• Comment ne pas retenir dans cette actualité foisonnante, cette catastrophe survenue le 11 mars dernier au Japon. Après ce tremblement de terre hors norme et le tsunami qui s’en est suivi et qui a fait des dizaines de milliers de morts et de disparus, des inquiétudes extrêmes se focalisent à juste titre sur la centrale nucléaire de Fukushima que plus personne ne semble être capable de maîtriser. Les réacteurs sont hors contrôles, fuient de tous côtés, les noyaux fondent et laissent échapper dans l’air, l’eau et la terre, une radioactivité qu’aucun scientifique n’est vraiment capable de dire qu’elles seront les répercussions sur l’environnement futur du Japon et de notre planète. Depuis bientôt un mois, tous nos soi-disant experts se contentent de dire qu’un nuage sans aucun risque et aucune conséquence sur notre santé passe au dessus de nos têtes. En 1986, des menteurs avaient également dit que le nuage de Tchernobyl n’atteindrait jamais la France ! On connaît la suite….Mais pour cet accident du Japon, sans doute encore plus gravissime, comment peut-on affirmer un scénario « angélique » alors que reste en suspens une question lancinante : dans combien de temps ces fuites vont-elles être endiguées complètement ?

    Alors devant cette catastrophe imprévisible et ses terribles conséquences et drames humains, comment ne pas donner raison à tous ces écologistes qui depuis de longues années se battent contre le nucléaire et ses déchets dont on se sait plus que faire après utilisation. On savait le nucléaire militaire dangereux, on savait le nucléaire civil risqué voire aventureux si mal maîtrisé et mal sécurisé mais les voilà désormais aussi dangereux l’un et l’autre quand l’imprévisible se produit.

    Fukushima, l’île du Bonheur en japonais est devenue l’île du Malheur car c’est un périmètre de 80 kilomètres tout autour de la centrale nucléaire que les américains jugent indispensables de déserter dans sa totalité. Ce périmètre sera sans doute revu à la hausse au fil du temps et des fuites radioactives qui s'échappent des réacteurs endommagés.  Imaginez un territoire irradié grand comme 2, 3 ou 4 départements français où il y aurait des milliers voire des millions de personnes susceptibles d’être atteintes et de mourir de cancers, un pays où plus personne ne pourrait habiter et travailler, où les terres ne seraient plus cultivables pendant des dizaines voire des centaines d’années, où les animaux domestiques et sauvages seraient contaminés et voués à une mort certaine et parfois rapide, où les eaux des lacs, des étangs, des marais, des  rivières seraient toutes souillées, ces eaux, elles-mêmes, polluant nos mers limitrophes de cette terrible radioactivité avec les conséquences sur la faune et la flore marine qu’aucun être humain n’est aujourd’hui apte à quantifier.

    Non à en croire notre cher Président Sarkosy, tout ça est arrivé au Japon mais en aucun cas cela ne peut arriver chez nous. Non, en France, nous sommes à l'abri de cataclysmes de grande ampleur et la tempête Xynthia n'était qu'une simple péripétie. Non en France, selon le « grand ordonnateur de la sécurité de notre république », nos centrales nucléaires sont les plus sûres du monde et nous aurions prévu même l’imprévisible ! Le lundi 14 mars, c'est-à-dire 3 jours après le séisme du Japon, Nicolas Sarkozy s’est transformé en VRP d’Areva et a érigé en exemple le réacteur EPR. «L’EPR, je connais bien le chantier, j’y suis allé plusieurs fois. Je suis désolé de dire ça, mais on a la double coque ! Le principe de la double coque, c’est que si un Boeing 747 s’écrase sur une centrale, le réacteur n’est pas touché», s’est-il félicité. Non, Monsieur le Président, nous ne sommes à l’abri de rien et il suffirait d’un violent attentat (rappelons-nous le 11 septembre 2001 et quel est l'américain qui imaginait qu'il ne faudrait que quelques heures pour mettre à terre les deux tours du World Trade Center !) ou bien qu’une météorite tombe sur une centrale nucléaire française et nous verrions ce film catastrophe digne d’une superproduction américaine sur un écran aussi géant qu’une contrée grande comme nos agréables régions Paca, Midi-Pyrénées ou Languedoc-Roussillon.

    Non, Monsieur Sarkosy, votre position en la matière est indécente. On ne peut pas imaginer que cela arrive en France et il faut arrêter de jouer les apprentis sorciers. Il faut arrêter tous les programmes et centrales nucléaires de France, de Navarre et du monde entier et les remplacer par des solutions plus sures pour les populations. Le démantèlement de nos réacteurs prendra le temps qu’il faudra mais il est désormais impératif que nous faisions marche arrière dans le nucléaire et que nous faisions le choix de solutions plus écologistes et plus sûres. Ces solutions existent et de toute manière, aucun président, aucun gouvernement n’a le droit de jouer avec l’avenir de millions de gens comme cela s’est passé au Japon. Les prochaines présidentielles de 2012 approchent à grand pas et en mettant leurs bulletins de vote dans l’urne, il est impératif que tous les français déterminent leur choix en fonction de ce critère qui doit être désormais capital.

    En cas d’accident comme celui qui vient de se produire au Japon, nous ne pourrions plus dire : « nous ne savions pas ! »


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  • Ce diaporama est agrémenté de 2 versions de "Misty" d'Errol GarnerLa première est jouée par Magic Trio, plus connu sous le nom de Derek Smith Trio et la seconde est jouée par Michel Petrucciani et chantée par Liane Foly.

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    La région trop méconnue des Fenouillèdes recèle des petits trésors qu’on ne peut réellement découvrir qu’en sortant des sentiers battus. Ces petits trésors sont multiples et variés et bien souvent, ils présentent l’avantage d’être dans un rayon si réduit qu’une petite balade pédestre de quelques kilomètres permet de tous les découvrir en quelques heures. Parmi ces trésors, il y a par exemple, le village d’Ansignan avec son prodigieux pont-aqueduc romain du IIIeme siècle ou bien le hameau de Felluns, qui construit sur les hauteurs du ravin de la Matassa vaut à lui tout seul le détour, c’est l’anonyme Pic Lazerou qui du haut de ces 574 mètres laisse entrevoir au promeneur curieux de superbes panoramas à 360° auxquels il pourra aisément donner des noms puisque une judicieuse table d’orientation y a été élevée. Mais des trésors, il y en a bien d’autres, bien plus anciens, construits par l’homme préhistorique et qui conservent leur part de mystères comme ce dolmen de Felluns, superbe mégalithe au nom étrange de « Caune del Moro » que l’on traduit de l’occitan en dolmen de « la grotte du Maure » mais ne me demandez pas pourquoi. Il y a aussi le dolmen d’Ansignan que l’on appelle ici le « dolmen de La Rouyre ». Mais si vous vous intéressez aux mégalithes et roches gravées, alors cet endroit est fait pour vous et il vous suffira simplement de pousser la balade un peu plus loin et d’élargir votre champ de recherche, car ici, il y a bien d’autres dolmens comme celui que l’on trouve aussi sur la commune de Felluns au joli nom de « Roca de l’Arca » ou bien le dolmen de « Camp del Prat » non loin d’Ansignan mais situé, lui, sur la commune de Trilla. Là, il s’agit des principaux monuments recensés mais des roches gravées, avec cupules, gravures et autres inscriptions rupestres,  il y en a paraît-il des quantités dans ce secteur et il vous appartiendra de jouer les Indiana Jones pour les découvrir. La balade que je propose, elle, part d’Ansignan où on peut laisser sa voiture près de la cave coopérative. Derrière la cave, on prend la direction de Felluns sur le chemin balisé en jaune et rouge. On ignore l’indication dolmen pour l’instant et on poursuit le Tour du Fenouillèdes. Au départ, on suit ce balisage jaune et rouge et on reste sur ce chemin même quand celui-ci emprunte du bitume. Ici, le goudron ne va durer même si cette boucle que je propose emprunte de nombreuses portions asphaltées. Comme je vous l’ai dit au début, ici on sort des sentiers battus habituels mais l’on emprunte de nombreux chemins forestiers et pistes DFCI qui, pour les authentiques randonneurs pédestres, dont je suis, ont été  malheureusement trop souvent bitumées. Mais si je suis le premier à le regretter, croyez-moi, ce goudron, on va vite l’oublier et il ne va rien enlever aux nombreux charmes de cette jolie balade. Très rapidement, le sentier s’élève et on domine Ansignan.  De superbes vues s’ouvrent sur  les collines verdâtres des Fenouillèdes et sur les vallons de l’Agly et de la Désix. On longe quelques vignes ocres puis quand on arrive près d’un mas, on retrouve l’asphalte de la route qui relie Ansignan à Felluns. On délaisse le Tour du Fenouillèdes qui part à gauche et on poursuit la route bitumée sur environ 700 mètres. De toute manière, il faut désormais suivre un P.R. au balisage jaune, aussi jaune que les mimosas qui, en ce début de printemps, nous font une jolie et parfumée haie d’honneur. Cette piste va, sans réelle difficulté, nous amener d’abord au dolmen du « Caune del Moro » puis à Felluns dans une féerie de paysages printaniers. Ici les mimosas, les amandiers et quelques cerisiers sauvages se sont passés le message pour fleurir en même temps pour le bonheur de nos yeux écarquillés. Vers l’est, on aperçoit la jolie flaque bleutée du barrage sur l’Agly, vers le sud, c’est un Canigou argenté qui fait une première et superbe apparition. Au carrefour de notre chemin et de la route, le premier dolmen est déjà là et devant cet surprenant édifice, on ne peut que se poser une série de questions du style : qui, comment, pourquoi et pour qui ! On délaisse le bitume pour un large chemin qui file vers Felluns. Là, sidéré par un prodigieux moutonnement de collines et de ravins verdoyants s’étalant de nos pieds jusqu’au blanc Canigou, on vide très vite notre tête encore pleine des interrogations du dolmen, pour se consacrer à la contemplation. Pour arriver à Felluns par le bas du village, nous avons poursuivi la route asphaltée balisée en jaune mais il existe sur la carte IGN, un autre chemin qui, à priori, ne serait pas goudronné (voir tracé bleu sur la carte) mais j’avoue ne pas le connaître. Après l’agréable découverte de Felluns, on passe devant la cave vinicole. On remarque au passage une magnifique allégorie de Bacchus peinte sur sa façade et tout en montant, on poursuit la route que l’on quitte au bout de 1.500 mètres pour prendre la piste DFCI F.50. Cette agréable piste toujours à découvert laisse entrevoir de superbes vues sur un Massif du Canigou plus blanc que blanc, sur une immense partie du Fenouillèdes plus verte que verte et à nos pieds, sur Felluns et sa vallée de la Matassa. La piste nous mène d’abord au Roc de Las Corts, imposant magma de roches, dont j’ai lu, qu’une serait gravée d’une cupule que je n’ai pas observée, je l’avoue. Le  Pic Lazerou dont aperçoit le dôme débonnaire n’est plus très loin maintenant. On côtoie quelques « casots », on grimpe un dernier raidillon et nous voilà au sommet avec des vues époustouflantes de tous côtés. Il serait trop long de dresser toute la liste des sites entrevus mais dans cette ronde à 360°, on aperçoit entre autres : les Corbières et le Pech de Bugarach, Saint-Arnac et le roc de VergèsAnsignan et le Fenouillèdes dans sa quasi-totalité, Força Réal, un morceau des Albères, Trilla, le Massif du Canigou et quelques autres montagnes et sommets du Haut-Conflent, Prats-de-SourniaVira et la Forêt de Boucheville toute proche avec à nos pieds, toujours cette immense toison olivâtre où une tache azur apparaît, celle du miroir bleuté du lac de l’Agly. Après ce merveilleux spectacle, on rebrousse chemin et on emprunte la piste qui descend et longe par la gauche une minuscule ravine. On retrouve le dolmen du Caune del Moro et on poursuit le chemin pris à l’aller jusqu’à l’intersection suivante où là, on emprunte la piste DFCI F.51. On ignore la même piste « bis » et on descend au milieu des mimosas en fleurs en direction de deux « beaux » châtaigniers » dont on est surpris de les trouver là, en plein maquis. Au milieu des lumineux et impeccables vignobles, on poursuit l’évidente piste qui mène sans problème au dolmen de la Rouyre, mégalithe plus petit que le précédent mais qui présente l’avantage d’être situé sur un plateau qui domine magnifiquement Ansignan et le lac du barrage sur l’Agly. A partir de cette route qui rejoint Felluns, il existe trois solutions pour rejoindre Ansignan : soit on reprend par la droite, la portion du Tour du Fenouillèdes prise à l’aller, soit on emprunte la totalité de la route asphaltée qui y mène, si par exemple, on ne connaît pas l’aqueduc romain dont on a d’ici, une jolie vue aérienne, soit, juste avant le virage qui domine le village, on cherche sur la droite de la route, un minuscule raccourci qui descend direct. Ce sentier est bien présent sur la carte IGN et même si par endroit il est un peu embroussaillé, il reste néanmoins très praticable. Avec un kilomètre de route bitumée à parcourir en moins, le gain n’est pas négligeable et sur la fin, ce petit sentier peut parfois mériter qu’on le cherche un peu. Telle que décrite, cette boucle a une longueur d’environ 11 kilomètres pour un dénivelé modeste d’environ 330 mètres. Je conseille de l’effectuer sous un soleil radieux et au printemps de préférence pour ses vues sur le Canigou enneigé et pour ses superbes paysages fleuris. Carte IGN 2348 ET Prades-Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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    Ce diaporama est agrémenté de 2 musiques du compositeur Claude Challe. Elles ont pour titres : "El Fuego (Tao Te King mix)" par Zen Men et "Un Bel Di" par Aria.

