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manerots

La Tour de Batère (1.429m) depuis le Col de Palomère (1.036m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 2 musiques classiques extraites de l'album "Le Temps des Castrats- CD2"
 
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Introduction à une superbe balade vers les Mines de fer de la Pinouse que j’ai déjà décrite sur mon blog, le col de Palomère (1.036m) est une nouvelle fois le point de départ de cette belle  randonnée vers la Tour de Batère (1.429 m). Cet aller-retour de 14 kilomètres environ s’effectuant essentiellement sur une large piste forestière,  le lecteur pourrait croire qu’il va s’ennuyer.  En réalité  il n’en est rien tant les paysages sont sublimes et contrastés. Caché qu’il est par les contreforts du Puig de l’Estelle (1.718 m), le tout proche Canigou habituellement visible de tout le Roussillon est cette fois absent du départ à l’arrivée. Quand je dis du départ à l’arrivée, c’est tout à fait ça, car on le voit quelques secondes au col de Palomère puis on devine son sommet du haut de la Tour de Batère. Mais s’il y a peu de Canigou, il y a par temps clair, tout le reste et notamment un prodigieux panorama sur toute la plaine du Roussillon des Corbières aux Albères avec vue sur la mer ! Sur le chemin, le regard est capté par de profonds ravins où coulent une multitude de petits torrents, par les collines douces aux formes arrondies des Aspres et du Conflent, par de magnifiques et sauvages forêts (malheureusement dévastées par endroit par la tempête du 24 janvier 2009), par les petits villages ensoleillés de La Bastide et Saint-Marsal. Puis on finit par arriver à la Tour de Batère et c’est une grande partie du Vallespir avec sa vallée du Tech encaissée qui défile devant nos yeux ravis. Quand surgissent les hauts sommets enneigés, où domine un fantastique Pic Galinasse (2.461m) (photo), la minuscule tour, elle,  ressemble à une grotesque cerise posée sur un Saint-Honoré géant. Si malgré tous ces merveilleux décors que je vous décris, vous pensez encore que vous allez vous ennuyer, faites comme moi, n’attendez pas que la neige ait fondu et chaussez vos raquettes.  Avec des paysages saupoudrés de neige, le spectacle est encore plus extraordinaire et fascinant ! Alors, si vous êtes enfin décidés à aller voir ces belles images, lorsque vous arriverez au col de Palomère depuis Valmanya, prenez la piste qui part vers la droite (celle en terre pas celle bétonnée). Au bout de 2 kilomètres, vous rencontrerez quelques murs et bâtiments en ruines, ce sont les  vestiges des Mines de fer des Manerots. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ici passait jadis une voie ferrée sur laquelle circulait une locomotive tirant des wagonnets chargés de minerai  de fer. Ce petit chemin de fer faisait la liaison entre les Mines de fer de la Pinouse, celles de Rapaloum, les Manerots et Formentera. Le minerai finissait alors sa course à plusieurs kilomètres de là à Amélie-les-Bains. L'instituteur-poéte Alain Taurinya a décrit mieux que personne cette région qu’il connaissait comme sa poche :
 
Vous ne connaissez pas la dernière bergère

Qui règne encore ici sur ces antiques lieux

Où les romains, en conquérants industrieux,

Fondaient le fer avant le premier millénaire

 En menant son troupeau vers la Tour de Batera

A ses pieds, chaque jour, surgit devant ses yeux

Ce grand pays de bois et de vallons herbeux

Qui va de Saint-Marsal au col de Palomera.

Quand au territoire de Batère, à cheval sur la crête entre Vallespir et Conflent,  il est aussi connu pour sa tour du 13eme siècle, objectif de notre randonnée que pour ses anciennes mines de fer. Les deux ont cessé toute activité : le dernier minerai  fut extrait en 1987 quant à la tour, son éclat s’éteignit quelques siècles auparavant, quand furent trouvés d’autres systèmes de surveillance et de liaison plus pratique que le feu et le fumée. En effet, pendant très longtemps, cette tour de guet fut certainement en liaison constante avec d’autres tours à signaux du Roussillon (Massane, Corsavy, Montferrer, Cabrens, Mir, etc…).

Face au tunnel surgit l’âpre tour de Batera

Qui surveille d’un œil tout notre itinéraire

Le Canigou si proche, immuable témoin

Et le Conflent au carrefour de ses vallées

Que les guetteurs des tours à feux ont surveillées.

Les deux poèmes sont d’Alain Taurinya, je les ai extrait du recueil « Ballades Catalanes » paru chez Magellan et Cie.

Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

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Le Hameau fantôme de Formentère (1.153 m) depuis Montbolo

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de la musique "Take Five" composée par Paul Desmond pour le Dave Brubeck Quartet. Elle est jouée ici par le guitariste George Benson.

