Ce blog est destiné à faire aimer la marche et les randonnées au plus grand nombre. Il y a de nombreuses randonnées ou balades expliquées pour les départements des Pyrénées-Orientales et de l'Aude en particulier mais il y en aura aussi sur d'autre
Le Circuit de la Bataille du Boulou depuis le Boulou
Avec ce circuit pédestre (*) à partir du Boulou en direction du lieu-dit le « Pla del Rey », il n’y a pas réellement un objectif bien défini à atteindre mais un but plus général qui est celui de faire le tour d’un ancien champ de bataille. Ce champ de bataille, c’est celui que les historiens ont intitulé la « Bataille du Boulou (*) » opposant les républicains français et les royalistes espagnols lors de cette terrible guerre que l’on trouve dans les manuels et livres d’Histoire sous des vocables très divers : guerre du Roussillon, guerre de la Convention, guerre de Catalogne, guerre des Pyrénées et bien sûr sous la dénomination très générique de « guerre franco-espagnole » Ce conflit a duré de mars 1793 à juillet 1795 et a opposé la France révolutionnaire gouvernée par une assemblée constituante appelée « Convention Nationale » à l’Espagne et au Portugal. Ces affrontements du Boulou correspondent à une toute petite partie du conflit et ne concerne bien évidemment que le front oriental pyrénéen d’une guerre bien plus longue, bien plus étendue dans toute la chaîne pyrénéenne et bien plus complexe entre la France et ce que l’on a appelé la Première Coalition, groupe de royaumes européens alliés pour la circonstance et dont l’origine est consécutive aux bouleversements que la France vient de connaître après la Révolution de 1789. Si la bataille du Boulou de 1794 s’est soldée par une large victoire française, dont le général Dugommier fut le grand artisan et au point qu’en 1836, elle fut inscrite sur le pilier ouest de l’Arc de Triomphe, on doit impérativement mettre le mot « bataille » au pluriel. En effet, deux batailles bien distinctes se sont déroulées dans ce secteur. Une toute première conduite par le général Louis Marie Turreau a commencé le 13 octobre 1793 et elle s’est terminée par une large victoire du camp espagnol, victoire longuement ignorée car classée par le secret défense. Alors bien sûr, même si l’Histoire ne retient parfois que la victoire, dont l’expression bien connue rappelle qu’elle est toujours plus belle, ici sur le parcours de cette jolie balade pédestre, on n’occulte pas la défaite et c’est très bien ainsi. Bon, le but de cet article étant de vous expliquer ma balade et non pas de refaire l’Histoire, des spécialistes l’ayant déjà fait bien mieux que je ne pourrais le faire, je vous précise que le départ ne s’effectue pas depuis le centre-ville du Boulou, bien que rien ne s’y oppose, mais un peu plus au nord de la cité. Pour cela et si vous arrivez de Perpignan, il faut emprunter l’avenue Léon-Jean Grégory, le boulevard du Pic Néoulous puis enfin la rue du Mas Descals que l’on va suivre jusqu’à passer sous le pont de l’autoroute La Catalane. Là, à l’intersection, on tourne à droite et l’on poursuit le chemin du Mas Descals qui, par un pont, passe au dessus de la D.900. Peu de temps après, on emprunte la piste DFCI A30 qui descend à droite, enjambe un petit pont métallique vert. Le départ est là à quelques mètres avec un « bon » emplacement pour garer plusieurs voitures. Personnellement, j’avais garé ma voiture juste après le pont sur la D.900 mais j’ai très facilement retrouvé le vrai départ car un balisage jaune est déjà bien présent et en plus, de nombreux morceaux de rubans rouge et blanc sont attachés aux poteaux électriques. Le départ est matérialisé par un panneau résumant la bataille et expliquant le circuit pédestre : « Distance 7,7 km – Dénivelé 200 m – Durée 1h50 ». Il est précisé qu’à ce temps, il faut rajouter le temps passé à la lecture des 18 autres panneaux explicatifs. Il s’agit toujours de la piste DFCI A30 que l’on va suivre sur 1 km environ en longeant la rivière la Valmagne. Personnellement, j’ai pris beaucoup de plaisir à emprunter cette portion ombragée de l’itinéraire en bordure de la rivière car l’arrivée du printemps avait attiré de nombreux