des gorges que je me jette pendant que Dany fait trempette. Un bain à la fois apaisant pour nos jambes et tonique pour notre organisme. Un café et quelques biscuits et nous voilà revigorés pour terminer cette étape !

Il est 16 heures quand nous entrons dans le camping de l'Espace Stevenson. L'endroit est calme et ne semble pas très fréquenté. Seuls quelques estivants sont occupés à une partie de pétanque. Nous croisons deux yourtes et savons déjà que l'une d'entre-elles nous servira de gîte, ce soir. Nous partons vers l'hôtel-restaurant, en fait, il s'agit de l'ancienne gare de Cassagnas qui a été transformée.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

A Cassagnas, la yourte de l'Espace Stevenson où nous dormirons.

Renseignements pris auprès de l'hôtelier, dans la yourte, nous pouvons choisir notre couchage et nous installer où nous voulons. En effet, nous serons huit car c'est le nombre de lits de camp dont disposent chacune d'entre-elles. A la terrasse, de nombreux vacanciers sont attablés à déguster quelques boissons fraîches et toute la population du camping semble réunie ici. Nous récupérons nos sacs qui jonchent parmi tant d'autres devant l'entrée du bar et partons rejoindre notre tente mongole. La première est déjà entièrement occupée mais la seconde semble vide. A l'intérieur, il règne une chaleur suffocante et nous réfléchissons pour savoir quel couchage sera le plus confortable et le plus commode. Dany préfère près de l'entrée à cause de la chaleur et moi plutôt vers le fond de la yourte car j'appréhende les va-et-vient qui risquent de se produire à proximité de la porte. Je tente en vain de la convaincre en lui disant qu'il fera certainement moins chaud cette nuit et qu'il est inutile de chercher d'ores et déjà un peu de fraîcheur. Rien n'y fait ! En désespoir de cause, les huit lits étant disposés de manière circulaire, j'opte pour le deuxième lit à gauche de l'entrée. Dany prend le premier. Au moment où je m'assois sur le lit de camp, j'entends un terrible craquement et je me retrouve le cul dans le trou formé par les lattes du sommier qui se sont brisées comme des allumettes. Je me relève et constate que six à sept lattes sont brisées en deux et ont cédées sous mes 95 kilos ! Je pars m'installer sur le deuxième lit de droite et malgré la prudence avec laquelle je me couche, là aussi, deux lattes cèdent à nouveau sous mon poids.

Je n'ose plus m'asseoir de peur de casser tous les lits, mais le troisième sera le bon.

Il y a quelques couvertures et oreillers mais pas de draps. Nous repartons en chercher, mais honteux d'avoir casser deux sommiers, nous nous gardons bien de mentionner ce " carnage ". Au bout d'une heure, nous voilà bien installés dans notre jolie yourte au plafond entièrement décorée. Les douches et les toilettes jouxtent notre tente, ce qui s'avérera bien pratique.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Sur la terrasse ombragée de l'hôtel-restaurant de l'Espace Stevenson à Cassagnas.

Le village de Cassagnas se trouve encore à plusieurs kilomètres et avec notre mal aux jambes, il n'est pas question de partir le visiter. Nous optons pour une boisson fraîche sur la terrasse ombragée de l'hôtel-restaurant. Les nombreux randonneurs, estivants et vacanciers qui l'occupaient à notre arrivée se sont volatilisés on ne sait trop où, et nous apprécions ce moment de détente et de tranquillité.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 Réunis sur cette photo prise dans la yourte de l'Espace Stevenson.

Le " groupe des profs " arrive et comme nous, chacun s'inquiète de l'abri qu'il va occuper ce soir. Josée, habituellement la femme la plus sympathique du groupe se met dans une colère noire quant elle apprend qu'elle va être dans l'obligation de partager la yourte avec sept autres personnes. Véritablement furieuse après l'organisatrice de son voyage, elle s'en prend à la " pauvre " serveuse du bar qui ne comprend pas très bien l'objet de ce courroux contre elle.

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 Dans la yourte, avec le " groupe des profs ", une promiscuité bien sympathique.

