Ce blog est destiné à faire aimer la marche et les randonnées au plus grand nombre. Il y a de nombreuses randonnées ou balades expliquées pour les départements des Pyrénées-Orientales et de l'Aude en particulier mais il y en aura aussi sur d'autre
Ce diaporama est agrémenté de la musique tirée de la bande originale du film "Papillon" avec Steve McQueen et Dustin Hoffman. Elle est signée Jerry Goldsmith. Les différentes versions sont interprétées ici par The City of Prague String Musicians dirigé par Dominik Hauser (Instrumental), par Engel Humperdinck (Chant), par Alborz Aeini (harmonica) et Omid Eskandar (guitare), par The Moment String Quartet (Intrumental), par Patrick Norman (chant) et enfin par Manoochehr Mantegh (harmonica).
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Samedi 23 janvier 2021, 10h. Avec Dany, nous sommes à Néfiach pour réaliser une randonnée qui a pour nom « Le Sentier de découvertes et d’agrément de Néfiach ». J’ai eu connaissance de ce circuit pédestre grâce à Patricia qui gère le blog « A pied dans le 66 ». Sur ma demande, Patricia m’a gentiment transmis un tracé GPS allant de Néfiach à Caladroy et retour par une boucle empruntant en grande partie le sentier en question. Son tracé est donc un peu différent et un peu plus long que celui que nous envisageons de parcourir car le nôtre se veut plus proche du tracé originel inauguré en novembre 2011. Inauguré en grandes pompes car avec les principales « huiles » du département et de la Région, si j’en crois ce que j’ai lu sur Internet. Parmi ses personnages haut placés, le regretté Christian Bourquin dont on connaissait la passion pour la randonnée pédestre. Internet nous apprend aussi que ce sentier a été réalisé sous l’égide de la Charte Intercommunale du canton de Millas dont dépend le village, avec le concours de la mairie de Néfiach, de l’Office National des Forêts, de la Fédération Française de la randonnée et le soutien financier de la Région Languedoc Roussillon et du Conseil Général des Pyrénées Orientales. Certes j’apprends aussi qu’il s’agit d’un sentier d’interprétation avec 11 plaques botaniques, 5 pupitres dits d’agréments et une table d’orientation mais pourquoi autant d’intérêts pour un parcours pédestre qui est censé parcourir somme toute que des paysages de garrigues et de vignobles ? Parce que l’intention des concepteurs de la Charte Intercommunale du canton Millas est de créer en finalité un réseau de sentiers reliant les différentes communes entre elles créant ainsi un grande boucle pédestre autour de Millas. Quel beau projet en perspective ! Si tout ça me plaît bien, j’essaie de savoir si le projet a vu le jour 10 plus tard ? Et là, je ne trouve pas grand-chose quand au site de la Charte Intercommunale du canton de Millas, un message indique constamment qu’une mise à jour est en cours. Le décès prématuré et si soudain de Christian Bourquin aurait-il mis fin à ce beau projet ? Je le crains ! Au-delà de toutes ces considérations, une question me taraude avant de démarrer: « La garrigue néfiachoise serait-elle si différente du reste de la garrigue du Ribéral que je connais déjà si bien ? », « à moi de le découvrir » me dis-je comme seule réponse et en démarrant. Nous démarrons sous un ciel bizarre car d’un blanc argenté vers le sud et d’un bleu acier vers le nord. Dans l’immédiat, le soleil peine à traverser cette côte de mailles et il en sera ainsi une belle partie de la journée. A Néfiach, le démarrage s’effectue en direction du passage à gué enjambant la Têt. D’emblée, les découvertes promises dans le titre de la balade sont là. Pour moi, elles se présentent sous les traits de plusieurs bergeronnettes occupant les gravières du fleuve. Guère plus loin et toujours au bord du fleuve, une Buse et une Aigrette surveillent le rivage en quête d’une collation à se mettre sous le bec. Ravi de ces premières photos, je me dis « ça commence bien ! ». Le premier panneau botanique se présente peu après une jolie aire de pique-nique. Il est consacré au « micocoulier », arbre ô combien magnifiquement « échevelé » dans sa ramure hivernale complètement dénudée. Ici d’ailleurs, tous les arbres sont dénudés, ce qui m’arrange dans ma quête à vouloir photographier les oiseaux. Ils sont disparates en espèces mais les étourneaux sont de très loin les plus nombreux. Il en sera ainsi tout au long du parcours où les rassemblements d’étourneaux seront souvent visibles. Quelques mètres plus loin, le deuxième panneau est dédiée à l’Asperge sauvage, plante ô combien « malchanceuse » car c’est sa juvénilité qui est son principal attrait, attraction pour nous, mangeurs de « jeunes pousses » et friands d’omelettes. Encadré de cannes de