oiseaux en quête d’un accouplement naturel. C’est ainsi que j’ai pu voir et photographier un couple de canards colverts ainsi que quelques gallinules que l’on appelle plus communément « poules d’eau ». Les canards, les poules mouillées, de nombreux passereaux peu évident à photographier, sans compter la flore nouvelle m’ayant retardé plus qu’il ne fallait, à chaque écart qui se creusait, je devais presser le pas car Dany ne m’attendait pas. Pourtant, elle marchait normalement mais l’éveil de la nature n’étant pas réellement son « truc », je l’entendais me rappeler à l’ordre : « arrêtes de lambiner ! ». Heureusement, qu’elle ne me lançait pas des « arrêtes de dormir » car pour quelqu’un qui s’occupe d’un réveil, même s’il ne s’agit que de celui de la nature, c’eut été assez paradoxal. Heureusement, quand Dany lisait les panonceaux expliquant la bataille cela me permettait de compenser un peu le retard que j’avais pris. Quand à mon tour, j’arrivais à hauteur du panonceau plutôt que de le lire, je le prenais en photo et je me disais que je serais bien plus tranquille pour en prendre connaissance à la maison et sur mon ordinateur. Aussi, en terminant cette balade, j’avoue que je ne connaissais pas grand-chose de ce qui avait été écrit sur ces panonceaux au sujet de cette bataille même si pour l’essentiel, j’avais lu pas mal de choses sur Internet auparavant. Au bout d’un kilomètre, au lieu les Falaises de la Valmanya, nous avons quitté la piste DFCI A30 au profit d’un autre chemin qui s’est mis à grimper vers le Pla del Rey. C’est ici, sur cette portion que se termine l’essentiel de la modeste déclivité. Au fur et à mesure que l’on monte, le sentier devient de plus en plus ocre puis même rouge par endroit comme si tout le sang qui avait coulé ici s’était dilué dans la terre sans pour autant disparaître complètement. Veinés de petites ravines, on voit clairement que ce sont les eaux pluviales qui ont creusé ces décors dans la terre ocre composée de grains de sable amalgamés. Les panoramas s’entrouvrent magnifiquement de toute part : sur une grande partie des Aspres bien sûr mais encore bien plus loin et bien évidemment comme souvent sur l’inévitable et superbe Canigou. Le Pla del Rey est un vaste plateau où les vignes, le maquis et les bois se partagent l’espace. Ici, il ne faut pas négliger de faire les quelques mètres qui nous séparent de la table d’orientation car cette dernière, dessin du paysage et paysage à l’appui, nous présente le plan de bataille de 1794. Nous, après cette jolie découverte, nous en avons profité pour organiser un pique-nique champêtre bien à l’abri de la tramontane et à l’ombre de quelques pins. Après une opulente salade, Dany s’est allongée pour une « copieuse » sieste et moi, j’en ai profité pour aller voir si la nature continuait d’être en éveil. Mais non, ici, pas de rivière et donc pas de volatiles mouillés mais seulement un maquis de hautes bruyères et de ronciers sur un terrain plutôt sec où seuls quelques passereaux vifs et craintifs élisent domicile. Néanmoins, quelques uns acceptent de pointer le bout de leur bec et juchés au plus haut d’un buisson, ils chantent à tue-tête en quête d’une âme sœur. C’est le seul instant où ils acceptent d’être photographiés. Quand ce ne sont pas les oiseaux, je me rattrape avec des papillons. Après la sieste et la photographie ; chacun son truc ; nous sommes repartis en direction de la chapelle Saint Luc. Construite à 204 mètres d’altitude au sommet du Puig Rodon, elle est située sur la commune de Passa. Un écrit historique en fait déjà mention en 1031 sous le vocable « Ecclésia de Podio Rotundo ». Ensuite, elle a connu un grand nombre de vicissitudes. Les guerres bien sûr, qui l’ont mises très souvent à terre, et au premier chef, cette Bataille du Boulou mais également la fatalité comme la foudre qui est tombée plusieurs fois sur elle ou bien encore le fait qu’elle était éloignée de Passa et qu’il y avait bien d’autres édifices religieux plus proches à gérer comme l’église paroissiale ou plus importants comme le Prieuré de Monastir del Camp. Enfin, longtemps occupée par de nombreux ermites, ces derniers n’avaient