Eklablog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

campilles

Le Balcon de Villefranche-de-Conflent (427m/1.091 m) par Belloc.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de la chanson "A Whiter Shade Of Pale" du groupe anglais Procol Harum (paroles de Keith Reid et musique de Gary Brooker et Matthew Fisher). Elle est successivement jouée et interprétée ici par Anthony Ventura et son orchestre (Intsrumental), par Annie Lennox (chant) et Procol Harum (chant).

Le Balcon de Villefranche-de-Conflent (427m/1.091 m) par Belloc.

Le Balcon de Villefranche-de-Conflent (427m/1.091 m) par Belloc.

Pour agrandir les photos cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran 


 

Le 3 septembre 2018 au matin, je partais d’Urbanya pour aller réaliser une balade que j’avais intitulée « Le Balcon de Villefranche-de-Conflent ». Enfin, ce n’est pas moi qui l’avais appelée ainsi mais la plupart des topo-guides. A hauteur de Ria, et tout en roulant vers la gare de Villefranche, si connue grâce au Petit Train Jaune, je m’étais mis à culpabiliser un peu. Pourquoi me direz-vous ? Parce qu’il faisait un temps splendide, que c’était le jour de la rentrée des classes et que de très nombreuses mamans accompagnaient leurs chérubins à l’école. Tout en regardant ce « fourmillement » de personnes, très inhabituel pour moi qui vivais tranquille à Urbanya depuis de longs mois, je me disais que j’avais une chance inouïe de pouvoir partir en randonnée. La chance de ne pas avoir de contrainte et d’être libre comme le vent. La chance de pouvoir profiter au grand air d’une journée qui s’annonçait exceptionnelle. La chance d’aller à la rencontre d’une Nature que je devenais si belle et si présente. J’essayais de me mettre à leur place et je me disais « combien de gamins et de mamans aimeraient sans doute être à ma place ? ». Néanmoins, et tout en pensant à ça, je conduisais en examinant cette colline qui domine le Fort Libéria, me disant au fond de moi que cette randonnée n’aurait sans doute rien de facile.  D’ailleurs et pendant longtemps, et au regard de la forte déclivité de cette colline, j’ai toujours pensé qu’il ne pouvait pas y avoir de sentiers sur un flanc aussi pentu. Je me trompais bien sûr, tant sur les sentiers que sur la difficulté à les cheminer. Aussi, quand j’en avais terminé, et ayant pris un plaisir immense à tout point de vue, je m’étais fait la promesse de revenir avec Dany pour refaire ce « Balcon de Villefranche ». En ce 3 août 2019, nous y sommes et je ne doute pas une seconde que Dany va aimer. La météo est aussi splendide, sinon plus qu’une année auparavant, et de ce fait, tous les voyants sont au vert. Il est 10h15, la gare est paisible et silencieuse quand nous garons la voiture. En un an, le prix du parking à la journée a pris un euro de plus, passant de 4 à 5 euros et c’est le seul aspect négatif.  Hausse de prime abord très relative il est vrai, sauf si on la ramène à un pourcentage et qu’on s’aperçoit que ça fait 25% de mieux. Je me surprends à voir, que même en randonnée, le comptable et financier à la retraite que je suis sommeille mais ne dort pas complètement. Je paye et reviens me préparer tranquillement. Connaissant très bien le chemin, je me dis qu’il n’est pas utile de speeder. Nous harnachons nos sacs à dos et démarrons sur le même rythme tout aussi tranquille. Si la colline est pentue, je connais le parcours, son degré de difficultés, la distance et le temps maximum que nous allons mettre même en flânant beaucoup. Dès le départ, quelques hirondelles qui logent dans l’avant-toit de la gare et dans d’autres bâtiments stoppent mon démarrage. Les photographier est assez "coton" mais j'y parviens malgré tout avec un peu de patience. Plus