• Le Pic des Tres Estelles (2.099 m) en 2 jours

    depuis le Pas de Grau (1.190m) (Nyer/Escaro)

    1ere étape : Le Pas de Grau - Mantet

    « Ce sont les étoiles, les étoiles tout là-haut qui gouvernent notre existence »

    Le Roi Lear-William Shakespeare



    Ce diaporama est agrémentée de 3 musiques ou chansons extraites de films de James Bond 007. Dans l'ordre d'apparition, elles ont pour titres et sont interprétées par : "James Bond Suite : James Bond Theme / From Russia with Love / Never Say Never Again / Goldfinger par The Mantovani Orchestra", "Licence To Kill par Gladys Knight" et enfin "Live And Let Die (Vivre et Laisser Mourir) par Paul McCartney & Wings

     

    pic-des-tres-estelles-1

    pictresestellesign1pictresestellesign2

    Vous avez peut-être eu l'occasion de lire sur mon site perso ou bien en vous connectant sur mon blog "Mes belles randonnées expliquées"  l'étrange histoire d'un égarement en montagne que nous avions vécu au début du mois de mai 2004 au Pic des Tres Estelles et que j'avais intitulé "Un cauchemar pour trois étoiles". Dans ce récit, je racontai avec force détails, cette expérience que Dany et moi avions endurée lors d'une randonnée qui avait pour objectif de gravir ce superbe pic situé à 2.099 mètres d’altitude en deux étapes à partir du Pas de Grau. Ce jour là, ou plutôt le deuxième jour, le 2 mai 2004 pour être exact, à cause de très hautes congères de neige obstruant le chemin sur le flanc nord du pic, nous nous sommes égarés et après une nuit passée à la belle étoile au fond d'un immense ravin, ce sont deux vaillants gendarmes du Peloton de Haute-Montagne d'Osséja qui sont venus nous chercher. Grâce à ces deux gendarmes et à tous ces hommes qui étaient venus nous porter secours, nous avons pu rentrer à la maison sains et saufs comme l’écrivait L’Indépendant du lendemain. Mais quand on y resonge que ce fut difficile de nous sortir de ce « mauvais pas » et de ce profond ravin et ce ne fut possible que grâce au professionnalisme de ces deux gendarmes et de bien d’autres secouristes comme ceux de la Sécurité Civile. Comment ne pas se souvenir de ces deux jours, perdus au fond de cette abysse, puis de ces heures qui ont suivi où après nous avoir miraculeusement retrouvés, nous avons été contraints d’effectuer une très longue, laborieuse et mémorable descente de l’escarpé et fougueux torrent de l’Orry en canyoning puis épuisés et transis par plus de deux heures d’effort passées dans une eau glacée ce fut un périlleux hélitreuillage au milieu d’un impressionnant magma rocheux avec bien évidemment au bout de celui-ci, cette délivrance et cette liberté retrouvée. De ce fait, ce cauchemar est resté très longtemps gravé dans nos mémoires. L’année suivante, en 2005, nous sommes remontés au Pic des Tres Estelles depuis le col de Mantet, histoire de ne pas rester sur cet échec, mais pour Dany l’évènement était bien trop frais et une fois au sommet, elle n’a pas eu la force de se rendre jusqu’au bord de ce « maudit » précipice où l’Orry prend sa source quelques centaines de mètres plus bas. D’autant que ce jour-là, quelques plaques de neige en travers du sentier avaient oublier de fondre, histoire de lui rappeler que tout avait commencé ici près d’un large névé, « abominable théâtre de nos exploits » où après une longue glissade, les fesses bien au frais, nous avions fini par atterrir dans cette ravine presque sans issue. Mais vaincre ce signe indien et éliminer de nos têtes cette pénible épreuve que nous avions vécue était important à nos yeux car c’était l’assurance de poursuivre à l’avenir et sereinement la randonnée pédestre, cette activité que nous aimons tant tous les deux. Alors, nous n’avons pas jugé utile d’attendre plusieurs années et en mai 2006, cette extraordinaire (le mot n’est pas trop faible !) randonnée nous l'avons refaite avec notre fils et cette fois-ci, tout c’est superbement passé et c'est cette belle histoire que je vous raconte ici. J’avoue qu’à partir du moment ou j’ai décidé de l’inscrire dans mon blog, j’ai eu un mal fou devant la page blanche car les souvenirs que j’avais enfouis depuis quelques années remontaient sans cesse en surface mais cette randonnée de 2006 fut si merveilleuse que j’ai fini par me convaincre qu’il fallait la faire découvrir à ceux qui ne la connaissaient pas. Outre cette beauté, le bonheur de la refaire en famille avait été si grand, les souvenirs y avaient été tellement nombreux qu’il me fut très compliqué de dépeindre ce plaisir tel que je l’avais si formidablement vécu. Alors oui, vous constaterez que je reviens sans cesse sur le passé, mais pour décrire le présent, j’ai quand même tenté de faire simple et de rester dans une description de cette longue randonnée la plus sommaire possible. Y suis-je parvenu ? Sans doute pas mais je me suis dit qu’après tout, il y aurait comme d’habitude, un diaporama de mes photos pour se faire une excellente idée de la subliminale beauté des lieux traversés ; et puis, je sais qu’il n’y a pas que des randonneurs qui viennent sur mon blog « mes belles randonnées expliquées », beaucoup de gens qui ne peuvent plus ou pas marcher y viennent aussi ! Comme je l’ai dit plus haut, nous avons démarré du Pas de Grau, petit collet situé au sud-est de Nyer et au sud-ouest d’Escaro qu’on rejoint par des pistes forestières plus ou moins carrossables. Si vous n’avez pas un véhicule adapté à la pratique de ces pistes et que vous souhaitez démarrer à partir d’un de ces villages, en raison du « bon » dénivelé, comptez une grosse heure et demi de plus depuis Nyer et peut-être un peu moins à partir d’Escaro. Au Pas de Grau, on ignore l’itinéraire commun à la piste qui monte directement au Pic des Tres Estelles (on reviendra par là !) et on emprunte le sentier balisé en jaune qui longe et enjambe un canal d’irrigation, Le canal, on s’en éloigne très rapidement pour monter dans une forêt de pins. Le dénivelé est plutôt rude mais on finit par atteindre le sommet de la Serrat de la Taillade où de merveilleuses vues se dévoilent vers le nord et l’ouest. Vers le nord, la vallée de la Têt, les Garrotxes, les Massifs du Madres et du Coronat et à nos pieds, le minuscule village de Nyer, un peu perdu dans une verdoyante végétation. Vers l’Ouest, de hauts sommets plus ou moins proches où parfois quelques blancs névés colorent encore les flancs. Ces sommets ont pour noms : Roc de Trépassats (2.039 m), Roc dels Cimbells (2.284 m), Pic de la Costa Llisa (2.326 m), Pic de l’Orry (2.040 m), Pic de Rives Blanques (2.445 m) pour ne citer que les plus proches que nous apercevons de l’autre côté de l’immense ravin du torrent Mantet. Mais dans cette formidable Réserve Naturelle de Nyer, ce qui m’a toujours le plus stupéfié, c’est ce fantastique moutonnement végétal arborant en ce joli printemps, l’ensemble des nuances de verts et contrastant terriblement avec ce versant ensoleillé au dessus duquel nous venons d’aboutir. Après la sombre forêt de pins à crochets, nous voilà désormais en plein soleil sur la bien nommée Sola de la Mare de Déu, face à ces merveilleux paysages verdoyants et en surplomb d’un colossal pierrier qu’il nous faut traverser et qui descend dans les étroites Gorges de Nyer. Le chemin descend difficilement dans les caillasses de schistes et dans une flore essentiellement composée de petits genêts aux fleurs d’un jaune intense. On atteint les ruines d’un ancienne et vaste cabane de pierres de sèches puis le chemin repart parallèle en surplomb du canal d’irrigation que l’on aperçoit un peu plus bas. Ici, avec de nombreux murets, de nombreuses cabanes et quelques orris, les empreintes du pastoralisme sont légions et comme tout n’est pas que ruines, vestiges ou décombres, je suppose que parfois certains bergers ou chevriers du coin y amènent encore leurs troupeaux. D’ailleurs, en 2004, nous avions été très surpris d’apercevoir au fond de ce ravin, et dans ce décor pierreux, deux chevaux très maigres et qui semblaient un peu déboussolés. On quitte la « solana » et le sentier finit par s’engouffrer dans une épaisse forêt de feuillus tout en s’élevant sur un bon dénivelé. Ces feuillus, on ne va plus les quitter pendant quelques heures mais le sentier n’en est pas pour autant lassant car, à l’occasion, d’un surplomb, d’un promontoire herbeux, d’un gros rocher ou d’un collet comme ceux de la Pargonneille ou du Bernat, de jolies vues se dévoilent sur tous ses merveilleux panoramas environnants en amont et en aval de l’étranglement de la profonde ravine où rugit l’écumeux torrent Mantet. De temps à autre, de petits terre-pleins parsemés de pelouses et plantés de roses rhododendrons et de jaunes genêts sont des aires de pique-nique ou de repos idéales pour une halte rafraîchissante et bucolique. Si dans ces lieux, on y rencontre surtout de nombreux papillons ou insectes voltigeurs, je garde en mémoire ce fabuleux souvenir de 2004 quand un petit marcassin était venu à notre rencontre me tamponnant le dos en grognant alors que nous faisions une pause café. Après m’avoir glissé entre les doigts, je me suis toujours demandé ce qu’il avait bien pu devenir ce « fragile » marcassin curieux des hommes : a-t-il été dévoré par sa mère car je l’avais touché, est-il devenu un robuste sanglier solitaire et si oui, a-t-il pu échapper aux nombreuses battues ? A l’approche de Mantet, on sort définitivement de la forêt et un hallucinant spectacle visuel s’entrouvre sur des pelouses et des prairies verdoyantes où quelques gentils chevaux s’empiffrent d’une herbe bien grasse. Ici c’est le pays des chevaux mais aussi des chevriers, des terrasses en espaliers mais également d’impressionnants magmas rocheux. Quelquefois quand on regarde ces énormes blocs de gneiss, espèce de mégalithes naturels en équilibre précaire, on se demande ce qui les retient de ne pas débouler plus profondément au fond du vallon. De tout ce spectacle naturel, on ne se lasse jamais et quand, après plus de 7 heures sur les sentiers, on parvient à Mantet et devant cette incroyable et verdoyante vallée de l’Alemany, on est presque déçus d’être déjà arrivés et d’être obligés de rejoindre notre gîte. Nous, nous avions réservé à la Girada et je le dis sans ambages, ce fut le « top » à tous points de vue. Nous fûmes accueillis par Guy et Erica très chaleureusement mais aussi avec cette gentillesse et cette discrétion toute en légèreté qui permettent d’être aussi à l’aise que si nous avions été chez nous. Confort assuré, agréable soirée, excellents repas et p’tit déj' et tarifs corrects dans un cadre montagnard comme on en rêve quand on part faire une randonnée comme celle-là. Je dis tout ça sans aucune équivoque car c’était la première fois que nous y venions et je le dis d’autant plus aisément que je connais bien mieux l’Auberge du Bouf'tic et que là aussi, nous y avons toujours été accueillis formidablement par Odile Guinel, la maire du village. Pour le gîte et le couvert, à Mantet, petit village du bout du monde pyrénéen, vous aurez donc l’embarras du choix même si bien sûr, il est plus prudent de réserver à l’avance. Cette étape terminée, vous partirez sans doute visiter le village et les plus proches alentours comme nous l’avons fait nous-mêmes, histoire de marcher encore un peu….mais après le souper, les jambes un peu lourdes ou tétanisées par le dénivelé accompli, vous languirez certainement le petit lit douillet qui vous attend et vous vous endormirez la tête pleine de toutes ces belles images qui ont jalonnées cette première étape. Cette étape est longue d’une douzaine de kilomètres environ pour un dénivelé cumulé de 1.785 mètres. L’effort y est donc quasiment constant. On démarre du Pas de Grau situé à 1.190 mètres d’altitude pour atteindre le point culminant de cette étape au Col de Bernat à 1.670 mètres. Carte IGN 2249 ET Font-Romeu- Capcir et 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.