pas toujours les moyens de l’entretenir correctement. A chaque fois, elle a retrouvé vie grâce à la volonté des Passanencs. Aujourd’hui, et comme trop souvent en Roussillon, cette chapelle nous l’avons trouvée fermée et de ce fait, on retient surtout son emplacement qui est assez exceptionnel. On comprend immédiatement que l’endroit ait été un point stratégique. Après la chapelle, il ne reste plus qu’à finir cette courte promenade. Un peu de bitume, direction les mas d’En Bosch et des Pins, et bien avant de finir par la piste terreuse finale DFCI A30 prise à l’aller. Toujours ponctuée de quelques panonceaux, j’ai retenu de la fin de cette balade qu’ici l’hémoglobine avait coulé à flots et des lieux-dits restent à jamais écrit dans l’Histoire avec cette couleur dominante rouge sang : « Correc de la sang » et « Batterie de la sang » à la place du « Correc de la Loubatière » et de la « Batterie des Falaises de Valmanya ». Quand au Puig Sangli, je précise qu’il semble n’avoir aucun lien direct avec le sang mais d’après les étymologistes, il signifierait un lieu très boisé ou encore un lieu à « sanglier ». Du sang continue de couler mais désormais c’est celui des sangliers dont les chasseurs, bien sûr, vous diront qu’il est en surpopulation dans les Aspres. Voilà, cette balade prévue en 1h50, nous l’avons démarrée à 10h15 et finie à 14h15, soit 4 heures tout inclus. Entendez pique-nique, photos, lectures des panonceaux, et sieste. Au printemps, c’est si bon de dormir dans la nature quand celle-ci se réveille ! Ayons tout de même une tendre pensée pour tous ces hommes qui se sont endormis pour toujours. Sans eux, cette jolie balade n’aurait jamais été possible. Je précise que cette balade est également réalisable au départ de Tresserre ou de Passa. Enfin, grâce à de petits panonceaux spécifiques, il faut noter que certaines portions du chemin sont communes avec une voie piémontaise du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle se dirigeant vers le Perthus puis l’Espagne. Carte IGN 2449 OT Céret – Amélie-les-Bains-Palalda – Vallée du Tech Top 25.
(*) Circuit pédestre de la Bataille du Boulou : En 2015, quand j'ai réalisé cette balade, j'ignorais qu'un petit livret reprenait l'essentiel de ce qu'il fallait savoir à propos de cette bataille et de ce circuit pédestre. Ce remarquable Hors-série N°1 diffusé par l'Association pour le Patrimoine de la Vallée de la Rome (ASPAVAROM) Maison de l'Histoire 66160 Le Boulou a été rédigé par Pierre VIGO et Amédine MAS. Ils sont les auteurs du livre mais également les concepteurs de ce ludique circuit. Il faut donc les remercier de cette besogne phénoménale accompli sur le terrain et de cet ouvrage qui nous permet de découvrir ce champ de bataille trop peu reconnu dans l'Histoire de France mais pourtant mentionné sur le fronton de l'Arc de Triomphe. Amédine MAS, avec laquelle j'ai lié d'amitié depuis, m'a très gentiment offert ce petit livret, aujourd'hui quasiment introuvable, et comme j'adore l'Histoire, j'ai eu grand plaisir à le lire. Livret en mains, il faudra que je retourne sur le terrain, je leur dois bien ça ! N°ISSN du livre : 1248-1793.
Belle balade, mais après la chapelle St Luc je n'ai pas trouvé le chemin goudronné ! <br />
Faut il revenir un peu sur ses pas et descendre, faut(il descendre par le chemin qui est derrière le coeur à droite de la chapelleMerci pour votre réponse<br />
chaleureusement<br />
Frédéric
Le 09/01/2018, à la recherche d'une petite balade par un après-midi d'hiver, nous avons suivi vos pas avec grand plaisir sur cette randonnée. Nous n'avons pas eu la chance de voir les fleurs et papillons que vous avez photographié, mais avons pu observer les traces d'animaux sauvages dans la boue et cette magnifique vue sur "notre" Canigou enneigé...<br />
Comme vous le décrivez si bien, nous avons pu, à la lecture des panneaux explicatifs, nous imprégner de l'histoire et du site de ce champs de bataille que nous j'ignorions..<br />
Nous avons eu la chance de rencontrer sur le chemin un jeune agriculteur Bio, qui se lance en pleine nature dans la culture du houblon. Bel échange, belle sortie !<br />
Merci Gilbert !<br />