Les Chemins infréquentables de la politique.
« L’homme politique a une réputation détestable alors que c’est un métier où l'on ne gagne pas beaucoup d'argent». Voilà ce que disait Alain Juppé lors d’une interview sur France Inter en septembre 2023. Avec les récentes condamnations de Nicolas Sarkosy et de Marine Le Pen, cette phrase « conne comme la lune » refait surface. Une telle phrase venant de quelqu’un qui a été soupçonné pour diverses affaires délictueuses, puis carrément condamné judiciairement, mais qui depuis a réussi à vivre essentiellement et très confortablement de la politique en dit long sur les ruptures factuelles existant entre un élu tel que lui et les citoyens lambdas que nous sommes. Proposé en 2019 au Conseil constitutionnel, par Richard Ferrand, alors président de l’Assemblée Nationale ; lui-même fortement soupçonné dans diverses affaires peu folichonnes ; il est finalement accepté par ses pairs de la députation et devient de ce fait le premier membre de cette haute institution juridictionnelle a avoir été condamné. Comme quoi en politique, l’oligarchie n’est jamais bien loin, quant au casier judiciaire, il ne pèse jamais bien lourd, car comme on le voit ici les condamnations ne sont jamais réellement gravées dans le marbre. Enfin, si son métier d’homme politique ne rend pas riche, comme il le prétend, il faut bien admettre que les quelques 13.300 euros nets mensuels (en 2019) comme membre de ce conseil, auxquels il faut ajouter sa confortable retraite de 27.700 euros/mois (2eme plus haute retraite de tous les hommes politiques encore vivants) ne font pas de lui le pauvret que son discours peut laisser imaginer. Et ce d'autant qu'en sa qualité d'ex-premier ministre, il bénéficie d'avantages en nature tels que bureau, secrétaire et chauffeur, le tout particulier. En tous cas, voilà des sommes et avantages que très peu de français perçoivent, et Juppé, comme bien d’autres hommes politiques, fait partie de cette caste privilégiée représentant 1% des français ayant la chance d’avoir des revenus mensuels supérieurs à 10.000 euros. Au-delà de cette somme, les chiffres n’existant pas dans les pyramides statistiques, il fait sans doute partie des 0,0001% des français gagnant le mieux leur vie. Une fois encore, une fois de plus et donc une fois de trop, voilà notre Juppé national qui a perdu l’occasion de se taire disant à cette occasion une grosse connerie. Ce n’est pas la première. Quant à Nicolas Sarkosy et à Marine Le Pen, je ne pleure pas leurs condamnations respectives, même si je suis conscient que derrière ces sanctions, la politique est encore là bien présente. En politique, les coups ne se terminent jamais par des K.O définitifs. Tel le roseau de la fable, les condamnés plient mais ne rompent pas. Après tout, Juppé, Sarkosy et Marine Le Pen ne sont pas des exceptions. Ils font tout simplement partie de cette liste, longue comme un jour sans pain, de nos élu(e)s et dirigeant(e)s qui ont souvent cru que l’argent public était avant tout le leur. Le taux moyen de condamnations de 37,7% étant quand même très effrayant. Les citer tous équivaudrait à rédiger un gros dictionnaire où tous les partis confondus se retrouveraient sur un même un pied d’égalité. Les tribunaux, voilà enfin un lieu où les divisions partisanes disparaissent. Mais bien évidemment, nous n’avons aucune raison de nous en réjouir, bien au contraire. Quand l’argent coule à flot, il ne faut pas être étonné que parfois ça déborde ! Et comme l’a si bien dit Otto von Bismarck : « En politique, il faut toujours suivre le droit chemin. On est sûr de n'y rencontrer personne. ». De ce fait, nous le peuple, prenons tout droit et évitons les chemins infréquentables, ici ceux de la politique.