    2eme étape : Mantet - Pic des Tres Estelles - Pas de Grau
     
    pic-des-tres-estelles-2

    Quand on va à pied et qu’on démarre de Mantet (1.540m) direction le col éponyme (1.760m), le G.R.10 est la solution la plus directe. Mais comme en général, on sort du petit déjeuner et qu’on est encore froid, les jambes ne sont pas vraiment préparées à cette rude déclivité de 220 mètres de dénivelés pour à peine plus d’un kilomètre, alors autant le dire « Mon Dieu qu’il est dur ce démarrage ! » Je l’avoue, moi qui suis plutôt  un « moteur diesel », la mise en route a ici toujours été très difficile. Quant à Dany, cette ascension reste un très mauvais souvenir, non pas à cause de notre égarement de 2004 mais plutôt en raison de cette montée forcée qu’elle avait été contrainte de faire, les plantes des pieds remplies de cloques, lors de notre semaine sur le G.R.10 en 2001 depuis Mérens-les-Vals. Cette année-là, à cause de ses pieds endoloris, notre belle flânerie sur le G.R.10 prévue jusqu’à Vernet-les-Bains s’était arrêtée là sur cette portion du sentier qui croise la D.6. Cette fois, nous sommes montés à notre rythme et sans problème et une fois le col de Mantet atteint, nous avons eu largement le temps de reprendre notre souffle en admirant sous un ciel radieux et cristallin, le minuscule village et cette fabuleuse montagne qui nous faisait face. Jérôme lui était déjà parti photographier les petits moutons de pierres qui décorent joliment la pelouse où a été élevée la stèle de granit en hommage au naturaliste Georges Bassouls. Le temps de quelques photos et nous voilà déjà sur l'étroit sentier qui monte régulièrement vers notre objectif le Pic des Tres Estelles. Malgré le mauvais souvenir de 2004 qui pourrait plomber un peu cette ascension car à l’époque, nous y avions rencontré très rapidement après le col de la Mente, d’importantes et épaisses plaques de neige, cette fois-ci, j’y monte sans aucune appréhension car j’ai étudié le parcours et je le sais très praticable en cette fin du mois de mai. De plus, j’ai toujours adoré cette courte ascension vers le sommet car le dénivelé y est constant mais surtout, il s’y passe toujours quelque chose et je ne vous parle pas ici que des panoramas grandioses que l’on y distingue. En effet, j’y ai vu des isards, des marmottes, des perdrix grises des Pyrénées, des passereaux en grand nombre, de nombreux rapaces, des vaches qui, affolées, descendaient à tout berzingue le flanc abrupt au risque de se rompre l’échine, un cheval affamé qui nous coursait et qui voulait dévorer notre pan-bagnat pour nous piquer sans doute les feuilles de salade qui dépassaient, etc.…. Mais bien sûr, or mis ces spectacles fauniques, il faut le reconnaître, par grand beau temps, cette montée tout en balcon et à flanc du versant sud, avec des vues toujours dégagées sur les Réserves Naturelles de Mantet et de Py, sur le Massif du Canigou, sur les Esquerdes et le Vallon de la Rotja, j’en passe et j’en oublie, est tout simplement prodigieuse. Cette fois-ci, nous n’avons pas dérogé à la règle et de nombreux chevaux sauvages étaient encore là après le Col de la Mente pour agrémenter cette superbe grimpette mais ils ont tous été gentils et aucun n’est venu nous quémander notre déjeuner tant l’herbe des prairies était verte et fraîche et les laîches ponctuées craquantes sous leurs mandibules. Quand on est arrivé au sommet, enfin au collet, car le Pic des Tres Estelles, lui, est le mamelon le plus haut, situé le plus au nord de cette large croupe herbeuse composée de trois grosses bosses, même si je n’étais pas vraiment inquiet, j’ai poussé un « ouf » de soulagement car contrairement à 2004 et 2005, il n’y avait, cette fois-ci, aucune plaque de neige. Définitivement rassurés, nous avons suivi Jérôme qui lui était déjà à mi-chemin du pic et quand nous sommes arrivés au sommet, il était entrain de tourner en rond, appareil photos en mains, pour figer dans son numérique, les extraordinaires vues panoramiques que l’on aperçoit ici à 360°. De tous côtés et vers tous les horizons, ce ne sont que successions de pics dénudés, de sommets rocheux, de barres granitiques, de vastes pelouses, de petits replats, de larges prairies, de sombres ou claires forêts composant une véritable ronde de montagnes verdâtres dont les flancs sont veinés de nombreuses ravines qui plongent dans des vallons non moins verdoyants. Après les inévitables photos souvenirs prises au sommet avec bien en évidence, le fameux mat orné des trois étoiles, il était temps de redescendre et je l’avoue, j’étais un peu anxieux et j’attendais de voir comment Dany aborderait la partie du sentier où nous avions rencontré les hautes congères de neige deux ans auparavant. Mais à vrai dire, il fut assez difficile de reconnaître le lieu exact où nous avions commencé notre terrible galère, il fut assez compliqué de retrouver l’endroit exact où se trouvait le grand névé que nous avions descendu sur le cul, car à l’évidence, cette fois-ci, aucun flocon n’était tombé depuis fort longtemps. Il faut dire que nous sommes passés sans trop nous éterniser et je n’ai pas trop insisté afin que Dany ne se remémore pas ces pénibles souvenirs. Néanmoins, j’aperçus avec un petit serrement au cœur, l’immense pierrier et l’abyssal ravin avec vue sur Escaro où nous avions atterris après notre longue glissade. Le névé était sans doute là me suis-je dit ! Cet éboulis de gros rochers était là pour me rappeler que notre « descente aux enfers » avait commencé ici au bord de cet insondable ravin de l’Orry. Ce ravin, je ne pus m’empêcher de le photographier comme si en gardant cette image de lui vu d’en haut, je voulais définitivement l’exorciser. Mais en continuant à marcher, ces mauvaises pensées furent vite oubliées et avec Dany, nous avons pris plaisir à poursuivre cette partie du chemin que la fatalité nous avait empêché d’accomplir deux ans plus tôt. Il faut dire que cette descente est très contrastée. Elle alterne une partie très caillouteuse où les genêts fleuris colorent et embaument le sentier avec un court tronçon où on ne sait pas pourquoi de nombreux grands résineux sont morts sur pieds. Puis la forêt reprend ses droits, d’abord les conifères puis de nombreuses autres essences où parfois les feuillus prédominent.  Nous pique-niquâmes avec là aussi, quelques belvédères laissant entrevoir de jolies vues vers Escaro. Cette vue aérienne d’Escaro, j’avais l’impression de la connaître presque par cœur tant j’avais pu l’observer de notre piton rocheux où nous avions trouvé refuge lors de notre égarement en 2004. Et quand par de courts raccourcis, notre itinéraire se mit à couper plusieurs fois la piste forestière, je ne pus m’empêcher de me souvenir à nouveau de 2004 et de ce petit morceau de carte IGN où j’apercevais celle-ci à moins de 800 mètres à vol d’oiseau de notre lieu de perdition. Sur ce petit bout de carte que je regardais sans cesse, nous étions à la fois si près de cette piste forestière mais en même temps si loin car entourés de hautes barres rocheuses infranchissables et donc dans l’incapacité de l’atteindre depuis l’endroit où nous étions perdus. Plus tard, en regardant à nouveau ma carte IGN, je ne pus m’empêcher de sourire car non loin du Pas de Grau, là même où dans le temps, près d’Escaro, on exploitait des minerais, cet endroit s’appelle « Les Panades », mais il y a aussi non loin du pré où l’hélicoptère nous avait déposés, un autre site du nom de « Le Petit Bonheur ». Alors oui, en 2004 pendant plus de 24 heures, nous avons été dans la « panade » puis les secours nous ont retrouvés au fond de ce ravin pour nous amener vers le « petit bonheur ». Ça ne s’invente pas, mais l'incommensurable bonheur fut celui de retrouver nos enfants ! Cette fois-ci, le retour au Pas de Grau se fit sans problème et avec l’immense satisfaction d’avoir accompli ce magnifique périple, on mit définitivement fin à ce cauchemar que nous avions vécu en 2004 pour atteindre ce modeste sommet qu’on appelle les Tres Estelles ou les Trois Etoiles. Depuis ce triste épisode, j’en étais presque venu à me dire que conquérir ces « Trois Etoiles » était bien plus difficile que d’atteindre n’importe quel autre sommet terrestre aussi haut soit-il. Cette nouvelle expérience me prouva le contraire mais je fis mienne cette citation de William Shakespeare, extraite du Roi Lear : « Ce sont les étoiles, les étoiles tout là-haut qui gouvernent notre existence ». Bien que l’élévation soit plus importante car le Pic de Tres Estelles est situé à 2.099 mètres d’altitude, cette deuxième étape d’une dizaine de kilomètres seulement est sans doute plus facile que la première car les montées cumulées sont moindres (1.020 m) et une fois le sommet atteint, il n’y plus que des descentes. L’équipement du parfait randonneur est obligatoire sur l’ensemble de ce circuit. Carte IGN 2249 ET Font-Romeu- Capcir et 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche et 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

    Enregistrer


    votre commentaire
  • Cliquez sur le lien suivant :

    http://gilbertjullien.kazeo.com/cassis-marseille-en-2-jours-un-balcon-sur-la-mediterranee-les-2-etapes-a120392646

    et revivez cette traversée du Massif des Calanques entre Cassis et Callelongue aux paysages époustouflants.

    rando-cassis-callelongue


    votre commentaire

  • En décembre dernier, j’ai reçu dans ma boîte aux lettres et gratuitement pendant quelques jours, le journal le Figaro. N’étant pas vraiment du même bord, j’avoue très honnêtement que ce n’est pas mon quotidien préféré. C’est ainsi que j’ai reçu aussi, tous les magazines,  les suppléments spéciaux ainsi qu’une fois par semaine la traduction des meilleurs articles du journal américain « The New York Times ». Si je reproche au Figaro d’être trop à droite et surtout son côté excessivement « bling-bling » et « jet-set » de certaines de ses chroniques et de ses pages publicitaires, je reconnais aussi que certains reportages ou articles plus généraux, économiques ou culturels m’ont particulièrement intéressé.

    Parmi ces articles, il y en a un dans le New York Times du 2 décembre qui m’a particulièrement interpellé et dont le titre était « L’humanité se bonifie avec le temps ». Vous pouvez lire cet article en agrandissant la photo jointe au bas de cette page.

    Evidemment, dans le monde de violences qui nous vivons chaque jour au travers des médias télévisés, il est logique que ce titre m’ait heurté de prime abord.

    Dans cet article, le journaliste grand reporter Nicolas D.Kristof  y commentait le livre « The Better Angels of Our Nature » (Les Meilleurs Anges de Notre Nature) de Steven Pinker, professeur de psychologie à Harvard. Bien sûr,  Steven Pinker reconnaît lui-même que l’on peut être crédule, sceptique voire en colère aux thèses qu’il avance mais si j’en crois Kristof, Pinker se serait appuyé sur des éléments statistiques chiffrés pour la soutenir et c’est ainsi qu’il semble affirmer que le  20eme siècle aurait été moins violent que de nombreux autres siècles antérieurs. Je vous donne quelques exemples de ces statistiques dans l’ordre où ils sont cités par Kristof dans son article :

    • 3 % de l’humanité seulement aurait disparu au 20eme siècle au cours des différents affrontements, guerres ou autres génocides.
    • 13 % des amérindiens appartenant à des tribus de chasseurs-cueilleurs seraient décédés de traumatismes selon une étude sur des squelettes retrouvés. (Aucune époque n’est précisée mais je suppose que Pinker se réfère à des résultats de recherches paléontologiques sur des ossements vieux de 10.000 ans ou plus.)
    • Au 17eme siècle, lors de la guerre de Trente Ans, un tiers de la population allemande aurait été anéanti.
    • En Grande-Bretagne, la proportion d’homicides aurait chuté de plus de 90% depuis le 14eme siècle.

    Ne sachant pas si c’est Kristof qui écrit ou si ce dernier cite Pinker, je passe sur les quelques exemples de violences du temps de l’Europe féodale du style « un jeu constituait à rivaliser pour tuer à coups de tête un chat cloué à un poteau, etc.… » ou bien concernant la brutalité dans d’autres cultures « quand j’ai appris le chinois, j’ai été surpris de tomber sur des idéogrammes comme celui d’un couteau à côté d’un nez : il se prononce ‘Yi’ et signifie ‘couper le nez en guise de punition’. Ce caractère n’est plus étudié ».

    C’est quelques exemples de violences peuvent presque prêtés à sourire au regard de ce que nous voyons, lisons ou entendons quotidiennement dans les divers médias.

    Bien évidemment, je n’ai pas lu le livre de Pinker mais si j’ai bien compris, ce dernier en sa qualité de psychologue, explique que c’est dans la nature de l’homme d’imaginer qu’il vit dans un monde de plus en plus violent et cette perception serait encore plus vraie aujourd’hui par l’amplification que les médias donne à ce type d’événements que sont les guerres, les révolutions, les attentats, les massacres de civils, les homicides, etc.… Il insiste sur le fait que l’humanité serait globalement plus gentille grâce à  une accélération du progrès moral. Bon, je veux bien croire à tous les arguments de Pinker mais j’ose espérer qu’il y ait dans son livre d’autres exemples statistiques bien plus crédibles ou avérés que ceux cités par Kristof car peut-on raisonnablement comparer quelques os brisés d’Amérindiens et les chiffres jamais confirmés des morts de la Guerre de Trente Ans, vieille de 4 siècles avec les deux conflits planétaires qu’ont été la 1ere guerre mondiale qui a duré 5 ans et qui a fait 9 millions de victimes puis quelques année plus tard, la seconde qui a duré 6 ans et qui a fait selon  les historiens 62 millions de morts tous camps confondus. Si l’on fusionne tous les conflits, le 20eme siècle aurait fait plus de 100 millions de morts si j’en crois les statisticiens de l’Histoire alors bien sûr selon le regard très sensible ou purement comptable que l’on porte à ce nombre, on peut considérer qu’il s’agit d’une abominable horreur ou bien estimer au contraire qu’il s’agit d’un moindre mal au regard des quelques milliards d’individus qu’il y avait sur Terre au siècle précédent.

    Après la lecture de cet article de quelques lignes, je ne voulais surtout pas me faire de fausses idées au sujet de ce livre que je me procurerai sans doute dans sa version française si elle existe un jour. C’est donc naturellement que  je suis allé sur le Net, voir si d’autres personnes avaient sensiblement le même point de vue que moi à savoir un avis un peu contradictoire à celui de Steven Pinker et à vrai dire, la plupart des commentaires que j’ai trouvé sont assez partagés. Parmi ces avis, j’ai bien aimé celui du philosophe Michel André dans Books. Comme moi, Michel André et bien d’autres personnes continuent à s’interroger sur ce monde que Pinker décrit comme bien meilleur aujourd’hui et depuis quelques temps déjà.

    S’il est vrai qu’il n’y a plus eu d’antagonismes mondiaux depuis plus de 60 ans, il est évident que les deux guerres mondiales sont encore ancrées dans nombre de mémoires, il est évident aussi que de nombreuses civilisations ont fait incontestablement de remarquables avancées mais je crois surtout que cela tient au fait que certains pays détiennent le feu nucléaire dont on a vu les effets terriblement dévastateurs lors du conflit américano-japonais en 1945. La bombe atomique fait peur et son côté fortement dissuasif est sans doute pour beaucoup dans la relative tranquillité que nous vivons depuis quelques décennies dans les pays dits occidentaux. Pour autant, cette paix mondiale est-elle éternelle ?  On peut clairement répondre non car il faut reconnaître que les guerres entre de nombreux  pays belligérants n’ont jamais cessé depuis 1945. Quand aux autres types de violences, il ne se passe pas un jour dans le monde sans qu’il y ait depuis le début du 21eme siècle, qui a commencé avec le terrible 11 septembre 2001, des rivalités religieuses sanglantes, des attentats très meurtriers, des meurtres en série ou pas, des tueries de toutes sortes comme celle que vient de vivre Oslo, il y a quelques mois.

    Alors oui c’est vrai, je n’ai jamais de mon existence été confronté à la même peur et à la même barbarie que celles que mon grand-père paternel a connu dans les tranchées de 14-18, je n’ai jamais connu de privations identiques à celles que  mes parents ont vécu dans les années 40 mais pour autant faut-il dire que les violences que nous vivons de nos jours sont moins traumatisantes. Difficile de répondre à cette question car les violences ne sont plus de même nature en tous cas pour nous occidentaux  mais d’un autre côté, les incivilités sont plus récurrentes, le stress de la vie quotidienne et dans nos jobs notamment dure parfois bien plus longtemps que les 5 à 6 ans qu’ont duré les guerres mondiales quant aux cruautés et aux souffrances vécues par les autres, nous y sommes confrontés à chaque journal télévisé et donc bien plus souvent que tous nos ancêtres qui ne vivaient évidemment que leurs propres brutalités.

