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Le Tour de la Pelade (1.173 m) depuis Fenouillet (La Coume) 502 m.

Publié le par gibirando

Diaporama sur la chanson "Budapest" de George Ezra, tirée de son album "Wanted on voyage"

 Le Tour de la Pelade (1.173 m) depuis Fenouillet (La Coume) 502 m.

Le Tour de la Pelade (1.173 m) depuis Fenouillet (La Coume) 502 m.


 

Fenouillet, vendredi 19 février, 10 heures. Je suis à pied d’œuvre pour démarrer une nouvelle randonnée dans ce secteur des Fenouillèdes que j’adore. Enfin, je l’adore surtout quand il fait beau, ce qui est loin d’être le cas ce matin-là. La balade prévue aujourd’hui s’intitule «le Tour de la Pelade (*) » et je n’en connais pour l’instant que quelques panonceaux indicatifs qui se trouvent ici dans les hameaux de Fenouillet que sont Les Nautes, les Andrigotes et les Bordes. J’ai croisé ces panonceaux à de multiples occasions et en venant ici sans tracé G.P.S préparatoire, j’ai la quasi certitude qu’il s’agit d’une balade parfaitement balisée.  La suite va rapidement me prouver que je me trompe ! Il fait un temps exécrable avec un ciel bas chargé de gros nuages menaçants. Sur la route D.117 qui m’a amené jusqu’ici, j’ai même eu quelques gouttes de pluie et à diverses reprises, j’ai envisagé de faire demi-tour tant le temps me paraissait bien trop pourri pour randonner. Deux raisons m’ont amené à changer d’idée. : Tout d’abord les prévisions de Météo France qui annonce une « bonne » tramontane et un ciel bleu pour la journée quand au deuxième motif, je me souviens d’une météo quasi identique que j’avais eu ici même en me lançant dans l’ascension du Pech des Escarabatets, voilà 3 ans. Le temps s’était finalement arrangé et j’avais eu un ciel magnifiquement bleu et purgé de tout nuage pour le restant de la journée. En laissant ma voiture à la Coume, j’espère qu’il en sera de même aujourd’hui. J’endosse mon sac à dos et tout en filant vers les Bordes, je me dis qu’on verra bien ce qu’il adviendra. De toute manière, le premier objectif est d’abord de trouver la suite de l’itinéraire de ce « Tour de la Pelade ». D’ailleurs, le panonceau indicatif est déjà là parmi bien d ‘autres et si j’en crois le petit trait de peinture jaune qui l'enrichit, le parcours devrait être balisé de cette couleur-là. Je traverse rapidement le hameau sous le regard apathique de deux chats, un rouquin et un noir. Ils me rappellent étrangement Tarzan et Milie, deux compagnons adorables mais très caractériels et très indépendants que j’ai perdu de façon tragique ces dernières années.  Je me laisse distraire par ces deux chats, lesquels, sont plutôt sociables car ils se laissent approcher et caresser.  Est-ce à cause de cet instant de distraction mais j’en suis déjà à chercher le balisage jaune sans aucun résultat ? Il semble inexistant. Il y a bien un petit sentier partant à droite dans un pré mais je ne trouve aucune trace de peinture jaune. En tous cas, si le balisage a existé, il semble avoir totalement disparu et je ne vois rien nulle part. Je fais demi-tour, reviens sur mes pas mais toujours en vain. Je me décide à poursuivre vers le col de Tulla, les deux directions semblant les mêmes. Je suis déjà sur la piste DFCI F38 bis qui est commune avec le Tour des Fenouillèdes. Cette piste est balisée de jaune et rouge comme tout bon G.R.P (Sentier de Grande Randonnée de Pays). Je poursuis encore. Peu après, une autre piste forestière part sur la droite et c’est un peu « au pif » que je me décide à la prendre. Enfin, quand je dis « au pif », ce n’est pas tout à fait vrai. Si je poursuis tout droit, je sais parfaitement où je vais : au col de Tulla. Cette direction, je l’ai prise à de multiples reprises et l’an dernier par exemple quand j’étais venu avec comme objectif le « Refuge du Gai Sourire ». Si je prends la piste à droite, c’est que je ne vois pas d’autre alternative à ce « Tour de la Pelade ». En effet, si je ne connais pas exactement ce « Tour de la Pelade » dans le détail, je ne suis pas ignorant du lieu lui-même et je sais que cette « Pelade »  a un autre nom sur la carte I.G.N : « le Serrat de l’Ase (**) ». Or, ce « serrat », je sais parfaitement où il se trouve. Il s’agit de cette colline pelée que l’on aperçoit depuis Fenouillet et son hameau principal de La Vilasse.  Seule inconnue à toutes mes réflexions : où se trouve le chemin  qu’il faut gravir si l’on veut réaliser ce « Tour de la Pelade » ?  La piste tout en sous-bois m’amène vers le lieu-dit la Soula de la Coume où je découvre une superbe villa isolée. La piste, que je pense privée, semble se poursuivre uniquement vers la villa et de toute manière aucun balisage jaune  n’étant présent, je décide de faire demi-tour. J’ai déjà perdu beaucoup trop de temps. La tramontane a forci et comme de grands pans de ciel bleu commencent à se dévoiler, je me dis pourquoi ne pas essayer de faire ce « Tour de la Pelade » à l’envers ? On verra bien. Je ne connais pas ce « Tour de la Pelade » mais je peux aisément imaginer une partie du parcours car je connais un peu cette montagne dominée successivement par les pechs de Fraissinet et celui des Escarabatets. Quand au Serrat de l’Ase, si je n’en connais qu’une infime partie que j’ai découverte par le haut, je me dis que c’est l’occasion rêvée de le découvrir dans son intégralité et par là même de trouver le bon itinéraire que je ne trouve pas ici aux Bordes.  