     

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    Ne soyez pas étonné si cette randonnée que je propose ici est composée de 2 noms : "Le Signal d'Alaric et sur les pas de Roland". Les 2 balades sont parfois communes même elles ne sont pas parfaitement identiques. A Moux, charmant petit village de l’Aude et de surcroît, berceau de plusieurs poètes reconnus, on ne peut pas dire que la municipalité mette en valeur son patrimoine pour les touristes et notamment les randonneurs qui comme moi ne sont que de passage. En effet, il y a dans le village, une curiosité principale à découvrir, à savoir le tombeau du célèbre poète et dramaturge Henry Bataille (1872-1922) et malheureusement la grille pour y accéder est enchaînée à double tour et fermement cadenassée. Il est donc impossible de s’en approcher et c’est bien dommage car outre l’impressionnant tombeau de la famille Bataille, ce dernier est précédé d’une macabre mais très belle statue d’un squelettique écorché vif tenant en l’air et à bout de bras son propre cœur. Après des recherches sur le Net, j’ai appris qu’il s’agit en réalité d’une reproduction d’une œuvre originale qui s’intitule le « Transi de René de Châlon (* ) exécuté par le sculpteur Ligier Richier (1500-1567) et que l’on peut découvrir à l’église Saint-Etienne de Bar-le-Duc dans le département de la Meuse. Cette reproduction du sculpteur Edouard Ponsinet surnommé Pompon n’est là que pour respecter les dernières volontés qu’Henry Bataille avait formulées dans un poème de 1921 intitulé « L’enfance éternelle ». A cette impossibilité de visiter le tombeau, s’ajoute l’impossibilité de lire les deux stèles gravées qui l’entourent, les écritures étant bien trop tachées, ternies et usées par le temps. Je vous ai dit une curiosité, mais en réalité, il y en a une deuxième qui elle-même en englobe quelques autres, il s’agit de la légendaire et mystérieuse montagne d’Alaric ou d’Aric. Pour la découvrir, il faut que vous ayez le désir d’en faire l’ascension car elle domine le village de son principal sommet qu’on appelle le Signal. Le Signal d’Alaric culmine à 600 mètres d’altitude, ce qui représente un dénivelé de 510 mètres depuis le village de Moux. Bon, il faut le dire, moi j’étais essentiellement venu pour ça, car il parait qu’outre de merveilleux panoramas, cette belle montagne est de par son climat, entre influence méditerranéenne et océanique, un site exceptionnel fréquenté par les plus éminents botanistes. Elle possède parait-il et de surcroît des richesses archéologiques et géologiques très intéressantes. Mais si la montagne ça se gagne, ici à Moux, pour diverses raisons que je vais énumérer au fil de cet article, il faut redoubler d’effort. Il y a déjà le panneau décrivant l’histoire de la montagne et du village qui pose problème et mériterait une « sérieuse » remise en état lui aussi tant il a souffert du soleil et des intempéries. Il se trouve dans la rue Prosper Mestre-Huc (1810-1854), du nom d’un poète du coin, grand-père d’Henry Bataille. La pancarte a quelque peu noirci et certains textes deviennent illisibles car les lettres se décollent et tombent en cascade. Quant au panonceau descriptif d’une randonnée qui se trouve juste à côté et qui s’intitule « Sur les Pas de Roland », là aussi, j’ai noté une erreur qui n’est pas négligeable puisque la direction du circuit dessiné est fléché dans un sens et les explications dans le sens inverse. Evidemment, j’ai fait l’erreur de suivre le circuit dessiné et j’ai eu quelques difficultés pour réaliser cette boucle et atteindre le Signal d’Alaric, but que je m’étais fixé en supplément. Heureusement, comme toujours, j’avais pris la précaution d’enregistrer dans mon GPS, l’ensemble de la boucle et bien m’en a pris car j’ai pu ainsi suivre approximativement la partie la plus incertaine du sentier dont il n’existe pas de tracé franc sur les cartes IGN.  Alors, bien sûr, si vous voulez effectuer cette jolie balade et marcher sans souci « Sur les Pas de Roland », je vous invite à suivre les explications « écrites » et le GR.77 et vous verrez, ce circuit est très simple à réaliser et mérite le détour tant il y a une multitude de choses à découvrir. Personnellement, je suis parti du centre de Moux où j’ai trouvé de la place pour garer ma voiture rue Henri Martin, (1922-1944). Ce n’est pas la célèbre avenue du Monopoly, mais ici à Moux, cet homonyme, c’est celui d’un jeune héros et martyr de la guerre 39/44 qui naquit dans le village, J’ai ensuite pris sur quelques mètres et à gauche l’avenue Henry Bataille ou D.2113, ancienne Voie Royale puis toujours à gauche la rue Prosper Mestre-Huc, citée plus haut où se trouvent les panonceaux déjà décrits et le fameux tombeau. Après le tombeau, j’ai continué à marcher sur le bitume jusqu’à un tunnel qui passe sous l’autoroute A61 des Deux-Mers. Ensuite, au lieu de poursuivre le GR.77,  j’ai pris immédiatement à droite un petit sentier aux nombreuses ornières qui grimpe rapidement sous quelques pins et cyprès et longe à main gauche une profonde carrière. Au départ de cette sente, j’ai été surpris par un panonceau jaune qui m’indiquait dans le sens opposé un retour vers Moux et un circuit s’intitulant « Autour du Roc Gris ». J’en ai logiquement déduit qu’il s’agissait d’une boucle différente de celle intitulée « Sur les Pas de Roland » puisqu’elle ne portait pas le même nom. Cet étroit sentier, je l’ai poursuivi de manière quasi rectiligne en direction du lieu-dit Bouscarrou sur la carte. Le sentier se faufile au milieu d’une agréable végétation faite surtout de petits pins et de jolis buis aux feuilles luisantes. Il monte et descend, puis remonte et redescend et ainsi de suite au gré de plusieurs minuscules ravines qui dévalent du Roc Gris. Puis au moment où les vues s’entrouvrent vers l’est et l’ensemble de la Montagne d’Alaric, le sentier bifurque plein sud et se met à grimper dans la colline aride et caillouteuse au milieu d’une végétation rase et typiquement méditerranéenne. En restant sur le sentier principal parsemé de quelques cairns, on rejoint plus haut une piste terreuse qui mène au Signal d’Alaric. Là au bord de cette piste, un autre panonceau jaune m’indique à nouveau la balade  « Autour du Roc Gris » et un retour vers Moux. Ce panneau me conforte dans l’idée que je suis sur le bon chemin mais dans le sens inverse à celui que j’aurais du prendre mais il me laisse aussi à penser que les circuits « Sur les Pas de Roland » et « Autour du Roc Gris » sont sans doute une seule et unique balade.  Le Roc Gris, vaste plan incliné calcaire et broussailleux  lui, n’est qu’à quelques encablures de cette piste. D’ici, une immensité de paysages se dévoile déjà vers le nord et l’est et l’on surplombe les ruines de l’ancien prieuré de Saint-Pierre d’Alaric que je dois en principe découvrir au retour. Sur la carte, la piste qui part à droite et qui monte au Signal me semblant bien plus longue et fastidieuse, je fais le choix de redescendre vers la gauche pour rejoindre le GR.77. Au bout de quelques mètres et passé un virage, la flore change du tout au tout et la végétation rase faite de petits buis, de genévriers cades, de filaires, de chênes kermès et de buplèvres ligneux laisse la place à d’immenses pins d’Alep et de Salzmann. On a le sentiment de ne plus marcher dans la même région et quand la piste rejoint le GR.77, le sentier qui monte vers le Signal entre dans une belle et sombre forêt pour en ressortir presque aussitôt et de manière déconcertante d’abord dans une verdoyante clairière puis de nouveau dans un maquis très méridional. Malgré, les 200 mètres de dénivelé restant à accomplir, le Signal d’Alaric dans un décor sauvage et dénudé est vite atteint. Avec l’espoir d’un ciel et d’horizons très dégagés, j’avais fait le choix d’un jour de forte tramontane. Ici on l’appelle le cers et même si c’est le même vent,  je n’ai pas eu de chance car malgré des rafales violentes et très puissantes qui balayaient le sommet, ce vent avait du mal à chasser une longue écharpe de nuages gris qui venait du nord et barrait l’horizon. Ballotté par le cers, muni de mon numérique, j’ai donc fait le tour des quelques appentis présents au sommet à savoir une antenne et sans doute une tour de guet faisant accessoirement office de station météo puis j’ai trouvé refuge dans une «capitelle », espèce d’énorme cairn cimenté bien trop exigu pour que j’y prenne mon pique-nique et le plaisir d’y séjourner bien longtemps. Ici à la jonction du GR.77 et du GR.36, je n’ai donc pris qu’un « bon » mais farouche bol d’air car malheureusement je n’avais pas la visibilité que j’avais espérée avec parait-il de magnifiques vues de tous côtés qui embrassent le Montagne Noire, les premiers contreforts du Massif Central, les plaines du Minervoisles Corbières bien évidemment, les toutes proches Pyrénées et une grande partie de l’Aude jusqu’à la Méditerranée. Tout ce beau spectacle à 360° était en partie caché par les cumulus et c’est donc un peu désabusé que je suis redescendu par le même sentier vers Moux où cette fois j’ai emprunté le GR.77. J’ai quitté la piste forestière pour un raccourci qui descend en sous-bois dans un petit vallon et qui retrouve une autre piste un peu plus bas. L’itinéraire tourne à gauche en direction des ruines de la Métairie de Vidal où se trouve la Fontaine des Joncs. J’ai poursuivi ce large chemin qui descend directement vers Moux juste en dessous du Roc Gris que l’on appelle aussi Roc de Roland à cause d’une légende qui court depuis des siècles : Elle raconte que Roland (**), de cet éperon rocheux et pour échapper à ses ennemis, fit sauter son cheval jusqu’à la Montagne Noire (distante de plus de 60 kilomètres de l’autre coté de la Vallée de l’Aude). L’élan du destrier fut si puissant que l’empreinte d’un de ses sabots resta gravée à jamais dans la pierre de ce rocher.  J’ai longé sur la droite, le petit ravin où coule le ruisseau de Saint-Pierre qui, peu à peu, s’élargit jusqu’à devenir très abrupt. Au passage, j’ai croisé ce qui reste de l’ancien château et prieuré (***). Il ne reste pas grand-chose, les murailles affaissées d’une enceinte et juste quelques pans de murs ruinés et disloqués en surplomb du profond ravin. Avant d’atteindre le village, j’ai pris plaisir à marcher sur un chemin ocre dans un florilège d’amandiers en fleurs donnant sur les vignobles mais j’ai négligé, parait-il, les vestiges d’anciens fours à chaux. J’avoue ne pas les avoir remarqués ni avoir eu l’envie de les chercher. Il faut dire que sur la fin, la fatigue c’est fait sentir et j’ai eu un « coup de mou ». Mais ici à Moux quoi de plus normal me direz-vous ? J’ai néanmoins terminé par une rapide visite du village, de ses vieilles ruelles, de sa place Saint Régis et de son église bâtie sur les fondations d’un ancien fort et dédiée à Saint André. Carte IGN 2446 O Capendu Top 25.