Peu à peu, encouragée pas ses collègues de voyage, Josée se calme et retrouve peu à peu sa sérénité. Les profs ne semblent pas trop contrariés d'apprendre qu'ils vont partager avec nous ce modeste chapiteau de toile. Nous les accompagnons dans leur installation, tout en leur conseillant de réclamer quelques lattes de sommier pour remplacer celles cassées.

Après une réconfortante douche, nous partons en groupe vers le restaurant de l'Espace Stevenson. C''est dans un climat amical et de franche bonne humeur que se termine cette journée de marche, d'abord au restaurant autour d'une succulente daube puis dans la yourte où chacun jure aux autres qu'il ne ronfle jamais ! Les sprays, les sirops " nuit tranquille ", rien n'y fera, tout le monde entendra " cette monocorde musique de chambre " qu'on appelle le ronflement. Mais je suppose que les Mongols ronflent aussi dans leur yourte !

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 

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Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

Publié le par gibirando

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

 

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)Mercredi 3 août 2005 : 3eme étape de 28 kms.

Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson arrive à Pont-de-Montvert : Il me serait difficile d'exprimer par quelles particularités Pont-de-Montvert se distingue du Monastier ou de Langogne, voire du Bleymard. Mais la différence existait et parlait éloquemment aux yeux. La localité, avec ses maisons, ses sentiers, son lit de rivière éblouissant porte un cachet méridional indéfinissable.

Une des premières choses rencontrées à Pont-de-Monvert, si je me souviens bien, fut un attelage tiré par un petit âne gris que menait un groupe d'adolescents. Un petit baudet au doux regard, lequel sous le poids de son harnachement, semblait peiner dans cette ruelle escarpée.

Etonnamment, en quittant le village ce mercredi 3 août, la dernière créature vivante que nous rencontrons, c'est aussi un petit âne, tranquille dans son enclos, indifférent aux brouhahas lointains de la cité et qui semble dormir debout. Il ouvre les yeux uniquement pour prendre les morceaux de sucre et de pain que nous lui tendons. En guise de remerciements, il vient vers nous, semble accepter nos caresses et fait mine de poser pour une photographie. Avec son enclos situé à même le GR.70, il doit être blasé et peut-être même fatigué de voir tous ces badauds lui tourner autour en permanence. Lorsque nous le quittons, il reprend instantanément sa position à l'ombre des frênes!

Pont-de-Montvert se trouve à la confluence de trois cours d'eau qui prennent leurs sources dans les montagnes environnantes. Le Tarn et le Rieumalet sur les contreforts méridionaux du Mont-Lozère et le Martinet sur le versant nord de la forêt domaniale de Bougès. En réalité, et comme son nom l'indique, la localité est surtout coupée en deux par le Tarn et reliée par un pont entre deux monts verts.

Ce mercredi 3 août, en quittant l'hôtel " Aux Sources du Tarn ", je remarque un étonnant contraste entre les rives Nord et Sud de la ville. Il n'est pas encore huit heures et pourtant, comme hier soir déjà, le côté Nord est vivant, bruyant, presque désagréable. Il y règne une activité remuante. Les rues sont embouteillées, les forains installent leurs tréteaux, les terrasses sont déjà bien garnies d'estivants prenant leurs petits déjeuners ou leurs cafés. Puis en traversant le célèbre pont Rouméjon avec sa tour carré de l'horloge (*), les bruits s'amenuisent et le silence, que nous aimons tant en randonnée, reprend peu à peu sa place. La berge sud, où redémarre le GR.70 est plus discrète.

(*) C'est à cet endroit que l'abbé du Chayla, un prêtre catholique cruel, périt sous les coups de sabre du prophète Esprit Séguier le 24 juillet 1702. Ainsi, commença la célèbre guerre dite des " Camisards ".

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

En quittant Pont-de-Monvert, à l'ombre des frênes, un petit âne docile.

Les pique-niques pour midi sont déjà dans nos sacs à dos, mais avant de quitter définitivement le village, nous voulons absolument goûter aux gâteaux cévenols de la Boulangerie du Pont. Pas de détour à faire, les fameux gâteaux maison à base de châtaignes nous attendent car la pâtisserie est sur le chemin !

Nous quittons l'enclos de notre " Modestine " et grimpons le sinueux mais agréable sentier qui s'élève vers la Cham de l'Hermet. Chaque coude du chemin, chaque point de vue est prétexte à une belle photo.

