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montailla

Le Mont Coronat (2.172 m) depuis Nohèdes (Centrale électrique - 985 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques jouées par le compositeur et pianiste Ernesto Cortazar. Elles ont pour titre " "As The Sun Rises", "Between Thorns and Roses""Chariots of Fire de Vangelis" et " Counting The Stars".
LE-MONT-CORONAT
MONTCORONATIGN

Pourquoi en ce mois d’août 2013, me suis-je fixé comme objectif, l’ascension du Mont Coronat depuis Nohèdes ? D’abord, à titre d’entraînement, toujours en prévision du Tour du Capcir programmé début septembre. Mais pas seulement et l’autre raison est plus longue à conter. En voici l’histoire que j’ai voulu la plus brève possible mais dont le détail me paraît inévitable. A l’été 2007, avant de me lancer dans mon « Tour du Coronat » en 6 jours (2+4) et en solitaire, je me posais tout un tas de questions. Il suffit de reprendre la lecture du premier chapitre de mon récit de l’époque intitulé  « Des merveilles au pays d’Alysse » pour le constater. En y repensant, je me dis que ces réflexions étaient normales car si marcher sur plusieurs jours  ne me posait aucune difficulté l’ayant déjà fait à maintes reprises (GR.10, Jura, Auvergne, G.R30, Stevenson, etc….), partir seul sur des sentiers inconnus et peut-être même inexistants me laissait relativement interrogatif. En effet, si j’avais découvert ce parcours pédestre sur un vieux topo-guide de 1988 et si l’itinéraire était encore présent sur de vieilles cartes IGN, selon le Comité départemental de la Fédération Française des Randonnées Pédestres que je venais de rencontrer, les sentiers n’existaient plus et j’allais prendre le risque de partir dans l’inconnu. Mais l’inconnu m’attirait et j’avais déjà fait mienne cette citation d’Henry de Monfreid : « N'ayez jamais peur de la vie, n'ayez jamais peur de l'aventure,faites confiance au hasard, à la chance, à la destinée.  Partez, allez conquérir d'autres espaces,d'autres espérances.Le reste vous sera donné de surcroît » .Si l’absence « éventuelle » de sentiers me laissait perplexe, le côté mystérieux de cette longue balade n’était pas pour me déplaire et mon désir de découvertes était loin d’être entamé. En tous cas, selon Antoine Glory, auteur et concepteur de ce tour vieux de 20 ans, le Mont Coronat semblait plein de mystères et d’ailleurs s’il en déconseillait l’ascension en écrivant « on négligera pourtant son ascension, délicate et hors sentier » n’écrivait-il pas par ailleurs « on caressera souvent du regard le dôme du Mont Coronat, montagne fascinante s'il en est, drapée dans la chape sombre et mystérieuse de ses pins noirs à crochets ». Et c’est vrai que cette montagne me fascina à la fois lors de ces six jours mais pendant bien plus longtemps encore. Elle me fascine encore aujourd’hui. Pourtant, peu de temps après mon « Tour du Coronat », le 14 octobre 2007 exactement et alors que je pars écouter le brame du cerf du côté du Puig d’Escoutou, la chasse est ouverte et ça « canarde » de tous les côtés. J’’entends même ce que je crois être une balle siffler à mes oreilles. Par naïveté, je n’avais jamais imaginé que la chasse puisse être ouverte au moment même où les cerfs sont en rut et courent sans se méfier derrière les biches. Enfin c’est ainsi et je rebrousse chemin. Mais que faire de cette belle journée ensoleillée pour qu’elle ne soit pas complètement perdue ? Voilà peut-être l’occasion rêvée de monter au sommet du Mont Coronat non ? Aussitôt dit, aussitôt fait et me voilà parti du côté du Col du Portus où démarre l’ascension. Ce jour-là, autant le dire, or mis une jolie boussole que j’avais trouvé au sommet, j’étais resté sur ma faim et beaucoup de choses s’étaient liguées contre moi pour rendre cette balade pas vraiment enthousiasmante. D’abord, les piles de mon appareil-photo tombent en rade dès le