    (*) René de Chalon, était prince d’Orange, lieutenant de Charles Quint  et époux d’Anne de Lorraine. Né en 1519, il fut tué en 1544 à l’âge de 25 ans lors du siège de Saint-Dizier dans une bataille qui l’opposait aux troupes dans de François 1er dans ce que les historiens appellent la neuvième guerre d’Italie.Trois ans après son décès et selon ses vœux, son épouse Anne de Lorraine passa commande de cette œuvre au sculpteur Ligier Richier.

    (**) Il s’agit sans doute du même Roland, chevalier de Charlemagne et qui a été rendu célèbre par la chanson de geste racontant la bataille de Roncevaux (15/08/778) et sur lequel de nombreuses légendes mythologiques notamment dans la Pyrénées ont courues bien des siècles après sa mort.

    (***) Château de Saint-Pierre : Je ne vais pas ici vous raconter l’Histoire et les contes de ce lieu et du trésor légendaire d’Alaric, d’autres l’on fait beaucoup mieux que moi et bien plus en détail  et vous pourrez en prendre connaissance sur le remarquable site suivant : https://www.mairie-moux.fr/m-271-histoire-de-la-commune.html


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    Ce diaporama est agrémenté de 2 chansons interprétées par Patrick Fiori. Elles ont pour titre : "Feelings" accompagné de Julie Zenatti et "Marseille"

     

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    Marseille, c'est toute ma jeunesse et en habitant Impasse Emile sur les hauteurs du quartier de la Vieille-Chapelle, j'ai toujours eu devant les yeux, sa splendide baie mais j’avais aussi, depuis ma terrasse, devant moi et légèrement sur ma gauche, les jolies collines blanchâtres et calcaires du Massif de Marseilleveyre. Mais je l'avoue, il a fallu que je sois adulte pour prendre conscience de toutes les beautés que recelait ce massif. Pourtant, dieu sait si j’ai fréquenté Marseilleveyre et le Roy d’Espagne bien avant qu’on y construise toutes ces barres d’immeubles qui ont défiguré les paysages de mes souvenirs d'enfance. Pour moi, comme pour tous les minots des quartiers sud, ces coins-là étaient nos terrains de jeux préférés. Dans les pinèdes de ce massif, nous construisions des cabanes de branchages et jouions aux cow-boys et aux indiens ou bien à cache-cache, nous dévalions et faisons des roulés-boulés sur les pentes de la Sablière, dans le canal d’irrigation, nous faisions des courses de bateaux à l’aide de petits canots taillés dans les écorces des pins, dans ses collines, nous partions sur les chemins pour d’infernales courses de vélos, prémices du VTT et du vélocross, qu’à notre manière, nous commencions à inventer, nous allions jouer au foot dans les prés de verdure de la campagne Pastré, j’en passe et des meilleurs…. Cet espace déjà si vaste pour nos petites jambes suffisait à notre bonheur et nous n’allions guère plus loin. Pourtant ce plus loin existait déjà à travers tous ces nombreux sentiers qui jalonnent ce beau massif. Ces sentiers qu'un pastoralisme toujours très présent avait su créer depuis la nuit des temps. Aujourd’hui, je vous propose d'aller marcher sur un de ces sentiers, pour une randonnée que j’ai intitulée « Balcon sur le Grand Malvallon et le vallon de la Mounine » mais que j’aurais pu appeler « Balcon sur l’Archipel de Riou » tant notre regard est en permanence attiré par cette mer ô combien si bleue. Car ici à Marseille, comme le chante si bien le Massilia Sound System « mais quelle est bleue ! » notre chère Méditerranée dont je connais personnellement, presque aussi bien ses fonds marins que sa surface !  D’ailleurs sur cette randonnée qui démarre tout au bout de la rue Parangon, trois couleurs prédomineront tout au long du parcours car outre le bleu de la mer et du ciel, on ne voit que le blanc de la ville et du massif calcaire et le vert de la végétation. Le ciel étant très gris ce jour-là, ce n’est pas dans cette trilogie de couleurs que nous avons démarré cette balade sur le chemin bitumé qui s’élève derrière la dernière barre d’immeubles, juste au dessus de la Campagne Pastré. Heureusement, le mistral est bien présent et pousse vers le midi les « désagréables » gros nuages chargés de pluie. Quand le bitume s’arrête, on prend à droite un petit sentier balisé en jaune qui s’élève au milieu des pins, des chênes kermès, des bruyères et des romarins en fleurs en direction d’une ancienne tour de guet que l’on va laisser sur la droite au franchissement d’un vieux muret fracturé. Ce balisage jaune, et malgré un premier carrefour de chemins (chiffre 5, couleurs rouge, noir, vert et jaune), juste après une petite pinède que l’on traverse, on va le suivre jusqu’au Col de la Selle. Depuis très longtemps déjà, de magnifiques panoramas se sont dévoilés à nos regards : sur Marseille, sa Vierge de la Garde, ses massifs de collines qui l’entourent, sa anse, ses îles de l’archipel du Frioul, ses plages, etc.… Devant nous, le sommet de Marseilleveyre dresse son impressionnante silhouette minérale et pyramidale et à nos pieds, on aperçoit le Mont Rose, le port de plaisance de la Pointe Rouge et le joli domaine Pastré avec son épaisse forêt et son splendide château aux façades de briques roses. Au Pas de la Selle (275 m), la vue bascule vers le sud, sur les îles de l’Archipel de Riou et sur l'infini de la mer. Après cette modeste montée quasi ininterrompue, le sentier redescend dans un sentier de graviers et d’éboulis puis il reste suspendu en balcon dans un décor rocailleux à souhait. Ici, devant ce cirque des Trois Arches que domine le plateau de l’Homme Mort et au dessus de ce ravin crevassé du Grand Malvallon, on prend conscience de ce que la nature a été capable de créer au fil des millénaires. Les cataclysmes successifs,  l’érosion, les eaux des rivières et de la mer ont façonné des paysages karstiques déchiquetés à nul autre pareil. C’est dans ce cadre grandiose et dominé sans cesse par les hautes falaises blanches du massif que l’on déambule en direction de Callelongue, point terminal de cette randonnée. De temps à autre, et notamment aux petites intersections, il faut prêter attention au balisage et mentions peintes à même les roches. Nous, on continue à suivre le balisage jaune bien présent. Toutes les îles de l’archipel apparaissent dont la plus grande Riou, telle un immense bâtiment de guerre escorté de ses petits navires  de protection que sont les îles de Plane, Jarrede Jarron et les minuscules îlots des Congloué et des Empereurs. Au col de la Galinette (149 m), on délaisse le balcon du Grand Malvallon pour celui du vallon de la Mounine. On descend dans un petit vallon d’éboulis, on passe devant une grotte puis le chemin domine la calanque dite de la Mounine. La petite anse a été vulgairement dénommée ainsi car, par sa forme et son étroitesse, elle a sans doute du rappeler le sexe féminin à ceux qui lui on donnait ce nom provençal tiré du mot « moùno » signifiant « chatte ». Mais de notre balcon et même si on se rapproche un peu plus du rivage, cette ressemblance n’est pas très évidente même avec beaucoup d’imagination. A l’approche de Callelongue, le sentier bifurque légèrement vers l’ouest où l’on aperçoit le sémaphore que l’on va avoir en ligne de mire jusqu’à l’arrivée. Le sémaphore aurait été construit en 1863 mais les historiens disent qu’à l’Antiquité et à cet emplacement, les Phocéens avaient déjà érigé un phare (mot provenant du grec pharos, nom de l’île égyptienne où avait construit le phare d’Alexandrie)  pour prévenir les navires qui entraient dans la baie de Massalia des périls que représentaient tous ces récifs. Aujourd’hui, les murs du sémaphore sont couverts d’innombrables tags dont certains, il faut le dire, sont de jolies œuvres artistiques colorées. Depuis le sémaphore, la descente sur la jolie calanque de Callelongue est courte et on arrive très rapidement devant les bistrots et les restos bondés où pour nous, la balade se termine puisque nous sommes revenus à notre point de départ en prenant deux autobus de la ville. D’abord, une petite navette qui va jusqu’au Goudes puis un bus qui nous a ramené jusqu’à la Campagne Pastré où,  de là, nous avons rejoint la cité de Marseilleveyre. Les plus courageux pourront poursuivre en boucle tout autour du massif, d’abord en rejoignant les Goudes puis, en empruntant le GR.51 pour revenir au point de départ. Telle que nous l’avons accomplie, cette randonnée est, avec ses 7 kilomètres, plutôt courte et facile malgré quelques passages où les mains sont aussi utiles que les pieds. Le dénivelé est modeste et nous l’avons réalisé en 4 heures, arrêts pique-nique inclus. Mais croyez moi, le Massif de Marseilleveyre mérite le détour et les panoramas sur Marseille sont superbes mais c’est normal me direz-vous car après tout le nom de Marseilleveyre ne veut-il pas dire tout simplement « voir Marseille » ? « Veyre » ou « veire » signifiant « voir » en occitan. Carte IGN 3145 ET Marseille-Les Calanques Top 25.