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En montant vers la Cham de l'Hermet, belles vues aériennes sur Pont-de-Montvert

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

Splendide panorama sur Pont-de-Montvert.

La pente s'accentue, mais la vision que nous avons du panorama est si agréable que sans vraiment faire d'efforts et sans s'en rendre compte, le village s'éloigne. De ce balcon naturel, nous avons de Pont-de-Montvert une paisible vision aérienne. En regardant ces merveilleux paysages, ces superbes montagnes, j'ai du mal à imaginer que ce petit bourg recroquevillé au fond du vallon fut le détonateur et le théâtre d'atrocités devenues célèbres sous le nom de " Guerre des Camisards (*) ". De cette " Guerre des Cévennes ", Stevenson écrivit : "C'est dans ce labyrinthe indéchiffrable de collines qu'une guerre de bandits, une guerre de bêtes féroces fit rage pendant deux ans entre le Roi Soleil avec toutes ses troupes et ses maréchaux d'un côté, et quelques protestants montagnards de l'autre ".

(*) Louis XIV, par absolutisme royal et volonté d'unité politique et religieuse va supprimer la liberté de culte aux Protestants en révoquant en 1685 l'Edit de Nantes qu'avait signé Henri IV en 1598 et qui avait apporté la paix religieuse en France après les Guerres de Religion. Peu à peu, la loi prive les protestants de toute liberté religieuse mais aussi civile et professionnelle. Par la violence, la répression et la ruine, le roi obtient des abjurations de masse.

En Octobre 1685, l'Edit de Fontainebleau interdit le culte protestant et détaille les totalitaires sanctions d'un éventuel retour à l'ancienne doctrine.

Les persécutions se font plus tyranniques et plus violentes, les temples sont rasés, les pasteurs envoyés aux galères, les frontières sont fermées pour éviter l'hémorragie démographique que les châtiments suscitent, les enfants doivent obligatoirement être éduqués dans la religion catholique.

Mais la résistance s'organise parmi les protestants qui n'ont pas choisi l'exil dans les pays du "Refuge" (Angleterre, Suisse, Allemagne, Hollande, ...). Les Cévennes deviennent le théâtre de la Guerre des Camisards. De 1702 à 1704, elle oppose quelques 3.000 protestants, les Camisards, à environ 30.000 soldats du roi. Les principaux chefs (Esprit Séguier, Gédéon Laporte, Salomon Couderc, Jean Cavalier, Abraham Mazel ) sont tués ou arrêtés sans que fléchissent l'intolérance et la répression du roi.

Les survivants se réunissent "Au Désert", et continuent de célébrer le culte interdit dans des grottes et ou bien cachés dans des forêts. Ainsi, ces hommes, devenus des clandestins, au sein même de leur pays, par la force de leur croyance, feront fonctionner pendant plus d'un siècle, une " église de l'ombre ". Il faudra attendre 1787 et l'Edit de Tolérance pour que cesse les persécutions et la Révolution Française (1789) pour que soient proclamés la liberté de conscience et le libre exercice du culte.

Faut-il que ces quelques protestants aient été opprimés, persécutés puis " prophétisés " pour en arriver à cette riposte d'une sauvagerie extrême.

Il m'est très difficile de comprendre qu'on puisse s'entretuer pour une idéologie religieuse qui dicte le plus souvent d'aimer son prochain. Pourtant, j'admets avec raison que ces hommes défendaient avant tout une liberté : celle de croire dans la différence.

En la circonstance, ces " camisards " avaient appliqué avant l'heure l'idée du non-violent Gandhi qui disait : " entre la violence et la non-violence, je choisis la non-violence mais s'il ne reste le choix qu'entre la violence et la lâcheté, je préfère la violence ! "

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 Dernière vue de Pont-de-Montvert et arrivée au Cham de l'Hermet.

Est-ce un dieu ou le fruit hasardeux d'un immense big-bang cosmique qui a mis toute cette belle nature devant nos yeux ? En toute simplicité, Dany et moi prenons un immense plaisir à en profiter loin de ces questions théologiques ou philosophiques.

Il est 8h30, mais il fait déjà très chaud, sur le vaste plateau de landes. Dany s'arrête pour ôter ses jambières. En préférant le short au pantalon, il est évident que dans sa tête, le physique a pris le pas sur le métaphysique!