loin, sur le pont qui enjambe la Têt, je tiens à montrer à Dany que cette gare est en réalité celle de Fuilla et que le quartier s’appelle Sainte-Eulalie, prénom de notre bien-aimée petite-fille. Nous traversons le parking réservé aux autocars et aux camping-cars et nous voilà enfin sur le véritable itinéraire. Un panneau étonnant et un peu risible nous interpelle. Il s’agit d’une personne qui ayant perdu son hibou apprivoisé, demande qu’on la prévienne par téléphone si on aperçoit l’animal. Je ne sais pas pourquoi mais je me dis que si le volatile trouve le secteur aussi merveilleux que je l’ai trouvé moi-même il y a un an, il y a peu de chance qu’il revienne au bercail !  Le sentier s’élève vers le Fort Libéria et même en marchant d’un train plutôt « pépère » et en prenant le temps de regarder les premiers panoramas, les 20 minutes mentionnées sur les différents panonceaux sont largement suffisantes. Ça me réjouit de voir que Dany marche bien et n’a aucune crainte avec son genou opéré. Nous prenons le temps de regarder le fort et ce, d’autant qu’un rouge-queue noir, un joli mâle, semble enclin à se laisser photographier. Il vole d’un mur à un autre sans jamais trop s’éloigner du fossé qui sépare le rempart et le pont-levis. De temps en autre, il s’élève droit dans le ciel, effectuant un très court vol stationnaire mais néanmoins suffisant pour becqueter un insecte. En raison de sa livrée nuptiale si particulière car aux couleurs si vives, je serais prêt à parier qu’il a son nid dans ce secteur. Après cette « naturelle » observation, nous laissons le volatile à ses péripéties aériennes et repartons. Très vite, l’intersection et le panonceau Belloc se présentent. Dany sachant tout de ma première venue ici et des deux itinéraires possibles, je lui demande si elle est toujours d’accord pour accomplir cette balade en passant par Belloc. Partant dans l’inconnu mais sachant néanmoins qu’en passant par-là, elle me fait plaisir, elle acquiesce. Papillons, criquets et lézards sont très présents mais jamais faciles à photographier en raison d’une bonne brise soufflant d’Espagne. Par bonheur, plus la sente s’élève et moins elle semble soutenue.  Les oiseaux sont rares et se résument à quelques fauvettes impossibles à photographier. Il me faut une chance incroyable pour parvenir à immortaliser un passereau sans que je sache de quel oiseau il s’agit ? Il est vrai qu'en restant constamment aux aguets, il va en être ainsi deux ou trois fois au cours de cette balade. Malgré la déclivité constante qu’il faut gravir, je sens bien que Dany prend un immense plaisir à cheminer ce sentier constamment en balcon. En matière de balades, je connais ses goûts, et j’étais sûr qu’elle apprécierait ces vastes panoramas lointains et ces vues très aériennes sur les vallées environnantes. Celle où s’écoule la Têt étant complètement à notre aplomb, elle ne peut s’empêcher de s’exclamer « D’en bas, jamais je n’aurais imaginé que l’on puisse marcher ici ! » Je lui dis, que j’ai eu la même pensée voilà un an. A force de marcher en me disant que « c’est trop beau », elle ne résiste plus au fait de prendre quelques photos avec son smartphone pour les envoyer aux enfants. Finalement et dès lors que le panonceau « Belloc - 600 m » se présente, la brise cesse et les papillons sont légions. Ici, il s’agit presque essentiellement de la sous- famille des « Satyrinés » et il faut arriver à ce qui reste du hameau puis ensuite autour de la chapelle pour voir un peu plus d’autres sous-familles. Dany connaissant déjà la chapelle Saint-André de Belloc et ses alentours, le long arrêt que nous y faisons est surtout consacré au pique-nique avec vue sur le versant nord, c’est-à-dire vue sur ce long et merveilleux panorama