début de l’ascension. Je ne vais donc en garder aucun souvenir. Dix minutes plus tard, je commence à entendre les aboiements ininterrompus de plusieurs chiens de chasse qui semblent me devancer au fur et à mesure que je monte. J’envisage de rebrousser chemin pensant qu’il y a des chasseurs là aussi. Mais n’entendant que les chiens et aucun coup de fusil, je décide de poursuivre malgré ces vociférations dont je comprends bien vite qu’elles sont la fin de mes espoirs d’aller à la rencontre de cette nature sauvage que j’aime et que je recherche. Alors que j’avais imaginé une ascension beaucoup plus délicate comme le suggérait Antoine Glory, j’atteins le sommet sans tracé GPS et sans réelle difficulté malgré un sentier incertain et non balisé mais néanmoins présent qui suit plus ou moins une ligne peu élevée de crêtes rocheuses sur laquelle on bascule parfois d’un versant à l’autre. De temps à autre, quelques petites prairies herbeuses ponctuent et bousculent ce décor essentiellement boisé de pins à crochets. Je suis par contre assez étonné des paysages que l’on peut néanmoins voir au dessus et au travers des pins alors que je m’attendais à être englouti sous cette « chape sombre et mystérieuse » qu’évoquait Antoine Glory dans le topo-guide. Quand j’atteins le sommet, trois chiens de chasse complètement paumés viennent me faire des fêtes quelques instants plus tard puis ils repartent aussitôt, toujours en vociférant et disparaissent dans les bois courant derrière je ne sais quel gibier invisible. Invisible est le mot juste car ce jour-là, or mis les quelques magnifiques panoramas perceptibles au cours de l’ascension, je ne verrai rien d’autres et voilà pour tout dire l’autre raison d’y retourner en ce mois d’août 2013. 9h15, je laisse ma voiture près de la Centrale Electrique de Nohèdes et je me mets aussitôt en route par la piste qui s’élève vers El Manau et Montailla. Ce jour-là, la météo est superbe, la chasse fermée et or mis deux autres randonneurs que je rencontrerais beaucoup plus haut mais qui s’arrêteront à tout bout de champ pour chercher quelques champignons et que je distancerais rapidement, il n’y a personne d’autre aujourd’hui et c’est donc la journée idéale que j’ai tant espérée pour partir à la rencontre de la faune sauvage que j’escompte découvrir. Et je ne vais pas être déçu car avant même d’entamer l’ascension dans la hêtraie, deux chevreuils déboulent en contrebas du sentier et traversent la piste montant à Montailla. Voilà, je suis venu pour ça et même si tout est allé très vite m’empêchant de photographier ces deux chevreuils, avant même l’ascension du Mont Coronat, je suis déjà comblé au-delà de mes espérances car j’ai déjà vu un écureuil roux du côté de Nohèdes et de nombreux et superbes papillons. Après cette merveilleuse vision, je suis le P.R balisé en jaune et pénètre dans la hêtraie. Ce sentier est plutôt facile et pour l’avoir emprunté à de multiples reprises, je le connais parfaitement et je sais qu’il me faudra environ 2 heures en flânant pour atteindre le col du Portus. Vers 11h, je rejoins la piste peu avant le Pla d’Avall. Je n’ai plus vu aucun animal depuis les deux chevreuils. Une demi-heure plus tard, je passe la barrière du col du Portus et m’engage dans le petit sentier qui démarre au fond du parking. L’ascension du Mont Coronat est lancée et si avec ses 3 kilomètres environ, elle n’est pas très longue, la déclivité étant quasi constante depuis le col du Portus, les 440 mètres de dénivelé qui me séparent du sommet restent néanmoins à gravir. Bien que le Mont Coronat soit peu fréquenté par les randonneurs, on voit bien que cette montagne n’est pas totalement abandonnée de tous. Layons et couloirs dans la forêt, martelages, encochages ou saignées sur les arbres et parfois même traces de peinture laissent imaginer la présence régulière des hommes : agents de l’ONF, bûcherons, chasseurs ou ramasseurs de champignons.  