    Au-delà des chiffres et de ces querelles de savoir si notre monde est plus ou moins violent qu’au cours des siècles précédents,  il faut en tous cas espérer mais rien n’est moins sûr que l’Homme devienne au fil du temps plus ange que démon. Alors l’Homme, futur ange ou futur démon ?  La gentillesse est-elle l’avenir de l’Homme ? C’est en tous cas, le meilleur vœu que nous puissions faire pour nos générations futures….

     

    Pour prendre connaissance de cet article, cliquez sur taille réelle puis sur la photo pour l'agrandir au maximum

    votre commentaire


  • Ce diaporama est agrémenté de 7 chansons interprétées par le chanteur et guitariste américain de rock'n'roll Carl Perkins. Extraites de son album "Ten Songs For You", elles ont pour titre : "Blue Suede Shoes", "Matchbox", "Boppin' The Blues", "Honey Don't", "Gone, Gone, Gone", "Movie Magg" et "That's All Right". 

    la-serre-du-scorpion

    serrescorpionign
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.
    Il y a au moins une vingtaine d’années que je n’avais plus réalisé cette jolie boucle menant vers « la Serre du Scorpion depuis Fitou ». Certaines cartes la mentionnent en catalan en Serrat de l’Escorpiu. A l’époque, j’avais découvert cette balade au départ de Fitou sur un magazine dont le titre « Une randonnée qui décoiffe » m’avait interpellé. Bien sûr, le chroniqueur faisait allusion à la tramontane ou au cers qui soufflent souvent très fort sur ces hauteurs pourtant très modestes dominant magnifiquement les étangs de Leucate et de Salses. Depuis peu et à cause de ces deux vents violents venant du Nord, certaines sociétés de production d’énergie n’ont rien trouvé de mieux que d’installer un vaste parc éolien planté d’immenses « sèche-cheveux ». Alors si toutefois, ils vous prenaient l’envie de partir randonner avec les cheveux mouillés, ici au dessus de Fitou, croyez-moi, d’une manière ou d’une autre, ils sécheront très vite. Quand à vous Mesdames, il n’est pas recommandé d’y venir avec une « mise en plis tendance » ou une « permanente fashion victim » car vous risqueriez d’en revenir bien ébouriffées et faire cette randonnée de manière échevelée, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux. En réalité et blague à part, dans cette garrigue parfumée aux senteurs de romarins, de thyms et de lavandes, cette randonnée à la Serre du Scorpion décoiffe toujours autant et quand ce n’est pas le cers, la tramontane ou même la marinade, ce sont désormais les éoliennes fraîchement installées qui se chargent de la ventilation dès le départ. Le départ de cette balade s’effectue non loin du lieu-dit « Cortal Marty ». Pour atteindre ce départ, on traverse Fitou par la D.50, direction Treilles puis peu de temps après avoir quitté Fitou, au carrefour Feuilla-Treilles-Opoul, on emprunte sur quelques dizaines de mètres l’étroite D.9 qui file à gauche vers Opoul. Le départ est là, sur la gauche presque en face d’une jolie capitelle qui se trouve un peu plus loin, sur le bas-côté droit de la route. Un petit terre-plein au départ du parcours permet de garer quelques véhicules sans gêner la circulation. On emprunte la piste déjà balisée en jaune qui monte en épingle à cheveux par rapport à la D.9. Ici, dès la première intersection de plusieurs chemins, si le randonneur a l’esprit autant imaginatif que Don Quichotte, il va croire qu’il voit lui aussi des géants à la place des immenses moulins blancs qui brassent l’espace et s’emparent du paysage de tous côtés. En effet, ici les éoliennes pullulent sur toutes les collines et j’avoue que je ne les trouve pas si moches que ça au regard  de l’horreur et du risque qu’aurait pu représenté l’installation d’une centrale nucléaire que je n’ose imaginer. En tous cas, ces éoliennes si proches ont pour effet d’attirer les regards. Mais si le regard est attiré par les éoliennes, il l’est également par deux panonceaux indicatifs de randonnées aux intitulés un peu trop « bateaux » à mon goût : « De la garrigue au vignoble » et « A la découverte d’un pays ». Bien que ces deux P.R ne correspondent pas exactement à ma balade, dans l’immédiat, on va suivre très longtemps le second et finir bizarrement par les deux car leur itinéraire devient commun de Fitou jusqu’ici. Le chemin monte à droite vers Les Courtiels en direction du parc éolien le plus proche et d’une petite bâtisse toute en hauteur dont on peut penser qu’il s’agit d’un vieux poste de transformation électrique comme on en construisait au siècle précèdent. Un peu plus haut derrière les éoliennes, on remarque un haut pylône surmonté d’une plate-forme sommitale et selon l’Histoire de Fitou, il s’agirait d’un vieux phare de jalonnement aéronautique construit en 1927 qui, la nuit, guidait les avions de l’Aéropostale dans leur mission d’acheminement du courrier de Toulouse jusqu’à Dakar. Ici, le chemin passe entre deux impressionnantes éoliennes et sans vraiment sans douter, à 162 mètres d’altitude, on a déjà atteint le point culminant de notre balade. Au milieu d’une végétation rare et rase, les points de vues sont légions et ils dévoilent de magnifiques panoramas sur l’Etang de Leucate et son parc ostréicole. Au loin, c’est la Méditerranée qui agitent quelques reflets d’argent derrière la langue de terre que constituent les plages qui vont du Barcarès à Leucate. Un nouveau panonceau en partie arraché par les vents indique la marche à suivre en direction du Plat des Lugunals. Le sentier s’aplanit. La végétation formée d’arbustes et de plantes de type méditerranéen, toujours aussi basse, devient plus fournie. Etonnamment, on y trouve quelques pieds de graminées comme certains « carex » dont les graines ont du être emportées depuis la rive des étangs. Mais l’essentiel de la flore, ce sont toutes les plantes habituelles de la garrigue comme le chêne vert, le chêne kermès, l’amandier, le roncier, le genêt scorpion, le buis, le thym, le ciste, la lavande, le buplèvre ligneux, le pistachier lentisque, le genévrier, la camélée, le nerprun alaterne, le fenouil, l’oléastre ou olivier sauvage, etc.… ; mais en marchant ce que l’on remarque surtout, ce sont les nombreux romarins bleus ou blancs dont la deuxième floraison annuelle et automnale délivre la seule vraie touche de couleur dans cette flore plutôt uniforme et terne. Le chemin lui aussi se colore et devient parfois ocre ou parfois très rouge au moment même où le seigneur Canigou esquisse son haut sommet couleur de neiges dans un horizon grisâtre et incertain en ce doux mois de décembre. Sur la gauche, les Albères plongent leur longue chaîne bleutée dans une mer aux reflets dorés. Témoins d’un pastoralisme oublié et d’une agriculture disparue, de nombreux murets, des amoncellements de pierres sèches et plusieurs jolies capitelles qui n’ont rien à envier à celles que j’avais découvertes dans la « Tourèze  Mystérieuse » ponctuent l’itinéraire. Il y aurait paraît-il plus de 200 capitelles sur le territoire de Fitou. En atteignant quelques vieux enclos puis un grand mas où quelques chiens bons gardiens mais pas vraiment méchants accueillent en aboyant le randonneur pédestre, ce dernier, s’il est insouciant ne saura pas qu’il vient en même temps d’atteindre notre objectif du jour « La Serre du Scorpion », et de franchir une frontière, celle qui sépare les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. Il faut dire qu’ici rien ne laisse présager une telle démarcation. Quand à la ligne de crêtes ou de collines escomptées que l’on peut imaginer en pensant à une « serre », ici tout est si plat et le vent souffle si fort qu’on en est même à se demander si ce n’est pas lui qui a fini par tout éroder et aplanir. Alors, sans doute, vous demanderez-vous pourquoi on appelle ce lieu la Serre du Scorpion ? En réalité, il s’agit bien d’une petite colline dont le sommet est un vaste plateau culminant à 137 mètres d’altitude et on en sera convaincu en amorçant un peu plus loin la longue descente qui petit à petit nous ramènera quasiment vers le niveau de la mer et un peu plus tard vers Fitou. Quand à l’intitulé de « scorpion », le lieu est connu pour abriter quelques Buthus Occitanus plus connus sous le nom de Scorpions Languedociens ou Scorpions Jaunes. Comme, il y a en France peu d’espèces de scorpions, celui-ci bien plus clair (jaune en général mais allant du clair très pâle presque blanc jusqu’à l’ocre) et surtout bien plus gros à la taille adulte (entre 6 et 10 cm de long des pinces à l’extrémité de la queue) ne pourra pas être confondu avec le petit scorpion noir (Euscorpius flavicaudis) que nous avons l’habitude de voir sur les murs de certaines de nos maisons du Midi. Son cousin, le Scorpion Languedocien lui ne vit pratiquement qu’au milieu de la garrigue et de préférence dans un environnement très rocailleux où il pourra très facilement vivre et se cacher sous un pierre plate où il creuse dans un sol meuble et plus ou moins profondément une tanière selon la saison. Comme il a une activité essentiellement printanière puis estivale et nocturne, pour le trouver, il vous faudra soit randonner la nuit et aux beaux jours de préférence soit avoir beaucoup de chance ou bien encore avoir l’oeil d’un véritable expert car en général, le Scorpion Languedocien vit dans un biotope particulier situé sur le versant ensoleillé de terrains favorables à son habitat où l’entrée de son terrier est très souvent soigneusement nettoyée de tout caillou et de tout déchet. C’est de cette manière que vous aurez le plus de chance d’en trouver en plein jour alors ne perdez pas de temps à le chercher en soulevant des pierres car vous risqueriez d’en lever quelques tonnes pour un piètre résultat. Si malgré ces recommandations et par curiosité, il vous prenait néanmoins l’envie de redresser quelques pierres plates, faites très attention et sachez que son habitat est sensiblement le même que celui des vipères aspic. Quant à la piqûre d’un Buthus Occitanus même si elle n’est pas mortelle, elle peut s’avérer très sérieuse tant son venin est toxique. Mais dans cette « serre » plutôt agréable à cheminer, laissons tranquille les quelques scorpions dont l’espèce est désormais menacée dans certaines régions par la raréfaction de son domaine et revenons-en à notre chemin. Il se met à zigzaguer tantôt vers l’ouest tantôt vers le sud et laisse sur la droite les vestiges d’un vieux mas délabré avec vues sur un petit vignoble lui aussi anéanti où quelques ceps desséchés finissent de se racornir au soleil. Peu après l’ombrage d’une jolie pinède, l’itinéraire fait un angle droit et part vers le nord-est, c'est-à-dire vers la gauche sur la piste DFCI C34Bis. Quasiment rectiligne et avec de jolies vues sur les éoliennes et le prélude des Corbières, cette piste nous amène au milieu de nouvelles pinèdes sur un plateau qui va peu à peu nous laisser entrevoir de jolies panoramas sur les étangs et la Méditerranée. Nous sommes au Plat de la Coum Servi que l’on va quitter rapidement en amorçant la descente décrite précédemment. Ici, le regard porte très loin vers LeucatePort-la-Nouvelle et parfois bien plus loin encore vers Sète et son Mont Saint-Clair quand le temps est parait-il suffisamment lumineux pour cela. Parfois dans la descente, d’autres murets et d’autres capitelles bordent le parcours et on finit par atteindre un chemin plat devant une belle propriété au lieu-dit bien nommé « le Cortal des Garrigues ». On poursuit tout droit l’itinéraire qui coupe une route asphaltée et peu de temps après, on remarque sur la droite au sein même de la pinède que l’on longe, une étrange borne qui ressemble à s’y méprendre à celles découvertes près de Bélesta sur le P.R que j’avais eu l’occasion de décrire dans ce blog et qui s’intitule « A travers les âges ». Que fait-elle là ? J’avoue avoir trouvé peu de renseignements hors mis le fait qu’il s’agirait d’une borne militaire et que le nom de Fitou aurait pour origine le mot « fita » qui en latin signifierait « borne ».  Toutefois et comme à Bélesta, il semble qu’ici aussi la frontière définie en 1258 par le Traité de Corbeil entre royaumes d’Aragon et de France soit très longtemps passée par là.  Mais cette borne est d’autant plus surprenante qu’elle n’est pas la seule et pour en voir d’autres, il faut ici modifier quelque peu l’itinéraire original et monter à droite vers le Pech des Teissonières tout proche. Outre une borne cubique et deux autres bornes en forme d’obus presque similaires à celle de la pinède bien que plus petites, on découvre depuis ce Pech, de magnifiques panoramas de tous côtés : sur Fitou, Port Fitou, la côte audoise, les étangs, la mer, les Albères et plus banalement l’autoroute tout proche dont la circulation passe à nos pieds. Si vous aimez les grandes fresques murales faites de graffitis ici vous serez enchantés car un immense mur ayant sans doute servi autrefois à vanter les mérites du vignoble fitounais a été taggués pas deux artistes doués qui auraient pour noms Permy et Espry si j’en crois leurs originales signatures. En tous cas, de ces quelques lettres en blocs, je n’ai trouvé aucune signification et j’ai imaginé qu’ici, on aurait pu appeler cet art le « graf’fitou ». Après ces quelques trouvailles, on longe le haut du Pech puis le grillage qui le sépare par sécurité de l’espace autoroutier pour retrouver plus bas près d’un gros cairn le parcours préalablement abandonné. Peu après, on laisse sur la droite le « parcours sportif » et on poursuit le bitume jusqu’à Fitou que l’on aborde par le quartier des Fontanilles. Contrairement au tracé commun aux deux P.R « De la garrigue au vignoble » et « A la découverte d’un pays » qui file en direction du Pech Maurel au dessus du village parallèle au « Travers de la Roque », il m’a paru nettement préférable de traverser le village pour que les randonneurs qui ne le connaissent pas puissent en faire sa visite. Cet itinéraire me semble d’autant mieux qu’il ne perd aucune miette des autres panoramas à percevoir depuis l’autre chemin comme on le verra plus loin. Fitou recèle quelques découvertes très intéressantes esthétiquement et gastronomiquement parlant : tout d’abord son château du XIIeme siècle à l’Histoire très riche désormais transformé en musée et en tables d’hôtes, sa jolie chapelle Saint-Joseph avec son étonnante tour crénelée, son église Saint-Julien et Sainte-Basilisse magnifiquement restaurée, quelques restaurants estimés sans parler de toutes ses caves vinicoles particulières où le randonneur amateur de bons vins y trouvera son bonheur et l’embarras du choix. Notre visite de Fitou se terminant par l’Eglise Saint-Julien et Sainte-Basilisse, on emprunte sur quelques mètres la petite route asphaltée qui passe derrière le cimetière tout en prêtant attention à une sente qui file à main gauche et rejoint plus haut la piste qui monte vers le Pech Maurel. On retrouve nos deux P.R et une fois encore de magnifiques panoramas lointains se dévoilent de tous côtés mais ici ce qui surprend le plus, ce sont toutes ces murailles et ces amas de pierres sèches qui sillonnent le paysage en tous sens. On n’ose imaginer le travail d’épierrement et de défrichage que ces tas de cailloux ont du engendrer. Le Pech Maurel (145 m) et sa jolie table d’orientation sont vite atteints puis le chemin redescend en zigzaguant vers le Cortal Marty où on finit par retrouver son véhicule au bord de la D.9. Comptez environ 16 kilomètres pour cette balade sans réelle difficulté en incluant mes quelques variantes et la visite de Fitou qui emprunte de nombreuses et jolies petites ruelles. Au fait, moi je ne suis jamais revenu décoiffé de cette balade et savez-vous pourquoi ? Gel fixant ou calvitie ? Je vous laisse deviner ! Hi ! Hi ! Hi ! Carte IGN 2547 OT Durban – Corbières- Leucate – Plages du Roussillon Top 25.