Alors me voilà une nouvelle fois parti vers le gîte et le col de Tulla. Peu à peu, le temps se met au beau et je suis ravi de marcher dans ces décors toujours aussi majestueux même si je les connais par cœur. Je domine le verdoyant ravin de Tulla et tout autour de moi la merveilleuse et épaisse forêt domaniale de Boucheville m’enserre dans sa sombre frondaison.  De toute manière, il y a toujours quelque chose à découvrir ou à photographier : un paysage, une fleur, un passereau, un lézard. Connaissant parfaitement l’itinéraire, je ne lézarde pas. Juste avant le gîte, je rencontre deux jeunes gens bien occupés à baliser le sentier mais eux ne sont là que pour le V.T.T et pas pour le pédestre. D’ailleurs les interrogeant, sur ce « fameux » Tour de la Pelade que je veux accomplir, ils me disent ne pas le connaître et c’est bien plus tard que je vais comprendre pourquoi ! Il est impossible à réaliser en V.T.T ! Le chat noir du gîte que je retrouve à chacune de mes venues vient se frotter dans mes jambes mais au moment de repartir, il fait le choix de rester avec les deux jeunes baliseurs. Normal, je le délaisse à chaque fois ! Une fois encore, le gîte de Tulla est désert même si cette fois-ci, je tente mais en vain d’en pousser la porte. Elle est fermée. Je poursuis jusqu’au col. Tout est calme. La faune est absente et la flore aussi et je ne peux m’empêcher de comparer cette désolation avec la profusion que j’avais connue l’an dernier en venant me balader jusqu’au Refuge de Gai Sourire. Mais c’était début mars et si le nombre de jours n’est pas très important, il a du être suffisant pour que se mette en place tout un biotope, absent aujourd’hui. A l’époque, j’avais photographié de nombreuses grives, craves à bec rouge, pinsons, un écureuil, et même un vautour percnoptère au Refuge de Gai Sourire. Au col, des chevaux gambadaient dans les prés. Mais aujourd’hui rien de tout ça, alors je poursuis sans trop m’arrêter et file vers la direction indiquée par un panneau de bois comme étant celle d’Aigues-Bonnes. Je connais bien ce large chemin, filant à droite. Un sentier plus étroit en prend très vite le relais,  monte vers le col de Fraissinet et redescend vers Aigues-Bonnes. D’Aigues-Bonnes, je n’aurais aujourd’hui qu’une ample vue aérienne sur son joli vallon verdoyant et boisé car du col de Fraissinet, je vais monter vers le pech éponyme.  Dans cette montée, les passereaux et notamment les mésanges laissent enfin entendre leurs chants même si leurs déplacements constants ne permettent aucune photo. Seul un gobe-mouche gris consent à une photo. L’élévation ajoutée à la présence d’un vautour fauve que je veux absolument photographier m’obligent à une flânerie forcée.  Du col de Tulla, je mets 35 minutes pour atteindre le col de Fraissinet à l’altitude toujours si singulière mais à la fois plurielle de 1.111 mètres. Il faut dire que les derniers mètres très verglacés et à l’ombre d’immenses sapins nécessitent une grande prudence ou bien des crampons que je n’ai pas dans mon sac. La suite de la montée vers le pic de Fraissinet (1.173 m) est du même acabit mais peu à peu le sol verglacé s’estompe et laisse la place à un terrain plus bourbeux car les espaces ensoleillés sont plus nombreux. Il faut dire aussi que les sangliers s’en sont donnés à cœur joie et ont copieusement labouré une grande partie du large chemin.  Ce n’est qu’une fois au sommet que je retrouve une pelouse rase et sèche où que je peux enfin oublier toute vigilance exagérée. Derrière moi et malgré la « bonne » tramontane qui souffle, le Pech des Escarabatets dévoile un dôme boisé mais figé, car entièrement blanchi par le givre.  Là, au sommet du Fraissinet, je pars un peu à droite puis un peu à gauche, mais toujours en bordure de la crête, histoire de profiter pleinement des vues aériennes et des immenses panoramas qui se dévoilent à 360°. Ici pour découvrir un maximum de paysages, il faut s’en donner un peu la peine sinon les grands arbres bouchent constamment la vue. Comme je le fais très souvent, je m’assieds aux endroits les plus propices puis bien tranquillement et avec les jumelles, je recense et fait un inventaire de tous les lieux où j’ai pu traîner mes godillots. La suite du parcours va constamment se dérouler ainsi, en zigzaguant. Vers le nord et l’est, j’arrive à égrener une bonne dizaine de lieux, du Bugarach jusqu’au Pech Auroux en passant par le Roc Paradet et d’autres endroits bien plus proches comme la forêt des Fanges, le château des Maures, le Vallon d’Aigues-Bonnes, le Chemin du Facteur, le Couillade de Ventefarine ou parfois très lointains comme la Tour del Far ou le Château de Quéribus. Vers le sud et bien que les vues soient bien plus amples encore, le nombre de sites chevauchés est plus limité et se résume au Roc des 40 Croix, au pic Dourmidou, au Sarrat Naout et à l’éternel Canigou, ici souverain de l’horizon une fois encore. Certes, je dois en oublier mais