Malgré ça, le seul problème, c’est de rester sur le sentier principal au milieu des petites caminoles creusées par les nombreux et divers ongulés qui sévissent dans les parages. C’est ainsi qu’au bout de dix minutes d’ascension, un groupe très important de cervidés détalent dans les bois et malgré ma volonté de les photographier, une fois encore tout s’est passé bien trop vite et je n’ai que des images d’arbres flous et sans intérêt. Dix minutes plus tard encore et dès la première petite prairie, je surprends un chevreuil qui dormait derrière un bosquet de genévriers. Surpris, il détale et s’immobilise quelques mètres plus loin me laissant cette fois le temps de le cadrer. Par dessus ou au travers des résineux, je distingue parfois de superbes paysages où j’arrive à reconnaître quelques destinations pédestres : Pic de la Pelade, Puig d’Escoutou, Madres, Pla des Gorgs, Dourmidou, Pic de Portepas, Col de les Bigues, etc… A l’approche du sommet, je remarque un sanglier entrain de creuser le sol de son groin que je photographie presque au jugé et sans certitude. Il sera bien enregistré même si la photo n’est pas d’une grande qualité. Il est 13h30 tapantes quand je pose le pied sur la borne géodésique se trouvant sous le trépied matérialisant les 2.172 mètres d’altitude du Mont Coronat. Après quelques photos et n’ayant que deux barres de céréales dans le ventre, je décide d’aller pique-niquer sur un éperon rocheux qui domine les lieux-dits Malpas, Roc Rouge mais également la totalité du chemin parcouru. Cet endroit proche de sommet qui domine magnifiquement et sans aucune entrave, le versant sud-ouest du massif, je l’avais découvert en 2007 et j’avais gardé en mémoire les panoramas grandioses que l’on pouvait avoir sur une immense partie du Haut-Conflent, et des Garrotxes, sur les hauts sommets de Cerdagne et du Capcir et enfin sur la belle forêt domaniale des Réserves Naturelles de Jujols et de Nohèdes. Après de nombreuses photos panoramiques sur tous ces lieux merveilleux et une plus aérienne dont un renard fit les frais, j’ai pris le chemin du retour avec l’idée que mon précèdent passage avait été observé de près par tous les animaux de la forêt et que je ne reverrais sans doute plus rien. Eh bien, une fois encore, je me trompais car dès la première petite prairie, je surpris quelques cerfs et biches couchés sur l’herbe entrain de se prélasser. Je n’en croyais pas mes yeux mais malheureusement après une première photo en rapproché, mon pied écrasa une pomme de pin, ce qui déclencha aussitôt une débandade dans la troupe des cervidés. Malgré ce petit regret de n’avoir pas pu les observer et les photographier plus longtemps, j’étais aux anges car comment aurais-je pu me plaindre de cette « incroyable randonnée » au Mont Coronat où tour à tour, j’avais pu observé un écureuil roux, deux chevreuils, un harde de cervidés, de nouveau un autre chevreuil, un sanglier, un renard puis à nouveau des cerfs et des biches, le tout agrémenté de quelques superbes photos d’oiseaux et de papillons. Oui, comme je l’avais si justement intitulé dans mon récit de 2007, le Mont Coronat était bien la montagne « des Merveilles au pays d’Alysse (*) » et or mis quelques belles glissades sur l’herbe et sur les petites pommes de pins à crochets très scélérates quand les semelles sont lisses, le retour vers Nohèdes par le même chemin qu’à l’aller s’effectua sans trop de soucis. Je pris même une très  belle photo de ce « fameux » Roc des Salimans dont la légende prétend que Noé y aurait attaché son arche à un anneau lors du déluge. Après mon merveilleux Tour du Coronat de 2007, j’avais suivi les conseils d’Henri de Monfreid en n’ayant pas peur de l’aventure, en faisant confiance au hasard, à la chance, à la destinée. Avec cette ascension du Mont Coronat, montagne fascinante mais plutôt déconseillée par Antoine Glory, j’étais parti conquérir d’autres espaces, d’autres espérances et tout le reste m’avait été offert de surcroît. Cette randonnée telle que présentée ici est longue d’environ 20 kilomètres. L’altitude à la centrale électrique étant de 985 mètres, le dénivelé total jusqu’au Mont Coronat situé à 2.172 mètres est de 1.187 mètres pour des montées cumulées de 1.547 mètres. Eau en quantité suffisante et chaussures bien crantées et à tiges hautes sont fortement conseillées sur ce terrain.  Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