    votre commentaire

  •  
    Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons interprétées par Claude Nougaro et extraites de son album posthume "La Note Bleue". Elles ont pour titre : Les Chenilles, Autour de Minuit, l'Espérance en l'Homme.

    aux-portes-de-boucheville

    auxportesbouchevilleign

    Vous allez certainement vous dire que je ne quitte plus le pays Fenouillèdes car après l'époustouflant Pic de Vergès, le retour dans le temps à la Tour de Lansac, me voilà désormais au ravissant hameau de Vira pour une petite balade qui s'appelle "Aux portes de Boucheville". Autant le reconnaître, ce jour-là, Dany et moi, nous n'étions pas vraiment partis  là-bas dans cette grandiose et superbe forêt de Boucheville pour faire une véritable randonnée car notre objectif principal était d’abord d'aller cueillir du houx pour préparer le marché de Noël de notre village. Le résultat de cette agréable cueillette étant de constituer de jolis bouquets au profit de l'Association des Chats d'Oc de Saint-Estève, association qui avec beaucoup de persévérance et de courage vient en aide à nos animaux de compagnie depuis de nombreuses années. Le temps très doux de ce joli jour de décembre et l’occasion faisant le larron, nous avons donc joint l'utile à l'agréable. Et quand, je dis agréable, cet aspect-là des choses n'a pas consisté seulement à marcher, à pique-niquer et à ramasser du houx car il y a eu d'autres moments bien délicieux au cours de cette petite balade. En premier lieu, quand nous avons laissé notre véhicule à l’entrée du hameau, un gentil chien est venu d’emblée nous faire des fêtes. Allez savoir pourquoi, nous l’avons presque immédiatement appelé « Virus ». Sans doute, à cause du nom du village « Vira » mais aussi peut-être parce qu’il était collant et aussi difficile à se débarrasser qu’une maladie virale. Virus a commencé par nous suivre jusqu’à la place principale où, depuis que j’avais effectué une jolie boucle à la « Source des Verriers », je savais à l’avance que je trouverais d’autres panonceaux de randonnées. Effectivement, trois panneaux sont là pour donner le départ vers la Source des Verriers, le Sentier botanique de Vira et enfin notre randonnée du jour : « Aux Portes de Boucheville – 5,3 km – 1h50 – dénivelé 230 m ». Bizarrement et avant même que l’on emprunte le bon itinéraire, notre ami Virus, à la fois canin et câlin est déjà là à attendre dans la bonne direction comme s’il savait déjà quelle balade nous avons choisie. En tous cas, lui est bien décidé à venir en balade avec nous et quant on passe devant « La Claire Fontaine » en empruntant le « Chemin des Pradillets », Virus a déjà pris 20 mètres d’avance et il nous attends assis sagement sur son arrière-train avec un petit air qui semble vouloir dire : « Eh les amis, il faudrait voir à accélérer un peu le pas ! » Arrivé près d’un bel oratoire, il a déjà tourné à droite et il va en être ainsi tout au long du parcours car s’il y a une réelle évidence, c’est celle de constater que Virus connaît pas cœur cet itinéraire « Aux Portes de Boucheville ». Il faut reconnaître qu’en suivant Virus, Dany et moi ne trouvons pas utile de suivre les marques peintes en jaune pourtant parfaitement présentes et visibles. Virus, lui, suit son propre balisage jaune, celui de ses traces d’urine qu’il laisse à tous bouts de champ et à intervalles réguliers en levant la patte. Le chemin s’élève bien vite et laisse entrevoir des vues magnifiques sur Vira mais aussi bien plus loin, vers les blanches Corbières et les 1.230 mètres de son point culminant le Pech de Bugarach, véritable mastodonte de calcaire vu d’ici. Mais étonnamment, c’est un autre sommet, le Sarrat Naout qui semble bien moins haut qui attire nos regards. Pourtant, point culminant lui aussi mais des Fenouillèdes cette fois, avec ses 1.310 mètres de hauteur, le Sarrat Naout n’a rien à envier au Bugarach et il domine remarquablement le paysage de son dôme roussâtre qui se dévoile au bout du sentier. Plus loin, c’est le Pech de Fraissinet qui découvre sa protubérance pelée telle une grande baleine à bosse qui flotterait sur un immense océan végétal. Après les pluies torrentielles des derniers jours, les abords du chemin sont de véritables champignonnières naturelles mais dommage car la plupart des champignons sont soit déjà véreux soit dangereux et inconsommables. Avec deux gros lactaires délicieux et deux gros bolets dont un excellent « bleuissant » trouvés dans la forêt, nous aurons plus de chance en début d’après-midi mais l’heure du pique-nique est déjà venue au grand dam de Virus qui se demande bien pourquoi tout à coup on s’arrête. Lui qui sans cesse marche avec 20 ou 30 mètres d’avance mais reviens aussitôt vers nous quand il nous perd de vue, accomplissant ainsi plusieurs fois le parcours, cette fois, il ne comprend pas cette halte impromptue. Il aboie, part en courant puis revient, dodeline de la tête comme pour nous dire : « eh que faites-vous, il faut y aller, c’est par là ! ». Puis il s’arrête et nous regarde de son air désabusé, surpris de nous voir nous installer sur la pelouse d’une clairière ensoleillée. Mais quand on sort les casse-croûtes, Virus n’est pas si bête que ça  et il comprend vite que s’il veut sa part de la collation, il a tout intérêt à venir s’allonger entre nous deux. Mais Virus, même en jouant les mendiants avec ses faux airs de chien battu, est bien difficile à contenter car quand on lui tend un morceau de notre sandwich, il délaisse le pain et préfère sans contestation aucune le jambon, le saucisson et le pâté. L’après-midi, nous reprenons la piste forestière qui zigzague dans une belle hêtraie où les vestiges de quelques cortals finissent de tomber en ruines. Si les hêtres déjà bien dégarnis de leurs feuilles sont les plus nombreux, quelques derniers feuillages d’autres essences luttent encore pour le titre de la plus belle couleur d’automne. Quand aux quelques pins et autres conifères, ils sont parfois les terrains de jeux de quelques écureuils joueurs, malicieux et très difficiles à photographier. Pour trouver du houx aux superbes boules rouges que nous sommes venus chercher, il nous faudra néanmoins sortir un peu des sentiers battus. Virus, lui, continue à nous montrer la route et s’agace de nos volte-face incessantes quand on se met en quête de chercher des champignons ou bien du houx ou quand je cours avec mon numérique derrière un écureuil. Puis, Virus repart de la plus belle des manières et semble apprécier quand on retrouve le parcours dont il connaît l’itinéraire aussi bien que le bout de sa « truffe ». A l’approche d’un joli chalet de bois, Virus part dans le pré comme s’il connaissait très bien les lieux mais ce dernier étant vide de tout occupant, il se ravise et reprend la course en avant de sa « folle » chevauchée dans la descente qui mène directement vers l’aire de pique-nique et le sentier botanique tout proche. Situé à moins de 200 mètres, on peut aisément coupler la découverte du sentier botanique de Vira à cette courte randonnée. A cette intersection de plusieurs chemins et après avoir retrouver le bitume sur quelques centaines de mètres, on va très rapidement le délaisser à nouveau en s’élevant parallèlement à la route forestière qui arrive directement de la Source des Verriers et descend vers le village. Nous, du village, on va en avoir une ultime et magnifique vue aérienne sur ce dernier tronçon du parcours qui, au travers d’un chemin parfois haut ou parfois creux, encadré qu’il est de terrasses de pierres sèches, nous emmène illico à Vira. Au village, Virus retrouve un petit dogue, bon pote à lui semble-t-il et ils vont finir ensemble et sans problèmes nos restes de casse-croûtes.  Mais quand l’heure de reprendre la route a sonné, c’est avec un petit pincement au cœur que nous regardons Virus courir derrière notre voiture en aboyant comme s’il voulait nous dire : « Revenez, ne partez pas, revenez !!! ». Ah, si nous n’avions pas tant de chats et si tu n’avais pas un gentil maître qui te laisse tout le loisir de gambader, nous aurions bien aimé t’adopter affectueux et attachant Virus ! Et puis Virus, il faudra bien que tu continues à montrer le chemin à tous ces futurs randonneurs qui viendront effectuer cette jolie randonnée qui figure en bonne place dans le guide « 34 randonnées en Agly-Verdouble » ? Pause pique-nique et recherches incluses, nous avons mis trois heures pour accomplir cet agréable circuit « Aux Portes de Boucheville ». Il s’adresse à tout le monde et peut-être l’occasion d’une agréable sortie familiale où jeunes et moins jeunes y trouveront leur compte. Carte IGN 2348 ET Prades - Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.


    votre commentaire


  • Ce diaporama est enjolivé avec 3 chansons interprétées par Gilbert Bécaud qui ont pour titre : "Et Maintenant", "Je reviens te chercher" et "C'est En Septembre".
     