de montagnes et de ravins qui s’étire du Massif du Madres en passant par le domaine de Cobazet, les trois vallées de Nohèdes, d’Urbanya et de Conat et se terminant au Pla de Vallenso. Au bout d’une heure, que j’ai largement consacré à faire des photos, nous repartons dans la direction d’une autre chapelle romane, celle de Saint-Etienne de Campilles. Heureusement que je connais le parcours, car dans ce sens, les indications directionnelles sont quasi nulles et se résument à une très vieille pancarte Saint Etienne, de surcroît cassée, mais accrochée à un arbre, à l’instant même où le sentier quitte la piste menant à l’antenne TV. Enfin, heureusement qu’elle est là, car le sentier étant bougrement embroussaillé, il serait quasiment invisible pour le visiteur de passage. Embroussaillé, il va en être ainsi tout au long de la combe et quasiment jusqu’à la chapelle et s’y se frayer un chemin est parfois difficile, « à toute chose malheur est bon » dit le proverbe. Ici, ce qui est bon, ce sont d’abord les papillons, très présents et qui le sont de plus en plus dès lors que l’on approche du sommet du plateau de Campilles. Il est vrai que plus on monte et plus il y a de fleurs. Ce qui est bon aussi, c’est l’instant où je réveille un sanglier, qui devait sans doute dormir car Dany est déjà passée à cet endroit même quelques minutes auparavant.  Une fois encore, et alors que je suis entrain de photographier un papillon, j’ai la chance d’avoir mon appareil-photo allumé, et qui plus est avec mon téléobjectif enclenché dans une position rapprochée. Aussi comme il démarre à un mètre de moi, je peux lui photographier les fesses puis le flanc alors qu’il tourne choisissant d’emblée une autre direction. Apparemment il était seul et il disparaît aussitôt dans une végétation très dense. La chapelle est là et bien que parfaitement connue elle aussi, nous y stoppons le temps d’une courte visite. Ayant lu sur Internet, un bouquin à propos des marbres griottes des Pyrénées-Orientales, je joue au professeur en montrant à Dany les fameuses pierres de marbre rouge que l’on aperçoit dans les murs de la chapelle. Puis, en surplomb du Roc Rouge, nous profitons pendant quelques instants des vues aériennes sur Villefranche et des panoramas qui s’étirent avec une incroyable amplitude et dont l'horizon est constitué du Massif du Canigou et de celui des Tres Estelles. La suite et la fin consiste à redescendre en flânant vers le Fort Libéria par cette longue sente en lacets dominant constamment Villefranche. Une fois encore, et comme je l’avais été moi-même voilà un an, Dany reste en extase devant ces superbes paysages si variés car plongeants, aériens, proches ou lointains.  Si parfois, on peut trouver ces lacets un peu longs à cheminer, personnellement, je suis presque surpris quand le fort apparaît si proche de nous. Il est vrai qu’ayant fait le chemin inverse l’an dernier, c’est à dire en montant, pour moi, c’est une lapalissade de dire qu’une descente est toujours plus rapide qu’une montée. Enfin, c’est mon cas ! Par contre, en terminant cette nouvelle boucle, s’il faut que je désigne laquelle a été la plus belle ; est-ce celle de 2018 ou celle de 2019 ? ; là j’avoue que je suis bougrement embêté ! Non, je suis incapable de dire si une est préférable à l’autre et je dirais même mieux, je considère qu’elles sont toutes les deux bien différentes. Celle-ci a été longue de 10,1 km avec des montées cumulées de 707 m et un dénivelé de 664 m entre le point le bas situé à la gare à 427 m et le plus haut à 1.091 m juste après la chapelle de Saint-Etienne de Campilles et à l’instant où l’on amorce la descente. Cartes IGN 2349 E T Massif du Canigou et 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