(*) Alysse: en 2007 et pour parodier la célèbre œuvre littéraire de Lewis Carroll « Les aventures d’Alice au pays des merveilles », j’avais donné ce nom d’ « Alysse » à cette plante endémique du Mont Coronat que les scientifiques appellent parfois « Hormatophylla pyrenaica » ou bien encore « Alyssum pyrenaicum » et plus rarement « Ptilotrichum pyrenaicum ». Plus communément, on l’appelle « Alysson des Pyrénées », « Corbeille d’argent des Pyrénées » et parfois même « Alysse des Pyrénées » (voir fiche 1508 du Réseau Natura 2000)

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Le Balcon de Nohèdes (1.310 m) depuis Nohèdes (935 m) par l'ancien canal d'irrigation.

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté avec de la musique relaxante jouée au piano et produite par le studio japonais Ghibli.

LE-BALCON-DE-NOHEDES

BALCONNOHEDESIGN

Toujours en vacances à Urbanya, il ne m’a pas fallu aller bien loin pour vous proposer cette nouvelle et magnifique randonnée. En effet, je suis simplement parti dans la vallée adjacente car ce circuit que je vous présente dans ce nouvel article a pour point de départ le joli village de Nohèdes. Toutefois, je ne suis pas resté au fond du vallon car c’est bien connu, en randonnée dès que l’on s’élève tout est plus beau et en l’occurrence ici c’est parfaitement le cas. Avec une certaine logique et je dirais presque naturellement, j’ai intitulé ce circuit « le Balcon de Nohèdes » tant les vues aériennes sur le village et surtout sur la vallée où coule la rivière éponyme sont la principale attraction de cette superbe balade. Ce vallon, ici on l’appelle la vallée de l’Arche perdue car selon la légende, Noé aurait amarré son arche à un anneau qui se trouverait au sommet d’un roc du nom de Salimanes ou Salimans (1.694 m). J’aurais tendance à dire après moi le déluge, car si le roc existe bien, je vous laisserais le soin de retrouver l’anneau car l’arche, elle,  il semble qu’elle ait continué son périple vers d’autres sommets où elle a fini par s’échouer ! Ici, outre les magnifiques panoramas, il y a bien d’autres intérêts et notamment faunistiques et floristiques surtout au printemps. Pourtant, cette balade,  j’aurais pu l’appeler aussi « le canal de Nohèdes » car l’essentiel du parcours emprunte sur plusieurs kilomètres, l’ancienne canalisation d’irrigation et sans doute d’alimentation en eau du village qu’ici on appelle « rec » et dont la petite histoire nous dit qu’elle aurait été construite en 1873 et qu’elle aurait cessé son activité en 1966 pour cause de désertification du village. Alors bien entendu, cette vieille rigole faite de lauzes n’est plus en activité aujourd’hui car au fil du temps, elle s’est comblée de terre et s’est transformée peu à peu en un véritable petit sentier. Encore emprunté par les bergers et les chevriers de nos jours et sans doute depuis toujours car il s’agissait aussi d’un « Cami Ramader », l’ancien canal est devenu plus tard un sentier de randonnée pédestre balisé en jaune comme tout bon P.R. Pourtant, si vous cherchez ce tracé sur une carte IGN récente ou sur Géoportail par exemple, vous ne le verrez nulle part et vous ne le trouverez essentiellement que sur des vieilles cartes IGN. En tous cas, moi, je ne l’ai trouvé que sur une vieille carte IGN Top 25 de l’année 