en tous cas, s’il y a une balade que je ne peux pas « zapper » c’est ce fabuleux Tour des Fenouillèdes réalisé avec mon fils en 2011. Ici,  à droite comme à gauche, du côté de Boucheville comme de la Boulzane, de très nombreux lieux me reviennent en mémoire : la  longue forêt de Boucheville, Caudiès, les Gorges de Saint-JaumeNotre-Dame de Laval  et les châteaux vicomtaux de Fenouillet sont les exemples les plus visibles et les plus proches de ces souvenirs qui ressurgissent. Il est 13 heures et si mon goût excessif de la contemplation et de la photographie me fait oublier le déjeuner, heureusement mon estomac, lui, n’observe rien et crie famine. Alors je stoppe et m’assieds sur la pelouse face au Canigou. Je prends néanmoins la précaution de me mettre à l’abri de la tramontane qui passe au dessus de ma tête et de quelques petits buis dans lesquels je me suis lové. Alors que j’en suis à peine au début de ma grosse salade, un vrai spectacle ornithologique commence. Les principaux acteurs sont deux couples de passereaux mais pas n’importe lesquels. Deux Gros Becs des sapins et deux Mésanges Huppées.  Mâles et femelles se sont donnés le mot pour rejouer chacun de leur côté des scènes ressemblant à un Roméo et Juliette céleste. Le tout sur une musique entêtante de plusieurs pinsons qui eux en sont encore à chercher une âme soeur. Gros becs et mésanges se poursuivent, volent de branches en branches, s’arrêtent pour se bécoter un peu, semblent vouloir s’accoupler puis ils repartent dans de nouveaux tourbillons toujours plus magistraux. Les Gros Becs dans les faites d’immenses sapins et les Mésanges Huppées dans des petits pins tout chétifs ou bien sur la pelouse. Pas facile de les photographier dans leurs circonvolutions amoureuses si rapides. Alors que depuis mon départ, trois volatiles seulement, sous la forme d’un geai, d’un gobe-mouches et d’un vautour, sont venus s’enregistrer dans mon numérique, voilà que tout à coup, plusieurs oiseaux viennent jouer les stars devant mon objectif. C’est presque inespéré mais la suite de ma marche sur le Serrat de l’Ase puis un plus tard lors de mon arrivée me prouve que d’autres passereaux sont déjà là aussi.  Ils sont déjà là mais apparemment ils n’acceptent un bon de sortie que contre un chaud soleil, un ciel azur et un vent modéré. Après le déjeuner, je poursuis ma descente du Serrat de l’Ase au plus près de la crête. Elle domine le Vallon d’Aigues-Bonnes et la jolie forêt domaniale de Boucheville. Plus j’avance et plus la dénomination « Pelade » prend sa juste et pleine signification.  Une végétation très rase sur un terrain très sec, souvent pelé mais  de plus en plus caillouteux au fil de la descente. D’ici, rien ou presque n’arrête le regard. La vision porte très facilement jusqu’à la mer que l’on entrevoit à l’horizon. De lui-même, le sentier quitte le bord de la falaise et bifurque vers le centre de la colline. Là, quelques chèvres, que de loin j’ai aperçu très éparses, se regroupent et viennent dans ma direction comme un seul homme. Elles s’arrêtent à trois mètres de moi comme pour mieux m’observer. Je ne change rien à mon allure et je file droit sur elles mais au moment où je vais traverser la petite troupe, elles s’éloignent de quelques mètres tout en continuant à me scruter. Ayant remarqué que trois chèvres ne se sont pas levées et sont restées totalement inertes, je pars vers la plus proche car sur l’instant j’ai pensé qu’elles pouvaient être mortes. Mais non, elles dorment ou alors elles sont épuisées car leur respiration est très lente mais néanmoins visible. Toutes ont une panse énorme et je suis quasiment convaincu qu’elles attendent de mettre bas d’un instant à l’autre d’où peut être cette lassitude que j’imagine. Les autres caprins m’ont suivi dans ma démarche vers leur congénère couché et quand je pars en voir une deuxième puis une troisième, ils continuent de me suivre mais en restant toujours à une distance respectable. Dans mon esprit, j’ai désormais la crainte énorme que se renouvelle la triste expérience que j’ai connue à Urbanya lors de la balade au Sarrat de Marsac et aux Cortalets et que dans leur entêtement, les chèvres me suivent dans ma descente jusqu’à La Coume. Mais non, finalement et une fois rassuré sur l’état des trois chèvres couchées, je m’éloigne sans problème et les autres restent plantées là à me regarder partir pendant de longues minutes. Je suis d’autant plus soulagé que le chemin devient de plus en plus aride et caillouteux et qu’il me faut être attentif à la suite de l’itinéraire. J’aperçois quelques cairns sur ma gauche, en bordure de la falaise, alors je pars voir mais je constate aussitôt que ceux qui suivent reviennent vers le centre de la croupe, alors je continue de les suivre jusqu’à me retrouver au milieu d’une végétation devenant de plus en plus touffue mais plutôt basse.  