Partager cet article
Repost0

Les Chapelles du Coronat (St-André de Belloc et St-Etienne de Campilles depuis Conat

Publié le par gibirando

CHAPELLECORONATIGN

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


Avant de vous parler de cette balade que j'ai intitulée « Les Chapelles du Coronat », laissez-moi évoquer d'autres souvenirs pas si anciens que cela. A partir du joli village de Conat, j’avais eu l’occasion de vous entraîner à la découverte de deux vieilles chapelles perchées sur le Pla de Balençou (Vallenso). Il s’agissait de celle ruinée de Sainte-Marguerite de Nabilles puis celle magnifiquement restaurée de Saint-Christophe qui jouxte le hameau de Llugols. Ce minuscule hameau de Llugols, je l’avais découvert deux ans auparavant, en 2007, lors de mon Tour pédestre du Coronat et je garde encore aujourd’hui le souvenir de cette étape profondément ancré dans mon cœur tant j’avais apprécié l’accueil à la fois amical, bienveillant et empreint d’une grande simplicité qui m’avait été réservé par le couple du gîte Naulin. Lors de ce court séjour qui n’avait duré que le temps d’un après-midi et d’une nuitée, j’avais vraiment été « soigné aux petits oignons ». Le lendemain matin, partant pour la dernière étape pour relier Jujols, j’avais quitté le gîte à regrets tant j’y avais apprécié sa sérénité et tant je m’étais senti bien dans ce hameau un peu oublié du monde. Ne trouvant pas suffisant de quitter le gîte avec nostalgie, j’étais parti de surplus avec Bonnie, le chien des Naulin. Un chien très attachant et espiègle qui m’avait suivi pendant plus de deux heures et si loin que je m’étais inquiété de son sort dès lors qu’il m’avait brusquement quitté pour partir à la poursuite de probables sangliers. Je venais de traverser Conat et j’étais à ce moment-là dans l’ascension qui allait m’amener à la très belle chapelle de Saint-André de Belloc. La tête emplie de ces charmants souvenirs et de bien d’autres, j’ai donc décidé de repartir sur ce même chemin et c’est donc une portion de cette dernière étape du Tour du Coronat en direction de Belloc et de Campilles que j’ai mise à l’affiche de mon blog. Pour la nécéssité d’en faire une balade sur une seule journée, je l’ai transformé en une jolie boucle qui nous ramène au point de départ. Ce point de départ, c’est la Place du 8 mai 1945 qui jouxte la mairie de Conat. En réalité, il s’agit d’un parking où l’on peut garer de nombreuses voitures. Une rampe monte derrière le petit cimetière en direction du magnifique clocher de l’église. Un panneau de bois se présente : « Beilloc ». Cette dénomination qui peut s’écrire également Belloc ou Belloch est un toponyme assez répandu dans le département et dans tout le sud-ouest signifiant « Beau lieu ».  Quand on sait cela mais qu’on ignore où l’on va randonner, c’est plutôt encourageant car on peut imaginer que de belles « découvertes » vont sans doute se présenter. Un étroit sentier monte à découvert pendant quelques instants laissant entrevoir de jolies vues sur les jardins maraîchers. Très rapidement une deuxième pancarte métallique de couleur verte se présente : « Conat, Réserve Naturelle – Ministère de l’Environnement – La faune, la flore, les milieux naturels sont protégés ». Une prévention qu’il n’est pas inutile de rappeler tant il arrive de trouver des déchets de toutes sortes sur certains sentiers. Le nôtre s’enfonce dans un sous-bois de petits chênes verts mais peu à peu bien d'autres végétaux viennent les remplacer. Si vous avez accompli la balade vers le Pla de Balençou sur le versant ensoleillé qu’ici on appelle à juste titre la « Solana », vous constatez immédiatement la différence qu’il peut y avoir entre cet adret et l’ubac ou « Bac » en catalan, c'est-à-dire le versant ombragé du vallon où nous nous trouvons aujourd’hui. Ce vallon, c’est celui du Callau (parfois écrit Caillau ou même Caillan). Au milieu coule la rivière…du même nom. Aujourd’hui, finit les caillasses aux arêtes acérées, finit les lauzes de schistes qui glissent sous les pas, finit les gravillons sableux qui roulent sous les godillots, finit les grimpettes en plein cagnard,  non, ici c’est un sentier souple fait d’un terreau de feuilles décomposées ou de ramilles desséchées que l’on chemine le plus souvent. Malgré un bon dénivelé, il est très agréable