    tourlansacign

     Les deux randonnées étant suffisamment courtes et faciles pour pouvoir être accomplies en une seule journée, cette jolie balade à la Tour et au Roc de Lansac, je l'avais jumelée avec la dernière décrite dans mon blog, celle qui m’avait amené en cet agréable dernier jour de novembre au Pic de Vergès et à Saint-Arnac. Mon idée première avait même été de les accomplir toutes les deux d'une seule traite mais c'était sans compter sur les nombreuses pancartes d'interdiction de la carrière de feldspath de Lansac, carrière qui, en outre, avait dévoré une bonne partie du chemin balisé qui fait le lien entre les deux villages. C'est donc une balade en boucle à part entière à la Tour et au Roc de Lansac que je vous conte ici. Cette jolie balade s'appelle "Au chant du coq" et si les historiens avaient disposés de suffisamment de documents d’époque nécessaires au recoupement des mêmes thèses, l’éternelle querelle entre allégation légendaire et fait historique aurait cessé depuis longtemps. En la circonstance, l’Histoire d’ « Au chant du coq de Lansac » aurait pu peut-être ressembler à celle que je vous relate ci-après dont l’essentiel, je l’affirme, à part quelques références historiques dont je ne sais si elles sont vraies ou fausses, est sorti de ma seule imagination personnelle :  "Joan était un gamin  de 13 ans et comme il le faisait souvent, il était parti chasser à l’arc avant même le lever du jour sur un des serrats qui domine son village de Lanciano (Lansac à l’époque médiévale) . Soudain, il aperçut du côté du col de l’Auzine, une importante troupe de soldats se dirigeant droit vers le petit hameau. Pour gagner du temps, il emprunta plusieurs raccourcis puis tout en dévalant le dernier talus, il essaya de se souvenir de ce qu’il avait vu afin d’en faire part aux doyens du village. Joan avait vu de nombreux archers et fantassins mais aussi quelques cavaliers, mais ce qui l’avait effrayé par-dessous tout, c’était cet horrible lion rugissant, gueule grande ouverte avec d’impressionnantes griffes ornant un étendard rouge. Cet effroyable drapeau qu’un chevalier en armure brandissait bien haut, flottait dans le vent et à chacune des rafales, le lion argenté semblait vouloir donner de violents coups de dents et de griffes à un ennemi invisible ayant l’audace de l’affronter. Joan coupa à travers champs et commença à prévenir au passage les premiers villageois rencontrés. C’est donc un petit attroupement qui se forma rapidement au centre du hameau où Joan raconta rapidement son histoire car le temps était compté avant l’arrivée des soldats. Quand Joan rajouta qu’un autre cavalier tenait un étendard blanc orné d’une croix et que plusieurs soldats arboraient fièrement cette même croix sur leur poitrine, les plus érudits du village comprirent immédiatement à qui ils avaient à faire : c’était Simon de Montfort et ses mercenaires, anciens croisés de Jérusalem dont la principale mission était désormais de combattre les hérétiques. Convaincu que le Pays Fenouillèdes était devenu un repère de cathares, Simon de Montfort n’avait de cesse de massacrer avec zèle les villageois languedociens hébergeant des « Albigeois» et des « Parfaits ». Il y a quelques années, un prédicateur était passé à Lanciano mais depuis le hameau vivait paisiblement et personne n’hébergeait de cathares. Mais comme les carnages perpétrés par Simon de Montfort se faisaient souvent sans raison apparente, les plus anciens connaissaient le danger qu’il y avait à s’exposer à cette troupe et ils prirent immédiatement la résolution de quitter le village pour se rendre à la vieille tour carolingienne toute proche. Pendant que les habitants partaient se cacher dans la forêt et la tour, Joan décida de poursuivre jusqu’à sa chaumière située en dehors du village pour prévenir ses parents. Après avoir visité de fond en comble la petite masure, il dut se rendre à l’évidence, ses parents avaient été avertis et n’étaient déjà plus là. Au moment même où Joan était sur le point de sortir de la maison, il entendit le bruit des galops d’un cheval. Alors, pris de panique, il descendit se réfugier dans la cave où il trouva comme seule cachette un petit tonnelet de vin à moitié plein. Il s’introduisit dans le tonneau et se mit aussitôt à frissonner car le vin était très froid mais ses tremblements redoublèrent quant il entendit clairement le bruit très lourd des solerets de mailles retentir sur le plancher puis sur les marches de l’escalier de bois menant à la cave. Au moment même où il tentait de maîtriser sa peur, quelqu’un souleva la petite barrique et Joan comprit parfaitement qu’il montait, lui aussi, avec elle dans les airs. A cet instant, Joan entendit distinctement un coq se mettre à chanter à tue-tête dans le lointain puis ce fut les exhortations d’un homme qui criait : « Enric laisse tomber le vin ! Enric pose ce tonnelet et vient avec moi, Simon nous réclame auprès de lui ! ». Le tonnelet se mit à rouler et Joan s’immobilisa avec lui. A la fois étourdi par les vapeurs du vin et les culbutes qu’il venait d’effectuer, Joan attendit qu’un silence absolu se réinstalle avant de risquer un œil à l’extérieur. Quand le bruit des sabots des chevaux cessa et que seuls les cocoricos continuaient à retentir dans le lointain, Joan poussa le couvercle et sortit de la barrique. Il n’y avait plus personne dans la cour de la ferme et seules quelques poules picoraient comme à leur habitude. Tout à coup, le chant incessant du coq fut couvert par des clameurs qui venaient de la tour et de la forêt. Il s’agissait clairement de bruits de combats mais surtout d’hurlements de souffrance, de braillements et de plaintes d’hommes et de femmes que l’on martyrisait. Apeuré et pris de spasmes incontrôlables, Joan quitta sa maison et partit se cacher dans un fossé à l’abri d’une haute haie où il se mit à grelotter d’effroi. Il resta ainsi plusieurs heures à écouter le vacarme de la bataille qui se déroulait non loin de lui. Puis quand le silence s’installa, Joan comprit, que le pire qu’il avait tant voulu éviter,  était malheureusement arrivé. Se croyant désormais seul au monde, il se mit à gémir et à pleurnicher mais quand il vit les cavaliers suivis des soldats passer sur le chemin, il comprit immédiatement que son salut passait par la discrétion et il s’arrêta immédiatement de pleurer. Le lendemain, il se décida à sortir de sa retraite où il avait passé toute la nuit. Il retrouva avec joie et soulagement son père Matèu assis sur le perron de la maison mais ce dernier, la tête enfouie dans les mains était entrain de pleurer lui aussi. Matèu savait déjà qu’il était un des rares à avoir survécu au massacre perpétré par Simon de Montfort mais quand il constata que Joan était vivant lui aussi, il le serra très fort et longuement dans ses bras en remerciant le ciel. Mais Matèu continuait à se lamenter en disant : « Jamais, je n’aurais du accepter que ce maudit coq nous suive quand nous nous sommes enfuis avec ta mère », puis il rajoutait : « si ce satané coq ne s’était pas mis à chanter, les soldats auraient passé leur chemin et tout ça ne serait pas arrivé ! » puis culpabilisant, il ne cessait de répéter « c’est ma faute et celle de ce damné coq si ta mère est morte et avec elle tous les gens du village » puis serrés dans les bras l’un de l’autre, ils pleurèrent longtemps la perte de l’être cher.  De temps à autre, Matèu se mettait à vociférer : « il faut que je le retrouve ce coq et je vais lui faire la peau ». A intervalles réguliers, le coq chantait encore sur les hauteurs de Lanciano et Joan dit alors à son père : «  Non, papa, je vais aller le chercher et je vais le ramener vivant, car à moi, il m’a sauvé la vie ce coq ! ». Joan raconta l’histoire du tonnelet à son père qui comprit que le coq n’était pour rien et que seule la fatalité était imputable à cette tuerie perpétrée par Simon de Montfort et ses hommes. Le coq par fidélité avait suivi son maître comme il avait pris l’habitude de le faire depuis que Matèu l’avait élevé alors qu’il n’était encore qu’un minuscule poussin. Ce matin-là, le coq  avait suivi Matèu dans la forêt jusqu’au fortin mais les autres jours, c’était dans les champs de céréales ou bien dans les collines arides qu’ils avaient pris la marotte d’arpenter ensemble.  Et puis, n’était-il pas naturel pour un coq de s’époumoner au lever du jour ? Joan partit chercher le coq du côté de la tour à signaux que les soldats avaient complètement disloquée et ruinée. Les portes étaient béantes et les murs étaient désormais écroulés. Tout autour, le sol était jonché, de toute part, d’une trentaine de corps transpercés de flèches ou mutilés par les fléaux et les lances. Le gallinacé sans doute un peu perdu dans ce décor qu’il ne connaissait pas, chantait toujours dans les parages de la tour. Joan quitta volontiers le macabre fortin bien décidé à mettre le grappin sur le coq. Il le coursa ainsi une bonne partie de la journée puis il finit par l’attraper le soir au sommet du roc dominant Lanciano. Joan, Matèu et quelques survivants n’oublièrent jamais ce jour-là où l’aube avait été si funeste mais ils se remirent à travailler leurs lopins de terre comme ils l’avaient toujours fait auparavant. L’existence ne fut plus jamais la même mais le hameau retrouva peu à peu un semblant de vie antérieure... égayait aux aurores, comme depuis toujours, par les chants harmonieux d’un coq." Voilà, à de nombreux détails près, ce qu’aurait pu être la « chronique historique » de la Tour ruinée et de ce « Chantecler » de Lansac dont les chants matinaux auraient été la perte des habitants du hameau, exterminés par Simon de Montfort et ses soldats. Quand vous partirez faire cette agréable balade, vous emprunterez la rue des Vignes qui vous fera sortir du village avec le Roc face à vous et la Tour déjà visible sur votre droite. Arrivés près d’une citerne à demi enfouie, vous tournerez à droite en direction du cimetière et vous remarquerez peut-être les premières traces jaunes du balisage. Face à l’entrée du cimetière, ce balisage devenant plus précis grâce à un panonceau « Au chant du coq » orné notamment du dessin d’une tour, sans doute commencerez-vous à marcher moins idiots que j’ai pu le faire moi-même, ignorant tout de cette histoire, le jour de ma propre balade. Si vous avez lu ma « nouvelle », vous randonnerez certainement avec le souvenir de Joan et des habitants de Lansac fuyant le hameau devant la horde sanguinaire de Simon de Montfort. Inutile de presser le pas comme l’avait fait les villageois car la route bitumée qui domine Lansac laisse rapidement la place à une piste terreuse qui entre dans la forêt incitant à la flânerie et à la cueillette des innombrables champignons. La tour à signaux reste quelques minutes dans la ligne de mire, puis quand l’itinéraire se faufile en sous-bois, elle disparaît pour quelques temps. Même en arrivant au collet de la cote 364 où pas moins de trois panneaux indicatifs ont été érigés sur des poteaux, on aura l’impression que la tour de Lansac, elle, s’est définitivement volatilisée. Cette intersection à la cote 364, c’est bien celle que j’aurai du rallier en venant du Roc de Vergès par la carrière de feldspath. Le chemin zigzague mais la tour, elle, joue « l’Arlésienne » un bon moment encore et quand elle finit par réapparaître, on a l’impression qu’on va l’atteindre sans tarder mais on se trompe et quelques virages en pente douce s’élèvent encore avant de la rejoindre. Un panonceau est enfin là : «  Tour de Lansac » et « Roc de Lansac - 1h A/R ». Les vues depuis la tour sont superbes sur le village, ses alentours et tous les paysages faisant face au versant nord de la colline. La tour, bien que grandement ruinée, présente encore quelques jolis pans de murs encore debout. L’Histoire raconte qu’elle aurait été construite au temps de Charlemagne qui voulait sécuriser la région qu’il venait de conquérir. D’autres historiens prétendent qu’elle daterait du XIeme siècle seulement, elle aurait donc été bâtie du temps où les comtés et vicomtés se partageaient sans cesse et sans vergogne le pays Fenouillèdes. Bâtie sur un plan rectangulaire et sans doute bien plus haute qu’on peut l’imaginer aujourd’hui, elle aurait été construite sur plusieurs niveaux, sans doute trois ou plus en comptant bien sûr le rez de chaussée. Il suffit pour s’en convaincre d’observer les différents emplacements aujourd’hui vides des poutres qui soutenaient les planchers dont certains sont encore hauts mais d’autres sont désormais situés au niveau du sol. Les pierres constituant le sommet et la couverture sont donc tombées au centre de la tour et ont comblées celle-ci. En raison de son élévation et au regard de sa situation géographique situé au sommet de ce minuscule inselberg de granite, ce petit donjon a servi sans doute pendant plusieurs siècles de « farahon », ces tours à signaux qui reliées à d’autres tours ou forteresses féodales de la région permettaient, grâce aux feux et aux fumées, de communiquer mais surtout de signaler l’arrivée d’un éventuel agresseur. Ici, on peut aisément supposer que cette Tour de Lansac aurait pu être utilisée comme un relais entre d’autres tours, de petits « castellas » ou des châteaux plus importants, tous ces édifices médiévaux étant légion dans le secteur : Prats, Fenouillet, Rasiguères, Quéribus, Peyrepertuse, Trémoine, Triniach, la Torre del Far, Força Réal, etc.….Après cette jolie découverte historique chargée d’Histoire, on poursuit vers le roc mais là, le parcours change du tout au tout et devient un peu plus accidenté. C’est d’abord, un grillage que l’on longe sur quelques mètres et qui est là, pour éviter aux randonneurs de chevaucher de bien trop près la crête de cette falaise, sans doute, trop fragilisée par les tirs de mines successifs. Puis, toujours bien balisé, à la fois de coups de peinture jaune et de multiples cairns, le sentier se fraye un chemin au milieu des rochers et des racines des différents arbrisseaux qui composent la végétation : chênes verts, buis, chênes kermès, et genévriers essentiellement. Le Roc est un peu comme la Tour, on pense l’avoir atteint avant de s’apercevoir qu’il est toujours plus loin. Heureusement, sur ce versant de la colline, les panoramas sur le lac de Caramany et le Massif du Canigou enneigé sont tels qu’on finit par oublier que l’on doit y monter. Enfin, un nouveau panonceau boulonné à même la paroi rocheuse nous signale néanmoins sa proximité imminente et à partir de là, le sommet est vite escaladé. De là, c’est une vision circulaire qui s’entrouvre et dont on a du mal à se détacher tant les panoramas sont infiniment merveilleux. Il faut néanmoins repartir par le même chemin jusqu’au panonceau boulonné dans la paroi. Ici, deux choix s’imposent aux randonneurs : soit ils effectuent en sens inverse, l’itinéraire déjà emprunté indiqué comme le plus facile soit ils choisissent Lansac par la boucle. C’est pour ce dernier sentier que j’ai finalement opté et j’avoue ne pas l’avoir regretté tant il est guère plus difficile que l’autre et permet d’avoir d’autres regards sur le parcours effectué et notamment sur la barrage de Caramany. On notera au passage et à même le sentier, de très jolies roches sédimentaires rouges et roses de type poudingues, incrustées de pierres de différentes couleurs. On pourra même, si on le souhaite, rallonger un peu la balade, en poussant jusqu’au pied de la Serre d’Augé et en empruntant la piste de la Tartarouse pour rentrer. Dans les deux cas, on rejoint très rapidement Lansac soit en retrouvant la petite route du cimetière puis la rue des Vignes soit la D.79 à hauteur d’une aire de pique-nique. En raison du terrain caillouteux et des nombreux éboulis jalonnant le parcours, de bonnes chaussures de marche sont fortement recommandées. En été, et même si le parcours est plutôt court, il sera nécessaire d’emporter suffisamment d’eau. IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

    Enregistrer


    votre commentaire

  •  
    Ce diaporama est agrémenté des 3 chansons de Jean-Jacques Goldman. Elles ont pour titre : "Quand La Musique Est Bonne""Au Bout de Mes Rêves" et "Je Te Donne" avec Michael Jones.
    le-pic-verges
    picvergesign
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