2000. Sur cette carte IGN, il y a donc un tracé rouge qui suit le canal. Depuis toujours, ce « rec » est représenté en bleu et comme une véritable rivière où de l’eau s’écoulerait encore. C’est dire si nos géographes n’ont plus parcouru les lieux depuis très longtemps ! A moins de faire cette randonnée en sens inverse de celui préconisé ici, le véritable départ s’effectue du hameau de Montailla (au dessus de Nohèdes) mais comme de toute manière, cette balade en boucle se termine à Nohèdes, il est largement préférable de démarrer de ce village, à moins bien sûr, d’avoir deux véhicules et d’en laisser un au départ à Montailla et l’autre à l’arrivée à Nohèdes. Cette dernière solution règle le problème d’avoir à effectuer les 5 kilomètres séparant les deux lieux en empruntant la piste et les quelques raccourcis que certains pourraient trouver fastidieux. En tous cas, nous, nous sommes partis de Nohèdes et ces 5 kilomètres ont été plutôt une excellente mise en jambes d’autant que le décor en bordure de la rivière est loin d’être désagréable. Nous avons emprunté la piste qu’à Nohèdes on appelle le « Cami del Gorg ». Ces « gorgs » ou lacs, vous les retrouvez sur des panonceaux jaunes indiquant l’Estany del Clot et le Gorg Estelat, objectifs de randonnées déjà expliquées dans ce blog. Par contre, vous ne trouverez aucune indication (*) quant à notre balade du jour. La piste passe devant la centrale électrique, devant le camping El Manau puis se poursuit avec quelques sinuosités jusqu’à rencontrer une croix jaune indiquant qu’il est préférable d’emprunter un sentier qui monte à droite dans le bois. On emprunte ce raccourci souvent dallé et bordé d’anciennes « feixes », ces terrasses en pierres sèches qui supportaient jadis des vergers, des champs de pommes de terres et de céréales mais aussi des  noiseraies qu’ici on appelle « noguers » lieux plantés de noyers et de noisetiers qui ont sans doute donné son nom au village de Nohèdes. Aux temps anciens, Montailla était en quelque sorte le « grenier » de Nohèdes. Ce sentier retrouve la piste un peu plus haut et malgré une nouvelle croix jaune et un autre sentier montant dans la hêtraie toujours à droite à hauteur d’un virage, on reste cette fois-ci sur la piste jusqu’au hameau de Montailla. Là, on passe à gauche d’un grand hangar métallique qui est en réalité une bergerie moderne, puis on continue de monter jusqu’à rencontrer quelques maisonnettes en pierres sèches dont certaines ruinées. C’est le hameau de Montailla. Immédiatement après ces maisons, on emprunte un large chemin herbeux qui part à droite, passe sous de grands arbres, atteint un ru bourbeux. Jusque là et sauf inattention de ma part, vous n’aurez toujours vu aucun coup de peinture jaune d’un quelconque balisage mais si vous enjambez le ru bourbeux et filez droit devant vous dans le pré, vous remarquerez une première marque jaune peinte sur une pierre située au milieu de ce pré. Plus loin, il y a une deuxième pierre et une autre trace jaune et ainsi de suite. Vous êtes sur le tracé de cette jolie balade et bientôt sur le « Balcon de Nohèdes ». Ne lâchez plus ce balisage jaune, continuez sur quelques mètres dans le pré puis montez en sous-bois au milieu des hautes fougères ou des asphodèles blanches selon la saison. Ce balisage va vous amener vers la petite rivière des Camps Réals (champs royaux) qu’il faut traverser près du lieu-dit Falgarouse. Selon la pluviométrie des jours précédents et la saison, hors mis peut-être à la fin du printemps et en été, vous serez sans doute obligés de vous déchausser pour enjamber ce ruisseau parfois assez fougueux mais sans danger car seulement profond de quelques centimètres. Quelques mètres plus haut, et sans vraiment vous en être aperçu, vous commencerez à marcher dans l’empreinte de l’ancien canal d’irrigation de Nohèdes. Mais peu après un grand et beau « cortal » du