Lorsque nous arrivons à la Cham de l'Hermet, large plateau granitique et broussailleux, Pont-de-Montvert finit par disparaître de notre regard, mais nous dominons complètement les vallées du Tarn et du Martinet. Au nord, un ciel gris anthracite recouvre, aujourd'hui encore, le Mont-Lozère. Ce sommet semble servir de frontière aux nuages car vers le sud, il y a certes quelques nuages blancs, mais dans un ciel d'azur prometteur. Ces cumulus courent sur la sombre et verte forêt domaniale de Bougès.

Aujourd'hui, il y a un fait rarissime dans cette journée sur le GR.70, nous sommes poursuivis par une véritable horde de randonneurs. C'est la première fois que nous en voyons autant sur une si faible superficie. Un homme et une femme suivis de près par un premier groupe suivi lui-même par un deuxième groupe puis quelques marcheurs isolés.

Il n'y a pas grand-chose sur le plateau, un maquis de genêts, divers chaos rocheux originaux, des parcs à bestiaux et de ci de là, quelques mas isolés.

Nous quittons le plateau, au lieu-dit Fiarouse, le sentier se rétrécie, longe de hautes fougères et entre dans un bois. Là, Dany s'arrête encore, ôte ses godillots au profit des sandales.

Tous nos poursuivants arrivent. Monsieur " Tête de cochon " passe devant nous le premier, sans sac à dos, affublé d'une chemise blanche, les mains dans les poches et sans formuler le " bonjour traditionnel " que tout randonneur digne de ce nom présente à des collègues de voyage. Madame suit avec le sac à dos ! Super sympa le gars ! Vient ensuite un premier groupe entraperçut hier peu après le Col Santel, Dany l'appellera le groupe " des Amis de la Nature ". Moi, je ne leur donne pas de noms, car qu'il s'agisse des femmes ou bien des hommes, je vais rapidement me lasser de les saluer courtoisement sans obtenir une franche réciprocité. Enfin, arrive le " groupe des profs " avec leurs individualités mais de loin les plus affables de tous.

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Dany sur l'agréable pré du domaine de Champ Long de Bougès.

Nous retrouvons le bitume sur quelques centaines de mètres, toujours la D.20 puis attaquons un long dénivelé au sein même de la forêt domaniale. Au bout d'un kilomètre d'une sévère montée, nous arrivons dans l'enceinte d'un vaste domaine lumineux. Est-ce la beauté et la douceur du lieu, mais tous les groupes s'arrêtent dans une parfaite harmonie, sauf Monsieur et Madame " Tête de cochon ". Nous ne les reverrons plus ! Il n'est que 10 h mais Dany prétexte une crampe d'estomac et sort déjà son panier repas. Sur l'agréable pré du Champ Long de Bougès, c'est ainsi que s'appelle ce domaine, on se prélasse sans vraiment regarder l'heure. De nombreux randonneurs continuent de passer sur le chemin. Un sandwich, une orange, un peu de farniente, la pause s'éternise. Dany joue à saute-mouton sur les balles de foin. Quand nous repartons, il n'y a plus personne et une fois de plus, nous fermons la marche.

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 A Champ Long, Dany joue sur les bottes de pailles.

La pente s'accentue sur une large piste forestière parfois très caillouteuse. Avec une branche bien droite, je me confectionne un deuxième bâton de marche. Dany, qui peine également, en veut un aussi. Je trouve une branche juste un peu trop longue qui devrait faire l'affaire. D'un coup de talon bien asséné, je casse le morceau superflu, qui en rebondissant, vient m'entailler le genou. Je saigne abondamment et Dany se dépêche de sortir la trousse à pharmacie. La plaie n'est pas très profonde, un petit pansement et je repars clopin-clopant plus gêné que souffrant.

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 Stèle en hommage à Raymond Senn (montage personnel).

 Nous arrivons à une intersection où les GR.68, 70 et 72 se rejoignent. Je regarde le topo-guide : nous sommes à 1.292 m d'altitude au Col de la Planette, sur les chemins du " Tour du Mont-Lozère et du causse Méjean ".