à cheminer et serpente essentiellement dans un sous-bois de petits feuillus : les chênes verts, les buis, les chèvrefeuilles, les cornouillers, les pistachiers lentisques, les genêts, les églantiers, les baguenaudiers, les genévriers et bien d’autres arbustes de ce maquis bordent le parcours qui s’élèvent en zigzagant en sein de la « Boixera ». Brusquement, à l’approche des falaises, les senteurs se modifient et un parfum de résine emplit l’espace dès lors que la majorité de ces feuillus va laisser la place aux pins à crochets qui vont devenir à leur tour majoritaires. En cette fin du mois d’août, les plantes fleuries se font plutôt rares : quelques euphorbes, de jolis chardons, des céphalaires à fleurs blanches, de rares catananches, quelques ombellifères. Vers le bas, les belles vues sur Conat apparaissent à l’occasion de quelques trouées. En face, se dégagent les panoramas sur le Pla de Balençou où tels de petits « Lego », on peut distinguer les chapelles précitées et les rares maisons du hameau de Llugols. Sur la droite le vallon du Caillau s’entrouvre largement sur des décors plus vastes et des horizons plus lointains où prédominent les habitations. La plaine de la Têt est perceptible. L’ouest reste invisible et ce n’est qu’en arrivant au pied de la falaise qu’on finit par embrasser cet horizon fait de petites collines verdâtres, de profonds ravins insondables et sur les hauteurs, d’une longue chaîne de montagnes bleutées qui s’étire de la forêt domaniale de Nohèdes-Urbanya jusqu’au Massif du Madres. Ici, en atteignant le Serrat des Estelles, haute falaise blanchâtre veinée de rouille, on en termine avec l’essentiel du dénivelé. Ici, atteindre les « Etoiles », c’est tout simplement franchir ce seul passage accessible que l’on appelle le Pas de l’Echelle et parvenir au dernier barreau de cet escabeau rocheux. Ce dernier échelon, c’est un éperon broussailleux qui s’avance sur des panoramas époustouflants. Mais aujourd’hui, qu’ils soient proches ou lointains, ces panoramas sont plutôt opalescents. On devine au loin la petite perle scintillante du lac de Vinça. Encore plus loin, on ne fait qu’imaginer la Plaine du Roussillon encadrée de longues collines grisâtres dont les extrémités disparaissent dans une ouate blanchâtre infinie : la Méditerranée !  Déjà, le regard se tourne vers d’autres pôles d’intérêts : la belle forêt de Belloc prend pour la saison quelques couleurs automnales d’un rouge déjà bien vermillon, le Massif du Canigou, dont on n’aperçoit pas encore le pic, ressemble d’ici à une colline bleutée presque plane. Sur la gauche et au loin, de l’autre côté d’une petite ravine, on croit voir un bâtiment blotti dans un petit bosquet de chênes et ce n’est qu’en avançant encore qu’on arrive enfin à distinguer le joli clocher-mur d’une chapelle. Il s’agit de Saint-André de Belloc qui se détache enfin dans un ciel pur mais très laiteux. Notre premier objectif n’est plus très loin et il ne faut désormais que quelques minutes pour l’atteindre. Au préalable, on aura serpenté dans une sombre pinède puis longé un grand mur de pierres se terminant par un petit souterrain. Est-ce les vestiges d’une petite enceinte et d’une ancienne soute à munitions ? Vauban serait-il venu jusqu’à Belloc, lui qui avait la farouche volonté de vouloir sécuriser tout ce secteur du Conflent ? Il faut dire que dans cette colline de Belloc qui domine le fort Libéria, Villefranche-de-Conflent et ses remparts mais également la confluence des trois vallées de Cady, de Rotja et de la Têt, ces quelques reliefs seraient de bien pâles vestiges militaires au regard de tout ce que Vauban a édifié pour que Villefranche ne tombe pas entre les mains des Espagnols. Par une large piste, on atteint un carrefour et l’ancien hameau de Belloc ou du moins ce qu’il en reste, c'est-à-dire deux ou trois ruines envahies par des lierres et des ronces, une minuscule bâtisse servant désormais de refuge aux randonneurs et enfin la belle chapelle Saint-André parfaitement restaurée mais malheureusement fermée certainement par crainte des vandales. Aucune des fortifications de Vauban n’arrêtera jamais ceux qui ont souillé et barbouillé les murs et les cloisons du refuge d’innombrables tags et surtout de messages indélicats et grossiers. Le vandalisme n’est pas un vain mot et