Elle est essentiellement composée de petits buis, de buissons de thyms et de rares chênes verts, tous plus rabougris les uns que les autres. Là, je prends immédiatement conscience que j’ai atteint la limite la plus praticable de « la Pelade » dont j’ai eu la sordide idée de vouloir faire le « tour ». Je suis en surplomb de la commune de Fenouillet dont j’aperçois tout le détail et chacun des hameaux, mais surtout de grands pylônes à haute tension. Il n’y a plus véritablement de chemin devant moi. En tous cas, j’ai beau scruter le paysage le plus proche se trouvant à mes pieds, je n’en vois pas. Ici, la caillasse blanche car calcaire est reine et elle forme des éboulis, petits et grands, qui dégueulent de toutes parts sur les flancs de la colline malmenant la végétation à ces endroits-là.  La végétation se raréfie sous la forme de quelques buissons ligneux. Je n’ai pas fait trois mètres dans ce dédale incertain de pierriers et de broussailles que j’ai déjà trébuché sur un caillou m’envoyant ainsi valser dans un buisson de buis dont le bois sec et dur comme de l’acier m’arrache la face dorsale de la main droite. La plaie est plutôt superficielle mais je pisse le sang et malgré ma trousse à pharmacie j’ai un mal fou à arrêter ce saignement. Il me faut un bon quart d’heure avant d’y parvenir et encore que partiellement car le petit pansement finit par être rapidement gorgé d’hémoglobine. Force est de reconnaître que les comprimés que je prends chaque matin pour fluidifier mon sang sont efficaces au delà de mon aspiration.  La première décision que je prends est d’enlever mon appareil photo du tour du cou pour l’enfouir dans mon sac à dos. Ça me parait plus sage au regard de la configuration du terrain et de la nécessité que j’ai d’utiliser mes pieds mais aussi mes mains pour descendre cette longue arête rocheuse biscornue se dessinant devant moi. Heureusement, j’arrive à retrouver quelques cairns qui ont été disposés à bon escient et ma descente en est nettement facilitée même si une grande attention est constamment de mise. Vigilance pour ne pas choir et vigilance pour trouver le prochain cairn.  Finalement après avoir contourné le premier pylône à haute tension par la droite puis atteint le second, je retrouve une étroite sente. Une sente pas vraiment bonne car toujours aussi abrupte et ravinée mais en tous cas bien moins dangereuse qu’ont pu l’être tous ces éperons rocheux qu’il m’avait fallu chevauché jusqu’ici. D’ailleurs, ce sentier s’améliore très vite au fil de la descente et débouche par bonheur sur un large chemin souple car herbeux à souhait. Au bout de ce chemin, je ne suis pas vraiment surpris de  me retrouver en surplomb de la belle villa découverte ce matin à la Soula de la Coume, là même où un peu plus bas, j’ai arrêté ma course pour faire demi-tour. Le Tour de la Pelade était donc bien ici ? Je me dis que c’est un peu idiot d’avoir arrêté trop tôt mais d’un autre côté, je ne regrette pas de l’avoir fait à l’envers même si je pense qu’il doit être bien plus facile de gravir la Pelade que de la descendre, mon écorchure sanguinolente à la main droite est là pour me prouver que j’ai sans doute raison. Il ne me reste plus qu’à rejoindre ma voiture mais là, je n’ai plus aucune anxiété. Seuls quelques passereaux m’arrêtent dans cette entreprise parce que je cherche constamment à les photographier. Enfin quelques-uns vont faire les frais de ces arrêts et ce n’est pas plus mal car mes jambes réclament eux aussi un peu de répit. J’ai réussi mon challenge : boucler ce « Tour de la Pelade » que je ne connaissais pas.  Enfin, je suppose que c’est le nom du tour que je viens d’accomplir ! Les hameaux des Bordes et de la Coume sont déserts et je n’y trouve personne pour me renseigner. Je vais bien essayer de me rendre à la Mairie de Fenouillet pour en avoir la certitude, mais je trouve porte close. Mais en réalité, peu importe son nom !  En finalité, je ne regrette absolument rien malgré les difficultés rencontrées car une fois encore j’ai pris un immense plaisir à marcher, à découvrir et à contempler ce merveilleux pays des Fenouillèdes et la nature qui en fait sa richesse. Toutefois, il faut bien admettre quelques évidences : Ce Tour pédestre de la Pelade, que je vous conte ici et que par méconnaissance j’ai accompli à l’envers, n’est pas vraiment balisé et encore moins répertorié dans un aucun topo-guide. Il est donc sans doute réservé qu’à quelques initiés, bergers, chevriers, chasseurs, gens du cru et à un degré moindre à quelques rares animateurs de randonnées avertis. En tous cas, dans un sens ou dans l’autre, il ne faut pas appréhender un peu d’escalade pour l’accomplir. Confidences pour confidences et le connaissant un peu mieux désormais, j’aurais presque tendance à dire tant mieux qu’il reste si confidentiel car il est très « âpre » et si peu évident à gravir dans sa partie la plus difficile où se trouve les pylônes EDF. D’ailleurs, j’en suis encore à me demander s’il n’y aurait pas plusieurs sentes montant vers cette « Serrat de l’Ase » ? Si certains de mes lecteurs le savent, je suis toujours preneur d’autres passages ou tracés plus faciles. Telle qu’accomplie ici, la balade est longue de 10,9 km. Le point culminant à 1.173 m est le Pech de Fraissinet et la ligne de départ à la Coume étant à 502 m, le dénivelé est de 670 m. Les montées cumulées sont plus parlantes et se chiffrent à 1.165 mètres. Carte I.G.N 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