Une stèle est érigée en hommage à Raymond Senn dont j'apprends sur le topo-guide qu'il fut président du Comité Départemental de Randonnée Pédestre. Il créa le GR.68 et entretint pendant plus de vingt ans tous les GR de la région.

C'est beaucoup grâce à des hommes comme lui que nous prenons plaisir à marcher sur ces chemins de grande randonnée et il me parait naturel de lui rendre hommage à figeant cet instant sur une photo souvenir.

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 Au Col des Trois Fayards, d'immenses cairns ont été érigés.

11h15, nous atteignons le Col des Trois Fayard où d'immenses cairns ont été érigés. Le temps est devenu maussade et il souffle un vent du Nord violent et froid. Dany semble déjà exténuée et je lui propose d'arrêter car depuis le départ, nous avons parcouru une dizaine de kilomètres, essentiellement en montées. Mais si j'en crois la documentation de La Pèlerine, il en reste au moins encore une quinzaine à parcourir pour atteindre Florac !

Nous partons nous réfugier dans le bois, en contrebas du col, parfaitement à l'abri des rafales du vent pour déjeuner. Bien requinqués, une demi-heure plus tard, nous repartons, quittons la forêt et arrivons rapidement sur une spacieuse crête herbeuse où prédominent les bruyères roses. Tout en marchant, nous prenons plaisir à contempler l'immense panorama qui se déploie devant nos yeux. Le versant méridional de la forêt domaniale est splendide. A nos pieds, les serres (crêtes) et les vallats (vallons) qui se succèdent, creusent de larges plaies verdoyantes jusqu'aux montagnes bleues dont les sommets s'évanouissent dans la brume laiteuse de l'horizon. Sur cette ligne de crête au doux dénivelé, nous grimpons jusqu'au Signal de Bougès, agréablement protégés du vent du nord par le bois d'Altefage.

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 Du Signal du Bougès, panorama à 180 ° sur les Cévennes.

Stevenson, qui en son temps, n'avait pas suivi ce chemin mais avait opté pour la route qui longe la vallée du Tarn jusqu'à Florac, avait décrit les Cévennes comme un " labyrinthe fait d'un enchevêtrement de montagnes bleues ". Il est étonnant qu'il n'ait pas gravi Le Bougès, lui qui voulait suivre le parcours de Napoléon Peyrat, l'auteur de son livre de chevet et qui écrivit ceci :

Quelle est cette montagne ? demandai-je à mon guide - Le Bougès, répondit-il, les Trois Hêtres (les Trois Fayards). A ce nom, je m'arrêtai, et je contemplai avec une religieuse émotion le sauvage berceau de l'insurrection camisarde. Ce mont célèbre que je venais interroger sur les combats et sur les douleurs de nos aïeux, semblait avoir voulu se présenter à mes regards dans toute la majesté de son passé, et revêtu des symboles de son histoire, d'un manteau d'orages, d'un voile funèbre et d'une couronne de gloire. " (Extrait des Pasteurs du Désert de Napoléon Peyrat)

A 1.421 m d'altitude, le Signal de Bougès est un mamelon rocheux qui offre un point de vue spectaculaire. De ce vaste mirador, la vision que nous avons du massif des Cévennes correspond parfaitement au tableau que Stevenson a dépeint dans son livre : un véritable dédale de montagnes bleues à perte de vue !

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 Au Signal de Bougès à 1.421 m d'altitude

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Le GR.70 entre le Col des Trois Fayards et le Signal du Bougès.

Depuis hier soir, pour avoir étudier le parcours et la carte IGN, je sais que le Signal de Bougès est le point culminant et la dernière ascension de notre journée. Cette borne suprême est d'ailleurs symbolisée par un monumental cairn derrière lequel un couple de randonneurs roucoule bien à l'abri du vent.

Une fois ce dôme passé, nous amorçons une longue pente abrupte avec sur la droite, toujours le bois d'Altefage, constitué à cet endroit essentiellement de petits chênes verts aux troncs tordus et rabattus par les vents.

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 Dans la descente du Signal de Bougès, au loin les Causses Méjean.

