Ce blog est destiné à faire aimer la marche et les randonnées au plus grand nombre. Il y a de nombreuses randonnées ou balades expliquées pour les départements des Pyrénées-Orientales et de l'Aude en particulier mais il y en aura aussi sur d'autre
Diaporama agrémenté de la célèbre musique "Over the Rainbow", paroles de la chanson d'Edgar Yipsel Harburg, musique de Harold Arlen et Herbert Stothart pour le film "Le Magicien d'Oz". Ici, la musique est successivement jouée par : le Hollywood Studio Orchestra, par le duo Santo et Johnny Farina, le duo Joshua Chiu et Julian Zorsy (Violon/piano), Johnny Ferreira (Saxo) et Frankensteindead (harmonica).
Randonner sans soleil et sans grand ciel bleu, la plupart d’entre vous le savent n’est pas ma tasse de thé. Le moindre nuage et j’ai toujours envie de remettre à plus tard, une randonnée prévue pourtant de longue date. Mais, car il peut y avoir un « mais », il peut y avoir une exception à cette règle. Cette exception, c’est l’envie de marcher combinée à celle d’avoir la certitude de pouvoir photographier de très nombreux oiseaux. Des oiseaux qui ne craignent pas l’eau bien sûr au cas où la pluie entrerait dans la partie. N’importe quels oiseaux mais en général il s’agit plutôt d’oiseaux marins, de limicoles, des échassiers et que sais-je encore ? En général, quand il pleut, ils ne bougent pas trop et cela peut s’avérer un avantage sauf que pour les photos, la luminosité n’est pas géniale. Enfin de là à marcher sous la pluie, il n’y a qu’un pas que j’ai franchi allègrement en ce 30 septembre 2017 quand j’ai réalisé ce « Sentier thématique Tour de l’étang de Gruissan ». Je suis revenu bien trempé jusqu’aux os mais néanmoins ravi des découvertes opérées. Il faut dire que je suis parti « la fleur au fusil » et l’appareil-photo en bandoulière, mais sans jamais regarder la météo. Présents ce jour-là à Gruissan où nous étions là pour garder les petits-enfants, Dany avait décidé de rester au chalet. Il est vrai que le temps changeant et devenant de plus en plus maussade au fil du jour n’était guère incitatif à aller se promener. Les enfants n’avaient pas trop envie de bouger non plus, alors j’avais pris la décision de partir seul pour remplir une partie de cette journée qui s’annonçait insipide devant la télé et les dessins animés pour enfants. Mes objectifs ? Visiter la vieille cité, la tour Barberousse puis faire le tour de l’étang où le matin même en arrivant en voiture, j’avais constaté la présence de très nombreux oiseaux. J’avais prévu d’y ajouter le secteur de la Capoulade mais la pluie plutôt soutenue qui m’est tombée sur la tête à l’instant même où j’atteignais cette intersection de chemins m’a obligé à changer mon plan initial. Ensuite, les pluies ont été plutôt intermittentes mais j’étais déjà bien mouillé. D’ailleurs, vous noterez que cette balade sortait tant de mes critères habituels que je l’avais complètement zappée de la liste de celles à mettre sur mon blog. Il faut dire que faire le tour de l’étang, c’est la balade la plus commune qui soit pour de très nombreux Gruissanais. Certains la font tranquillement à pied, d’autres en courant et d’autres carrément à vélo. Moi, j’avais prévu de flâner comme à mon habitude. Il est vrai que la course à pied et la photographie ornithologique ne font pas bon ménage. Ici, à Gruissan tout est plat et la distance de 6,1 km est à la portée de n’importe qui ou presque. Cette accessibilité que les Gruissanais ont transformée en une banalité, il faut donc la combler avec d’autres centres d’intérêts et force de reconnaître que c’est assez facile. En tous cas, ça l’a été pour moi. Comme l’indique l’Office de Tourisme de Gruissan, « ce sentier pédestre thématique permet de découvrir toute la diversité de l'écosystème vivant en symbiose avec cet espace lagunaire. 