    Si je vous dis qu’il s’agit d’un pic à 584 mètres d’altitude et que pour y accéder, vous n’aurez guère plus de 250 mètres de dénivelé à accomplir et si, j’ajoute que de son sommet, on a en supplément des panoramas incroyablement époustouflants sur notre beau département et bien plus loin encore avec notamment des vues superbes sur un magnifique lac bleuté, vous allez me dire : « Non, ce n’est pas possible, il s’agit d’une arnaque ! ». Eh bien oui, ce pic existe bel et bien et ici la seule arnaque, c’est le nom du village, point de départ de cette jolie petite randonnée au Pic de Vergès que je vais vous décrire. Ce village s’appelle Saint-Arnac et si je reconnais que le mot « arnaque » peut paraître ici un peu excessif, il faut tout de même savoir qu’il y a néanmoins une « belle » supercherie quant on sait qu’aucun saint du nom d’Arnac n’a jamais existé. En effet, le village doit essentiellement ce nom-là à la transformation très arbitraire et purement phonétique du nom originel qui en occitan se prononce « çantarnac ». En réalité, si j’en crois les historiens, le village s’appela d’abord Villare Centernaco (an 899) tiré sans doute du nom de la première famille ayant occupée les lieux puis au fil des différentes invasions et occupations, cette appellation se modifia quelque peu (villa Sent Ernach en 1137, puis Sanctum Arnachum en 1214, Sent Arnach en 1395) jusqu’à devenir Centernach ou Centernac en catalan. Au 13eme siècle, période où le hameau fut sous le contrôle de l’Ordre des Templiers du Mas Deu, le nom de Centernach, on le retrouve associé à un prénommé Pierre, précepteur chargé de percevoir les redevances pour le compte de la communauté templière. Mais comme à l’époque, il était coutumier d’accoler le nom du village au prénom du frère qui était chargé de la gestion de la maison templière rien n’explique cette francisation du nom de Centernach en Saint-Arnac intervenue, elle, plusieurs siècles plus tard, au 17eme exactement. Voilà pour « l’arnaque » mais c’est la seule car la balade au Pic de Vergès, elle, mérite vraiment le détour. Moi, c’est tout à fait par hasard, que j’ai découvert les panonceaux relatifs à cette jolie balade ; tout autant qu’on puisse appeler « hasard », le Tour des Fenouillèdes pédestre, que j’ai réalisé en septembre dernier avec mon fils. Cinq jours de marche au cours desquels, nous avons amplement pris plaisir à découvrir cette belle région trop méconnue sans doute et que j’aurais l’occasion de vous décrire d’ici quelques temps sur mon site perso Internet. La balade au Pic de Vergès étant plutôt courte, plutôt que de démarrer de Saint-Arnac, j’avais décidé de partir du Col de Lacroux, juste au dessus du village, là même où passe le GRP Tour des Fenouillèdes et où j’avais découvert les panneaux indiquant le Pic de Vergès quelques mois auparavant. Mon idée première était de monter au pic le matin et de me rendre ensuite d’une seule traite mais l’après-midi, à la Tour et au Roc de Lansac, tout proches. La « chose » me semblait parfaitement concevable et réalisable à l’analyse que j’avais faite de la carte IGN,  mais, c’était sans compter sur l’impressionnante carrière de feldspath dont les exploitants ne semblent avoir cure des différents sentiers de randonnées. En effet, sans parler des multiples interdictions, cet itinéraire de randonnées pourtant parfaitement surligné sur les cartes et balisé sur le terrain a été en partie détruit par les bulldozers puis ensevelis sous les tonnes de gravas et les énormes magmas rocheux déversés par d’énormes camions style « Monsters Trucks » mais en bien plus gros. Alors, il est vrai que mon GPS aidant et si j’avais fait preuve à la fois de bravade et de ténacité, j’aurais pu réaliser le parcours initialement prévu mais le côté « galère » de cette « marche forcée »,  allié aux mesures de prudence répétées de la mine à ciel ouvert m’en ont dissuadé. Je n’ai pas eu à le regretter puisque ce contretemps m’a permis d’effectuer une petite boucle et d’aller ainsi découvrir le charmant village de Saint-Arnac que je ne connaissais pas et pour cause, puisque le Tour des Fenouillèdes évite le hameau en passant juste au dessus. Il faut le dire, la visite fut plutôt expéditive car le vieux village est minuscule et on en a vite fait le tour : quelques agréables petites ruelles, l’église du XIIeme siècle dédiée à Saint-Pierre avec une horloge assez insolite, la place principale « Pierre de Centernach » avec une jolie fontaine de 1881 et l’originale devanture de la cave vinicole dont le nom de « Préceptorie de Centernach » est un hommage certain rendu à l’Histoire du village en général et aux Templiers en particulier. C’est à peu près tout. Je ne vais pas vous décrire en détail le parcours que j’ai réalisé car il s’agit simplement d’une courte portion du GRP Tour du Fenouillèdes balisé en jaune et rouge qui part du Col de Lacroux, retrouve un peu plus loin le petit PR qui lui arrive du village et monte directement au Pic de Vergès. Si je ne vous décris pas mon parcours, c’est parce qu’il ne s’agit pas de l’itinéraire le plus logique qui lui part du village près d’un bel oratoire. Comme d’habitude, je joins à cet article, les tracés sur la carte IGN et un diaporama photos qui peuvent être des assistants précieux au parcours que vous souhaiterez accomplir. Toutefois, sachez que quelque soit le tracé que vous effectuerez, celui partant du village ou bien le mien, ici tout est parfaitement balisé, signalé, indiqué et pour atteindre le sommet de cette « serre » de granite, il vous suffira de suivre les nombreux panonceaux puis les innombrables marques jaunes peintes sur les pierres ou les arbres, tout au long du chemin. La piste que j’ai prise est intéressante car elle domine en permanence le village avec de très jolies vues presque de tous côtés, avant même d’arriver au sommet. Le vaste lieu-dit dominé s'appelle Lassaldou dont la toponymie m'échappe encore. On peut néanmoins imaginer que cette appellation serait l'association de "lassal" ou "la sala" signifiant "demeure seigneuriale" et de "dotz" qui est une "source" voire un "canal", le tout tiré de l'occitan. Une maison seigneuriale avec une source ou un canal a-t-elle existé ici ? Ce n'est pas impossible au regard de l'Histoire que l'on connaît. L’approche du pic de Vergès est courte mais pas toujours évidente à cause des éboulis caillouteux et de la déclivité très pentue du sentier où pour cette raison des escaliers de rondins ont été parfois disposés pour en faciliter l’ascension. Sur la fin, il faut s’aider autant des mains que des pieds pour parvenir au sommet. Mais avant de l’atteindre et par mesure de sécurité, des câbles ont été disposés aux endroits les plus risqués mais finalement peu dangereux pour peu que l’on prête un minimum d’attention et qu’on ne soit pas considérablement sujet aux vertiges. On continue de grimper quelques roches et un sentier encore caillouteux pour atteindre, tout près du sommet, de vieilles ruines, sans doute « pastorales », du temps où les bergers venaient faire paître leurs troupeaux sur cet étonnant belvédère. Puis au sommet, on y remarque aussi une petite plate-forme faite de quatre carrelages dont l’emplacement m’a laisser penser qu’elle avait pu servir à installer des appareils d’optique ou de mesures puis, juste à côté, une rudimentaire table d’orientation où les noms des lieux ont été grossièrement gravés à même la petite dalle cimentée. Plus loin, une petite borne géodésique ainsi qu’une plaque de l’Institut Géographique National démontrent l'intérêt que ce sommet a eu pour les géographes. Difficile de vous décrire la beauté des panoramas que l’on a depuis le pinacle du Pic de Vergès, chacun appréciant les paysages de sa propre façon et parfois, selon son humeur du moment. Moi, dans le silence ambiant que seul le vol d’une compagnie de perdreaux est venu troubler un court instant, je me suis assis et me suis mis à casser la croûte.  Puis, tout en dévorant mes sandwichs, j’ai tenté, dans un premier temps, de retracer le parcours que j’avais effectué avec mon fils, il y a quelques mois, en réalisant cet inoubliable Tour des Fenouillèdes. D’ici, le petit hameau de Trilla, départ de notre première étape, semblait complètement perdu au cœur d’un vaste plateau verdâtre, puis le sentier escaladé se terminait au sommet de la Sarrat de l’Albèze et du regard, je ne pouvais pas poursuivre plus loin l’itinéraire emprunté. Alors, j’ai légèrement tourné la tête sur la droite et j’ai aperçu très loin, presque à l’horizon, les collines dénudées que nous avions arpentées entre Eus et Sournia lors de la 2eme étape et qui servent de frontière entre pays Conflent et Fenouillèdes. Un peu devant, j’en étais déjà au début de la troisième étape qui nous avait emmené au dessus de Prats-de-Sournia dans cette merveilleuse et grandiose forêt de Boucheville dont nous avions mis une journée toute entière à traverser pour déboucher finalement au col de Tulla, au pied du Pech de Fraissinet et de La Pelade. D’ici, cet énorme mamelon à la fois aride et boisé semblait fermer l’extrémité de l’étonnant synclinal de Saint-Paul. Là, je n’ai plus pu tourner la tête à droite sans me déplacer. Alors, assis sur la borne géodésique qui matérialise le sommet du Pic de Vergès, j’ai tourné mes fesses vers le nord-ouest en direction des Corbières mais surtout du Pech du Bugarach dont nous avions tant apprécié les alentours verdoyants lors de la quatrième étape. Puis, toujours du regard, je me suis mis en grimper à nouveau les flancs débonnaires du Roc Paradet et là, de nouveau, j’ai perdu le fil d’Ariane de mon itinéraire imaginaire car les collines calcaires dominant Lesquerde obstruaient ma mémoire. Je brûlais les kilomètres et j’étais déjà là, au pied du Pic de Vergès sur cette piste bitumée qui surplombe d’un côté, les toitures rougeâtres de Saint-Arnac et de l’autre, les carrières blanchâtres de Lansac. Là, je fis quelques pas en arrière pour me remémorer les difficultés que nous avions rencontrées pour gravir les éboulis de la petite Serre de Cors avec nos sacs à dos bien trop lourds. Puis, après un nouveau demi-tour fessier, j’ai repris ma marche en avant vers le sud, pour finalement observer les reflets argentés du superbe et longiligne lac de Caramany. La rivière Agly qui remplissait le lac m'entraîna vers le merveilleux aqueduc romain d’Ansignan. Je me souvenais que nous avions baigné nos pieds endoloris et surchauffés dans les eaux fraîches du canal avec délectation. Je me souvenais aussi de la traversée dAnsignan et des Albas puis de la montée du petit Roc de Terre Blanco où nous avions, à la fois, tant soufferts des kilomètres déjà accomplis, de la forte chaleur et du manque d’eau dans l’ascension finale. En regardant vers Trilla, le souvenir de cette longue boucle de 5 jours et de cette 5eme étape du Tour des Fenouillèdes ; ou Vadrouille dans le fenouil comme je l'avais appelé ; se refermèrent conjointement. Assez bizarrement, je pris conscience que cette évocation des 5 jours de marche venait de me prendre que 5 minutes,  Il ne me resta plus qu’à lever les yeux au ciel et vers les cimes enneigées du Canigou pour finir en beauté ce périple. Voilà tous les paysages que j’ai vu des hauteurs du Roc de Vergès, mais si vous y allez, vous y verrez sans doute bien d’autres décors tant la vision porte bien plus loin que les limites d’un « simple » souvenir aussi beau avait-il été. Mais que voulez-vous, ce Tour des Fenouillèdes accompli avec mon fils ce fut pour moi, un vrai Tour du bonheur ! Alors monter au Pic Vergès et me remémorer tout ça le fut encore ! Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

    Enregistrer


    votre commentaire
  •  


    Il y a quelques semaines, le 10 novembre exactement, j’ai regardé à la télévision, un reportage à Envoyé Spécial qui s’intitulait « Le gaspillage-Plongée dans nos poubelles ». Ce reportage concernait bien sûr le gaspillage alimentaire. Je l’avoue, pour diverses raisons qui tiennent sans doute à l’éducation que j’ai reçue, j’ai été terriblement choqué par ce reportage. En effet, étant enfant, mes parents m’ont toujours habitué à ne rien laisser au fond de mon assiette, quand à un « simple » quignon de pain, à la maison, il était hors de question qu’il finisse au fond de la poubelle. J’ai toujours mangé à ma faim et malgré ça, il ne restait pas souvent du pain sur la table et de la nourriture en général mais quand bien même il en restait, le pain finissait en « pain perdu » ou les restes finissaient la plupart du temps dans la gamelle du chien quand ce n’était pas dans le poulailler ou bien dans les clapiers des lapins quand il s’agissait de légumes. Pourtant, nous n'étions pas des paysans mais de simples citadins possédant un petit bout de jardin. Mais c'est ainsi que nous vivions, très modestement, et il était hors de question de jeter la moindre nourriture et nous recyclions, bien avant, la mode du "tout écologique", tout ce qui pouvait l'être. Eh oui, les temps ont bien changé....mais c'est la crise...donc ce n'est pas en bien !

    Mais revenons à notre reportage. Le film, lui, commence par une charmante jeune dame qui vient de faire ses courses, dont on apprend qu’elle serait institutrice. Elle ouvre son frigo puis son congélateur et avant même d’y ranger ses nouveaux articles, on la voit, après vérification des dates de péremption, jeter dans un grand sac poubelle, un nombre impressionnant de produits alimentaires dont certains, et notamment des barquettes de viandes, sont encore dans leurs emballages d’origine. Quand le journaliste lui demande comment elle peut en arriver là, à agir de la sorte et à jeter de la nourriture dont la date vient parfois à peine d'être dépassée, elle lui répond comme si tout ça était parfaitement naturel : « c’est sans doute la peur de manquer ! ». J’avoue que sur l'instant, si j'avais cette jeune femme devant moi, je lui dirais sans doute très vigoureusement le fond de ma pensée mais d’emblée, c'est plutôt la surprise qui prédomine et j’ai un mal fou à croire à ce scénario car pour une institutrice, qui plus est, mère de trois enfants, je me dis « quelle éducation a-t-elle reçue ? », et si c’est vrai, « quelle éducation va-t-elle inculquer à ses trois enfants ? ». Et bien oui, même si cette jeune femme jette sans compter et sur l'instant plusieurs kilos de nourriture, la suite du reportage semble tristement confirmer que le film n'a pas été monté de toutes pièces car le journaliste rajoute que chaque français jetterait pas moins de 20 kilos de nourriture par an ! C'est tout simplement incroyablement ahurissant mais le pire reste à venir car dans la foulée, le journaliste vient nous expliquer que cette « banalisation » du gaspillage ne serait pas uniquement la faute du seul consommateur mais qu’il s’agirait d’une habitude inscrite dans notre mode de vie actuel. Alors c'est ainsi qu'en France, un quart de la nourriture produite serait jetée, nourriture le plus souvent encore parfaitement comestible. Je ne vais pas vous décrire le reportage dans tout son détail car si vous ne l’avez pas vu, vous pourrez le regarder en cliquant ici, mais quelques points m’ont interpellé particulièrement. C’est ainsi, qu’on apprend que les cantines scolaires au même titre que les grands distributeurs (hypermarchés, supermarchés) et même les producteurs eux-mêmes seraient les plus grands « contributeurs » de ce gaspillage alimentaire. On y apprend ensuite que toutes les grandes chaînes de distribution jettent la plupart de leurs produits frais, leurs poissons et leurs viandes invendues avant même l’arrivée « fatale » de la date de fin de consommation et cela, de peur que les consommateurs ne les trouvent pas suffisamment frais et aillent voir ailleurs. Toujours aussi ahurissant, vous ne trouvez pas ? Chez les producteurs maraichers, même sons de cloches. On jette, on jette encore, on jette toujours, tous ce qui n’est pas « commercialisable » dans le circuit économique habituel : fruits trop petits ou pas suffisamment beaux, fruits ou légumes trop mûrs ou pas assez,  articles qui ne correspondraient pas au calibre souhaité par les consommateurs, etc...De ces produits parfaitement consommables , on en remplit des bennes entières pour les mettre en décharge après les avoir récoltés.  Vous avez dit ahurissant ? Puis, la jeune institutrice revient sur le devant de la scène et on la montre entrain de faire ses courses dans un supermarché, attentive aux produits les plus frais, aux fruits et légumes les plus beaux et aux dates de péremption les plus lointaines. Après l’avoir vu jeter un nombre incalculable d’articles sortis plein de fraîcheur de son réfrigérateur et de son congélateur, on est en droit de se demander pourquoi, elle est soudain si attentive à tout ça. Pas très logique ! Enfin, c’est sans doute en partie cela, les mauvaises habitudes inscrites dans le mode de vie des français ! Puis enfin, alors qu'un système de banques alimentaires fonctionne à merveilles et vient en aide à 13 millions de personnes démunies dans toute l'Union Européenne, comble de la « bêtise » et de la « rapacité » humaine, on y apprend que certains grands distributeurs versent de l’Eau de Javel pour dénaturer les produits afin que personne ne puisse les récupérer dans leurs poubelles. Car bien évidemment, le film se termine, avec la contrepartie de cette incroyable dilapidation alimentaire à savoir la nécessité « vitale » que certaines personnes (associations ou particuliers) ont à trouver à manger, quitte à faire les poubelles. En priorité, ces poubelles, ce sont celles des hypermarchés mais dans les villes, mais ce sont aussi celles des restaurants, des hôtels, des fast-food, des cantines, des hopitaux, des réfectoires divers et variés, des marchés, des petits commerçants mais c'est aussi la vôtre....En tous cas, pas la mienne car les "Dumpster diving", les plongeurs de poubelles, comme on les appelle, n'y trouveront rien à consommer !

    Et oui, tout ça m’a énormément choqué, à l’heure actuelle où à chaque journal télévisé, on ne cesse de nous  « bassiner » avec la crise économique, à l’heure actuelle où on n'arrête pas de nous montrer la misère humaine et les famines qui règnent dans un grand nombre de pays, à l’heure actuelle où les produits alimentaires ne cessent d’augmenter et le pouvoir d’achat, lui, de diminuer sans arrêt, à l’heure actuelle où les associations caritatives et humanitaires, style Restos du Cœur, ont une incroyable recrudescence (+25% sur les 3 derrières années) du nombre de repas gratuits à offrir, à l’heure actuelle où la pérennité du PEAD (Programme européen d’aide aux plus démunis), cher à Jacques Delors et à Coluche, semble ne plus pouvoir être assuré pour les prochaines années, tout ça est complètement incompréhensible et absurde.