Provence, l’itinéraire continue, passe devant l’entrée du domaine du Mas Galdric, le contourne et parvient jusqu’à un autre radier enjambant un fossé. Mon bout de carte IGN m’apprend que ce fossé, bien rempli d’une eau limpide, est la partie aval d’un ravin prenant sa source non loin d’El Puig Alt, un Pic Haut dont l’altitude à 396 m est quand même relativement modeste. Ce ravin a pour nom « Cougouillade (*), toponymie dont on pourrait penser qu’elle parle au provençal que je suis. Mais non ! Une « Cougouillade » et une « couillonnade » (*) sont apparemment deux mots à la définition bien différente ! Si c’est ici que commence la véritable mais humble déclivité, ce n’est pas elle qui m’inquiète. Non, ce qui m’inquiète ce sont les coups de fusil qui résonnent tout autour de nous et se rapprochent au fil de notre avancée. Or mis un 4x4 planqué derrière un bosquet, nous ne voyons personne, pourtant nous voilà contraints de nous mettre à crier pour que les tirs s’arrêtent. Ce n’est pas très rassurant et ce d’autant que nous n’avons pas pensé à prendre nos gilets fluo ! Je m’interroge : « Est-il normal qu’un sentier pédestre qui se veut « d’agrément » soit également occupé par des chasseurs ? ». « Ne peut-on pas leur réserver d’autres zones plus éloignées de ce sentier pour chasser ? ». D’ailleurs dès le départ ce terme « d’agrément » m’a déjà interpellé quand j’ai vu certains fossés remplis d’immondices dont certains comme calcinés pour les faire disparaître. Alors je me suis dit que si des personnes sont irrespectueuses de la Nature, on ne peut pas systématiquement incriminer les communes. Dans ces circonstances, leurs tâches ne sont pas faciles et elles ne peuvent pas être en surveillance derrière chaque citoyen. C’est triste mais c’est ainsi et je le constate souvent sur ma propre commune. Alors que j’en suis à m’interroger, les tirs les plus proches s’arrêtent et les quelques-uns qui subsistent se font plus lointains. Des crissements de pneus sur une piste voisine sont-ils synonymes de fin de partie de chasse ? La suite de la balade totalement silencieuse, tranquille et solitaire me le confirme et met fin à nos angoisses. Nous pouvons désormais marcher paisiblement et profiter pleinement des vues et panoramas qui s’ouvrent tout autour de nous : Massif du Canigou, les Aspres, montagnes du Vallespir, les Albères, la Méditerranée, la Plaine du Roussillon, la Vallée de la Têt et Força Réal sont les plus faciles à identifier. Seule au bord du sentier, une poubelle perchée et transformée en poste de chasse vient nous rappeler qu’ici les pouvoirs publics n’ont pas su choisir entre chasseurs et randonneurs. Auprès de la Nature, le « tri sélectif » est encore à faire entre ceux qui la tuent et ceux qui l’aiment ! Entre ceux qui dressent en son sein des poubelles en plastique pour anéantir la faune et ceux respectueux qui ramènent leurs déchets à la maison. Le sentier continuant de s’élever, il nous offre d’autres vues : le Domaine de Caladroy puis c’est le joli Mas de la Juliane, partiellement deviné au travers des arbres. Finalement et malgré l’heure précoce, nous arrêtons pour déjeuner au sommet d’une butte. Nous ne sommes pas loin du lieu-dit Roc Grand. Là, une ancienne vigne, aujourd’hui quasiment disparue, mais envahie désormais par une herbe bien sèche mais douillette est une invitation à s’y asseoir voire à s’y coucher. Une petite sieste serait la bienvenue mais c’est sans compter dans cet appareil que je déteste et qui s’appelle le « téléphone portable ». Si le smartphone n’était pas trop de la partie, je pourrais presque dire que c’est un pique-nique idéal et ce d’autant que de superbes vues se dévoilent sur les montagnes enneigées du Haut-Conflent. Et puisqu’il n’est pas idéal, je pars photographier des oiseaux pendant que Dany papote au téléphone. Pinsons et un rouge-gorge occupent le secteur et m’occupent une petite heure. Je retrouve Dany qui a fini de téléphoner et l'herbe tendre pour déjeuner. Avec salades « Sodebo », sandwichs triangles et riz au lait, la table est vite dressée et le déjeuner vite expédié. Nous repartons. Toujours très bien balisé, le sentier se poursuit entre garrigues et sous-bois et finit par s’ouvrir sur de vastes parcelles plantées de vignes et d’oliviers. Peu après, se présentent des panonceaux où différents choix directionnels sont proposés : Boucle par Caladroy plus longue ou celle vers Néfiach. Nous choisissons cette dernière. Malgré de multiples zigzags, nous gardons le cap « Sentier de découvertes et d’agrément de Néfiach » ou bien celui intitulé « Boucle Volta Néfiach ». Les deux mentions sont communes avec le circuit que nous voulons réaliser même si des variantes restent