10 panneaux d'information ainsi que des points de vue remarquables jalonnent le parcours. » Enfin, pour ceux qui ne connaissent pas le bourg et ses alentours, ils présentent de très nombreux autres attraits qu’ils seraient trop longs de lister ici. Richesses patrimoniales, paysages, faune et flore ont donc été au rendez-vous pour mon plus grand bonheur. La publicité de l’Office du Tourisme que j’avais lu sur Internet avant de démarrer n’était donc pas mensongère. Oui, « les étangs de Gruissan représentent un patrimoine naturel exceptionnel qu’il faut protéger et préserver. A découvrir ! » J’ai pu laisser ma voiture sur un parking près du centre-ville puis par de jolies ruelles, j’ai pris la direction de l’église Notre-Dame-de-l'Assomption et enfin j’ai terminé par la Tour Barberousse qui se trouve juste à côté. Avec le tour de l’étang, je ne m’étais pas fixé d’autres objectifs que ces deux-là. Par chance, l’église était ouverte et une chorale y était en répétition. J’en ai donc largement profité pour écouter quelques chants mais surtout pour photographier ses nombreuses décorations toutes plus superbes les unes que les autres. Il y a un maître-autel superbe coiffé d’un très beau retable à baldaquin avec 6 colonnes en marbre rose de Caunes-Minervois. Il y a également une petite chapelle joliment décorée de la statue de la Vierge et l’enfant entourée de celles de Saint-Joseph et de Saint-Dominique. Il y a également une très belle alcôve où l’on aperçoit un bénitier et Saint-Jean-Baptiste baptisant Jésus. On remarque aussi un ex-voto en mémoire aux naufragés que Gruissan a connu. Enfin, on ne quitte pas l’église sans avoir levé la tête en direction de l’étonnante toiture dont l’armature n’est pas sans rappeler la coque renversée d’un navire. Voilà pour les principales richesses mais à y regarder de plus près, on aperçoit aussi de très belles peintures, des fonds baptismaux plutôt originaux, de jolis vitraux dont certains enjolivent des meurtrières, ce qui prouve bien qu’à son origine, l’église était un ouvrage fortifié. D’ailleurs, son aspect extérieur très haut et présentant que peu d’ouvertures ne laisse planer aucun doute à ce propos. Avant de me lancer tout autour de l’étang, il ne me restait plus qu’à me diriger vers la Tour Barberousse. Là, et alors que de nombreux touristes sont bien évidemment intéressés par les ruines de la tour, mois je suis surtout captivé par les roches fossilisées qui la soutiennent. Elles n’ont certes rien de bien impressionnant mais si on prête attention, on y distingue une quantité incroyable de dessins multiformes ressemblant à du plancton pétrifié voire à des micro-organismes aquatiques de type protozoaires. Je ne suis pas un spécialiste mais je suis presque sûr qu’il s’agit là de sédiments fossilisés antédiluviens et puis de toute façon, remonter le temps et l’Histoire m’intéresse toujours. Après cette découverte, il me reste encore à remonter les marches en direction de la tour Barberousse. Elle est bien ruinée et c’est surtout la plate-forme sommitale qui offre le plus d’intérêt. Plus que la vieille tour, les panoramas à 360 degrés captent le regard de tous les visiteurs. Je prends de nombreuses photos même si je pose un regard plus prolongé sur l’étang et le parcours que je dois accomplir. Il est temps de quitter les lieux car le ciel devient de plus en plus gris. Direction le port nautique Barberousse et le pont routier qui enjambe le canal du Grazel permettant d’y accéder. Là, je délaisse le bitume et après avoir franchi une passerelle, je file directement vers la digue de remblais qui est parallèle à la petite départementale qui file vers l’écluse de Mandirac. La digue est rectiligne et sépare le canal du Grazel de l’étang. Est-ce un ancien chemin de halage ? On peut le supposer. En tous cas, tout devient très simple et je peux désormais me consacrer à ma passion de la photo ornithologique et à la lecture des panneaux « botaniques » qui jalonnent le parcours. Les oiseaux sont déjà bien présents, mais un peu loin parfois pour les photographier correctement. Il faut dire que la profondeur de l'étang, qui est de 1,20m maximum, est idéale pour de très nombreux échassiers. Quant aux plantes décrites sur les panneaux, je les connais un peu aussi car ce sont les mêmes que celles que j’avais découvertes lors de mes 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique réalisé en 2014. Très rapidement, de nombreux oiseaux s’enregistrent dans mon numérique. Je suis seul sur cette longue digue et il va me falloir marcher presque une demi-heure pour croiser un couple de randonneurs. Il est vrai aussi que le ciel s’assombrit au fil de ma flânerie. D’ailleurs, à l’approche de l’écluse de Sainte-Marie, un fin mais dense crachin entre dans la partie. Les oiseaux marins, échassiers et limicoles, semblent indifférents à cette bruine. En tous cas, ils restent impassibles à mon approche. Les passereaux, presque essentiellement des tariers-pâtres, des rousseroles effarvattes, des bruants et des cisticoles des joncs, eux, sont dans une