malheureusement, la bêtise humaine, ses abjections et leurs ignominies arrivent sournoisement dans les plus belles de nos montagnes munies trop souvent de bombes de peinture ! Je n’en suis pas certain mais je suppose que pour les randonneurs qui voudraient avoir un aperçu de l’intérieur de la chapelle, la clé du cadenas est sans doute disponible dans une mairie ou auprès d’une association de sauvegarde du patrimoine du secteur. Il doit en être de même pour la chapelle Saint-Etienne de Campilles, deuxième objectif de notre balade. Depuis Belloc et pour se diriger vers Saint-Etienne de Campilles, il faut, après la découverte de la chapelle Saint-André, retourner au carrefour des pistes et face au refuge, il faut emprunter celle qui file vers le sud. Immédiatement, un petit panonceau « Saint-Etienne » et un balisage jaune et rouge sont visibles sur le tronc d’un arbre. Le balisage, c’est celui de l’ancien Tour du Coronat jamais réhabilité. On quitte la piste au profit d’un étroit sentier qui s’enfonce dans un sous-bois. Au fur et à mesure que l’on s’élève, le sentier s’élargit jusqu’à devenir une piste forestière. Ici, on déambule dans ce qui est déjà la forêt domaniale du Coronat et même si le « mont » du même nom est à plusieurs lieux d’ici, on est bien au sein du massif éponyme. Tout en montant, Dany et moi sommes affligés car peut-on donner le nom de « forêt » à ce spectacle de désolation qui s’ouvre désormais devant nous. Nous ne reconnaissons plus rien de cette belle et sombre forêt de hauts pins noirs d’Autriche et de grands pins sylvestres que nous avions découverts bien des années auparavant et dernièrement encore lors de mon Tour du Coronat. Que sait-il passé ? Quelques bûcherons seraient-ils devenus fous ou bien, est-ce les effets d’une terrible tempête ? Non, par expérience et pour avoir déjà vu de tels dégâts un peu partout dans le département, je comprends qu’une violente tornade est à l’origine de ce désastre. D’ailleurs, il suffit de regarder certains de ces pins fracassés, étêtés et dépouillés de leurs branches pour comprendre que c’est sans doute Klaus qui en janvier 2009 est passé par là. J’ai lu sur le Net (http://guyviguier.free.fr/) que l’Administration forestière avait racheté tous les terrains de cette Combe de Belloc et de Campilles dès 1875 alors que le hameau de Belloc s’était déjà vidé de tous ses habitants. Le but était d’en faire une forêt purement anthropique car à l’époque, ce secteur de montagne escarpé était désertique et seuls quelques champs abandonnés subsistaient sur ses flancs. Ce fut chose faite avec une plantation de pins noirs d’Autriche dès la fin du 19eme siècle. Voilà cette forêt décimée avait au moins 110 ans et ses arbres une hauteur d’au moins 25 mètres pour un diamètre d’environ 40 centimètres. Tôt ou tard la nature reprendra sans doute ses droits mais pour reconstituer une forêt à l’identique qu’elle soit naturelle ou pas, il faudra encore le même laps de temps. Quelques rares arbres ont résisté mais de  nombreux gisent encore à terre, d’autres ont eu leurs troncs fracassés et sectionnés mais pour la plupart, ils ont définitivement disparu et ont sans doute fini leur voyage, broyés dans des scieries, transformés en granulés en en bois de chauffage. Les beaux papillons, attirés par cette clairière aussi soudaine qu’inattendue ont pris possession des lieux et prennent plaisir à butiner les innombrables buplèvres, les jaunes séneçons, les lavandes parfumées et les dernières fleurs roses ou pourpres des nombreux plants de thym et d’origan. Dans la montée, le Canigou se dévoile intégralement et sa vue nous fait un peu oublier les calamités subies par cette forêt. Tout en montant vers Campilles, la forêt semble avoir moins souffert dans ce secteur et je peux me replonger dans mes vieux souvenirs de mon Tour du Coronat. D’ailleurs, je n’ai rien oublié ni de la belle petite chapelle Saint-Etienne qui apparait soudain avec sa toiture mi-ciment et mi-lauzes grises, ni de mes vieux souvenirs et notamment de cette rencontre impromptue avec un couple de touristes bien sympathique et leurs trois filles. Une de ces rencontres imprévue mais si cordiale qui fait que l’on aime encore un peu plus la randonnée pédestre. Pendant que cette jeune femme veillait fidèlement sur ses trois enfants, ce