• Fin d'une vie......hommage à ma mère

     
    « On remplace un ami, une épouse, une amante. Mais une mère est un bien précieux qu’on reçoit une fois, par la bonté des cieux ». André Chénier - poète 1762-1794

    Début novembre, le 7 exactement, je vous faisais part dans Mon Journal Mensuel de mon désarroi et de ma détresse alors que ma mère s’éteignait à petit feu. Devant ce que je considérais comme une terrible injustice, je ne savais que dire et encore moins que faire. Ma mère nous a quitté le 10 novembre. Elle nous a quitté dans sa petite chambre de la maison de retraite où elle résidait depuis plus de 6 longues années. 6 longues années à vivre là, à cause de cette infâme maladie d’Alzheimer. Une infâme maladie qui l’avait avilie, qui l’avait réduite peu à peu à un état végétatif c'est-à-dire de « légume » si je veux être sordide mais réaliste. Elle nous a quitté après être restée 13 jours sans manger ni boire juste soutenue par d’éphémères perfusions et quelques  patchs anti-douleurs à base de morphine. Ma mère était malade mais elle avait un cœur d’une incroyable solidité. A-t-elle souffert ? Je ne sais pas mais cette question me taraude sans cesse l’esprit et ce mois-ci, j’ai agréablement constaté que je n’étais pas le seul à m’interroger sur une fin de vie comme celle que ma mère avait connue. En effet, ces derniers jours, les députés français ont eu à réfléchir et à se prononcer sur une loi dite de « fin de vie » consistant à autoriser un endormissement pour les malades incurables et en phase terminale lorsque leurs souffrances ne peuvent pas être apaisées.  A une large majorité de 436 voix contre 34, la proposition de loi a été adoptée. Merci à eux, même si un bémol est à mettre en exergue car tout ce qui consiste en une aide active à mourir a été majoritairement rejetée. « Endormir oui ! Euthanasier non ! ». Mais un pas de plus a été franchi dans l'apaisement et le confort de cette « fin de vie » que l’on redoute tous en vieillissant.

    Aujourd’hui, la question que je me pose est la suivante : « Cette loi aurait-elle changée la mort de ma mère ? ». Bien évidemment, je ne peux pas répondre à cette question mais une chose est sûre c’est que le corps médical qui l’entourait avait reçu toutes les consignes pour qu’elle ne souffre pas ou en tous cas, le moins longtemps et le moins possible. Aujourd’hui, je m’interroge toujours et mes tourments ne sont sans doute pas près de s’estomper. C’est ainsi.

    Le 7 novembre, je ne savais que dire sur mon blog, le 10 encore moins….mais en ma qualité d’aîné, le jour des obsèques, il a fallu que je parle de ma mère. Alors, pas facile de résumer sur une feuille de format A4 tout l’amour qu’elle m’avait donné, pas facile de résumer tout l’amour que l’on a porté à sa mère,….mais bon il a bien fallu que j’écrive un petit laïus et ça n’a pas été simple. Ce ne sont pas des « Oraisons funèbres » dignes d’un Bossuet, ni un grand discours d’éloges, non c’était un petit laïus pour lui rendre hommage tout simplement, car ma mère, c’était avant tout la simplicité :

     

    « Bonjour à tous, merci d’être venus nous soutenir. Quand maman est décédée à la maison de retraite, un gentil infirmier d’origine africaine m’a dit que dans son pays d’origine quand une personne âgée décédait, il était de coutume de dire que c’était une bibliothèque qui disparaissait. J’ai beaucoup aimé cette image. Alors je ne sais pas si maman était une bibliothèque mais une chose dont je suis sûr c’est qu’elle a été un livre d’amour et un drame en même temps. Un livre d’amour dont j’ai le sentiment d’avoir oublié de lire quelques pages importantes. Par exemple, je m’aperçois aujourd’hui que j’ai su peu de choses de son enfance et de sa jeunesse, sans doute par pudeur. Je n’ai jamais su non plus comment elle avait rencontré mon père et comment ils s’étaient aimés. J’aurais bien aimé lui poser des questions sur mes grands-parents. Enfin toutes ces choses que l’on veut savoir quand on « prend de la bouteille ». Maman a été un livre d’amour car elle a consacré sa vie aux autres et surtout aux enfants. Elle nous a d’abord élevé, nous, ses trois enfants Daniel, Nicole et moi. Ensuite, elle a gardé ses petits-enfants Pascal et Sylvain, et comme ça ne lui suffisait pas, elle a encore gardé d’autres enfants. C’était son choix : s’occuper d’enfants ! C’était sans doute là que résidait son bonheur : avoir des enfants autour d’elle. Elle aimait ça ! C’était ce qu’elle avait choisi ! Ensuite sa vie a été très difficile car elle a connu des épreuves qu’elle n’avait pas choisies : le décès de mon frère Daniel partit bien trop jeune et qui a toujours été une profonde cicatrice qui ne s’est jamais refermée. Le décès de mon père, parti bien trop tôt lui aussi et qui l’a empêché d’avoir une retraite digne de ce nom. Une retraite où elle aurait pu profiter un peu de la vie, faire des voyages enfin toutes ces bonnes choses que l’on peut faire à cet instant après une dure vie de labeurs. Ensuite, il y a eu cette terrible maladie d’Alzheimer. Là, le livre est devenu illisible. Illisible pour elle et illisible pour nous et tous ses proches. Pendant 8 ans, cette maladie nous l’avons vécue comme une injustice. Maman ne méritait pas ça. Cette maladie, elle en a souffert. Nous en avons souffert. Aujourd’hui, la dernière page du livre se referme et c’est une délivrance. Une délivrance pour elle surtout et pour nous aussi bien sûr. Même si la vie de maman ne peut pas se résumer à quelques lignes, voilà ce que je voulais dire d’elle. Maman je t’aime, on t’aime. »

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    SECRET GARDEN - NOCTURNE par noriko75

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