(*) Le toponyme « pelade » est très commun dans toute la partie sud de la France. Il signifie la plupart du temps un « terrain de montagne pelé ou dénudé », pâturé le plus souvent par des troupeaux d’ovins ou de caprins. J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer une jolie balade au Pic de la Pelade, sommet aride situé près du Massif du Madres entre Capcir et Conflent. Les mots « pelada », « pellado », « pelates », « pelat(s) » ont la même origine et signification.

(**) Serrat de l’Ase : le Serrat de l’Ase est cette colline pelée dominant Fenouillet. Serrat au même titre que Serre, Sarrat ou Sierra est une crête ou une colline. « L’Ase » ou « Aze » dans la toponymie catalane ou occitane c’est « l’âne ». On retrouve cette dénomination dans le pic bien connu du Cambre d’Aze.

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Rester vivant ! Oui, mais comment ?

Publié le par gibirando

Rester vivant ! Oui, mais comment ?


 

En ce mois de juillet 2016, l’actualité m’a rattrapée une fois encore. Une fois de plus. Une fois de trop. J’avais prévu de faire un petit billet sur la défaite de l’équipe de France lors de l’euro et me voilà contraint une fois encore de faire dans le sordide en évoquant ce terrible drame de Nice du 14 juillet. J’en ai vraiment assez de voir tous ces innocents mourir. J’en ai plus qu’assez de voir toutes ces cérémonies où viennent se pavaner des incapables qui ne pensent qu’aux prochaines élections. J’ai ai plus qu’assez de voir ces polémiques stériles de nos gouvernants et politiciens de tous bords. En matière de terrorisme et de sécurité, la gauche gouvernante affirme que jamais autant de décisions et de réformes avaient été prises auparavant. La droite dit le contraire et annonce tout d’un coup un monceau d’idées nouvelles pour lutter contre ce fléau. Mais le résultat est là : des attentats en série touchant la société française plus qu’aucune autre !

 

Pour une fois au moins, ne pourraient-ils pas s’entendre sur quelques idées communes, sur quelques idées de base à mettre en œuvre ?

 

Pour une fois, ne pourraient-ils pas oublier un peu les prochaines élections et se souder autour de ce qu’il faut faire pour être un peu plus efficaces ?

 

Non, au lieu de ça, ils nous ont bassiné pendant des mois avec la déchéance de nationalité pour les terroristes. Pour quel résultat ? Plus de 230 morts, des centaines d’handicapés et des gens fragilisés dans leur tête jusqu’à la fin de leurs jours.

 

Combien faudra-t-il de morts, combien faudra-t-il de victimes innocentes pour que nos gouvernants actuels ou passés reconnaissent que leur politique a été un échec total ?

 

Combien faudra-t-il de morts, combien faudra-t-il de victimes innocentes pour qu’ils reconnaissent que la France ne possède pas les outils et les moyens sécuritaires, juridiques et pénaux pour faire face à ce terrorisme-là ? Qu’attendent-ils pour que la France s’en dote ?

 

Combien faudra-t-il de morts, combien faudra-t-il de victimes innocentes pour qu’ils arrêtent de se voiler la face et reconnaître enfin que l’islam, quel qu’il soit, est de plus en plus radical depuis des décennies. Islam de France y compris. Ça commence avec le voile dans les lieux publics, ça se poursuit avec les cantines, les piscines et les soins médicaux qu’il faut adapter à leurs communautés de plus en plus nombreuses et composites.

 

Combien faudra-t-il de morts, combien faudra-t-il de victimes innocentes pour reconnaître enfin qu’accueillir à bras ouverts des millions d’immigrés et de réfugiés de tous pays ne va pas sans poser des problèmes insurmontables. Insurmontables pour notre société, notre identité, notre solidarité, notre laïcité, notre sécurité et nos finances ?

 

Combien faudra-t-il de morts, combien faudra-t-il de victimes innocentes pour que nos juges prennent les bonnes et justes décisions pour mettre hors d’état de nuire un certain nombre de multirécidivistes ? Est-il normal que l’assassin de Nice, en France depuis 2005, n’est pas été reconduit dans son pays d’origine, la Tunisie en l’occurrence, alors qu’il était connu de la justice pour des faits de menaces, violences, vols et dégradations commis entre 2010 et 2016, violences sur son épouse notamment. Le 24 mars, il avait été condamné à Nice à six mois de prison avec sursis pour des violences volontaires commises en janvier. Lors d'une altercation liée à un accident de la circulation, il avait frappé son adversaire avec une « palette », rien que ça ! Et savez-vous pourquoi le juge lui avait infligé une peine avec sursis ? Parce que le juge est laxiste et qu’il a voulu lui donner une nouvelle chance ? Pourquoi ? Parce que ce Bouhlel avait des enfants ? Une femme ? Oui, on voit bien aujourd’hui où le laxisme, la compassion, la gentillesse, la bonté, la miséricorde du juge, appelons-les comme on veut, nous ont mené. Ne plus faire confiance à aucun voyou multirécidiviste devrait être « la règle » dans notre pays. Les expulser quand ils sont étrangers.  Les déchoir de la nationalité française quand ils ont la double nationalité puis les expulser avec interdiction de revenir en France. Les enfermer dans des geôles et non pas dans des Club’Med où ils peuvent faire du sport, regarder la télé sur grand écran, s’ils ne sont que français ? Et surtout les mettre au boulot pour rentabiliser les coûts qu'ils engendrent pour notre société.