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  • Ce diaporama est enjolivé de la musique "Song of The Secret Garden" jouée par le duo "Secret Garden".

     

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    Venir flâner à Montferrer et y monter à son château, il y a très longtemps que j’envisageais de le faire et cette jolie balade était inscrite dans mes tablettes depuis quelques temps déjà. Mais j’avoue que j’aurais préféré une autre circonstance que celle qui m’y amena en ce triste début du mois de février. En effet, j’y étais venu pour m’incliner sur la tombe d’un très bon ami partit fin janvier et dont je venais d’apprendre brutalement le décès dans la Semaine du Roussillon. Parti injustement et bien trop jeune, à l’âge de 50 ans, il s’appelait Gilbert mais ses proches et ses amis l’appelaient affectueusement Gilou. C’était un grand gaillard, amoureux fou de la nature sauvage et homme des montagnes, comme il aimait à se définir en se moquant de lui-même. Sur sa pierre tombale, il y avait deux photos et en revoyant Gilou, le sourire en banane, comme aux plus beaux jours de notre amitié, c’est les larmes aux yeux que j’ai ressenti le besoin d’aller m’évader sur les hauteurs de son village. Quand nous nous étions connus à la fin des années 80, début des années 90, Gilou m’avait fait connaître Montferrer et il m’avait amené pêcher la truite dans « ses » torrents de montagne mais jamais je n’étais monté jusqu’au château qui domine son village. Plusieurs fois, j’avais évoqué avec lui, mon envie d’y monter mais Gilou, n’aimait pas trop « marcher pour rien » comme il disait, et ravis d’aller pêcher la truite, nous avions toujours remis à plus tard cette jolie excursion. Pour moi, faire ce circuit au château, c’était donc aussi une façon de lui rendre hommage et je dois le dire, toute la journée, Gilou a trottiné dans ma tête. Ces deux photos de lui m’avaient si bouleversé que c’est en quelque sorte avec lui que je suis monté vers ce château médiéval, terrain de jeux de son enfance. Mes souvenirs de notre amitié étaient si présents qu’il marcha sans cesse à mes côtés, dans ces forêts et sur ces sentiers que lui connaissait comme sa poche mais que personnellement je ne connaissais pas. Pour monter au château, il m’a fallu donc suivre le balisage jaune qui sort du village, direction Arles-sur-Tech. Là, après le virage et juste avant le croisement de la route de Corsavy, j’ai suivi les indications de la pancarte qui signalait : « Château de Montferrer - Lo Castell-1h-P.R.10 ». Je me suis donc fié au balisage jaune qui , sans difficulté, m’a amené aux ruines du castell carolingien ou plutôt à celles de l’ancestral hameau car c’est bien un bourg tout entier que j’ai découvert, juché sur ce promontoire rocheux à 1.035 mètres d’altitude qu’ici, on appelle « Lo Cingle ».  A mon retour à la maison, à l’aide de plusieurs sites Internet, j’ai tenté de dénouer l’Histoire de ce hameau et de ses occupants et si j’en crois les historiens, ce château de Montferrer et ce hameau de Mollet existaient déjà en 1070 et appartenaient à la Seigneurie de Castelnou. Puis au fil des siècles, le domaine fut possédé par différents seigneurs et richissimes propriétaires dont la famille des « de Banyuls » qui le conserva le plus longtemps. Après le Traité des Pyrénées de 1659, quand le roi de France Louis XIV réinstaura la gabelle et réaménagea la frontière, Charles 1er de Banyuls, soutint les Angelets et pris la tête de la conspiration contre l’occupant français en 1674. Vauban pour se venger et éviter que le château puisse abriter des opposants au royaume, détruisit une grande partie de ses remparts. L’année suivante en 1675, par le jeu de certaines alliances, les autres « de Banyuls », qui eux, étaient restés fidèles au roi de France, récupèrent leur bien. Par la grâce du roi qui érigeât le domaine féodal de Montferrer en marquisat, cette même année, les « de Banyuls » devinrent « marquis de Montferré (sans r) ». Charles 1er de Banyuls, exilé, resta fidèle à l’Espagne où il mourut en 1687 à Barcelone, sans héritiers et sans jamais avoir remis les pieds sur ses terres natales. Ce n’est qu’après la Révolution Française de 1789, alors que les « de Banyuls de Montferré » avaient fui vers l’Espagne, que le château fut confisqué comme les autres biens appartenant à la famille. Le château tomba définitivement dans l’escarcelle de la collectivité et fut vendu comme Bien National. Malgré, plusieurs tentatives effectuées par les héritiers, les « de Banyuls , marquis de Montferré », que la Révolution Française avait dispersés et déracinés de Catalogne, ne récupèrent plus jamais leur patrimoine roussillonnais. Voilà un bref résumé de l’Histoire de ce lieu.  Est-ce le chagrin et un peu de lassitude mais je mis presque une heure de plus que celle indiquée pour atteindre la muraille en ruines la plus haute, mais de là-haut, j’avais une vue splendide sur Montferrer et à 360° sur une immense partie du Vallespir. Malgré une légère  brume, j’arrivais sans trop de problèmes à reconnaitre, avec plaisir et nostalgie, bons nombres de sites cheminés ou aperçus lors de mon Tour du Vallespir à l’été 2009 : Tour de Cabrens, Mont Nègre, Mont-Capell, Puig de la Senyoral,  Pilon de Belmatx, Formentere, Batère, La Souque, etc.…Tout en visitant les ruines du château, celles des vieilles masures et de l’ancestrale tour cassée, mes souvenirs se mélangeaient car il y avait les bons moments de mon Tour du Vallespir  mais aussi ceux passés avec Gilou à courir « sa » montagne pour aller pêcher les truites ou bien encore ceux, quand de mon côté, je l’amenais pêcher le loup, le sar et le congre du côté du Cap Béar. Quand je me remis en route après avoir retrouvé le sentier balisé en jaune au nord du château, c’est à tout ça que je pensais et Gilou fut en permanence là, vagabondant avec moi. Nous redescendîmes ensemble la piste terreuse au milieu des prairies d’estives où paissent les vaches et les chevaux.  Puis nous retrouvâmes l’asphalte désagréable de la route et nous arrivâmes enfin au village non sans nous être arrêtés au belvédère et à la table d’orientation de la Creu. Je pensais la boucle bouclée, mais, une fois sur la place de l’église Sainte Marie de Mollet, là, non loin de sa maison et devant l’entrée du cimetière, il me fallut me rendre à l’évidence : Gilou n’avait jamais été à mes côtés. Même, si j’avais toutes les peines du monde à l’imaginer autrement que plein de vie et d’énergie,  Gilou était ailleurs. Oui, le malheur et la fatalité l’avait emporté et il était au cimetière, dans ce casier de marbre gris et froid. Au regard de ce triste constat, je ne pus m’empêcher de retourner me recueillir et d’aller revoir les deux photos qui m’avaient fait si mal ce matin. J’étais partagé entre cette pénible vision et le désir de garder de Gilou un souvenir visuel que je ne possédais pas. Mais cette fois-ci, et malgré mon chagrin, les souvenirs des bons moments furent les plus forts, alors tel un voleur de cimetière, j’ai pris en photos ces deux images sur lesquelles rayonnait son visage. Ce visage souriant, c’était celui dont je me souvenais le mieux et que j’avais eu devant moi pendant les quelques années où nous avions travaillé ensemble, l’un en face de l’autre. Ce visage souriant plein d’espièglerie, c’était celui que j’avais toujours connu, pendant nos belles années d’amitié. Cette amitié que le tourbillon de la vie avait emportée au loin sans que l’on sache ni lui ni moi, réellement pourquoi, il n’avait jamais réussi à nous réunir de nouveau. Oui un jour, je reviendrai peut-être marcher à Montferrer et me recueillir à nouveau sur la tombe de Gilou mais je vais déjà garder précieusement ces deux photos comme j’ai conservé depuis toujours deux tableaux qu’il avait peints avec tant de talent. Mais le meilleur de lui, ce sont mes bons souvenirs que je vais préserver au fond de mon coeur et de ma mémoire, ces instants d’amitié exceptionnels quand nous partions vers cette nature sauvage dont nous avions cet attrait en commun, ces crises de fous rires qui nous prenaient souvent quand nous bossions ensemble… Dieu sait s’il y en a eu des bons moments comme ça !  Gilou, demain, c’est à tout ça que je vais me remémorer en pensant à toi et même si je ne ris plus car c’est vraiment trop me demander, sache qu’aujourd’hui, j’ai pris un plaisir immense à marcher une dernière fois à tes côtés sur les chemins de Montferrer et de nos souvenirs. Parcours effectué environ 8 km pour 330 mètres de dénivelé. Cartes IGN 2349 ET Massif du Canigou et 2449 OT Céret-Amélie-les-Bains-Palalda-Vallée du TechTop 25.

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  • Plus le temps passe et plus je vieillis et plus je vieillis et plus Dieu, s’il existe, me conforte dans l’idée qu’il n’est pas utile que je crois en lui. Je suis donc athée par obligation ou bien Dieu n’est pas le créateur idéal dans lequel j’ai envie de croire. Ce qui pour moi et en finalité revient quasiment au même. Les philosophes, eux, font la différence entre l’athéisme et l’agnosticisme. Dans le premier cas, on ne croit pas en l’existence d’un dieu et dans le deuxième cas, la question d’un quelconque dieu ne se pose même pas car elle n’est pas démontrée. Moi, dans mon cas, je ne sais pas (ou plus) où je me situe mais comme je me pose des questions, j’aurai plutôt tendance à penser que je suis athée. Enfin tout ça n’a pas vraiment d’importance !

    Alors pourquoi toutes ces questions métaphysiques me direz-vous ?

    Plus le temps passe et plus je vieillis et plus je constate autour de moi que nombreux sont ceux qui ne peuvent plus en dire autant. Alors si Dieu existe, pourquoi les a-t-il emportés si jeunes ? Pourquoi les a-t-il fait souffrir ? Qu’avaient-ils fait ces hommes et ces femmes pour mériter un sort si funeste et si injuste ? Pourquoi certains partent-ils si jeunes et d’autres que la maladie tue à petit feu ont-ils du rabiot ? Pourquoi certains deviennent-ils centenaires et d'autres n'ont-ils même pas droit à la moitié ? Pour n’évoquer que des proches ou des amis qui m’étaient chers, mais malheureusement, je pourrais en citer bien d’autres, mon frère Daniel par exemple est mort soudainement d’une crise cardiaque à l’âge de 46 ans et pourtant il ne demandait qu’à vivre ! Puis en quelques années, j’ai vu partir, dans la souffrance de la maladie, deux collègues de travail : Bernard avait 48 ans et venait juste d’avoir son premier enfant puis, l’an dernier ce fut au tour de la gentille Monique qui n’avait que 53 ans et qui, jolie comme une fleur, ne demandait qu’une chose : Vivre !

    Aujourd’hui, c’est Gilbert Magenti, encore un ancien très bon ami qui a quitté ce monde à l’âge de 50 ans et je m’interroge sur ce nouveau départ. Tout le monde l’appelait affectueusement Gilou et même si ça faisait quelques années qu’on ne s’était plus revu, je sais,  pour l’avoir très bien connu, qu’il ne méritait pas de partir si jeune et qui plus est dans le supplice d’une terrible maladie. Non, ce grand gaillard, homme des montagnes comme il aimait à se définir en se moquant de lui-même, ne méritait pas de mourir ainsi dans la souffrance.