nom de la Soulane non loin du lieu-dit « Canals » sur les cartes, cet état de fait deviendra vite une évidence tant le canal est toujours parfaitement visible car encore creusé malgré la terre qui l’a à moitié enseveli. A partir de là, vous n’aurez plus aucune incertitude quand à l’itinéraire à suivre car le sentier est unique et donc évident. Une fois encore, je précise que simplicité du parcours ne signifie pas facilité même si c’est vrai qu’ici, on en a d’ores et déjà fini avec le gros de la déclivité. Non, ce parcours mérite une grande attention car s’il est parfaitement praticable,  la hauteur où a parfois été construit le canal est assez impressionnante et le risque d’accident doit être constamment gardé à l’esprit. D’ailleurs, si les précautions sont de mises et si la vigilance doit en permanence guider les pas du randonneur, on ne cessera tout au long du parcours d’être en extase quant à l’ingéniosité technique et surtout aux prouesses colossales qu’ont accompli nos aïeux pour imaginer puis construire cet extraordinaire canal de lauzes et de schistes aux étonnants murs de soutènement dont la finalité était de récupérer les eaux d’un nombre incalculable de rus, ruisseaux, rivières et torrents descendant du versant de ces montagnes ayant pour noms : Roc de l’Aigle (1.931 m), de Torrelles (1.745 m) ou de Peirafita (1.535 m) ou bien encore les Pics de la Moscatosa (1.457 m) et Lloset (1.371 m). Le canal amenait ensuite l’eau vers les terrasses cultivées, vers des réservoirs ou des fontaines. Avec ce canal de huit kilomètres selon les historiens, on trouve aussi quelques très beaux cortals et orris. Il est donc incontestable que la main de l’homme est partout présente dans cette randonnée, toutefois, et c’est la réflexion que je me suis faite en marchant, on oublie très vite cette ancienne occupation humaine car le sentier chemine en permanence à flancs de montagne dans un cadre magnifiquement varié et surtout extrêmement sauvage où la chance d’être confronté à la faune locale et parfois relictuelle ou endémique est certaine. Ici, dans cet écosystème de type « solana », on y trouve la petite faune habituelle comme les insectes, papillons, reptiles ou passereaux mais c’est aussi le territoire des sangliers, de nombreux rapaces (buses, éperviers, aigles, vautours, gypaètes) mais parfois des grands et des petits cervidés (cerfs, daims, chevreuils, isards, mouflons) et de bien d’autres petits mammifères tel le renard et l’écureuil pour ne citer que les plus visibles. Quant à la flore, elle est extrêmement variée mais toujours présente en toutes saisons. Le tracé emprunte en alternant des versants arides où au printemps flamboient les landes des genêts fleuris très vite remplacées en été par les bruyères roses mais aussi des petits bois de feuillus aux endroits les plus ombragés ou les plus humides où coulent parfois d’agréables petits torrents au bord desquels poussent d’innombrables fleurs et enfin aux pieds des pics de la Moscatosa et Lloset, c’est le domaine des belles forêts de résineux où les champignons poussent parfois à profusion. Mais s’il y a néanmoins une constante dans ce parcours, c’est bien la vue aérienne permanente sur le vallon de Nohèdes vers lequel descendent et se jettent les multiples ravins que l’on est amené à enjamber. De l’autre côté de la vallée, le Massif du Coronat étire sa longue croupe boisée où seules quelques hautes falaises calcaires finissant en d’impressionnants éboulis blancs contrastent avec la sombre forêt olivâtre. Ces falaises sont le repère d’une fleur unique au monde l’Alysson des Pyrénées. Après la fin du canal, le sentier se poursuit toujours en balcon sous le pic Lloset avec de jolies vues sur Nohèdes et un très beau panorama sur le Pic du Canigou et de l’autre côté vers le Pla des Gorgs et le Massif du Madres. Ici, on regrettera seulement qu’un incendie, sans