 

C’est à ce prix-là que nous resterons encore vivants ! Être plus fermes, plus sévères, sans état d'âme, sans sensibilité d'aucune sorte. Ils ne le méritent pas et n'en ont pas avec nous, avec nos enfants, avec notre société ! Ceux qui n'aiment pas notre société, nos moeurs, notre Histoire, nos coutumes, qu'ils dégagent définitivement.

 

« Rester vivant » chante en ce moment et un peu partout notre Johnny national !

 

Le 2 juillet, Johnny est venu chanter à Fréjus sur la jolie base nature devant 20.000 spectateurs et sans aucun problème, enfin sauf pour une vingtaine de platanes qui eux sont définitivement morts au nom d’une certaine religion musicale qui s’appelle le rock. J’ai toujours aimé le rock sauf quand il massacre aveuglement, y compris à la tronçonneuse des arbres innocents. A Fréjus, la commune est gérée par un élu F.N mais surtout ne voyez aucune corrélation entre la gestion de la commune, celle de la sécurité et l’absence d’attentat. C’est la chance, c’est tout ! Il y a eu un contrôle des spectateurs mais les policiers nationaux présents ce jour-là étaient au nombre de 7. Etaient-ils proportionnellement plus nombreux à Nice le soir du 14 juillet ? Laissez-moi en douter ! Je ne sais pas mais la polémique continue d’enfler à ce propos suite à un article paru dans Libération. Malheureusement et longtemps encore toutes ces polémiques continueront d’alimenter les débats politiciens et médiatiques.  Ces polémiques se feront inévitablement au détriment de la sécurité des citoyens lambda que nous sommes. Les français se foutent des polémiques. Pas de bla-bla, des résultats disait une célèbre publicité. Je n'aime pas la publicité, ce bourrage de crâne pour débiles mentaux.

 

Faisons en sorte de « rester vivant » tout simplement !

 

 

 

 

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Le Château de Salveterra (400 m) depuis Opoul (côte 207 sur le D.9)

Publié le par gibirando

Diaporama sur une musique de Johan Söderqvist tiré du film "Let The Right One In", en français "Morse"

Le Château de Salveterra (400 m) depuis Opoul (côte 207 sur le D.9)

Le Château de Salveterra (400 m) depuis Opoul (côte 207 sur le D.9)


 