    Oui, pour toutes ces raisons et sans doute bien d’autres comme celle de savoir que dans le monde entier, c’est la moitié de l’alimentation produite qui n’est pas consommée, le tiers partant directement dans les poubelles, celle de savoir qu’on « assassine » pour rien des millions d’animaux d’élevage dont la vie même a très souvent été terriblement bafouée avant même d'arriver sur les étals, celle de cette période incroyablement égoïste que nous vivons où les riches n’ont jamais été aussi riches et les pauvres, jamais aussi pauvres, ce « monstrueux » gaspillage alimentaire a un côté « écœurant » voire « répugnant ».

    En tous cas, à quelques mois des élections présidentielles et dans cette période de crise économique et financière que nos politiques décrivent comme la pire jamais survenue, trouver des solutions pour commencer à tenter d’inverser cette spirale infernale du gaspillage alimentaire, voilà un très beau challenge que bon nombre de nos candidats serait inspiré de mettre en tête de leur programme….

    Alors si dans les années 70, en matière d’énergie, le slogan à la mode « chasse au gaspi » était devenu incontournable, aujourd’hui, il serait bon de le remettre au goût du jour pour l’alimentaire, quitte à ce qu’il devienne une espèce d’outil de « propagande ». Quelques bonnes idées comme par exemple la suppression des dates limites de consommation pour les produits les moins sensibles, plus un bourrage de crânes permanent, voilà ce qu’il faudrait sans doute mettre en œuvre pendant quelques années, pour changer les mauvaises habitudes de tous ou en tous cas du plus grand nombre…Mais il y aura toujours les lobbyings des plus puissants et là,.....c'est une toute autre histoire....que je vous raconterai peut-être un jour ou l'autre....


    votre commentaire

  • .
    metairie-cobazetign

    Une fois encore, c’est à partir de mon village fétiche d’Urbanya que je vous propose cette belle et longue balade à la Métairie de Cobazet (*). Cobazet est un lieu magnifique avec son pasquier entouré de superbes forêts, mais le corps de ferme, lui, est un bâtiment privé qui ne se visite pas. Alors, on y va uniquement pour le plaisir des yeux et celui de se retrouver pour pique-niquer dans un cadre enchanteur et verdoyant. Sur les pancartes qui délimitent le domaine forestier privé, appartenant désormais à la société Groupama, il est écrit « Cobazet » mais  sur certains documents, vous trouverez parfois les noms de « Coubazet », « Coubezet » ou « Covazet ». Sur de vieilles cartes IGN la désignation de « Covaset » est parfois présente et sa toponymie ne fait aucun doute, si je la traduis par le patronyme des « Sept cavernes » ou des « Sept grottes ». En effet, en catalan, une « cova » est une caverne ou plus simplement une grotte et « set » c’est tout simplement le chiffre « sept ». Alors, si je crois savoir qu’à proximité de la Métairie, plusieurs avens ont été découverts, j’ai également appris qu’ils auraient été obstrués depuis, sans doute par mesure de sécurité. Mais je l’avoue, je n’en sais guère plus car je ne suis ni géologue et encore moins spéléologue. Alors, en ce magnifique samedi d’automne, mais où la chasse était malheureusement ouverte, plutôt que de prendre le risque de partir en forêt à la recherche d’hypothétiques cavités, j’ai préféré ce jour-là, marcher gentiment sur des pistes forestières, sous un ciel cristallin et en écoutant fébrilement les détonations des fusils et les aboiements des chiens. Cela a largement suffit à mon bonheur. Le départ d’Urbanya est identique à celui que j’avais décrit dans un article précèdent consacré au Pic de Portepas, mais avec une différence importante, c’est que nous allons cette fois-ci poursuivre le Tour du Coronat jusqu’au col de Tour ou del Torn (1.536 m). Ce col, qui est à la croisée de multiples chemins, nous allons tout simplement le traverser en ignorant toutes les autres pistes ou sentiers qui partent à droite ou à gauche. D’ailleurs, et même si aucun balisage ne le laisse supposer, ni sur le terrain ni sur les cartes, cet itinéraire, c’est toujours celui du Tour du Coronat qui se poursuit jusqu’à Llugols, Conat, Jujols, Nohèdes et finit par faire le tour de ce joli massif. Lors d’une autre randonnée à la Gare d'Estardé, j’ai déjà évoqué l’exploitation du talc et bien il faut savoir que ce trajet n’est autre que celui qu’empruntait au temps jadis, la petite locomotive « Decauville » tractant quelques wagonnets remplis de minerais en provenance de la carrière de stéatites de Caillau. La Stéatite, c’est le nom d’une la roche très tendre essentiellement composée de talc mais ce fut aussi le nom que l’entreprise « Decauville » donna à la petite locomotive. Pour ne pas marcher idiot, avant même cette randonnée, je me suis intéressé à l’Histoire de ces lieux et c’est ainsi que j’ai appris que cette carrière de talc appartenait, tout comme la Métairie de Cobazet et 1851 hectares de la montagne de Mosset, au Baron Fernand de Chefdebien. En juin 1884, il venait d’en faire l’acquisition aux enchères effaçant ainsi le passif de 367.400 francs d’un certain Rémy Jacomy. Ce Rémy Jacomy était bien connu dans notre beau département puisqu’il était le principal maître de forges des Pyrénées-Orientales et le fondateur de plusieurs sociétés métallurgiques et minières. Il détenait lui-même tous ces biens pour les avoir achetés en 1860 au précédent propriétaire, un certain Monsieur Jean Aymar Delacroix, Marquis d’Aguilar, descendant des derniers seigneurs de Mosset. Mais pour en revenir à notre randonnée, si vous prêtez attention et sans parler des vestiges de quelques infrastructures de l’exploitation du talc dont les murs encore debout sont parfaitement visibles à Cobazet, vous remarquerez par endroits et sur la gauche du chemin, le terre-plein qui supportait la voie dont les rails de 60 cm de largeur en faisait à l’époque un des chemins de fer parmi les plus étroits de monde. Certaines ruines et vestiges sont enfouies sous la végétation, mais en cherchant bien, il est possible de  retrouver quelques vieux souvenirs, wagonnets, bouts de câbles ou de tôles, machines rouillées par le temps, clous ou bouts de ferrailles divers de cette aventure industrielle. J’ai appris que les premiers rails furent posés en 1886 entre la carrière de Caillau et la gare d’Estardé sur une longueur de 13 kilomètres environ. L’activité s’arrêta lors de la guerre de 1914 et les installations furent démontées pour les besoins de l’armée. Après la guerre, l’activité redémarra de plus belle, toujours équipée de la petite locomotive. Dans les années 30, l’activité atteint son apogée. Il faut dire que tous les moyens étaient bons pour faire du rendement, réduire les distances et par là même les délais. C’est ainsi qu’à Cobazet, on éleva un pylône de plus de 36 mètres de hauteur pour la mise en œuvre d’un téléphérique dont les wagonnets descendaient directement vers une forge de la Vallée de la Castellane, distante de 2 kilomètres seulement. C’’était toujours ça de gagné par rapport à l’éloignement que constituait un passage par le col de Jau ou la gare d’Estardé ! Au fil du temps, les vieilles charrettes tirées par des « percherons » amenant le talc à l’Usine Chefdebien de Prades furent remplacées par des camions. Plus tard, la vieille « Steatite » fut remplacée par un locotracteur électrique car les équipements, train et téléphérique, servaient bien sûr pour le talc mais également aux autres activités de Cobazet en particulier (balles de foin, produits agricoles, etc.…) et de la montagne en général (grumes de bois, matériels de scieries, etc.…). En 1943, plusieurs groupes de maquisards vont investir ce secteur de la montagne. Bien qu’étant indépendants les uns des autres et sous la direction de différents chefs, l’Histoire retient tous ces groupes sous la dénomination commune de « Maquis du Col de Jau ». Certains de ces groupes vont se former autour des sites miniers et agricoles de Caillau et Cobazet et avec la bienveillance du directeur et du contremaître de l’entreprise Chefdebien, de nombreux résistants, S.T.O et guérilléros espagnols vont être planqués au sein même des différents bâtiments. Vers 1950, avec des moyens plus modernes et plus rapides pour transporter directement le talc depuis la carrière jusqu’à l’usine de Prades, le petit train, devenu obsolète, s’arrêta définitivement et l’ensemble du matériel ferroviaire fut voué au ferraillage. L’activité industrielle qui, à partir du talc, consistait à fabriquer de la « Poudre Chefdebien », espèce de « bouillie bordelaise à la sauce catalane » censée combattre le mildiou et les autres maladies de la vigne, se poursuivit jusqu'au début des années 70. L’activité s’arrêta définitivement sans doute par manque de profitabilité, car il faut savoir que la carrière de Caillau étant située à 1.600 mètres d’altitude, les ouvriers ne pouvaient pas raisonnablement travailler les mois d’hiver dans la montagne enneigée. La bâtisse de Caillau qui avait servi de baraquement pour les ouvriers de la carrière fut transformée en 1984 en refuge pour randonneurs. Voilà pour l’histoire tumultueuse de ce joli coin de montagne désormais redevenu paisible et silencieux or mis quand les chasseurs sont de sortie. Quand on arrive à Cobazet depuis le col de Tour, les vues se dévoilent magnifiquement vers le Col de Jau, sur la Vallée de la Castellane, sur l’ensemble des montagnes environnantes (Madres, Bernard Sauvage, Dourmidou, Serra d’Escales, Roussello, etc.…) et sur l’immensité des superbes forêts où en automne les teintes des feuillages des différentes essences s’entremêlent et créent un véritable océan végétal aux couleurs chatoyantes. Mais l’image la plus belle est sans doute cette vue dominante depuis le chemin et par-dessus les sapins, de la métairie elle-même. Avec ses grands murs blancs, la grande bâtisse contraste étonnamment avec son pré verdoyant, ses grands cèdres sombres et ses pins noirs qui l’entourent et ce lavis de montagnes roussâtres qui ferme l’horizon. Même si en automne, on ne peut pas resté insensible aux couleurs de la forêt, c’est à mon goût au printemps et en été, quand la luminosité atteint son zénith, que les prés et les chemins se parent de mille fleurs, que Cobazet incarne un des plus beaux décors naturels qu’il m’a été donné d’observer lors d’une randonnée. Sur le coup de midi quand le vacarme des armes et des chiens a cessé et que le calme est revenu, j’ai aperçu une biche. Immobile, elle semblait m’observer avec ses grands yeux et au fond de moi, je me suis dit qu’elle avait beaucoup de chance que je ne sois qu’un « chasseur d’images » ! Après cette jolie vision, j’en ai profité pour casser la croûte avec devant les yeux ce panorama prodigieux sur le pasquier de Cobazet. Puis pour trouver un peu de repos, je suis parti m’allonger sur une pelouse non loin de la métairie. Un daguet est passé à toute vitesse sans me voir brisant furtivement le silence de cathédrale dans lequel j’avais sombré. Il a sauté les clôtures du pré où paissaient d’énormes taureaux puis a disparu dans la forêt. C’est marrant car en regardant ces puissants taureaux, je me souvenais avoir lu dans l’Histoire de Mosset sur Internet, qu’au 19eme siècle, les taureaux de Cobazet participaient déjà à des concours de beauté. Du coup, ils étaient très appréciés de tous les éleveurs du coin qui n’hésitaient pas à envoyer leurs plus belles vaches et génisses pour la reproduction. En observant ces puissantes bêtes, j’ai immédiatement pensé que si l’industrie minière du talc et du fer avait périclité, cette tradition pastorale, au moins, avait l’air de s’être perpétuée dans le temps. En début d’après-midi, la nature ayant complètement repris sa quiétude et ses droits, je me suis remis en route, moins anxieusement que le matin, et j’ai eu la chance d’observer deux chevreuils qui, il est vrai, paraissaient un peu désorientés et méfiants par les battues du matin. Cette méfiance ne m’a pas permis de les photographier comme je l’aurais voulu mais pour moi, c’était déjà un grand bonheur en soi d’avoir pu les observer encore debout sur leurs quatre pattes. Après la Métairie de Cobazet, le chemin à prendre est celui qui descend à gauche du grand pré. Il passe au milieu des clôtures, tourne à droite en continuant de longer le pacage et entre dans la forêt en direction de la Coma d’en Beget. Au premier carrefour suivant, on poursuit tout droit la piste DFCI N°C052. Cette piste monte légèrement et permet d’apprécier de splendides vues lointaines sur une belle partie du Conflent, ses crêtes frontières avec le pays Fenouillèdes et toute la Plaine du Roussillon. A nos pieds, s’étale l’éblouissante forêt du domaine. Si le temps est clair, c’est la Méditerranée qui par endroits se dessine à l’horizon. Puis à l’approche du Col de les Bigues (des Vigues), le Canigou apparaît majestueux derrière la modeste Serrat Grand et le clairsemé Bois d’Estardé. Au col, si tous les sentiers et chemins qui descendent vers Urbanya sont débroussaillés (ça arrive !), vous aurez l’embarras du choix. Moi, j’ai voulu changer un peu et j’ai, cette fois-ci, emprunté un large chemin qui file à droite, en dessous et parallèlement à celui qui retourne vers le col de Tour. Bordé de clôtures, il faut l’emprunter sur 750 mètres environ en regardant en permanence le côté gauche afin de remarquer un petit sentier caillouteux qui descend perpendiculairement au premier en suivant lui aussi une autre clôture. Le retour vers Urbanya est d’une simplicité enfantine puisqu’il suffit pour rejoindre le village de longer cette longue clôture. Avec plus de 2 kilomètres, cette descente va vous paraître sans doute bien fastidieuse mais sachez que ce petit sentier qui longe par la gauche le Ravin du Correc del Menter (Manté),est, lorsqu’il est bien débroussaillé, le plus court et le plus rapide itinéraire pour retrouver sa voiture. Depuis le parking d’Urbanya situé à 856 mètres d’altitude, il faut estimer cette boucle à une vingtaine de kilomètres environ. Le point culminant de cette randonnée étant le col de Tour à 1.536 m c’est un dénivelé de 680 mètres que l’on accomplit en réalisant ce magnifique et très facile circuit. Bien que la plupart des randonneurs soient attentifs à l’égard de la nature, dans le cas de Cobazet, il n’est peut-être pas inutile de rappeler qu’ici on traverse une propriété privée et qu’il faut être respectueux des lieux mais aussi des consignes et interdictions mentionnées à l’entrée du domaine. Lors des périodes de chasse, il est fortement recommandé de revêtir un gilet de sécurité fluo comme en portent eux-mêmes les chasseurs. Cartes IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet puis 2249 ET Font-Romeu-Capcir Top 25.
     