doute un écobuage mal maîtrisé, est sacrément noirci le décor et brûlé de nombreux résineux dont certains ont encore leurs ramilles roussies leur donnant un aspect très insolite mais plutôt joli il faut bien le dire, quant on les fige en photos. Mais comme le disait je ne sais plus qui, la beauté n’est pas automatiquement désirable. Le sentier finit par atteindre la pente sud-est du Pic Lloset puis peu après le Col de la Serra (1.200 m) non loin du pic du même nom (1.242m). Là, deux options sont possibles : soit on laisse à main gauche un bel orri et on prend immédiatement à droite un sentier toujours balisé en jaune et parfois de quelques cairns nous entraînant directement vers Nohèdes toujours en descente soit on poursuit tout droit l’itinéraire descendant vers le Col de Marsac (1.056 m). C’est ce dernier itinéraire que j’ai choisi cette fois-ci car au Col de Marsac passe l’ancien tracé du GRP Tour du Coronat et comme je connaissais très bien ce col je savais que d’incroyables panoramas seraient au rendez-vous : sur la vallon d’Urbanya et sur la partie sud-est du vallon de Nohèdes mais aussi sur la Plaine du Roussillon et bien au-delà encore. Au Col de Marsac, un panonceau de bois indique Nohèdes et la suite n’est plus qu’une formalité qui nous ramène d’abord sur la D.26 puis au village où l’on retrouve notre voiture. Cette boucle est longue de 17 kilomètres environ pour un dénivelé de 380 mètres environ sachant que l’essentiel de la déclivité s’effectue entre Nohèdes (935 m à l’entrée du village) et le cortal de Falgarouse (1.300 m), le point culminant de cette balade se situant aux Esquerdes de la Grive à 1.310 m. Le reste du balcon est quasiment plat et oscille entre des altitudes allant de 1.300 à 1.200 mètres au col de la Serra.  Comme indiqué en préambule, je conseille d’effectuer cette balade de préférence au printemps ou au début de l’été plutôt qu’un peu plus tard. Tout d’abord parce que le sentier est bien plus praticable avec la chance qu’il ait été déjà débroussaillé et surtout il faut y aller avant que les nombreuses fougères et autres ronces ou prunelliers n’aient atteint une hauteur respectable rendant certains passages plutôt pénibles. La deuxième raison est essentiellement visuelle et olfactive car par grand beau temps et quand les différents genêts sont en fleurs et embaument le parcours, une balade sur ce sentier est une pure merveille ! Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

(*) Depuis ma balade printanière et la rédaction de cet article, j’ai acquis, auprès de la charmante et très accueillante préposée de la Maison de la Réserve Naturelle de Nohèdes, pas mal d’informations concernant ce parcours. Il semble que les différents éleveurs de Nohèdes (vachers, bergers et chevriers) soient excédés par l’attitude irrespectueuse de certains randonneurs malveillants laissant régulièrement les barrières ouvertes après leur passage. En raison des problèmes que ces passages engendrent y compris parfois avec les troupeaux et les patous, ces éleveurs ne souhaitent plus que ce parcours soit emprunté par les randonneurs et c’est pour cette raison que l’on ne trouve plus aucune information ni aucun panonceau concernant cette boucle ni sur le terrain ni dans aucun topo-guide. D’ailleurs, il n’apparaît pas dans le petit livret consacré à 9 itinéraires de découverte de la Vallée de Nohèdes (2 euros à la Maison de la Réserve Naturelle).  Enfin il semble que ces éleveurs aient demandé à la commune que le sentier ne soit plus débroussaillé et que le balisage soit définitivement supprimé. A suivre donc…mais d'ores et déjà, je dis dommage car cette randonnée est tout simplement somptueuse et pour moi, la plus belle de ce secteur de la montagne. Après, et toujours au départ de Nohèdes, il faut monter vers les lacs dits de Nohèdes.

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