Collés les uns aux autres, ces chênes forment un immense sous-bois où viennent s'abriter les nombreux troupeaux de moutons qui fréquentent ces crêtes. Le sol est largement piétiné et recouvert d'une épaisse couche de déjections qui roulent sous nos chaussures. Sur la gauche, les contreforts du Signal sont, soient pelés, soient recouverts uniquement d'une courte garrigue. Par endroit, à la faveur d'une mer de bruyères fleuries, le maquis se teinte de pourpre sur d'immenses étendues. Cette belle pigmentation qui s'ajoute à tous les verts, bruns et ocres habituels de la montagne, transforme le paysage en un véritable récital de couleurs.

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Sentiers fleuris et paysages avant puis après le Col de Sapet.

Au loin devant nous, apparaissent les caractéristiques Causses Méjean avec leurs plateaux et leurs falaises abruptes telles d'invincibles murailles. Pour ne pas la décourager, je ne dis rien à Dany, déjà bien fatiguée, mais je sais que Florac est au pied de ces célèbres montagnes.

Vers 13 h 45, nous arrivons au Col de Sapet et rallions un fois de plus la D.20. Sur ce belvédère entre les vallées du Tarn et de la Mimente, les touristes sont nombreux. Ils sont attirés par le point de vue et deux menhirs mégalithiques (*) plantés dans le décor. Le premier est sur le GR.70 et le deuxième, de l'autre côté de la route, plus haut dans un champ de céréales.

Le premier étant sans cesse occupé et pris en photo par les nombreux estivants, j'envisage d'aller photographier le deuxième, d'autant que le GR.70 traverse la D.20 et semble s'y diriger. Un peu trop tard, je m'aperçois que le champ est clôturé et je suis contraint de faire l'impasse sur les photos.

Au Col de Sapet, la signalisation indique Florac à 8 Kms par le GR.70 et 6 Kms par le GR.68.

Le chemin forestier est plat et progresse au flanc de la montagne. Les paysages sont superbes en surplomb sur la Vallée du Tarn et plus loin sur le Mont-Lozère. Mais l'étape est longue, les jambes deviennent lourdes et la fatigue aidant, cette piste d'exploitation devient rapidement monotone. Heureusement, nous l'entrecoupons par des arrêts fréquents à regarder les panoramas puis vers 16 heures par une longue pause pour le cappuccino quotidien. Le " groupe des profs " que nous pensions devant nous, arrive. La conservation s'installe et porte, bien entendu, sur la splendeur de cette perspective plongeante sur la Vallée du Tarn.

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Avant Florac, je m'essaie à des macros sur des " Tabacs d'Espagne " de la forêt de Ramponenche.

Au lieu-dit " La Chaumette ", les GR.68 et 70 se séparent. Les deux sentiers vont à Florac mais avec 2 Kms de moins pour le GR.68. Malgré ce supplément, nous n'hésitons pas une seconde et nous prenons l'option GR.70 Chemin de Stevenson.

(*) La Lozère compte environ 350 menhirs dont 154 se trouve sur le site mégalithique de la Cham de Bondons, au pied du Mont-Lozère près de Florac. En Europe, c'est la deuxième plus forte concentration de menhirs après celle de Carnac en Bretagne. A ces menhirs, il faut ajouter environ 400 dolmens disséminés sur tout le département. La Lozère possède un patrimoine archéologique exceptionnel !

Dans la longue descente vers Cocurès, pour passer le temps, je m'essaie sans trop de résultat à prendre des " macros " de splendides papillons qui volètent de fleurs en fleurs. Il est très difficile de les cadrer car le plus souvent, ils ne tiennent pas en place. Seuls, les " Tabacs d'Espagne ", magnifiques papillons aux ailes oranges tachetées et striés de noir se laissent approcher par mon appareil photo. Il me faudrait un peu plus de temps pour bien choisir mes plans, mais la route est encore longue jusqu'à Florac et il n'est pas possible de lambiner plus que nous le faisons déjà !

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 Nous retrouvons le Tarn à Cocurés puis près de Bédoues.