bougeotte quasi permanente et sont donc très difficiles à photographier. Ils sautent de branches en branches dans les roselières et les salicornes, et quand ils ne sautent pas, ils slaloment entre-eux. Sans la pluie, la difficulté me gênerait moins, mais là, je l’avoue, photographier les oiseaux et protéger en même temps mon appareil-photo pour ne pas qu’il se mouille décuplent les complications. Dans les épais buissons de soude, la pluie a fait sortir une multitude de limaçons, ces petits escargots blancs qui ont pour habitude de s’endormir en grappes agglutinés les uns aux autres. Là, ils partent en tous sens, comme si l’eau était le signal d’un exode asocial irréfléchi. Je suppose que dès que les rayons du soleil réapparaîtront, ils sauront se rassembler. A l’écluse de Sainte-Marie, un couple de pêcheurs parait placide à ce crachin qui fait autant briller leurs K-Way que leurs visages écarlates de touristes aoûtiens. Il faut dire que la pêche est « bonne » car ils sortent des mulets de 8 à 10 cm les uns derrière les autres. Rien ne semble les arrêter dans cette quête à vider le canal de ce menu fretin. Je les observe quelques instants dans leur collecte « mécanique » mais quand je regarde l’intérieur de leurs seaux respectifs, ces derniers sont quasiment vides. Alors, j’interroge l’homme en lui demandant : « Vous en faite quoi ? Vous les rejetez à l’eau ? ». « Mais non pas du tout ! » me réponds-il dans une exclamation à la fois contrariée mais si affirmative. « Mais vous attrapez des poissons sans arrêt alors que vos seaux sont presque vides ? » lui dis-je. « Ah non, ils sont vides parce que nous venons d’offrir notre pêche à des gens de passage. Ils nous ont dit qu’ils mangeraient les poissons en friture et comme nous, nous ne les mangeons pas, nous avons fait notre B.A ! ». Un peu dégoûté de tant d’insuffisance, je laisse les deux « généreux » donateurs à leur génocide halieutique. Tu parles d’une B.A ! La meilleure des B.A aurait été de laisser grossir ces minuscules alevins afin qu’ils deviennent adultes et puissent atteindre leur taille normale mais respectable de 50 à 80 cm de long selon les espèces. La pluie s’amplifie, s’arrête aussi soudainement puis recommence. Un minuscule coin de ciel bleu apparaît parfois. Un rayon de soleil s’y glisse et la Nature semble revivre. Il en sera ainsi jusqu’à l’arrivée finale. Je me laisse dépasser par un groupe de randonneurs, tous encapuchonnés dans leurs ponchos bigarrés. Ils me jettent un regard bizarre et par en dessous, comme si je débarquais d’une autre planète avec mon tee-shirt détrempé et collé comme un justaucorps. Alors, je ne suis pas le seul fou à marcher ? Sauf que eux sont des fous prévoyants. Des panonceaux « Capoulade » se présentent mais j’estime qu’il ne serait pas raisonnable de me lancer dans les 6 km supplémentaires annoncés. Je garde cette balade pour un autre jour. Un jour plus généreux sur le plan météo. Les pinèdes et les vignes toutes proches de l’étang sont autant de nouveaux biotopes ornithologiques. Je profite d’une brève amélioration météo pour partir m’y fourvoyer et y découvrir des fauvettes, des mésanges et des alouettes, passereaux tous aussi difficiles à photographier que ne l’étaient ceux des étangs. Seules quelques mésanges à tête noire sont plus dociles. A l’instant ou je retrouve la piste cyclable, quelques fous du vélo y roulent à tout berzingue. Arrivant dans mon dos, je m’écarte in-extremis au « ding-dong » de leurs sonnettes. La balade tire à sa fin dès lors qu’un carrefour routier se présente. J’entre dans Gruissan mais en longeant toujours l’étang au plus près de son rivage. Les oiseaux sont bien présents aussi. Le vieux village est rapidement là mais retrouver ma voiture parmi toutes ces ruelles en colimaçon représente un dernier challenge. Mais je fais mienne cette citation de Nahman de Bratslav : « Ne demande jamais ton chemin à celui qui le connaît. Tu risquerais de ne pas t'égarer ». Je ne demande rien à personne, ce qui me permet de m’égarer mais de faire aussi quelques dernières et jolies découvertes : fontaine, lavoir ancestral et son histoire contée, prud’hommes des pêcheurs et sa fresque murale. Oui, outre ses étangs, Gruissan mérite sans doute une visite guidée ! Il y a probablement d‘autres secrets bien cachés qui ne demandent qu’à être découverts ? Telle qu’expliquée ici, cette balade a été longue de 8 km environ. Carte IGN 2546 OT Narbonne Top 25.