    Si j’ai un doute quant à l’existence d’un dieu,  Gilou avait lui  le goût de vivre, de ça au moins j’en suis certain !

    J’ai connu Gilbert Magenti en juin 1988 en intégrant la société Défi à Perpignan, période compliquée de ma vie où je sortais enfin d’une difficile et trop longue épreuve de chômage que j’avais vécu avec amertume m’étant toujours énormément impliqué dans tous mes jobs. En outre, je venais de rompre de ma propre initiative la période d’essai que j’avais commencé dans un entreprise de Narbonne et il était important pour moi de rebondir le plus vite possible.  Je n’avais pas choisi cette société Défi dont l’activité était très particulière puisque elle ne vendait que de l’érotisme et de la pornographie. Mais dans la situation qui était la mienne et avec une femme et deux enfants à la maison, je n’étais pas en mesure de faire le difficile. Cette entreprise m’avait engagé comme chef comptable pour remplacer l’unique comptable partie en congé de maternité et  je ne pouvais que l’en remercier. J’y étais donc entré pour quelques mois mais j’y suis resté en réalité jusqu’en janvier 1990 et encore j’en suis parti sur un coup de tête et pour cause d’incompatibilité d’humeur avec le patron. A vrai dire, à part ce regrettable incident, je m’y suis plutôt épanoui dans un travail très intéressant car diversifié où j’ai appris beaucoup et de surcroît auprès de collègues de travail plutôt attachants. Et je dois le dire, parmi ces camarades de boulot, Gilou a été sans conteste celui que j’ai apprécié le plus et le plus vite. Il faut dire qu’il a été le premier à m’accueillir avec sympathie, sans hésitation et sans arrière-pensée. Il avait toujours le sourire aux lèvres, aimait plaisanter et m’a mis tout de suite à l’aise dans cette entreprise à l’activité que certains décrivaient comme « délicate ». Moi, au début, je me disais : « être comptable ici ou bien ailleurs et compter ça ou des cacahuètes, c’est du pareil au même » mais la suite me prouva le contraire tant nous étions en permanence contrôlés par toutes les administrations possibles (fisc, Urssaf, police, gendarmerie, douanes, inspection du travail, etc.…). Avec la chaleur humaine qui le caractérisait et son sourire qui illuminait toujours son visage, Gilou m’a donné cette confiance dont j’avais bien besoin en réintégrant ce milieu professionnel très nouveau pour moi. Bien que Gilou était très loin de mes tracas de comptable puisqu’il était infographiste où ses talents de peintre dessinateur faisaient merveilles, nous travaillions dans le même local, l’un en face de l’autre et nous déconnions très souvent. Il faut dire qu’avec la désinvolture de notre jeunesse et cette activité insolite, les occasions de se tordre de rires ne manquaient pas et Gilou et moi, nous n’étions jamais les derniers. Gilou avait ce don de détendre l’atmosphère dans des situations qui pour moi auraient pu être stressantes. Mais malgré nos jobs bien différents, nous avons sympathisé et nous sommes liés d’amitié dés les premiers jours. Il faut dire qu’avec la peinture et le dessin que j’aimais également beaucoup mais dans lesquels il était bien plus doué que moi, nous avions en commun de multiples autres atomes crochus : la pêche que lui pratiquait en torrent et moi en mer, la montagne dont il était un enfant et dont je commençais à prendre goût à travers mes toutes premières randonnées pédestres. Mais dans cette amitié naissante, le lien qui nous unissait, c’était cet amour en commun que nous avions pour cette idée de liberté absolue dans nos activités auprès de la nature sauvage en général. Moi, c’était au bord de la mer que je l’exprimais dans mes chasses sous-marines et lui, c’était dans ses chères montagnes du Vallespir qu’il parcourait inlassablement à longueur d’années pour chasser, pêcher la truite, ramasser les champignons ou chercher des truffes.  Nous parlions presque essentiellement de ça, de nos expériences, de la faune et de la flore que nous observions chacun de notre côté. Pendant les années de travail dans la même entreprise, nous avons été très amis même si nous n’étions pas ce qu’on appelle « cul et chemise » ou constamment l’un avec l’autre. Je respectais son goût d'indépendance et dieu sait s’il tenait à ça et lui respectait ma manière de vivre. Il faut dire que notre éloignement géographique et nos vies différentes contribuaient facilement à ça : il était célibataire, même s’il avait une copine, résidait à Perpignan en semaine et rentrait sur Montferrer le week-end et moi, marié avec 2 enfants, j’habitais à Saint-Estève. Mais quand nous étions ensemble à la pêche par exemple, nous étions de vrais complices.  Je l’amenais par exemple pêcher les loups, les congres, les sars ou les mustelles de nuit au Cap Béar et de son côté, il m’entraînait dans d’interminables excursions pour pêcher les truites dans ses torrents du Vallespir dont il semblait être le seul à connaître ses «  bons coins ». Nous prenions un plaisir immense dans ces activités nouvelles pour nous deux et ça nous rapprochait. En dehors de ça, il tentait parfois de m’expliquer comment reconnaître tels ou tels champignons et comment à l’aide d’une mouche, il trouvait des truffes, perles noires de ses montagnes. Mais comme il savait à l’avance que je n’en trouverais jamais, il prenait soin de m’en offrir quelques unes quand je montais chez lui dans son village natal de Montferrer. A sa manière et inconsciemment Gilou participa sans doute aux travers de ces quelques sorties dans son cher Vallespir à me donner le virus de la montagne dont je ne peux plus me débarrasser aujourd’hui. Très souvent, il s’esclaffait de rire à me voir m’énerver quand ma ligne se prenait dans les branches  des arbres et comme cela m’arrivait assez souvent, nous passions des journées  plus à faire peur aux truites et à nous marrer qu’à pêcher vraiment. A l’époque Gilou avait 28 ans et sous ses faux airs de jeune homme un peu rustaud des montagnes, il était d’une grande gentillesse. Avec ses grands yeux bleu ciel et sa tignasse brune, il ressemblait à s’y méprendre à Yves Duteil et il avait dans le cœur, la même sensibilité que celle qui transpire des chansons de ce dernier.  Et comme, j’étais son aîné de 11 ans, au nom de notre amitié, il me faisait confiance, me parlait de ses tourments de cœur, de ses craintes et de ses doutes à vouloir s’engager auprès d’une femme un peu plus âgée que lui. Pourtant, il me disait l’aimer tendrement mais elle avait déjà un enfant que lui ne se sentait pas d’assumer. Il se savait insouciant et surtout il ne voulait pas perdre cette indépendance de montagnard qu’il avait toujours connue. Certains auraient pu penser qu’il s’agissait d’une forme d’égoïsme mais sincèrement je ne le crois pas et je situais ce trait de caractère entre le machiste qu’il était parfois et la crainte de perdre une liberté essentielle à sa vie. Et je l’avoue, c’est bien la première et dernière fois de ma vie où un homme c’est ainsi confié à moi. Gilbert avait bon cœur et parfois il me donnait quelques truffes, des truites, des cèpes séchés et il est même allé jusqu’à m’offrir une très belle aquarelle que j’ai toujours gardée sous verre précieusement, exposée dans mon salon.  Parfois, je tentais de rivaliser en lui offrant quelques bons poissons de mer. Puis en changeant de boulot, notre amitié se rompit une première fois et nous restâmes quelques semaines sans nous revoir mais quand au téléphone je lui appris que je travaillais au Boulou, le vendredi soir en rentrant sur Montferrer, il se mit à passer régulièrement me voir. Tout en prenant le verre de l’amitié, il me parlait de son boulot qu’il ne gardait que par nécessité préférant « sa montagne » et moi je lui parlais du mien et de mes difficultés à être à la hauteur dans un bureau où trois femmes s’étaient liguées contre moi dès le premier jour, sans vraie raison sinon par simple méchanceté gratuite ou jalousie. Lui, me racontait ses déboires féminins et ses peines de cœur dont il semblait se faire une montagne aussi grande que son cher Canigou. Nous eûmes quelques petites altercations au sujet de la manière plus que machiste dont il avait de parler des femmes en général. C’était là le seul défaut que je lui trouvais et le seul chapitre où nous étions souvent en désaccord.  J’essayais d’éviter le sujet mais d’un autre côté, il m’était impossible de ne pas l’écouter quand Gilbert se confiait à moi. Quand il reprochait aux femmes d’avoir tous les défauts de la terre, il se transformait alors en un jeune homme incommodant et comme à ces moments-là, je ne le reconnaissais plus vraiment, j’avais peut-être le tort de lui parler avec un peu trop de franchise.

    Aujourd’hui ce n’est pas parce qu’il n’est plus là, que je vais dire que Gilou n’avait que des qualités. Non, comme nous tous, Gilou avait ses défauts et c’est sans doute ce qui le rendait encore plus humain.  Malgré ces différents qui n’étaient heureusement que passagers et occasionnels, Gilou savait être charmant et aimait par dessus tout plaisanter et je mettais ses sautes d’humeur envers les femmes, sur sa jeunesse et sur le compte d’une quête à se chercher lui-même ou à  trouver une véritable  âme sœur qui aurait su l’aimer, le comprendre et l’accepter comme il était vraiment. J’avais beau lui dire qu’avec une femme, il était nécessaire de faire certaines concessions, il ne semblait pas vraiment prêt  à ça.

    En 1992, je perdis mon frère Daniel et même s’il savait que c’était peine perdue, il passa plus souvent me voir et essaya tant bien que mal et à sa manière de me réconforter de son mieux. Nous continuâmes à nous revoir régulièrement jusqu’en janvier 1993 sans que notre amitié pâtisse de ces petites querelles au sujet des femmes.  Puis une fois encore, je perdis mon boulot et je dus quitter Le Boulou pour venir travailler à nouveau sur Perpignan pendant les quelques mois de préavis qu’il me restait à faire. Il passa encore une ou deux fois me voir, on se téléphona encore quelquefois,  puis nos appels s’espacèrent jusqu’à s’arrêter définitivement. Il faut dire que de mon côté, en 1993, au mois de mai, je perdis définitivement mon job de comptable à Perpignan et je fus entraîné dans ce qu’on appelle le tourbillon de la vie où mes préoccupations personnelles comme celles d’assurer les fins de mois à mon propre foyer passèrent avant tout le reste. Je suppose qu’il en fut de même pour lui car Gilou ne m’appela plus jamais au téléphone et notre éloignement mit fin, je dirais presque naturellement, à cette très belle amitié de cinq années. Nos caractères solitaires et notre goût d'indépendance contribuérent sans doute aussi à cette coupure.

    Ainsi étaient allées nos vies ! Nous avions pris des « trains de la vie » différents et le train de l'amitié qui aurait pu nous réunir de nouveau était passé bien trop vite pour nous deux !

    Mais une fois encore, cette cruelle fatalité qu’on appelle la mort m’a rappelé soudain à son terrible souvenir.