Si vous allez découvrir le château d’Opoul, comme j’ai pu le faire, avec une tramontane à 80 ou 90km/h avec quelquefois des rafales soufflant à plus de 100, voire sans doute supérieures parfois ; j’ai failli tomber à plusieurs reprises ; vous penserez immédiatement que si nos ancêtres l’ont appelé « Salveterra » c’est sans doute à cause de ça. La « Sauveterre », on y monte, terre en général hautement perchée, et le vent est tel qu’immédiatement on se sauve ! Eh bien non ! Vous n’y êtes pas du tout et c’est même presque le contraire ! Non, tous les toponymistes sont d’accord pour traduire « Salveterra » en « terre sauve » c'est-à-dire en « terre d’asile » et en tous cas en « terre jouissant d’un droit d’asile ». C’est ainsi qu’au Moyen-Âge, un « sauvetat » ou « salvetat », en français une « sauveté » était un lieu bien défini, en général près d’une église et délimité très souvent par des bornes, dans laquelle un fuyard ne pouvait pas être ni appréhendé ni même simplement poursuivi. L’Histoire raconte que ce château d’Opoul a été édifié en 1246 par Jacques 1er le Conquérant, roi d’Aragon, sur les bases d’un ancien « podium », le « Castlart d’Oped ». Le but était d’assurer la paix avec le Royaume de France en protégeant la frontière toute proche par une ligne de défense composée de plusieurs forteresses aragonaises dont Salses, TautavelForça Réal et bien sûr Oped. Le royaume de France possédait l’équivalent avec Aguilar, QuéribusPeyrepertuse et quelques autres châteaux longeant la chaîne pyrénéenne piémontaise.  Ici au « Castlart d’Oped », le lieu était si sordide et si venté que les candidats prêts à l’occuper ne se pressaient pas au portillon et du coup, le roi décida d’en faire une « Salva Terra », une terre protectrice. Aussitôt arrivèrent des vagabonds, des fugitifs mais également des paysans qui fuyaient les exactions et les guerres. Ils s’installèrent sur le plateau. Le hameau de « Salveterra » est né ainsi comme d’autres «Sauveterre» dans bien d’autres provinces de France, de Navarre et d’Aragon. La première mention écrite « Salveterra » date du 11eme siècle et tire son origine du latin « Salvam Terram » ou « Salva Terra ». D’autres citations du mot suivirent et figurent en bonne place dans les archives médiévales du « Trésor des Chartes ». Depuis le nom a guère varié même en passant du latin à l’occitan (Sauvaterra), ou de gascon (Salvaterra) au béarnais (Saubeterra) et enfin au français (Sauveterre), mais il a toujours gardé cette même signification de « terre sauve », une terre sur laquelle une communauté pouvait bénéficier d’une « charte de franchise », c'est-à-dire d’un certain nombre de privilèges et d’exemptions de taxes que le seigneur leur accordait pour les inciter à s’installer.  Alors comme la douzaine de communes françaises et les innombrables lieux-dits portant ce nom de « Sauveterre », le château d’Opoul ne fait pas exception à cette règle instaurée ici par Jacques 1er d’Aragon. Voilà pour l’Histoire du lieu et du nom rapidement résumé. Pour mon pique-nique et malgré les ruines, j’y ai d’ailleurs trouvé asile sans trop de problèmes, au fin fond d’une salle voûtée pourtant ouverte à tous les vents mais très curieusement la tramontane, elle, n'y rentrait pas. Dans ce décor plutôt isolé, austère et même un peu lugubre, il faut bien le dire, seul le vent violent a eu envie de me chasser de là et malgré ma terrible envie de découvertes, il a fini par y parvenir bien plus vite que je ne l’aurais voulu. J’en suis donc parti à regret avec le sentiment de ne pas avoir tout vu. Pour cette randonnée, je suis parti de la côte 207 sur la carte IGN, croisement situé sur la D.9 peu après Opoul. Là, j’ai laissé ma voiture près d’une citerne verte D.F.C.I et j’ai immédiatement emprunté un petit sentier caillouteux coupant les deux premiers lacets de la route asphaltée montant vers le château. Un peu plus haut, j’ai retrouvé la route mais peu après, j’ai aussitôt opté pour un autre raccourci. En effet, une large piste caillouteuse part sur la droite et évite à nouveau un long cheminement sur le bitume. Si la déclivité est plutôt modeste, elle est néanmoins suffisante pour dévoiler de multiples et lointains panoramas : Plaine du Roussillon,   massifs des Albères et du Canigou et premiers contreforts des Pyrénées enneigées. Beaucoup plus près, le village d’Opoul en contrebas, la côte Méditerranéenne et l’étang de Salses-Leucate et les premières « serras » des Corbières méridionales. Enfin, ce n’est pas seulement la tramontane qui m’a fait tourner la tête et les paysages y étaient pour beaucoup aussi. Du fait, l’objectif de mon appareil photo a fait de même. Quand au château, s'il est bien visible depuis un bon moment déjà, c'est essentiellement à cause de ses quelques remparts ressemblant à des chicots sur une gencive édentée. Cette gencive blanche, c’est la vaste plate-forme calcaire qui le supporte. Abstraction faite des fortifications, à lui seul ce plateau ressemble à une forteresse minérale. Dans ce plaisant cheminement, la seule chose que je regrette, or mis la tramontane, c’est ce ciel carrément coupé en deux avec de gros nuages gris sur la longue crête des Corbières et un bleu azur presque pur sur le Roussillon. La tramontane a coupé le ciel en deux et envoie valdinguer les nuages vers la mer. De ce fait, le firmament est moucheté de quelques altocumulus lenticulaires très épars. Cette coupure est juste au dessus de ma tête et par instant, j’ai même l’impression d’un désagréable crachin qui, heureusement ne dure que quelques minutes. Le chemin amorce un virage, laisse sur la gauche une aire de pique-nique et une citerne jaune et se termine sur le bitume de la route juste en face le grand parking du château. Ne connaissant pas les lieux, j’emprunte l’itinéraire qui me parait le plus simple et le plus direct pour monter vers le fort. Je traverse le parking tout droit, prend un large chemin puis un sentier plus étroit montant directement à droite vers les ruines des remparts. Là, je me retrouve devant quelques rochers puis un mur qu’il me faut escalader sur quelques mètres pour parvenir à une trouée dans les remparts du château. Si vous n’êtes pas féru de grimpe aussi minime soit-elle, je vous conseille, depuis le parking, d’emprunter un étroit sentier filant immédiatement à droite et se dirigeant vers une petite pinède. C’est plus long pour atteindre le plateau mais moins périlleux et donc plus sûr. Après le pique-nique, j’ai dans l’idée de faire une visite très approfondie de tous les vestiges et du plateau lui-même mais la tramontane a forci et semble décidée à contrarier ce projet. A plusieurs reprises, elle est à deux doigts de me pousser à la faute et de me faire tomber. Grâce à un planté très ferme  de mon bâton de marche, j’évite le pire, c'est-à-dire de choir au fond d’une séculaire « cellera » souterraine que je suis entrain de photographier. Etant tout seul sur cette masse aride et rocheuse, il ne m’en faut pas plus pour prendre mes jambes à mon cou et décamper de ce lieu si hostile. Ce n’est pas vraiment de la peur mais mon éternelle étourderie m’ayant fait oublier mon téléphone portable, je trouve que c’est plus prudent d’en rester là, et ce d’autant que d’autres découvertes sont au programme et que le ciel demeure toujours incertain. Au loin, vers Périllos et son Montolier, le ciel est très gris et la colline gravie l'an dernier plus terne encore.  