jeune homme voulait tout savoir du fonctionnement de mon GPS et de la cartographie du lieu. Fan de VTT, il voulait tout savoir des randonnées du coin. Pendant que son épouse ne pensait qu’à m’offrir un bout de son gâteau, lui voulait tout savoir du Pic du Canigou, étant persuadé que son ascension était réservée aux seuls alpinistes chevronnés. Je ne pus faire autrement que de répondre à toutes les interrogations de ce jeune homme. Je ne pus faire autrement que de goûter à un morceau de ce délicieux gâteau si gentiment offert. Ce jour-là, ce fut pour moi, une halte si agréable que je ne vis pas le temps passer et mon arrivée à 20 heures à Jujols, terme de mon Tour du Coronat, fut bien plus tardive que je ne l’avais initialement programmée. Voilà dans quel état d’esprit j’ai retrouvé Campilles, son agréable replat où j’avais longuement papoté et où il fait si bon se reposer à l’ombre des chênes verts. Un peu plus loin, j’ai retrouvé le faîte de son « Roca Roja » dont le folklore prétend qu’avec un filon de son marbre rouge on aurait construit une partie du tombeau de Napoléon. Je ne peux bien évidemment pas vous certifier si cette histoire est vraie ou fausse mais elle m’a été racontée par un ami des plus fiables. Depuis le sommet de ce roc, les vues sur Villefranche, le fort Libéria et la confluence des trois vallées y sont exceptionnelles et imprenables. On peut au choix retourner vers Belloc par le même chemin ou bien en empruntant la piste, un peu plus longue, qui passe au pied du pylône émetteur TV. A Belloc, on descend la piste qui file vers l’est mais après la dernière grande bâtisse en ruines, on emprunte aussitôt un sentier qui file à main gauche et entre dans un sous-bois. Ce sentier est un raccourci qui évite quelques sinuosités de la piste et permet de découvrir des amoncellements de pierres rouges et un original « orri » de la même couleur. Ces petits terrils sont les résidus et les dernières traces des nombreuses mines de marbres qui ont été exploitées dans le secteur jusque dans les années 70. Très difficile d’accès, celle de Belloc où l’on extrayait un marbre griotte fut abandonnée bien auparavant. Dans le Massif du Coronat, on a trouvé des marbres de toutes les couleurs et on trouve encore très facilement de nombreux fragments mais ici sur les flancs de la colline de Belloc, les marbres exploités par une marbrerie de Ria étaient plutôt violet, incarnat ou bien griotte. Après les mines, on retrouve la piste qui va nous ramener sans problème vers la Vallée du Callau, d’abord sur le D.26 et finalement vers Conat. Il y aura bien au préalable une dernière chapelle, mais c’est celle de Sainte-Croix et comme il s’agit seulement d’une vieille ruine amplement délabrée, on n’y prête guère attention d’autant que de magnifiques vues apparaissent en surplomb des Fontanells. Ici, la piste paraît récente mais il s’agit en réalité de chemins ancestraux qui faisaient le lien entre Ria et Conat ou Llugols et Belloc et que les bergers utilisaient pour la transhumance. C’était les fameux « Cami ramader ». Sur la D.26 et en direction de Conat, il y a aussi un petit oratoire dédié à Saint-Joseph. Puis enfin, à l’entrée de Conat, on trouve un autre oratoire quasiment semblable dédié à la Vierge. Après avoir parcouru une quinzaine de kilomètres pour un dénivelé de 540 mètres environ, l’incroyant que je suis a finalement terminé cette « religieuse » boucle après être resté un peu plus de 5 heures arrêts inclus sur les sentiers du Coronat. Ce fut pour moi un pur bonheur que de remonter à Belloc et Campilles car j'y avais laissé quelques bons vieux souvenirs que j'ai finalement retrouvés ! Bien entendu, toutes ces chapelles romanes qu'elles soient du Coronat ou du Pla de Balençou peuvent faite l'objet de balades bien distinctes et bien évidemment les distances à parcourir en sont le plus souvent raccourcies. Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25.

(PS : Ayant reçu plusieurs messages et commentaires, je confirme que ces deux chapelles et même une troisième (Notre-Dame de Vie) peuvent être découvertes à partir d'une randonnée en boucle qui démarre de Villefranche-de-Conflent. Cette randonnée porte le nom de Circuit des Trois Chapelles ou Balcon de Villefranche-de-Conflent.

Enregistrer

Partager cet article
Repost0