    Gilou s’en est parti en ce mois de janvier 2011 et quand je me retourne, je m’aperçois avec effarement que nous sommes restés ainsi sans plus nous revoir pendant 18 longues années. Et ce qui est triste, c’est que nous nous étions séparés très bons amis. Et je dois le dire, au regard de cette accablante réalité, j’ai comme un vague sentiment de culpabilité. Le sentiment de n’avoir pas su préserver cette belle complicité, de n’avoir pas su lui tendre une main secourable. Je ne sais comment dire et sans forfanterie aucune mais j’ai le sentiment que ma main de bon camarade aurait pu peut-être lui faire traverser le miroir avec un peu plus de sérénité. J’ai l’impression d’avoir oublié de lui dire certaines choses : combien par exemple, aussi courte soit-elle,  j’avais apprécié sa camaraderie pleine de spontanéité à m’accueillir chez Défi ou bien chez lui à Montferrer sans chichis ou à venir me voir au Boulou. Combien j’avais apprécié la confiance qu’il mettait en moi à se confier et vice-versa d’ailleurs. Combien j’avais apprécié sa gentillesse. En résumé combien j’avais apprécié nos cinq années d’amitié. Cinq années, sans doute trop courtes mais qui, en tous cas, auront pour moi marqué mon existence tant cette camaraderie avait été forte et marquée par une complicité exceptionnelle. Nous avions tous les deux cet amour pour la nature et la vie tout simplement.

    Quand j’ai appris son décès à la lecture de la Semaine du Roussillon, j’ai reçu comme un énorme coup de massue sur la tête. Il m’était impossible d’imaginer ce garçon que j’avais bien connu, boute-en-train et sportif, autrement que plein de vie et d’énergie. Ses obsèques étaient passées mais j’ai aussitôt ressenti le besoin d’aller me recueillir au cimetière de Montferrer comme si je voulais définitivement sortir d’un mauvais cauchemar. Et quand je me suis rendu à Montferrer et malheureusement à l’évidence, en ce 11 février 2011,  j’ai été bouleversé par les deux photos qui étaient affichées sur sa tombe. Sur une de ces photos, je retrouvais Gilou comme aux plus beaux jours de notre amitié, insouciant, avec son éternel sourire espiègle. Il était au dessus de mes forces d’imaginer ce grand gaillard de Gilou allongé dans ce casier de marbre, gris et froid. Alors, c’est les larmes aux yeux que je suis parti marcher dans sa « chère montagne ». Je ne sais pas pourquoi mais j'ai ressenti ce besoin d'aller m'évader loin de ce monde que je trouvais "abominable". Il m’avait si  souvent parlé de son village et de ces sentiers qu’il arpentait depuis qu’il était enfant que j'ai eu le sentiment de lui rendre hommage en les arpentant à mon tour. Dans ma tête et tout en marchant, Gilou, mon copain, fut là, à côté de moi, à gambader dans la forêt, à grimper ces chemins qui mènent au château de Montferrer, terrains de jeux de son enfance. Il chemina avec moi toute la journée mais quand le soir la balade se termina, ça était plus fort que moi, je voulais garder un souvenir visuel de Gilou et j’ai pris en photos ces deux images. Quand je suis rentré à la maison, étant seul ce soir-là, il fut encore dans mes pensées. En regardant cette aquarelle qu’il m’avait gentiment offerte, je le voyais adossé contre ce bel arbre comme au temps où nous pique-niquions pendant nos parties de pêche. 

    De lui, il me restera, de nombreux souvenirs agréables, ces deux photos que j’ai chipées comme un voleur de cimetière, cette aquarelle qu'il m'avait offerte et une autre toile que je lui avais achetée lors d’une exposition car en plus de ses qualités de cœur, Gilou avait un vrai talent d’artiste peintre. Sur ce dernier tableau, il avait tenté d’imaginer, de manière très abstraite, les fonds marins que je lui décrivais en évoquant mes chasses sous-marines. En regardant ses œuvres, je vais inévitablement me souvenir de lui avec tristesse et nostalgie et je sais qu’il n’aurait pas apprécié  que je pense à lui ainsi. Gilou aimait tant la rigolade….Mais ne m’en veut pas Gilou, aujourd’hui, il m’est impossible de rire de ton départ si inattendu !


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  • Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons et musiques du compositeur, musicien et chanteur Quincy Jones. Elles ont pour titre : "Slow James"; "The Erotic Garden (After Hours Version Of Secret Garden)" et "Soul Bossa Nova".


    Ayant intitulé cette jolie randonnée le « Château des Maures », autant être honnête de suite, le château en question, ce n’est ni Chambord, encore moins Versailles et pour dire vrai, en terme d’esthétique, il n’arrive même pas à la cheville de celui de Salses ! Non, ce « Château des Maures »,  ce ne sont que quelques ruines, quelques vieilles pierres d’enceintes ou de fortifications d’un bastion du XIIème siècle dont l’historien Jean Tosti dit de lui qu’il aurait été destiné à défendre le Razès, petite région audoise, des attaques venant du sud et qu’il n’aurait de « Maures » que le nom. D’autres historiens disent qu’il s’agirait d’un château wisigoth.  Alors peu importe l’origine et la splendeur passée de ce château, objectif de notre journée, car il y a sur ce circuit bien d’autres jolies choses à voir et notamment le Viaduc de l’Escargot qui lui est contigu. Le départ s’effectue depuis Caudiès-de-Fenouillèdes où on peut laisser sa voiture sur l’esplanade aux Monuments aux Morts. Sur cette place, qui se trouve sur la droite de la D.117 en venant de Perpignan et en face du Syndicat d’Initiative, il y a quelques places de parking. De là, il faut prendre la direction de l’église puis l’avenue du Col Saint-Louis. Vous aurez certainement aperçu divers balisages et surtout les marques blanches et rouges propres à un G.R. Ici, vous êtes sur le G.R.36 qui est commun avec le trop méconnu Tour des Fenouillèdes et un petit P.R connu des randonneurs du coin qui s’appelle le « Chemin du Facteur ». On sort du village en suivant le balisage, on enjambe la rivière Boulzane et on poursuit la D.9 direction le col Saint-Louis, jusqu’à un poste transformateur EDF qui se trouve sur la gauche près d’une croix et à un embranchement. A ce croisement, on tourne à gauche, on passe devant le transfo et on continue cette jolie petite route de campagne qui longe le Boulzane, coupe son affluent l’Adoutx, petit ruisseau qui prend sa source non loin du château des Maures. Au bout de deux kilomètres environ, au lieu-dit la Muscatière, la route traverse cette propriété privée. Ici on quitte la route rectiligne par la droite pour un large chemin en terre qui se rétrécie rapidement en entrant dans la forêt. Le sentier désormais balisé en jaune tourne en épingle à cheveux en atteignant le hameau en ruines de Borde de Rivière. Ici, sur un sentier tout en sous-bois, caillouteux et très souvent raviné ou labouré par les sangliers démarre l’essentiel des 370 mètres de dénivelés qui vont nous mener jusqu’au château des Maures. Dans cette progression toujours en forêt, d’abord sous de petits chênes verts et lièges puis sous des grands chênes pubescents, quelques hêtres et conifères, il faut profiter de chaque trouée et de chaque fenêtre que dessinent les branches pour découvrir les paysages qui s’offrent à notre regard. Dans notre dos, les vues portent loin vers la vallée de la Boulzane, vers Caudiès, Fenouillet et ses châteaux et sur la droite, on aperçoit la forêt du Bach, la Serre de la Quière, le Pic d’Estable et sa splendide forêt domaniale d’En Malo, Puilaurens et son château dressé sur son piton rocheux, Lapradelle et son superbe viaduc construit en 1900 lors de la création de la ligne de chemins de fer. Au lieu-dit Rabasteins, vieil hameau en ruines dont on ne distingue que peu de vestiges depuis le chemin, le sentier s’arrête de grimper et on entre dans une petite clairière gazonnée entourée de hauts buis. Ici au milieu de la pelouse, on découvre avec surprise ce qui semble être une vieille Peugeot 203. Elle est bleue, rouillée mais surtout trouée comme une passoire. En l’approchant, on s’attend à tout moment à voir tomber par ses portières quelques cadavres de gangsters comme au bon vieux temps de la prohibition mais en réalité ce sont des chasseurs en manque de gibiers qui se sont amusés à faire des  « cartons ». On prend le chemin le plus large toujours balisé en jaune qui descend légèrement et quelques minutes plus tard on aboutit sur la D.9 où les vues splendides s’entrouvrent sur l’ample ravin de l’Adoutx et le joli viaduc de l’Escargot. On tourne à droite en évitant le goudron de la route par des raccourcis évidents qui coupent les virages et on rejoint très rapidement le viaduc en colimaçon et le château des Maures qui se trouve juste en contrebas. Ce viaduc présente la particularité d’être un des premiers ouvrages à péages construit après la Révolution. Il faut savoir qu’en 1839, le duc Ferdinand-Philippe d’Orléans, prince royal de France, passant par le Col Saint-Louis,  en route pour Port-Vendres où il devait embarquer pour se rendre à Alger voir le Dey, eut les pires difficultés à franchir cette route escarpée où il était nécessaire de débâter les chevaux et de transporter les chargements à bras d’hommes. Ce pénible épisode le contraint à pique-niquer ici en rase campagne. Gardant en mémoire ce désagréable souvenir, il fit voter dès son retour en France un texte autorisant la construction d’un ouvrage à péages à ce passage. L’histoire prétend que le viaduc en colimaçon aurait été  construit à l’aide des pierres du château. Après ces belles découvertes, on continue à descendre la D.9 tout en prêtant attention à ne pas oublier la stèle dédiée au célèbre pique-nique du 15 septembre 1839 du Duc d’Orléans. Elle se trouve sur le bas-côté gauche de la route juste après une petite grotte. On poursuit jusqu’au prochain virage et là, à main gauche, on quitte la route pour une large piste en terre qui s’élève en zigzaguant et depuis laquelle s’entrouvrent de superbes panoramas sur le viaduc, le ravin de l’Adoutx jusqu’à Caudiès et bien plus loin encore vers la forêt de Boucheville et toute une vaste étendue des Hautes-Fenouillèdes. Cette piste terreuse va peu à peu se transformer en un agréable chemin verdoyant qui va filer d’abord en balcon puis en forêt pour se terminer en une draille herbeuse et parfois boueuse au beau milieu d’une vaste prairie d’estives au hameau abandonné de Malabrac. Cet agréable chemin laisse entrevoir quelques jolis sommets : plutôt lointains pour ce qui concerne le Canigou et les pics ariégeois enneigés et bien plus proche pour celui arrondi du Pech de Bugarach.  Juste après la traversée du hameau, on prend garde à bien emprunter le G.R.36 qui part à droite et qui redescend par une sente raide et très escarpée vers Caudiès-de-Fenouillèdes. D’ailleurs, la descente est l’occasion de vues aériennes sublimes sur le village et tous ses environs.  Au pied de cette falaise abrupte que l’on vient de descendre, on retrouve le bitume de la D.9 et un peu plus tard celui des ruelles du village. Si après cette quinzaine de kilomètres, il vous reste encore un peu de vaillance, n’hésitez pas à partir à la découverte du village, vous y découvrirez encore quelques merveilles : son quartier moyenâgeux avec les vestiges de son fort et de ses remparts, ses vieilles maisons à colombages et à encorbellements ; sa tour du Viguier, sa belle église paroissiale du XVIème siècle, sa jolie mairie qui date de 1656 et bien d’autres choses encore. Je vous l’avais dit au début de cet article : il y a une multitude de jolies choses à voir sur ce circuit et le château n’est vraiment qu’un prétexte. Alors ne faites pas les « Maures » et venez-y marcher ! Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet et 2347 OT Quillan – Alet-les-Bains Top 25.