apparemment possibles. Au pied d’El Puig Alt, le vignoble a très largement empiété sur les bois et la garrigue, offrant à nos vues d’autres décors plus ou moins lointains. Il faut encore s’élever à gauche de ce petit Puig Haut pour atteindre le point culminant de ce circuit à 343 m d’altitude. Non loin de là, une table d’orientation, face au Canigou, a été installée. Pas si « étourdis » que ça, un groupe d’étourneaux a choisi ce pinacle comme piédestal à leur grapillonnages des raisins oubliés et à leur dégustation de baies sauvages. Le sentier redescend au milieu de jolies plantations de cèdres. De ludiques panonceaux continuent à nous offrir de la lecture soit botanique soit agro-pastorale mais d’un temps révolu. Plus bas, la garrigue reprend totalement ses droits. Ici les ajoncs, les cistes cotonneux et les chênes pubescents se livrent des duels de couleurs chamarrées. Des bancs ont été élevés à bon escient pour profiter pleinement des vues et de ce spectacle coloré. Par chance, un autre spectacle se déroule devant nos yeux, c’est celui de centaines de cigognes qui apparemment partent en migration. Elles avancent au dessus du fleuve Têt dans un vol étonnant car complètement désordonné, un peu comme si elles étaient ivres et dénuées du moindre sens d’orientation. Pourtant, malgré ce désordre aérien, elles avancent et disparaissent peu à peu de notre vue. Elles ont disparu mais on reste scotché là sur notre banc comme si nous attendions de nouvelles cigognes voire un autre spectacle aussi insolite. On se résigne à repartir. Dès lors que les cicatrices d’une carrière apparaissent droit devant, l’arrivée n’est plus très loin. Si on observe cette carrière dite de Bente Farine (**) et ses proches collines alentours, on remarquera que leur géologie est quasiment identique à celle des Orgues d’Ille-sur-Têt. Oui, ces collines sont constituées des mêmes dépôts alluvionnaires composés de sables, d’argiles et d’agrégats mais avec une différence capitale, ici les cheminées de fées sont bien moins majestueuses. Alors qu’à Ille-sur-Têt, les autorités ont pris conscience des merveilles que la Nature avait façonnées pendant des lustres et de l’intérêt touristique et commercial qu’elles pouvaient générer, ici on a laissé taillader les collines pour quelques tonnages de matériaux. Il ne faut en vouloir à personne car il fut un temps où chaque arpent de terre alluvionnaire près du fleuve était synonyme d’exploitations : vignobles, vergers, jardins potagers ou carrières tout était bon à exploiter et d’ailleurs Wikipédia nous apprend que même sur le site des Orgues d’’Ille-sur-Têt, il fût un temps où l’argile fut utilisée pour fabriquer des tuiles. On laisse ces collines sur notre gauche et l’on continue à suivre le balisage qui nous amène à proximité du fleuve Têt sans pour autant l’atteindre. On emprunte une passerelle de bois et le sentier se poursuit dans un décor où les figuiers de Barbarie poussent à profusion. La ligne d’arrivée se confondant avec le passage à gué, je m’y éternise en quête de quelques volatiles supplémentaires. Mais non, seule une Bergeronnette grise me salue de ses hochements de queue. Il est 15h, nous avons beaucoup musardé et avons pris plaisir à faire cette balade. Cette balade a été longue de 8 à 9 km environ et si je ne suis pas plus précis c’est parce que je n’ai pratiquement jamais utilisé mon GPS. Le point culminant est 343 m sous le Puig Alt peu après la table d’orientation. Néfiach étant à 115 m d’altitude, cela vous donne un aperçu de la modeste déclivité. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.
(*) Cougouillade : L’origine de cette toponymie serait celtique si j’en crois le livre de Pedro Bosch-Gimpera « Les mouvements celtiques-Essai de reconstitution ». Il précise qu’en Catalogne cette toponymie signifiant « cône, sommet, capuchon, etc…» abonde en relation avec le mot romain « cugutiacum-cucullae » et que l’on retrouve dans le mot catalan et espagnol « cogullada ». En France, la ville de Cogolin est un bel exemple de cette toponymie. Wikipédia nous dit « Cogolin est un promontoire s'avançant sur une plaine ; c'est ce genre de colline, que l'on appelle en provençal « cuquihon - couquihoun », qui a donné son nom à Cougoulin-Cogolin. Probablement de l'occitan coucouri, coucouli, gougouli « cône de pin » pour désigner une hauteur. Ici, à Néfiach, on peut facilement imaginer que ce ravin de la Cougouillade qui descend directement du Puig Alt est le « ravin de la hauteur ».
Quant au mot « couillonnade », mot dérivé de « couillon » du latin « coleus » « testicule », le Larousse nous donne la signification suivante : « Très familier : Erreur, sottise, imbécillité ou tromperie, duperie »