J’entreprends donc de faire le tour du plateau car sur la carte IGN figure un chemin circulaire et deux grottes que je veux impérativement aller voir : la Cauna Negra et la Cauna Roja. Je suis d’autant plus enthousiasmé que j’ai appris que les flancs du plateau recèlent des marnes fossilifères. Je fais donc le tour du plateau sans aucun problème, un large chemin en forme de vélodrome étant tracé à cet effet. En observant chaque éboulis, chaque talus, je trouve assez facilement quelques fossiles intéressants dont trois sont clairement de vieux mollusques bivalves quand au quatrième, il ressemble plutôt à un ver marin. Enfin, il suffit d’observer certains agglomérats limono-argileux reconnaissables à leur couleur rougeâtre pour qu’aucun doute ne subsiste quand à la présence de la mer ici dans des temps très reculés. On y décèle le dépôt d’infimes algues fossilisées et parfois même de minuscules coquillages. Depuis le chemin, on peut noter aussi la présence quasi permanente de remparts dans chacune des anfractuosités du plateau mais également des tours fortifiées sur son aile nord. Les grottes, elles, ne présentent pas un grand intérêt, il faut dire que je ne suis pas trop téméraire quand il s’agit de progresser seul dans une caverne, qui plus est sans lampe comme c’est le cas. Après ce tour du plateau, je m’arrête à la table d’orientation dominant le village d’Opoul. Je l’ai remarqué grâce à ma carte IGN. Elle se trouve en face du parking du château. On regrettera qu’elle ne soit pas indiquée et qu’en outre n’étant pas visible depuis la route, on peut supposer que de nombreux touristes y passent à côté sans la découvrir. Après cette visite du château et de son plateau calcaire, je reprends la route direction la Ginevrède (la Génevraie). Au premier virage, je poursuis tout droit pour emprunter la route de la Vall Oriola mais juste après un pylône à haute tension se trouvant sur la gauche, j’emprunte un bon chemin descendant dans la Coma de l’Agla (la Combe de l’Aigle). Là, en marchant au pied de la petite falaise, dernier épaulement du vaste Pla de la Llaquera (plateau du Laquet), je suis bien à l’abri du vent et ça me change des rafales que j’ai pris en pleine poire depuis le début de la balade. C’est d’autant plus agréable que la tramontane a chassé tous les nuages et que la balade s’effectue désormais sous un chaud soleil. Est-ce l’absence de vent, la tranquillité du lieu et la présence d’une pinède mais les passereaux y sont plus nombreux que nulle part ailleurs. Je me poste avec mes appeaux et en moins d’une heure, je réussis à photographier un monticole bleu, un rouge-gorge et une jolie fauvette à lunettes. Après cette jolie moisson photographique, je repars. La falaise se termine et avec elle, l’abri du vent aussi. J’ai atteint le fond de la combe. Ici, circule le Correc dels Vivers et la tramontane me rappelle aussitôt à son bon souvenir. Tout comme moi, elle s’engouffre dans la petite gorge du « correc » mais ce n’est pas pour les mêmes raisons. Les miennes sont plutôt localisées car le but de cette marche dans le ruisseau asséché est d’aller découvrir l’étrange grotte de la Nantella. Etrange car l’entrée de cette grotte toute proche est constituée d’un joli fronton en pierres maçonnées comme on le faisait dans le temps avec les matériaux du coin : calcaire blanc et terre argileuse rougeâtre. La toiture a disparu mais la bâtisse devait être très belle avec notamment une grande pièce présentant une très jolie arcade et de nombreuses ouvertures permettant sans doute d’y faire rentrer le soleil. Les pièces donnent ensuite sur l’entrée de la grotte et de ce fait, bien évidemment on pense immédiatement à un ancien habitat troglodyte. Alors était-ce un moulin à cause du ruisseau qui se trouve juste devant ? Etait-ce une bergerie bien que son unique accès par le petit canyon semble peu propice à la venue d’un troupeau ? Etait-ce l’entrée d'une mine aujourd’hui oubliée ? Etait-ce plus simplement l’habitat d’un homme original qui cultivait des lentilles puisqu’il semble que le nom « Nantella » soit une variante du toponyme « Nantilla », lieu où l’on cultivait cette légumineuse ? Le mystère reste entier et je n’ai rien trouvé sur Internet permettant de donner un début d’explication. Aujourd’hui, et malgré son état de délabrement, il semble que la grotte ait été encore très récemment « squattée » car on y trouve un matelas deux places, plusieurs matelas en mousse, un grand canapé en cuir et un tapis et divers petits objets usuels. La grotte est à priori et de très loin la plus spacieuse des trois que j’ai visité au cours de cette balade. L’absence d’une torche m’a encore une fois contraint à écourter la découverte. Il ne me reste plus qu’à rejoindre la voiture, ce que je fais en suivant le lit du « correc » jusqu’au petit pont de la D.9 qui l’enjambe. Là, je poursuis l’asphalte sur moins d’un kilomètre, en longeant la  Coma de Raó jusqu’à la côte 171 puis juste avant le virage, j’emprunte un étroit sentier filant tout droit dans la garrigue et me permettant une nouvelle fois de raccourcir l’itinéraire. Ma voiture est là sur le terre-plein et en observant mon pneu avant gauche, je m’aperçois que je me suis arrêté à quelques millimètres à peine d’un énorme et magnifique « Orchis géant » tout rose. Ecraser en janvier une aussi jolie fleur alors que la flore aperçue ne se résume qu’à quelques romarins, ajoncs ou pissenlits aurait été fort dommage. La randonnée telle qu’expliquée ici a été longue de 10 km environ. Le dénivelé de 255 mètres est peu significatif, le point le plus haut est bien évidement situé sur le plateau à proximité du château à 400 mètres d’altitude. Les montées et descentes cumulées sont de 610 mètres. Bonnes chaussures à tiges hautes sont vivement conseillées dans ce pays de caillasses et bien évidemment emportez de l’eau en quantité suffisante si vous envisagez de faire cette balade à la saison chaude. Carte IGN 2547 OT Durban – Corbières – Leucate – Plages du Roussillon Top 25.

 

 

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