Au fur et à mesure que l'on se rapproche de la vallée, les paysages se transforment. Les hauts résineux disparaissent et les gros châtaigniers, rois des forêts cévenoles remplissent peu à peu le décor. Puis dans le descente, les bois touffus laissent peu à peu la place à quelques clairières puis à des vergers où subsistent quelques cabanons, certains sont en ruines, d'autres simplement abandonnés. Nous rattrapons le " groupe des profs " et poursuivons un bout de chemin ensemble. Enfin, le sentier finit par déboucher en bordure du Tarn dont le lit s'écoule paisiblement au milieu d'étroites gorges. Allongés sur le sable des grèves ou sur les roches, les estivants sont nombreux à se faire bronzer. Quelques téméraires se laissent aller à une baignade dans l'eau claire et assurément fraîche. En sueur comme nous les sommes, ce n'est pas l'envie qui nous manque d'en faire de même, mais les accès à la rivière sont difficiles sur cette berge. L'autre rive, du côté de Cocurès, a l'air plus accessible. Tant pis, aujourd'hui, nous garderons notre moiteur jusqu'à l'hôtel !

Avant Bédouès, par un vieux pont en pierres, nous franchissons le Tarn. Puis après quelques hésitations, nous traversons un camping puis le G.R. se faufile à travers des près et des vergers. Nous longeons maintenant l'autre rive du Tarn. Sur la berge opposée, on aperçoit la remarquable église collégiale en schiste brun de Bédouès fondée en 1363 par Urbain V, pape en Avignon. Puis au détour d'un méandre, c'est le splendide château d'Arigès qui apparaît dans son cadre de verdure.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)0Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

 A l'approche de Florac, la collégiale de Bédoues puis le château d'Arigès.

Les habitations se font plus nombreuses et la densité de promeneurs et de randonneurs ne laisse planer aucun doute : nous ne sommes plus très loin de Florac !

Nous retrouvons le bitume et un vieux pont sur le Tarn qu'il nous faut traverser. Nous coupons avec peine un grand carrefour où règne une intense circulation. Nous sommes sur la N.106 et un panneau indicateur donne Florac à un kilomètre. Au carrefour, nous avons quitté le Tarn et désormais c'est son petit frère, le Tarnon, que nous longeons. En réalité, j'estime à plus du double le chemin que nous aurons parcouru pour rejoindre l'Archibald Hôtel plus communément appelé l'hôtel Central de la Poste.

Nous sommes sympatiquement reçus par l'hôtelier qui d'emblée nous montre où se trouve nos bagages. Mais, après une trentaine de kilomètres parcourus, la disparition d'un sac de voyage finit de nous scier les jambes. Est-ce la dernière bévue de Transbagages que le réceptionniste tente de joindre en vain ?

Au bout d'une demi-heure, la société Transbagages reste injoignable et notre inquiétude a progressé. Puis en désespoir de cause, le patron de l'hôtel nous dit : " Je vais appeler le Grand Hôtel de Parc, tant pis, je ne suis pas en bons termes avec eux, mais il est possible que le chauffeur de Transbagages ai commis une erreur et ai laissé le sac là-bas. Avant tout, il est indispensable de vérifier cela !

Avec quelques minutes qui nous paraissent interminables, nous retrouvons le sourire : le sac a bien été déposé chez eux par erreur !

Très prévenant, le réceptionniste de " l'Archibald " nous dit : Montez vous reposer dans votre chambre, je vais le chercher, j'en ai pour quelques minutes seulement ! Tranquillisée, Dany rejoint la chambre pendant que j'attends le sac à la réception.

Cette perte de temps, la contrariété engendrée par la disparition du sac, la longueur de l'étape parcourue et notre mal aux jambes, un souper, par ailleurs délicieux, mais qui s'éternise au-delà du raisonnable à cause d'un problème d'intendance, une qualité dans le service qui laisse à désirer. Tout semble se liguer contre nous et transforme une lassitude habituelle en un profond épuisement. Ce soir, tout nous incite à aller nous coucher plutôt que de partir visiter Florac. Nous ne sommes pas coutumiers de ce désir de répit, et en général, la curiosité l'emporte sur la fatigue. Ce soir, nous n'avons pas cette volonté quasi rituelle. Pourtant selon le " groupe des profs ", qui eux sont sortis, la cité de Florac by Night, animée, étincelante et colorée, méritait, parait-il, cet effort supplémentaire.

Qui sait, peut-être reviendrons-nous !

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

Les deux menhirs du Col du Sapet situés sur le GR.70 (*)

(Montage d'après des photos trouvées sur le Net)

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En cliquant sur la carte, vous passez à l'étape suivante.

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