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  • Ce diaporama est enjolivé de 2 musiques du duo "Secret Garden""Windancer" et "Sanctuary" extraites de leur album "White Stones".

     

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    Balade dominicale par excellence, cette courte excursion à la Chapelle Sant-Marti de la Roca à partir du bel hameau de Camélas ne vous prendra pas plus de deux heures aller et retour ; à moins bien sûr que vous ayez décidé de faire une boucle un peu plus longue autour de ce mamelon, autrefois appelé Pic Quérubi, histoire de consacrer une « grosse » et agréable journée à votre passe-temps favori qu’est la randonnée pédestre. Situé au nord des Aspres, versants orientaux du Massif du Canigou, cet ermitage, est sans doute, un des plus beaux du département. Il faut dire qu’il s’inscrit dans un cadre extraordinaire où les vues à 360° sont tout simplement merveilleuses. Pourtant la chapelle n’est perchée qu’à 518 mètresd’altitude mais elle domine magnifiquement les Aspres bien sûr, la Plaine du Roussillon et le Ribéral tout proches avec à se pieds, Camélas bien sûr mais aussi un des plus beaux villages de France, à savoir Castelnou. Quand aux panoramas aperçus depuis le piton rocheux, ils défilent dans un horizon circulaire quasiment sans rupture depuis les lointaines Corbières jusqu’aux premiers sommets pyrénéens de Cerdagne et du Capcir en passant par le littoral méditerranéen, les Albères, le Vallespir, et une immense partie du Conflent où prédomine, bien sûr, l’incontournable Pic du Canigou. Avant de démarrer, profitez de l’opportunité qui vous est donnée pour visiter Camélas. Le village mérite qu’on s’y attarde et depuis le parking situé au bas du village et en flânant dans ses ruelles, vous découvrirez ses vieilles maisons parfaitement restaurées, aux façades fleuries à la bonne saison, les quelques vestiges d’un vieux château ruiné du XIIème siècle,  son église romane du XIème siècle dédié au légendaire évêque de Tarragone Saint-Fructueux. Elle possède une superbe porte en bois et ferrures décoratives qu’encadre un non moins magnifique portail de marbre rose. Si la porte est ouverte, ce qui n’était pas le cas le jour de ma visite, vous découvrirez à l’intérieur de l’église, des peintures très anciennes, un mobilier précieux et quelques retables exceptionnels dont un triptyque du XVème siècle qui aurait été l’œuvre de l’énigmatique Maître du Roussillon. Vous aurez ainsi visité et traversé ce beau village sans vous en apercevoir et en grimpant entre les dernières habitations vous aurez remarqué à une intersection et à même le sol un panonceau indiquant « l’ermitatge Sant Marti de la Roca ». En suivant cette direction, très rapidement, on quitte l’asphalte pour une large piste terreuse qui serpente dans la garrigue où les seuls arbrisseaux sont de petits chênes lièges, des chênes verts, quelques hautes bruyères et de piquants genévriers et ajoncs. On surplombe très vite Camélas et tout en montant, on observe des panoramas de plus en plus beaux et de plus en plus lointains. On laisse sur la gauche, le joli domaine du Mas de Ste Colombe. Le dénivelé s’accentue et le pinacle arrondi, rocailleux et aride du Quérubi se rapproche. De temps à autre, au détour d’un virage, un bout de la chapelle apparaît. Sur la droite, une épaisse forêt de petits conifères se dévoile et contraste avec l’aridité environnante. Il faut savoir que si le nom « Aspres » vient du latin « asperi » qui veut dire « âpre », ici l’âpreté signifie aussi « aride ». Cette aridité, les Aspres la doivent pour partie aux multiples feux de forêts et de maquis qui, dans ce secteur, ont largement contribué à la déforestation mais néanmoins les hommes ont eu, ces dernières années,  le souci d’aider au reboisement. D’ailleurs, cette large piste que vous arpentez est surtout là pour protéger la forêt et combattre les éventuels incendies. La piste finit par arriver au col de La Roque à la jonction de plusieurs chemins. A l’horizon et droit devant, sous un soleil éclatant et un ciel sans nuage, un superbe Canigou enneigé apparaît péniblement au travers d’un halo d’une épaisse brume de chaleur. Le chemin qui nous intéresse est celui qui monte le plus à gauche et qui, fermé par une chaîne, interdit toute circulation motorisée. Balisé en jaune, l’itinéraire se fait toujours plus rocailleux puis pour terminer, il domine désormais Camélas au bord d’un sentier tout en balcon très abrupt, très impressionnant mais pas vraiment périlleux. Quand la pente s’adoucit et qu’on atteint le haut de la crête, l’église romane apparaît dans toute sa splendeur. Déjà citée dans les textes dès le VIIIème siècle, la vieille chapelle porte bien son nom de la Roca (de la Roche) et semble de loin comme agglutinée à ce monticule calcaire, mais plus on approche et plus avec ses murs couleur paille et sa toiture rouge, elle s’en détache distinctement. Une fois à ses pieds, on y trouve même un air penchée et, juchée au bord du précipice, elle paraît vouloir basculer dans le vide comme entraîner par le poids de sa nef et de son clocher. Constituée de plusieurs petites salles, sa jolie chapelle est enjolivée de quelques peintures plus ou moins récentes et de quelques reliques et objets divers que des pèlerins et pénitents ont déposés pieusement.  Après un message laissé sur le livre d’or et après avoir admiré depuis son parvis les magnifiques panoramas qui nous sont offerts, le retour vers Camélas s’effectue par le même itinéraire. A moins, comme je le dis dit plus haut, que vous ayez décidé de réaliser un circuit un peu plus long. Pour cela, il vous faudra, au col de la Roque, descendre à main gauche en direction des Bourguères. Là, par divers chemins et sentiers que je ne vais pas vous décrire en détail ici (voir ma carte IGN), vous aurez le choix entre, soit poursuivre vers Castelnou, soit revenir à Camélas par un itinéraire plus court qui par un étroit sentier traverse le ravin de la Font de Paris. Carte IGN 2448 OT Thuir - Ille-sur-Têt Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de 3 grands standards du jazz qui ont titres et interprètes : "Stormy Weather" par Charles Mingus, "Deep Purple" par Art Tatum et "A Foggy Day In London Town" par Lester Young.
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    Après les fêtes de fin d’année et quand le mois de janvier démarre, je ne sais pas vous, mais moi, j’ai à la fois des fourmis dans les jambes tant la marche commence à me manquer et à la fois la flemme de partir loin pour me dégourdir les jambes surtout si la météo d’hiver n’est pas très propice à la  randonnée pédestre. Alors que faire ? D’un côté, j’ai envie de marcher et de tenter de perdre les quelques kilos de trop que m’ont fait prendre le foie gras, les chocolats et autres riches victuailles des réveillons, et de l’autre, je n’ai pas vraiment le désir, sous un ciel incertain,  de me « taper » trois à quatre heures de voiture pour faire une balade en montagne de quatre à cinq heures. Alors, il m’est venu une idée : regarder la carte IGN de Perpignan et déceler la balade balisée la plus proche autour de chez moi, avec si possible un « bon petit » dénivelé. Et bien sûr, j’ai trouvé ! Il s’agit du Roc Redoun (328 m) qui signifie rocher rond, situé à 12 kilomètres à vol d’oiseau de Perpignan et que l’on peut gravir depuis divers points de départ. Ce n’est bien sûr, ni le Canigou ni le Carlit mais j’ai trouvé un joli circuit qui part du beau village de Baixas, emprunte le chemin dit « des Coumos ou Coumes », passe par le non moins joli hameau de Calce (dérivé du mot « cal » signifiant « rocher », ce nom à la même origine que les mots  « calcaire, chaux », et ça parait une évidence au regard de la géologie du coin !) et grimpe au roc avec une multitude de découvertes que je ne soupçonnais pas. Personnellement, connaissant déjà le village de Baixas, j’ai démarré sous un ciel maussade et une redoutable tramontane depuis un carrefour qui se situe 250 mètres juste après la chapelle Sainte-Catherine (déjà décrite dans ce blog avec Notre-Dame de Pène). Là, il suffit de suivre le balisage jaune qui emprunte une voie carrossable et  bitumée qui file sans détour vers Calce. Le Roc Redoun plus connu des vététistes et des chasseurs (à ne pas confondre avec le pic Redoun (2.677 m) dans le Haut-Conflent, qui lui domine le GR.10 et les gorges de la Carança) est en surplomb sur votre droite. Bien qu’en grande partie asphalté, ce chemin entre vignes et collines, bordé de nombreux amandiers et de quelques oliviers sauvages, n’est pas lassant car il s’élève doucement laissant découvrir derrière soi et dans ce vallon qui s’entrouvre de jolis panoramas vers Baixas et Perpignan, et bien plus loin encore, vers la Méditerranée et les Albères. Seul dans ce décor dépouillé, ce jour-là, mon attention a été mise en éveil par d’innombrables passereaux et ma progression s’effectue au même rythme que celles de plusieurs étourneaux, grives, alouettes et autres chardonnerets qui s’envolent à tire d’ailes au fur et à mesure que j’avance sur ce parcours. En ce jour de janvier plutôt terne, or mis l’ocre de la terre et les différents verts de la végétation, les seules vraies touches de couleurs sont offertes par quelques jaunes ajoncs ou de bleus romarins en fleurs. Au moment où le chemin se stabilise puis redescend régulièrement vers la Serre de Calce, sur la gauche, le Canigou et les autres sommets pyrénéens surgissent à l’horizon. Au passage, on remarque une multitude de constructions de pierres sèches dont plusieurs casots, puits, orris ou autres cabanes dont celle magnifiquement restaurée dite de « Las Coumes ».  Quand le large chemin des Coumos se termine avec la fin de ce petit vallon que je viens d’arpenter, il n’y a rien de plus normal quand on sait que les mots « coume, coumes, coumos » ont la même étymologie que le mot « combe ».  Alors une coume, c’est une combe, un vallon ou une petite ravine. A ce carrefour, deux solutions sont offertes : soit, on ne connaît pas Calce qui se trouve sur la gauche et je conseille vivement d’aller découvrir ce joli hameau soit on poursuit à droite en suivant les indications on ne peut plus claires d’un petit panonceau jaune précisant le Roc Redoun. Calce est à moins de 500 mètres et avec ses jolies ruelles anciennes, son église avec son beau clocher et son vieux château du XIIeme siècle, il est évident qu’on ne regrette pas cet agréable petit détour, d’autant qu’un Bistrot du Pays « Le Presbytère » peut accueillir le visiteur tout au long de l’année pour un sympathique déjeuner ou plus simplement pour étancher sa soif. Pour le Roc Redoun, il faut ensuite revenir sur ses pas et grimper vers cette longue colline aride que l’on a longée depuis le départ. Cette colline, elle s’appelle « les Coumos de la Quirro » et on peut fort légitimement la traduire en « Combe des rochers » tant il y a de pierres ici. Une fois à cheval sur cette croupe rocailleuse qui s’intitule La Cresse, les paysages se dévoilent de toutes parts : sur l’autre versant vers la Vallée de l’Agly, vers la Tour del Far, la montagne de Tauch et plus globalement les Corbières où l’on peut distinguer les châteaux cathares de Quéribus et Peyrepertuse et encore un peu plus loin, le Pech du Bugarach et les premiers sommets ariégeois enneigés. A l’horizon, toujours cette longue chaîne de montagnes qui s’étire des Albères aux Pyrénées en passant par les pics vallespiriens, le Massif du Canigou, celui du Coronat et du Madres et tout en s’élevant dans ce paysage presque quasi lunaire jusqu’aux pylônes du Roc Redoun, c’est peu à peu, toute la vaste Plaine du Roussillon que va se dérouler comme un tapis devant nos pieds. Au regard de la modeste altitude de ce roc, on peut s’étonner de la beauté du spectacle entrevu sur cette multitude de panoramas aperçus mais en y réfléchissant, n’est-on pas à la même hauteur que le sommet de la Tour Eiffel ? D’ailleurs, en installant leurs antennes hertziennes au sommet de ce roc, les sociétés de télévision et les radios ne s’y sont pas trompées et elles savaient que rien n’arrêterait leurs ondes, leurs images et leurs musiques. Moi, avant de redescendre vers ma voiture sur un sentier toujours aussi pierreux, la seule mélodie que j’ai entendue, c’est celle d’une violente tramontane soufflant à 100 km/heure et qui sifflait stridente et métallique dans les câbles et les haubans de ces immenses antennes et pylônes d’acier. Cette musique, sortit tout droit d’une espèce de hard rock « heavy metal », ici  on aurait pu très justement l’appeler le « rock Redoun ». Plusieurs chemins sont proposés pour descendre vers Baixas mais personnellement, j’ai choisi le plus simple et le plus court qui traverse en son milieu le Pla de la Vila par une agréable petite pinède. On rejoint la piste où se trouve l’ancienne carrière de marbre bleu et il suffit de poursuivre pour retrouver l’ermitage de Sainte-Catherine. Dans ce secteur, il faut néanmoins faire attention car en cette saison, il est amplement fréquenté par les chasseurs à plumes et c’est sous un déluge de détonations de tirs que j’ai rejoint ma voiture. Ce circuit peut être réaliser en moins de 3 heures et un peu plus selon le temps qu’on aura consacré à la visite de Calce. Un peu plus aussi, si on décide de partir de la cité de Baixas et de la visiter également. Les deux villages méritent vraiment qu’on s’y attarde. Cartes IGN 2548 OT Perpignan-Plages du Roussillon et 2448 OT Thuir-Ille-sur-Têt Top 25.