    (*) Si l'histoire de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.

    Enregistrer


    votre commentaire

  • Ce diaporama est agrémenté de divers morceaux de rock interprétés par Gary Glitter dont les célèbres "Rock and Roll Part 1 & 2".
    lacs-de-nohedes-et-d'evol

    lacnohedesign
    Voir taille réelle


     Il y a une année environ, j’avais relaté dans un article de mon blog, une jolie petite randonnée à l’Estany del Clot depuis le hameau de Nohèdes. Cet « estany », petit étang de l’Enclos en français, est en réalité une retenue artificielle dont, peu de gens le savent, l’origine remonte au 19eme siècle, période où les premiers ingénieurs hydrauliciens des Ponts et Chaussées étaient à la recherche des lieux les plus propices à l’édification de barrages. A l’époque, ces ingénieurs arpentant ce merveilleux Massif du Madres-Coronat avaient remarqué depuis longtemps qu’il y avait trois petits lacs blottis au pied d’anciens cirques glaciaires de cette belle montagne. Dans ces lacs, si on y captait leurs eaux depuis quelques temps déjà grâce à de rudimentaires canaux d’irrigations, il paraissait évident que la construction d’un barrage eut été largement préférable. Ces lacs, que les nombreuses légendes désignent comme « Les Palais des Démons », sont des réserves d’eau naturelles, qu’ici on appelle « gorgs » ou parfois « gourgs ». Ils ont pour noms, Gorg Estelat, Gorg Blau et Gorg Negre et que l’on traduit naturellement en lac Etoilé, lac Bleu et lac Noir mais plus communément on les appelle lacs de Nohèdes et Bleu pour les deux premiers et lac d’Evol pour le dernier. Après des études topographiques poussées, ces ingénieurs en avaient conclu que si un barrage il devait y avoir, le meilleur emplacement se situerait sur les « jasses » en aval du lac de Nohèdes et bien sûr, ce fut quelques années plus tard la naissance de l’Estany del Clot et celle de la Centrale hydroélectrique de Nohèdes. Pour la petite histoire, la boucle est bouclée mais pour notre randonnée vers tous ces jolis lacs, car c’est bien de ça qu’il s’agit cette fois-ci, tout reste à faire et la virée sera longue et sportive (environ 19 à 20 km pour un dénivelé de 1.020 mètres). Alors, nous allons tenter de la raccourcir un peu et contrairement, à notre première balade où nous avions démarré de Nohèdes, nous allons cette fois-ci, traverser le hameau, poursuivre sur la droite de la route en direction de la centrale hydroélectrique et continuer la piste jusqu’à Montailla. Ce lieu-dit, on ne peut pas le louper car outre quelques séculaires maisons, il y a juste avant d’ y arriver un grand hangar en bardage métallique. On pense souvent à tort que le pastoralisme de nos montagnes a quelque peu disparu mais en réalité, il a simplement évolué et les corrals de pierres, que l’on voit très souvent en ruines, ont laissé la place à des bergeries bien plus modernes. Pour ne rien gâcher, celle-là est tenue au demeurant par un couple de bergers très sympathiques comme nous avons pu nous en rendre compte au retour de notre longue randonnée grâce à une invitation impromptue mais ô combien cordiale. Non, ce jour-là, nous avons constaté de visu que dans ce coin de montagne, le pastoralisme n’était pas mort car outre les nombreux cheptels de bovins et l’agréable visite de la bergerie, nous avons assisté avec un réel ravissement au retour de transhumance de deux troupeaux qui redescendaient des « plas » et des « jasses » de cet admirable massif. Mais revenons à nos moutons ou plutôt quittons-les pour préciser que si vous voulez démarrer cette belle randonnée depuis la bergerie de Montailla, la piste possédant par endroits quelques ornières et de nombreux nids de poules, il sera préférable d’avoir un véhicule un peu haut sans qu’il soit nécessaire pour autant de posséder un 4x4. A partir de là, vous n’aurez aucune difficulté à retrouver le petit sentier balisé en jaune, qui nous avait précédemment mené à l’Estany del Clot, premier des trois lacs que nous allons découvrir aujourd’hui. Il faut le préciser aussi, nous avons choisi de faire l’impasse sur le minuscule Gorg Blau, qui n’est pas inintéressant en soi au regard de son décor et de sa beauté mais qui présente l’inconvénient d’un aller-retour assez fastidieux au milieu de notre boucle déjà bien longue. Le sentier se chemine tout en sous-bois dans la belle hêtraie et retrouve un peu plus haut la piste forestière non loin de la Font de la Pèga. Après quelques raccourcis, on délaisse cette portion du Tour du Coronat qui file au Col du Portus (on revient par là !) et la piste va nous amener sans problème soit sur les rives de l’Estany del Clot, si vous avez choisi cette option, soit en surplomb même de ce petit étang bleuté en direction du Gorg Estelat. Avec des panoramas sublimes sur l’estany, le ténébreux Coronat et le vallon de Nohèdes, cette large piste zigzague sur les pentes plus ou moins pelées du Pic de la Rouquette pour se terminer au Pla del Mig. Même si quelques grands rapaces planent sans cesse au dessus de vos têtes, n’ayez pas trop la tête en l’air, car ici, il est impératif de faire attention au balisage et aux cairns pour emprunter un minuscule sentier qui monte à droite et évite ainsi de se retrouver dans un cul de sac que constitue le Pla del Mig et son refuge de bergers. Après un « bon » dénivelé tout en balcon au dessus des enclos de ce replat, on finit par atteindre un grand plateau où l’on coupe un autre sentier  intitulé « Col du Portus par le Canal de Jujols ». Ici, il faut savoir qu’au début du 19eme siècle, les courageux Jujoliens avaient, pour alimenter leur village en eau, conçu un canal essentiellement construit en lauzes qui reliait le Gorg Estelat au village de Jujols distant de 16 kilomètres. Un sentier suit quasiment ce canal, depuis Jujols jusqu’au lac et peut représenter lui aussi une très belle idée de randonnée. Sur ce Pla del Gorg, à ne pas confondre avec le Pla des Gourgs situé beaucoup plus haut sur les crêtes, on continue à surveiller le balisage jaune, parfois difficile à distinguer, car ici le décor est surtout constitué de prés aux herbes hautes, de pelouses inondées par des tourbières, de petits ruisseaux ramifiés et à l’approche et en bordure du Gorg Estelat, d’une jolie forêt de pins à crochets. Dans son somptueux écrin boisé et rocheux, terrain de jeux de nombreux isards et mouflons, le Gorg Estelat est avec ses rives sableuses, ses eaux limpides aux reflets argentés où cabotent d’énormes truites, un magnifique petit lac de montagne. Ici, un peu de repos et le pique-nique sont toujours les bienvenus après tous les efforts consentis pour réaliser les 870 mètres de dénivelés déjà accomplis. Le lac est superbe en toutes saisons mais il faut néanmoins le découvrir en été quand ses berges sont parsemées de rhododendrons et de genêts en fleurs. Les divers tons de verts de la végétation associés aux touches de roses et de jaunes qui se reflètent dans le bleu des eaux calmes sont un véritable chef d’œuvre coloré qu’on ne se lasse pas de contempler. Avant de repartir, vous vous demanderez sans doute pourquoi on lui a attribué le nom de « lac étoilé » puisqu’il n’en a pas du tout la forme ? Alors parmi deux ou trois interprétations dont certaines tiennent beaucoup plus de la légende, on peut noter celle de l’éminent naturaliste le docteur Louis Companyo qui écrivait en 1861 dans son « Histoire Naturelle du département des Pyrénées-Orientales» qu’il « prend son nom du scintillement des eaux qui semblent animées d'un mouvement vibratoire » ou bien celle du voyageur Victor Dujardin qui écrit en 1891 dans ses « Souvenirs du Midi - Le Roussillon – Voyages aux Pyrénées »« qu’il tire ce nom du reflet de ses eaux, glacées et profondes, qui scintillent au soleil comme des étoiles au firmament ». En arrivant près de l’extrémité est du lac vous aurez inévitablement observé un panonceau indiquant le « Refuge de la Perdiu ». Si comme nous, vous avez décidé de ne pas emprunter la rive sud qui va au Gorg Blau, c’est en direction de ce Refuge de la Perdrix qu’il faut se diriger dans un premier temps. Ce petit abri non gardé du Centre Alpin Français (C.A.F), j’avais eu largement l’occasion de le côtoyer et donc de l’évoquer dans ce blog lors d’une autre belle randonnée au Pic Pelade et à la Coume de Ponteils. De ce panonceau au bord du lac, démarre la partie la plus pentue mais par bonheur très courte de notre balade. On suit toujours le balisage jaune peint sur des rochers et des poteaux, on traverse le bois du Bac del Gorg pour grimper jusqu’aux crêtes de Pinouseil dans un secteur moins boisé qui laisse entrevoir de belles vues sur le lac olivâtre. Quand la crête s’aplanit, on n’hésite pas à se rendre vers son extrémité sud en bordure de falaises afin de profiter des époustouflantes vues aériennes sur le Gorg Negre qui s’offrent aux regards. Dans la démarche de cette belle découverte, on aura, au préalable, observé à la croisée de chemins, deux nouveaux panneaux directionnels, le premier indiquant les Gorgs Estelat et Negre et le second, le Refuge de la Perdiu. On emprunte bien sûr le sentier qui descend vers le Gorg Negre et qui traverse une forêt en partie décimée par on ne sait quelle logique. Tempêtes, pluies acides, sols trop pauvres ou autres phénomènes, je ne saurai vous le dire ? Sur ce flanc-là du Pic de la Creu, tels d’immenses squelettes blanchis par le temps, de nombreux arbres jonchent le sol mais d’autres encore bien debout semblent carrément avoir séchés sur pied. On traverse des pelouses et le balisage jaune pourtant bien présent jusqu’ici finit par se perdre définitivement dans un gros magma rocheux qui jouxte les rives du lac. A cause de ces gros blocs, les berges sont moins accessibles et ce lac est donc pour les randonneurs que nous sommes un peu moins attrayant que le précédent, d’autant qu’il faut le dire la perte du balisage n’incite pas non plus à une flânerie exagérée. Ce lac, toujours selon le Docteur Companyo, si on l’appelle « Etang Noir » c’est à cause de « la couleur sinistre que reflètent ses eaux, couleur due au creux profond, en forme d'entonnoir, dans lequel il est situé,aux roches noirâtres qui l'entourent et aux pins séculaires qui couvrent la montagne ». Malgré les nombreuses légendes que je ne vais pas vous raconter ici car elles sont bien trop nombreuses mais que vous trouverez aisément sur le Net, le Gorg Negre s’insère pourtant dans un cadre magnifiquement constitué d’un vaste cirque dominé par les crêtes planes du Pla des Gourgs. Il faut avouer que pour avoir cheminé ces crêtes, vu du ciel et avec son bleu profond, le lac d’Evol est bien plus beau quand on le domine de ces hauteurs. C’est la troisième fois que j’arpente ce secteur et la troisième fois que j’y perds le balisage jaune et le tracé pourtant bien présent sur la carte IGN, alors j’en conclu qu’il n’y aurait peut-être plus de balisage jaune ou bien un balisage insuffisamment présent et distinct. Alors si vous n’avez pas de tracé enregistré dans un GPS et si j’ai un conseil à vous donner, c’est celui de rejoindre les Tartères del Gorg et d’emprunter le sentier le plus évident, balisé par endroits de quelques points rouges. Ce sentier démarre non loin de la surverse du lac, suit parallèlement le tracé du petit ruisseau, s’en éloigne quelque peu et après une descente pas toujours évidente à trouver à travers bois finit par atteindre la Jasse d’Evol, zone d’estives plantés de genêts purgatifs rabougris où en général quelques bovins paissent près d’une cabane et d’un enclos. Ici, on retrouve une large piste qui file vers le col du Portus avec des vues étonnantes sur le Mont Coronat, le Puig d’Escoutou et le profond ravin du Pla de la Baillette où coule le torrent Evol. Ce torrent c’est celui que nous avons suivi depuis la surverse pour descendre du lac. Au col du Portus, on délaisse la route bitumée et la Cami Ramader qui filent à droite en direction d’Evol et d’Olette et on emprunte la piste qui descend à gauche vers le Pla d’Avall. Si la boucle se referme là, au panonceau « Gorg Estelat - Coll de Portus » déjà aperçu à l’aller, cette longue randonnée n’en est pas pour autant terminée puisqu’il reste encore plus de trois kilomètres pour retrouver la voiture laissée à Montailla. Comme je l’ai dit plus haut, le soir, nous avons eu l’immense privilège d’être invités par la sympathique bergère de Montailla. Outre le plaisir non dissimulé que nous avions à visiter son outil de travail, si nous l’avons suivi comme des moutons de Panurge jusqu’à l’intérieur de sa bergerie, ou plutôt de sa nurserie, c’est surtout parce que pas moins de 200 bébés agneaux venaient de naître. Nous ne pouvions rêver meilleur final et ce fut un grand bonheur de terminer ainsi cette superbe excursion aux « Palais des Démons ». Vous ne l’aurez peut-être pas remarqué et c’est surtout visible avec des vues aériennes mais tous ces lacs voient certaines de leurs grèves envahies par des algues vertes ou parfois brunes et c’est ce que l’on appelle l’eutrophisation, phénomène lié en général à un apport excessif d’éléments nutritifs. C’est particulièrement visible sur les pourtours nord et ouest du Gorg Negre. Très souvent, l’activité humaine et la pollution peuvent être à l’origine d’une accélération de cette dégradation d’un milieu aquatique mais il peut être aussi un long processus naturel (bois mort, feuilles, animaux, etc…) qui va peu à peu transformer les lacs peu profonds en marécages qui eux-mêmes vont devenir des prairies puis des forêts. Il faut savoir que c’est un processus inéluctable auquel sont voués nos trois objectifs du jour. Alors bien sûr, ce n’est pas pour l’an prochain ni pour les années suivantes, mais d’un autre côté, dites-vous que de les voir encore ainsi dans leur cadre majestueux c’est un privilège et une chance que certains de nos descendants ne connaîtront sûrement pas. Alors, n’hésitez pas y aller pendant qu’il est encore temps ! Pour cette longue randonnée, l’équipement du parfait randonneur est fortement conseillé.  Cartes IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet puis 2249 ET Font-Romeu-Capcir Top 25.

    Enregistrer


    1 commentaire