Il y a maintenant plus de deux heures que nous avons démarré du splendide village de Montbolo. Sur l’asphalte jusqu’à Can Quirc soit 2 kilomètres environ, puis par une bonne piste en terre, nous sommes entrés dans la très belle forêt domaniale du Bas-Vallespir. Mais la neige aidant, la terre s’est peu à peu transformée en gadoue puis en patinoire au Coll de la Réducta. Ensuite, la couche neigeuse était si épaisse que les raquettes se sont rapidement avérées indispensables. Mais les paysages sur tout le Vallespir, la vallée du Tech et un étincelant Massif du Canigou sont tels qu’on oublie rapidement tous les obstacles, qui d’ailleurs ne sont pas si terribles que ça, le dénivelé étant continu mais relativement timide ! Nous entrons dans le hameau de Formentere. De ce bourg à faire du fer, (les gisements de tous les alentours du Canigou étaient déjà connus des Romains et furent appréciés pour la fabrication d’aciers spéciaux) il ne reste que des pans de murs, des vestiges, des ruines envahies par les arbres et la végétation ! Est-ce la vision de ce village fantôme, mais nous arrêtons soudain de marcher ! Le crissement des raquettes sur la neige s’interrompt et laisse la place à un prodigieux silence. Assis sur les quelques marches qui grimpent à un cocasse et rudimentaire WC, on s’amuse à imaginer le tintamarre assourdissant de ce village minier qui a fonctionné jusqu’à la fin des années 20. Le fracas du minerai dans les bennes et les trémies se mêle aux éclats métalliques des wagonnets sur les rails et aux grincements des câbles dans les poulies. Le ronflement des fours et des forges s’associe aux roulements des chariots que tirent des mulets hennissants. Les caverneuses explosions dans les toutes proches mines de fer des Manerots se conjuguent à ce tumulte général et aux cris des nombreux ouvriers. Aujourd’hui, dans cette sérénité ambiante et devant des paysages à couper le souffle qui s’enchaînent du Costabonne jusqu’aux rives de la Méditerranée, difficile de concevoir très longtemps un tel vacarme. D’autant que notre paisible et frugal pique-nique est déjà terminé et qu’il nous faut partir visiter le site dans le détail et sur les deux niveaux qui le composent, voire trois puisqu’en premier lieu nous choisissons d’escalader la colline qui surplombe le village. A cet endroit, le GPS indique 1.153 mètres d’altitude. Une heure pour visiter les nombreuses bâtisses, fours, tunnels, puits et autres bâtiments gigantesques. Quand les deux corbeaux, seules créatures vivantes aperçues, s’arrêtent de croasser, tout redevient silencieux, dépeuplé. Mais malgré ce vide absolu, on imagine sans cesse un foudroyant et possible réveil car dans ce milieu abandonné de tous, l’homme reste omniprésent ! Il nous est impossible de cheminer par plaisir sur ces sentiers enneigés sans penser à tous ces forçats qui les ont crées et empruntés par nécessités.

 

D’ailleurs le poète Alain Taurinya l’écrivait si bien :

 

Je ne suis jamais seul le long des vieux sentiers,

Car partout j’y retrouve avec mélancolie

La trace des anciens qui passèrent leur vie

A les suivre sans fin, besogneux et altiers.

 

Pâtres et moissonneurs, vachers et muletiers,

Mineurs, contrebandiers allant de compagnie,

Scieurs de long hissant leur gigantesque scie,

Gais bûcherons et taciturnes charbonniers,

 

Porteurs de minerai se traînant vers la forge,

Ramasseuses de bois ployant sous leurs fagots,

Peuple que le besoin saisissait à la gorge

 

Mais qui chantait pourtant, en haillons et sabots,

Rudes et fiers manants, vivez dans ma mémoire

Et marchez près de moi dans votre obscure gloire ! 

 (Poème extrait du recueil Ballades Catalanes aux Editions Magellan et Cie)

 La difficile descente s’effectue (de surplus et pour nous sur une sente gelée !) dans la continuité de la rue principale. Le sentier arrive sur le plateau d’un petit mamelon, s’élargit en entrant dans un petit bois de sapins et débouche sur une large piste forestière qui zigzague longuement et retrouve le Coll de la Réducta. Une petite croix blanche et deux stèles en hommage à des montagnards du pays ont été érigées. Au col, prendre à gauche la piste qui descend vers les Calmelles puis vers le Mas Caners. C’est le large chemin qui part à l’opposé de celui venant de Montbolo. Si vous avez un GPS, vous pourrez prendre des raccourcis évitant ainsi de fastidieux lacets. Au Mas Caners, ignorez la route en bitume et prenez vers la droite la sente peu évidente qui surplombe la mas. Elle coupe le Correc dels Gravols, s’enfonce dans un bois et repart vers la gauche. Le sentier balisé et cairné devient plus évident, il rencontre les ruines de Can Valent, coupe le Correc de Clocamina. Là, les paysages vers la mer et les Albères se révèlent. Amélie-les-Bains est à vos pieds quand le chemin devient balcon et file entre Camp Larg et la Calcina. Pavé et tout en descente, il finit par déboucher sur Montbolo où vous retrouvez votre véhicule. Sans les arrêts et pour un dénivelé positif de 600 mètres environ, comptez quatre à cinq heures de marche selon la saison et l’enneigement comme nous avons eu. En hiver, munissez-vous de raquettes s’il a neigé et en toutes saisons de la carte appropriée et/ou d’un GPS car cette boucle n’est pas uniformément balisée ! Carte IGN 2449 OT Ceret-Amélie-les-Bains-Palalda Top 25.

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