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  • Dans ma vie professionnelle, j’ai d’abord été informaticien pendant une quinzaine d’années puis ensuite tout en continuant à travailler sur des ordinateurs, j’ai plutôt œuvré dans la gestion, la comptabilité et la finance jusqu’à ma récente retraite. Alors, les chiffres et les nombres, je pensais, sans prétention aucune, en avoir fait le tour et évalué leur nécessité  et leur importance. Dans mes divers métiers et notamment ceux en relation avec l’informatique, on tire bien évidemment un certain avantage à donner des numéros à un élément d’un fichier  et pour donner des exemples : au client X, on attribue le numéro 1000 ou bien le salarié Durand est le matricule 15, ceci bien entendu au sein d’une liste d’un fichier qui peut recenser un nombre indéterminé d’éléments.  Toutefois et tout en manipulant des chiffres et des nombres à longueur de journée, j’ai toujours eu à cœur dans mes relations avec les autres d’oublier leurs numéros de codifications pour les considérer comme il se doit comme des êtres humains. Quand j’avais à faire à un client, à un fournisseur ou à un salarié, je l’appelais toujours par son nom voire son prénom quand il s’agissait d’un(e) collègue et je ne lui disais pas « numéro 1000 » ou « matricule 15 », etc... A dire vrai, appeler une personne par son numéro ou son matricule, ce n’est pas l’éducation que m’avait donnée mes parents et cette idée ne m’est à vrai dire jamais venue à l’esprit et bien au contraire, j’avais encore en tête d’avoir lu que c’était la manière abominable dont les nazis désignaient les déportés dans certains camps de concentration.

    L’Administration Française et en l’occurrence, pour ne pas la citer, la Caisse d’Allocations Familiales a, semble-t-elle, oublié cette sacro-sainte éducation et je ne vous cache mon immense déconvenue quand l’autre jour le facteur est venu me remettre une lettre en me disant : « C’est bien vous l’allocataire 15931…? ». J’ai d’abord été très surpris de la question puis j’ai sans doute bégayé quelque chose avant d’apercevoir, au dessous de ce numéro, mon adresse dans la fenêtre de l’enveloppe qu’il me tendait et en prenant ce courrier, je n’ai pas trouvé autre chose à lui dire que : « Oui, c’est sans doute moi ! ».  

    J’avais l’impression d’être revenu 40 ans en arrière et d’être entré de pleins pieds dans la célèbre série télévisée  que je regardais à l’époque c’est à dire « Le Prisonnier » , dans laquelle tous les personnages s’appelaient par des numéros. Le « Prisonnier », alias ce fameux N°6 était constamment poursuivi et martyrisé par le N°2 qui voulait lui faire avouer pourquoi il avait démissionné de son poste d’agent secret. En quelque sorte, j’ai eu, ce jour-là, le sentiment d’être le N°6 interrogé par le facteur qui était le N°2.

    Puis quand le facteur a eu tourné les talons, la colère et l’indignation ont pris le pas sur l’étonnement. Ô non, or mis sa maladresse dans sa façon de s’exprimer, je n’avais pas grand-chose à reprocher à ce « brave » facteur qui, dans le cadre de son travail, avait posé une simple question pour s’assurer que j’étais bien le bon destinataire, mais sur le moment, j’ai eu vraiment une vive animosité contre cette Caisse d’Allocations Familiales dont j’avais le sentiment qu’elle avait oublié que j’étais un être humain.

    Alors, j’ai ouvert l’enveloppe et j’ai constaté que cette lettre de la CAF ne m’était pas adressée mais elle concernait ma mère dont je suis le tuteur légal depuis 2 ans. Croyez-vous que cela a atténué ma colère ? Non, bien au contraire et je dirais presque que cela n’a fait que l’amplifier. En effet, ma mère est atteinte de la Maladie d’Alzheimer depuis quelques années et les psychiatres la décrivent en ces termes : « elle est sénile et dans un état de dépendance physique et psychique majeure qui nécessite qu’elle réside obligatoirement dans une institution médicalisée de façon définitive ». Alors, j’estime que c’est déjà excessivement difficile de voir sa maman finir sa vie comme ça sans que l’Administration en rajoute en la traitant comme un simple numéro. Ma mère, un numéro ? Non, ça je ne pouvais pas l’accepter et il m’est venu la haine ! Et croyez-moi je n’ai eu que très rarement la haine dans ma vie, pour ne pas dire jamais contre quelqu’un ou quelque chose. Mais là c’était trop et ayant travaillé dans l’informatique, je sais pertinemment qu’il est très simple de régler un problème tel que celui-là !

    Ma mère, malade d’Alzheimer, un numéro ? Non, c’était inacceptable et j’ai eu immédiatement envie d’écrire à la CAF en question pour leur signifier le fond de ma pensée. Puis, je me suis dit qu’il devait en être de même pour tous les autres allocataires de la CAF et que les gens prêtaient sans doute plus d’attention au contenu de leur courrier qu’à la manière dont leur adresse y était mentionnée. Alors, en prenant connaissance du contenu de cette lettre, mon indignation ne fit que s'accroître une fois de plus car la CAF m’informait qu’elle supprimait tous ses droits à ma maman. Ô non, ce n’est pas le fait d’avoir perdu les 15,20 euros par mois qu’elle percevait depuis une année seulement qui changeât ma manière de voir les choses mais c’était tout cet ensemble de pratiques et de décisions que je trouvais injustes, qui ajoutait à ce problème de « numéro », est venu excessivement m’irriter.

    Mes parents étaient, ce que l’on appelle, des ouvriers et ils n’ont jamais « roulé sur l’or ». Mon père était comptable et ma mère faisait des ménages pour que ses trois enfants ne manquent de rien. Comme on dit, ils se sont «saigner aux quatre veines » pour nous élever et nous donner une excellente éducation. Puis quand nous avons été casés, ils ont fait un crédit et ils ont puisés dans leur petite épargne qu’ils avaient économisée sous à sous pour s’offrir un appartement de 50 m2 au rez-de-chaussée d’un très vieil immeuble où leur unique bien-être était qu’il disposait d’un petit jardin. Mon père est décédé à 64 ans et il n’a ni profité de ce petit jardin et encore moins de sa retraite. Ma mère resta seule et au moment où elle aurait pu bénéficier d’une vie un peu plus paisible, elle a été très injustement rattrapée par cette infâme maladie qui l’a peu à peu transformée en véritable zombie.  Mais je dois le dire, avant tout ça, nous n’avons jamais manqué de rien et surtout pas de protection, d’affection et d’amour que notre mère avait à revendre.

    Aujourd’hui, en additionnant sa propre retraite et la réversion de mon père, ma mère perçoit 1.400 euros de retraite par mois et dans le contexte économique actuel très difficile, on est en droit de considérer que ce n’est pas mal de tout car des gens qui travaillent ne gagnent pas autant.  Mais malgré ce revenu « correct », la maison de retraite spécialisée Alzheimer où elle réside, lui coûte 2.500 euros par mois. Alors quand je lis que la CAF a étudié ses droits et qu’elle n’a plus droit à aucune prestation, je l’avoue, j’ai honte d’être français et je suis indigné. Pour « joindre les deux bouts » et assumer les frais de la maison de retraite, j’ai vécu comme une humiliation d’avoir été contraint de vendre ce petit appartement que mes parents avaient mis tant d’années à acquérir. Et quand je dis ça, ce n’est pas  pour profiter plus tard d’un quelconque héritage mais je vis cette obligation de dépendance de ma mère comme une terrible injustice. Aujourd’hui, malgré un projet de loi adopté très récemment, on hésite à suspendre les allocations aux parents dont les enfants ne vont jamais à l’école, on hésite à supprimer les prestations aux parents dont les enfants ont maille à partir avec le justice. Pourtant, dieu sait s’il y en a ! Qui n’a pas entendu parlé d’escroqueries, d’abus et de fraudes diverses aux prestations sociales ? Ces tristes réalités reviennent constamment sur le devant de la scène médiatique. En contrepartie, on n’hésite pas à supprimer radicalement une très faible allocation à quelqu’un qui a eu une vie exemplaire et qui est désormais dépendant à cause d’une terrible maladie. Il y a tellement de gâchis en France, d’abus financiers, de passe-droits, de conflits d’intérêts, d’écarts de plus en plus importants entre les plus pauvres et les plus riches.  

    Alors, voilà pourquoi, je me suis indigné en recevant cette lettre.

    Non, ma mère ne méritait ni cette maladie ni ce peu de considération de l’Administration Française. Non ma mère n’est pas un simple numéro, mais je le dis bien haut : « Pour moi, au temps où elle allait bien, ma mère, a toujours été un « sacré numéro » !!!


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